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 Rê et le Taïjymir | Dasäalm

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Mer 05 Fév 2020, 21:37

Rê et le Taïjymirft. Dasäalm

Il avait perdu toute forme d’entrain. Il était même en train de se demander si sa bière voulait vraiment de lui. Ses copines avaient été plus gentilles avec lui. Celle-là, il n’arrivait pas à en boire plus de la moitié. C’était cruel, le monde était cruel. Qu’est-ce qu’il était supposé faire contre ça ? Est-ce qu’il était simplement supposé faire quelque chose ? Ces questions restaient sans réponse dans sa tête et l’alcool, malheureusement, ne l’aidait pas plus à y répondre. Ce n’était pas faute d’avoir essayé, Rê pouvait se montrer très imaginatif quand il voulait. Peut-être qu’il n’y avait juste pas de solution, et qu’il était voué à errer sur ces terres sans vraiment de but pour toujours. Peut-être que sa vie n’était qu’une vaste blague. Le jeune homme renifla bruyamment. Il faisait froid cette nuit-là. Putain de froid. Il n’était même pas sûr d’avoir de quoi se payer une chambre pour la nuit, et sa poche était bien trop éloignée de sa main pour qu’il ait la foi d’aller vérifier. Mais il était persuadé qu’il était fauché. Tout ça à cause de ce foutu patron, qui ne voulait pas lui donner de boulot, ne serait-ce que pour la soirée. Intérieurement, il l’avait affublé des pires insultes qu’il avait pu trouver. Extérieurement, il l’avait supplié, encore et encore avant de se rendre à l’évidence face à l’impassibilité de son interlocuteur, qui ne cherchait aucun personnel en ce moment : il n’obtiendrait rien. Pour noyer son mécontentement et sa frustration, et ayant une profonde flemme d’aller plus loin, il s’était payé une bière dans l’établissement même. Puis une deuxième. Et une troisième. C’était celle-ci qui lui posait actuellement problème. C’était la méchante bière. Oui, c’était ça, aussi méchante que celui qui l’avait servie. Rê lança un regard noir en direction du comptoir, mais le gérant était bien trop occupé à servir ses clients pour le remarquer. Alors, il s’affala sur sa table, ferma les yeux quelques secondes avant d’entreprendre une profonde contemplation de la clientèle de la taverne. Elle était bruyante, mais pas trop, bien remplie, mais assez vide pour qu’on puisse y respirer. Il ne dérangeait pas et ne se faisait déranger par personne alors c’était bien. Il n’était pas trop d’humeur à interagir avec tous ces gens. Il était trop agacé, au point qu’il ne les aimait pas. Il supportait leur présence, tant que ceux-ci restaient en-dehors de sa misérable bulle. Depuis quelques temps déjà, Rê commençait à avoir une certaine rancune envers eux, les Lyrienns et tous ceux qui pouvaient user de leurs pouvoirs comme bon leur semblait. Mais Rê s’en voulait aussi. Après tout, c’était lui qui avait fini par se décider et qui avait entrepris d’aller jusqu’à Aeden en suivant naïvement les dires d’un voyant qui, il s’en rendait compte maintenant, n’était assurément qu’un arnaqueur. En un rien de temps, après avoir déballé une somme relativement conséquente, somme de son désespoir, il lui avait dit qu’il était sans aucun doute du peuple des Lyrienns. Comme un idiot, il avait sauté dans le premier bateau pour s’y rendre, et voilà qu’il n’avait plus les moyens d’aller autre part. C’était bien fait pour lui.

Cependant, savoir qu’il s’était trompé ne l’avançait pas vraiment : qu’était-il restait son questionnement premier. Il se faisait ses propres hypothèses à ce sujet. L’idée d’être en réalité un Humain lui titillait de plus en plus l’esprit. Pour anticiper le choc que pourraient lui causer de potentielles prochaines révélations – car il gardait toujours un peu espoir – il essayait déjà d’imaginer quelle pourrait être sa vie au sein d’une telle race, qu’il ne connaissait surtout que de nom. Rê grimaça. Ça devait être vraiment dur de tout faire avec ses mains... Les pauvres. Le jeune homme poussa un profond soupir, qu’il ravala soudainement en bondissant de sa chaise. Il manqua d’avaler de travers, toussa bruyamment et faillit tomber avec son tabouret, mais sa table le sauva à temps. Il s’y appuya lourdement pour retrouver son équilibre et son souffle. Sa mâchoire serrée et sa respiration devenue plus intense indiquaient que quelque chose n’allait pas, car évidemment, ce sursaut n’était pas arrivé sans raison valable. L’origine du phénomène se trouvait un peu plus loin dans la même salle. Rê voulut se frotter les yeux pour s’assurer du visage qu’il percevait et se demanda s’il n’était pas myope. Mais non. Malheureusement, il ne l’était pas.

Rê ne se sentait pas bien du tout. Il fallait qu’il parte. Il voulait partir avant que lui ne le voit, mais il en était incapable. Il était paralysé. Son léger vacillement n’était dû qu’à l’alcool.

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Sam 14 Mar 2020, 16:49




Dasaälm mangeait distraitement des pâtes de fruits qu'il piquait dans une boîte rouge et plante, qui ne se désemplissait jamais. Quel magnifique cadeau... Les confiseries rouges attiraient plus son attention que les autres. Beaucoup de clones avaient un goût accentué pour les fruits rouges. Lui, ça l'énervait d'y reconnaître Devaraj à chaque fois. Seulement, c'était plus fort que lui : les framboises, c'était quand même délicieux. Dire que Râmses y était à la fois addict et allergique... Celui-là, la nature ne l'avait pas gâté.

