Ursula

Musique

Le mentor d’Ursula la surveillait de façon soutenue depuis le début de son adolescence. Avalon ne tolérait pas les abus sur les enfants, ni sur les adolescents. Le cas des Luxurieux n’était pas différent. Puisque le Péché ne s’éveillait pas pour tous de la même manière, certains étaient amenés à vouloir le pratiquer très tôt. Plus qu’une volonté, il s’agissait d’un besoin, d’un désir si fort qu’il en devenait dérangeant, comme une addiction. Des jeunes gens de douze ans à peine pouvaient ainsi devenir demandeurs de sexe, se rendre dans des bordels ou tenter leur chance avec des touristes ou d’autres Luxurieux. C’était interdit. Cependant, dans toute bonne société, édicter des règles ne suffisait pas à les voir appliquer. Il fallait se donner les moyens de sauvegarder ses propres valeurs. Le système de mentorat, à cet égard, marchait très bien. Il était la pierre angulaire d’une ville dénuée de chaos. Car il ne faisait aucun doute que si chaque Déchu avait été livré à lui-même, le sang et les larmes n’auraient pas tardé à couler. L’Aile Noire était donc obligée de rencontrer son tuteur de temps à autres depuis son plus jeune âge pour faire le point sur l’évolution de son Péché et celui-ci la faisait surveiller lorsqu’elle sortait, afin que personne ne cherchât à l’abuser en profitant des techniques maladroites qu’elle pouvait mettre en œuvre pour obtenir ce qu’elle désirait. Ainsi, il devait à la fois la protéger des autres mais également d’elle-même, ce qui était bien souvent la partie la plus délicate.

Cependant, puisqu’elle venait de sortir de l’adolescence, il la laissait de plus en plus seule. À présent qu’elle entrait dans l’âge adulte, elle arrivait à un stade où elle était libre de disposer de son corps comme elle le désirait. Ses choix étaient jugés comme étant éclairés. Se savoir déliée de ses entraves avait provoqué un sentiment étrange dans le cœur de la jeune femme. Pendant plusieurs semaines, elle n’avait pas osé répondre à son Péché avec autrui. Elle se satisfaisait elle-même, comme elle l’avait toujours fait, en utilisant ses doigts et divers objets de plaisir. Puis, un jour, elle avait croisé son regard et elle avait su que c’était avec lui qu’elle souhaitait le faire.

Elle était alors en train de bois un verre assise à un bar. Elle jouait avec sa paille, la portant tantôt à ses lèvres, la baladant tantôt sur les formes arrondies de ses seins qui dépassaient de son décolleté. Chaque geste était propice au plaisir. Elle connaissait son corps et les zones de sensibilité de ce dernier. Elle s’auto-stimulait, par envie et, surtout, par jeu. Le mouvement de sa main s’était arrêté et son attention s’était focalisée sur lui. Il était venu à elle puis ils avaient parlé. Tout avait commencé de cette façon. Au moment où il était entré dans sa vie, celle-ci avait changé. Il était devenu comme un deuxième Péché.

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« Tu es sûre ? » Sa voix était envoûtante et il savait qu’ils en étaient à un stade où elle ne reculerait pas. Il ne lui avait pas dit être un Vampire. Certains avouaient tout à leur victime avant mais lui n’aimait pas le faire. Il préférait que ce fût une surprise. Son sang l’appelait et il avait eu quelques difficultés à tenir jusqu’ici. Il l’avait voulue en enfant à la seconde même où il l’avait vue. Elle n’était pas parfaite mais il avait la certitude qu’il pourrait la modeler à sa guise à l’avenir. « Oui… » Elle ondulait déjà sous lui, sans sembler consciente de l’état d’inactivité totale de son bassin à lui. Il ne pouvait plus avoir de rapports sexuels. Ça lui avait manqué au début mais il avait fini par se faire une raison. Il existait d’autres plaisirs et elle les découvrirait à ses côtés. Elle apprendrait à vivre sans son Péché. Elle apprendrait à vénérer les mêmes Déités que lui. Elle apprendrait à se soumettre à ses commandements. Pour le reste, ce n’était pas parce qu’il ne ressentait aucune envie qu’il ne pouvait pas lui faire plaisir. Ça faisait partie de la séduction. Les frissons qui n’existaient plus entre ses propres cuisses étaient bel et bien vivants entre les siennes ; pour la dernière fois ce soir. Il la mordrait au moment de grâce, lorsque le plaisir serait si grand que la pointe de ses dents ne lui semblerait être qu’une donnée accessoire. Elle serait sa fille, son enfant, sa création. Elle l’accompagnerait dans le royaume de la nuit.

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