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 [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius

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Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 4162
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
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Priam & Freyja
Mer 01 Juin 2022, 20:03



Unknown

Rois d’une tragédie

En trio | Dastan, Érasme & Lucius


Note : La première partie du rp (avant le deuxième avatar) est à caractère sexuel, et il y a de la violence dans la deuxième.


Il aimait se refléter dans son océan. Il aimait quand celui-ci n’avait de place pour rien d’autre que lui-même et le désir dans lequel il essayait de le noyer. Il y avait toujours cette hésitation, ces moments de flottement où il lui semblait que la caresse pût se transformer en gifle. Dastan était résolu ; Érasme vacillait entre des pulsions de vie et de mort. Il aurait suffi d’un rien, peut-être, pour qu’il ne l’assassinât, juste là, au creux de ses bras. Il aurait suffi d’un élan de haine, un autre, le descendant de tous ceux qu’il avait déjà eus, une réussite finale à ses échecs consécutifs. L’adrénaline griffait les veines du Réprouvé. Il écarta les cuisses du Sorcier et se glissa entre elles, pour presser plus fort son bassin contre le sien, pour mieux le sentir, pour l’imprimer encore une fois sur son corps. C’étaient des retrouvailles et des adieux à la fois, parce que dans quelques heures, il faudrait qu’il rejoigne Lucius. Malgré les demandes du Roi Noir, il ne pouvait pas rester. Il devrait partir. S’ils en avaient possédé un un jour, il n’y avait désormais plus d’avenir pour eux. Ils l’avaient sabordé. Le temps et les autres l’avaient saboté. Il leur aurait fallu un monde qui n’appartînt qu’à eux ; et s’il avait essayé d’exister, ils avaient lamentablement avorté de toutes ses tentatives, dans leurs dégueulis de haine, de répulsion et d’impossibles. Il avait beau proposer une fugue en mer, le roux savait qu’ils n’en feraient rien. Le brun ne pourrait jamais se retirer devant le Magicien. Il fallait qu’ils s’affrontent jusqu’à la mort. Quand bien même il serait prêt à se soustraire au combat, il n’abandonnerait pas son royaume pour lui. De son côté, le Bipolaire n’était pas certain d’être capable de délaisser les siens pour son amant. Ils étaient toute sa vie. Il avait bâti son histoire pour et grâce à eux. Érasme, lui… c’était son âme et son cœur ; une partie de chaque. Et c’était mille choses encore. Comme Lucius.

Le reste de leurs vêtements fondit. Dastan plaqua son corps contre le sien. Il était submergé par la chaleur, l’odeur et la texture de sa peau. Aucune échappatoire n’existait : il n’avait d’autre choix que de se perdre en lui. Son visage remonta de son cou à ses lèvres. Il les embrassa et les mordit successivement, avant de s’arrêter et de sourire, à moins d’un centimètre de sa bouche. « T’es sûr que tu veux continuer ? » Il était certain qu’il ne se détournerait pas. Il était trop tard. Aussi patiemment qu’il le pouvait, il l’avait guidé jusqu’à un point où toute fuite aurait été terriblement pénible. Il l’avait capturé ; il ne pouvait qu’attendre sa délivrance. Il savait sans doute que le Kiir’Sahqon la lui accorderait, une fois qu’il aurait fini de s’amuser de ses tourments. Une fois que les siens l’auraient si bien emporté qu’il ne pourrait plus songer à s’arrêter. « J’espère que t’as pas perdu la main. » le taquina-t-il, en guidant l’une de celles-ci jusqu’à son entrejambe. « Touche-moi. » Dès qu’il sentit ses phalanges autour de lui, il poussa un soupir de soulagement. Son souffle chanta rapidement les notes du plaisir. Ses propres doigts vagabondaient sur le corps du Mage Noir, en soutien à sa bouche qui marquait son cou et ses épaules de traces de dents. Il avait besoin de l’éprouver de toutes les façons possibles. Ça avait toujours été comme ça. Ils s’étaient toujours aimés sur un fond de violence.

Après quelques minutes, le Manichéen s’arracha aux caresses de son amant interdit. Ses lèvres suivirent un chemin plus doux mais pas moins fougueux ; elles parcoururent tout son torse jusqu’à ses cuisses, tandis qu’il reculait sa silhouette pour se placer entre ses jambes. D’une main, il agrippa fermement sa hanche droite puis, progressivement, sa langue se délia. Aidée de ses doigts, elle dansa contre le témoin de son désir. Plus elle se mouvait, plus il sentait le Sorcier perdre le contrôle, et plus sa propre envie s’accentuait. Son envie de l’étreindre, son envie de fusionner, son envie de lui. Il songea vaguement à Lucius et à la promesse que celui-ci lui avait faite. Malgré sa bonne volonté, il faillirait. Mais tant mieux ; parce que s’il s’était interposé, peut-être que le Réprouvé aurait cherché à le tuer. Quand il aimait l’un des deux frères, il y avait rarement de la place pour l’autre. C’était peut-être encore plus vrai lorsqu’il s’agissait d’Érasme. Il avait ancré en lui et à son égard un amour et une haine qui ne pouvaient souffrir la présence d’aucun autre sentiment. Ses ténèbres ne pouvaient endurer la lumière de son Némésis.




Il n’était pas resté longtemps derrière la porte. Juste le temps de reprendre son souffle. Juste le temps de remettre ses pensées en ordre – impossible. Juste le temps de trouver une explication quant à son retour anticipé à Lumnaar’Yuvon – difficile. Marcher l’aidait à réfléchir. Fallait-il dire la vérité ? Non. Il ne pouvait décemment pas avouer qu’il s’était retrouvé téléporté dans la chambre de l’ancien Prince Noir, que celui-ci avait pris soin de lui, qu’ils avaient ensuite été envoyés dans une pièce obscure pour s’occuper de cadavres, qu’ils avaient fini chez les Dragonniers et qu’un parfait inconnu les avait reconduits jusqu’ici. Il ne pouvait pas parler du reste non plus – surtout pas de ces baisers qui avaient admis des aveux que les lèvres avaient aussitôt démentis. Pourtant, il ne pouvait pas tricher sur toute la ligne. Sa seule présence clochait : il fallait lui trouver une explication. Il était évident que l’armée croupissait encore sur les terres sorcières, en piteux état, peut-être même décimée. Il ne savait pas. Il ne voulait pas y penser. Ça lui faisait peur et surtout, y songer voulait dire laisser infuser la culpabilité dans tout son être. Il aurait dû être avec eux. Mais lui, il était là, vivant. Vivant et en bonne forme. Immanquablement, le couperet tomba : la culpabilité lui écartela le cœur.

