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 [Évènement] - Le projet

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4166
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Sam 01 Mai 2021, 23:58

Le projet
 

Assise sur une chaise, je fis glisser doucement mes mains sur le bois de la table. Mes doigts se lièrent et je relevai le menton, en regardant le professeur d’un air supérieur. Je ne pouvais pas avoir bien entendu. Un projet sur le long terme ? Qu’on tirerait au sort ? Dans l’une des grandes salles de l’école ? Je levai la main ? « Oui, Eméliana ? » J’avais envie de le désosser. Le fait qu’aucun des enseignants de cette école ne m’appelât par mon titre me déplaisait affreusement. J’étais une Princesse Noire. Un jour, si mes plans fonctionnaient correctement, je serais Reine. Je me plaisais à imaginer ma première mesure en tant qu’Impératrice Noire : raser cette école contre nature et la faire disparaître de tout support, de telle sorte qu’elle fût totalement supprimée dans les esprits d’ici quelques siècles. « Et si le sujet que nous tirons n’est pas à notre goût ? » L’homme fit semblant d’être étonné. Il commençait à me connaître. Plus que ça, il en voyait souvent, des péteuses dans mon genre. Néanmoins, il préférait être prudent et se prendre au jeu. La conclusion restait la même : je me plierais aux choix pédagogiques. Je n’avais, de toute façon, pas les capacités pour remettre quoi que ce fût en question. Je haïssais cet endroit. Pourtant, je n’étais pas assez sotte pour désirer rater mes études. Je devais parvenir à sortir d’ici et la façon la plus simple était d’obtenir mon diplôme de fin d’étude. Je quitterais ce lieu maudit et retournerais à une éducation sorcière, bien plus appropriée et passionnante. Au moins, à Amestris, l’on n’encensait pas des peuples aussi stupides que les Réprouvés ou les Lyrienns.

« Je suis sûr que vous trouverez votre bonheur. Ce n’est pas la première fois que cette expérience est menée au sein de l’école et, jusqu’ici, personne ne s’en est plaint. » Cela ne m’étonnait pas. Tous ces étudiants étaient complètement égarés. Comment auraient-ils pu avoir toute leur tête, à baigner dans cette atmosphère sordide où toutes les races se côtoyaient ? Comme pour illustrer mes pensées, une Ygdraë abrutie vint appuyer les propos du professeur. « Je suis certaine que ce sera une expérience unique et passionnante. » Une lèche-cul comme elle, ça ne s’inventait pas. Lorsqu’elle croisa mon regard, elle se dépêcha de détourner les yeux. Parfait. Il y avait une hiérarchie en ce monde et elle en avait saisi le sens. Je veillerais attentivement à ce que cela ne changeât pas. Il y avait bien trop d’ignorants qui pensaient que nous étions sur un pied d’égalité. C’était une pensée de faibles et d’idiots. Il n’y avait aucune égalité. Certaines races étaient supérieures et ça avait toujours été ainsi. Quant à cette stupide nymphette aux oreilles pointues, j’allais attendre un peu et m’assurer qu’elle n’intervînt plus de la sorte en classe. Ses cheveux étaient bien trop jolis pour pouvoir demeurer. Une fois tondue comme un mouton, elle arrêterait peut-être de nous faire subir son horrible voix de crécelle. « Certes. » laissai-je entendre.

Dans la grande salle, je m’avançai jusqu’à la table centrale. Un cube était posé là. En marbre noir, il semblait absorber la lumière. Je m’approchai, convaincue que ma lente marche avait attiré tous les regards. Absolument pas. Même si ça avait été le cas, j’aurais jugé que ces gueux ne méritaient aucunement le privilège de poser leur regard rempli de vide sur ma personne. Ne pas reconnaître l’hégémonie des miens signifiait être trop stupide pour s’en rendre compte. Je les plaignais, tous. Malheureusement pour eux, l’orgueil ne tuait pas encore. Je serais Reine. Un jour.

Je m’arrêtai devant l’objet, le jaugeant un instant. Je le fixai de haut, comme j’avais déjà surpris mon père fixer certains, avec dédain. Nous autres, Salvatore, étions supérieurs à l’ensemble des Sorciers. Ça aussi, était une réalité. Cela m’écorchait presque d’avoir pactisé avec un homme qui ne faisait pas partie de cette grande famille. J’avais accepté mais je pouvais aussi chercher à le doubler. Ce serait d’ailleurs mon objectif ultime. Ne jamais laisser quelqu’un nous dépasser. Ne jamais se contenter du minimum. Je voulais réellement faire tomber Elias à mon profit. Je ne voulais pas être Reine par mariage. Je désirais être une Impératrice Noire légitime. Oui, tous ces insectes se prosterneraient bientôt devant moi. Quelques années ici et je pourrais rentrer chez moi. Cette pensée m’accompagna lorsque je passai ma main sur le cube de marbre, en suivant les consignes.

Quelques secondes plus tard, une lettre apparut devant moi. Scellée par de la cire, elle était d’une élégance rare. Je l’ouvris et parcourus les quelques lignes qui y étaient inscrites. Mon visage se ferma soudainement. Il s’assombrit inexorablement. J’allais cramer cette école et j’allais le faire sans doute beaucoup plus tôt que prévu. Comment osaient-ils, tous, me défier ainsi ? Me manquer à ce point de respect ! Comment pourrais-je, ne serait-ce qu’un instant, trouver un quelconque intérêt à ce sujet ? Comment ?!

Plus tard, dans l’un des couloirs, une fille me héla. « Eméliana ? Qu'as-tu eu comme sujet ? » Elle pouffa, sans attendre ma réponse. Quelle sale garce. Bien entendu, elle était au courant. Ils étaient tous au courant, ceux de l’Obsidienne. « Cordélia. » murmurai-je, sans que rien ne me vînt ou, du moins, rien de suffisamment percutant pour sonner comme une vengeance. La menacer de faire exterminer sa famille ? Elle savait parfaitement que ce n’était pas moi qui décidais. Elle sourit à l’entente de son prénom. « J’ai eu un sujet sur les relations diplomatiques entre les Sorciers et les Alfars. » m’informa-t-elle. « J’espère que tu seras amenée à te rendre à Drosera, dans ce cas. Si tu reviens, tu pourras peut-être finir ton rapport. » Ce n’était pas approprié. « Je pense avoir bien plus de chances de revenir que toi. Tu devrais éviter de préciser ton rang, une fois que tu te rendras à Stenfek. » Elle cligna plusieurs fois des yeux, avec un air de pimbêche. Je l’aurais bouffée. Je laissai passer un peu d’air entre mes lèvres, avant de répliquer. « J’imagine qu’ils ne donnent les sujets sensibles qu’aux élèves prometteurs. » finis-je par articuler, avant de clore la conversation. « Excusez-moi. » dis-je, à l’attention du groupe entier.

