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 [Q] - Accords sombres

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Kaahl Paiberym
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◈ Parchemins usagés : 4087
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
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Kaahl Paiberym
Jeu 04 Juin 2020, 17:51


Rp lié : Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi
Objectif : Elias et son comité étudient chaque participant à la Coupe des Nations afin de déterminer les accords qui pourraient en résulter.
Annexe : Réaction aux actualités des Alfars et achat de la toile de Kennocha peinte par Léto pour Eméliana.

« Bien. » dis-je, avant de m’asseoir autour d’une table ronde où se tenaient déjà plusieurs Sorciers. La plupart était des espions. Parmi ceux qui restaient, il y avait des diplomates et des économistes. J’avais fait venir ces derniers plus pour la forme qu’autre chose. Je savais parfaitement la teneur de ce qu’ils allaient m’annoncer au fur et à mesure de la discussion. Il y avait devant moi une pile de lettres. Je ne les avais pas encore lues, pour la bonne et simple raison que je venais tout juste de rentrer à Amestris. Eméliana se trouvait encore sur la Terre d’Edel pour le moment. Je devais y retourner ensuite, après avoir réglé les affaires qui ne pouvaient attendre ici. Il me faudrait y rencontrer Adam également, un face à face qui me plongeait dans une ambivalence détestable. « Cela prendra sans doute quelques jours mais nous allons essayer d’être efficaces, afin d’avoir terminé notre analyse avant le jour du jugement. » Je n’avais pas précisé du jugement de qui il s’agissait mais tous ici avaient conscience de l’identité de la concernée. « Est-ce clair ? » Il y eut un hochement de tête unanime et nous nous mîmes au travail.

J’ouvris la première lettre. Celle-ci était accompagnée d’un colis. À l’intérieur, il y avait un miroir. Ce n’était pas un miroir banal. C’était un Miroir. J’en possédais moi-même deux, ce qui me donnait une certaine expertise en la matière. Par réflexe, je voulus l’utiliser. Il resta de marbre. « Qu’avez-vous à m’apprendre sur Edelwyn Mitsuko Taiji ? » Il y eut un petit silence. « Oui ? » insistai-je en dépliant le parchemin. « C’est sans doute la participante la plus énigmatique, mon Prince. » Bien sûr. « Un portrait peut-être ? » demandai-je tranquillement. L’on me tendit des clichés réalisés par magie lors de l’épreuve. Bien sûr, me répétai-je mentalement. « Parlez. » « Elle semble née lors de l’Ère de la Scission de la Couronne. C’est une ancienne Magicienne qui a bien vite trouvé sa place dans la société sorcière. Elle est noble et figure parmi les descendantes d’Aria Mitsuko Taiji. Elle a été vu plusieurs fois à des soirées mondaines mais son œuvre principale est scientifique. Elle a disparu plusieurs fois de la circulation et semble avoir changé de race à différentes reprises, sans jamais s’illustrer particulièrement dans une quelconque hiérarchie. Elle est la femme de Zel’Eph Stark… Ce point est particulièrement flou, eu égard à la forme du mariage réprouvé. Ils n’ont plus été vus ensemble depuis très longtemps. Il semblerait que les Bipolaires la considèrent comme une Zaahin, ce qui est également étrange étant donné la silhouette de celle-ci. Elle ne semble pas taillée pour se battre. » Une Zaahin, l’Oracle de Yavëath, la mère de Lucius et celle de Devaraj, soit anciennement Edel, lancée dans une guerre passionnée contre Ezechyel, mon père, celui-là même qui avait violé notre sœur. Pragmatiquement parlant, il me fallait refuser ce mariage. Pourtant, je sentais en moi les ressentiments du Suprême de l’Au-Delà à l’égard de notre père et cette envie latente de lui faire regretter ses actes. C’était un combat qui ne me regardait pas ou, plutôt, qui n’aurait pas dû me regarder. « Les Réprouvés risqueraient de prendre comme une offense que vous vous mariez à cette femme. » « Pourtant, elle s’est déjà remariée depuis. Elle possède beaucoup d’identités. » L’espion qui parlait était l’un des plus compétents présent sur le territoire sorcier. « Elle est difficile à repérer et semble valser avec les faux-semblants au quotidien. Elle a été vue récemment en compagnie de Jun Taiji. » Je le savais déjà. En compagnie de mon père lors de cette soirée qui avait tourné au désastre, dans l’enceinte même de ma propriété du Duché de Darin. J’essayais de ne pas y penser, pas maintenant. J’avais pris les choses en main à distance, envoyant Gustine, les nourrices et les enfants sur Boraür en attendant la reconstruction du château et l’apaisement de leurs traumatismes. J’avais promis de venir rapidement, dès que je pourrais quitter la capitale et ma famille. Une partie de moi tremblait encore de rage et d’impuissance. « Quoi qu’il en soit, elle est Déchue aujourd’hui. » « Quel Péché ? » « La Gourmandise. » « Hum. »