Dastan serra les dents autour de sa ceinture. Malgré ça, un grognement de douleur lui échappa. La sueur perlait à son front et il respirait fort. Un ruisseau de sang s’échappa du lit de son ventre. Machinalement, il posa une main dessus. Son abdomen se soulevait rapidement. Se faire du mal n’était pas naturel. Ça allait contre les lois de la nature, contre l’instinct de survie et le désir de confort. Allez, s’encouragea-t-il. Allez. Le bras tremblant, il parvint à enfoncer la lame dans sa cuisse. Elle déchira le tissu du pantalon, mordit sa peau et sectionna ses muscles. Des larmes de douleur surgirent au bord des yeux du Réprouvé. Il arrêta son geste. Putain. Putain, continue. Les dents du couteau filèrent jusqu'à son genou. Un cri étouffé râpa sa gorge, ses pleurs coulèrent et tout son corps fut parcouru d’une violente secousse. Il retira vivement l’arme de sa cuisse en gémissant, courbé vers l’avant, avant de la replanter pour atténuer la netteté du trait. Avec une énergie que seule la démence pouvait conférer, il fouilla la chair. C’était insupportable, pourtant il fallait tenir. La douleur n’avait rien à voir avec celle qu’il avait ressentie durant la bataille, ni même après. Elle était aiguë et tranchante. Persistante. Elle réveillait ce que la cicatrisation avait maigrement atténué et l’amplifiait. Pourtant, il devait continuer. Il devait rouvrir chacune des plaies infligées par les Sorciers – et peut-être en créer plus encore. Peu importait la souffrance qui le brûlait, le sang qui s’écoulait, la sueur qui gouttait. Il le fallait. Il devait avoir l’air crédible, pour qu’on lui posât le moins de questions possible. Il ne devait pas paraître suspect. Personne ne devait comprendre qu’un Sorcier lui avait sauvé la vie et qu’un Magicien lui avait prêté des vêtements. Érasme et Lucius n’avaient plus le droit d’exister. Il s’était débarrassé de toutes les pièces de protection qui agrémentaient la tenue du Mage Blanc. Salie et amochée, elle pouvait parfaitement lui appartenir. Tous devaient ignorer qu’il s’était lavé, soigné, désaltéré et sustenté quand ses camarades de combat agonisaient sur les terres inhospitalières de Valera Morguis, quand ils n’étaient pas tout simplement morts. Lorsqu’il songeait à leurs cadavres défigurés, se mutiler avait presque un goût de rédemption. La culpabilité se dévidait avec le sang. C’était presque jouissif, au moins un brin euphorisant. Le roux laissa filer un rire étrange entre ses lèvres, puis fit coulisser la lame contre son cou, les yeux fermés et les mâchoires contractées : un filet écarlate nacra sa peau. Autant de fois que nécessaire, il répéta l’opération. À mesure que la douleur imprégnait son esprit, elle embrumait ses sens. Le vermeil qui dégueulait de ses plaies contribuait à son étourdissement. Il s’évanouit, quelques secondes ou quelques minutes. La ceinture tomba d’entre ses lèvres. Il se réveilla, la remit en place. Recommença. Se perdit encore. Revint à lui. Termina le travail. Replaça sa ceinture autour de sa taille en grimaçant : la moindre contorsion excitait sa douleur. Il déchira sa chemise pour bander les boursouflures les plus dangereuses, après s’être barbouillé l’épiderme de poignées de terre. Lorsqu’il eut fini, il se leva, chancelant, et retomba à genoux. Ses épaules vibraient sous l’effort. Allez. Debout. À côté de ces invectives, des pensées saturées de détresse martelaient son esprit. Il avait mal. Il voulait ses parents. Les images de la bataille s’imposaient. Il voulait les oublier. Il avait envie que quelqu’un le trouvât et le portât jusqu’à chez lui. Le jeune Bipolaire frappa le sol du poing. « Putain. » L’abondance de ses larmes lui brûlait les cornées. « Allez ! Debout ! DEBOUT ! » Il força sur ses mains, mais ses coudes flanchèrent. Le rouquin ramena un genou sous lui et poussa encore. Cette fois, il parvint à se relever, mais s’appuya aussitôt contre un arbre. Le souffle court, il regarda droit devant lui. Il n’était pas loin. Quelques centaines de mètres à peine. En boitant comme il l’avait fait dans la chambre d’Érasme, il s’approcha progressivement de la ferme familiale. Sa vision se brouilla. Il chuta.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, il était chez lui, dans son lit. Les événements lui revinrent très rapidement ; toutes les émotions qui l’assaillaient ne l’avaient pas quitté durant son sommeil. Elles se ruèrent sur son palpitant avec précipitation. Il devait… « Papaaaaaaaaaaa ! » cria une voix stridente près de lui. « Putain… » Il plaqua mollement ses mains sur ses oreilles. Le mouvement lui arracha une grimace. La porte claqua et il entendit la gamine dévaler les escaliers en appelant leur père. Putain d’Yngvild. Quelques secondes après, Vrael apparut. « Dastan ? » L’adolescent entreprenait de se redresser, aussi maladroitement que difficilement. Son père accourut pour relever l’oreiller et l’aider à se mettre assis. « Par tous les Zaahin. » Il l’attrapa par les épaules et le serra contre lui. « Aïe, putain. » Il le serra plus fort : le roux contracta ses mâchoires. « Tu vas me démettre l’épaule ! » - « Pardon. » Le Réprouvé se décala et attrapa le visage de son fils entre ses larges mains calleuses. Yngvild bondit sur le lit et cavala à quatre pattes jusqu’à se retrouver nez à joue avec son frère. Il lui décocha une œillade en coin, sourcils froncés, puis s’arracha aux mains de leur paternel pour la regarder dans les yeux. « Quoi ? » Il ne l’aimait pas beaucoup plus qu’au moment où elle avait débarqué dans sa vie pour tout chambouler. « Elle est où, maman ? » Malgré ses bonnes résolutions, Dastan sentit son cœur se fendiller et sa peau blêmir. Il allait devoir porter un poids plus lourd encore que celui de la vérité ou du mensonge : celui de l’ignorance. « Je sais pas. » Il tourna la tête vers Vrael, qui le scrutait, une expression suspicieuse sur les traits. « Comment t’es arrivé jusque-là ? Où sont les autres ? » Le jeune Kiir’Sahqon déglutit, baissa les yeux et s’humecta les lèvres. Il ne pouvait résolument pas dire toute la vérité. « Ils sont toujours là-bas. Moi… je sais pas trop, c’est flou. » Il vit son interlocuteur plisser les paupières. Il pinça du bout des doigts l’arête de son nez, faisant mine de réfléchir. « Je me rappelle vaguement du visage d’un type qui m’a crié quelque chose, mais c’est tout, après je me suis retrouvé ici. » Silence, lourd de fausseté pour lui, d’incompréhension pour les autres. « Il a dû me téléporter. » Sa petite sœur s’était assise à côté de lui, en tailleur, et l’observait. « Un Sorcier ? » finit par demander leur père. « Ouais. » Le soulagement enveloppa le roux tandis qu’un sourire amer tordait les lèvres du brun. « Pourquoi il t’a pas achevé ? » Son fils inspira et déglutit, avant de renverser son crâne en arrière, contre la tête de lit. « J’en sais rien, j’ai rien compris à ce qu’il disait. Ça se trouve il s’est juste planté de sort. » - « Non. » Le tranchant du ton de son père le surprit. Il le dévisagea. « Un Sorcier ne fait rien par hasard, surtout quand c’est pour faire le mal. » - « Il m’a laissé la vie sauve… » - « Il était prêt à te laisser crever au milieu d’un champ, c’est pas vraiment ce que j’appelle « laisser la vie sauve ». T’as vu ton état ? T’étais à moitié crevé quand ta sœur t’a trouvé. » La rouquine hocha lentement la tête, captivée par leur conversation. « C’est censé nous envoyer quel message ? « Regardez, on est sympa, on vous ramène l’un des vôtres » ? Faut être complètement naïf pour croire ça. C’est juste pour nous donner un avant-goût du retour des autres et bien nous faire comprendre qu’on a perdu. » Dastan cligna des yeux. « Comment tu sais qu’on a perdu ? » - « Le connard de fiancé de ta sœur a ramené son gros cul de Magot ici et me l’a dit. » - « Freyja est vivante ? » - « Ouais. Mais c’est une esclave, maintenant, et elle va être jugée demain pour je sais pas quelle connerie. » Le Kiir’Sahqon vit les poings de son père se contracter, ses veines battre à ses tempes et ses yeux se voiler d’une émotion mal contenue. Il blanchit. Une esclave… Dans d’autres circonstances, il aurait pu se moquer de son aînée. Elle qui avait la réputation de ruer sous la moindre contrainte indésirée se retrouvait désormais enchaînée aux pires ennemis de son peuple et au mal qu’exécrait son essence. C’était aussi risible que tragique, néanmoins il en perçut avant tout le danger et le malheur. Il s’inquiéta pour elle. Reviendrait-elle à Lumnaar’Yuvon ou ce procès ne serait-il qu’une lente agonie vers sa fin ? Érasme pourrait-il faire quelque chose ? Il ne lui devait rien, puisqu’en lui sauvant la vie il lui avait juste rendu la pareille, mais peut-être qu’il accepterait de les aider. Avait-il du pouvoir, chez lui ? Pouvait-il faire fléchir son père et leur faux roi ? Le Belegad savait, en son for intérieur, que même s’il le pouvait, il n’y consentirait jamais. Il déglutit. « Et Priam ? » - « J’en sais rien, il m’a pas dit. Je suis même pas sûr qu’il sache. » Le roux inspira et scruta le plafond. Ses yeux s’humidifièrent. Il n’avait pas tant réfléchi aux implications de la guerre. Son souvenir ne le quittait pas mais il n’osait pas envisager le pire. Il s’était comme interdit de penser aux pertes, et elles lui revenaient désormais en pleine figure. Ses mains se plaquèrent sur ses paupières et il se courba vers l’avant, les épaules vibrantes. « Mon fils... » Vrael passa un bras autour de son cou et l’attira contre lui.