Le soir, dans mon lit, j’eus du mal à trouver le sommeil. Je ne cessais de réfléchir à ce sujet, qui allait devoir me suivre longtemps.

« Les rapports entre les Sorciers et les Réprouvés à l’aube de la scission entre Stenfek et Bouton d’Or. »

Plus j’y pensais, plus j’enrageais. Il n’y avait aucun rapport possible. Ce sujet était une vaste farce, une fumisterie sans nom. Comment avaient-ils pu ? « Raa ! » fis-je, en enfouissant mon visage entre mes draps. Ce n’était pas possible. Je ne voulais pas de ce sujet. C’était injuste ! Les Réprouvés étaient de sales cloportes puants. Je n’avais aucune envie d’enquêter. Je n’avais aucune envie de m’intéresser à la scission entre deux patelins paumés sans intérêt. Ces êtres étaient des sauvages. Des sauvages !


Ces pensées me hantèrent jusqu’à ce que je trouvasse le sommeil. Mes songes, pourtant, ne me sauvèrent pas. Ils m’enfoncèrent. J’étais l’Impératrice Noire, à la tête d’une armée gigantesque. Cependant… Cependant, il y avait cet homme, que j’avais déjà croisé. Ce qu’il se passa alla au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer. Jamais, auparavant, je n’avais fait de rêve érotique. C’était le premier. Entre ses bras, mon corps semblait aussi léger qu’une feuille morte balayée par le vent. C’était plaisant et excitant, malgré le contexte. Intérieurement, je songeai à le tuer, une fois le petit matin arrivé. J’avais trop confiance en moi. Je pensais qu’il m’aimait au point de se laisser ravager par mes forces. Ses sentiments lui consumeraient le cœur et je m’occuperais de l’incendier une dernière fois. Je me dis que j’avais réussi à l’apprivoiser au fil du temps, pour qu’il ne se jetât plus sur moi avec une ardeur bestiale sans passer par des étapes intermédiaires et hautement plaisantes. Puis mes réflexions se stoppèrent. Plus il continuait, plus je perdais pied.

Je me redressai en sueur dans mon lit. Mes mains, rapidement, vinrent enserrer mon cou, à la recherche d’un collier qui n’y était pas, qui n’y avait jamais été. Ma respiration était désordonnée, mes cheveux en bataille. Ce… Je… Je fronçai les sourcils, de haine, d’incertitude. Qu’avait-il fait ? À se sacrifier avec moi ? Encore à moitié dans le cauchemar, je sentis les larmes monter petit à petit. Je ne voulais pas ce sujet. Je ne voulais pas de lui. Je détestais les Réprouvés.

1442 mots

Explications


Yo  [Évènement] - Le projet  2289842337

C'est tout simple : un cube en marbre noir a été installé dans l'une des grandes salles de Basphel. Chaque étudiant est invité à aller chercher son sujet. Il suffit de passer sa main devant le cube pour qu'une enveloppe apparaisse sur la table, avec le sujet à l'intérieur.

Votre personnage devra travailler dessus par la suite. Les sujets sont riches et vastes, ce qui vous permettra de vous intéresser à ce que vous voulez et de permettre à l'étudiant de voyager. Pour Eméliana j'ai pris de la politique mais ça peut porter sur pleins de sujets différents. Les recherches de votre personnage doivent aboutir à un rapport et un exposé oral quand il sera prêt. Vous gérerez comme vous aurez envie la suite. Là on fait juste la découverte du sujet. Avec Eméliana je compte prendre du temps parce que ça va permettre de justifier qu'elle retourne chez les Réprouvés et recroise Solheim si Léandra est d'accord. Le temps pris sera aussi pour monter son intelligence, que la qualité de son rapport soit justifiée.

La prochaine fois, je vous organiserai une quête ouverte en groupe.

La fin : le 30 juin

Gains


Pour 900 mots : 1 point de spécialité
Pour 450 mots de plus, soit 1350 mots en tout : 1 deuxième point de spécialité.
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Susannah
~ Sirène ~ Niveau II ~

~ Sirène ~ Niveau II ~
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Susannah
Mar 22 Juin 2021, 01:21

