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 [Ouvert] Fraises et poissons | ft. Ikar

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Jil
~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~

~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~
◈ Parchemins usagés : 498
◈ YinYanisé(e) le : 23/07/2014
◈ Activité : Prof de Botanique, Puff-Puff Gueurle (Équipe C), Patronne de la Tendre Miche
Jil
Dim 10 Avr 2022, 11:38


Le menton dégoulinant et collant, Jil réfréna le réflexe initial de s’essuyer du dos de la main, et s’appliqua à user de son pouce pour remonter chaque trainée juteuse jusqu’à ses lèvres. Selon l’adage Déchu, « Ne pas savoir viser ne prive pas d’avaler » ; un axiome qu’elle n’aurait pas pensé mettre en application en cours de botanique, mais qui s’avérait tout aussi sage. Elle s’appliquait à lécher le contour de sa bouche sans en perdre une goutte, avec une concentration et une précaution qui ne lui était pas habituelles, sous le regard médusé et gêné de ses étudiants. Lorsqu’elle eu terminé de sucer le bout de ses doigts avec un claquement de langue satisfait, elle désigna la plantation hydroponique de fraises Trougloudou.

— « Bon. On s’en met partout, mais c’est délicieux, et surtout ça pousse très bien ! Des questions ? »

On en entendit presque certains déglutir, et d’autres lever les yeux au ciel, habitués à ce genre de démonstrations inappropriées de la part de la professeure. Elle se redressa au-dessus du pot qu’elle utilisait pour sa présentation, un demi-globe en verre rempli d’eau, surmonté d’un couvercle en liège qui servait de support aux plants. Sous les racines, chaque pot contenait deux couples de Mukashimi, des petits poissons fins et argentés, endémiques des régions Réprouvées où poussaient les fraises. Ils s’étaient développés pour vivre en symbiose avec celles-ci, débarrassant les plants de petits parasites qui pouvaient s’y accrocher. D’ici quelques semaines, ils auraient développé assez de feuilles pour supporter leur propre poids à la surface de l’eau, et on irait les déposer dans une des mares de Basphel. Si elles présenteraient bientôt de juteux fruits et des fleurs colorées, les plantes n’étaient pour l’instant qu’un bulbe turgescent d’où émergeaient de nombreux cuticules boursouflés et particulièrement fragiles, laissant régulièrement échapper un jus épais et collant qui n’épargnaient pas les mains des cultivateurs les plus expérimentés, ni des plus attentifs – contre toutes attentes, comme Jil. Une main se leva parmi les élèves.

— « Oui, Kibito ?
— Vous pourriez nous remontrer, juste pour être s- aïe ! »

Le regard noir de la jeune femme à ses côtés et le dur pincement qu’elle lui faisait subir ne pouvaient échapper à personne, à l’exception d’une institutrice trop enthousiaste. Avec un grand sourire, elle se saisit d’un autre pot, pour être rapidement interrompue par un concert de protestations diverses et variées, provenant surtout de la gent féminine de la classe – mis à part Félicie, qui ne cachait plus depuis longtemps son inclinaison pour les courbes de la rousse, et Hyocèle, qui était trop soucieuse de ne pas blesser les plantes pour se concentrer sur celle qui les maniait.

— « Vous êtes sûrs ? J’en ai prévu en plus, justement, au cas où. Non ? Bon. Alors je vous laisse chacun prendre un globe et trois bulbes, et rappelez-vous, soyez patient avec la plante. Immergez-les d’abord un peu pour leur permettre de se faire au changement de température, et laissez-les entrer en contact avec les Mukashimi. Sur vos bureaux, vous trouverez les sachets qui contiennent quelques pucerons pour commencer à mettre en place le cycle que nous avons évoqué plus tôt. Ne les versez qu’après avoir mis les plants en place. Et comme d’habitude, si vous avez des questions, appelez-moi ! »

Tandis que la classe se mettait en branle, elle alla se rincer les mains, et réajusta sa blouse de travail. C’était une belle journée ensoleillée, et la température dans la serre n’avait cessé de monter dans la matinée. Travailler avec de l’eau convenait à tout le monde en cette saison ; c’était rafraichissant. Elle alla toutefois soulever quelques panneaux de verre, pour laisser entrer un peu du vent frais qui soufflait sur l’île. De plus, depuis que la directrice venait de temps en temps vérifier la manière dont elle s'habillait, elle ne pouvait plus porter de vêtements aussi légers qu'elle l'aurait voulu. Cette tunique la serrait un peu, et garantissait la nécessité d'une douche à la fin de la journée ; garanti qu'elle aurait mieux travaillé sans. Elle haussa les épaules en commençant sa ronde autour des tables de travail.


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Ikar Pendragon
~ Sirène ~ Niveau I ~

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Ikar Pendragon
Dim 24 Avr 2022, 21:38



[Ouvert] Fraises et poissons | ft. Ikar Heki

Fraises et poissons


Je m’étais figé devant la démonstration de la professeure. J’avais beau détester mon père et refuser toute la Luxure qui se dégageait de lui par diverses rumeurs, je restais un adolescent. J’avais quelques amis qui faisaient ce que les adolescents pratiquaient en temps normal : mesure de la bite, plaisanteries graveleuses, roulage de pelle en bonne et due forme pour la première fois, discussions sur les plus belles filles et classement de ces dernières selon les départements. Ce n’était pas bien glorieux mais si l’adolescence était bien quelque chose, c’était ça : peu glorieuse.

Si j’étais un peu plus glorieux (ou le croyais-je) que les autres, c’est que je refusais en bloc tout ce qui aurait pu me rapprocher de mon père. Donc : pas de concours de bisou avec la langue, pas de notation des filles, pas de copine, pas de mesures douteuses. Tout ce que je faisais en rapport avec la notion de couple était de récolter et de répandre des rumeurs sur ces derniers. Parfois, j’inventais, tout simplement. J’aimais bien voir briller l’intérêt dans les yeux d’autrui et il n’y avait pas besoin d’être d’une intelligence particulièrement affûtée pour comprendre que l’amour et le cul intéressaient toujours tout le monde. Même moi, malheureusement.

Alors, tout adolescent que j’étais, bien qu’obstinément dans le déni de mes attirances, je ne pouvais que réagir comme un garçon aux hormones ravageuses devant la démonstration de Jil (que je savais par ailleurs grande amie de mon père et, donc, forcément, grand plan cul aussi). C’est que, bien que n’y connaissant rien en pratique sexuelle, mon cerveau avait été formaté par plusieurs conversations et plusieurs supports. Je savais donc exactement à quoi tout le monde pensait, en la voyant s’exécuter. Peut-être pas ceux qui avaient onze ans mais ceux de mon âge, oui. Deux ans d’écart, à l’adolescence, c’est beaucoup.

Rouge comme une fraise, j’étais donc figé devant la scène, incertain. Devait-on lui dire de sucer avec un peu moins de fougue ? Elle n’avait pas l’air de se formaliser des regards de ses étudiants. Certains ne comprenaient pas et la fixaient avec amusement ou en se disant que ce n’était pas très propre. C’est clair que ce n’était pas propre. Mais le sexe, de toute façon, ce n’est pas propre, ou alors c’est mal fait.  

« Elle a bon appétit. »

C’était tout ce que j’avais trouvé à dire. Parce qu’il n’y avait rien d’autre à dire. C’était gênant pour moi, plus que les autres, à cause de mon père. Il valait mieux que je reporte mon attention sur les fraises Trougloudou. C’était une espèce aquatique, ce qui me ravissait. Tout le monde avait tendance à oublier que je n’étais pas un Déchu. J’avais cette étiquette collée sur le front, entre « Fils d’Adam Pendragon » et « Luxurieux ». Parfois, je m’attendais presque à voir des ailes pousser dans mon dos, aussi noires que celles de mon père.

Je pris donc un globe, en me concentrant fortement pour ne pas le renverser. Il valait mieux que j’évite de m’asperger de trop. Même si j’étais un Ondin depuis ma naissance, je n’avais jamais expérimenté d’accidents de transformation, hormis à cause de la pluie, ce qui était déjà suffisamment agaçant. Je ne savais donc pas combien de litres d’eau étaient nécessaires à l’apparition de ma queue. L’avantage c’est que si je me transformais par accident, on arrêterait peut-être de me considérer comme une Aile Noire.