Yngvild, nerveuse, leur faisait face. Elle était incapable de saisir tout ce que sous-tendaient leurs propos, mais elle comprenait que tout le monde ignorait où se trouvait le reste de la famille, et que celle-ci était potentiellement en grave danger. Envisager toutes les mécaniques d’une guerre lui était impossible, toutefois, la pesanteur des derniers jours lui avait fait saisir le péril encouru par ses proches et la douleur qui menaçait de frapper ceux qui étaient restés. Comme son aîné, elle se mit à trembler, et ramena tout son poids sur ses fesses, à la manière d’une bête acculée. « Arrête de pleurer ! » cria-t-elle. « Tout ça, c’est ta faute ! T’es nul ! Moi, à ta place, je les aurais tous tués ! » - « Yngvild. Tais-toi. » articula leur père. Elle le fusilla du regard. « C’est la vérité ! » Ses iris bouleversés se plantèrent à nouveau sur son frère. De grosses larmes roulèrent sur ses joues rebondies. « Vous aviez promis de veiller les uns sur les autres et t’es revenu tout seul ! Sale lâche ! Sale traître ! » Dastan ne bougea pas. Les paroles de sa sœur pénétraient son cœur et s’y fracassaient en silence. Ce qu’elle disait le touchait, et en même temps, il s’en foutait. Elle n’avait rien à dire. « Arrête ça. » - « Je veux voir ma maman ! » - « Elle va revenir, je te le promets. » - « T’en sais rien ! » Sa voix tournoyait dans les aigus. Brutalement, elle se jeta contre le rouquin et se mit à le rouer de coups. Il se contenta de croiser ses bras devant lui, pour se protéger vainement. Sa sœur ne tapait pas fort : ses frappes n’étaient rien en comparaison de la douleur qui irradiait tant de son corps que de son esprit. Il aurait pu la dégager facilement. Il aurait même pu la tuer et s’en débarrasser définitivement. Il n’en fit rien. Néanmoins, Vrael ne demeura pas inerte : il l’attrapa vivement par le col et la souleva du lit sans aucune difficulté. L’enfant se débattit au bout de son bras, grognant à la manière d’un chien enragé. Il se leva, la plaqua contre le mur et appuya sa main sur sa gorge. Un calme glacial hérissait la silhouette de leur père. « Ça suffit. » Yngvild se tut brutalement, comme saisie de stupeur ou de crainte. « Vire de là, tu reviendras quand tu seras calmée. » Sans aucune douceur, il la lâcha et la poussa vers la porte. Tête baissée, aussi heurtée que révoltée, l’enfant fila en dehors de la pièce en criant : « Je vous déteste ! » La porte grande ouverte laissa entrer un courant d’air qui fit frissonner Dastan. Cependant, la tête entre ses bras serrés autour de ses genoux, il demeura immobile. Elle était détestable, même si d’une certaine façon, elle avait raison.