Lentement, je posai les yeux sur la lettre, continuant à questionner mes conseillers. « Elle est donc au fait de nos us et coutumes. Pourquoi ne vit-elle pas à Avalon, s’il s’agit d’une Déchue ? » « À vrai dire, elle vient de réapparaître très récemment et nous n’avons aucune idée de ce qu’elle a pu entreprendre entre temps. Cette femme est une ombre. » Je venais juste de lire le nom de la technique de torture, ce qui conféra à la situation un effet intéressant. La Tourmente de l’Ombre.

Après quelques longues minutes d’échange, je leur demandai de sortir, afin que je puisse rédiger ma réponse tranquillement. Ils allaient faire de nombreux aller et retour dans les jours à venir.

À l’attention d’Edelwyn Mitsuko Taiji,

C’est avec plaisir que j’accepte le mariage. Vous avez raison, il est bien plus intéressant de jouer à quatre mains. J’espère simplement que vos doigts sont aussi habiles que vous le laissez penser. La société dans laquelle je vis à tôt fait de couper les mains trop ambitieuses lorsque cette ambition déplaît à certains puissants. Autant vous préciser tout de suite que vous et moi devrons jouer la même mélodie. Je n’aime pas la dysharmonie.


Je m’arrêtai un instant. J’avais compris de quoi il en retournait pour le Miroir sans avoir à le déverrouiller. Si cette femme avait pu m’observer tout ce temps, cela me plaçait dans une situation périlleuse. Elle savait, forcément.

Je vais suivre votre conseil concernant les Miroirs. Je vous recontacterai de nouveau afin que nous puissions poser les bases de notre coopération future, par courrier ou en présence l’un de l’autre, à votre guise. Vous devrez tout de même faire le déplacement pour le mariage et la signature du contrat.

Cordialement. Elias Salvatore.


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Kaahl Paiberym
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Jeu 04 Juin 2020, 17:51