Je posai le globe, allai chercher les bulbes et commençai l’opération avec la délicatesse d’un phoque. Je n’étais pas très doué de mes doigts. Les travaux pratiques avaient souvent eu raison de moi. Quand les autres faisaient de magnifiques dessins de forêt, mes arbres ressemblaient quant à eux à des araignées difformes.

« Est-ce que quelqu’un pourrait m’aider ? »

Je l’avais demandé après avoir lâché le bulbe dans l’eau. Celui-ci avait coulé au fond du bocal, créant de l’agitation parmi les poissons. Il était ensuite remonté à la surface, à l’envers. Il fallait maintenant que je le repêche mais je me méfiais des Mukashimis. Jil n’avait pas précisé qu’ils étaient inoffensifs. Mes connaissances du monde marin étaient limitées mais je m’en méfiais. Ma mère m’avait abandonné uniquement parce que j’étais un homme et beaucoup d’histoires couraient sur les Sirènes et leurs familiers. Peut-être que les Mukashimis cachaient des dents aiguisées quelque part, ou pouvaient se transformer en monstre marin. Dans le doute, il valait mieux qu’une autre main que la mienne finisse en charpie.

747 mots

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Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam & Freyja
Lun 25 Avr 2022, 22:38



Unknown

Fraises et poissons

En groupe | Hélène & co


RP précédent : Premiers pas à Basphel.


Comme les autres élèves, Hélène écoutait et regardait Jil. Ce n’étaient pas tant les gestes de la professeure que les murmures des adolescents qui la mettaient mal à l’aise. À force de passer du temps à Basphel, elle avait appris beaucoup de choses sur des sujets dont elle ne connaissait rien. En cours, évidemment, mais aussi entre deux salles de classe, dans les couloirs, lors des cours de sport et même le soir, dans les dortoirs. Elle savait comment on faisait les bébés, parce qu’elle avait demandé à son père, ainsi qu’à Pauline, Minéphore, Nounou Bonbon et d’autres adultes qu’elle avait pu trouver au cours des années – pour être sûre. Il s’avérait qu’aucun ne lui avait répondu la même chose. Certains s’étaient même montrés mal à l’aise, ce qu’elle n’avait pas bien compris. Toutefois, deux réponses étaient souvent revenues : « les filles naissent dans des fleurs et les garçons dans des choux, et les parents les récoltent » et « quand le papa et la maman font des câlins et des bisous, le papa dépose une graine dans le ventre de la maman ». Elle avait lu des livres sur les fleurs, les choux et les graines : il s’avérait que ça n’avait rien à voir avec l’agriculture. Quand elle avait creusé avec plus d’assiduité auprès de son père, elle avait pu apprendre quelque chose d’un peu plus rationnel. La maman recevait le zizi du papa dans son vagin, les spermatozoïdes faisaient la course jusqu’à l’ovule de la maman, et l’ovule choisissait l’heureux élu. Le fœtus se développait ensuite dans l’utérus de la maman, et au bout de neuf mois, ça faisait un bébé. Elle lui avait ensuite demandé si c’était ce qu’ils comptaient faire, avec Laëth. Elle en avait conclu qu’elle aurait sûrement des petits frères et sœurs un jour. Même si elle, elle n’était pas née comme ça du tout – mais c’était une autre question et une autre réponse, qui formaient une autre histoire.

Elle savait donc comment on faisait des enfants ; elle ignorait en revanche à peu près tout des pratiques sexuelles que pouvaient avoir les adultes. Du moins, lorsqu’elle était arrivée à Basphel. Depuis qu’elle y vivait, elle en connaissait quelques-unes, dont celle à laquelle pouvait faire penser la gestuelle de la rousse. Elle trouvait un peu bizarre de vouloir lécher l’endroit par lequel sortait l’urine, mais c’était apparemment quelque chose de courant. Quant à Jil, c’était une des premières fois qu’elle l’avait comme professeure, mais sa réputation était toute faite. A priori, elle amusait autant qu’elle désespérait, gênait ou agaçait – à en croire la réaction un peu virulente de la fille juste à la gauche d’Hélène. L’Humaine préféra regarder ailleurs, le temps pour les autres de protester joyeusement. Ses cheveux blonds tombèrent le long de ses joues rougies et elle se laissa absorber par la contemplation de l’armature en fer de la serre. Le sujet ne la mettait vraiment pas très à l’aise. C’était un peu bête, parce qu’elle était presque certaine que sans la réaction des autres, elle n’aurait jamais pensé à ça. On ne l’avait pas du tout éduquée de cette façon-là. Sans que ce ne fût tabou, ce n’était pas un sujet qu’on abordait comme l’on peut parler de la pluie et du beau temps.

Suivant le mouvement de la masse, la petite blonde attrapa l’un des globes et s’installa à sa table de travail, en se faufilant comme elle le pouvait entre les élèves et les bureaux. Ses deux ailes l’encombraient souvent, surtout dans les espaces réduits ou au milieu de la foule. Il arrivait régulièrement que l’un de ses appendices heurtât un objet, un meuble ou une personne sans qu’elle ne l’eût fait exprès. Devant le bocal, elle prit le temps d’observer les Mukashimi, dont les éclats d’argent pétillaient sous le soleil. Elle préférait attendre que les autres élèves aient récupéré les bulbes pour s’en occuper elle-même. Lorsqu’elle releva la tête, la plupart avaient rejoint leur plan de travail et s’attelaient à la tâche. Elle se glissa entre les tables pour aller récupérer ses propres plants de fraises Trougloudou, puis revint vers son bureau.

Juste après qu’elle eut posé les bulbes sur son établi, un léger « plouf » résonna sur sa droite. La Paiberym tourna la tête vers le garçon qui demandait de l’aide. Elle regarda le ballet zizanique des poissons en clignant des yeux, puis s’écarta de son propre atelier pour s’approcher. « T’as peur de te mouiller ? » s’enquit-elle en souriant, sans trop savoir si c’était une vraie question ou une moquerie amicale. Sans hésiter, elle plongea doucement ses mains dans l’eau et en sortit les fraises. Les bulbes étaient trempés. En fait, ils avaient assez mauvaise mine, comme ça. « Hum… » Elle fit la moue, puis regarda l’adolescent. « On devrait demander à la prof si ça ira quand même pour l’exercice. Tu ne crois pas ? » Hélène détailla un peu son interlocuteur. Elle n’était pas certaine de l’avoir déjà croisé. Peut-être. Sans doute. En tout cas, elle était sûre de ne s’être jamais présentée à lui. « Enchantée, d’ailleurs. Je suis Hélène Paiberym, du département de l’Acier. Et toi ? » Elle lui sourit. Elle lui aurait bien tendu la main, mais ses doigts englobaient toujours le végétal. Lorsqu’il se fut présenté à son tour, elle pivota. « Professeure Jil ? » appela-t-elle. Quand elle se trouva assez proche, elle demanda : « C’est grave si le plant est tombé à l’eau ? »



Message I – 914 mots

Je me permets de squatter nastae




[Ouvert] Fraises et poissons | ft. Ikar 1628 :


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Jil
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Jil
Sam 28 Mai 2022, 20:08

Concentrée, le regard vif, Jil était imperturbable. Assise sur le tabouret d’une des tables hautes de la salle de classe, elle dédiait son entière attention à son élève, les doigts pressés les uns contre les autres, posés sur ses lèvres. Elle n’osait plus faire un bruit, de peur de l’interrompre. Pourtant, lorsqu’un silence s’étira un peu trop long, elle céda :

— « Et ?! Et après ? »

Un sourire crâneur et se délectant visiblement de chaque mimique de la professeur, Stéphanie poursuivit, agitant le bout de son index :

— « Alors j’enlève la perruque et je lui dis : ‘Depuis le début c’était moi, Joshua. Si tu avais fait un peu attention à moi, peut-être que tu m’aurais pas perdue, mais c’est trop tard maintenant.’. Et là, tac, sans lui laisser le temps d’essayer de trouver une excuse, je fais claquer mes talons et demi-tour direct.
— Mais donc il pensait que Trixie avait pris TON chandail, et que c’était pas si grave ?!
— Comme je te le dis. Si j’avais pas obligé Fred à tout me raconter, il serait surement en train de lui offrir un thé en la complimentant sur MON chandail. Tu te rends compte ? Allo, on a littéralement fait la récolte du Cœur Vert ensemble, et tu fais ça à ta meilleure amie ? Redane et Moxie étaient comme toi, juste incompréhensible.
— Tu m’étonnes ! Tu peux pas te prétendre membre des G.H.I.J, et pas t’attendre à ce genre de résultat, surtout après le premier avertissement pendant le bal des Souris.
— Mais ex-ac-te-ment ! Complètement déplacé ! Et au final, j’ai envie de te dire, ça m’étonne même pas. Ma mère m’avait dit que c’était le genre de scandale auquel je m’exposais avec un fils Gabaretti. Et ça n’a pas coupé. »