[Évènement] - Le projet  G7gm
Le Projet



Légèrement en retrait, Susannah observait un silence absolu qui la rendait pratiquement indiscernable. Aurait-elle parlé que les choses n'auraient pas été différentes. De petite taille, l'Ondine était une Première Année dont le visage anonyme se conjuguait avec ceux de ses camarades du même âge. Elle était invisible quand bien même elle aurait souhaité que ce ne fut pas le cas, quand bien même en son for intérieur, elle était persuadée que pas un de ceux qui l'entouraient n'était digne de respirer le même air qu'elle. Sous ses paupières lourdes, elle nourrissait ces pensées venimeuses en portant ses prunelles d'un gris vaporeux sur les élèves rassemblés dans la grande salle. Aucun ne fut exempt de son jugement biaisé par des années à écouter ses cousines critiquer les bipèdes. Cela avait beau faire un certain temps qu'elle les côtoyait, ils ne lui inspiraient que du dégoût. Il y avait ceux qui affichaient un air ouvertement stupide comme pour crier au monde la faiblesse de leur intellect, puis il y avait ceux qui se démarquaient par l'attitude sereine de ceux qui se sentent supérieurs et ne s'en cachent pas. Susannah ne put retenir une grimace dédaigneuse. Ce n'étaient que des masques et elle, la spectatrice d'une mascarade affligeante, une comédie de fausseté qui l'écœurait autant qu'elle la fascinait et l'attirait. Elle voulait en faire partie, se construire son propre masque pour évoluer dans ce nid de serpents et s'en faire reine. La reine des bouffons, songeait la Sirène, mais c'était mieux que d'être aussi insignifiante qu'une goutte dans l'océan. Basphel serait son galop d'essai, elle avait huit années pour dominer ces nuisibles, huit années pour étendre les ramifications de sa toile et les voir danser dans le creux de sa main. Huit années avant de revenir au sein du royaume d'Aylidis, dotée de qualités qui la porteraient jusqu'aux plus hautes sphères de la société. C'était ce que sa famille attendait d'elle, c'était pour cela qu'ils finançaient ses études.
Forte de ce projet, Susannah avait eu le temps de glaner quelques informations sur plusieurs de ses camarades depuis son arrivée à Basphel, à commencer par ceux qui partageaient ses classes. Trop rapidement, son carnet s'était retrouvé griffé d'annotations proférées d'une écriture escarpée et illisible qui trahissait sa frustration et sa jalousie car rien ne se passait selon ses plans. À travers les portraits qu'elle dressait dans son étude haineuse des Gaelyan, c'était un mal-être profond qui s'exprimait. Il lui était difficile de comprendre les mœurs de l'école ; les codes avec lesquels la Sirène avait grandi ne s'appliquaient pas ici et elle se retrouvait devant un château de cartes qu'il lui fallait déconstruire pour reconstruire en changeant toute la structure car pour réussir. Il lui fallait s'approprier les règles du jeu pour avoir la meilleure main. Le premier problème qu'elle rencontrait se trouvait dans le système des départements. Loin de faciliter son intégration en associant les élèves selon l'alignement de leur âme, Susannah considérait cela comme un échec. Elle méprisait les autres, naturellement, mais elle entretenait une hostilité tout aussi féroce envers l'Obsidienne. Dans ce panier de crabes, nul n'était digne de confiance ; c'était la conclusion qu'elle tirait des premières semaines où elle avait été la victime des fourberies de ses congénères ayant profité de sa naïveté, qui en profitaient encore. Compter sur eux était exclus et il ne lui restait personne. La solitude accablait la bleue et abreuvait son coeur d'une rancœur qui semblait ne pas trouver de fin. Elle était malheureuse et parfois, l'Océan lui manquait tant qu'elle sentait son être se déchirer, sa raison vaciller. Ne pouvait-elle pas retourner à l'Océan ? Supplier sa famille de l'accueillir à nouveau ? L'Obsidienne ne pardonnait pas ces moments de faiblesse et les membres de ce Département semblaient flairer à des kilomètres ces instants d'égarement comme un prédateur flaire l'odeur un peu rance d'une proie effrayée. Mais se démarquer était tout aussi dangereux car cela signifiait alors devenir la cible jalousée de ceux qui convoitaient les meilleures places. Lentement, Susannah se construisait une façade qui, elle l'espérait, lui permettrait de sortir de cette masse grouillante sans perdre ses écailles.
Une voix amplifiée par la magie réclama le silence et le brouhaha s'éteignit graduellement au profit de quelques murmures persistants. Susannah tourna son regard vers le centre de la salle où se dressait un cube en marbre d'un noir qui semblait absorber la lumière. Distribuant ses explications avec une ferveur qui capta l'attention de ses élèves, le professeur déclina les détails de ce qui était attendu d'eux. Sans qu'elle en prenne conscience, les doigts de l'adolescente grimpèrent jusqu'à sa nuque pour soulager une démangeaison illusoire. Dans son esprit, l'uniforme de l'école irritait son épiderme et elle avait développé cette manie de se gratter dès lors qu'elle se trouvait face à une situation nouvelle. Loin d'éprouver un enthousiasme similaire à celui du professeur, Susannah sentait ses entrailles se tordre. Ce projet sous-entendait de voyager, elle s'en apercevait et elle en était malade de peur. La Sirène peinait déjà à trouver sa place au sein de Basphel, sa maladresse était un fardeau qui alourdissait ses journées, comment pouvait-elle espérer réussir ce devoir en quittant la bulle haïe mais néanmoins sécurisante de l'école ? Seraient-ils accompagnés ou lâchés en pleine nature face au sujet qui serait craché par cette odieuse boîte noire ? Était-il possible qu'ils soient envoyés en territoire dangereux ? Pouvait-on changer de sujet ? Les questions affluaient dans sa tête, filtrant une angoisse lisible sur ses traits soudainement livides mais la bleue aurait préféré mourir plutôt que de les verbaliser à voix haute. À la place, elle examina les visages de ses congénères en espérant puiser du réconfort dans leurs réactions. Certains partageaient son effroi mais d'autres se montraient excités ou bien simplement maussades devant la montagne de leurs devoirs qui venait de croître un peu plus. Rassurée, elle rencontra alors le regard de Fortune non loin d'elle et elle sursauta comme si elle avait été piquée en réalisant avoir été observée sans le savoir par la Sirène. Un sourire mauvais étira lentement les lèvres de la brune, lui donnant l'air d'un batracien ayant repéré une mouche particulièrement dodue. Certaines animosités ne s'expliquaient pas et une rivalité viscérale creusait entre elles un fossé chaque jour un peu plus large. Avant que Susannah ait le temps de se recomposer un air neutre et détaché, l'Ondine se dressa à ses côtés et la toisa de toute sa hauteur. Plus grande, elle était aussi plus douée que la Dæloran dans de nombreux domaines ce qui la contrariait au plus haut point. «Tu es toute pâle, Suzie !» Gazouilla-t-elle d'une voix aux intonations criardes. Au surnom haï, la bleue lui jeta un regard noir, se fustigeant mentalement de ne pas être capable d'imaginer une répartie assez spirituelle pour la faire s'étouffer sur sa salive empoisonnée. Une lueur narquoise vrillant les iris d'une teinte bronze de Fortune, cette dernière continua : «Tu as peut-être besoin d'une petite sucrerie pour redonner de la couleur à ces mignonnes joues de porcinet.» Elle s'amusa à pincer douloureusement la joue de Susannah qui se dégagea brusquement. «Espèce de...» Feignant un air choqué, Fortune perdit son sourire et la coupa d'une voix dure. «Tu as raison, tu n'en as pas besoin, petit porcinet.» Son regard s'attarda longuement sur la silhouette de Susannah avant de remonter sur le regard empli de haine de la bleue, ce qui sembla la réjouir considérablement. Plus que jamais consciente de son uniforme qui devenait inconfortable autour de sa taille et de ses hanches, elle sentait les mots de l'Ondine se planter comme des échardes dans son coeur avec la cruauté de la vérité. Deux tâches cramoisies de rage et honte mêlée s'étalaient sur ses joues et elle allait répliquer quand son nom fut appelé. Résistant à l'envie de cracher au visage de sa congénère, l'adolescente dépassa Fortune en prenant soin de lui écraser le pied soigneusement au passage.
Une fois devant le cube, Susannah exhala un soupir pour se calmer. Son altercation avec la brune avait distillé dans ses veines une colère bouillonnante qui noircissait son champ de vision et lui faisait oublier où elle se trouvait. D'une main tremblante, elle passa la main devant le cube, lançant un regard furieux à la boîte comme si elle la tenait responsable de cette journée qui se profilait comme une mauvaise journée. Elle se saisit de l'enveloppe qui apparut et quitta la salle sans un mot. Cherchant un endroit plus tranquille, elle s'installa sur un banc dans un couloir pour découvrir son sujet. Son visage s'assombrit un peu plus à la lecture de la phrase.
«Nementa Corum : les conséquences géographiques de la dévastation du Territoire des Sorciers et les moyens mis en œuvre pour le restaurer.»