L'homme aux cheveux verts avait demandé une pinte, puisqu'il était et devait être dans une taverne, cela dit l'Orisha n'aimait pas particulièrement l'alcool. La raison de sa venue ici était tout autre que ce qu'il laissait paraître. Il avait vite compris qu'il fallait éviter d'avoir l'air louche sur ces iles. Elles n'étaient pas aussi stables et sûres que le territoire magicien ou angélique. Il voyageait seul, c'était mieux qu’encombré d'un malade mental -Râmses- et de sa femme qui s'inquiétait pour tout et n'importe quoi. En cas de pépin, il pourrait partir vite, peut-être même essayer de se téléporter ailleurs. A cause de la couleur inédite de ses cheveux, on le prenait pour un Lyrienn de l'eau, de ce qu'il avait compris. Tant mieux, sinon difficile de se fondre dans la masse. Difficile aussi pour Rê, de passer inaperçu. Dasaälm fit semblant de ne pas l'avoir vu. Mais il ne pouvait pas ne pas l'avoir vu. Le Taïjymir lui hurlait que cet homme était son frère et qu'il s'appelait Rê, et qu'il était Lyrienn de Feu.

L'Orisha réalisait petit à petit que son don magique était un peu encombrant, parce-que du moment où sa magie captait le signal d'un autre clone, il ne pouvait plus dormir ni rien faire d'autre que d'en savoir plus et de partir suivre la trace de ses frères et sœurs. C'était terrible et handicapant. D'un autre côté, il voulait rencontrer tous les autres clones de Devaraj et ne s'attendait pas à ce que cela se fasse sans tribulations diverses et variées... Il était surpris qu'aucun d'entre eux n'ai pensé à l'attaquer en le voyant débarquer à l'improviste.... Ça viendra après peut-être. L'homme prit sa pinte et sa boite de bonbons. Rê avait l'air de vouloir sauter par la fenêtre, or ce serait malheureux d'avoir à lui courir après dans la rue. Donc l'Orisha marcha le plus vite possible en direction de sa table, y déposa son fourbis et le dévisagea de plus prêt. « Salut. » Que dire ? Ils avaient le même visage, ce n'était pas un hasard. Dasaälm renchérit aussi vite que possible. « Je te cherche depuis deux jours. Ne panique pas s'il te plait, je ne suis pas là pour te faire du mal. » Son troisième Œil et l'empathie qui en découlait lui montraient la panique du roux -même s'il ne fallait pas être très malin pour le voir. « Je veux juste parler. »

C'était vrai et Hanha'Thü rendra la chose encore plus convaincante. Dasaälm s'entraînait à manipuler ses dons magiques à petite échelle depuis que la pierre sur son front s'était colorée en vert. Il avait lu dans les livres d'écoles tout ce qu'un Orisha pouvait faire sur la psychologie d'autrui, mais la pratique, c'était une autre histoire. Il avait du mal à faire la différence entre le moment où il faisait simplement preuve de patience et de diplomatie, et le moment où sa magie agissait, car les deux se mélangeait parfaitement de manière inconsciente. Comment savoir s'il s'agissait du Saäba'Lohu ou de son intuition personnelle ? Est-ce-qu'il y avait au moins une différence ? Comment pouvait-on s'entraîner à avoir de l'intuition... Un peu compliqué de voir le résultat et les améliorations, quand même. Peut-être qu'il abordait la chose d'une façon trop rigoureuse et qu'il devrait changer d'angle de vue.

L'Orisha s'assit tout en surveillant chez son interlocuteur que ce dernier n'allait pas se lever et partir en courant. « Bon, santé. J'ai mal à la tête. »  


728 mots.
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Ven 03 Avr 2020, 18:47

Rê et le Taïjymirft. Dasäalm

Un peu malgré lui, le visage de Rê s’était figé en une expression exagérée de peur et de dégoût. Après de longues secondes d’hésitation il s’était rassis correctement tout en dévisageant son double. Il était au courant de l’existence de « frères » dans le monde, mais il n’en avait jamais rencontré un seul, si bien que l’information lui était un peu sortie de la tête. De ce fait, et comme il était à la fois con et bourré, il n’était pas capable de se douter qu’il ne s’agissait pas de Devaraj. Il eut simplement la présence d’esprit de constater qu’il s’était fait une belle coloration ainsi qu’une petite cure de jeunesse. Il lui paraissait aussi plus calme, mais ça il était persuadé que ce n’était qu’une tentative pour le duper. Il savait très bien comment il était en vérité : fou et hystérique. C’était comme ça qu’il l’avait toujours vu. Même quand il dormait, il était parvenu à lui faire ressentir cela. Un grand psychopathe venu le chercher pour le tourmenter il ne savait de quelle manière ni pour quelle raison tordue. Quant à la pinte et à la petite boite qu’il avait emmené avec lui, il s’en méfiait tout autant. A tous les coups, il voulait le droguer avec. Il préférait éviter de trop y penser.

-Qu’est-ce que tu me veux ?