Yngvild tapa dans un caillou. Puis elle se pencha, en ramassa un autre et le jeta de toutes ses forces. Ses jambes la démangeaient, alors elle se mit à courir. Ses foulées étaient courtes, précipitées et gauches. La moindre irrégularité du sol la faisait trébucher. Elle tomba plusieurs fois et s’égratigna les mains et les genoux. Elle pleurait déjà, alors ça ne changeait pas grand-chose, et de toute façon, elle ne pleurait pas pour de si petites chutes. Elle était une guerrière, elle, pas comme son frère, incapable de protéger et de ramener les autres. Pourquoi sa mère n’était-elle pas revenue, elle aussi ? Pourquoi Freyja restait coincée là-bas et où se trouvait Priam ? La plupart du temps, sa vie d’aventurière la tenait éloignée de ces pensées sombres. Le retour de son frère gâchait tout. Il gâchait tout ! Elle le détestait ! La petite fille buta sur une masse noire et s’étala dans les tiges d’or du champ qu’elle traversait. Alors qu’elle s’apprêtait à se relever, elle se figea. Les yeux écarquillés, elle fixa l’individu qui se tenait devant elle. Il n’était pas d’ici ; pourtant, il lui rappelait quelqu’un. Il fallut quelques secondes à sa mémoire pour visualiser à nouveau le visage du fiancé de sa sœur. Elle fronça les sourcils et attrapa vivement un caillou. Elle leva le poing, plus méfiante que menaçante. « T’es qui, toi ? » demanda-t-elle en Zul’Dov.



Message XVI – 3365 mots

BIM BAM BOUM JE SUIS DE RETOUUUUUUUUUUUUUR rois - [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius - Page 3 002
Ygvild veut bien faire du pâté d'Erasme et en manger <3




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 10 Juil 2022, 23:00



Rois d'une tragédie


Mon regard fit un aller-retour de ses lèvres à ses yeux. Cette question ne méritait aucune réponse. Je le haïssais de la poser parce qu’il connaissait déjà la réponse. C’était trop tard, à présent. Ce trop tard avait des saveurs d’autrefois, la saveur de l’erreur impossible à éviter, de l’erreur qui revient encore et encore. Il y avait eu une première fois, une première fois qui aurait également dû être la dernière. Et, pourtant, elle ne l’avait pas été. Elle avait précédé une deuxième fois, puis une troisième fois, jusqu’à ce que le compte se perdît dans nos baisers pour toujours. Là était le problème. Nous aurions dû être un jamais. Nous étions devenus un toujours, un toujours que je me refusais de prononcer. Alors, réponse muette, mes lèvres se collèrent aux siennes, avalant la distance entre nous. Je voulais qu’il continuât, je l’avais déjà articulé. Le constat m’avait déjà coûté. Il ne me coûterait pas encore. Il savait. Nous savions tous les deux, tellement qu’en caressant sa bouche avec la mienne j’envisageai un instant qu’il m’aurait fallu éliminer Lucius lorsque je le pouvais encore. Il y avait eu un temps où son assassinat aurait pu être possible, un temps où j’étais plus puissant, un temps que je ne rattraperais jamais. Mais la raison s’effrita encore, parce qu’elle ne pouvait survivre contre son corps. J’avais d’ailleurs depuis longtemps arrêté de répondre à ses insupportables taquineries dans ces moments-là, à ses joutes verbales, à ses défis. Ma main glissa vers son entrejambe, guidée par la sienne. Elle n’avait pas besoin de guide en réalité. Elle connaissait le chemin par cœur, le creux de sa cage thoracique, les bosses de ses muscles puis leur fuite vers une zone plus fragile. Venaient ses poils, qui auraient répugné plus d’un Sorcier, et, pour finir, le point d’arrivée. Il m’avait demandé si j’avais perdu la main. Je souris en écoutant ses gémissements et ses râles étouffés contre ma peau. Longtemps j’avais tenté de ne pas répondre, de ne pas montrer mon plaisir mais j’avais toujours échoué. Arrivait toujours un moment où un gémissement perçait mes lèvres, où mon corps réagissait et jouissait contre ma volonté. J’avais souvent eu l’impression de tout perdre en me donnant : ma fierté, ma position, ma dignité, ma virilité. Mais, à chaque fois, toutes ces notions s’étaient évanouies dans ses bras. Elles disparaissaient pour réapparaître bien plus tard, lorsque j’étais seul et incertain. J’avais toujours eu peur et j’avais eu raison d’avoir peur. Parce qu’il y avait eu Lucius. Parce qu’il y avait toujours Lucius.

J’eus envie de lui demander d’arrêter de descendre, de ne pas continuer mais rien ne sortit d'entre mes lèvres. Mon corps frissonna d’impatience et un profond soupir m’échappa lorsque je sentis sa langue autour de moi. Il devait se stopper, cesser ses caresses. « Continue. » soufflai-je, en perdant mes doigts dans ses cheveux, de plus en plus au bord du gouffre. Lorsque je me sentis sur le point de sombrer, je tirai sur ses mèches pour qu’il se retirât au prix d’un effort qui me coûta. Je le voulais ailleurs. Je redressai mon corps pour venir chercher sa bouche et la percutai d’un mouvement avide. Je désirais plus, toujours plus. C’était toujours comme ça. Je savais pourtant que je ne rentrerais qu’avec du vide et une sensation de meurtrissure. Il ne resterait pas. Il repartirait. Je me donnais pour rien. Je me donnais uniquement parce que je ne pouvais pas faire autrement, parce qu’il y avait toujours cette attirance entre nous, plus forte que tout, plus forte que mon aversion pour mon frère, plus forte que la guerre, plus forte que la mort elle-même. Un jour, peut-être me tuerait-il comme ça, en profitant de ma folie, de cette folie qui brûlait tout sur son passage. Je me fichais des conséquences. Je voulais juste un peu plus, encore un peu plus de lui. Mes lèvres se déplacèrent vers son oreille. « Viens en moi. » Je me fichais de comment il voulait venir. Je voulais qu’il le fît, qu’il contrôlât. Il n’y avait que comme ça que je consentais à lui laisser l’ascendance.  