Fin | 1545 mots
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[Évènement] - Le projet  7qoc
Merci Jil  [Évènement] - Le projet  009 :
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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
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Kitoe
Sam 26 Juin 2021, 14:43

Faust
Le projet
Faust était nonchalamment adossé à sa chaise, les bras croisés, le bassin en avant, les jambes étendues autant que possible. Il semblait prêt à glisser, ou à fondre de répulsion face à ce qu’on était en train de leur annoncer, comme si finir sous sa table lui permettrait d’échapper au sort qui l’attendait. Il se sentait pris au piège, comme à peu près à chaque fois qu’on leur annonçait l’arrivée d’un examen. Evidemment, il tâchait de ne pas donner l’impression d’être stressé par un tel travail. C’était pourquoi son visage était mu dans une expression blasée qui faisait croire à un voile d’indifférence ou tout au plus, d’irritation.

Comme tout bon élève digne de ce nom, Faust aurait aimé qu’on ne lui annonce jamais l’existence de ce stupide projet. Il n’en voulait pas, et quitte à devoir suivre une éducation, il préférait largement être passif lorsqu’il s’agissait de répondre à ce genre de problématique, qui nécessitait de disserter inutilement pendant des heures. S’activer demandait des efforts, et il n’en avait pas envie si ce n’était pas pour apprendre des sorts ou des pratiques cool et maléfiques. Il se fichait pas mal du reste, puisque le garçon n’était obsédé que par une chose : apprendre des trucs de Démons pour devenir un vrai Démon, dévoiler sa véritable nature et répandre le Mal sur terre. Après tout, qui étions-nous pour lui en vouloir : il ne désirait que remplir son devoir de Démon dont on l’avait déjà privé lors de ses douze premières années d’existence. Il était métis. Sa mère avait veillé à ce qu’il ne fasse jamais trop de dégâts à la maison, ce qui était contraire à son essence. Il enviait terriblement ses camarades venant tout droit de l’Enfer ou des Terres Arides. Ceux-ci lui avaient déjà fait remarquer qu’il était trop gentil et il avait pris cela comme une insulte. C’était pourquoi il tenait tant à redresser la barre, plus encore qu’auparavant. Son objectif n’avait jamais changé : le jeune homme avait toujours alimenté cette envie de devenir un grand malfrat. Avec le fil à retordre qu’il donnait à sa mère, il avait toujours pensé être doté de capacités maléfiques déjà bien développées. En côtoyant des natifs, il était tombé de haut. Outre pour le fait qu’il fréquentait le club de tricot, ce n’était pas pour rien qu’on s’amusait à l’appeler Faustine : il était ce qu’on appelait communément un « fragile » dans le milieu, un garçon qui se voulait vilain, mais qui finalement ne payait pas de mine, comparé à ses congénères. Victime de harcèlement par les plus gros caïds de son Département, il devait dire qu’il supportait assez mal sa condition. Cela devait changer. Il y travaillait d’arrache-pied jours et nuits. De ce fait, s’il pouvait éviter les surplus inutiles d’études, il ne disait pas non. Faust menait une vie suffisamment difficile comme ça, un combat qu’il considérait mener en solitaire. Pourtant, il n’était pas le seul à avoir la vie dure. Ils constituaient en fait tout un groupe d’amis dont l’activité principale était de se liguer et de cracher sur ceux qui les emmerdait en élaborant des plans machiavéliques qui voyaient rarement le jour.

En regardant autour de lui, Faust put constater qu’il n’était pas le seul à désapprouver la suggestion de leurs professeurs. Cela avait l’air de faire chier plus de monde que d’en ravir, même. Sauf pour ces péteux de bénéfiques, avec leurs sourires niais et leur stupide volonté sans failles. Il les considéra avec dédain. Ils allaient tous trouver leur bonheur, ses fesses oui ! Pour une fois, cette grognasse rousse avait raison de sous-entendre que tout ce cirque était vraiment une mauvaise idée. Faust fixa la petite boite noire placée au centre du bureau, devant eux tous. Chacun leur tour, ils passaient récupérer leur sujet. La scène ressemblait à la cérémonie d’entrée, sauf que cette fois, c’était plus pour aller à l’abattoir que pour intégrer un groupe qui leur correspondrait. L’ombre d’un sourire apparaissait sur ses lèvres à la vue de l’air dépité qu’affichaient certains en retournant à leur place. Néanmoins, il se retenait car il savait que c’était bientôt son tour. Quand celui-ci arriva, Faust se leva et avança, le nez légèrement froncé. Il avait pu constater que les sujets étaient vraiment divers et variés. Cela le dérangeait plus que si on leur avait apposé des œillères : cela voulait certes dire qu’il pouvait travailler sur une problématique passionnante, mais les chances de tomber sur quelque chose d’inintéressant étaient infiniment plus grandes. Lorsqu’il passa sa main au-dessus du cube, ce fut presque avec révulsion, comme si l’on venait de lui demander de toucher un cadavre de rat en décomposition. Il hésita, avant de s’emparer de la lettre. Ce fut pour éviter que l’on croie qu’il avait peur qu’il le fît et qu’il l’ouvrit. Devant le sujet qui lui avait été assigné, il plissa les yeux :

"Propensions au Bien et au Mal : sociétés communautaires ou individualistes ?"


Le garçon fronça les sourcils. Déjà, il ne comprenait pas le mot « propension ». Ensuite, il y avait le mot « société » qui lui annonçait la couleur d’un sujet socio-psychologique de bourgeois-bohème Pah-Rhizien – s’il se souvenait bien, il s’agissait d’une communauté magicienne isolée dans un quartier de Vervallée, des gens qui terminaient leurs mots ou leurs phrases par un « -hein » inutile et franchement ridicule. Ces autochtones devaient leur nom et leur « philosophie de vie » à un certain Pierre-Valentin de Pah-Rhiz, un riche couturier de la ville qui avait fini sa vie comme une sorte de gourou heureux cherchant à dévier des codes trop conformistes de la société. L’on disait qu’il s’était marié à une Ygdraë et qu’ensemble ils avaient vanté les mérites des jardins communautaires malgré l’incapacité de l’homme à maintenir une plante en vie, et du café au petit-déjeuner. La raison pour laquelle Faust avait retenu cette anecdote était un mystère à lui seul, car les histoires de Magiciens étaient loin de ses préoccupations – à la hauteur de son ennui. Confus, mais plus dépité que ravis, Faust replia la lettre, ses yeux cherchant dans la foule une issue à ce terrible travail. Evidemment, il ne trouva aucune aide, aucun soutien de qui que ce fut. C’était la merde.