Jil laissa échapper un sifflement discret, le regard perdu dans le vide, encore secouée par ces révélations. Assis à la même table, Tim, un garçon un peu simple et maladroit, mais déterminé à bien réussir la leçon du jour, les regardait avec un air oscillant entre désespoir et incompréhension manifeste, la main bloquée dans le bocal, avec un poisson frétillant dans l’autre. Sans vraiment y prêter attention, la rousse l’aida à s’en dégager, tout en poursuivant sa discussion :

— « J’aurais jamais cru ça de Joshua. Et Fred qui le couvre ! Alors qu’il était tellement chou quand on s’est vus, il avait même pensé à prendre les… »

Elle fut interrompue par un appel à l’aide, de l’autre côté de la classe. Stéphanie, dont l’appétit pour les ragots et les potins était inversement proportionnel à l’intérêt qu’elle portait au cours lui-même, fusilla du regard ceux qui osaient couper ainsi court à ses babillages. Elle savait pertinemment qu’il s’agissait d’un des nombreux points faibles de l’enseignante : elle adorait parler. Pour elle, c’était l’occasion d’en apprendre un peu plus sur le monde caché des adultes et les relations torrides que la rousse entretenait sporadiquement avec les autres membres du personnel et certains élèves. Le cours de botanique ne manquait jamais de lui fournir de quoi commérer pendant quelques semaines, à chaque fois que Jil laissait candidement échapper les récits de ses exploits. Mais comme toujours, il fallait qu’une binoclarde ou un boutonneux de seconde zone en manque d’attention vienne se l’accaparer. Les lèvres de la jeune Sorcière se pincèrent jusqu’à ne plus former qu’une ligne noire, et elle gifla sans ménagement le pauvre Tim.

— « Et toi, dépêche-toi ! Lourdaud. »

De son côté, l’aventurière-boulangère férue de botanique restait malheureusement aveugle aux petites manipulations qui s’orchestraient autour d’elle : il fallait dire qu’elle était vraiment facilement corruptible avec une conversation intime ou un discours un peu passionné – quel qu’en soit le sujet. Elle s’approcha avec un sourire de la table sur laquelle étaient installés Hélène et Ikar. Elle affectionnait particulièrement ce dernier, qui ne manquait pas de lui rappeler son père.

— « J’arrive j’arrive ! »

D’un pas leste, elle se glissait entre les tables et les élèves, se penchant parfois pour guider une main, ou faire un commentaire encourageant. Rapidement, elle fut à leurs côtés :

— « Alors ! Qu’est-ce qu’on a ici ? Non, pas du tout, ne vous en faites pas, c’est leur habitat naturel, et même s’ils sont supposés flotter, il en faut plus que ça pour les abimer. » Elle nota le regard méfiant qu’Ikar posait sur les Mukashimis, et lui sourit : « Oh tu ne risque rien, ils ne pourront pas te faire mal. Enfin, sauf si on leur lance un sort pour leur faire pousser des mains et que tu leur donne un couteau, mais à ce niveau-là, c’est un peu chercher, si tu veux mon avis. »

Elle tendit une main en direction de l’humaine, l’incitant à lui donner le bulbe. Délicatement, elle le retourna, fit glisser un peu de l’eau qui gorgeait les feuilles qui en dépassaient avant de les redresser.

— « Et voilà, tout neuf. En fait, une bonne astuce pour s’assurer qu’il ne se retourne pas, c’est d’ébouriffer un peu les racines, en faisant attention de ne pas les casser, et ça lui fait comme des petites pattes pour se tenir droit dans l’eau ! Comme ça. Mais c’est vrai qu’idéalement, il vaut mieux d’abord mettre le couvercle en liège, quitte à forcer un peu pour pousser le bulbe. Sans y aller comme une brute, sinon on recommence tout ! »

Quelque part dans son dos, Stéphanie déchainait ses regards mortels sur Hélène. Tim, lui, aimait bien Hélène, et beaucoup moins Stéphanie. Mais Stéphanie, elle, savait qu’il existait, et ça suffisait à le convaincre de baisser la tête sans rien dire. La sorcière se rongeait l’ongle du pouce, les coins de la bouche déformés par une moue de pur agacement.

Jil observa en silence l’Ondin et l’Humaine se mettre à la tâche, un sourire aux lèvres. Elle n’était généralement pas très réceptive ; mais Ikar n’était pas très doué non plus pour masquer ses émotions. Elle sentait qu’il avait du mal avec elle, sans être sûre de savoir pourquoi. Elle s’éclaircit la gorge avant de continuer.

— « Si ça vous intéresse tous les deux, j’ai quelques travaux à réaliser dans les grands bassins plus tard. Pas d’obligation, hein ! Mais je me suis dis que tu apprécierais peut-être d’être dans ton élément, Ikar ! En fait – c’est super intéressant – on a fait quelques tests sur le développement d’espèces typées comme le lierre, en milieu aquatique. Des algues grimpantes, des plantes terrestres plongeuses, et je dois aller faire des relevés, quelques prélèvements, et introduire plusieurs espèces de poissons et de batraciens pour la suite des expérimentations. Mais enfin c’est si vous voulez, hein ! Pas de problème si vous avez autre chose à faire, je comprendrais. »

Elle insistait tant pour bien se faire voir du fils d’Adam qu’elle avait des airs d’adolescente effarouchée. Devant ce manège bien peu dissimulé, le regard meurtrier de Stéphanie bascula doucement sur l’Ondin.


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Sól
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Sól
Mer 29 Juin 2022, 11:50


Image par Tyler Smith
Fraises et poissons
Claer
Claer était penchée en avant, l'attention rivée sur le bureau de la professeure. Contrairement à Hyocèle, qui s'inquiétait davantage du traitement des fraises, la blonde avait jeté son dévolu sur les petits poissons au fond du globe. Ses prunelles bleues suivaient l'éclat argenté des écailles. Presque hypnotisée par leur danse aquatique, elle se pencha un peu plus, écarquillant les yeux pour essayer de mieux admirer leur morphologie. En réalité, elle n'écoutait les paroles de la rouquine que d'une oreille distraite. La Lyrienne avait toujours été plus fascinée par la faune que par la flore. Cela ne l'empêchait pas d'apprécier les leçons de Jil : sa passion et l'enthousiasme qu'elle mettait à aider ses élèves la rendaient sympathique aux yeux de Claer. Surtout, elle adorait pouvoir parler librement des insectes qui menaçaient telle fleur ou des oiseaux qui utilisaient telle autre plante pour faire leur nid. L'enseignante l'écoutait toujours attentivement et, encore mieux, n'hésitait pas à alimenter la conversation, rendant à chaque fois leurs échanges passionnants. Oui, c'était cela : Claer aimait la compagnie de la Lyrienne. Elle appréciait leurs discussions. C'était sans doute la motivation qui l'avait poussé à choisir sa matière, malgré son manque d'instinct et de connaissance sur tout ce qui concernait les végétaux.

