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Rivellon

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Partenaire - Solo
Intrigue - Neah rencontre l'Olori Hesalà concernant le nouveau territoire des Anges sur Orahza et du partenariat concernant les Enfants des Cieux | suite de - L'Homme de ses Rêves

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Bras posé sur ses yeux, le Prince des Cieux était plongé dans la réminiscence de sa rencontre avec Reine. Avec Izanami. Elle ne se cachait plus de ce qu'elle était, tout du moins, aux yeux de quelques rares élus, dont il faisait inexplicablement partie. Son esprit essayait de renouer avec des raisonnements logiques en dépit de l'absurdité de la situation. Y avait-il seulement une logique avec les Aetheri ? Allait-elle tenir la promesse émise de libérer les Anges des territoires infernaux ? Ce serait ... parfait. Il ne resterait plus qu'à chercher le moyen de libérer ceux entre les mains des Sorciers et de récupérer le Fleuve des Âmes. Un pas après l'autre. L'Ange retirait son membre, laissant les rayons solaires matinaux venir chatouiller ses pupilles ... Était-il en train de se faire avoir ? Certainement. Cela dit, pour son peuple, cette enquiquineuse pouvait bien se servir de lui. Il aurait aimé en discuter avec Mancinia, mais elle était désormais absente. Alors que la défaite inévitable des Réprouvés avait été confirmée, l'Humaine avait pris la route des Terres Ygdraënnes. Quant à toutes ses appréhensions sur la situation, Neah n'avait nullement la main dessus. Il avait sans doute même de la chance d'avoir été prévenu à l'avance de cette possibilité, plutôt que d'être encore un pion malléable. Si Izanami lui avait promis cette arme, alors elle lui donnerait quand l'heure serait venue. En attendant ... il avait un entretien.

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Il y eu des coups contre le bois de cette porte, avant qu'une autorisation ne soit donné d'entrer. Son corps agissait avec automatisme, mais l'esprit de Neah n'avait pas été aussi clair depuis un moment. Arrys Hesalà s'était redressé lors de son arrivée, par respect.

— Anjonù Katzuta !
— Olori Hesalà.

Inclinant respectueusement le buste, l'Aile Blanche se tenait devant le régent temporaire - si ce n'était pas devenu un état permanent, un détail qu'ils étaient nombreux à admettre officieusement - qui, de sa haute stature, donnait l'impression d'avoir deux fois la taille du Capitaine. Isiode n'était-il pas assez grand ? Devait-il se rompre la nuque en regardant quelqu'un d'encore plus élancé ?

— Cela faisait longtemps. Redressez-vous et ... asseyez-vous.

Il n'y avait pas vraiment de cérémonie et l'Ange s'exécutait, prenant place sur le siège devant le bureau les séparant. À une époque, se tenir ici l'aurait mis assez mal à l'aise ; il y avait, inexplicablement, cette pression inhérente aux projets d'ampleur et la paralysie quant à l'idée de se foirer, mais les années passant, cela lui faisait moins d'effets qu'alors. Côtoyer la haute société d'autres races, dans des strates différentes de la sienne, lui avait donné cette habitude.

— Nous avons plusieurs questions à abordées aujourd'hui, reprit l'Olori en entrant directement dans le vif du sujet. J'ai eu entre les mains la demande officielle des Humains concernant le futur service militaire des Enfants des Cieux. Demande qu'ils ont également faite auprès de la Nith-Haiah.
— C'est exact, Monsieur. Considérant l'accord qui avait été établi avec la Compagnie de Yüerell, la Nith-Haiah a récupéré ce dernier pour que nous puissions tenir parole.

Cet entretien visait à trois choses ; leur relation avec les Humains, qui s'était considérablement améliorée par l'investissement de Mancinia Leenhardt, l'établissement d'un nouveau territoire, dont l'Anjonù devait remettre un rapport détaillé ... Et, aux yeux de l'Olori, sa capacité à gérer de telles charges, tout en officiant efficacement au sein de l'Armée Céleste.

— C'est l'Ambassadrice Leenhardt qui est en charge de la question du côté des Humains, c'est cela ?
— En effet.