Dès que j’entendis des mots prononcés dans leur langue de barbares, je dus me rendre à l’évidence : Bouton d’Or n’était pas aussi désert que j’avais pu l’espérer. Une autre constatation s’imposa : les phrases, qui semblaient crachées, suffisaient à éveiller la peur au creux de mon ventre. La sensation perdura, grandit, jusqu’à me pousser à me réfugier dans le premier champ venu. J’envisageai de reculer, de retourner dans la grange… mais s’ils me trouvaient ? S’ils me trouvaient, c’était la mort. Je le savais. Je n’étais en sécurité nulle part et Dastan, lui, il… Je ne pouvais pas faire confiance à un Bipolaire. Il était peut-être déjà en train de parler de moi. Pourquoi me sauverait-il ? Aucune de ces bêtes n’avait de parole, pas plus que les Mages Noirs n’en avaient d'ailleurs. Il me dénoncerait dès qu’il en aurait l’occasion parce que… « Parce que. » murmurai-je, en tentant d’oublier ce qu’il s’était passé jusqu’ici. Pourtant, la fougue de son baiser me heurtait sans cesse. J’avalai ma salive avec difficulté, tellement que j’eus l’impression de produire un son bruyant. Je finis par m’asseoir quelque part, dans le champ. Je ne savais pas où j’étais. Je ne savais pas où se trouvait la frontière. Tout ce que je savais c’est que ces plantes me cachaient suffisamment. Je baissai la tête sur mes jambes, fatigué. Je n’en pouvais plus de tout ça. Je voulais rentrer chez moi. Oublier Dastan, oublier Lucius, oublier cette fichue guerre. Je désirai, pour la première fois, passer ces putains d’examens que mon père m’avait imposés. Mais il y avait ce baiser et ces champs… « Putain. » dis-je, reprenant mon refrain, les yeux perdus dans mes pensées. Je me pris la tête entre les mains et demeurai ainsi un temps, avant de me coucher sur le côté. Qu’allais-je faire maintenant ? Il n’y avait rien à faire. Juste attendre. Peut-être qu’un Sorcier viendrait me chercher. Ils ne pouvaient pas me laisser là. Quelqu’un saurait… forcément. Mais que dirais-je ? Comment expliquerais-je ma présence ici ? Ma paume se referma sur mon front. « Bon sang… » murmurai-je, avant de me laisser happer par les secondes, puis les minutes, puis les heures peut-être. Je perdis la notion du temps, épuisé. Mes yeux restaient ouverts mais ne voyaient plus rien. Ils ne virent plus rien jusqu’à ce que je sentisse un heurt et que je me redressasse, apeuré.

Mes prunelles tombèrent sur la silhouette d’une gamine. Je déglutis. Non, elle ne pouvait pas être là. Elle ne devait pas me voir. Je cherchai quoi faire. Elle était petite, je pouvais m’en débarrasser. Il me suffirait de la chopper et de l’étrangler avant qu’elle n’alertât les autres. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Je fixai la couleur de ses cheveux alors qu’elle parlait. Je ne compris rien, bien qu’il me semblât qu’il s’agissait d’une question. La tuer ou pas ? Je devais prendre une décision, vite. Si je tentais de la tuer et que je me ratais, elle crierait et ce serait la fin. Ma langue passa sur mes lèvres, asséchées par la situation. Je plaçai mon index dessus. « Chuuuut. » lui dis-je. Si je parlais de Dastan… Non. Je ne pouvais pas. Connaissait-elle la position de la frontière ? Si je me servais d’elle pour l’atteindre, en faisant en sorte qu’elle n’alertât personne… Elle était jeune. Je pourrais l’éliminer une fois mon objectif rempli. Je pouvais essayer de… « Lucius. » me désignai-je du doigt sans une once de remord, en espérant tomber juste, avant de pointer mon index vers elle, pour l’interroger silencieusement. Je mimai ensuite ma volonté de partir, en espérant qu’elle comprendrait mes gestes approximatifs. Je l’observai de façon assidue. J’étais prêt à lui sauter dessus pour la tuer au moindre signe de rébellion.

1303 mots
Ca finira peut-être en pâté d'Yngvild  rois - [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius - Page 3 1628
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Priam & Freyja
Sam 30 Juil 2022, 18:02



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Rois d’une tragédie

En trio | Dastan, Érasme & Lucius


Note : La première partie du rp (avant le deuxième avatar) est à caractère sexuel.