Le ricanement de son voisin de droite ramena la blonde à la réalité. Le rouge teintant ses joues, elle se redressa promptement, pensant déceler une pointe de moquerie à son encontre - sa faculté à s'émerveiller du monde animal lui valait régulièrement quelques brimades de ses camarades. Cette fois-ci néanmoins, elle n'était pas la cause des sourires en coin et des froncements de sourcils. La botaniste s'évertuait à caricaturer involontairement des activités qui avaient le mérite d'intriguer ou de fasciner son public. Claer l'observa, interprétant sans difficulté la scène qui pouvait tant émouvoir ses camarades. Cela ne sembla pourtant pas la bouleverser. Ce genre de quiproquo n'était pas rare dans la classe de la rousse, et la blonde semblait avoir développé une immunité à l'embarras que pouvaient causer ces imitations. Son manque d'intérêt pour le sujet l'aidait sans doute à ne pas s'en offusquer. Lorsque toutes les filles de son dortoir bavardaient du garçon ou de la fille qu'elles aimeraient embrasser, l'exploratrice préférait lire ses gazettes sur les espèces les plus insolites de ces terres, ou sur la façon de les capturer. C'est qu'elle n'avait jamais éprouvé de désir pour quiconque d'autre. Elle ne trouvait pas d'intérêt à l'idée d'embrasser quelqu'un d'autre sur la bouche - et pour être honnête, l'idée de partager sa bave en frottant sa langue à ce partenaire imaginaire la répugnait quelque peu. En ce qui concernait tout le reste... Elle y était tout aussi opaque. Si elle savait de quoi l'on parlait, à force d'entendre les autres en discuter sans cesse, son manque d'expérience en la matière lui convenait parfaitement - bien qu'elle eu déjà menti en prétendant avoir embrassé Promaël au bal des souris, pour qu'on lui ficha la paix : cette tactique s'était révélée être une très mauvaise idée ; lorsque la supercherie avait été découverte, la rumeur lui avait prêté des sentiments inexistants et elle s'était trouvée d'autant plus embêtée. Claer observait donc Jil se concentrer pour faire disparaître les dernières traces de jus de son visage, remarquant sa technique et l'approbation que celle-ci suscitait dans les rangs des élèves.

La démonstration se termina et le cours enchaîna sur les travaux pratiques. Le sourire aux lèvres, l'étudiante s'empara de l'un des globes. « Claer... » l'interpella Kaern. « Tu as oublié de prendre un bulbe. » lui rappela-t-il. « Oh ! » La tête de linotte écarquilla les yeux. Effectivement. « C'est vrai. » constata-t-elle. Réalisant un demi-tour brusque - manquant de bousculer un camarade dans son mouvement - elle récupéra le végétal avant de retourner s'installer à son établi. Là, elle contempla le ballet majestueux des poissons. Elle en compta cinq. Elle les trouva adorables et commença à leur donner des prénoms : Gaspard, avec sa nageoire dorsale un peu plus longue que les autres ; Ursule, avec son air féroce ; Zoural et sa danse légèrement de travers ; Kuzki qui lui retournait son regard insistant et Leauti, parce qu'il fallait bien lui trouver un nom à lui aussi. « Claer, il faut mettre le bulbe dans l'eau. » lui rappela son voisin. « Oui, tu as raison. » Pourtant, la blonde continua de regarder ses petits amis naviguer librement, sans faire mine de s'intéresser à la manipulation demandée par Jil. L'Ygdrae soupira, secouant légèrement la tête.

Ce ne fut que lorsque la professeure s'approcha pour aider deux de leurs camarades, situés au rang derrière celui de Claer, que cette dernière obtempéra, après avoir reçu un vigoureux coup de coude dans les côtes de la part de Kaern. La blonde laissa traîner ses oreilles malgré elle, jusqu'à ce que Jil évoque les espèces qu'elle devait introduire dans le bassin. L'adolescente se retourna sur sa chaise, fixant la Lyrienne avec une lueur d'envie. « Je peux venir ? » s'invita-t-elle sans gêne. « Quelles espèces voulez-vous introduire ? » interrogea-t-elle. Son attention glissa vers la fillette qui l'avait appelé. Les deux ailes dans son dos avaient attiré son regard. Elle pencha légèrement la tête sur le côté, intriguée. Était-ce une Eversha colombe ? C'était la première fois qu'elle en rencontrait une pour de vrai. Ses yeux vacillèrent quelques secondes sur le garçon mais sans s'y accrocher : étonnement, elle lui aurait trouvé beaucoup plus d'intérêt s'il lui avait montré sa queue. Sous sa forme humaine, il ne rivalisait pas avec sa voisine au plumage immaculé.
978 mots
Je m'incruste.
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Ikar Pendragon
Dim 10 Juil 2022, 20:24



[Ouvert] Fraises et poissons | ft. Ikar Heki

Fraises et poissons


Je regardai ma camarade après son commentaire. C’était une fille, blonde, avec deux ailes angéliques dans le dos. J’avais entendu parler d’elle. Elle était là avec sa sœur et son frère. Des Enfants des Cieux. Peut-être que je me trompais mais il ne me semblait pas. Beaucoup de rumeurs couraient sur eux et on les disait faciles à reconnaître parce qu’ils faisaient tout tomber dans les salles de cours, à cause de leur fardeau de plumes blanches. Certains disaient qu’ils étaient des Élus, d’autres des Humains handicapés ou atrophiés. Elle n’avait l’air ni handicapée ni atrophiée. Je la trouvais même plutôt jolie.

« Je me transforme en monstre quand je suis mouillé, c’pour ça. »

Je l’avais dit d’un ton assez désintéressé, tout en la regardant en coin. Je ne me souvenais plus de son nom mais je savais qu’elle était la fille d’un ancien professeur. Un point commun. En y réfléchissant, je remarquai le regard d’un autre élève sur elle. Je souris, conscient que je venais de me dégoter une nouvelle rumeur à propager. Ce type semblait fou amoureux de la fille.

« Ouais, peut-être… »

Je n’étais pas sûr d’avoir envie de mêler Jil à ça. Des questions me brûlaient les lèvres concernant sa relation avec mon père mais je redoutais les réponses comme on redoute une correction annoncée à l’avance. Pourquoi diable avait-il copulé avec autant de monde ? N’avait-il pas pu se retenir ? À cause de lui, j’étais en permanence en train de me demander si untel ou unetelle n’était pas mon frère ou ma sœur. Pas que je veuille une relation ou quoi que ce soit dans cet ordre là mais… quand même.

« Ikar. »

J’essayais autant que faire se peut de ne pas prononcer mon nom de famille. Le truc c’est que ça paraissait étrange maintenant. Elle avait dit le sien : Paiberym. Ikar, juste Ikar, ça faisait amputé. Heureusement, elle appela Jil, ce qui me permit de ne pas ajouter le Pendragon de rigueur.

Je baissai les yeux lorsque la professeure arriva et l’écoutai parler. Je ris nerveusement à sa blague sur le sort de mutation et le couteau, ne sachant pas très bien si elle était sérieuse ou pas. Le son qui sortit de ma bouche n’était pas celui de l’aisance mais je fis de mon mieux pour le cacher. Elle ne sembla pas s’en formaliser. Mon regard, en quête d’un endroit où se poser, tomba sur sa poitrine et je me maudis intérieurement. Si ça se trouve, mon père la regardait comme ça. Je le voyais bien, à fixer les seins des femmes avec envie et, sérieusement, pour rien au monde je ne voulais lui ressembler. C’était une image mentale qui ne correspondait peut-être pas à la réalité mais depuis que j’étais ici, j’en avais entendu des vertes et des pas mûres.

« Euh… Je ne sais pas si… »

Je m’interrompis, en captant le regard de Stéphanie sur moi. Qu’est-ce qu’elle me voulait celle-là ? Le problème c’est que je ne savais jamais si on me fixait méchamment à cause de moi ou à cause d’un des nombreux méfaits d’Adam. Est-ce qu’il avait couché avec sa mère ? Est-ce qu’elle était sa fille et, donc, ma sœur ? Est-ce qu’il avait couché avec elle malgré son âge ?

« Qu’est-ce qu’elle a celle-là, hein ? »

Ma question, dite à voix basse, ne s’adressait qu’à ceux qui voudraient bien tendre l’oreille. Je croisai les bras sur mon torse, prêt à refuser l’offre de Jil d’un même temps pour ne pas avoir à la côtoyer plus que nécessaire. L’ombre de mon père était partout. Son ADN aussi sans doute. Néanmoins, alors que j’allais de nouveau ouvrir la bouche, une autre élève s’incrusta. Je soupirai. Ça serait plus délicat maintenant.

« Bon mais ouais on peut faire ça… »

Je regardai brièvement Jil, avant de m’intéresser à mes deux camarades. Je réfléchis, tout en essayant de me sortir mon père de la tête. Ici, c’était difficile. Il brillait par sa présence dans mes pensées, parce que tout dans l’école semblait fait pour me le rappeler. Finalement, j’eus une idée.

« On pourrait peut-être faire un journal de bord qui répertorierait nos observations ? Avec des dessins et des histoires sur les plantes ? »

J’aimais l’eau mais je savais que je n’étais pas franchement le bienvenu chez les Ondins, ou en tant que moins que rien. Parce que j’étais un homme et uniquement pour ça. En fait, ça ne me dérangeait pas tant que ça. Pour le moment, je m’accommodais de ma vie comme elle venait.