Il était tellement crispé qu’il sifflait presque. Ses yeux, quant à eux, convoitaient la porte d’entrée. Il n’était vraiment pas heureux à l’idée de l’écouter. Une partie de lui lui chuchotait avec mauvaise foi de ne pas le croire et de dégager dès qu’il en aurait l’occasion. D’un autre côté, et de façon très étrange, Devaraj lui avait parlé avec une honnêteté et une sincérité trop forte pour qu’il ne puisse faire autre chose que rester là. Et si au final c’était sérieux ? Rê se mordit l’intérieur de la joue. Est-ce qu’il allait pleurer ? Peut-être. Il supposait que ça dépendait de ce dont il voulait « parler ».

Malgré les apparences, Devaraj n’avait pas spécialement traumatisé Rê en le forçant à faire toutes sortes de choses occultes et obscènes. Pas de coups, pas d’abus, juste un peu de drogue, des paroles effrayantes et une très brève immersion chez un peuple qui ne lui correspondait en rien. A l’échelle du Chaman, on pouvait même admettre qu’il ne lui avait rien fait. Rê était simplement terrifié par lui, ses comportements étranges, et cette puissance dangereuse qui ne découlait que d’un seul homme et dont il était incapable de réaliser l’ampleur. Il avait toujours eu peur qu’il n’agisse brusquement et sans prévenir contre lui. Rê ne comptait pas le nombre de fois où il s’était retourné pour s’assurer qu’il n’était pas derrière lui, ou les soirs où il avait pris cinq plombes avant de s’endormir pour la même raison. Ce n’était pas une phobie, auquel cas Rê se serait déjà enfui depuis longtemps, ou se serait roulé en boule sous la table en criant pour qu’on lui vienne en aide. C’était un sentiment plus particulier que le roux avait monté de toute pièce envers son créateur. La peur qu’il puisse un jour lever la main sur lui ?

-Je n’ai rien qui puisse t’intéresser et tu ne me feras rien faire.

Rê s’accrochait de toutes ses forces à la table, ses mains moites collées à sa surface comme des ventouses. Il ne lâcherait rien, quitte à gueuler et à perdre ses moyens. Il ne se laisserait pas faire. Il était préparé. En effet, la nouveauté depuis la dernière fois, c’était que Rê était armé. Il pouvait dégainer son poignard à tout moment, et… Il ressentit l’once d’un frisson parcourir son échine… bref dans tous les cas, il était hors de question qu’il se laisse faire. Rê était maintenant maître de sa vie. Il n’en donnait pas l’air actuellement mais il était en train de la prendre en main. Après tout, il était déjà parvenu à arriver jusqu’ici tout seul et il cherchait activement un travail. Noyer sa frustration dans l’alcool faisait plus ou moins partie du processus. Le Lyrienn était encore jeune et il avait beaucoup à apprendre. Mais il était aussi toujours sain d’esprit, ce qui lui donnait toutes les chances de s’en sortir un jour.

-Laisse-moi tranquille… s’il-te-plait.

Ça passait toujours mieux avec une formule de politesse, bien que cela lui avait fallu un effort monstre. Il en avait les yeux tout mouillés.


~738 mots~

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Dim 12 Avr 2020, 08:31




Dasaälm frissonna légèrement face à la réaction du roux. Ce n'était pas agréable de sentir autant d'aversion envers sa propre personne à travers le regard de l'autre, surtout qu'il finit par comprendre que Rê ne le prenait pas pour ce qu'il était vraiment. L'Orisha n'était pas capable de savoir ce qu'il se déroulait comme folie psychotique dans la tête du clone, mais il pouvait sentir à travers son empathie naturelle, que cela n'avait rien d'anodin ou de normal. Comme il ne pouvait rien faire d'autre que de ressentir lui-même ce qu'il n'allait pas et qu'il n'avait aucun moyen de rendre aveugle son troisième œil, il ne lui resta plus qu'à subir en silence. Le bon point était que le roux ne cherchait visiblement plus à s'enfuir, ce qui lui permit de réfléchir tranquillement à ce qu'il pourrait répondre et qui ferait probablement guise de première impression. « Je ne suis pas Devaraj. » finit-il par commenter. Il n'avait pas pensé à cette option au départ, car l'idée qu'on puisse le confondre lui semblait improbable. Il n'avait pas l'aura macabre et écrasante qui accompagnait le roi des Chamans partout où ce dernier se rendait pour déverser sa démence, il était moins charismatique, moins fort, moins rapide mais surtout il n'avait pas la lueur de folie qui brillait sans cesse dans les yeux de leur créateur. Peut-être que Rê ignorait l'existence d'autres clones. Ou alors, il avait déjà trop bu pour avoir une discussion de ce genre. L'Orisha fût vexé de voir qu'on pouvait le confondre avec Devaraj. Parfois, il comprenait parfaitement la manie qu'avaient certains clones de changer leur apparence en tout point pour se construire une nouvelle identité. C'était tentant parce-que cela avait l'air relativement facile à réaliser avec un peu de magie ou simplement une nouvelle coupe de cheveux. Lui ne voulait pas s'engager dans cette voie, ce serait tricher et Devaraj ne manquerait pas de le lui faire remarquer, pour peu qu'ils se revoient un jour.

