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 [Q] Nos destins liés au sien

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Sól
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Sól
Ven 25 Sep 2020, 22:28


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Nos destins liés au sien


Intrigue; Bellone étudie pour intégrer l'université d'architecture

Bellone fronça les sourcils en relisant ce qu’elle venait de marquer. Pensive, elle tapota la pointe de sa plume sur le parchemin. « Mmh. » Quelque chose n’allait pas. Le résultat n’était pas celui qu’elle était supposée obtenir et malgré ses vérifications, elle ne parvenait pas à trouver la source de l’erreur. De frustration, elle ratura ses formules de calculs puis soupira, lasse, tout en se renfonçant dans sa chaise. Elle pencha la tête en arrière et se mit à observer le plafond. Le motif lisse, uniforme, sans tâches ni irrégularité sembla l’apaiser légèrement. Elle se perdit dans sa contemplation pendant quelques secondes, qui s’étirèrent en minutes, ses pensées divagant. Elle se sentait épuisée : si ce n’était pas dû à sa condition physique – une première, pour elle – elle avait constaté avec étonnement que les heures à étudier se révélaient tout aussi éreintantes que les cours de danse de la Muse Terpsichore. Une fois encore, elle se retrouvait submergée par la quantité de travail à fournir pour atteindre la perfection attendue par les Alfars. Intégrer l’une de leur Université serait plus difficile encore que ce qu’elle avait imaginé. Si elle possédait quelques facilités dans les domaines des Arts et du Beau grâce à l’éducation qu’elle avait suivie à Maëlith, elle était de toute évidence en retard sur beaucoup d’autres sujets qu’elle avait suivi avec bien moins d’assiduité à la cité des Arts, tels que les sciences. Même là où elle aurait dû éprouver quelques avantages, l’élitisme de ce peuple d’accueil révélait des lacunes fatales. La jolie Fleur devait donc redoubler d’effort pour rattraper son retard sur les sujets qu’elle appréhendait pour la première fois, et pour se remettre à niveau sur ce qu’elle aurait déjà dû maîtriser à la perfection. Le tout était encore plus ardu puisque les leçons étaient presque exclusivement en Llandreri : elle devait donc maîtriser ce dialecte sur le bout des ongles afin de capter les subtilités expliquées. Ses journées ne tournaient désormais plus qu’autour de cela : ses études. Le matin, elle s’accordait une demi-heure pour se préparer puis elle plongeait le nez dans les manuels, les livres et les exercices. Tout ceci était particulièrement étrange pour la demoiselle. A Maëlith, la partie pratique était beaucoup plus vivante que de recopier des lignes et des lignes de formules pratiquement incompréhensibles par le commun des mortels. Là-bas, il s’agissait davantage de s’emparer de son instrument et de laisser son âme parler au travers des notes ; de travailler son aisance à l’oral en posant des énigmes au reste de sa classe ou en récitant quelques poèmes ; en travaillant son corps en performant une danse chorégraphiée au millimètre près. Mais ici, elle restait verrouillée à sa chaise, sans relever le nez des démonstrations de mathématiques et de physiques, de biologie et de philosophie. Du moins, c’est ce qu’il lui semblait. Peu à peu, la routine s’implantait et, avec elle, l’exercice devenait de plus en plus naturel, moins difficile. Ça ne devenait pas une partie de plaisir pour autant : dès qu’elle relâchait sa concentration, l’Orine prenait conscience de toutes les activités auxquelles elle aurait pu prendre place, dehors. La nature désenchanteresse de Drosera semblait l’appeler, la faire vibrer. Chaque seconde où elle n’en profitait pas semblait être un outrage à la conscience de la fille de Dame Nature.

La brune soupira à nouveau. Elle en avait assez. Elle ne parvenait plus à réfléchir convenablement : si elle restait coincée ainsi trop longtemps, à s’entêter sur ses exercices sans réussir à se débloquer, elle n’avancerait jamais. Mieux valait s’accorder une courte pause pour se changer les idées, s’aérer l’esprit, puis revenir une fois qu’elle serait revigorée. Bellone se redressa puis retourna le petit sablier posé sur le coin de son bureau. La poudre noire s’écoula, avec un peu trop d’empressement et de limpidité au goût de la jeune femme. Cette dernière grimaça en rejoignant la porte de sa chambre – son corps était engourdi à force de ne pas avoir bougé de la matinée.