« Toi, tu t’appelles Claer hein ? »

Il me semblait avoir entendu quelques plaisanteries et jeux de mots sur son nom. Claer qui est tellement tête en l’air qu’elle ne voit pas clair… ce genre de choses.

« Qu’est-ce que vous aimez dans votre métier professeure Jil ? »

Je ne pouvais pas l’ignorer totalement. En posant des questions, je ne pensais pas au reste, comme elle dans le lit de mon père ou mon père dans son lit. C’était sûr que c’était arrivé. Je me demandai si elle m’avait vu, lorsque j'étais bébé.

856 mots

Sól a écrit:
Ses yeux vacillèrent quelques secondes sur le garçon mais sans s'y accrocher : étonnement, elle lui aurait trouvé beaucoup plus d'intérêt s'il lui avait montré sa queue.

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Jil
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Jil
Ven 29 Juil 2022, 18:24

Jil fit volte-face pour poser ses yeux sur Claer, et, sans respirer, lâcha :

— « OUI, BIEN SÛR ! Pardon ; oui. Oui, tu peux venir ! On parle bien des expériences dans le bassin, hein ? Enfin, je parlais de ça, je suppose que toi aussi ; mais si tu parlais d’autre chose, je suppose que tu peux venir aussi ? J’ai pas vraiment de plan à part ça, ce soir, mais j’imagine qu’on pourrait aller boire un verre. Enfin un verre de quelque chose qui n’est pas de l’alcool, hein, sinon je vais encore me faire gronder. »

Une pause, courte.

— « Sauf si tu arrive à me prouver que là où tu vis, tu es en âge légal de boire de l’alcool, mais en prenant en compte l’alcool qui… Pour… Tu veux venir au bassin d’expérience, c’est ça ? Bien ! Top, giga cool. Et toi Ikar ? »

Ces grands yeux brillants auraient convaincu un lion de se mettre aux pois chiches ; Ikar, lui aussi, céda. Ainsi qu’elle avait fini par apprendre, il était de bon ton en société de ne pas se montrer trop enthousiaste. Chaque personne a son niveau de tolérance quant à l’excitation qu’une personne peut éprouver devant lui ; certains s’arrêtent à un simple rire mal contrôlé, d’autre peuvent supporter des heures ininterrompues d’élucubrations désinhibées sans queue ni tête avant d’en avoir trop. Jil, donc, se retenait. Ce qui – dans son cas – la faisait vibrer littéralement sur place, en se tortillant les doigts, un large sourire plaqué sur le visage. Elle projetait de petits arcs électriques orangés sur la table où elle était accoudée, et ses cheveux gonflèrent comme sous l’effet d’une bourrasque. Selon bien des critères, Jil se montrait, malgré elle, bien trop enthousiaste. Et si Ikar s’en était contenté, elle aurait retrouvé d’elle-même un fonctionnement normal. Pourtant, dans son ignorance, l’Ondin surrenchérit en proposant de lui-même de tenir un carnet de bord. Il se tourna alors vers Claer, sans savoir ce qu’il venait de déclencher.

Plus tard, ce jour serait connu comme « l’incident du carnet de bord ». À l’évocation de la brillante et inattendue initiative du fils d’Adam, les pupilles de la Lyrienne s’écarquillèrent ; son sourire mua malgré elle en un rire nerveux, agité par le tremblement d’excitation qu’elle tentait de contenir. Dehors, plusieurs oiseaux redressèrent le bec, réveillés par un instinct primaire. Les nuages autour de Basphel se mirent à craqueler d’un crépitement inquiétant ; tous les élèves de la classe sentirent leurs cheveux se dresser sur leur nuque et une odeur d’ozone prononcée. Et alors que l’institutrice tendait les bras en l’air, exultant enfin d’une joie bien mal réprimée, l’onde électrique jaillit d’elle avec une force irrépressible. Les corbeaux s’envolèrent des toits de l’école en criant leur effroi ; sorti de nulle part au milieu de cette journée ensoleillée, le tonnerre éclata au cœur des cumulus ; et chaque élève se vit décerner une châtaigne telle qui n’en pousse sur aucun arbre. Le concert de cri fut couvert par le bruit des lanternes magiques qui entraient en surtension, et alors que les feuilles de cours s’envolaient pour venir se coller au moindre pull en laine, à la moindre tignasse ébouriffée, le triomphe de la rousse ne fut que de courte durée, alors qu’elle observait mortifiée les conséquences de son engouement.

Elle s’embourba dans un flot d’excuses qui ne cessa pas malgré les commentaires rassurants de certains élèves, les exclamations outrées des autres ; il ne cessa pas malgré l’arrivée fracassante de Mr. Malison, l’arrosoir encore à la main, qui venait s’assurer que personne n’était blessé ; il ne cessa certainement pas lorsqu’elle se rendit compte que chaque poisson de la pièce semblait se mettre à flotter, le ventre vers le haut. Non, il ne cessa pas, et pour tout dire, la vitesse à laquelle elle se morigénait et se traitait de tous les noms ne faisait qu’augmenter, si bien qu’autant les élèves que le Jardinier vinrent à craindre une nouvelle décharge. Quelques-uns évacuèrent immédiatement la pièce, un ou deux tentèrent de la calmer, mais alors qu’elle semblait prête à exploser de nouveau, tout s’arrêta. Figée dans une posture affligée, la tête entre ses mains, accroupie à côté d’un bocal, Jil cessa tout simplement de parler, de bouger, de cligner des yeux. La dernière fois qu’elle avait vécu un tel épisode remontait alors à plusieurs dizaines d’années, et il s’avèrerait très bientôt qu’il s’agissait là de l’un de ses pires décrochages. Alors que George Malison criait déjà à un élève d’aller du renfort, dans les bocaux, les poissons reprirent leur danse dans un petit tressaillement, indifférent de ce qui venait de leur arriver.


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Jil
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Jil
Sam 30 Juil 2022, 15:16

— « Mais enfin Jil, sortez ! Tout le monde vous attend, Mr. Fikkles est même venu sur son Dragon Vache pour vous voir ! »
— « Non ! Partez ! De toute façon, je fais tout de travers ! Si vous m’approchez vous allez me trouver bizarre et partir, et je serais toute seule, alors autant être toute seule tout de suite ! »
— « C’est pas possible, j’ai été créé par votre subconscient, tout comme les jumelles Macaron et ce chien à la rhubarbe ! Allez, venez, qu’on en discute au moins ! »

Jil s’avança sur le balcon collant de sa tour en sucre d’orge, pour hurler son mécontentement au Wëltpuff bipède qui l’attendait en bas. Dans son monde intérieur, où le ciel bleu chatoyait d’aurores rosées, où les rivières coulaient en chantant – littéralement – et où le malheur et la tristesse n’existaient pas, ses yeux rougis et luisants de larme avaient créé un émoi historique.

— « Non, j’veux pas ! J’suis trop nulle ! Touf-Touf, je te préviens, si tu montes, je me jette par la fenêtre ! »

Perplexe, le Wëltpuff porta ses sabots à sa bouche pour faire « entonnoir » :

— « De toute façon tout le pavage est en guimauve, et vous êtes au deuxième étage, tu ne risques rien ! Ah, zut, vous ! Vous ne risquez rien ! »
— « Tu peux me tutoyer si tu veux, je vois pas pourquoi on se vouvoierait ! Après tout on se connait depuis des décennies maintenant ! »
— « D’accord ! Cool, merci ! Ça veut dire que tu vas descendre ?! »
— « NON ! »

Elle s’en retourna d’un pas dramatique en direction du lit gigantesque qui prenait un bon tiers de la pièce dans laquelle elle se trouvait, avant de s’y laisser tomber le visage en avant. La couverture en barbe-a-papa était constellée de larmes et de perles de sucre, et Jil s’y laissa enfoncer en gémissant sa honte, sa colère et sa tristesse, ne prenant que de très petites bouchées de temps en temps. Dès qu’elle était apparue ici, au milieu du Château des Gens Heureux, elle savait exactement ce qui avait dû se passer dans le monde réel. Elle avait encore grillé. Elle repensa à son explosion, et voulu mourir. La dernière fois que quelque chose du genre s’était produit, beaucoup de gens s’étaient mis à la détester, et plusieurs élèves avaient immédiatement demandé à être transféré dans une autre classe. Elle en avait entendu parler pendant des mois, et à l’époque, la petite surtension qui avait eu lieu était à peine comparable à celle-ci. Aucun doute que lorsqu’elle reprendrait conscience, Avril descendrait elle-même la mettre dehors, sous les moqueries et les regards dégoûtés de ses propres élèves. Ils allaient surement lui envoyer des bulbes à la tête, et se mettre à détester la botanique, à cause d’elle ! Tous ces fruits et légumes, ces pauvres plantes qui seraient privés d’un amour mérité, parce qu’elle n’avait pas su se contenir. Non, c’était décidé, acté, elle resterait ici jusqu’à ce qu’elle ou tous ceux qui avaient été témoin de ce désastre soient mort. Voilà.