Quelques personnes se retournaient vers eux parfois, curieuses de voir un Lyrienn de l'Eau et visiblement, un Lyrienn de Feu discuter calmement autour d'une bière. Mais les passants ne s'y intéressaient pas plus et ils étaient suffisamment tranquilles pour continuer la conversation sans être dérangés, en haussant la voix pour se faire entendre au dessus du bruit global que faisait la clientèle de la taverne. « Pardon. Je me suis un peu mal présenté mais j'ai crû que tu allais t'enfuir. Je m'appelle Dasaälm, je suis un autre des clones. » Le premier, à vrai dire, mais il n'y avait pas là de quoi se vanter. Il bût quelques gorgées de la pinte qu'il avait commandé mais cela lui rappela qu'il n'aimait pas le goût de la bière. « Je ne voulais pas te faire peur, je pensais que tu savais... » C'est qu'il en fallait de la patience pour discuter avec ces énergumènes. Il en était à son troisième et commençait tant bien que mal à se faire sa petite expérience. L'Orisha sourit, toujours en concentrant sa magie sur son Troisième Œil. Il savait que ceux qui maîtrisaient ce don pouvaient inspirer naturellement la confiance, et même s'il n'était encore qu'un novice, il ne disait que des choses vraies et n'avait rien à dissimuler, ce qui lui donnait sûrement un point d'avance. « Je m'en suis bien sorti, mieux que les autres, c'est pourquoi j'ai commencé à vous retrouver un par un afin de vérifier que vous n'étiez pas dans des situations précaires. » Il avait conscience que ce ne devait pas être agréable de parler à quelqu'un qui avait la même tête que lui et l'air de bien mieux le vivre au quotidien. L'Orisha rassembla ses mèches pour les attacher en chignon, puis il tenta une autre gorgée de bière, sans plus de succès que les premières fois. « Si tu ne veux pas, c'est pas grave. Je peux m'en aller. » précisa-t-il. S'il avait bien appris une chose, c'était qu'il lui serait inutile d'obliger ses homologues à le rejoindre. Le choix ne lui appartenait pas, même s'il grognait intérieurement à chaque fois que cela arrivait. « Tu veux terminer mon verre ? Je n'aime pas ça. » Il ne voyait pas l’intérêt de le cacher plus longtemps ou de faire semblant, maintenant qu'il n'était plus au comptoir et qu'il se fondait un peu plus dans la masse grâce à la présence de Rê.


734 mots.

Utilisation de Hanha'Thü :
- Ils sont capables de dissimuler leurs mensonges aux individus des autres peuples, ainsi que de manipuler ce qu’ils ressentent et perçoivent, comme l’aura.
- Ce pouvoir permet aussi d’inspirer plus aisément confiance, d’être plus facilement cru lorsque des fables qui peuvent être racontées.

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Sam 18 Avr 2020, 19:11

Rê et le Taïjymirft. Dasäalm

Tel une guimauve en plein soleil, le Lyrienn s’écrasa sur sa table, comme il était initialement avachi depuis qu’il avait entrepris de se bourrer la gueule. L’adrénaline avait chuté d’un coup. Ses moindres muscles étaient endoloris et il tremblait encore un peu, mais ça allait beaucoup mieux. Il prit une grande bouffée d’air. Qu’est-ce qu’il aimait l’oxygène ! Ce clone venait de lui retirer un lourd poids des épaules. Il lui en voulait de lui avait fait aussi peur, et en même temps, il avait presque envie de le remercier pour l’avoir autant soulagé. Il rit un peu. Il se sentait bête. Il était vraiment capable de faire des montagnes à partir de rien.

-Désolé, je t’avais pris pour Devaraj. Il désigna du doigt les verres vides et sales qui gisaient sur la table. C’est à cause de tout ça…

C’était aussi à cause de tout ça qu’il avait baissé sa garde aussi vite, d’ailleurs. Le Rê sobre aurait gardé sa posture méfiante, même en l’ayant cru sur parole. Il passa une main sur son visage.

-Bon sang tu m’as fait peur. Mais t’as bien raison, j’aurais pu m’enfuir.

Il rit encore. Qu’est-ce qu’il était con ! Qu’est-ce qu’il était soulagé ! Il en avait oublié la tristesse de sa situation initiale, mais Dasaälm ne manqua pas de la lui rappeler. Rê se calma et désigna une nouvelle fois ses verres de bière, tout en regardant un peu plus sérieusement son frère.

-Est-ce que tu penses que c’est une situation précaire, ça ? Non, parce que je les ai payées. Oui, parce que je trouve pas de travail, alors je suis triste et je bois. Silence. Je sais même pas si je suis un Lyrienn, tu sais. J’attends, et rien ne se passe. Alors je me mets à prier, et il ne se passe toujours rien ! Des fois je me dis que tout le monde se paye ma tête et qu’en fait, je suis une Fae. Il ne savait même pas ce qu’étais une Fae exactement, il en avait juste entendu parler. Il soupira. Hmm oui, je veux bien, donne-moi ta situation précaire !

Rê tendit le bras et fit glisser le verre de bière jusqu’à lui. Il n’avait plus soif – il avait envie de pisser – mais on ne refusait jamais un verre gratuit. Il but le contenu d’une traite et reposa bruyamment le verre sur la table. Ce serait le demi verre de trop, certainement. Il ne tenait pas l’alcool par rapport à beaucoup d’autres. Mais ça ne faisait rien. Au moins, il était bourré pour moins cher.

-C’est un peu bête de ta part de me donner ta situation précaire si tu veux m’en tirer…

Une nouvelle fois, il s’enquit de détailler Dasaälm. Maintenant qu’il savait, il paraissait évident que l’homme n’avait rien à voir avec leur créateur, si ce n’était son visage. L’alcool lui faisait vraiment penser n’importe quoi. Il fallait qu’il arrête l’alcool, pour de vrai. Il fronça les sourcils.