Il aurait pu le tuer. Il aurait pu le tuer si aisément que c’en était étourdissant. Des centaines de voix lui commandaient de le faire : Lucius, sa famille, ses enfants, ses amis, son peuple. Ils attendaient tous impatiemment le trépas de celui qui avait dévoyé leur roi. De celui qui l’avait fait ployer sous sa prétendue amitié alors qu’il aurait dû affronter le lever de sa hache de guerre. Certains se doutaient de ce qui se tramait entre les deux hommes, mais peu osaient le prononcer. C’était comme si le dire avait eu le pouvoir de donner plus de crédit à la réalité. Plus de véracité à l’indicible, à l’impensable, à l’interdit. Ils avaient peur de la vérité et ils avaient raison de la craindre ; parce qu’elle contrevenait à tout ce qui était acceptable, et parce que leur alliance intime et profonde avait plus de pouvoir que toutes les raisons et tous les désirs de paix. Séparés, ils étaient dangereux ; ensemble, ils étaient destructeurs. Autour d’eux, tout s’effritait. Ce que le monde faisait, ils le défaisaient. Et il était incapable de le défaire, lui. Demander à Lucius de le laisser le tuer, c’était comme lui demander de le laisser s’arracher lui-même le cœur. Il le sentait, il le savait ; il ne voulait simplement pas se l’avouer. C’était trop douloureux de s’avouer cette défaite de la rationalité, de la justice et du bien sur l’amour. Ça ressemblait à une trahison envers lui-même et envers tous ceux qui comptaient pour lui ; tous, sauf Érasme. Ça avait toujours un peu été comme ça : Érasme ou le reste du monde, Érasme ou Lucius. Il avait essayé de choisir des milliers de fois. Il n’y parvenait jamais. Quand il allait vers l’un, il retournait vers l’autre. Immanquablement. Plusieurs fois, il avait prié les Zaahin d’avoir pitié de lui. Il les avait implorés de lever cette malédiction qui pesait sur ses épaules, sa tête et son cœur. Ils étaient demeurés sourds à toutes ses supplications. Ce silence avait fait grandir une forme de colère en lui. Une colère qui le poussait à agir contre eux, à les défier sans cesse – jusqu’à ce que la culpabilité et la dévotion ne le rappelassent à eux. Sa situation lui semblait inextricable. Mais avec les mains du Roi Noir sur sa peau, elle ne lui paraissait plus insupportable, ou en tout cas pas autant que cette tension dans son bassin qu’intensifiait chacune de ses caresses. Ses doigts dans ses cheveux, sa respiration saccadée et son chant de plaisir n’arrangèrent rien. Il le voulait comme une terre assoiffée rêve de la première goutte de pluie. Il s’en emparerait de la même façon qu’elle : avec avidité et sans concession. Lorsque son visage se releva, il posa sur le Sorcier des yeux embués de désir et crépitants de passion. Son baiser le renversa : il serra ses bras autour de lui, pour qu’ils se fondissent l’un dans l’autre. Sa peau contre la sienne l’enflammait tout entier. Il voulait le sentir autour de lui. Imbriquer leurs bassins, imprimer ses hanches contre le sien. Alors, quand la requête d’Érasme résonna dans le creux de son oreille, un long frisson le déchira. Il soupira d’aise avant l’heure. Ses lèvres mordirent son lobe, son cou et sa clavicule, comme si elles étaient à la recherche d’une prise pour l’assaut à venir. Il poussa le brun en arrière. L’une de ses mains guida son sexe jusqu’à son intimité. Il les laissa là, chacun sur leur faim, impatientés par des mouvements de va-et-vient que tout bon Sorcier aurait sans doute qualifié d’inefficient et d’indécent – mais ça n’était pas fait pour le plaisir, ces bêtes-là. Lorsque le sien frôla les monts de l’abandon, il interrompit ses baisers et s’introduisit entre les fesses du Mage Noir. Il ne chercha pas à être doux, puisque la douceur les fuyait. Il alla et vint, d’abord lentement et progressivement, contraint par les forces de la nature, puis plus puissamment. Des râles et des gémissements vibraient par intermittence contre ses cordes vocales. Sa bouche ne quittait jamais la peau d’Érasme, soit que ses dents s’enfonça dans sa chair, soit que ses lèvres se scellassent aux siennes. En appui sur l’un de ses avant-bras, sa main libre parcourait le corps du brun, s’agrippait à lui, l’emprisonnait. Il tint ce manège un moment, puis dans un long soupir, s’affaissa sur le torse de son amant. Son souffle précipité venait se briser dans son cou. Du bout des doigts, il caressa la cuisse gauche, à la blancheur lunaire, du fils du Chaos. « Je t’aime. » chuchota-t-il. Ça ne tenait à rien, l’Équilibre. Aux balancements inconséquents d’un cœur, tout au plus.




La méfiance gainait la frêle silhouette d’Yngvild. Elle dévisageait l’inconnu, prête à pousser son plus grand cri de guerrière. Si elle lui fonçait dessus, elle pourrait le mettre à terre. Il était plus âgé qu’elle, mais elle était certaine d’être meilleure que lui au combat. Il était bâti comme un gringalet. Il ne ferait jamais le poids contre la puissance d’une Réprouvée. Elle l’écrabouillerait comme sa mère avait dû écrabouiller des milliers de Sorciers à Amestris ! Elle percevait sa peur, et il avait bien raison de la craindre. Elle ne ferait de lui qu’une seule bouchée. Qu’il ne se fiât pas aux traces de larmes sur ses joues pour estimer sa hargne. Il n’aurait même plus la force de pleurer quand elle en aurait fini avec lui. Peu importait qu’il ressemblât à l’autre débile de Magot qui voulait sauter sa sœur ! Justement, cela constituait sans doute une raison de plus de vouloir l’exterminer. À la manière d’un animal, ses lèvres se retroussèrent pour dévoiler deux rangées de quenottes capables de déchiqueter n’importe quelle carotte. L’index du brun posé sur sa propre bouche ne lui indiquait rien de bon. S’il voulait l’attaquer, elle ne ferait certainement pas l’effort de se taire. Au contraire, elle hurlerait. Si elle devait mourir, elle mourrait avec les honneurs, et tout Lumnaar’Yuvon serait au courant ! Comme quand ses parents baisaient ! Nah ! Pourtant, plus elle le détaillait, plus le doute s’immisçait en elle. Il dégageait quelque chose qui excitait autant sa défiance que cela n’affectait sa combativité. Il n’était pas aussi impressionnant que Kaahl, loin de là, mais il avait pour lui une aura qui la dissuadait de passer immédiatement à l’action. Une forme d’autorité implacable, un peu comme celle de certains voisins qui pouvaient la faire taire d’un seul regard. Prise au dépourvu par cette découverte, l’enfant recula d’un pas, chancelante. Bien qu’elle fût chez elle et dans son bon droit, elle n’était plus tout à fait certaine de ses chances de survie. Elle déglutit. Si elle avait possédé plus de connaissances sur le monde, elle aurait pu deviner sa race. Si elle avait été un peu plus maline, elle aurait pu se demander s’il n’était pas un Sorcier venu détruire le village. Présentement, l’appréhension et le stress l’empêchaient d’ébaucher la moindre esquisse de réflexion. Elle se contentait d’observer, de fixer l’adolescent, dans l’attente de son prochain geste. Quand il pointa son doigt sur elle, elle retint son souffle. « Quoi ? » cracha-t-elle, entre l’agressivité et la peur. Qu’est-ce qu’il venait de dire, lui, déjà ? « Lucius ? » C’était quoi, ça ? Un prénom ? Elle grimaça. C’était moche. Aussi moche que les pieds puants que Dastan lui agitait sous le nez pour l’embêter quand il rentrait des champs. La gamine plissa les yeux. Il attendait quoi ? Qu’elle lui dît son nom ? Jamais de la vie. Plutôt crever. Elle demeura silencieuse. Deux secondes, trois, peut-être, avant de craquer. « Yngvild. » Elle l’avait dit du bout des lèvres, pour bien lui montrer que ça lui coûtait et qu’il n’avait pas intérêt à répéter qu’elle lui avait donné son patronyme. Toutefois, à bien y réfléchir, elle préférait encore ça à ce qu’il aurait pu essayer de lui faire si elle était restée muette. Elle serra les dents, agacée et blessée par sa propre peur. Elle aurait dû le frapper, comme Dastan aurait dû frapper tous ces putains de Sorciers. Finalement, elle trouva le courage de pointer son index sur lui, puis de mimer à l’aide de celui-ci et de son majeur deux jambes en action. Dans sa tête, ça voulait clairement dire : Dégage. En fait, il la mettait aussi mal à l’aise.