On toqua à la porte, doucement. Elle grogna avec un mouvement vague de la main. La porte s’ouvrit, et elle roula sur le côté, outrée :

— « Nooon, j’avais dit de ne pas rentrer ! »

Avec difficulté, Touf-Touf se glissa dans la chambre. Son compagnon de presque toujours, qui ne lui parlait que lorsqu’il était dans sa tête, et dont les pupilles rectangulaires étaient chargées d’inquiétude.

— « Tu ne peux pas rester ici, tes élèves vont s’inquiéter… Et puis, c’est pas si grave, personne n’a été blessé ! »
— « Personne ?! Et les petits Mukashimi ? Crac ! Dézingués ! Le bide en l’air et la bulle au coin de la bouche ! Ikar doit être traumatisé à l’heure actuelle ! Si ça se trouve il m’a sauté dessus pour essayer de m’étrangler : honnêtement, je lui en veux pas ! C’est sûr, j’aurais préféré quelque chose d’un peu plus discret, là c’est sûr qu’il risque la prison après ça, mais on apprend pas l’assassinat à Basphel, donc c’est sûr que derrière le moindre petit meurtrier est obligé de faire comme il peut, d’improviser, sauf que ça s’improvise pas, ça ! »

Elle se redressa soudainement dans le lit, manqua de tomber sur le tapis en chocolat.

— « Et s’il se fait emprisonner et qu’Adam l’apprends et se met à me détester ? Non, je préfère mourir c’est plus simple. »
— « Mais s’il se fait emprisonner, c’est qu’il t’a assassiné, donc que tu es morte, et du coup tu n’auras plus à te soucier de ça, non ? »
— « Mais je veux pas qu’il me déteste quand je serais morte, c’est horrible, ça veut dire que je pourrais jamais m’excuser, et qu’il va me détester pour l’éternité ! »

En prononçant ces mots, les larmes se remirent à couler à flot le long de ses joues. Dehors, un grondement annonçait un orage, et aucun des habitant de son monde intérieur n’avait jamais vu tomber la moindre goutte d’eau depuis des siècles.

— « Du coup, est-ce qu’il ne faut pas mieux se réveiller, pour éviter de mourir, qu’Ikar t’assassine, et qu’Adam te déteste ? »
— « Et devoir me faire lapider à coup de bulbe ? Qui n’ont RIEN demandé ? Jamais. Non, je vais rester là. Pour toujours. Point. »

Dans la classe de botanique, l’institutrice était toujours figée, et rien ne semblait indiquer que cela s’apprêtait à changer.


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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Ven 02 Sep 2022, 20:00



Unknown

Fraises et poissons

En groupe | Hélène & co



La blonde suivit Jil du regard dans ses pérégrinations à travers la salle, avant de l’accueillir avec un sourire, les mains toujours en coupe autour de la plante malmenée. Ses explications la rassurèrent un peu. Elle se demanda ce qui pouvait réellement endommager les fraises trougloudou. De fortes intempéries ? Des insectes ravageurs ? Des animaux trop gourmands ? Y avait-il beaucoup d’études à ce sujet ? La bibliothèque de l’école comportait-elle des livres qui traitaient ce thème ? Elle eut l’envie immédiate de se renseigner, et si son premier réflexe naturel aurait été d’interroger la professeure, elle n’en eut pas l’occasion. Celle-ci chercha immédiatement à rassurer Ikar – Ikar Toutcourt. Son trait d’humour amusa l’Humaine ; elle regarda le garçon, comme si elle avait souhaité partager une œillade de connivence, mais se heurta à son rire troublé. Loin de s’en formaliser, elle se tourna vers la main tendue de Jil et lui légua le bulbe. « Merci ! » répondit-elle avec un enthousiasme sincère. La fille Paiberym aimait apprendre. Depuis sa plus tendre enfance, elle posait sur le monde un regard curieux, écoutait, touchait, goûtait et humait ce qui parvenait à ses sens – parfois au désespoir de Pauline, de Minéphore ou de son père, qui auraient peut-être préféré qu’elle n’essayât pas de caresser les flammes de la cheminée, par exemple. Leur magie l’avait souvent sauvée de ces petits désagréments, mais ils savaient tous qu’un jour, les adultes risquaient de ne plus pouvoir utiliser leurs dons en sa présence. Aussi, avec le temps et à raison, elle était devenue plus tranquille, plus rationnelle, plus observatrice aussi : elle s’appliquait à analyser du mieux qu’elle le pouvait avant de prendre une décision ou d’agir.

Minutieuse, l’Humaine s’acquitta de la tâche d’Ikar, à savoir rapprocher dangereusement ses mains de l’eau et affronter les terribles poissons pour positionner les fraises dans le bocal. Elle n’avait pas envie qu’il se transformât en monstre – même si elle doutait que cela pût arriver, surtout à Basphel. Le corps professoral avait tendance à prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter des déboires aux élèves. Dans le cas contraire, son père ne les auraient probablement jamais envoyés ici. L’invective de l’adolescent lui fit relever la tête ; elle suivit son regard et percuta celui d’une autre fille, plus loin. Les sourcils froncés d’incompréhension, elle la scruta quelques secondes, avant de reporter son attention sur la professeure. À sa proposition, la Paiberym acquiesça vivement. Une autre voix fit écho à ses volontés : elle pivota vers la nouvelle venue, l’air affable. Même si elle avait été simplette, il lui aurait été impossible de ne pas remarquer l’éclair de curiosité qui traversa ses yeux. Elle fit de son mieux pour l’ignorer ; elle y était habituée, mais ces regards-là n’étaient pas nécessairement agréables. Parfois, des élèves se moquaient de la maladresse des quelques Humains ailés qui arpentaient les couloirs de Basphel, ou s’amusaient à leur rappeler avec mépris leur incapacité à user tant de la magie que de leurs appendices plumeux. Bien que parfaitement consciente qu’elle disposait d’autres atouts, et que leurs sortilèges étaient tous plus inefficients les uns que les autres face à un Ma’Ahid puissant, la blonde avait tendance à accueillir ces remarques avec une certaine susceptibilité. D’autres étudiants, plus avenants, pouvaient poser des questions qui, à force d’être répétées, étaient devenues lassantes, voire agaçantes, même si les interrogateurs ne pensaient pas à mal. Elle faisait de son mieux pour y répondre gentiment, mais elle avait bien compris qu’éviter un regard permettait souvent d’échapper au questionnement qui devait suivre. Dans la présente situation, ce n’était pas très compliqué, tant le spectacle de… l’euphorie ? de leur enseignante était captivant. Toute cette magie crépitant autour d’elle… Hélène savait que si elle tendait la main pour la toucher, elle s’électrocuterait, néanmoins, elle ne pouvait s’ôter de la tête l’envie d’essayer. Elle se retenait, pour son propre bien.

Toutefois, peut-être que si elle l’avait fait, elle aurait ressenti un effet moins virulent que celui qui suivit le grondement des nuages : une frappe d’électricité la traversa. Elle piqua ses pieds, secoua ses jambes, ébranla son torse, et sembla jaillir de sa bouche en un cri de douleur et de peur mêlée. Presque sonnée, elle recula, chancelante. Il lui fallut quelques secondes pour recouvrer ses esprits au milieu du flot ininterrompu des paroles de la professeure. Elle était juste à côté de la rousse, dont l’énergie ne redescendait pas. Danger, urgence : il fallait partir. Poussée par son instinct et sa raison, l’Humaine attrapa les mains de Claer et d’Ikar et les entraîna vers la sortie. Au passage, ses ailes bousculèrent plusieurs tables, chaises et bocaux. Lorsqu’ils furent dans le couloir, elle se retourna pour observer la scène. Aussi soudainement que l’orage avait éclaté, le calme était revenu. Monsieur Malison, qui était entré, paraissait gérer la situation. Des élèves murmuraient ; leurs chuchotis s’étalaient en un panel d’émotions variées. Jil, quant à elle, se tenait accroupie devant un bocal, tétanisée de silence. Son regard fixe distillait un large trouble dans le cœur de l’Humaine : c’était comme si toute sa joie était morte d’un coup – ce qui n’avait rien d’étonnant, eu égard à la situation, mais constituait une anomalie de premier ordre pour quiconque avait eu un avant-goût de la personnalité de la Lyrienne. « Qu’est-ce qu’on peut faire ? » demanda-t-elle, désemparée, à ses deux nouveaux acolytes. Elle tenait toujours leurs mains.