-Pourquoi tu t’en es mieux sorti, toi ? Moi j’attends ma Révélation, donc en attendant je cherche du travail pour pouvoir vivre, mais personne ne veut de moi parce que je n’ai pas eu ma Révélation. C’est quand même con, non ? C’est vraiment con. Les Lyrienns sont cons.

Comme Dasaälm était son clone, il le prenait maintenant pour son confident le plus proche. Ça tombait bien : maintenant, il était de nouveau triste et il avait besoin qu’on le réconforte. Il s’aplatit encore plus sur la table, son menton posé dans le creux de son coude.

-Pourquoi tu te soucies de nous, en plus ?

Il jouait à faire des ronds avec son verre. Autour d’eux, on leur jetait parfois des coups d’œil. Le roux à moitié allongé sur la table ne faisait pas forcément bonne impression. Ça tuait l’ambiance conviviale pour laquelle la taverne était réputée. Heureusement, ils n’eurent pas à s’inquiéter plus longtemps, car le concerné se redressa soudainement, épris par l’inquiétude.

-Tu es mon Ange Gardien, c’est ça ? Ça veut dire que je suis un Humain ?

Et si Dasaälm était en fait venu lui dire qu’il s’était trompé sur toute la ligne ? Cela lui fit froid dans le dos. Rê n’aimait pas se tromper, c’était humiliant. Et puis, plus il y réfléchissait, moins il se sentait capable d’imaginer en être un. Pour être honnête, il avait la flemme de vivre sans magie et de ne pas être très bien considéré par les autres. Même si c’était déjà son cas.


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Dim 19 Avr 2020, 17:43




L'Orisha haussa les sourcils, particulièrement silencieux et à l'écoute des plaintes du roux. il ponctuait son attention par des hochements de tête ou des onomatopées pour l'inviter à continuer. C'était plus facile évidemment si le clone parlait de lui-même de sa vie sans qu'il n'ait à lui tirer les vers du nez. Il remarqua bien vite que Rê était quand même bavard et d'humeur aussi changeante que leur modèle original. Heureusement, il n'avait pas l'air agressif, ni dangereux, ni retardé... Pour le moment ? Une méfiance justifiée et naturelle lui disait mentalement de rester prudent avec les Taïjym. « C'est de la bière, ça ne peut pas te tuer, non ? » commenta Dasaälm. Enfin si, il pouvait faire un coma éthylique, ou lui vomir dessus. On verra bien.

« Qu'est-ce-que tu cherches comme travail ? » A défaut de connaître sa race biologique, Rê semblait avoir la tête sur les épaules. Il avait envie de lui dire que c'était déjà une bonne chose d'avoir conscience de son besoin de travailler pour vivre, mais le comparer aux autres clones n'était certainement pas le moyen le plus efficace pour le consoler. L'Orisha fixa ses yeux sur un point de la table. Oui, pourquoi s'en était-il mieux sorti que les autres, si l'on excluait la chance et le destin ? C'était une bonne question. « Je me suis marié très vite. » finit-il par commenter. Il raconta sous le ton de l'humour. « C'est exotique, les étrangers aux cheveux verts et à la peau pâle, alors j'ai eu du succès. Une fois marié, j'ai travaillé pour ma belle-famille et j'ai appris à lire et écrire pour étudier. Maintenant, je suis apprenti dans l'une des spécialités de la médecine. » La psychiatrie, mais ce n'était pas la peine d'aller dans les détails, n'est-ce-pas ? Encore moins de préciser qu'il était le clone avec le moins de problèmes psychologiques et c'était évidemment lié à sa réussite sociale.

Les Lyrienns sont cons. Dasaälm rumina l'insulte de son frère. C'est vrai que c'était peut-être fondé vu les regards qui déviaient parfois vers leur table. Comme il avait évolué dans une culture ouverte d'esprit, cette ambiance le gardait mal à l'aise. « Je vois. Tu n'es pas obligé de rester parmi eux pour faire ta vie. Il existe quelques grandes cités hétéroclites où tu pourrais attendre ta révélation. » finit-il par lui déclarer. Sa connaissance des Lyrienns ne s'étendait pas jusqu'aux détails de la Révélation. Il ne savait pas si ces derniers étaient obligés de rester sur les îles d'Aeden pour connaître leur élément. L'Orisha ne pût s'empêcher de sourire à la dernière question. « Je crois que tu as trop bu de ma situation précaire. Si Devaraj t'as laissé ici, c'est que tu dois être un Lyrienn, mais enfin, je serais toi, je ne m'en soucierais pas autant. Commence par trouver un endroit qui te plais pour y vivre, je peux te payer des voyages, si tu veux ? » Dasaälm commanda à manger quelque chose de la région, car s'il n'avait pas envie de se saouler, son estomac n'en restait pas moins avide et criard, et puis, c'était la bonne occasion de découvrir les mets culinaires de ce peuple ainsi que de faire plaisir au tavernier.

