Rosée du Matin et la barrette à cheveux magique

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Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Rosée cherche à comprendre l'inquiétude des fleurs lorsqu'un monstre surgit pour détruire tout sur son passage. Comme si cela ne suffisait pas, sa peluche araignée prend alors la parole pour la convaincre de s'attaquer à la menace à l'aide... d'une barrette à cheveux.

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Virevoltant d’un balcon fleuri à l’autre, la petite fée battait vivement des ailes pour s’enquérir de l’état de chaque fleur et bourgeon. La nuit avait été fraiche en cette saison et il lui semblait que les fleurs peinaient à reprendre vigueur. Pourtant la matinée annonçait une journée ensoleillée et revigorante pour toute plante à la recherche d’un fin rayon de soleil pour éblouir de leur pétales chatoyant le regard des passants. Vraiment, Rosée du Matin ne comprenait pas leur acharnement à rester fermer. Pis, les fleurs semblaient inquiètes, raison pour laquelle elles préféraient se faire discrètes et ne pas étaler leur couleurs iridescentes au tout venant. Malgré les sollicitations de la petite fée qui leur promettait une belle journée, celles-ci boutait, la tige courber vers le bas.

« Je sais bien que la nuit a été froide, mais là, maintenant, le soleil arrive… Il faut en profiter pour vous réchauffer les pétales et montrer vos belles couleurs »

Rosée caressa une fleur, essayant de la rassurer par des gestes délicats en plus de la parole, mais rien n’y fit. La fleur refusa obstinément de s’ouvrir. Elle murmura une crainte que la fée ne comprit pas. Un danger menaçait Vervallée et les fleurs préféraient se protéger en gardant leur pétale à l’abri. La rouquine se tourna vers une abeille déroutée par l’absence de nectar à se mettre sous la patte et elle haussa les épaules, décontenancée. Elle n’avait pas plus d’explication à fournir à l’insecte bourdonnant.

« Je suis navrée, je n’arrive pas à comprendre pourquoi elles restent toute fermée.
— Bzzz Bzz
— Ah bah, je fais ce que je peux, moi. Tu as entendu parler d’un danger, toi ?
— Bzzzzz, répondit l’abeille en hochant négativement la tête. La petite fée lui tapota les antennes pour la réconforter.
— Peut-être que les fleurs de balcon ont le vertige… » dit-elle en haussant une nouvelle fois les épaules, démunie face à ce mystère. Le haussement d’antenne de la petite abeille lui fit clairement comprendre que cette réponse ne la convainquait pas. A vrai dire, elle ne convainquait pas plus la petite fée qui se gratta la tête. Il lui fallait trouver résoudre cette énigme et le plus rapidement serait le mieux. Des papillons menaçaient déjà de quitter les rues pour trouver des horizons plus accueillants. Commerçants et passants ne semblaient pas s’être encore aperçus de l’étrangeté de la situation. Ils vaguaient à leurs occupations habituelles sans s’étonnée des fleurs encore fermées.

La fée fit la moue, si elle interrogeait ces gens maintenant, sûr qui ne sauraient lui répondre et qu’il la prendrait pour une folle en lui rétorquant que les fleurs manquaient tout simplement d’eau. Mais ça, elle y avait déjà pensé et de ses frêles mains, elle avait déjà arrosé pâquerettes et géranium sans plus de succès. De toute façon, chaque fleur qu’elle interrogeait en suppliant de lui fournir une réponse, parlait d’un danger à venir. Il fallait donc qu’elle identifie la menace ressentie par les fleurs. Un essaim de grillons peut-être ?  Beaucoup de plantes craignaient la force de leur mandibule. Il lui fallait interroger les insectes.

« Bonjour madame la sauterelle, je… D’un bond, la demoiselle aux longues jambes nia la jeune fée en lui passant au-dessus de la tête sans même un froissement d’aile pour s’excuser. Ce n’est pas très gentil ça ! Oh, monsieur le scarabée, vous… Mais l’insecte se carapata sous un caillou sans tenir compte de la présente de la petite rouquine qui avait tenté de l’aborder. Vous êtes d’une impolitesse aujourd’hui les insectes ! »

Rosée regarda autour d’elle, à la recherche d’un insecte plus poli et moins pressé, mais elle dû se faire une raison. Ceux-ci ne semblaient pas particulièrement bavards en cette journée. L’angoisse des fleurs était apparemment contagieuse puisqu’ils quittaient progressivement les lieux. Elle obtenu quelques réponses en persévérant. Certains partaient pour espérer trouver des fleurs un brin plus accueillante, d’autres suivaient simplement le mouvement d’exode. C’était intriguant. La fée prit une apparence plus grande et arpenta les rues marchandes pour entamer une discussion avec des locaux.