Rares étaient ceux à la nommer selon sa véritable position vis-à-vis des Ailes Blanches. Sans doute que son titre de Marquise donnait une proximité envers le peuple qui était plus appréciable que son statut politique, tout en demeurant moins strict que son statut religieux. Allait-il lui demander si ses sentiments pouvaient interférer avec son jugement, ou on le trouvait assez adulte pour gérer ? Entre les Liés, il était impossible que ce ne soit pas le cas ; ce n'était pas pour autant que ce serait au détriment des siens.

— Je ne m'inquiète pas à ce sujet. Je sais que vous défendrez les intérêts de vos collègues et ce, peu importe que la personne en face de vous soit l'Ambassadrice.

Puisque cette tâche lui avait été confié par la Reine Scylla Taiji, il n'y avait pas vraiment de choix. Elle l'avait, de plus, officiellement décoré comme membre d'un nouvel Ordre. Ce n'était pas tous les Gardiens qui pouvaient se targuer d'avoir une telle réputation chez les Humains ; sans être un éminent membre de la diplomatie, sa présence en imposait, quoi qu'on en dise.

— Comment comptez-vous procéder au recrutement ?
— Cela doit encore être approuvé par les Consuls, mais nous songeons à partir sur une base de volontariat. Les Enfants des Cieux sont encore des jeunes, mais il va falloir plusieurs années à certains Instructeurs pour répondre à la demande des Humains.
— L'apprentissage de l'Alikir.

C'était la demande du Gouvernement, que les deux langues que sont l'Alikir et le Naciaze, soient enseignées aux recrues. Il ne fallait pas croire que seuls les Instructeurs de l'Armée Céleste devaient se plier à cette demande, ceux de l'Āramī nin Hashri seraient soumis à la même volonté. Ce n'était pas évident d'apprendre un autre dilaecte, de l'écrire, de le maîtriser ... Lui-même avait ramer très longtemps et ne s'en sortait que par l'échange dont Mancinia et lui avaient été victimes.

— De plus, ce n'est pas une décision à prendre à la légère, dans la mesure où l'instruction va durer plusieurs années et que mes collègues devront se déplacer en territoire Humain. Je m'attends aussi à des désistements, vu la durabilité du projet, pour raisons personnelles variées. Ces facteurs sont à prendre en compte, mais je tiens à ce que tout le monde ait conscience des enjeux dès le départ.
— C'est un choix plus que correct. Nous avons récupérer du monde et nombreux sont ceux qui ont choisis la voie militaire pour se débarrasser de leurs propres démons ...

À quoi songeait-il ? Craignait-il que les Anges soient bientôt une nation militaire plus qu'une nation d'artisans ? Ces deux choses pouvaient coexister, de nombreuses races avaient réussis cette conciliation. Et ... enfin, même lui était autant l'un que l'autre. Cette soudaine remarque imposait Helsinki dans son esprit ; l'Ange, rescapée de la Terre Blanche, avait ainsi choisi d'acquérir de la force, pour protéger sa vie avant tout, certes, mais Neah savait très bien que cette voie pouvait déboucher sur de nombreuses perspectives. Comment aurait-il pu imaginer qu'il soit à cette place, vingt ans auparavant ? Ça lui aurait certainement provoqué un fou rire nerveux dans son adolescence. La Guerre l'avait transformé. Elle les avait tous transformés. Ils étaient de toute manière très prudents sur la question.

— Bien, Anjonù Katzuta, si les Consuls marquent leur accord, le mien est également acquis.
— Je vous remercie.

Si tout était validé, le recrutement devait être géré en interne, mais ce serait lui qui serait le trait d'union dans les décisions des deux armées. Ce n'était pas une tâche aisée, mais les choses se déroulaient au mieux, alors pourquoi s'en plaindre ?

— Puisque cette question est conclue, je voulais aussi vous remettre ceci, monsieur.

Dans sa main venait d'apparaître un épais dossier, qu'il lui tendit en prenant soin de ne rien renvoyer au sol.

— C'est le rapport concernant votre territoire sur Orahza, c'est cela ? l'interrogea-t-il en le prenant. Je l'attendais.
— J'ai également remis une copie à mes supérieurs de la Nith-Haiah.
— Nous allons décidément travailler de concert en ce moment.

... Pourquoi riait-il ? Se rendait-il compte à quel point il était stressant de remettre dans les mains d'autrui le résultat de trois années de travail ?

