Un rictus aux lèvres, celui-ci s'élargit au début de réponse que lui donna l'Elfette avant vite se faner à la seconde où elle évoqua les Mages Noirs. Qu'elle essaie de comparer une nouvelle fois les Alfars à cette race. Qu'elle exprime juste une fois encore l'idée de ressemblance entre leur deux peuples. Ils n'étaient que des destructeurs, prêts à sacrifier toute forme d'art et de science pour ne conserver que la leur, prêts à brûler des forêt pour rendre les terres aussi infertiles que les leurs, prêts saigner toute créature vivante pour ne plus être que les seuls maîtres sur terre. Elle faisait erreur et probablement les Enfants des ronces partageaient plus de points communs avec le Peuple Sylvestre qu'ils n'en avaient avec les Sorciers. Seul les Ténèbres et le Pouvoir les liaient. Traits communs aux Démons également, pourtant plus méprisables encore que ne l'étaient les Sorciers ou les Ygdrae et race quasi-exterminée par les Protégés d'Ethelba. Il n'avait ainsi plus qu'un désir : fermer la bouche trop bavarde de la rouquine pour de bon, lui arracher sa langue trop agitée et lui lacérer la gorge pour y trancher ses cordes vocales trop pincées. Elle supposait qu'il était à l'origine de son agressivité passée. Que lui-même avait agit en pleine conscience et sans aucune intervention extérieure, sinon sa propre volonté. Qu'elle continue si ça lui chantait. Il en avait rien à faire et, de toute façon, aurait-il contesté que cela n'aurait servi à rien. Par son essence, il était dans tous les cas fautif et coupable.
« J'imagine que, dans votre comparaison, c'est vous qui êtes le Soleil. » souffla-t-il sans aucune aménité.
« Brillant et chaleureux. Rassurant. » continua-t-il en insistant sur chacun de ses mots, refermant plus encore sa main sur la poignée tandis que l'envie de les lui siffler à l'oreille, une main étouffant son souffle, le prit.
« Serais-je alors cette Lune froide, illuminant ou non selon ses caprices la terre plongée dans des ténèbres effrayantes. ». Il marqua une pause, un sourire sardonique glissant sur ses lèvres, la suite de ses pensées se déroulant en silence dans son esprit.
"Une Lune froide malgré tout accompagnée de sa myriade d'étoiles envoûtantes, guidant le voyageur égaré ou le marin en pleine mer, faisant face à un Soleil égoïste à ne vouloir éclater dans les nues qu'en solitaire et cruel à brûler les terres de ses rayons de feu".
« Vous semblez oublier que le Soleil et la Lune brillent tout les deux dans le même ciel, et valsent ensemble dans une danse infinie. Peuvent-ils être différent, l'un n'avance jamais sans l'autre à sa suite. »Ce furent ses derniers mots avant que l'Elfette ne quitte les lieux. À peine lui avait-elle tournée le dos il fit claquer sa langue contre son palais, agacé par ses airs et ce qu'elle était, ce qu'elle représentait. Sa tenue, ses convictions, sa voix. Tout l'horripilait chez elle. En particulier cette manie à mettre à jour ces pulsions de violences qui ne s'étaient jusqu'alors manifestées que lorsqu'il avait essayé la bague. Et croyait-elle réellement que son injonction et ses menaces allaient l'empêcher de revenir ? Que sous ses airs de lutine, le regard sombre qu'elle pouvait lui avoir jeté suffirait à l'effrayer ? Que cette pseudo autorité qu'elle cherchait à appuyer l'obligerait à une obéissance docile et totale ? Elle était folle de penser ça. Folle de penser qu'elle pouvait le brider par le simple pouvoir de la parole. Folle de penser que la magie des mots pouvait le faire taire devant elle. D'autant qu'en soit il ne méritait pas plus qu'elle d'être exilé de ce manoir. Qu'elle lui fasse payer si c'est ce qu'elle voulait. Mais qu'elle se tienne prête au retour de bâton. Se courber comme elle l'espérait n'était pas dans sa nature. Ni dans la nature de n'importe quel Alfar soit dit en passant. Le majordome se décida à enfin revenir, détaillant quelques instants son maître avant s'exprimer.
« Tout va bien monsieur ? » -
« À merveille. » répondit le Sarethi sèchement comme il tourna le dos au domestique et prendre un chemin inverse à celui de l'Ygdraë.
« Vraiment ? ». Le Sarethi se retourna pour jeter un regard mauvais au domestique qui osait lui répondre avec mépris. C'est cependant la surprise qui l'envahit en découvrant le visage inconnu qui se cachait derrière le majordome.
« Qui êtes-vous ? » l'interrogea-t-il avec défiance. Un troisième propriétaire ? Quelque chose chez cet inconnu le mettait cependant mal à l'aise. Il se sentait comme une fourmi sous son regard acéré.
« Monsieur ? » s'étonna le domestique.
« Pas vous, l'homme qui... ». Jämiel n'ajouta rien de plus. L'incompréhension lisible sur le visage du majordome et le rictus sarcastique de l'autre lui indiquait clairement que celui-ci se cachait du regard de l'homme de main.
« Peu importe. » déclara-t-il en tournant le dos au duo, s'éloignant non sans l'appréhension d'une l'ignorance dans laquelle il s'était contraint à demeurer.