« Avez-vous vu, les fleurs ne s’ouvrent pas et les insectes commencent à s’en aller. Y a-t-il un événement particulier aujourd’hui qui pourrait les effrayer ?
— Hein, pardon ? répondit le marchand, étonné par la question. Ma foi, je travaille, je n’ai pas le temps de regarder les fleurs, quant aux insectes, si les mouches s’en font, ce n’est pas moi qui vais m’en attrister.
— Il n’y a aucune festivité, vous en êtes sûr ? Insista tout de même la fée
— Sûr, vous allez m’acheter des fruits ? Parce qu’il y a des personnes qui attendent. »

Rosée s’excusa et se décala sur le côté pour laisser passer une dame aux paniers à provisions déjà bien chargé. La ville semblait calme tout en étant active comme à l’accoutumée, profitant du ciel bleu… Ou pas. Rosée leva la tête vers le ciel comme tous les passants. En un instant, le bleu avait disparu pour laisser place à un ciel sombre. Un cri surgit, accompagnée rapidement par des échos similaire ci et là. Des gens commençaient à fuir tandis que les plus courageux et les gardes se ruaient vers la menace. Rosée faisait partie du groupe de curieux qui ignorait les conseils de sécurité pour voir l’étrange phénomène de plus près. Un bâtiment éclata en mille morceaux, laissant surgir de ses entrailles un monstre à l’apparence peu commune. Un mélange de boue, de cailloux et de mauvaises herbes, comme si un jardin mal entretenu avait pris vie. La petite fée remarqua les piques de chardons et les feuilles d’orties peu sympathiques qui offraient une protection efficace à toutes tentatives de rapprochement.

« C’est vraiment un jardin très en colère, commenta la petite fée. Outch ! Que ça doit piquer ». Rajouta-t-elle en fermant les yeux lorsqu’un des courageux combattants se prit une branche de chardon en colère en plein ventre.

980 mots

Rosée du Matin et la barrette à cheveux magique

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Le monstre difforme ne craignait aucune attaque et avançait toujours aussi menaçant sans s’inquiéter des dégâts laissés dans son sillage. Il ne semblait prêter aucune intention aux combattants qui le malmenaient à tour de magie divers, comme s’il n’avait qu’un but. Avancer droit devant lui. De temps en temps, des coups d’épée bien placés permettaient de lui arracher des tiges de mauvaises herbes, mais le monstre n’en avait que faire. L’instant d’après, la partie sectionnée repoussait.

« C’est fou comme ça pousse vite les mauvaises herbes ! »

Rosée du Matin tenta de porter secours aux malmenés par le jardin vivant et apparemment de très mauvaise humeur. Elle virevolta entre les coups de feuilles et les lancées d’aiguille pour discuter avec la créature. Elle savait parler aux plantes, peut-être pouvait-elle calmer la rage qui sévissait aux cœurs des mauvaises herbes réunies. Elle lui promit de s’occuper de lui, de remettre de l’ordre dans ses plantations et des faire fleurir les fleurs pour lui redonner de la splendeur… rien n’y fit. Pour seule réponse, elle se prit à son tour un coup d’ortie dans le ventre et fut propulsée contre un mur avec violence. Hébétée, elle put heureusement compter sur sa peluche araignée tombée de sa sacoche pour amortir sa chute et éviter à ses fesses de se réceptionner sur les durs pavés de la route.

« Eh, t’es lourde et tu m’écrase. Bouge ! » Emit une voix étouffée sous son séant.
Surprise, la petite fée glissa sur le côté pour regarder l’être qu’elle avait pu écraser par inadvertance. Elle ne vit que son araignée en peluche. Elle écarquilla les yeux surprise, elle ne l’avait encore jamais entendu prononcer un mot. Peut-être que le choc fut plus rude qu’elle ne le pensait. Rosée tendit un doigt et l’enfonça dans l’abdomen de sa peluche pour vérifier sa nature pelucheuse. L’araignée était moelleuse comme à l’accoutumée, tout douce et apparemment inerte.