— Je ne veux pas prendre plus de votre temps. J'attendrai votre décision à cet égard, mais ... Je souhaiterai également vous faire part de deux choses importantes.
— Je vous écoute.
— Orahza ne peut être légalement cédé à autrui. Ce territoire demeurera ma propriété ... Évidemment, j'agirai toujours dans l'intérêt de mon peuple, peu importe ce que la hiérarchie décide et qui sera nommé.

Dans les faits, une cession pouvait être effectuée. Reine ne l'avait-elle pas fait à son égard ? S'il ne le souhaitait pas, c'est parce qu'il s'inquiétait de certaines décisions prises et qui avaient des conséquences sur leur avenir. Neah avait des cartes en main pour éviter que cela ne touche l'ensemble de sa race et il ne voulait pas les céder si facilement.

— Je comprends. Quelle est la deuxième chose ?
— ... Il y a plusieurs semaines, la Marquise et moi-même avons été nommés comme Souverains d'une île nommée Koëlye. Elle se situe dans l'Archipel de Maggie. Nous ... ne savons pas qui en est responsable, mais les habitants nous considèrent désormais comme tels.

C'était un petit peu plus stressant de ce côté-là. Ce n'était jamais évident d'avoir plusieurs titres monarchiques au sein d'une même race, même s'ils n'avaient rien à voir entre eux. Neah aurait pu le dissimuler, mais à quoi cela servait-il lorsque le regard des autres étaient constamment fixé sur vous ?

— Je vois. Vous avez l'intention de démissionner de vos fonctions ?
— Non, bien sûr que non, reprit-il, quelque peu décontenancé devant cette idée saugrenue. J'ai convenu avec la Marquise Leenhardt ... que ce serait une situation temporaire. Cela dit, nous avons l'intention de mener à bien cette mission.

Il y eu un léger silence.

— Dois-je vous appelez Majesté, dorénavant ?
— ... Monsieur, ne plaisantez pas.

Mais cette remarque eu pour effet pour détendre l'atmosphère.

— Je trouve que cela vous correspond assez bien. Vous dégagez quelque chose tous les deux ...
— Monsieur ?

Rien de plus fût ajouté, lui-même ne cherchait pas à en savoir plus. À ses yeux, Mancinia était une Reine, lui n'était que son partenaire.

— Merci de votre honnêteté, Katzuta. Nous discuterons de ce territoire lors de notre prochaine réunion. Nous vous tiendrons informés dans les jours à venir de quant elle se tiendra.
— Je vous en remercie, dit-il en s'inclinant.

Neah n'avait qu'une volonté ... ne décevoir les attendes de personne, mais si cela advenait, ce n'était pas grave. Rivellon naîtrait, avec ou sans l'appui des Anges.

Post I - 1860 mots

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Rivellon

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Tout était en ordre.

Le Capitaine Katzuta venait de passer les dernières heures à s'assurer que tout était prêt. Ce serait mentir de dire qu'il ne ressentait aucune appréhension quant à cette réunion, mais cela faisait maintenant trois ans qu'il travaillait sur ce projet et il n'y avait pas un Ange plus prêt que lui. Mancinia se trouvait à ses côtés depuis le départ et soutenait ses démarches. Ce n'était ni par amour ou intérêt, uniquement parce qu'elle le savait capable de réaliser son ambition pour la Nation ; on ne mettait pas de telles sommes sur la table avec des sentiments comme garantie. Ce n'était pas le cas de l'Humaine, dénuée de duplicité à son encontre ; c'était la seule personne dont l'Ange pouvait être sûr des intentions. Ses pensées menées dans sa direction le rassuraient. Elle était partie en mission diplomatique à l'étranger et elle lui manquait atrocement, ayant l'impression que ça faisait des mois ...

Leur Lien pouvait être complexe devant la distance, l'absence et la durée. N'était-ce pas plutôt à cause de ça qu'il avait opéré à une énième vérification, tout en sachant que tout était déjà correctement ordonné ? Il ne voulait pas donner l'impression d'être négligeant non plus. L'Anjonù voulait annexer un nouveau territoire, un mélange de sa victoire lors d'une Épreuve de la Coupe des Nations et d'une aide incongrue de Reine. Sa hiérarchie avait connaissance de l'existence de cette dernière, sans pleinement comprendre ce qu'elle était et s'ils voulaient, ou non, prendre des risques ...

C'était à lui de les convaincre.