Message II – 900 mots

Hélène suivra Ikar et Claer quoi qu'ils fassent =)




[Ouvert] Fraises et poissons | ft. Ikar 1628 :


[Ouvert] Fraises et poissons | ft. Ikar 2289842337 :
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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Mar 11 Oct 2022, 13:23

[Ouvert] Fraises et poissons | ft. Ikar 5l2x
Image par Minhua Fang
Fraises et poissons



« Tu aimerais savoir quoi faire, hein ? » Sympan fixa l’Humaine ailée, un sourire curieux sur ses lèvres d’Ygdraë aux oreilles arrondies. Précédemment dans le parc, à chercher une idée d’expérience, il avait été le témoin silencieux de l’envolée de corbeaux et, surtout, du tonnerre qui s’était abattu plus loin. Bien sûr, scientifique dans l’âme, l’étrange phénomène avait capté son intérêt et il s’était mis en marche, comme une abeille attirée par l’odeur juteuse de la viande saignante. Bzz par-ci, bzz par-là, il avait fini par arriver à destination. Dans l’embrasure de la porte, il avait observé le phénomène un moment avant de se pencher vers la petite blonde, afin de lui offrir ses services. Le seul point noir à ses idées était devant lui : Monsieur Malison, avec son arrosoir trop bien assorti à son blouson. « Regarde et prends-en de la graine. » lança-t-il à l’Humaine, sûr de lui. Sympan était toujours sûr de lui. Son assurance équivalait à sa folie et, lorsque l’on est à moitié fou, trop gorgé de science comme aurait dit sa mère, il n’existe aucune hésitation possible. Qu’importent les dangers, le chemin seul suffit à justifier toutes les excentricités.

L’Ygdralfar se redressa et regarda le jardinier. « Monsieur Malison, la Directrice, Avril d’Ovipa, demande à vous voir. C’est au sujet des rosiers dentiers… Apparemment, ils auraient reçu trop d’engrais et auraient muté… Un élève a été blessé, à ce que j’ai compris. Enfin… je ne suis que le messager. Je n’y connais rien à toutes ces histoires de rosiers. » précisa-t-il, en haussant les épaules. Quelques phrases plus tard, le gentil Monsieur Malison ne fut plus que de l’histoire ancienne. Sympan n’était pas le plus convainquant des individus de ce Monde mais son air assuré suffisait à instiller le trouble. Et puis… dans le cas où ce qu’il disait était vrai – puisqu’il y avait réellement des rosiers dentiers à Basphel, ils fournissaient d’ailleurs bon nombre de personnes âgées – il valait mieux ne pas faire attendre la Directrice. Oh, bien sûr, Sympan savait qu’il risquait d’avoir des problèmes mais le risque faisait partie de l’hymne de tout bon scientifique. Était-il dans l’école des élites ? Oui. Cela dit, personne n’avait véritablement envie qu’il en devînt une un jour. Ce serait plus qu’embêtant. Enfin, ne parlons pas de malheur.

Une fois seul avec les élèves, Sympan les regarda. Certains étaient bien plus impressionnants que lui mais il n’en fit pas grand cas. Si la société était régie par les plus costauds, tout le monde aurait déjà été au courant. « Hum hum. » commença-t-il, en tentant vainement de ne pas se mettre sur la pointe des pieds pour paraître plus grand qu’il n’était déjà. Il tendit le bras – et par-là même l’index – vers Jil. « Comme vous pouvez le constater, la Professeure Jil est en pleine Paralysiæmie. Il s’agit d’un épisode traumatique que l’on retrouve souvent chez les Princesses de Contes de Faes. Les pauvres petites sont tellement déconsidérées qu’elles préfèrent se plonger dans le sommeil – ou une sorte de sommeil – pour faire face à l’adversité de la vie. » En disant ça, il avait pris une position dramatique. « Le seul moyen de régler ça est de témoigner de l’attention à la belle... ou la moche. Parfois, elles sont moches, ce qui ne veut pas dire qu'il faille les discriminer, loin de là. Bref. Certains ont, comme qui dirait, le syndrome du Prince Charmant. Néanmoins, le baiser sur la bouche ne fonctionne pas toujours, puisque, bien évidemment, les Princesses des Contes de Faes n’ont parfois rien à faire de ces bouseux en collerette. Ce qu’il faut, ce sont des marques d’attention, des petites choses qui prouvent que vous tenez à votre Professeure. » Il rit, un peu étrangement. « Enfin… Je vais commencer par le baiser, si vous voulez bien. On ne sait jamais. »

Après sa déclaration, il se baissa dans un mouvement qu’il aurait souhaité ample et fluide mais qui prouva juste que ses articulations ressemblaient plus à celle d’un vieux de quatre-vingts ans qu'à celles d’un adolescent. En même temps, il avait un peu trop grandi d’un coup. Son squelette n’avait pas aimé et le lui faisait payer. Il se vengerait en temps et en heure pour ce désagrément. Une fois en bas, il fixa la silhouette avachie de Jil. Il l’aimait bien. Il la trouvait jolie. C’était aussi la raison pour laquelle il avait inventé cette histoire de bisou. Il avança ses lèvres, sortit sa langue pour la goûter dans un premier temps, et quand il fut sûr qu’elle n’était pas maquillée à l’arsenic, il finit par l’embrasser vraiment. Il ne se produisit rien de notable. « Hum… Dommage… » déclara-t-il, avant de se redresser en plusieurs fois. Il fixa la foule et claqua dans ses mains. « Eh bien ? Qu’est-ce que vous attendez ? Elle ne va pas se réveiller si vous restez là à la regarder ! Prouvez-lui votre amour ! Faites-lui des offrandes ! Dîtes-lui des choses gentilles. » Il fixa un garçon grassouillet. « Non Timothée, tu n’auras pas de bisou. J’ai déjà vérifié, par Sympan ! Si avec moi ça ne marche pas, ça ne marchera pas non plus avec toi. » Il ricana.

834 mots



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Mar 14 Fév 2023, 13:39



[Ouvert] Fraises et poissons | ft. Ikar Heki

Fraises et poissons


Le cri sortit tout seul de ma bouche lorsque l’électricité passa par mon corps. Entre la luminosité et le choc, le son n’avait pas attendu pour se faire entendre, de concert avec ceux produits par mes camarades. Un peu sonné, je me rendis compte que certains avaient été plus touchés que d’autres. Moi, ça allait. Mon regard se tourna vers Hélène, puis vers Jil qui semblait choquée. Puis, elle se mit à débiter un flot de paroles impressionnant, plus que d'habitude.

« Euh… Professeure Jil ? »

Pour une fois, j’aurais bien aimé que mon père soit là. Il aurait sans doute su quoi faire. Moi, je ne voyais aucune solution.

« Professeure Jil, tout va bien. Ce n’est pas grave ! Maintenant, au moins, on est au courant… »

Je tentai de plaisanter, malgré la peur que la situation avait éveillée en moi. Je n’arrivais pas vraiment à la voir comme quelqu’un capable de faire du mal à ses élèves. Elle était toujours enjouée en temps normal, à en être agaçante d’ailleurs. C’était toujours déroutant de la voir surgir ici et là, des idées plein la tête et des mots plein la bouche. Elle devait être la professeure la plus excentrique de la cité école.

Le problème c’est que rien n’y faisait. D’autres étudiants tentèrent de la raisonner et de faire cesser le flux qui ne fit qu’augmenter. Je me sentis vite pris au dépourvu et, heureusement, la main d’Hélène vint se glisser dans la mienne pour m’emmener ailleurs.

Plus loin, je me retournai vers la salle de botanique et récupérai ma main, un peu gêné.

« Je ne sais pas trop… »

Je l’avais dit d’un ton dépassé.