Message XVII – 1396 mots

Mais non, finalement elle a été docile 8D




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 07 Aoû 2022, 11:56



Rois d'une tragédie


« Yngvild. » répétai-je, tout bas. Était-ce son prénom, une insulte ou tout autre chose ? Mes yeux cherchèrent d’autres silhouettes. Il n’y avait personne. Nous étions seuls. Mon regard se fixa sur elle, sur sa gorge frêle. Ce serait facile. Ses petits doigts enfantins ne créaient chez moi aucun sentiment d’attachement. Une Réprouvée était toujours plus intéressante morte que vivante. Je penchai la tête sur le côté. Oui, ce serait facile. Il me suffirait de l’empêcher de crier et personne ne l’entendrait pousser son dernier soupir d’agonie. J’allais la tuer. Un petit sourire mesquin se dessina sur mes lèvres. L’odeur de son sang me changerait les idées, me ferait oublier le reste, ce que ce putain de Bipolaire de merde m’avait fait. Je les tuerais, tous. Pas aujourd’hui mais, un jour, je reviendrais pour les finir. Yngvild serait la première. D’autres suivraient. Mon projet me plaisait. Il ne débuta pourtant pas avec le sang de cette gamine insignifiante. Les poils de mon corps dans son ensemble se hérissèrent. J’écarquillai les yeux. Je connaissais cette sensation, la sensation qui n’annonçait rien de bon. Celle qui annonçait la venue de Val’Aimé. Je déglutis. S’il me voyait avec elle alors qu’elle vivait encore, il risquait de me tuer moi. « Dégage… » fis-je, comme si je m’attendais à ce qu’elle comprît. Mais elle ne comprit rien. Les Réprouvés ne comprennent jamais rien. « Dégage ! » répétai-je, plus fortement, en la poussant violemment. Elle devait l’avoir senti, elle aussi, sa présence. Il n’était pas encore là mais sa magie le précédait. Les plantes parurent comme infestées et, finalement, entre elles, le Chef des Armées apparut. Debout, alors que j’étais assis, il me parut immense. Je déglutis. Son regard perça l’ensemble de mon corps et avaler ma salive me fut ensuite impossible. Je n’avais d’autres choix que de rester immobile, à attendre la sentence, soumis. « Debout ! » m’ordonna-t-il. Mes jambes étaient flasques, incapables de me porter. Son rictus n’annonçait jamais rien de bon. Il ne savait pas sourire ; c’était du moins ce que beaucoup disaient. Je n’avais jamais vu ses lèvres s’étirer non plus. Lux in Tenebris marquait ses joues et, à n’en pas douter, l’ensemble de son corps. Son visage était sérieux, implacable. Il était comme la tornade qui s’abat, irrésistible et terrible.

Sa main plongea vers moi, attrapa mon vêtement et me força à me relever. Sans sa poigne, je me serais écroulé. Il était mécontent et sa magie me léchait douloureusement. La douleur était uniquement supportable parce que j’étais, moi-aussi, fait de Ténèbres. Mon Chaos réagissait au sien, mais devait tout de même plier sous sa puissance. Il ne demandait pourtant qu’à le rejoindre, à se hisser contre lui et à le surpasser. Un jour, peut-être. Pour le moment, je restai une proie et, lui, était le chasseur en présence duquel il est inutile de commencer à courir. « Je devrais vous tuer et raser cet endroit. » articula-t-il, à voix haute, sans se cacher le moins du monde. Il n’avait pas peur. Sa folie était telle qu’il se fichait de mourir, tant qu’il pouvait, d’un même temps, décimer ses ennemis. C’était aussi ça, qui le rendait puissant. Il considérait n’avoir rien à perdre, là où je tremblais à l’idée de souffrir, de mourir ou même d’être déshonoré. Il ne vivait que pour ses propres principes.

Son regard sur moi me fit l’effet d’une guillotine. C’était comme s’il savait. Il savait. Il savait avec qui j’étais, précédemment. Il savait pour Dastan. Je me mis à trembler face à la dureté de son jugement, convaincu qu’il risquait de me tuer. Il me tuerait parce qu’il avait compris mon attirance, pour un homme et, pire, pour un Réprouvé. Je pensai à mon père, à l’invoquer dans une conversation désespérée mais j’étais, à présent, incapable de parler. Ma peur me faisait oublier mon rang. Ma peur me rendait paranoïaque. Jamais il ne songea à me tuer. J’étais un Élu d’Ethelba et, même si Elias ne me l’avait jamais expliqué, mes songes me berçaient dans cette réalité que je pensais illusoire. « Vous me posez un cas de conscience, Érasme. » Sa voix était semblable à un rasoir. « C’est la dernière fois que je vous cours après et je compte bien vous faire passer l’envie de vous perdre dans ce genre de comportements déviants avec un déchet. » Il parlait, sans que notre position ne semblât l’importuner. À quel point était-il capable de mettre ses menaces à exécution, de réduire l’ensemble de Lumnaar’Yuvon en cendres ? « Désobéissez-moi encore et je le tuerai. » murmura-t-il. Il savait et cette connaissance me poussa aux larmes. « Vous rentrerez dans les rangs, de gré ou de force. » Les champs d’or disparurent et ce ne fut que lorsque le battant de la porte de la chambre où il m’avait mené se referma sur sa silhouette que je réagis, avec une hargne désespérée. Mais mes poings étaient trop frêles pour avoir raison du battant. Heureusement, parce que cet homme était pire que tout, pire que mon père, pire que Cyrius. Pire.