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Sur la table technique de la salle de réunion se trouvait les cartographies couvrant l'intégrité du territoire d'Ohraza lui revenant. Le Capitaine avait convié des ingénieurs et des minéralistes concernant les échantillons prélevés sur le terrain et les tailles préalablement creusées, assurant ainsi que les divers filons recensés étaient exploitables. S'il était habitué des termes et des techniques employés, ce n'était pas le cas de tous ses collègues et la présence de professionnels pour appuyer ses dires ne pouvait que lui être bénéfique. Neah devait mettre toutes les chances de son côté. Cette présentation introductive de l'Olori lui parut durer une éternité et même si rien ne laissait présager de sa distraction, il fût soulagé lorsqu'il lui transmit le flambeau de la parole en s'asseyant tandis que lui-même se redressait en le remerciant.

— Comme l'a exprimé l'Olori Hesalà, le territoire est vaste et couvre en majeure partie la pointe sud de l'île. Les études et les échantillons géologiques ont permis le trouver d'importants filons d'argile et de marbre, qui demeurent des éléments primordiaux dans les domaines de la construction. Qui plus est, nous avons également relevé la présence de plusieurs mines d'argent.

Ce point précis permettait ni plus ni moins que d'envisager leur avenir économique de manière sereine. Ce serait également un atout non-négligeable dans de futures négociations.

— Le développement rapide des exploitations et la création des moyens de communication donneront naissance à une région économiquement forte. Une thésaurisation stable en interne nous permettra de la maintenir sur une courbe ascendante, d'autant que les vastes espaces permettront la construction de terres arables garantissant l'autosuffisance alimentaire. Une surproduction de ces dernières ira vers nos autres territoires ou bien à la revente.

Il y avait de la main d'oeuvre disponible et les entreprises ayant participé aux constructions d'Ohrmior et des Terres d'Iyora y voyaient un nouveau contrat emplit de promesses. Cela dit ...

— Nous aurons plusieurs problématiques à résoudre sur le terrain, n'est-ce pas ?
— Tout à fait, acquiesçait Neah. L'eau est présente dans les sous-sols et s'infiltre souvent dans des poches qui peuvent se révéler dangereuse pour nos ouvriers. Nous avons choisi d'étudier cette question en priorité.
— C'est exact, monsieur, reprit l'un des ingénieurs en se redressant. Pantalone Cryos, si vous permettez. Comme l'expliquait le Capitaine Katzuta, les eaux souterraines sont le premier ennemi des exploitations minières. Il est vrai que nous pourrions suivre les techniques des Humains en construisant des conduits d'exhaure à l'aide de troncs évidés, mis bout à bout et qui permettront l'écoulement des eaux ... mais ce ne serait qu'un moyen temporaire.
— Ce n'est pas une méthode permettant de descendre très profondément, tout au plus une vingtaine de mètres. Ce n'est évidemment pas le seul élément aléatoire auquel nous devons faire face, puisque la dangerosité des soutènements dans les tailles, le poids des outils, ou encore de l'augmentation des températures, peuvent rapidement devenir problématique.

Et ils n'étaient pas des Mages Noirs. Ils n'envoyaient pas des esclaves mourir dans des conditions abominables pour de l'argent.

— N'est-il pas possible de simplement alimenter ces conduits par magie ?
— C'est énergétiquement considérable et extrêmement peu rentable, monsieur.

Pantalone marquait une pause, regardant Neah avant de comprendre qu'il pouvait poursuivre.

— L'ennui, c'est que nous avons perdu nos équipements et nos mines depuis ... que nous sommes partis de la Terre Blanche. Nous n'avons pas eu besoin de les reconstruire et ... nous n'aurions pas pût au vu des coûts. Peut-être que si ce territoire se veut autonome et rentable, alors oui, nous serons en mesure de reproduire notre technologie sans que l'énergie magique drainée aux travailleurs ne soit conséquente.
— Ne pourrions pas simplement mobiliser des personnes uniquement dédié à cette tâche ?
— Ils ne tiendront jamais, monsieur. L'eau n'est qu'un des problèmes que la magie peut résoudre, mais il faut prendre en considération les descentes, les remontées, la sécurité des parois, l'apport d'air et tous les autres dangers à surveiller ... Non, monsieur. C'est au-dessus des aptitudes magiques que nous sommes capables d'émettre.
— Nous pourrions peut-être demander de l'aide aux Orines.
— On n'extrait pas de l'argile comme un diamant, ni du marbre comme du charbon.