L’Orine flâna aussi discrètement que possible dans les couloirs de la maison. Elle admirait les tableaux qu’elle avait déjà longuement analysé après les commentaires d’Ailill ; se demandant si ces toiles étaient de sa création ou si elle avait décidé d’acquérir les œuvres d’autres peintres pour décorer son intérieur. Était-ce une marque d’arrogance, de décider d’user de ses propres créations ? Une preuve de faiblesse d’afficher le travail d’autrui ? Ici, tout avait toujours une signification, les moindres faits et gestes étaient épiés et la plus petite des décisions pouvait prendre des proportions énormes : il ne fallait rien laisser au hasard, tout calculer, préparer. L’ingénue s’en rendait compte, petit à petit, en côtoyant les habitants de la Majestueuse. Elle-même devait apprendre à devenir plus vigilante, à réfréner sa spontanéité et à cacher ses émotions – elle continuait à s’entrainer et à faire des efforts, mais tant que cela ne deviendrait pas naturel, un réflexe inconscient, elle ne saurait être satisfaite. Tant qu’elle restait enfermée dans cette sublime prison, où ses seuls cohabitants étaient les membres de la famille Arcesi et quelques visites encadrées par la mère de famille, les risques encourus étaient tous relatifs. Mais dehors, le danger était bien réel. Si elle ne travaillait pas son caractère, les autres ne feraient qu’une bouchée d’elle, comme l’avait si bien souligné Ailill durant leurs entretiens. Ils se jetteraient sur elle et la déchiquèteraient en milliers de petits morceaux, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’elle. L’image lui donnait des frissons d’horreur, mais davantage parce qu’elle ne voulait pas causer un sort similaire à celui qu’elle servait désormais. Elle aimait pouvoir se soucier de l’adolescent : cela lui donnait l’impression d’avoir un but à atteindre, de lui donner une source de motivation inépuisable. Dès que sa volonté flanchait, il lui suffisait de penser au Sarethi pour parvenir à retrouver l’envie de s’investir – si l’on omettait, peut-être, l’idée d’étudier plusieurs heures consécutives sans se reposer.

« Tu n’es pas sensée étudier ? » demanda soudainement une voix dans le dos de la jeune fille. Celle-ci se retourna précipitamment, comme si elle avait été prise sur le fait, en train de commettre une bêtise. C’était idiot, mais elle n’avait pu s’en empêcher. Un sourire se dessina sur les lèvres de l’accusée : l’homme s’était adressé à elle en Llandreri, mais elle avait compris ce qu’il lui avait dit. Ce simple fait suffisait à la satisfaire. Pour le moment en tout cas. « Si. » Elle croisa les mains dans son dos puis s’approcha de son interlocuteur. « Et c’est ce que j’ai fait depuis ce matin. » informa-t-elle dans le même dialecte. « Et toi, n’étais-tu pas censé aller chez l’apothicaire ? » L’Hère se fendit de ce qui était sans doute, chez lui, une grimace agacée. Il n’aimait pas donner des comptes à qui que ce soit d’autre que le garçon qu’il servait. « Si. J’y suis allé. » répondit-il sur le même ton que la brune. Celle-ci s’était mise à sourire d’autant plus. Elle appréciait son acolyte, même si elle n’était pas certaine que la réciproque soit vraie. Parfois, elle avait l’impression que leur relation se contentait d’être cordiale, s’en tenant au strict minimum pour ne pas paraitre rude et devenir désagréable pour leur entourage ; d’autres fois au contraire, il lui semblait qu’ils devenaient de véritables confidents l’un pour l’autre. C’était parfois un peu déstabilisant, de ne jamais savoir sur quel pied danser. Elle n’était sans doute pas étrangère à ce manque de stabilité, puisque ses études mettaient ses nerfs à rude épreuve et qu’elle traitait parfois le Mur avec sécheresse. Elle savait néanmoins qu’il était un allier de choix : elle comme lui travaillaient pour servir le même individu. Leur objectif était commun, ils n’avaient aucune raison de se méfier l’un de l’autre. Au contraire, ils apprenaient peu à peu à s’épauler mutuellement. Puisque la réussite de l’un bénéficiait à Jämiel, il était dans leur intérêt de veiller à ce que l’autre réussisse aussi ses tâches. Sans doute était-ce pour cela qu’Owen avait rappelé ses devoirs à la fugueuse. Elle, en revanche, n’avait répliqué que pour changer de sujet et qu’il la laissa tranquille. Puisqu’elle avait répondu dans un Llandreri convenable, il ne l’avait pas renvoyé directement dans ses appartements.