« Je suis curieux, et je m'occupe du travail de Devaraj à sa place. Toi, ça va visiblement, mais il y en a qui ont vraiment besoin d'aide et qui en sont peut-être morts. Je trouve ça injuste, pas toi ? Nous sommes nés à cause de lui et il ne prend même pas ses responsabilités. Cela te paraît peut-être idiot ou abstrait, mais mon peuple est doué pour voir les liens sociaux entres les personnes et les problèmes psychologiques. Par exemple, je sais que le serveur qui s'occupe de notre table est amoureux de celle qui sert au comptoir, que le barman ne m'aime pas parce-que je ressemble à un Lyrienn de l'eau et que la moitié de la clientèle est dérangée par notre présence. Ce sont des informations qui m'arrivent en même temps que la vue ou l'odorat, je ne peux rien y faire.»


735 mots.

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Dim 26 Avr 2020, 22:55

Rê et le Taïjymirft. Dasäalm

Chaque soir où il se retrouvait saoul, Rê redécouvrait à quel point de simples objets pouvaient être divertissants. Après avoir effectué un certain nombre de kilomètres avec ses cercles de verres, il avait entrepris de s’intéresser au fond de ceux-ci, pour voir comment ils difractaient la lumière. Il n’était pas en mesure de comprendre le processus du phénomène, mais ce qu’il pouvait dire, c’était qu’observer des visages agrandis ou déformés à travers l’objet était particulièrement passionnant.

-Hmmmmmmmm je vois…

Il songea qu’il allait devoir se marier le plus vite possible. Voilà une autre chose à laquelle il devait penser, en plus du travail et de sa Révélation. Demain, s’il se souvenait de cette conversation, il risquait d’être complètement obsédé par l’idée de trouver une femme. Qui sait, peut-être serait-elle aussi sa clef du succès ? Si ça se trouvait, son âme-sœur se trouvait dans cette même taverne à cet instant précis et il était en train de la louper. Le Lyrienn songea à abandonner Dasaälm pour partir à sa recherche, mais il n’en avait pas envie. Il était bien, là, avec l’homme qui lui servait de rocher sur lequel s’accrocher pour la soirée.

-N’importe quoi, je cherche. Pour l’instant j’veux juste de quoi vivre tranquillement. Il désigna sans la moindre discrétion le comptoir. On n’y voyait que le haut du crâne du patron, caché par les clients qui attendaient leur commande. J’lui ai même d'mandé à lui.

Il rit encore, parce qu’en le refusant, ce connard avait réussi à le fidéliser au moins le temps d’un soir. Il ne savait pas encore si c’était un coup de génie de sa part, ou si c’était lui qui était complètement stupide. Il passa, car son frère continuait. En l’écoutant, il plissait les yeux, comme si cela pouvait lui permettre d’améliorer son ouïe. C’était aussi parce que ce qu’il entendait faisait un peu moins de sens. Ecarquillant soudainement les yeux de manière exagérée, il pointa un doigt inquisiteur sur Dasaälm. Un peu plus et il l’aurait délicatement écrasé contre ses lèvres.

-Non non non non non. Tu ne me payes rien du tout, ça va pas la tête ou quoi ? S’outra-t-il tout en désignant son crâne pour mimer le fou. Tu m’payes rien. Et puis Devaraj m’a pas emmené jusqu’ici. Enfin si. Enfin, j’sais plus. Mais il m’a dit : toi t’es un Lyrienn. Donc moi j’ai fait ok, d’accord, et donc il m’a emmené là, et moi qui attendais mon élément et qui voyait rien v’nir, j’me suis dit qu’Devaraj était un menteur et j’ai d’mandé l’avis d’un voyant qui m’a dit qu’j’étais un Lyrienn. Donc ça fait deux personnes ! Il fit le chiffre avec ses doigts pour s’assurer qu’il comprenne le cheminement de son récit incertain. Mais Devaraj est méchant, et l’voyant, j’suis sûr qu’il m’a menti, ce sale voleur qui m’a volé mon argent. Mais moi j’suis pas un voleur alors non, tu poses ta bourse et ta gentillesse. Merci.

Il voulait se débrouiller tout seul. Il n’aimait pas se faire accompagner comme s’il était un bébé ou un attardé. Tout ce dont il avait besoin, c’était de temps pour se mettre sur le bon chemin. Il ne voulait pas admettre qu’un coup de pouce ne lui ferait pas de mal. Il voulait faire les choses bien. Il s’étala à nouveau sur la table, songeur, regardant le plat qu’avait commandé son frère. Lui n’avait pas faim.

-Hmmm… mais j’sais pas où aller, j’sais pas où c’est que ça me plairait. Tu connais des endroits bien ? Ptêt que j’d’vrais faire d’la lyniero… lyn… lyriennologie ?

Il ne savait pas trop si ce mot existait, mais ça faisait savant. Face à un frère comme Dasaälm, il trouvait approprié de relever un peu son niveau de langage. Il ne voulait pas qu’il le prenne pour le gueux du coin – bien qu’il fût bien parti pour. Rê était un homme plein d’entrain, c’était juste qu’il avait du mal à obtenir ce qu’il voulait.


-Toi, tu dois être un génie. Un gentil génie. Mais ça t’donne pas envie d’aller leur dire, t’ça ? Moi j’irai lui dire à la fille, qu’l’autre il l’aime, ou que… hmm… S’tu veux, on peut s’barrer. Il se leva. Enfin, finis ton assiette avant, t’occupes pas d’moi, j’en ai pour une seconde ! Mais j’vais pas m’enfuir, t’inquiète pas, t’es pas Devaraj, j’peux pas m’enfuir, ça sert à rien, pffff hahaha. Bon, j’vais… enfin t’sais, la bière haha. J’vais pisser quoi.