C'était Neah qui était intervenu cette fois. Si les connaissances et l'extraction magique générée par les Poseuses d'Énigmes auraient pu leur être utiles, l'Ange était pleinement conscient que les matériaux ne devaient pas être traités de la même manière. Surtout qu'il y avait bien des filons charbonneux sur Orahza, mais ils étaient faibles. Cela ne valait pas la peine d'investir pour si peu et, s'ils désiraient les exploiter réellement, des équipes s'y rendraient chaque matin. Ce matériau avait beau être utile en couvrant les besoins énergétiques et étant à la seconde place des ventes dans ce domaine, il avait conscience que trois cent kilos de minerai remonté par un mineur contenait soixante pour cent de charbon pour quarante pour cent de crasses. Dans un marché dominé par les Sorciers, ce n'était pas très rentable. Quelques kilomètres plus bas et ça aurait été des mines de diamants ...

— Je sais que le démarrage sera long et fastidieux, mais nous devons avant tout construire les bâtiments qui accueilleront les travailleurs inhérents à ces mines. Nous aurons le temps de faire leur acquisition entre temps.

Son aplomb et la manière naturel d'en parler déstabilisait quelque peu l'ingénieur, n'étant pas certain que ce dernier comprennent bien l'enjeu.

— Capitaine ... Une machinerie comme nous possédions ...
— Cinquante mille pièces d'or l'appareil. Je suis au courant.

Il y eu quelques chuchotements et des regards très surpris. Quand on quittait son domaine de prédilection, on en apprenait tous les jours. D'autant plus qu'on ne se rendait compte de la valeur des choses que lorsque qu'elles étaient perdues.

— Comment financerons ce point ? Avez-vous l'intention de faire des concessions houillères ?
— Non.
— Vous gardez la main mise sur les mines du territoire, dans ce cas.
— Uniquement mon nom.
— Administrativement ... ce sera extrêmement délicat a géré.
— Cela poserait problème uniquement si je n'étais pas un Ange.
— ... Que voulez-vous dire ?
— Avez-vous besoin de plus de preuves concernant ma Loyauté ?

Il était un Anjonù, un Capitaine de la Nith-Haiah et le Prophète d'Ësse'Aellun. Est-ce qu'il devait continuer sur la longue liste de ses agissements et autres faits d'armes ? L'Olori Hesalà eu un discret sourire.

— Non, ce ne sera pas nécessaire. Poursuivez.

C'est ce qu'il fit en ne se souciant pas du reste.

— Il faudrait que les sites d'extraction soient en mesure d'être en totale autarcie. Nous devrions envisager la construction de villages sur chacun des filons et en assurer la protection. Je vous ai aussi fait une copie de ce rapport, mais je l'ai remis à votre cabinet ce matin.
— Oui, j'en ai pris conscience avant de venir. Vos rapports sont toujours excellents.

Certains de ses supérieurs savaient se montrer efficaces. Il avait de la chance de débattre de cela avec les Olori plutôt que l'Apakan ... Neah n'était pas certain qu'il aurait pu garder son calme de subir la moindre remarque de la part d'un déserteur. Ce dernier se penchait plus sur la table, essayant de trouver les mots tout en sachant qu'il pouvait les encaisser.

— Capitaine, vous êtes conscients que la Royauté n'est pas en mesure d'autoriser une nouvelle entreprise de cet ordre. Notre économie demeure assez instable, même si l'Olori Adrestian a fait des miracles.
— N'exagérons rien, intervint ce dernier. Je suis d'ailleurs certain que le Capitaine a étudié la question avant de nous soumettre son projet, n'est-ce pas ?
— En effet, répondit-il simplement. Avec mon statut d'Aile Bleue, la Royauté des Humains a proposé de prendre en charge une partie de cette exploration, mais la Marquise Leenhardt s'est également proposé d'investir.

Si aucun mot ne fut émis, les regards et les sourires de ses collègues échangeaient parlaient pour eux.

— Nous en revenons au même point, Capitaine. Si la Marquise nous avance ce montant, qui ne manquera pas d'être extraordinairement élevé, nous n'aurons pas les moyens de le lui rembourser avant longtemps ... à moins de lui concéder des part entières de ces mines ... et, auquel cas, cela reviendrait à nous amputer des retombées positives que vous nous promettez.