L’heure d’après, il aurait oublié ce sujet pour l’enfouir sous un monticule de déni si les autres élèves n’avaient pas décidé d’en parler jusqu’à n’en plus finir. Assis au réfectoire entouré d’une flopée de Démons et de Sorciers de sa classe, Faust jouait silencieusement avec sa purée à l’aide de sa fourchette, formant des stries et des quadrillages avant de tout mélanger et de recommencer. Il écoutait ses camarades un peu malgré lui, car il aurait préféré discuter de la manière dont ils pourraient attraper un élève de l’Ivoire et le faire tomber dans les latrines du sexe opposé, ou bien qui serait le prochain à poser une punaise, pointe en l’air, sur la chaise de telle ou telle personne. Il y avait des tas d’autres sujets plus amusants que, justement, les Sujets. Alors sans prendre part, le Démon se moquait des projets plus pourraves que le sien. Cependant, il en enviait beaucoup d’autres, notamment ceux qui impliquaient de ne se déplacer que peu ou exclusivement en Enfer ou à Avalon. Il y avait par exemple « Le rapport au vice chez les Démons et les Déchus » ou « La démographie démoniaque en temps de Purge ». Il remarquait en fait que ses amis avaient des sujets plus simples et restreints que le sien. Lui ne savait pas trop où donner de la tête. Et ça, ça le rendait nerveux. Néanmoins, il tâchait de relativiser, comme le lui avait appris sa mère : si la partie « Bien » impliquait qu’il étudiasse des angelots et des péteux adorateurs de colombes, le « Mal » impliquait également tout l’inverse, ce qui était le plus intéressant. Faust espérait profiter de cette occasion pour se rendre en Enfer. Peut-être pourrait-il même aller sur les traces de son père ? Se faire des amis, dans ce qui deviendrait bientôt sa patrie ? Ou bien enfin apprendre à être un vrai Démon ? Cette partie de son travail l’exaltait, surtout depuis qu’il avait appris la définition du mot « propension ».

1380 mots
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Bijin
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Kitoe
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Kitoe
Dim 27 Juin 2021, 23:41

Blu
Le projet
Face à l’assemblée, Blu avait levé les yeux. Son regard avait été attiré par Rachel, assise un peu plus loin, qui l’encouragea d’un signe de la main. L’adolescente n’aurait pas pensé être aussi nerveuse pour ce moment. Mais maintenant qu’elle était là, debout devant ce petit cube noir, elle réalisait que ce qui allait lui être assigné la suivrait pour un bon moment. Serait-ce passionnant, ou devrait-elle trainer ce projet comme un boulet durant les prochains mois ? Que le sujet ne lui plût pas la terrifiait presque. L’idée même de projet lui était déjà difficile. Blu n’aimait pas ce qui trainait. Le fait d’avoir ce poids perpétuel sur la conscience était précisément un facteur capable de la mettre de mauvaise humeur sur de longues périodes. Cela signifiait qu’elle aurait parfois l’impression de pédaler dans la semoule en plein milieu carcéral, et c’était un sentiment que Blu ne supportait pas. Elle préférait quand c’était simple, clair, efficace. Quand ça allait vite. Au contraire, tout ce qui trainait avait tendance à l’agacer.

La Magicienne prit une inspiration, puis expira par le nez. Sa main passa au-dessus de l’artefact, et sa lettre apparut, comme elle l’avait fait pour tous les élèves passés avant elle. Le temps de l’ouvrir lui parut long. Puis quand enfin le sujet se dévoila à elle, ses épaules s’affaissèrent doucement. Elle relut deux fois le papier, pour être certaine de saisir le sens de son projet. C’était confus, elle se sentait soulagée mais pas tant que ça quand-même. Ce n’était pas ce à quoi elle s’attendait – elle n’avait pas su à quoi s’attendre – mais elle aurait pu tomber sur pire. Alors elle ne savait pas. Impassible, elle retourna à sa place.

_

-Ca va être super intéressant ! Tu te rends compte ? C’est une opportunité incroyable !

-Oui, c’est sympa.

Ca l’était, vraiment. Mais il n’y avait pas besoin d’en faire tout un foin. Un peu plus et la blonde ressemblait à une enfance de six ans tant elle trépignait. Rachel était vraiment lèche-botte avec les profs et l’éducation en général. Pas qu’elle leur posait des questions toutes les cinq secondes, ni ne donnait toutes les réponses en cours en levant tellement haut la main qu’elle s’en déboitait l’épaule, non. Rachel était cette lèche-botte silencieuse, une sorte de petit chien bien sage et fidèle à son maître. Blu aimait beaucoup Rachel ; c’était sa meilleure amie. Mais bon sang, elle était trop… trop scolaire. Modèle. Agaçante.

-T’as eu quoi toi, déjà ?

-Les courants philosophiques de l’ère de la Renaissance du Dieu Roi.

Ah, oui. Le sujet de son amie, bien que celle-ci fut ravie par la corvée qu’on lui avait imposée, lui faisait réaliser à quel point elle avait eu de la chance. Le sien ne serait pas aussi barbant, et heureusement. Il lui donnerait probablement l’opportunité de se déplacer, là où Rachel, si elle le souhaitait, pourrait se contenter de bouquins fastidieux comme elle les aimait tant. Blu, ce qui l’animait, c’était l’exploration, s’aventurer là où personne ne s’était encore aventuré, connaitre avant que qui que ce fut d’autre ne connaisse. Elle rêvait d’escapade, d’unique, d’exclusif. Pas pour faire la Une des gazettes, mais pour elle et elle seule. Elle voulait trouver des coins secrets qui deviendraient les siens, des endroits fascinants où elle trouverait de quoi s’émerveiller et se ressourcer, à l’abri des regards et des présences humaines. La Magicienne était une solitaire. Elle aimait la paix. Et même si elle n’avait pas la main verte, elle appréciait la nature. Ça la rendait calme, canalisait le surplus d’énergie qui envahissait souvent son corps. Ces moments de quiétude étaient nécessaires, autant pour elle que pour les autres, car autrement, elle devenait désagréable. Or, elle ne voulait faire de mal à personne. Elle n’était déjà pas très souriante de base, elle en avait conscience. Blu n’avait pas beaucoup d’amis parce qu’elle n’avait pas une attitude avenante. C’était dommage, parce qu’elle se trouvait cool. Ça, elle avait suffisamment confiance en elle pour l’affirmer.