« Nan, mais oh ! Tu vas me tripoter longtemps comme ça ?
— Oh, désolé. S’excusa aussitôt la petite fée. Je croyais que tu étais seulement peluche. Après tout, jusqu’ici l’araignée n’avait jamais montré le moindre signe qui pouvait indiquait qu’elle savait s’animer.
— Et ? Ça ne te donne pas le droit de plonger ton doigt ainsi, c’est désagréable. L’araignée cessa de parler un instant en regardant ses pattes bouger, puis, reportant ses énormes yeux sur la fée toujours ahurie par la prise de parole de sa peluche. Attend, tu peux m’entendre et je sais bouger ?
— Bah apparemment oui, fit la petite fée toujours autant surprise. Cela fait longtemps que tu sais parler ?
— Alors, cela veut dire que… l’objet est ici
— Quel objet ? Questionna Rosée, de plus en plus perdue par les propos de sa peluche
— Celui qui m’anime par sa magique… il doit être ici
— Où ça ?
— S’en sais rien, moi. Je viens seulement de me ranimer. Trouve-le ! Il te permettra de vaincre ce monstre. Sinon il va tout détruire.
— Et je cherche quoi exactement ? demanda quelque peu perplexe la jeune fée.
— Une barrette à cheveux, elle est petite, en forme de feuille avec des petites pierres bleues dessus.
— Une… barrette à cheveux ? répéta Rosée. Tu veux que je retrouve une barrette à cheveux, ici, en ce moment… et pour vaincre un monstre avec ? J’ai dû me cogner la tête plus durement que je ne le pensais. Finit-elle par déclarer. Elle se pinça la joue pour vérifier qu’elle ne s’était pas évanouie.
— C’est une barrette magique. C’est pour ça que je peux parler quand je suis dans le même lieu qu’elle. Dépêches-toi, cherche !
— Mais et toi, tu ne cherches pas avec moi ?
— Et comment tu veux que je fasse avec mes pattes de peluche ? Sérieusement ? Je ne sais rien attraper. Alors remues tes fesses et tes ailes et rapporte moi cette barrette. Je t’expliquerai sa magie.
— Bien bien bien. Fit la petite fée en battant des ailes. Une barrette… en forme de feuille… avec des pierres bleues… » Répéta Rosée pour essayer d’imaginer l’objet en question. Un peu plus loin, les cris se firent de plus en plus fort Le monstre devenait plus imposant à chaque destruction et personne ne parvenait à ralentir son avancée. Le spectacle ne l’aidait pas à se concentrer. Comment trouver un si petit objet dans le chaos qui faisait trembler chaque pierre des édifices.

Elle virevolta aussi vite qu’elle le put, zigzaguant entre les passants apeurés, les jets de terres et les attaques magiques. Prendre de la hauteur ne servait à rien et, comme elle avait déjà vu des femmes porter de tels objets dans les cheveux, elle s’introduisit dans chaque maison ouverte pour chercher chambre d’adultes et d’enfant à la recherche d’une boîte à bijoux qui pourrait contenir ledit objet.

« Barrette magique, où te caches-tu ?» Demanda-t-elle, espérant que comme pour son araignée en peluche, celle-ci lui répondrait. Mais cela semblait bien trop simple.

820 mots

Rosée du Matin et la barrette à cheveux magique

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Rosée du Matin ne comptait plus le nombre de maison, ni de pièce qu’elle avait fouillé dans le fol espoir de retrouver une barrette magique. Elle aurait presque plus douté de sa mission, dictée par une araignée pelucheuse si dehors, un monstre ne semait pas la panique sous un ciel toujours plus sombre. Elle était décidément bien loin l’agréable journée ensoleillée annoncée. En sortant par une fenêtre, la petite fée remarqua le balcon aux fleurs toujours fermées.  Elle s’arrêta en plein vol tout en vraiment son front d’une main. Bien sûr ! Il était là le danger murmuré par les fleurs angoissées qui refusait de s’ouvrir. Si elles savaient pour le monstre, peut-être en sauraient-elles un peu plus sur cette étrange et mystérieuse barrette que son amie lui avait demandé de retrouvé. Elle fit demi-tour et s’approcha du balcon pour discuter avec les fleurs en essayant de conserver un ton calme et rassurant malgré les perturbations environnantes.