« La suivante. » dis-je, en attrapant une nouvelle lettre. « Lysistrate Dogma. » « C’est une Démone. » Je souris. « Peut-être pouvons-nous déjà l’écarter. » « Non. » « Prince Noir, vu le traitement que vous avez infligé aux Vils, le fait que cette femme cherche à se venger n’est pas à sous-estimer. » « Le peut-elle ? » « Pour le moment, cela semble à écarter totalement. » avança l’espion. « Elle est faible. » Il continua. « Elle est née durant l’Ère de la Conciliation. Vous serez sans doute intéressé par plusieurs éléments. Tout d’abord, c’est une ancienne Sorcière. Elle est morte écartelée après quelques expériences runiques qui semblent avoir mal tournées. » « Elle est donc, elle aussi, parfaitement au courant de nos us et coutumes. » « Oui. Elle n’a d’ailleurs pas abandonné l’épreuve comme la précédente. Elle l’a menée à son terme. » « Bien. » « Il y a plusieurs mois, elle a demandé à être enfermée avec des détenus angéliques pour les tenter, ce qui illustre parfaitement son comportement général. Un homme l’a alors repérée. Il se prénomme Asborn. Ils semblent proches et ils étaient ensemble sur la Terre Blanche au moment de l’attaque. La fille a pris la fuite. Ce sont des tortionnaires, avec un goût particulier pour la torture. Lysistrate est sadomasochiste et attirée par les plaisirs charnels de cette nature. » « Intéressant. » murmurai-je, en posant les yeux sur la lettre. « Agazio ? » demandai-je. « Il s’agit de son frère. A priori, ils étaient ensemble lorsqu’elle est morte. » « Elle a donc un ancrage à Amestris… » « D’après ce que nous savons, il n’est pas au courant de sa transformation en Démon. » « Il la croit morte, donc. » « Exact. » Je passai une main dans ma barbe, songeur. « Sa position hiérarchique chez les Démons ? » « Mādiga. » « Vous ne devriez pas vous encombrer d’une telle femme. Elle ne pourra rien vous apporter, ni sur le plan économique, ni sur le plan politique. Sans parler du fait que vous risquez de la tuer sur le coup si jamais vous veniez à la frapper. » « Et quelle était sa torture ? » « Elle a demandé à ce qu’un philtre d’amour soit concocté. La pratique vise à rendre amoureux la victime et à utiliser cet amour contre elle en faisant souffrir les personnes aimées devant elle. » « Hum. » Je savais parfaitement ce que l’amour pouvait engendrer sans parler d’une quelconque mise en situation. L’angoisse, la déraison, la violence… L’amour en lui-même était un poison. « Un portrait ? » L’on me tendit plusieurs images. « Sous sa forme plus humaine, c’est une femme à la peau noire et aux yeux tout aussi sombres, comme vous pouvez le constater. Sa forme démoniaque est moins plaisante à regarder, néanmoins. Elle est aussi aveugle sous cette dernière. » « Je vois. Sortez. »

À l’attention de Lysistrate Dogma,

C’est avec plaisir que j’accepte à mon tour de me marier avec vous, à quelques conditions, néanmoins. Nous parlerons postérieurement de vos exigences et des miennes concernant le mariage en lui-même, mais étant donné votre faible position hiérarchique au sein de votre peuple et du peu d’apport que ce mariage pourra me procurer, je pose une condition dès maintenant à la formation de ce dernier. J’ai cru déceler une certaine ambition à réussir l’épreuve et j’espère sincèrement que cette ambition vous suit dans les autres domaines de votre vie.

Mes conseillers ont soulevé un point important : le fait que vous soyez une Démone devrait me pousser à refuser. J’accepte néanmoins puisque je pense que les ennemis d’hier peuvent devenir les amis de demain. Néanmoins, il me faudra un gage de votre bonne foi et, pour cela, je vous demande d’assassiner celui qui se fait nommer Asborn. Je sais que vous avez une relation particulière avec ce dernier. S’il s’avère que ce mariage est important pour vous, alors vous vous exécuterez. Autre point : lorsque votre puissance s’y prêtera, et je souhaite vous voir évoluer de façon à me servir un minimum au sein de ce mariage, j’aimerais pouvoir vous battre à ma guise, en tant qu’époux. J’ai cru comprendre que cela ne vous dérangeait pas et que, au contraire, vous aimiez ça. J’aime faire souffrir et vous aimez souffrir. Cela nous fait un point commun.

J’ai quelques idées pour vous, si vous êtes prête à retourner en Terre Blanche pour inventer des techniques de torture pour moi tout en les testant sur des Démons. Il me semble que votre espèce ne rechigne jamais à faire souffrir ceux qui la composent et qu’il s’agit là d’une sélection naturelle. En attendant que vous puissiez vous hisser dans les sommets, cela pourrait constituer un apport suffisant à mes yeux.