-C’est l’occasion de s’intéresser à des domaines auxquels on n’aurait jamais songé autrement !

Ça, c’était sûr. « La filière florale chez les Magiciens et les Evershas : relation entre les deux races et comment le marché se structure-t-il ? », ça risquait de la faire sortir de ses sentiers battus. Blu n’avait pas une passion particulière pour les fleurs et ne connaissait les Evershas que par les cours qui en parlaient et les quelques étudiants qu’elle avait côtoyés – à savoir, très peu. Autant dire que s’il n’y avait pas eu de lien avec sa propre race, son sujet aurait été une énigme.

-Mais toi t’aime bien la philo, le domaine ne t’es pas si étranger que ça. Souligna-t-elle en guise de réplique.

-Oui, c’est sûr. Mais bon, justement : c’est l’occasion pour moi d’étudier tout ça encore plus intensément ! Et puis, je ne sais pas, imagine si je contactais des philosophes ou des historiens ? Et si je parvenais à avoir des entrevues avec eux ? Ça serait complètement fou ! Et telllllllement intéressant ! Tu imagines un peu ? Ça serait fou ! Fou !

Ses yeux brillaient d’une émotion forte et dévorante qui arracha un sourire à la brune. Même si ses préoccupations la dépassaient, elle était contente de la voir s’épanouir. La motivation sans bornes de son amie l’impressionnait. Dans l’inintérêt, elle était capable de trouver des idées géniales.

-C’est vrai !

Si avec ça, elle ne s’en sortait pas avec la meilleure note de toute l’école, Blu serait obligée de protester.

923 mots
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Bijin
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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Mer 30 Juin 2021, 17:55



Le Projet


Eméliana ne cessait de se moquer de moi. « Ça ne m’étonne pas que tu n’aies pas pu accéder à l’Obsidienne, avec ton caractère de cochon. » m’avait-elle dit, lorsque je lui avais annoncé la nouvelle. En réalité, même si elle ne voulait pas l’avouer, elle était surtout dégoûtée que j’eusse été reçue à Basphel. Elle avait parié sur mon échec. Si j’avais eu pleinement conscience de ma vie passée, j’en aurais peut-être douté aussi. La seule chose qui me restait, avec la certitude d’être une Paiberym et celle que l’Empereur Noir était mon petit-fils, c’était la sale face de pet de Mertle. Je n’attendais qu’une chose : l’occasion de venir l’enquiquiner. Je lui mettrais mon corps de rêve devant les yeux, avec ma poitrine bien ferme et mes fesses bien rebondies. Ce n’était pas comme elle, avec son corps flasque et aride. J’étais certaine que j’allais pouvoir me taper tous les étudiants de l’école pendant que tout ce qu’elle se taperait, ce serait le pot de pâte à tartiner. Heureuse, je passai mes mains sur mes seins. C’était satisfaisant d’en avoir, et pas des vieux gants de toilette comme ceux que j’avais eu par le passé. Il ne me restait plus qu’à me venger des commentaires de la Sorcière rousse, d’une manière ou d’une autre. J’envisageais déjà de verser du jus de chaussettes dans son thé. Empoisonner sa nourriture serait difficile, étant donné qu’elle ne mangeait que très rarement. Je ne comprenais pas comment ce sac d’os pouvait encore tenir debout et, surtout, ce que je ne comprenais pas, c’était qu’elle fût si heureuse dernièrement. Il y avait anguille sous roche et c’était le cas depuis la Coupe des Huit. Mon petit doigt me disait que ça avait un rapport avec ce Lucius Paiberym qui ressemblait tant à Kaahl qu’il était impossible qu’il ne l’eût pas fait lui-même. Si je ne connaissais pas tant la fille de Niklaus, je l’aurais suspectée de fricoter avec lui. Pourtant, la chose me semblait impossible tant elle avait les Magiciens en horreur. À y penser, elle avait légèrement changé de comportement avec lui. Elle ne l’avait pas regardé de haut, pas comme elle toisait les autres habituellement. Et si ? Et s’ils étaient ensemble ? Elle me l’aurait dit, non ? Pas sûr. Elle se croyait toujours meilleure que moi en tout. Peut-être préférait-elle garder ses secrets ? Il fallait que je la fisse avouer.