« Tu sais, je pense que l’on a beaucoup en commun. » déclara la fille de Maëlith tandis qu’ils se remettaient en marche. Ils se dirigeaient vers les cuisines. « Ah oui. Quoi donc ? » demanda la voix rauque du Mur. A son ton, on aurait pu penser qu’il n’était absolument pas intéressé par le sujet de discussion. Peut-être ne l’était-il pas du tout. Peut-être était-ce simplement son timbre monocorde qui laissait peu de place à l’expressivité. Bellone s’en soucia peu et continua. « Eh bien, pour commencer, nous sommes tous les deux venus de loin pour servir Jämiel. Ou plutôt, nous sommes tous les deux des étrangers à son service. » rectifia la demoiselle. Elle n’avait pas la moindre idée de l’endroit d’où venait Owen. « Et nous avons tous les deux fais le choix de nous lier à lui plutôt que d’aller au service d’un autre… C’est quand même un sacré hasard, tu ne trouves pas ? Les Orines ne courent pas les rues. Les Murs non plus, même si l’on en voit davantage… Et pourtant, nous voilà sous le même toit, à nous soucier du même individu… » La jeune fille souriait encore. Parler de son Maître la mettait toujours de bonne humeur. « Pourquoi l’avoir choisi lui, plutôt qu’un autre d’ailleurs ? Il y a beaucoup d’Alfars qui t’auraient permis une élévation plus rapide. » demanda-t-elle, curieuse. Les jeunes Sarethi stagnaient longtemps au rang le plus bas de leur race, puisqu’ils ne pouvaient pas s’élever avant d’avoir terminé leur cursus scolaire : ce simple fait signifiait que le Mur serait coincé à ce même rang jusqu’à ce que Jämiel s’émancipe. Le Mur sembla ignorer la question pendant plusieurs secondes avant de soupirer. « Je peux te retourner la question. Tu aurais pu arriver dans les bras d’un noble, qui avait tout à part une Orine. A la place, tu as préféré te lier à Jämiel. » Bellone fit la moue, boudeuse. « Moi, c’était le destin. » protesta-t-elle du bout des doigts. « Dans ce cas, considère simplement qu’il s’agissait également de mon destin. » La brune leva les yeux au ciel mais ne chercha pas de réponse supplémentaire.

Le duo passa devant une vitre. La Sœrei capta leur reflet du coin de l'œil. Ils formaient une paire détonante : elle, créée pour paraître belle et sublime et lui, à peine humain, aurait repoussé tout être sain. Pourtant, dans cette cité, sa laideur ne semblait pas dénoter. Au contraire, il semblait simplement à sa place, se fondant dans la beauté monstrueuse de la Majestueuse. Bellone n'était pas effrayée non plus par son apparence disgracieuse. Owen n'avait pas encore la capacité de dissimuler sa véritable forme : il paraissait sans artifice. Vrai, dans ce monde d'illusions et de mensonges. Étrangement, il y avait quelque chose d'apaisant, de rassurant à se trouver aux côtés de quelqu'un qui ne cherchait pas à cacher sa véritable nature. Même si elle révélait quelque chose de monstrueux, la voir à l'œil nu sans avoir à gratter sous les couches de vernis rassurait l'étrangère.

Owen entra dans la cuisine, suivit de l'étudiante. Il lui offrit un fruit - une sorte de pomme juteuse à la peau pourpre et à la chaire bordeaux, dont le goût sucrée rappelai les baies - ainsi qu'une assiette de biscuits secs puis lui fit un signe de tête. « Tu t'es promenée, tu as de quoi refaire ta réserve d'énergie. Maintenant, retourne étudier. » L'élève soupira en levant les yeux.

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