Invité Invité | Dim 26 Juil 2020, 21:26 | |
| Les ténèbres voilaient le ciel de minuscules points blancs, annonçant sans prétention à ses habitants que la nuit prenait le relais. Certains profitèrent de son arrivée pour dormir, et d’autres comme Deccio éprouvèrent surtout le besoin d’aller uriner sur les toits. C’est pourquoi il se tenait au sommet d’un des bâtiments de Merhonean, la queue sortie pour répandre son pipi en contrebas. Il ne se préoccupait nullement de la présence ou non de passants aventureux, de toute façon très rare à cette heure de la journée. Ce sentiment de liberté l’aidait à réfléchir, à débattre avec ses propres Démons sur une philosophie datée. Il aimait particulièrement les hauteurs pour ça. D’ici, il avait l’impression d’avoir un regard plus juste sur ce qui l’entourait, à l’instar de cette jeune femme plus loin, qui échangeait sa salive aux bras d’un homme. Les tourtereaux venaient souvent dans cette partie de la ville, et c’est à moitié réveillé qu’il s’interrogeait sur la luxure. Combien de temps et de magie lui faudrait-il pour les conditionner au vice ? S’ils se sautaient dessus, s’arrachaient mutuellement les vêtements et baisaient avec ferveur en grondant leur plaisir, est-ce que cela serait suffisant pour les faire tomber dans la damnation ? Le Détective aimait s’attacher à ce genre de détails, toujours volontaire lorsqu’il s’agissait de repérer la faille et de l’exploiter de par des actes délictueux Mais bon, cette fantaisie ne concernait pas exclusivement le sexe. Il se questionnait tout autant sur l’homme en coin de rue empreint à la colère qu’à la sensibilité d’un jaloux maladif. Il y avait tant d’éléments sur lesquels les siens pouvaient influer que ça en était fascinant.
Après avoir soulagé sa vessie, le Démon chenapan sauta du toit pour reconquérir le sol. Les mains dans les poches, il leva la tête en l’air, observant avec émerveillement les étoiles. Métaphoriquement, le Saraṇi aussi n’était qu’un astre parmi les autres. Il lui était impossible de les différencier de par leurs similitudes trop flagrantes, mais peu importe jusqu’où ses pupilles se perdaient, il tombait toujours sur le règne de la lune. Sa taille, sa forme, la lueur qu’elle émettait, rien n’était plus captivant que cette dernière. De là à trouver une analogie entre le Roi et ses sujets, il n’y avait qu’un pas. Évidemment, le prince du crime portait déjà son attention aux confins de ses convoitises, impatient de tenir dans le creux de sa main les objectifs qu’il aurait accomplis. On pouvait le qualifier de rêveur ou bien d’optimiste, lui préférait le terme d’arriviste. Quand bien même on le fustigerait de trop prétentieux, Deccio balayerait toute critique d’un revers pour s’en servir dans son ascension. C’est ainsi qu’il était fait ; excessif oui, mais surtout expressif. Quoiqu’il en soit, le Malin entama sa virée nocturne au travers de la cité. Il n’avait aucun but particulier, sinon de participer à son cadre intimiste, et pourquoi pas de trouver une ou deux victimes à se mettre sous la dent. Comme tout bon prédateur, la chasse en pleine nuit offrait son lot de récompenses.
Et c’est justement l’une d’entre elles qui se dressa sur son chemin en le heurtant brusquement au détour d’une ruelle. « Oh ! Pardon, excusez-moi ! J’étais perdu dans mes pensées et… tenez, pour me faire pardonner. » Ce jeune homme – plutôt beau gosse et doté d’un costume qui ne laissait pas l’ombre d’un doute sur sa fortune – prit la main du blondinet, ouvrit ses doigts et déposa une bourse dans sa paume. Les veines apparentes sur ses tempes, le Démon n’appréciait guère cette attitude racée, comme si tout pouvait se régler par le cours de l’argent. Hébétés par cette facilité avec laquelle il lui filait entre les griffes, les vaisseaux sanguins se manifestèrent dans la sclérotique du Malfaisant. Pouvoir espérer s’échapper à si bon compte, ça correspondait bien à la crédulité des Nobles. Il n’y avait aucune chance pour laisser couler ça, y compris dans ses meilleurs jours. Prenant l’Impertinent en filature, le Vil dégagea lentement sa main de sa poche, un poignard fermement tenu se dévoilant progressivement. Il passerait à l’acte au moment opportun, dès lors qu’ils entreraient dans un coin reculé, à l’abri de regards indiscrets. Quand ce moment se présenta, l’homme se retourna affolé, réalisant sa présence. Deccio surgit sur lui afin d’intercepter tout appel à l’aide, son arme serrée contre sa gorge. « Fallait pas me chier dans les bottes, Bernard. C’est bien comme ça que tu t’intitules, hein ? » Et tandis qu’il s’apprêtait à lui enfoncer la lame dans le ventre, l’apparition d’un animal divin lui fit cesser toute action délétère. Ce renard, il devait absolument le suivre avant qu’il ne soit trop tard. Renonçant à son intention de meurtre, il laissa l’homme en état de choc derrière lui. Il finirait bien par rentrer chez lui et oublier ce à quoi il avait réchappé. 805 mots |
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Astriid ~ Ygdraë ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2604 ◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020 ◈ Activité : Empoisonneuse | Ven 31 Juil 2020, 23:06 | |
| Un tueur peut en cacher un autre
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