« Eméliana ? » « Hum ? » Elle leva les yeux de son manuel. « Ça va ? » « Oui… Pourquoi ? » « Oh je ne sais pas. Je me disais que tu redouterais peut-être de voir Érasme demain… » « Ne me confonds pas avec toi. Le Prince Érasme ne me fait ni chaud ni froid. » Je grimaçai. « Je ne suis pas son petit chien, moi. » ajouta-t-elle, avec une voix pleine de jugement. « Je ne demande qu’à être ton chien, tu sais. » répondis-je, comme pour grossir le trait. « Mais tu n’as pas le droit aux animaux de compagnie. » Elle me fusilla du regard puis, comme si elle avait changé d’avis sur la marche à suivre, elle soupira et prit un air orgueilleux. « Tu es venue pour une raison précise ou non ? Parce que si ce n’est pas le cas, je te demanderais de bien vouloir me laisser. Je dois étudier, moi. » « Hum… » Je ne trouvais pas comment aborder le sujet de Lucius maintenant. « Est-ce que je peux venir ? » « Où ça ? » « À Lagherta, pour nous entraîner à la danse avec Érasme ? » Elle sembla réfléchir. « Oui, viens si ça te fait plaisir. » Pourquoi avoir accepté si facilement ? Peut-être que la perspective de se retrouver seule avec le Sorcier ne l’emballait pas… Avait-elle peur de lui ? Ou cherchait-elle à l’éviter pour une tout autre raison ? « Vous avez déjà fait le programme ? » « Érasme voulait voir l’école où je vais aller pour visiter. Puis il a proposé qu’on s’entraîne à la valse et au tango tous les deux. Mais je pense qu’il sera heureux d’avoir deux cavalières. » Étais-je entrée malgré moi dans un plan auquel je ne comprenais rien ? « Peut-être qu’il voulait n’être qu’avec toi… » « Pourquoi serait-ce ce qu’il voudrait ? » « Il a l’air de bien t’aimer. » « Ah oui ? » Elle le savait. Elle ne pouvait pas l’ignorer. « D’ailleurs, tu ne trouve pas qu’il ressemble au Magicien qu’on a croisé à la Coupe des Huit ? » « Hum… Non. » « Quoi ? Arrête, ils sont identiques presque. » « Lucius a les yeux plus verts que bleus. » « Parce que tu te rappelles la couleur de ses yeux ? Tu l’as revu ? » « Non. » répondit-elle, brusquement, en relevant les yeux vers moi. « C’est un interrogatoire ou quoi ? Tu es allée chercher ton sujet pour le projet au moins, au lieu de me coller ? Je te rappelle que tu es la chienne d’Érasme, pas la mienne. » Je grimaçai. Elle allait boire du jus de chaussettes très vite tellement elle était agaçante. Peut-être pourrais-je même convaincre le Prince Noir de m’aider. Je me demandais ce qu’il en penserait si je lui disais que je suspectais Eméliana d’être amoureuse de Lucius. Et lui, l’aimait-il ? Nous n’avions jamais pu savoir ce qu’il s’était passé pendant l’épreuve. Érasme m’avait suivie jusqu’à l’auberge dans une humeur massacrante. Il m’avait ensuite coincée dans un coin et on s’était amusé à se serrer le poignet à deux mains et à nous brûler la peau en tournant dans un sens différent. J’avais bien plus subi que lui, au point d’en avoir les larmes aux yeux. Puis il m’avait acculée sur le lit et m’avait déshabillée pour me mordre les tétons. J’avais gardé la trace de ses dents quelques jours, au point d’avoir peur que ça restât pour la vie. Il m’avait fait mal. Il ne pensait pas encore au sexe pour lui-même. Il était plus dans une perspective de jouer au docteur et de faire souffrir son patient. « Érasme t’a déjà mordue ? » demandai-je soudainement, ayant déjà oublié sa question initiale. « Excuse-moi ? » « Non laisse tomber. » « Érasme te mord ? » demanda-t-elle. « Ça lui arrive. » Elle soupira, avec une pointe de mépris. « Si ça vous amuse de faire des choses stupides, pourquoi pas. Ça ne me regarde pas. » « Tant que tu n’es pas jalouse de ce que lui et moi faisons ensemble. » « Jalouse ? » Elle semblait outrée. « Pourquoi je serais jalouse de votre stupidité ? » « Alors ça ne te dérangerait pas s’il m’embrassait en secret ? » « … Vous êtes en couple ? Tu es au courant que vous êtes frère et sœur, au moins ? » « Il est adopté, et moi aussi. » « Oui mais légalement. » « Et alors ? Si personne ne le sait ? Peut-être même que je ferai l’amour avant toi. » Elle sembla dégoûtée puis soupira. « Tu sais quoi ? Fais ce que tu veux. Ça ne me regarde pas mais si le Grand Chaos vient à le savoir, vous risquez de passer un sale quart d’heure. »

En me dirigeant vers la grande salle, je réalisai que j’étais peut-être allée un peu loin avec cette histoire. Je voulais créer la jalousie chez elle et je n’avais vu que son mépris. J’avais raté mon coup et, en plus, si Érasme apprenait que j’avais laissé entendre à Eméliana que lui et moi étions ensemble, je risquais de passer un moment très déplaisant. Je n’aimais pas lorsqu’il se mettait en colère. Il n’était pas très fort mais il faisait beaucoup de bruit et ses gestes brusques me glaçaient d’effroi. Il était nerveux, ce qui signifiait aussi qu’il était imprévisible dès qu’il était hors de lui. « Pfff, c’est nul. » me murmurai-je à moi-même, en repensant à toute cette histoire. J’espérais au moins avoir un sujet intéressant pour le projet. Je plaçai ma main sur le cube noir et pris le parchemin.

« Poison et politique. »

Je souris. C’était toujours mieux que celui qu’avait eu Eméliana : Les rapports entre les Sorciers et les Réprouvés à l’aube de la scission entre Stenfek et Bouton d’Or. Je ne l’avais pas encore embêtée dessus mais ça ne saurait tarder. Je redoutais pourtant son courroux. Si je savais comment fonctionnait Érasme, je n’avais en revanche aucune idée de ce qu’Eméliana me ferait si je poussais le bouchon un peu trop loin.

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Mer 30 Juin 2021, 23:12


« Tu as eu quoi ?
- Et toi ?
- Tu te crois drôle, à me retourner ma question ? T’es vraiment un pauvre naze. »

Tamina fixa son frère avec agacement. Lorsqu’elle n’avait pas envie de son sang, elle le trouvait mou et idiot. C’était ce qu’elle se disait à elle-même, pour éviter d’avoir à penser à leur étrange relation. Le sang les unissait et elle avait beaucoup de mal à assumer après coup. L’envie était trop forte quand elle se présentait et elle ordonnait alors à Dimitri de s’allonger. Elle lui montait dessus et le mordait, ce qui provoquait immanquablement une réaction d’excitation chez le jeune homme. C’était ça, le problème. Elle aurait pu se passer de lui mais peut-être qu’elle aimait bien le voir comme ça, à perdre tous ses moyens. Et puis elle adorait son sang. Il était son jumeau, il était sa moitié. Elle refusait simplement qu’il la considère de cette façon en retour.

« Attends Tamina !
- Quoi ?
- Je vais te le dire.
- Je n’ai plus envie de savoir maintenant. »

Et elle tourna les talons, comme l’impératrice des garces. Le rehla la retint par la main.

« Arrête de bouder.
- Je ne boude pas, tu n’en vaux pas la peine.
- Allez, faisons la paix. Je n’aime pas quand nous sommes fâchés. Surtout pour une histoire de sujet. À qui je vais pouvoir en parler sinon ?    
- Tu n’as qu’à te faire des amis.
- Tu n’es pas gentille. »

Dimitri remonta sa main sur son bras et se plaça devant elle, provoquant quelques regards. Personne ici n’avait encore fait le lien entre les deux adolescents. Ils n’appartenaient pas au même département et n’avaient presque aucun cours en commun. Les œillades qu’on leur jeta étaient très claires.

« Ne fais pas ça. Les autres vont croire des choses…
- Ils sont bêtes s’ils croient ça.
- Arrête, c’est tout.
- Tamina, tu es ma sœur. Je peux quand même m’approcher de toi…
- Non. »

Lorsqu’ils étaient enfants, ils n’avaient jamais eu ce genre de problèmes. Ils se collaient l’un à l’autre, s’étalaient dans l’herbe et jouaient à toutes sortes de jeux. Tamina n’était pas encore une vampire à cette époque. Elle ne s’était jamais jetée sur son jumeau pour lui ponctionner du sang. Il n’avait jamais émis le moindre soupir de plaisir à cause d’elle. C’était une relation différente et bien plus innocente. La transformation de la jeune fille avait tout compliqué, parce qu’elle avait développé une véritable addiction à son frère, et lui une par rapport à sa sœur.