Et ce fut sur ces paroles poétiques, et au gré des obstacles et de son équilibre douteux, qu’il alla pisser.


~764 mots~
Si tu veux rester dans la taverne, considère qu'il est revenu après. Sinon... fais comme tu veux xD

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Lun 04 Mai 2020, 19:43




Dasaälm résista à l'envie de tiquer. Il avait reculé lentement la tête pour ne pas se prendre une bugne. Son sang-froid l'étonnait lui-même, ou plutôt, plus rien ne pouvait l'étonner chez les Taïjym. Râmses lui en avait trop fait voir. Pourtant, il savait aussi qu'il ne fallait jamais dire jamais... Le roux voyait quoi, au juste, à part tout trouble à cause des deux grammes d'alcool qui coulaient dans son sens ? Qu'est-ce-qu'il foutait à le regarder à travers son verre. L'Orisha afficha une moue légère et se contenta de goûter aux prunes en bocal qu'on lui avait servi. C'était... fort, mais meilleur que la bière, avec un arrière goût étrange. On pouvait être certain qu'il n'en mangera pas vingt à la suite. Il releva la tête de son désert pour fixer son frère car ce dernier semblait attendre une répondre. Malheureusement, il n'avait absolument rien compris, pas un seul mot du monologue que Rê venait de balbutier de manière chaotique. Dans le doute, Dasaälm hocha la tête avec un sourire compatissant. « Oui, d'accord, je ne payerai rien, comme tu veux. » dit-il doucement en cachant soigneusement le flou mental qui l'avait envahi. Normalement, quand un millionnaire proposer d'avancer la note, on dit oui, sauf quand si la fierté devient un défaut maladif et handicapant. Rê avait l'air de mettre son indépendance sur un trépied.

Le mieux, c'était de faire comme s'il avait tout compris. Rê cherchait donc comment révéler son élément. Ça, ce n'était pas écrit dans les guides pour voyageurs. « Avalon, je crois qu'il ont une très grande bibliothèque. » Qui contenait sûrement des livres traitant la... Lyriennologie. « Mais je ne sais pas si les étrangers peuvent y entrer, je ne pense pas. Basphel, sinon. » Il reposa sa cuillère dans le bol où les prunes baignaient dans leur sucre juté. « Tu connais ? C'est une école internationale. Il doit y avoir des professeurs qui savent et qui pourront t'expliquer comment résoudre ton problème. » Pourquoi s'évertuait-il à répondre, en fait ? Rê ne se souviendrait peut-être même pas de leur conversation quand il aura dégrisé.

« Je suis un Orisha, pas un Génie. » Hmm, ça c'était tombé dans l'oreille d'un sourd, très certainement. Il le regarda s'éloigner de la table en ne sachant pas trop s'il allait aux toilettes ou parler à cette fille qu'on ne sait pas qui aimait. Avec un peu de chance, il se contenterait de la première option.

L'Orisha termina son assiette avec plus d'entrain que sa précédente pinte. Puis il se leva et se rapprocha du comptoir où se tenait le tavernier. « Dîtes, le roux avec qui j'étais tout à l'heure... » L'homme acquiesça mais sans sourire. « J'aimerai qu'au lieu de lui faire acheter des consommations, vous l'embauchiez. Ou si vous ne voulez vraiment pas l'avoir comme serveur, arrêtez de lui vendre de l'alcool. Et je vous paye pour ça. » L'argent, ça ouvrait toujours les portes, même si parfois c'était à reculons que ses interlocuteurs lui ouvraient. Il viendra vérifier de temps à autre. S'il était devenu alcoolique, Rê trouverait bien assez vite une autre taverne de toute façon. Il ne pouvait pas couper le mal à sa racine.

L'Orisha sortit dehors dans la nuit, n'ayant pas trouvé son frère dans les toilettes et ne l'ayant pas vu dans la pièce principale bondée. Visiblement, on l'avait abandonné ou oublié, car il n'avait pas sentit de mensonge dans les dernières paroles de Rê. En même temps, comment se fier à quelqu'un qui était rond comme une pelle et qui était peut-être déjà passé à autre chose ? Il fit quelques pas, incertain de la marche à suivre. S'il partait comme ça, le roux risquait de se vexer en s'imaginant mille fantaisies sur la raison de son départ, c'était classique. D'un autre côté, s'il restait, il n'avait aucune certitude que le Lyrienn allait bien revenir et le chercher. A priori en plus, il n'était plus dans l'établissement. « Rê ? » finit-il par appeler, en prenant soin de ne pas crier trop fort pour ne pas importuner les personnes dans la taverne ou ceux qui habitaient là. Peut-être qu'il pourrait trouver une auberge pour la nuit et revenir le lendemain en usant de sa magie pour retrouver une seconde fois la trace du Lyrienn. Il préféra attendre un peu, dans le doute.

773 mots.

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Mar 19 Mai 2020, 14:16

Rê et le Taïjymirft. Dasäalm

Lorsque Rê retrouva finalement sa place – car oui, il s’était perdu. En même temps, pourquoi toutes ces tables étaient toutes les mêmes ? Il devait bien y en avoir dix mille, avec cent fois plus de clients ! – Dasaälm avait disparu. Il s’assit un instant, constatant ce fait sans plus songer aux conséquences, puis, soudain, il réalisa que Dasaälm avait disparu. Dasaälm avait disparu ? Rê bondit sur ses pieds. Ou alors il s’était trompé de table, encore ? Merde ! Il n’en savait rien. Pourtant, c’était bien ses verres vides qui trainaient là, non ? Combien en avait-il bu, des bières ? Une ? Deux ? Cinquante-sept ? Ce nombre absurde lui arracha un rire, qui de l’extérieur paraissait forcé. Quand il fut remis de ses émotions, il entreprit de faire un nouveau tour de la pièce, retourna aux toilettes pour voir s’il n’y était pas, mais dû se rendre à l’évidence : son frère n’était plus là.