Pour la suite, il me semble préférable que nous nous occupions des détails du contrat par courrier. Il serait malavisé de ma part de vous rencontrer en personne. Cela biaiserait totalement votre consentement. Répondez à ma lettre en m’indiquant vos conditions une fois que vous aurez tué Asborn, si vous choisissez de le faire, bien entendu. Je suis certain que nous arriverons à un accord qui nous sera favorable à tous les deux.

Cordialement. Elias Salvatore.


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Jeu 04 Juin 2020, 17:51


Étudier chaque profil prenait du temps. En revenant de la pause que nous nous étions accordés pour déjeuner, je remarquai un tableau dans l’un des couloirs du palais. Je plissai les yeux et fis demander la personne compétente. « Depuis quand est-ce ici ? » « Quelques semaines, mon Prince. » « Qui l’a amené ? » « C’est un présent du peuple des Alfars. » « Je vois. Décrochez-la et placez-la dans mes appartements. » « Bien. Dans quelle pièce ? » « La salle de bain. » « Je m’en occupe tout de suite. »

De retour dans la pièce, je pris la lettre suivante. Les sceaux attirèrent mon attention. J’ouvris et déclarai simplement. « Ancolie Blaise Aodhàn. » « C’est une Déchue de la Luxure, une Corvus. » « Cela vous décrédibiliserez de prendre une telle femme pour épouse. Elle vous trompera forcément. » « Elle vient juste de découvrir son Péché et cela risque d’être problématique dans le futur, c’est certain. » Pour une fois que l’espion et le diplomate étaient d’accord. « Quoi d’autre ? » murmurai-je. « Elle fait partie de la famille Blaise, comme son nom l’indique. » Il me suffisait de lire la missive pour le savoir. Je détestais les animaux. « Elle pense être la sœur jumelle d’Aiyanna Blaise. Il s’agit d’une Lyrienne d’Électricité. A priori, elle serait bien plus un clone qu’une jumelle. » « Hum. » Je ne me souvenais plus du tout de l’avoir déjà croisée par le passé. Vu mon état à ce moment-là, ce n’était pas étonnant. Cela faisait longtemps. « Un fait remarquable ? » « Non. Elle a abandonné l’épreuve et semble avoir été émue par les traces de sang sur le sol. Elle vit dans un bordel. » « De mieux en mieux. » lâcha le diplomate. « C’est… délicat, en effet. » « Quand bien même, la majorité des membres de sa famille est composée de Lyrienns. Il y a des limites à ne pas franchir si vous souhaitez avoir le fond de ma pensée. » Il y eut un silence. « Sans parler du fait que, tout comme Lysistrate Dogma, elle ne tiendrait pas cinq minutes devant vous. » « Il est impensable qu’une Corvus sache se tenir. Elle va s'empaler sur tous les objets contondants qu'elle trouvera sur son chemin. » Je le savais parfaitement. J’avais été Corvus, moi-aussi. « Avons-nous besoin d’animaux ? » « Pour les expériences ? Probable mais nous pouvons les trouver d’une autre façon. Je crains fort que la famille Blaise n’apprécierait pas que leurs canidés et félidés servent de cobayes. » Le simple fait de me figurer un chat me plaçait dans une position intenable. « Bien, sortez, à présent. »

Je restai un instant sans bouger. Les Déchus et moi entretenions une relation particulière. Le fait est qu’avec ma Bague, j’étais à présent considéré comme un Refute, là où elle n’était qu’une Corvus. Elle ne pouvait rien m’apporter de plus que ce que je possédais déjà. Adam et moi avions également un rapport qui pourrait être favorable à nos deux peuples, plus tard. Il était hors de question que je place les Ailes Noires en ennemis des Sorciers. Quant à la famille Blaise, eu égard à mon dégoût profond pour les bêtes, ce n’était pas un argument valable à mes yeux.