Un moyen de dire qu'ils pouvaient certainement réaliser ce territoire en dehors des cadres officieux. C'était ce que l'Anjonù ferait s'ils ne se montraient pas plus coopératifs ; ce terrain était extrêmement rentable pour l'abandonner. Il comprenait aussi leur méfiance et leurs inquiétudes, mais d'un autre côté, Neah avait la désagréable impression de passer un entretien où on le testait en posant des questions trop précises. Avait-il bien tout préparé ? En cas d'erreur, il y avait des gens tout aussi compétents pour l'aider à les rectifiées. Qu'est-ce qu'ils cherchaient ? Craignaient-ils que sa vision de l'avenir ne soit tournée que vers les Humains et non plus vers les Anges ? Ça n'avait pas de sens.

— Nous ne voudrions pas provoquer une rupture, achevait-il en plaisantant.

Le petit sourire qui apparut sur le visage de Neah le laissait circonspect, comme s'il s'était attendu à cette remarque.

— Permettez-moi de vous donner ceci.

L'Ange venait de sortir de l'intérieur de sa veste deux lettres cachetées portant le même sceau officiel qu'ils ne leur fût pas difficiles à deviner ; il s'agissait de celui de la Marquise de Nylmord.

Post II - 1890 mots

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Rivellon

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En les tendant à l'Olori Hesalà, Neah vit très distinctement que ce dernier ne paraissait pas vraiment surprit. Comme l'avait précisé son homologue, l'Olori Adrestian, Neah avait bien anticipé la situation économique précaire dans lequel pourrait se trouver le territoire avant même son édification et les dégâts causés dans le sillage d'une mauvaise gestion. Mancinia avait également conscience qu'on ne cédait pas près de la moitié de sa fortune personnelle sur un caprice amoureux ; c'était une personne qui envisageait l'avenir. Il vit la curiosité dans les yeux des autres participants.

— De quoi s'agit-il ?
— D'un document signé de la Marquise attestant qu'elle ne demandera aucune contrepartie aux Anges en dehors d'une exonération des taxes portuaires et commerciales sur Orahza.
— ... C'est tout ?

On ne savait pas si c'était une stupéfaction liée à la bêtise de l'offre, ou la surprise liée à l'important sacrifice que cela représentait. Il est vrai que l'effet immédiat ne serait pas visible dans l'opulence d'une des personnes les plus riches de ces terres, mais comme Mancinia serait certainement l'une des premières à y établir des commerces ou à négocier les denrées qui y arriveraient, autant dire que cela ne lui demanderait que quelques années pour récupérer la différence de ce qu'elle avait investi.

— Nous parlons d'un coût prodigieusement élevé, Capitaine, en est-elle certaine ?
— Je ne peux que vous le confirmer.
— Tout de même ... On ne peut accepter un tel investissement de sa part.

Sur ce point, Neah était d'accord. Il avait voulu refuser tout ce qui avait trait à ce dernier, mais il avait dû rapidement se rendre à l'évidence ; sans l'apport et la générosité dont elle faisait preuve, même sa volonté de ne faire que le minimum ne pouvait être couverte sans entraîner la création de dettes colossales. L'Écuyer de l'Aurore devait ainsi se reposer sur celle qui s'était rapidement érigée en gestionnaire de génie sur son territoire, celle qui pensait aux Anges comme à son propre peuple. Ce silence gêné remplissait la pièce d'un certain malaise, qui fût rapidement interrompue par l'intervention de l'Olori Adrestian.

— De quoi fait mention la seconde missive ? demanda-t-il d'une voix douce en souriant.
— Il s'agit du contrat d'acquisition de dix machines d'extraction qui nous seront livrées dans un délai raisonnable.
— Oh !
— ... Pardon ?! Monsieur, mais ... !

Pantalone s'était un peu avancé pour vérifier les documents, authentiques, de l'échange commercial, que lui tendait son supérieur. Il faillit tourner de l'oeil.

— Je présume que cela suffira pour assurer le suivi sur plusieurs sites miniers ?
— Oui ... Et le mieux serait de les répartir en fonction du nombre de travailleurs que l'on pourra trouver.
— Je n'en reviens pas ... elle n'a même pas attendu que nous donnions notre accord.