« Mes douces amies, vous qui aviez pressenties le danger, savez-vous où je peux trouver une barrette à cheveux ? »

Aucune ne lui répondit, aussi Rosée du matin fit la moue. Si personne n’y mettait un peu du sien, elle n’allait pas s’en sortir. Elle virevolta vers d’autres balcons, à la recherche d’une plante un brin plus bavarde, ou du moins, moins terrées dans le silence par l’angoisse. Ce fut finalement un pissenlit qui prit la peine de lui murmurer un indice en échange d’un baiser. La petite fée l’embrassa et la plante libéra ses graines qui la guideraient vers l’objet recherché. Le vent commença à montrer en force et Rosée peina à suivre les akènes dont les touffes se prirent dans une bourrasque. Ceux-ci terminèrent leur course aux pieds d’un chêne, planté au centre d’un carrefour. Il n’avait pas poussé là de manière naturelle, aussi, il était probable que la personne qui avait entreprit de le placer là avait également caché à proximité un objet. Elle fit le tour de l’arbre, cherchant à voir s’il n’avait pas un trou dans son tronc qui aurait pu servir de cacher ou si un écureuil n’avait pas emporté la barrette dans les branchages. Cependant, Rosée n’eut pas le temps de fouiller plus en profondeur qu’une attaque de fleur de charbon la décoiffa. Le monstre aux plantes hirsutes et hostiles avançait à présent dans sa direction, sa colère loin d’être apaisée. Apeurée, la fée se réfugia derrière l’arbre. Un bras vigoureux l’attrapa pour la projeter en arrière en lui ordonnant de quitter les lieux tandis que l’arbre fut déraciné par la puissance  du monstre.

« Oh ! » Émit-elle en voyant un coffret prisonnier des racines du majestueux chêne qui gisait à présent à terre. Décidant de prendre son courage en main, elle battit violemment des ailes et attrapa la boîte avant de quitter des lieux à tire d’aile pour laisser la place aux plus grands et forts qu’elle. Rosée retourna vers son ami en peluche qui n’avait pas quitté l’endroit, probablement par peur de perdre son don de parole si elle venait à s’éloigner. Ou alors, sa peluche était redevenue une peluche. Elle déposa le coffret à ses côtés et tendit un doigt pour vérifier si elle était encore animée.

« Nan mais oh ! Quand vas-tu perdre cette habitude d’enfoncer ton doigt dans tout ce qui t’intrigue ? C’est dérangeant !
— Désolé, je pensais que tu étais redevenu une peluche, s’excusa la fée en tendant aussitôt le coffret qu’elle secoua légèrement. Un bruit se fit entendre, preuve qu’un objet relativement petit s’y cachait à l’intérieur. Je crois que ta barrette est dedans.
— Bien, ouvre-le alors
— Il y a un verrou et je n’ai pas la clef, fit la fée en lui montrant le loquet verrouillé en question
— Comment ça, t’as pas la clef qui va avec ?
— Ben… Et toi ? Tu n’as pas la clef de ce coffret ? Demanda Rosée sur un ton ingénue qui fit soupirer l’araignée pelucheuse
— Et je l’aurais gardé où cette clef durant tout ce temps ? J’ai l’air d’avoir la possibilité de garder une clef sur moi ?
— Je… Prise au dépourvue, la fée posa son regard déçu sur le coffret scellé. Si près du but, c’était tellement moche. Elle caressa la serrure chagrinée. Le monstre allait continuer de semer la pagaille et les mauvaises graines sans qu’elle ne puisse intervenir pour y mettre un terme. Alors qu’elle avait perdu espoir et qu’une larme tentait de s’écouler le long de sa joue, le coffret émit un délicat bruit métallique et le couvercle se souleva légèrement.
— Il s’est ouvert, prend la barrette et met là dans tes cheveux ! » S’exclama aussi l’araignée

La jeune fée obéit aussitôt et attrapa la barrette qui semblait relativement fragile de par sa délicatesse et la finesse de ses lignes. La feuille argentée était  parsemée de petits cristaux aux reflets bleutés qui conquirent immédiatement Rosée. L’objet était beau et elle était curieuse d’en découvrir sa magie. Elle la glissa dans une mèche flamboyante de sa chevelure et attendit la révélation. Mais rien ne se produisit, aussi, elle posa son regard sur l’araignée. Rosée se sentait jolie avec cette barrette, mais pas forte au point d’affronter un monstre.