À l’attention d’Ancolie Blaise Aodhàn.

J’ai bien reçu votre lettre et me vois désolé de refuser votre consentement au mariage. Votre statut de Corvus est, en soi, problématique à l’heure actuelle, d’autant plus que vous avez abandonné l’épreuve, ce qui prouve que vous n’êtes pas faite pour supporter une vie qui se déroulerait principalement entre Avalon et Amestris. Mes hommes m’ont rapporté une fragilité chez vous qui n’est pas compatible avec une vie à mes côtés.

Si jamais, à l’avenir, vous veniez à vous renforcer et à atteindre le rang de Prœliant, ce qui prouverait un contrôle effectif sur votre Péché et une puissance plus importante, n’hésitez pas à me recontacter. Le monde évolue et mes décisions sont susceptibles de faire de même, avec le temps.

Cordialement. Elias Salvatore.


Dans les couloirs, attendant mon appel, les Sorciers discutaient entre eux à propos de ce qui semblait être le prochain candidat. Les Génies étaient particuliers. Il avait été difficile de trouver quoi que ce fût à leur sujet. Néanmoins, l’espion en question était particulièrement efficace. En matière de Djinn, certaines choses ne devaient jamais être prononcées à voix haute.

732 mots

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Jeu 04 Juin 2020, 17:51


« Suivant, Heian Berwyn. » Il y eut un léger silence, comme celui qui avait précédé les révélations sur Edelwyn Mitsuko Taiji. Je remarquai que la lettre avait également été descellée. Mon index et mon majeur s’abattirent plusieurs fois sur la table, produisant un bruit répétitif et agaçant. « J’attends des explications. » dis-je sévèrement. « N’avais-je pas demandé à ce que les lettres ne soient pas ouvertes ? » « Si, mon Prince. Néanmoins, il s’agit d’un Génie et leur caractère fourbe et insaisissable nous a convaincu de prendre certaines mesures supplémentaires, à raison. » Je me penchai légèrement en avant. « Dîtes-moi… Est-ce que je vous semble vulnérable ? » « Absolument pas. » « Avez-vous ouvert d’autres lettres ? » Je savais qu’il y avait Laëth parmi les participants. « Nous n’avons pas lu le contenu, Prince Noir. Nous avons simplement lancé un sort qui permet de déceler les vices et le sceau s’est malencontreusement ouvert pour cette missive en particulier. » « Ah, donc vous admettez l’avoir entrepris sur d’autres. » « Les races maléfiques uniquement. » Je posai la lettre sur la table et amenai mes mains à mon visage. Mes index et mes majeurs se rejoignirent sur l’arête de mon nez et je fermai les yeux quelques secondes. Mon silence glaça tous les hommes présents. Ils se virent, un instant, crucifiés et écorchés en place publique, ce qui refroidit considérablement l’ambiance, jusqu’à ce que j’émisse une nouvelle phrase. « Vous avez raison. Il vaut mieux être prudent. » laissai-je tomber, avec un petit sourire qui aurait pu être rassurant s’il n’avait pas émané de moi. « Qu’avez-vous à m’apprendre ? » Contrairement à certains, je ne savais rien de lui. L’on me présenta des portraits. « Hum. » Pas mal. « Comme déjà dit, il s’agit d’un Génie, un Djinn d’après nos estimations. Le fait qu’il ait utilisé l’un des esclaves pour toutes les tâches tend à nous faire penser qu’il ne peut pas encore prendre une apparence physique stable. Autrement dit : c’est un Génie faible. » « Un Génie n’est jamais faible. » dis-je. C’était un peuple que je ne pouvais me permettre de sous-estimer, même s’il était plutôt aisé de se débarrasser de certains. J’approchais une puissance qui rendait possible la plupart de mes volontés. Réduire à néant un adorateur de la Magie Bleue ne m’était pas impossible, loin de là. Néanmoins, je préférais m’allier à ce peuple que l’avoir à dos. Dans le meilleur des cas, ne jamais les côtoyer aurait été bien mieux mais, malheureusement, depuis les songes que j’avais fait et, en tant que partisan drogué du Monde des Rêves, il me semblait que mon destin fût plus ou moins lié à ces derniers.

