Aubépinepinepine

Musique

Sanje sautillait dans les couloirs. Il était habillé d’un pantalon bleu clair et d’un haut bouffant, rose, dans les manches duquel il avait visiblement perdu ses mains. « Je vais aller à Basphel village hi hi hi ! » chantonnai-t-il. Ses cheveux blonds ne semblaient pas coiffés. Il portait néanmoins ses boucles d’oreille fétiches, en forme de grelots – elles faisaient réellement gling gling – et un collier en forme de tête de mort. Cette dernière avait des diamants enfoncés dans ses orbites creuses. En y regardant bien, son style n’avait rien d’approximatif. Il n’était pas véritablement décoiffé. C’était fait exprès, tout comme l’étiquette qui ressortait au niveau de sa nuque. Certaines personnes ne supportaient pas ce détail. Le Démon adorait les perturber.

Alors qu’il continuait son manège, il s’arrêta devant un garçon. Le Vil le regarda des pieds à la tête, comme s’il commentait intérieurement son accoutrement, avant de serrer sa main dans la sienne – encore cachée à l’intérieur de son pull. « Matteo ! Comment tu vas ? Tu sais, à propos de ta mauvaise évaluation… J’y ai repensé plusieurs fois depuis et, vraiment, il ne faut pas en vouloir au prof’ d’avoir mal compris à quel point tu t’étais impliqué dans le projet ! Ton résultat ne reflète pas du tout tes capacités ha ha ! » Il marqua une pause. « Tu sais comment je le sais ? » demanda-t-il sans attendre de réponse. « Sinon tu n’aurais pas été accepté ici ! Enfin, c’est sûr que tes parents seront déçus. Je pense que tu ne devrais pas le leur dire… » Il lui sourit. « Enfin bref ! Comme tu ne peux pas venir à Basphel village à cause de la punition, je vais bien en profiter pour toi ha ha ha ! Je te ramènerai un cadeau ! » Il ne le ferait pas. Il dirait qu’il avait oublié pour telle ou telle raison, tout en magnifiant tout ce qu’il avait fait là-bas, s’il se rappelait de lui reparler entre temps. « Ne sois pas déprimé mon poto hu hu ! Et comme ferait Pieris… » Il s’approcha, lui caressa la joue au passage et claqua des doigts derrière son oreille avant de lui montrer ses doigts positionnés en forme de cœur. « Hi hi hi ! Bisous mon chou ! » L’autre était tellement estomaqué qu’il n’avait été capable d’aucune réaction. Il ne le connaissait même pas, ou peut-être qu’ils partageaient un cours ? En tout cas, la fille à côté du fameux Matteo le regardait à présent de façon très étrange, comme s’il craignait à mort : de côtoyer des aliens incapables de bien rentrer leur étiquette déjà et d'avoir de mauvais résultats ensuite. Elle ne sortait pas avec les péquenauds. Une discussions houleuse aurait bientôt lieu mais le Démon était déjà parti vers d'autres larcins.

Sanje s’arrêta en apercevant Aubépine. Ils avaient fait une Muscarine de neige ensemble à Boraür. « Aubépiiiinnneee ! Ma copiiiiinnneeee ! » Il n’avait déjà aucun mal à faire des câlins en temps normal alors la magie du pont ne changea rien pour lui. Il alla vers elle, ouvrit grand ses bras et l’enlaça. « Aubépine, copine, double pine huhuhu ! »

502 mots

Aubépinepinepine
Sanje & Aubépine

♪ Cover me in Sunshine - P!NK, Willow Sage Hart  ♫

« Bigredouille !!! Mais qu’est-ce que... ?! Oh, non... »

Le cri de stupéfaction lancé par la Magicienne s’était mu en un geignement désespéré et résigné. Pas besoin d’interroger ses colocataires ni d’enquêter plus avant sur ce qu’il s’était passé : le coupable était tout désigné. Elle fouilla dans son armoire, brandissant chaque pièce de vêtement devant elle pour constater l’étendue des dégâts. Des broderies tape-à-l’œil y étaient apparues durant la nuit, toutes figurant des cœurs déclinés en nuances de rose et de rouge. Aubépine déplia son pull favori, dont le vert forêt et la matière pelucheuse rappelaient les tapis de mousse sylvestres : un énorme cœur rose se déployait désormais en plein milieu.
Lorsqu’elle put constater que pas un seul de ses vêtements n’avait été épargné, elle se tourna vers le plafond, des éclairs dans les yeux.
« Phlébite... » L’araignée pendouillait au bout d’un fil argenté, bienheureuse. Aubépine tenta de maintenir sa posture d’autorité : poings sur les hanches et torse bombé. Elle se sentait déjà faiblir. « Ton attention est très délicate, mais... » Elle pointa du doigt la pile de linge à ses pieds. « Vraiment, ce n’était pas nécessaire. » Sa colère fondait comme neige au soleil, annihilée par les phéromones de l’araignée. Celle-ci descendit rapidement, se débarrassa de son fil et atterrit sur l’épaule de l’adolescente. La petite Magicienne dégonfla ses joues marbrées de rouge, vaincue. Cette maudite créature était vraiment trop adorable. « Il va falloir qu’on ait une sérieuse discussion sur ce que tu es libre de faire ou pas tant que tu vis ici. Encore heureux que tu n’aies fureté que dans mes aff... »
La Magicienne se figea. L’armoire d’une de ses colocataires était entrouverte, et par la fente, elle pouvait apercevoir une manche piquée de petits cœurs fuchsia. « Saperlipopette, Bibi… qu’est-ce que tu as fait ?! » L’intéressée avait disparu dans sa masse de cheveux verts. Aubépine paniquait : elle n’arriverait jamais à réparer les bêtises de la tissecœur avant qu’une de ses colocataires ne rentre. Sans réfléchir, elle enfila les premières fringues qui lui vinrent sous la main et prit la poudre d’escampette.