« Je fais quoi maintenant ? Je ne peux pas aller affronter ce monstre avec pour seule protection une barrette à cheveux ? Fit-elle en montrant l’objet du doigt
— Il faut dire la phrase magique : barrette, barrette, révèle ta magie. Transforme-moi ! Expliqua l’araignée sur un ton détaché comme si tout cela semblait logique.
—Barrette, barrette, révèle ta magie. Transforme-moi… répéta Rosée, peu convaincue et quelque peu interloquée par cette situation plus qu’étrange.
— Oui, enfin, il y a un rituel. Une gestuelle, une tonalité à respecter. Il faut dire : barrette, barrette en touchant la barrette deux fois sur un ton amical, puis : révèle ta magie en tendant le bras droit devant comme si tu cherchais à attraper quelque chose sur un ton convaincu et ensuite : Transforme-moi en tendant le bras en l’air et sur un ton comme si tu allais démolir quelqu’un ! Sans oublier de tournoyer sur toi-même durant tout le rituel…
— J’n’aurais pas l’air un peu ridicule en faisant ça ?» Questionna la petite fée en haussant un sourcil soudainement un peu moins convaincu par la tournure que prenait cette histoire.  

1050 mots

Rosée du Matin et la barrette à cheveux magique

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L’araignée lui avait assuré qu’elle n’aurait pas l’air ridicule, mais Rosée du Matin ne pouvait s’empêcher de douter de la parole d’une peluche. Après, le ridicule n’avait jamais tué quelqu’un, mais là… elle craignait d’être l’exception qui confirmait la règle. Ne prenait-elle pas un risque en tournoyant devant une menace aussi dangereux que le monstre actuel qui sévissait avec juste une barrette à cheveux magique dans sa chevelure ? Rosée croyait en beaucoup de chose, mais tout de même. Elle caressa la barrette tout en regardant le ciel éternellement noir. De toute façon, elle n’avait pas d’autre choix que de croire en cette histoire et de tenter l’aventure. Elle se redressa, motivée en répétant les gestes à effectuer. Tape sur la barrette, bras en avant, bras en l’air, tourner, tourner… C’était à sa portée. Restait la tonalité. Le ton amical, elle connaissait. Elle l’usait tout le temps pour converser avec les fleurs. Le ton convaincu, elle pourrait faire un effort pour croire en cette magie. Le ton guerrière sur le point de démolir la face à quelqu’un… ça c’était autre chose.

« Bien, je vais essayer. Barrette, barrette, parle-moi…
— Révèle ta magie, rectifia aussitôt l’araignée
— Oh ! Pardon. Barrette, barrette, révèle ta magie. Métamorphose-moi !
— Transforme-moi et n’oublie pas, un ton agressif à la fin.
— Barrette, barrette, révèle-moi. Transforme ta magie…
— Nan mais…. Soit comme les tomates. Con-cen-trées !
— Je.. pardon ?
— Non rien, oublie le jeu de mot. Tape, tape barrette, barrette, un bras en avant révèle ta magie et un bras en l’air transforme moi… C’est pas compliqué tout de même !
— Barrette, barrette, révèle ta magie. Transforme-moi. Répéta une nouvelle fois la fée en terminant son tournoiement, un bras en l’air. Elle resta un instant dans cette position loufoque. Et maintenant ?
— Tu recommences, tu n’étais pas assez convaincante, ni guerrière. Le transforme moi doit être un cri qui vient du fond des tripes, comme une envie irrépressible de taper du monstre.
— Mais j’suis pas une violente moi
— Donc tu vas laisser cette monstrueuse plante anéantir Vervallée ? Personne ne pourra l’arrêter, seule la magie que contient cette barrette est efficace. »

Rosée du Matin soupira. Voilà que l’avenir de toute une ville, voire plus, dépendait de sa faculté à effectuer une danse des plus étranges en appelant la magie d’une barrette à cheveux à l’allure plutôt minuscule et fragile. Elle battit des ailes pour trouver un peu de hauteur, le regarde de la peluche araignée l’empêchant de réellement se concentrer. Elle avait l’impression d’être jugée sur chacun de ses gestes, ce qui n’était certainement pas qu’une simple impression. A l’évidence, l’araignée analyse chaque erreur, même pire, intervenait avant même qu’elle n’en commente une ! Elle regarda le monstrueux jardin qui continuait de semer la pagaille et les pauvres combattants qui étaient jeté au sol comme de simple brindille fragile. Ils avaient l’air si forts et pourtant tellement impuissants face à cette menace issue d’une autre magie. La petite fée ferma les yeux un instant et serra les poings. Elle devait croire en la magie de cette mystérieuse et ravissante barrette à cheveux. Elle devait croire en sa propre capacité à vaincre ce monstre en acceptant la magie que la barrette saurait lui offrir. Elle porta les mains à son cœur pour se rassurer en murmurant les gestes et les paroles magiques. Elle allait y arriver. Elle devait y arriver. Ne pas seulement y croire, être convaincue. A chaque moment, à chaque instant, jusqu’au bout de ses ailes. Elle pouvait le faire !