« Est-ce tout ? » « Ce que nous savons est à prendre avec prudence. Il semble qu’il ait été vu sur le territoire du Spectre de la Dame, en compagnie d’un Vampire également, qui fait d’ailleurs partie des champions de la Coupe. » « Je vois. Rien d’autre ? » « Son passé est complexe à retracer et nous ne sommes arrivé à rien en si peu de temps. Si vous nous en accordez davantage, nous serons en capacité de retrouver son identité précédente. » « Hum. » dis-je, évasif, en parcourant la lettre des yeux. La magie révélatrice avait fait son œuvre sur l’encre invisible. Je souris et passai ma langue sur mes lèvres. « Quelle technique de torture a-t-il produit ? » « C’est assez élaboré. Il s’agit d’un cauchemar éternel, visible depuis un miroir. » Mon visage resta de marbre. « Parfait. Vous pouvez sortir. » « Si je puis me permettre… » « Oui ? » « Somnium est actuellement dans un piètre état mais un accord économique avec les Génies pourrait être intéressant à plusieurs égards. » Bien sûr. Il n’y avait pas que cela. « Merci. »

À l’attention de Heian Berwyn,

J’ai lu avec une grande minutie votre lettre. L’utilisation d’une encre invisible était particulièrement fourbe. Malheureusement, je n’attendais rien de cette épreuve. Vous vous doutez bien que les Sorciers ont, et ce depuis longtemps, fait le tour de la plupart des techniques de torture, magiques et non magiques existantes. Je m’informe simplement par curiosité des productions de chacun. Néanmoins, je dois avouer être plutôt impressionné de ce que semble produire votre Miroir des Cauchemars. J’aime beaucoup ces objets. Ils permettent de percevoir des choses intéressantes, parfois. Je ne parle bien sûr pas de mon propre reflet, qui ne me renvoie qu’un vieillard légèrement décrépi depuis plusieurs années.

Comme vous pouvez le constater, je vous contacte avant le délai imparti. N’allez pas croire que votre menace déguisée y soit pour quelque chose. Si je n’avais pas entretenu un semblant d’intérêt pour les Génies, croyez-moi : vous seriez déjà mort. Le zèle est une mauvaise habitude qu’il vaudrait mieux que vous perdiez en ma présence. Mais oublions tout ceci. Je suis un homme pragmatique et, comme je l’ai dit, je possède quelques fascinations pour votre peuple. Ce n’est d’ailleurs pas une simple collaboration que je désire. Je sais que vous pouvez être ce que bon vous semble et j’espère donc me marier avec une version féminine de votre personne. Les Génies sont des comédiens de talent et, je suis certain que quel qu’ait été votre sexe d’origine, vous pourrez passer pour ce que vous désirerez aux yeux des autres.

Bien sûr, comme vous l’avez précisé vous-même, il serait délicat pour vous de prétendre parler au nom de votre Roi, pas encore. Je vous propose donc de mettre quelques rêveurs à votre disposition afin que votre magie s’épanouisse au mieux. Aussi, peut-être serais-je moi-même intéressé par quelques vœux. Je réfléchirai à cette possibilité puisque je connais parfaitement les tromperies perpétrées par votre espèce. Nous partageons là un point commun significatif. Nous verrons donc en temps voulu. En attendant, répondez-moi quant à votre acceptation vis-à-vis du mariage. Si vous refusez, notre échange s’arrêtera là. Si vous acceptez, nous pourrons parler de nos désirs respectifs concernant notre union. Je vous conseille également de faire en sorte que votre machine ne cesse pas de fonctionner comme les lignes précédemment cachées le laissent supposer.

