La surprise d'Auryane
Nymeria

Dreaming - Koste ft flowerkid

« Est ce que tu aurais vu ma culotte ? » demanda la Déchue en se penchant pour regarder par dessous la commode. Nymeria, qui était occupée à rapiécer sa tenue de travail, releva les yeux de son labeur pour observer sa camarade. « Laquelle ? » demanda-t-elle. « La bleue marine, avec de la dentelle ! Tu sais, celle que le Baron Vernuy adore. » La Luxurieuse avait la fâcheuse manie de charmer certains visiteurs du château. Les bienheureux semblaient en avoir pour leur compte puisqu'elle avait réussi à monter un carnet de clients réguliers. « Non, je ne l'ai pas vu. » informa la plus timide en retournant à son ouvrage. Elle avait déchiré sa jupe, la veille, en s'accrochant à un bout de ferraille dépassant d'un pan de mur : dans sa précipitation, elle avait continué à avancer sans se rendre compte des dommages qu'elle créait. Ce n'était que plus tard dans la journée qu'Elyanna lui avait fait remarquer le trou dans son jupon - heureusement, les multiples couches de tissu empêchaient que ce désagrément ne révèle quoi que ce soit d'indécent. Ça n'avait pas empêché la domestique de se sentir mourir de honte : après s'être remise de sa surprise et de la terrible impression que tout le monde pouvait voir au travers de ses vêtements, elle avait couru jusqu'au couloir afin de se changer, la bouille cramoisie par l'embarras. Elle n'avait toujours pas eu le temps de réparer le vêtement et profitait d'un instant de répit dans ses tâches quotidiennes pour s'en occuper - il était important, dans son métier, de toujours disposer de tenues de rechange, cet incident en était la preuve. Elle s'était donc posée sur sa couchette, équipée de son seul doigt : grâce à sa magie, elle n'avait pas besoin de s'encombrer d'une aiguille ou de fil ; la Valse Créatrice lui permettait de ressouder ensemble les deux côtés de l'accroc. « Il faut absolument que je la retrouve. » se lamenta la blonde tout en se jetant sur le lit, sur le peu de place qu'il restait à la Vaughan. Cette dernière fronça les sourcils sous la concentration : son amie l'avait fait bouger et elle avait fait un mauvais geste. « Pourquoi est-ce si important ? N'aime-t-il pas toute ta lingerie ? » demanda-t-elle. « Si, bien évidemment : je n'ai que des pièces de collection ! Mais c'est la dernière fois que l'on se voit alors j'aurais aimé lui laisser un souvenir particulièrement plaisant, tu vois ? » « Pourquoi serait-ce la dernière fois ? » « Tu n'as pas entendu la nouvelle ? Il va se marier ! Et tu sais comment je suis : je ne veux pas de souci avec ces dames et ces messieurs jaloux. Une fois que l'on a la bague au doigt, je prends la porte ! » L'ailée soupira, rêveuse. « C'est bien dommage... Je dois reconnaître qu'on passait de sacrément bons moments ensemble... Bon allé, faut que je la retrouve ! » Aussi vite qu'elle était apparut, Elyanna fila de la chambrée qu'elles partageaient. Nymeria, un sourire aux lèvres, secoua lentement la tête. Elle enviait la spontanéité et l'assurance avec laquelle son amie évoquait ses conquêtes.

Quelques minutes plus tard, la brunette se remit sur ses pieds, tendant sa tenue devant elle pour l'inspecter d'un œil critique. Elle était presque comme neuf ! Satisfaite, la magicienne entreprit de la plier pour la ranger. Tandis qu'elle s'y employait, elle sentit quelque chose dans ses cheveux. Surprise, elle se tourna par dessus son épaule pour voir qui s'amusait à la déranger. Comme elle ne vit personne, elle fronça les sourcils puis passa une main dans sa tignasse bouclée. Ça avait peut-être été un simple courant d'air. Oui. Ou bien quelqu'un d'invisible... Et si quelqu'un était là, en train de l'épier à son insu ? L'idée lui fit monter le rouge aux joues. C'était indécent et, pourtant, il y avait quelque chose qui n'était pas pour lui déplaire dans ce scénario... Embarrassée par ses propres pensées, elle se racla la gorge et secoua la tête pour retrouver ses esprits. Elle divaguait. Ce n'était jamais bon, lorsqu'elle divaguait. Surtout sur ce genre de sujet.

La tenue rangée, la domestique se plaça devant le petit miroir posé sur la commode - il permettait tout juste d'observer son visage. C'était davantage un réflexe qu'une nécessité : avec des mains expertes, elle rassembla ses cheveux et entrepris de les nouer dans un chignon serré, ramenant toutes les mèches vagabondes à l'aides d'épingles à cheveux. Là, Nymeria sentit de nouveau des mains se poser sur ses épaules. Surprise, la jeune femme arrêta son geste, observant la glace pour essayer de percevoir qui se tenait derrière elle. Personne. Personne de visible, en tout cas. La gorge nouée, elle porta une main tremblante jusqu'à celle qui s'était posée à la base de son cou... Ses doigts se refermèrent sur le tissu de son tablier blanc. Rien : il n'y avait absolument rien sur son épaule, ni main ni quoi que ce soit d'autre. Pourtant... Elle sentait bien la grippe délicate de quelqu'un sur elle. Les mains glissèrent alors de ses épaules, le long de ses bras, lui coupant la respiration, lui faisant écarquiller les yeux : elle n'osait plus esquisser le moindre geste, autant pétrifiée par la stupeur que par la curiosité. Une ceinture invisible Quelque chose de chaud se colla à sa joue, lui chatouilla l'oreille, faisant dévaler des frissons sur son épiderme. « Qui est là ? » murmura-t-elle d'une voix à peine audible. La jeune femme n'obtint aucune réponse, si ce n'était la sensation d'un baiser sur sa cicatrice.

Nymeria trembla. La gorge nouée, elle porta sa main sous son œil. Elle resta figée un instant, bouleversée, ne comprenant pas ce qui lui arrivait.

Finalement, tout s'évapora : l'étreinte, la tête sur son épaule, le souffle sur sa joue. Comme une délivrance, la domestique retrouva son souffle et ses esprits. Il ne lui fallut que quelques secondes pour trouver une explication rationnelle à toute cette scène : « Elyanna ! Arrête de jouer avec mes sens ! » gronda-t-elle en fonçant dans le couloir, à la poursuite de sa tourmenteuse.