Parce que même s'ils l'avaient refusé ...

— J'imagine qu'avec ou sans, vous y seriez allez tout de même, n'est-ce pas, Anjonù Katzuta ?
— Cela aurait été une erreur de le laisser de côté, monsieur. Cet endroit à un potentiel qui ne peut être négligé.
— Nous ne pouvons nier que la Marquise nous a activement aidés par le passé, reprit-il en se positionnant au fond de son siège. Cependant, il s'agit du financement d'un nouvel espace territorial avec des conséquences qui pourraient l'impacter directement ...
— Ce ne sont pas les moyens qui lui manquent, nous le savons tous.
— Ce n'est pas une raison de lui en laisser quasiment l'intégralité du coût !

Il aurait aimé dire que Mancinia travaillait sur ce projet avec lui depuis le départ. Il aurait aimé dire qu'elle lui avait conseillé d'entreprendre plutôt que de laisser ce terrain à l'abandon. Il aurait aimé dire que les contacts, les concepts et les possibilités, ils en avaient discuté ensemble et qu'elle avait tout fait pour que ce soit le plus pointilleux possible. Comme elle administrait le marquisat de Nylmord, elle avait connaissance des besoins d'une population et ses souvenirs, désormais siens, l'incitaient à prendre en compte toutes les problématiques. Ce territoire était autant le sien que celui de l'Humaine.

— Elle le fait pour les Anges.

Dès l'instant où ils avaient pris la décision de ne plus être uniquement des Liés, il a été tout naturel pour lui de se rapprocher des Humains comme il a été naturel pour elle de venir vers les Anges. Personne ici ne pouvait remettre en cause son implication pour la race. Pas après ce qu'elle avait entreprit, ce qu'elle avait fait et son rôle de trait d'union avec les Humains.

— Elle estime encore ne pas en avoir assez fait.
— Elle a investi dans nos premières explorations peu de temps après son retour, nous a aidé à capturer un traître qui avait créé des tensions entre Haute-Terre et les Jardins de Jhēn, a aidé à secourir une soldate disparue, a fait construire des quartiers pour accueillir des Anges revenus des territoires occupés, s'est occupé médicalement d'eux, nous a aidé au mieux pour le maintien de notre équilibre alimentaire en nous faisant dons de denrées, avant d'ouvrir des commerces pour relancer notre activité économique tout en donnant un travail à nos concitoyens ... et elle estime ne pas en avoir assez fait ?
— Non.

Cela semblait si naturel à dire puisque le Gardien était le plus conscient des sentiments de la concernée.

— ... J'imagine que le dénouement que l'on doit à l'ancien monarque a pesé dans sa volonté. Les Humains nous ont tournés le dos, c'est un fait. Et c'est une décision que même la volonté de Scylla Taiji n'a pas su réparer. Inutile de dire que pour les Anges, la Marquise Leenhardt est également la leur.

Cela fit rire son voisin.

— Si vous donnez une pièce à la Marquise Leenhardt, elle sait vous en ressortir deux nouvelles. L'ancien Nylmord a eu le nez fin en la désignant comme héritière. Et vous, Capitaine, qu'en pensez-vous ?

Sa main tiquait nerveusement contre sa cuisse. Ce qu'il en pensait ? Cette question se voulait être un piège, n'est-ce pas ? Craignaient-ils que Mancinia n'ingère dans les affaires angéliques par son biais ? Est-ce que son Jugement serait biaisé par sa présence ? Si c'était le cas ... n'était-ce pas la raison pour laquelle il avait des partenaires pour le conseiller ?

— J'ai confiance en ses aptitudes.

Trouveraient-ils une personne aisée en mesure de tout leur offrir sans rien exiger en retour ? Il en doutait. Si Mancinia ne serait pas seule, elle serait celle qui donnerait le plus, sans arrière-pensée, sans esprit retors pour les duper sur le long terme. Et cette femme savait ce qu'elle faisait.

— Très bien. Nous avons devant nous un territoire détenant une faune et une flore riches, ainsi que des gisements importants de plusieurs minerais. Un Port y a été érigé, ainsi qu'un village de pécheurs. Le but est d'y apporter un Portail et de permettre l'envoi de matériaux, de troupes et d'artisans pour l'édification et la défense de plusieurs villages reposant près desdits gisements et le défrichage de terres cultivables, mais surtout ... La construction d'une cité centrale.