Son reflet lui apparut dans une vitre tandis qu’elle fuyait la scène de crime. Sa tenue était plus que discutable : elle avait mis sa vieille robe crème qui arborait désormais un flamboyant liseré de cœurs ouvragés courant le long du col et des manches. Par-dessus, elle avait passé un tricot où deux énormes cœurs rouges mettaient l’accent sur sa poitrine. La petite Magicienne grimaça, mais elle ne pouvait pas faire machine arrière ; il lui fallait mettre le plus de distance possible entre elle et sa chambre, en attendant de réfléchir à une solution. Elle espérait qu’elle ne rencontrerait pas le mauvais garçon de ses rêves aujourd’hui.

Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas tout de suite Sanje. Son visage s’illumina tout à coup lorsqu’elle le vit s’approcher en ouvrant les bras. La magie de Boraür lui avait laissé un souvenir chaleureux du jeune homme, et l’envie lui vint de l’étreindre de toutes ses forces, comme si ils étaient les meilleurs amis du monde. « Sanjiji ! » Elle se rua sur lui et manqua de le faire tomber en le percutant ; ses lunettes chutèrent, mais un fil de soie les empêchèrent de se fracasser au sol. Aubépine serra un moment l’adolescent contre elle en ricanant bêtement avant de se retirer, goguenarde. Des petites fleurs avaient surgi dans un raie de lumière bleue et décoraient leur chevelure à tous les deux.
L’araignée dévala leurs bras encore entrelacés et vint s’accrocher à l’oreille du Démon. « Oh ! On dirait que Bibi t’apprécie ! Si tu ne fais pas gaffe, tu vas te retrouver avec des petits cœurs partout sur tes fringues ! » pouffa-t-elle. Tous ses soucis semblaient s’être envolés. Elle n’avait pas saisi le trait d’esprit de l’étudiant mais s’en moquait.

651 mots
La tête de (Phlé)bite!

Aubépinepinepine

Musique

« Ouiiii c’est moiiii ha ha ! » répondit-il, surpris par tant de répondant. Aubéphallus avait de la force, et des cœurs sur les seins, remarqua-t-il une fois qu’ils furent séparés. Que cherchait-elle à faire ? Ces gros cœurs rouges lui donnaient envie de jouer à « pouet pouet ». Heureusement, son attention fut portée pour un temps sur une arachnide. Petit, il confondait arachnide et arachide. Quand il disait qu’il voulait manger des arachnides, sa mère le regardait avec fierté. Lui avait simplement envie de cacahuètes. « Des petits cœurs comme sur tes seins ? Fais attention Aubépinepine, des garçons pourraient croire que tu les provoques avec ton prénom et ces cœurs ha ha ! Ils pourraient avoir envie de glisser hu hu. » Il saisit le fil de l’araignée pour la ramener dans sa main. Là, il la fixa. Le Démon n’était pas du style à écraser ces bestioles, bien au contraire. Beaucoup de personnes en avaient peur et il aimait en jouer. Celle-ci, en revanche, semblait aussi capable d’effrayer les foules que Ræn de se laisser aller à l’humour ou Pieris de lâcher la grappe de Johannês. Sur la mine de Sanje, une moue boudeuse apparut. Néanmoins, elle ne dura pas bien longtemps. Il reposa doucement Phlébite sur l’épaule de la Magicienne et tendit la main pour attraper ses lunettes. Il les lui remit sur le nez. « Tu connais Pouet pouet ? C’est un jeu trop cool ! Ha ha ! Il a été démocratisé par les grands-mères magiciennes il y a trois siècles, avec les joues de leurs petits-enfants. Elles les serraient dans leurs mains en faisant pouet pouet. » Il inventait des trucs mais, dans le fond, il n’avait pas forcément tort. C’était bien un truc de Magiciens de s’en prendre violemment aux joues d’autrui sans son consentement. « Depuis, ça se fait avec tout ce qui comporte des cœurs ou tout ce qui a l’air moelleux ! On peut jouer si tu veux ! Mais si je te fais pouet pouet, tu devras faire pouet pouet à quelqu’un d’autre en moins d’une semaine, sinon tu me devras un gage ! D’accord ? Allez, c’est partiiiii ! » Il n’avait jamais eu l’attention d’attendre son accord. Sanje avança donc ses deux mains vers les seins d’Aubépine, colla ses paumes aux formes de ces derniers et impulsa plusieurs serrements grâce à ses doigts en s’écriant : « POUET POUET ! » Ivre de rire, il s’écarta, les yeux brillants de sa farce. Il espérait avoir créé le malaise chez elle. « Tu as compris hein ? C’est à toi de faire pouet pouet maintenant hi hi ! Bonne chance ! » l’encouragea-t-il avant de s’éclipser vivement.  

