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 Le point de rupture

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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

Æther des Bergers et des Wëltpuffs
◈ Parchemins usagés : 3537
◈ YinYanisé(e) le : 20/07/2013
Eerah
Dim 06 Déc 2020, 01:13



« Je suis allé visiter ton village, tu sais. Quand je suis arrivé, la nuit était déjà tombée. Vous aviez allumé les lampes à huiles de vos maisons, et la place était éclairée par un lampadaire. Je n’ai vu ni bêtes, ni enclos. Il y avait des hommes dans la rue : ils y marchaient comme s’il possédaient les murs, les pavés, la terre en dessous et le ciel par-dessus le marché. J’en ai vu crier, attirer l’attention de jeunes femmes à peine pubères, les insulter après avoir été ignorés. En passant devant une maison, j’ai vu l’une de vos mères, ignorer ses enfants pendant qu’ils se battaient, hurlaient à s’en arracher les cordes vocales, leurs visages dégoûtants rendus exubérant, rouges et enflés, les yeux écarquillés ; elle regardait dans le vide, comme s’ils allaient s’éduquer seuls. »

Khor a le menton posé dans les mains, et son visage est éclairé par les flammes. Ses yeux noirs sont soulignés de profonds cernes, et aucun sourire n’agite la commissure de ses lèvres. Ses cheveux tombent lourdement sur ses épaules et devant lui ; d’un claquement de langue agacé, il les jette dans son dos, où ils se mettent à flotter doucement, indépendamment du vent qui s’est levé pour attiser les braises. Il ouvre péniblement la bouche pour continuer à parler, en soupirant :

« J’ai décidé de rester un peu après ça. J’ai pris une apparence quelconque, l’un de mes alter ego les plus ennuyants. C’est la partie la plus amusante de mon travail, et même ça, vous avez réussi à me le gâcher. Bref ; je suis né parmi les vôtres, j’ai été frappé par mes parents, ignorés par eux dans les moments difficiles. J’ai été moqué par mes camarades, par les adultes dans vos rues, par ma propre famille. Chaque fois que j’ai eu la moindre interaction avec qui que ce soit, le même résultat. Du sarcasme, de l’ironie, des piques, des répliques mesquines, des attaques personnelles gratuites, mais selon tous, c’est de l’humour ! De l’humour. Qu’est-ce qui vous… Pourquoi ? Ce serait trop vous demander d’abandonner le cynisme ? Vous en seriez vraiment diminués ? Regarde-moi. »

Il se tourne vers l’homme immobilisé à ses côtés, la tête à moitié enfoncée dans la boue. Son regard effaré pivote malgré lui des maisons en flammes jusqu’au dieu qui l’observe avec un mépris détaché.

« Tu ne mérite pas de les regarder mourir de toute façon. Tu n’en avais rien à faire quand ils étaient en vie, ça ne changera pas s’ils se mettent à brûler. »

L’intéressé ne peut pas répondre, ni faire quoi que ce soit, il est immobilisé dans la même position grotesque dont il a été tiré pendant son sommeil, quelques minutes avant que la fournaise ne commence à dévorer l’endroit. L’Æther des Bergers vibre de quelque chose qui lui a fait défaut depuis longtemps : une haine vorace, brusque et sauvage. Il essaye de se raisonner mais le moindre fil de pensée qui se raccroche à cette civilisation de dégénérés provoque en lui une pulsion de colère qu’il ne peut maitriser. Il veut juste leur faire du mal, rétablir l’équilibre. Il reprend son histoire avec une passion froide :

« Je devrais essayer de t’expliquer, de faire une métaphore ; le berger, moi, et vous, les loups, mais vous n’avez rien d’une bande de loup. Les loups chassent pour manger. Vous, vous êtes simplement mauvais, là. » et il posa son poing sur sa poitrine, comme pour y désigner le cœur qui n’y battait pas. « Vous pourriez juste être un peu plus intéressé par le bien-être des gens autour de vous. Vous pourriez juste ESSAYER de penser un instant au mal que vous pouvez faire à quelqu’un d’autre. Mais non. Alors tant pis. Je ne peux pas vous expliquer, je ne peux pas vous apprendre quoi que ce soit. Donc je vais juste vous supprimer. »

Il lève à peine la main et un coup de vent propage le feu vers la taverne, où les premiers fut d’alcool ne mettent pas longtemps à s’enflammer. Une explosion projette le verre d’une vitrine à travers la place, et deux fuyards s’effondrent, criblés d’éclats.

« Imagine tous ceux qui voudraient faire comme moi, mais qui n’en ont pas le pouvoir. Tu dois comprendre ça, non ? Se sentir impuissant, incapable de faire quoi que ce soit face à une force oppressante et cruelle ? Ça ne te dit rien, vraiment ? »

Les doigts caleux de Khor s’agitent, et la tête de l’homme pivote lentement dans la boue. Le dieu des Bergers atteint son point de rupture.

« Vous me dégoûtez, vous m’ulcérez, tous. Vous auriez pu guider vos jeunes, vous auriez pu être intelligents. Pourquoi tu n’es pas intelligent ? »

Il s’accroupit, les poings serrés.

« Pourquoi est-ce que tu ne pouvais pas être intelligent ? »

Le corps de l’homme convulse alors qu’il inspire de la boue.

« POURQUOI. N’ES. TU. PAS. INTELLIGENT ? »

Khor attrape ses cheveux et enfonce sa tête, encore.

« Des crétins. »

Il se jette sur le village, le visage tordu de rage.

« DES IDIOTS. »

Une bâtisse s’écrase sur elle-même, et une autre ; les briques s’attirent les unes les autres et se brisent, emportant tout sur leur passage, chair et bois. Les bras grands ouverts, le Dieu exulte. Les pavés s’arrachent à la terre, les tuiles filent vers la place, où commence à s’agréger une sphère de pure gravité. Un homme vole à côté de lui en hurlant, et il est plaqué contre le trou noir, avant de disparaitre dans un bruit d’os qui craque, de chair qui se rompt. Femmes, enfants, vieillards, ils s’y précipitent tous, indifféremment, et le son est terrible. Khor se tient là, il retrouve lentement son calme, pendant que les derniers meurent.

Il se tient là, au bord d’un cercle de terre retournée, où se trouvait auparavant un village. Une petite bille de terre cuite trône, seule, au milieu. Il flotte doucement, et la ramasse. Dans sa main, elle pèse lourd. Il l’écrase.

« Tous des crétins. »


Le point de rupture GqzDWY

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Le point de rupture

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