« Cette fois, je suis prête ! Déclara-t-elle en ouvrant les yeux. Elle avait bien répété dans sa tête les mots et le rituel à exécuter pour ne pas se tromper. Barrette, barrette, révèle ta magie. Transforme-moi ! »

| Musique de transformation |

Deux tapes sur la barrette en douceur, un bras en avant convaincue par la magie qu’elle souhaitait acquérir, elle tournoya avec grâce en levant le bras en l’air le plus haut qu’elle le put. Elle hurla la dernière phrase, motivée par l’envie de découvrir l’étendue de la magie de la barrette et d’être la sauveuse de Vervallée afin que les insectes et les fleurs puissent revivre en tout inquiétude. Cette fois, elle ne dû guère attendre dans sa dernière position. Derrière elle, le paysage disparu. Adieu ciel sombre et bâtiments dévastés. Un ciel coloré fit son apparition, mélangeant fleurs et paillettes tandis qu’une mélodie accompagna ses gestes et sa transformation. Les vêtements de la fée éclatèrent dans un halo de lumière tandis que sa chevelure flamboyante s’allongea sous l’effet magique de la barrette à cheveux qui étincela, ravi de déployer enfin ses pouvoirs. La peau de Rosée se couvrir d’un étrange vêtement qui glissa sur elle comme une seconde peau. Dans son dos, ses fragiles petites ailes féeriques semblèrent se faire arracher par une main invisible sans provoquer la moindre douleur. Dans le ciel coloré, fleurs et paillettes tourbillonnèrent pour dessiner une nouvelle paire d’aile, plus grandes, plus fortes, plus majestueuses. Une fois formées, celle-ci vinrent se poser dans le dos de Rosée et étincelèrent un instant. La barrette à cheveux se défit de ses cristaux bleutés et ceux-ci partirent orner le bout de ses ailes, tels des joyaux. A ses poignées, des bracelets firent leur apparition dans un halo doré comme pour la protéger lors de combat à mains nues. Son corps s’entoura de son interminable chevelure plus flamboyante encore qu’à l’accoutumée, tandis que le vêtement qui avait pris place sur sa peau se para à son tour d’une matière semblable à des cristaux telle une armure rutilante. A la différence que celle-ci ne semblait faire qu’une avec sa peau, suivant chacun de ses mouvement avec grâce sans jamais l’entraver. Un voile termina sa tenue vestimentaire de manière féminine en ondulant délicatement derrière elle.

« Ennemi du jour, je suis prête à t’affronter ! Clama-t-elle alors en pointant la menace d’un doigt et en posant l'autre main sur la hanche lorsque sa transformation fut terminée. La fée n'avait jamais été aussi sophistiquée et femme dans son style vestimentaire et elle se sentait totalement différente, mais elle ignorait encore à quel point elle l'était devenue.
— Sérieusement ? Tu avais besoin de finir avec le doigt tendu comme ça. C’est quoi ton problème à devoir toucher ou pointer les gens avec le doigt ?
— C’était pour paraitre plus menaçante, se justifia alors Rosée auprès de sa peluche.
— En restant à distance du monstre… » fit l’araignée sceptique.

Effectivement, la jeune fée s’était transformé loin de tout regard et de tout danger. Elle décida donc de rectifier très vite cette erreur en profitant de ses nouvelles ailes pour s’envoler vers la menace d’un simple battement qui la propulsa avec une grâce et une mise en scène étonnante. Flap-flap-flap !

« Attend ! Je ne t’ai pas expliqué comment utiliser tes pouvoirs…» cria l’araignée, mais la fée était déjà loin et la musique qui la suivait l’empêcha d’entendre l’appel de sa peluche. Aussi, l’araignée masqua ses yeux de ses pattes avant en sachant qui ne faudrait pas longtemps à Rosée pour réaliser qu’elle avait perdu tous ses pouvoirs et sa nature. La prochaine leçon allait être rude…

A suivre...

1150 mots