447 mots

Aubépinepinepine
Sanje & Aubépine

♪ Mask☆DeMasque - Please Listen to Meeeee! -  Noriyuki Iwadare ♫

Encore toute à l’euphorie de l’embrassade, la petite Magicienne resta un moment interdite. La joie béate qui tordait ses lèvres en un sourire niais s’effaça peu à peu pour laisser place à une expression confuse. Elle peinait à comprendre ce qu’il était en train de lui dire. Le rouge lui monta brusquement aux joues lorsqu’elle réalisa : avait-il pris son accoutrement à l’eau de rose et l’enthousiasme avec lequel elle s’était jetée dans ses bras pour une déclaration d’amour ? D’ailleurs, qu’est-ce qui lui avait pris de faire une chose pareille ?! D’accord, c’est lui qui avait fait le premier pas, mais elle avait répondu à son geste avec un naturel qui la désarmait, maintenant qu’elle y repensait. Le sourire réapparut sur son visage, teinté de fierté, cette fois. Bigre, et elle qui se fustigeait toujours de ne pas être assez entreprenante ! Si ça, ce n’était pas une sacrée avancée !

« Peut-être que c’est le message que je veux faire passer, qui sait ! » clama-t-elle avec nargue, le menton relevé. Il était temps que les garçons la remarquent enfin ! Ils ne se bousculaient pas exactement au portillon, pour le moment. Elle ne comprenait pas trop ce qu’il y avait de provoquant dans son prénom – ce surnom, « Aubépinepine », était adorable - mais visiblement, aussi vieux jeu étaient-ils, les petits cœurs de Bibi faisaient leur petit effet. Aubépine se gaussa intérieurement en imaginant la scène : ses prétendants glissant un genou au sol pour lui déclamer leur amour infaillible et désespéré, et elle, les rejetant impitoyablement les uns après les autres.

Radoucie, elle grattouilla d’un doigt la fourrure de l’araignée qui s’était nichée dans la paume de Sanji. « Tu t’en tires pour cette fois, petite polissonne. »
Elle disparut de nouveau dans sa chevelure tandis que le Basphélien rendait ses yeux à la Magicienne. Clignant frénétiquement des paupières pour que sa vision se réajuste correctement, elle écouta avec intérêt ce que Sanji lui expliquait avec beaucoup d'engouement. « Oh ! Bien sûr, je connais ! » Sa tante lui imposait ce supplice à chaque fois qu’elles se voyaient. C’était toujours plus soutenable que ses baisers sonores et gras de rouge à lèvres. Elle n’avait aucune idée que certains en avaient fait un jeu, cela dit. « Oui ! D’accord ! » s’empressa-t-elle d’accepter, ravie. Ce défi était un peu stupide mais la bonne humeur du garçon était contagieuse et elle n’était pas quelqu’un qu’il fallait convaincre de faire des choses idiotes.

L’adolescente ferma les yeux, anticipant la douleur qu’engendrait un pinçage de joues en bonne et due forme. Ils se rouvrirent brusquement lorsque les mains du Démon la pressèrent bien plus bas qu’elle ne s’y attendait. « Mais ! Que... hein ? » Une flopée d’onomatopées s’échappèrent de sa bouche, recouvertes par l’hilarité de Sanji. Son rire lui confirmait qu’il n’avait pas manqué sa cible par accident. Elle le regarda s’éloigner sans moufter, la mâchoire au sol. Ce n’est que lorsqu’il fut hors de sa vue qu’elle cria en s’étranglant à moitié : « SANJE ! J’ai une semaine, c’est bien ça ? » Elle porta ses mains à sa poitrine, puis devant ses yeux. Un rire nerveux lui chatouillait la gorge. Par ce geste, le Démon lui avait confié un pouvoir aussi néfaste qu’exaltant. Ils avaient conclu un pacte et elle comptait bien accomplir sa part du contrat.

564 mots
La tête de (Phlé)bite!