« Tu as l’embarras du choix ici. Il y a plein d’étudiants avec qui tu pourrais être ami.
- Mais je veux être ami avec toi !
- Pas moi, laisse-moi ! »

Tamina vivait mal la situation. Rosalyn avait voulu la préserver des tensions entre les evershas et les vampires. Conclusion : les deux adolescents avaient atterri à Basphel. Avant, la jeune fille pouvait rester enfermée chez elle la plupart du temps. Elle allait en cours et rentrait dès que c’était fini. Ici, elle ne pouvait pas car elle dormait sur place. L’internat était un véritable calvaire pour elle, même si son cycle était respecté, ce qui faisait qu’elle ne voyait presque plus Dimitri : ses cours se déroulaient majoritairement la nuit.

« Tamina… Tu n’es pas contente parce qu’on ne se voit plus ?
- Absolument pas !
- Je vais essayer de prendre quelques cours de nuit pour le prochain semestre…
- Pfff. »

Ce n’était pas ça. Ce qui l’agaçait c’est que les autres filles n’arrêtaient pas de parler de relations amoureuses. Elle, elle n’y avait pas le droit, parce qu’elle était une vampire. Au lieu de ça, elle mordait son frère et c’était son seul plaisir. Elle culpabilisait de le mordre comme d’autres filles de son âge culpabilisaient après s’être masturbées ou avoir embrassé un garçon à l’ombre d’un couloir ou d’une bibliothèque. Elle trouvait ça injuste. Elle aurait préféré ne pas accepter le baiser de Rosalyn. L’écart entre elle et les autres était trop important. Ils ne vivaient pas dans le même monde. Dimitri non plus. Il faisait partie des autres. Elle en était attristée et en colère, comme si elle n’avait pas fait le deuil de son ancienne normalité.

Elle finit par soupirer bruyamment et s’assit en haut des marches d’un escalier. Dimitri l’imita mais resta silencieux. Il ne savait plus quoi lui dire, bien conscient du fossé qu’elle se plaisait à mettre entre eux. Il avait un peu honte, parfois, de ressentir du plaisir avec elle mais il pouvait vivre avec, comme si c’était une fatalité. Elle l’acceptait plus difficilement. Il ne pouvait rien y faire.

« Vas-y, donne-moi ton sujet. »

Dimitri sortit de son sac un carnet. Il avait recopié avec soin le sujet, en se disant qu’il se servirait du cahier pour prendre toutes ses notes sur la question. Il espérait qu’à la fin, toutes les pages seraient remplies et qu’il pourrait, plusieurs années après, les relire en se rappelant de bons souvenirs.

« C’est… Mythes sur les étoiles.
- Mythes sur les étoiles ? Tu dois être content, toi qui passes tant de temps les yeux rivés vers le ciel à contempler la voûte.
- Assez oui. Je pense que je vais pouvoir approfondir la question sans me forcer. C’est vraiment passionnant je trouve. Et… J’aimerais beaucoup te raconter ce que je trouverai. En plus, ce sujet pourrait me permettre d’avoir un cycle plus nocturne, comme avant. Pour rester avec toi. »

Il y eut un silence entre eux.

« Tamina… J’ai vraiment envie d’être avec toi. Je vais mal quand on se dispute. Je m’en fiche des autres. Tout ce qui compte pour moi, c’est toi. Tu es ma jumelle, je ne veux pas que ta transformation mette un mur entre nous. Et tant pis si tes morsures me sont plus agréables que la moyenne. Je me dis que c’est bien. Ce serait plus compliqué si ça me faisait souffrir. Là, je peux être là pour toi et te nourrir. C’est vraiment agréable pour moi de t’aider comme je peux.
- Ce que tu peux être bête parfois… »

Elle l’avait soufflé d’une petite voix, embarrassée. Elle était heureuse qu’il lui dise ça, même si elle doutait que ses gémissements de plaisir soient très normaux dans leur cas. Il avait sans doute raison. C’était mieux qu’il en ressente du plaisir que de la douleur. Qu’aurait-elle fait si elle lui avait fait mal à chaque fois ? Aurait-elle continué à le boire ?

« Et toi, c’est quoi ton sujet ? »

Elle fouilla dans son sac de cours et ouvrit un cahier similaire au sien. Elle l’avait acheté dans la boutique de l’école. Ils n’en avaient pas parlé mais ils avaient eu la même idée.

« C’est… Attends que je le retrouve. Je n’ai pas envie de te dire n’importe quoi.
- Ne t’inquiète pas, je peux attendre. Je peux rester encore une heure avec toi environ avant mon prochain cours. D’ailleurs, tu penses rejoindre une association ?
- Je ne sais pas si j’aurais le temps.
- On pourrait en chercher une qui nous conviendrait à nous deux ?
- Dimitri…
- Oui ?
- Tu n’as pas peur qu’on nous juge, à rester toujours ensemble ?
- Non. Au début j’avais honte de… Enfin tu sais… Mais maintenant ça va mieux. J’ai juste peur pour toi, que tu ailles mal et qu’on s’éloigne. Tant que je resterai avec toi, j’irai bien. J’en suis sûr. Je ne sais même pas comment te l’expliquer. Tu es tout pour moi et je ne veux pas le cacher.
- Vraiment ?
- Oui. »

Ils se regardèrent tous les deux. S’ils arrêtaient de refouler et de se torturer, aucun d’eux ne savait ce qu’il adviendrait. Elle aurait aimé qu’il ne soit pas son frère. Il aurait aimé pouvoir agir comme il venait de lui assurer. Il savait cependant qu’il ressentait de la culpabilité lorsqu’elle l’excitait. Ils avaient grandi ensemble. Il ne pouvait pas ressentir une attirance si forte pour elle. Heureusement, les vampires n’étaient pas soumis au combat des hormones de ce type. Tout ce qu’ils pouvaient faire consistait en cet échange : elle buvait son sang et lui jouissait des conséquences de la morsure.

« Mon sujet c’est : pratiques et effets des baisers vampiriques.
- Peut-être que ça te rapprochera des tiens ?
- Ils ne sont pas… Peu importe. »

Elle se releva et lui tendit la main. Il la prit. Peut-être qu’elle pourrait passer outre le regard des autres ? Elle en doutait et elle avait sans doute raison.

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