852 mots
Fin
La suite du rêve dans mon solo  rois - [Q] - Rois d’une tragédie | Érasme & Lucius - Page 3 1628

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Priam & Freyja
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Sam 13 Aoû 2022, 12:25



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Rois d’une tragédie

En trio | Dastan, Érasme & Lucius




Pas de musique parce que j'ai rp avec plein de musiques et je suis dans le train et je vais devoir effectuer mon changement de gare <3 /sbaf

Pourquoi restait-il là à la fixer ? Il n’avait pas compris ? Il avait un cerveau de Goled, ou quoi ? L’enfant répéta son geste, plus fébrile, plus tremblante, plus intimidée face à son immobilité, mais il ne bougea pas. Il ne bougea pas, et ce fut pire. L’atmosphère s’alourdit et devint crépitante. Elle avait des airs d’orage. Instinctivement, Yngvild leva le nez vers le ciel, mais il n’y avait rien. Elle reposa son regard sur Lucius et recula d’un pas, effrayée. Il dit quelque chose. La gamine demeura sur place, terrorisée malgré elle. Il la poussa en hurlant et elle tomba immédiatement sur les fesses. Un cri de peur lui arracha la gorge et des larmes déchirèrent ses cornées. Les épis de blé se courbèrent, noircirent, flétrirent, et au milieu d’eux, il y eut soudain deux bottes noires. La rouquine leva le regard vers la figure du nouvel arrivant et fut pétrifiée. Sa peau blafarde était striée de veines obsidiennes. Ses yeux s’écarquillèrent et son cœur, déjà tambourinant, redoubla de panique. Cet homme-là l’écrasait. De sa hauteur, mais aussi de ce qu’il dégageait. Il suintait d’une puissance malsaine. Quand il tendit la main pour attraper Lucius, elle se recroquevilla sur elle-même, de peur qu’il ne cherchât à l’attraper. Quelque chose en elle l’empêchait de fuir ; un sens de la fatalité que possède chaque proie qui se trouve acculée. Elle savait ce qu’il était. On lui avait raconté que les Sorciers étaient moches, puants et parfois zébrés de noir. On lui avait dit que la présence des plus puissants pouvait tuer la nature et rendre sombre une journée ensoleillée. Elle écoutait en rigolant, parce qu’ils étaient toujours moqués, toujours raillés, toujours tournés en ridicule. Mais ce soir-là, elle n’avait pas envie de rire. Ce Mage Noir qui se tenait devant elle, elle ne le trouvait pas amusant du tout. Rien en lui, absolument rien, ne prêtait à sourire. Il parlait, mais elle était incapable de comprendre ce qu’il disait. C’était d’autant plus terrifiant. Si elle avait compris, elle aurait pu dire quelque chose, ou au moins savoir… Elle se rendit compte que ça avait un côté rassurant, de comprendre les mots que les gens prononçaient. On était moins pris au dépourvu, moins démunis. La petite fille n’osait pas bouger. Elle respirait à peine. Sa tête tournait. Il ne l’avait pas encore regardée. L’avait-il vue ? Savait-il qu’elle était là ? Sentait-il sa présence ? Allait-il la tuer ? Et Lucius ? Ses yeux dérivèrent vers lui. Il avait l’air aussi apeuré qu’elle, ce qui ne la rassura pas du tout. Elle eut la nausée, une nausée violente, pire que quand elle avait eu la gastro. Incapable de se retenir, elle se courba et rendit son repas. Tout son corps tremblait et des sensations étranges l’habitaient. Il fut incapable de la soutenir plus longtemps : elle s’écroula au sol et perdit conscience.

Quand elle revint à elle, les étoiles la miraient. Elle cligna des yeux, vaseuse. Peu à peu, la clarté de sa situation lui revint. Elle se redressa vivement et scruta les alentours. Les deux hommes étaient partis. Son palpitant, pourtant, volait dans sa poitrine comme un oiseau terrorisé dans sa cage. L’odeur de son propre vomi rappela à elle sa nausée, avec une intensité détestable. Elle se tourna encore et cracha la bile qui lui remontait dans la gorge. Des larmes revinrent mouiller son regard. Une seule pensée nette se dessina dans son esprit : elle se leva, tremblotante sur ses jambes courtes, puis se mit à courir, de cette course saccadée et pataude, rendue fragile par les émotions qui la secouaient. Quand elle fut proche de sa maison, elle se mit à crier : « PAPA ! PAPA ! » Elle déboula dans l’entrée en hurlant toujours ce mot qui savait la sauver des situations les plus périlleuses. « PAPA ! » - « Yngvild ? » C’était la voix de Dastan. Elle leva vers lui son regard désespéré et, fatalement, déçu. Il tenait dans une main un couteau, dans l’autre une pomme de terre. Sur le plan de travail, un panier était posé. Elle ne le remarqua pas, parce que toute son attention était concentrée sur lui. « T’étais où ? Papa est parti te chercher. » Il était tendu, dans sa voix et dans sa posture. « Qu’est-ce que tu fous dans cet état-là ? » s’étonna-t-il en remarquant ses égratignures, les quelques traces de vomi et les nombreuses larmes. Elle ne tint compte de rien : ni de l’attitude de son frère, ni de ses questions, ni de ce qu’elle lui avait dit plus tôt. Elle se jeta sur ses jambes et le serra de toutes ses forces, en dépit des blessures qui le torturaient encore. « J’ai vu… j’ai vu un Sorcier ! » acheva-t-elle entre deux sanglots. Elle ne le vit pas, mais tout le visage de son aîné se tendit. Ses mains se crispèrent entre les omoplates de la petite fille, autour du couteau et de la patate. « Qu’est-ce que tu racontes ? Les Sorciers ne sont pas venus ici… » - « Si ! Un Sorcier avec des veines toutes noires ! » Le silence qui suivit fut d’une éloquence toute particulière. Plus encore le fracas du couteau qui ricocha contre un mur et de la pomme de terre qui s’éclata au sol. Plus encore le cri de son frère, qui se concentra dans un « putain » venu du cœur.



Message XVIII – 912 mots

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