Cordialement. Le Prince Noir, Elias Salvatore.


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Jeu 04 Juin 2020, 17:52


« Nicolae Valachie. » « Il s’agit d’un Vampire, un Nebesens vraisemblablement. Il a été sauvé des Fanatiques de Lubuska par le Phénix, Lucia Targaryen. » « Hum. » « C’est pour le Spectre de la Dame qu’il a participé à l’épreuve. De façon tout à fait objective, c’est un Vampire plutôt faible, avec une intelligence toute relative. Il aurait été possible de penser à une technique de déstabilisation de ses interlocuteurs mais il ne semble pas avoir le talent nécessaire pour parvenir à un tel jeu de comédien. Il prend absolument tout au pied de la lettre, ce qu’a constaté l’ensemble des Sorciers et des esclaves mis à sa disposition. » Je fixai l’unique phrase qui composait sa lettre. « Pourquoi Lucia Targaryen s’intéresse-t-il donc à lui ? » « Aucune idée. » « Vous n’avez aucune idée sur la question, vraiment ? » « Il doit s’agir d’une lubie de l’Empereur de Spectre qui ne trouve d’explication que dans… son attachement potentiel pour cet homme. Peut-être le considère-t-il comme son fils ? » Peut-être l'était-il. « Quoi d’autre ? » « Rien de particulier. » « A-t-il inventé une technique de torture satisfaisante ? » « Non. Ses accompagnateurs ont extrapolé d’après une maladresse du Vampire. Mes hommes sont formels. » J’avais, bien entendu, fait surveiller l’épreuve par des yeux discrets, ce qui me conduirait à quelques surprises, les jours suivants, concernant certaines participations. « Bien, merci. Vous pouvez sortir. Nous nous arrêterons là pour aujourd’hui. » Nous avions également parlé des participants de certains autres peuples. J’avais refusé un arrangement avec un Eversha. L’Orisha avait décliné l’offre, ce qui ne m’avait en aucun cas étonné.

À l’attention de Lucia Targaryen, Empereur de Spectre, Phénix.

Demandez à Nicolae Valachie.

Elias Salvatore, Prince des Sorciers.


Je souris et quittai la pièce afin de me rendre dans mes appartements. Je me dirigeai vers la salle de bain afin d’observer le tableau que j’avais décelé plus tôt. La magie repérait la magie et cette œuvre en comportait. Je commençais à être au fait des malversations et des tentatives d’espionnages de certains peuples. J’étais le Kamtiel, ce n’était pas pour rien. Un cadeau des Alfars, aussi empoisonné que leurs pensées. Je déployai la Valse Destructrice et réduisis la toile en cendres de néant. Il n’en resta rien, en d’autres termes, simplement l’outrage.

Plus tard, je convoquai l’un de mes espions les plus proches. Celui-ci savait bien des choses. Son esprit était un mur infranchissable et son suicide serait immédiat dans le pire des cas. J’étais moi-même parfaitement au courant de ce que je devrais faire, en théorie, si jamais ma couverture magicienne tombait, à cette exception près que j’étais bien plus qu’un simple espion et que j’avais pris le temps de tisser de quoi me tirer de n’importe quelle situation. Quoi qu’il en soit, mon suicide n’était plus requis. J’étais une figure royale, à présent. Les Magiciens ne me tortureraient pas tant les tensions qui en résulteraient seraient immenses et susceptibles de conduire les deux peuples à un affrontement aussi brutal que destructeur. « Prince Noir, Chancelier Kamtiel. » Il faisait partie des rares au courant de mon statut d’Archimage. « J’ai besoin que vous enquêtiez sur les possesseurs de ces Miroirs et que vous me fassiez un rapport sur ceux qui montrent mon image. Vous comprenez aisément pourquoi il est vital de s’en préoccuper. » Il savait pour mon identité magicienne. Il observa l’artefact. Il ne lui sembla pas étranger. « Dans un délai bref de préférence. J’aimerais autant neutraliser rapidement ceux qui représentent un risque. » « C’est évident. L’un de nos espions est tombé ainsi, il y a quelques siècles. Certaines figures couronnées subissent le même sort à cause d’objets similaires. Néanmoins, malgré mon enquête, je ne pourrai pas vous promettre l’exactitude. Le mieux que vous puissiez faire est de vous prémunir magiquement contre les yeux et les oreilles indiscrets. Je suis d’ailleurs surpris que personne ne vous ait enseigné cela. » « J’ai toujours été prudent jusqu’ici. » Pas toujours, non, et mon caractère maniaque ne cessait de me le reprocher. « Cependant, j’ai bien conscience que ça ne suffira plus d’ici quelques temps. Mes affaires futures vont forcément me pousser sur le devant de la scène et des questionnements à mon sujet naîtront. » « Je vous fournirai un contact une fois que j’aurai terminé mon enquête. Quels sont les mots d’ordre ? » « Tuez les possesseurs de ces Miroirs et ramenez-moi ces derniers. »