« Peut-être laisser les adultes faire… Là… enfin, je n’ai jamais vu ça moi… C’est trop bizarre. »

Je n’avais jamais été électrocuté de ma vie. Heureusement, personne n’avait été dans l’eau. Les poissons avaient dû périr grillés. J’espérai soudainement qu’il n’y ait aucun mort ou blessé grave. Je n’avais vu personne dans ce cas là mais c’était une possibilité à ne pas écarter.

« C’est qui celui-là ? »

Ma question, en direction d’Hélène, concernait un type aussi grand que longiligne, aux manières étranges.

« C’est un élève ici ? Qu’est-ce qu’il fait ? »

Il venait de commencer un laïus incompréhensible sur les Princesses de contes de Faes.

« C’est un clown ? »

J’étais à la fois médusé et incrédule, si bien que l’une de mes mains trouva refuge dans ma tignasse, afin de s’y perdre en des mouvements répétitifs censés me détendre.

« Non mais… Qu’est-ce qu’il fout ? »

Forcément, avec un père comme le mien, il y avait des notions qui m’étaient chères, comme celle qui voulait qu’on n’embrasse pas une personne qui n’était pas en état d’accepter ou de refuser. Surtout, on n’embrassait pas une professeure, sous couvert d’un charabia complètement loufoque.

Je restai un instant sans rien faire, en ayant l’impression que mon corps entier était en train de me démanger. J’allais le…

Je soufflai et me décidai. Il n’était pas très effrayant et il m’énervait. Je n’étais pas connu pour mon courage mais quand même, je m’étonnais que personne ne bouge et que d’autres essayent d’embrasser la rousse à leur tour. Elle était ouverte, trop ouverte, mais là, ce n’était pas le moment.

« Oh ! Toi le grand débile ! T’as pas honte ? D’où on embrasse des gens dans cet état-là ? »

Je venais de désigner Jil du doigt.

« Tu te prends pour qui ? Excuse-toi ! »

**

À la bibliothèque, je tentais de me concentrer sur mes révisions. Je n’aimais pas rester trop longtemps assis. Je préférais les cours pratiques et les excursions. Néanmoins, si je voulais réussir le contrôle, je devais apprendre cette liste interminable.

Je pensai un peu à Jil, en espérant que le personnel de Basphel avait réussi à la débloquer. Peut-être que la directrice lui donnerait un congé afin qu’elle puisse se remettre de ses émotions. Tout le monde parlait de l’incident comme de « L’incident du carnet de bord », puisque c’était visiblement mon propos qui avait fait péter un câble à la Professeure de botanique. J’espérais que ce n’était pas le cas.

« Tu es Ikar Pendragon ? Je suis Delphine, de l’AAAP. On fait des études très sérieuses pour tenter de trouver les âmes sœurs des élèves de Basphel.
— Euh… Ouais mais je ne suis pas intéressé.
— C’est ce que beaucoup disent mais on te prévient par politesse. Apparemment, ton âme sœur serait Hélène Paiberym.
— Ouais… et mon cul c’est du poulet… »

Elle se prenait pour qui, celle-là ?  

769 mots

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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Lun 29 Mai 2023, 20:53



Unknown

Fraises et poissons

En groupe | Hélène & co



Hélène leva le nez vers l’étrange énergumène qui venait d’apparaître comme par magie. Elle le fixa, les yeux plissés et les sourcils froncés. La question d’Ikar se répercuta en écho dans son propre esprit. Que voulait-il ? « Oui, j’aimerais bien. » répondit-elle, avec le plus d’aplomb possible. Le garçon, haut et fin, n’était pas très impressionnant ; néanmoins, il avait l’air excessivement sûr de lui. Comme si rien ni personne ne pouvait lui barrer la route. Comme s’il avait assisté à ce genre de scènes ou qu’il avait résolu ce type de problèmes des centaines de fois. Le regard de la blonde glissa sur la professeure inconsciente, dont Monsieur Malison tentait de s’occuper. Il l’avait allongée. Cette position lui rappela les conseils d’un livre qu’elle avait lu sur les gestes de premier secours. Peut-être devrait-elle l’aider…? « Je ne sais pas, je ne l’ai jamais vu, je crois. » répondit-elle à Ikar. Sourcils froncés, elle détailla l’adolescent tandis qu’il congédiait le jardinier de l’école. Il était plus âgé qu’eux, c’était certain. Néanmoins, elle ne se rappelait pas l’avoir déjà vu. Partageaient-ils des cours ensemble ? Aucune idée. Probablement pas. Son excentricité aurait dû la marquer. « Je ne crois pas… » Il n’avait pas vingt ans. Il portait l’uniforme de l’école. Il connaissait Monsieur Malison et la professeure Jil – n’importe quel intervenant connaissait Avril d’Ovipa, donc qu’il prononçât son nom n’avait rien d’interpelant. Ses mots, en revanche, avait tout pour surprendre. L’incrédulité et la surprise peignirent les traits de l’Humaine : front plissé, sourcils haussés, yeux écarquillés, bouche dubitative, menton légèrement rentré, tête subtilement inclinée vers la gauche. « Qu’est-ce que… » Les boucles blondes d’Hélène dansèrent autour de son visage, tandis qu’elle fixait avec perplexité le grand jeune homme. « Il ne va pas… » Désemparée, elle le vit se pencher pour embrasser la rousse évanouie. La langue de l’adolescent sur les lèvres de la professeure suscita une sensation profonde de dégoût chez l’étudiante de l’Acier, qui plaqua sa main sur sa bouche en détournant le regard. Qu’est-ce qui n’allait pas chez cet individu ?

L’intervention d’Ikar la secoua, d’une façon positive. Là où son cerveau s’était englué dans les émotions provoquées par les faits et gestes de l’inconnu, la prise de parole de l’Ondin agit sur elle comme une décharge électrique. Elle s’avança près de lui et déclara, dès qu’il eût terminé : « Que personne ne touche la professeure Jil. » Son regard céruléen balaya la foule des élèves. Ils semblaient hésitants, tous autant qu’ils étaient. L’accident les avait inévitablement troublés, et le discours et l’action du drôle d’énergumène n’avaient rien arrangé. « Darius, va chercher quelqu’un à l’infirmerie. » Comme il ne bougeait pas, elle insista : « Maintenant. » Le petit brun acquiesça vivement et sortit de la salle de classe. Au moment où il passait la porte, elle se rappela que Monsieur Malison avait déjà envoyé un étudiant chercher quelqu’un. Elle se mordit la lèvre. Tant pis. Ses iris revinrent se poser sur le blanc. « Ikar a raison. Ce que tu as fait, ça ne se fait pas. La professeure Jil n’est pas consciente. Elle ne peut pas consentir à… à tout ça. » Elle se racla la gorge, encore gênée par la vision de la langue baveuse du garçon sur les lèvres de la femme. Gênée, et écœurée. Elle fit un pas vers lui, sans trop savoir ce qu’elle allait faire. Elle ne voulait juste pas laisser l’Ondin devant. Elle avait le sentiment qu’il aurait été capable de se jeter sur lui, et elle était certaine que ça n’avait rien d’une bonne idée. « Et puis, ce n’est pas en lui parlant gentiment qu’elle va revenir à elle. Il y a eu un accident, elle est… évanouie. » En tout cas, son flot de paroles délirantes avait cessé. « Il faut qu’elle soit prise en charge. » Après une hésitation, elle s’avança et s’accroupit. Les doigts placés contre le cou de Jil, elle prit son pouls. Monsieur Malison avait aussi dû le faire, mais procéder dans l’ordre logique des choses la rassurait. « Elle a un pouls normal, c’est bon signe, et elle respire. » dit-elle, la voix mal contrôlée. Elle aurait aimé avoir plus d’aplomb, autant d’assurance que l’adolescent face à elle, mais c’était la première fois qu’elle prenait une initiative pareille. Entre un manuel et la réalité, les choses différaient. Elle espérait bien faire. Sur les genoux, elle se décala pour se placer derrière la tête de la professeure. Les mains fébriles, elle positionna ses doigts sous sa mâchoire pour incliner son crâne vers l’arrière et bien dégager ses voies respiratoires. Dans son esprit, les images du livre défilaient. « Ikar, tu peux lui surélever les jambes, s’il te plaît ? » demanda-t-elle en le regardant. À peine avait-elle posé sa question que des infirmiers entraient, prêts à prendre en charge la situation. Un soupir de soulagement échappa à la blonde, qui leur laissa volontiers la place.

Fin nastae



Message III – 825 mots




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