Ce serait sans doute une priorité en plus du reste. Un endroit où comme sur Orhmior ou les Terres d'Iyora, centraliserait tout le pouvoir en place et assurerait la surveillance territoriale au nom du Souverain.

— Et considérant que, administrativement, ce territoire vous appartient, avez-vous un nom à lui donner ?
— Rivellon.

L'Olori l'écrivit très rapidement. Il appréciait que Neah ne montre aucune hésitation et anticipait toutes les demandes.

— Un autre point doit toutefois être soulevé dès à présent. Cela concerna la cession.
— Une majeure partie a, effectivement, été orchestrée par « Reine », reprit Neah.
— S'agit-il de la même personne qui aurait offert le Thekēra situé sur Orhmior ? Celle qui s'est présentée comme une messagère de l'Aether Izanami.
— Oui.

« Yüerell et moi pensons qu'il s'agit de l'Aether elle-même » aurait-il voulu dire. Ils ne détenaient aucune preuves si ce n'était leur Parole et à moins de vouloir paraître fou de trouver un prétexte divin ; Neah choisi de se taire.

— S'intéresserait-elle aux Anges après avoir donné aux Humains leurs Ira ?
— Sans doute est-elle une alliée d'Ahena.
— Probablement.
— Si Reine est une émissaire de l'Aether ... Je présume que nous devons y voir une opportunité.

Ses mots lui coûtaient. Il n'avait pas confiance en cette femme frivole qui n'en faisait qu'à sa tête, peu importât ses similarités avec Mancinia. Il y avait quelque chose qui le gênait, sans qu'il ne pût mettre un mot. Pourtant, elle lui avait promis des choses et ... il essayait d'y voir un éventuel Pardon des Dieux pour se rassurer.

— Bien, dans ce cas ... Je pense que nous sommes tous d'accord ?

Si quelqu'un voulait s'opposer, c'était maintenant. Rien ne vint.

— L'Anjonù Katzuta ira donc annexer les terres de Rivellon au nom des Anges.

Neah fermait les yeux quelques instants, dans une explosion de fierté et de soulagement. C'était le point final à des années de travail. À un investissement qu'il avait voulu sincère et sérieux sur tous les points. Des efforts partagé avec l'amour de son existence qui l'avait soutenu et avait accepté les sacrifices que cela représentait et représenterait encore. C'était difficile de ressentir autre chose, en cet instant. Avant de les rouvrir pour observer ses interlocuteurs se relever et venir dans sa direction pour lui serrer la main et se perdre en compliments, avec un effet de ralenti comme si son esprit rêvait la chose.

— Félicitations, Anjonù Katzuta. Nous attendons de bonnes nouvelles dans les mois à venir.
— Merci, messieurs. Je ne trahirais pas vos attendes.

Ce n'était guère dans son intérêt. Il avait confiance envers les Olori qui les dirigeaient avec abnégation et, même s'il trouvait Erwan Galathiel méprisable, Neah ne pouvait aller à l'encontre de son autorité. Comme l'avait dit Mancinia, si les choses ne lui plaisaient pas, il lui suffisait de s'élever pour les changer de lui-même. Sa vie actuelle lui convenait relativement bien, même si ses responsabilités allaient s'agrandir. Pourquoi devait-il rêver de plus, alors que tout se passait bien ? Il pouvait toujours sourire avec chaleur devant cette perspective. Il avait l'impression que sa chance manquée sur les Terres d'Iyora lui revenait dans les mains et il avait hâte d'en faire l'annonce à son aimée. Qu'elle le serre dans ses bras et qu'ils célèbrent ensemble la nouvelle. Il s'arrêtait dans son mouvement, désormais seul. Un autre visage venait prendre possession de son esprit. Reine ... Izanami. Pourquoi ? Avait-elle prévu cette situation ? Était-ce la raison de son cadeau à son encontre ? Attendait-elle un remerciement particulier ? Sa méfiance devait toujours être de mise, rien n'étant acquis éternellement. D'un autre côté, en y repensant, quelque chose le taraudait. Neah se retournait distraitement vers la porte de la salle de réunion, désormais close. Pourquoi ne pas l'avoir mis sous la supervision d'un Olori ? ...

Post III - 1800 mots | Fin