-Merdeuuuhhh.

Il l’avait dit en s’adressant involontairement à quelqu’un, qui le repoussa avec dégoût en lui lança des propos que le roux ne comprit pas. Son haleine, après tout, n’était pas en état de charmer qui que ce soit. Déstabilisé, Rê se rattrapa à une chaise.

-Oh non…

Son cerveau confis dans l’éthanol commençait à paniquer. Il allait se mettre dans tous ses états. Très bientôt. Rê se tourna vers la sortie. Par un miraculeux miracle, il était juste dans l’encadrement, alors il sortit pour respirer un peu. Il avait besoin d’être seul un moment pour décompresser. S’éloignant de l’effervescence de la taverne et des discussions, Rê alla s’appuyer contre un mur, le front collé à la pierre froide. Le contact n’était pas très agréable. La nuit était froide et un peu humide. Il n’aimait pas trop ça, mais puisqu’il était bourré et en plein transition vers une phase triste, il avait la flemme d’aller ailleurs. Au moins, c’était calme et il pourrait pleurer tranquille.

Dasaälm avait disparu et on l’avait bousculé. Est-ce qu’il faisait peur au point qu’on le voulait loin de soi ? Peu importait la réponse, puisque ces faits ne signifiaient qu’une chose : on ne l’aimait pas. Ça concordait avec ce que son frère lui avait dit tout à l’heure, sur le fait qu’ils dérangeaient les gens par leur simple présence… Il avait envie de pleurer, mais comme aucune larme ne sortait de ses yeux, il ne fit que gémir. Le monde était injuste. Il se sentait comme un cloporte dans une colonie de fourmi, une petite sardine dans un banc de saumons, un zèbre dans un troupeau de vaches : il n’avait rien à faire ici et on le trouvait bizarre. C’est vrai qu’il était bizarre, mais il n’avait rien demandé, lui. Tout ça à cause de…

« Rê ? »

Après de longues minutes de désespoir, cet appel inespéré le sortit de son état.

-Deva- Dasaälm ?

Il était persuadé que c’était seulement son esprit désinhibé qui lui jouait des tours, mais ça avait été plus fort que lui. Le Lyrienn sortit de sa cachette et regarda aux alentours.

-Dasaälm ?

Il voyait bien un homme au milieu de la rue mais il ne savait pas qui c’était. Il plissa les yeux et s’approcha en tanguant dangereusement. La vue de ses cheveux verts finirent par le rassurer complètement.

-Par les Aetheri j’ai cru qu’t’avais disparu ! J’ai cru qu’tu m’avais abandonné ou qu’on t’avait kidnappé ! Mais t’es resté ! Ça veut dire qu’tu m’aimes bien ?

Il passa son bras autour des épaules de l’Orisha pour garder son équilibre. Il parlait fort, sans la moindre considération pour le voisinage.

-J’tais triste t’sais. J’ai cru qu’c’était fini entre nous parce que tu m’trouves bizarre. J’ai trop bu, hein ? Rhooo mais pas tant qu’ça ! Tu m’aimes pas parce que j’bois, c’est ça ?

Il redevînt triste. En fait, non, il n’était pas si rassuré que ça. Il avait peur qu’il disparaisse à nouveau et qu’il se retrouve seul étalé dans la rue et dans le froid. Il réfléchit du mieux qu’il pouvait encore réfléchir. Peut-être qu’il fallait qu’il change de sujet, pour pas avoir l’air aussi tracassé et un peu plus sûr de lui.

-Eh, t’sais, faut qu’j’te présente à quelqu’un. Enfin, quelqu’une ! Oouuuh lala ! De son autre main, il chercha sa ceinture. Ah, elle est là. Quelques secondes plus tard, il lui brandissait une arme devant sa figure. J’te présente Francine ! Francine la francisque ! Elle est belle, hein ? J’l’ai achetée et j’l’ai plus jamais quittée ! Mais j’l’ai jamais utilisée, non non non, c’est pas bien d’tuer des gens, c’est pas un jouet. J’l’ai pour m’défendre et faire peur aux gredins. C’est méchant, les gredins.

Il la rattacha à sa ceinture pour ne pas effrayer plus que ça son frère. En réalité, c’était surtout pour le nom amusant qu’il lui avait donné qu’il l’avait achetée. Même en cas de danger, Rê était trop gentil pour faire du mal à qui que ce soit. Il était plutôt du genre à se rouler en boule dans un coin quand les choses dégénéraient. Il y eut un silence. Rê pensa que c’était mauvais signe.

-Aaaah lalalalalalaaa… On s’promène ? J’aime bien m’promener la nuit, y’a personne. Tout Aeden est à toi ! Sauf des fois, y’a des groupes dangereux qui s’promènent aussi. Allez, viens !

Oui, il était à mille années lumières de vouloir aller se coucher.


~906 mots~

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Rê et le Taïjymir | Dasäalm

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