742 mots

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Jeu 04 Juin 2020, 21:50


« Que faites-vous ? » demandai-je à une jeune servante qui se dirigeait vers la chambre d’Eméliana. « J’apporte du linge propre à la Princesse. » « Pardon ? » « Oui, elle me l’a demandé. » « Tiens donc. » fis-je. À croire que le palais était aussi accessible qu’une maison de passe d’Avalon. « Laissez, je vais m’en occuper. » dis-je d’un ton sec qui n’appelait clairement aucun commentaire. Je pris le linge et m’avançai vers les appartements de la rousse. Je frappai. Contre toute attente, une voix identique à celle de mon élève me répondit. J’entrai. « Bonjour. Vous êtes bien matinale. » lui murmurai-je. Je souris d’un air mauvais. Eméliana ne recevait que très rarement la visite de hauts gradés. Les gardes n’avaient pas fait attention tant elle était détestable avec eux. Très sincèrement, la personne qui se trouvait en face de moi avait tout l’air de débuter, à moins que je ne fusse suffisamment clairvoyant. « Oui je… Je me suis dit qu’un peu d’exercice me ferait du bien. Je suis tellement… » Grosse ? Bien sûr. En ce qui me concernait, je n’avais pas eu à prendre la place d’un individu déjà existant. Mon jeu avait consisté à mentir sur ma transformation effective en Magicien. J’avais dû jouer à être gentil et sans doute l’avais-je mal fait dans un premier temps. Néanmoins, c’était un tout autre exercice que celui de se faire passer pour une vraie personne. Il fallait prendre le rôle en main, tester son habileté à le pratiquer et, forcément, ne jamais tomber sur un être comme moi. « Je vous pose ça ici. » dis-je. J’avais deux possibilités : la tuer tout de suite ou attendre. Parfois, il valait mieux surveiller de loin. Je connaissais déjà son identité véritable. Il me suffisait de la contempler. Une Alfare. Cela faisait beaucoup en peu de temps. La toile puis cette espionne. « Bonne journée. » « Vous ne vouliez rien de particulier ? » « Non, simplement voir si vous alliez bien. » articulai-je en quittant sa chambre.

Avant de me rendre dans la salle des délibérations, j’ordonnai qu’elle fût surveillée. Une espionne espionnée par d’autres espions constituait une situation toujours périlleuse mais je voulais savoir ce qu’elle comptait obtenir, à remplacer une jeune fille qui n’avait aucun poids, si ce n’était celui d’être bien née.

C’est avec cette idée en tête que je m’assis face à mes collaborateurs. Le hasard tombait divinement bien. J’ouvris la lettre d’une certaine Èibhlin Mèinn. Elle refusait le mariage mais cela m’était égal. Je demandai donc à l’espion ce qu’il pouvait me dire sur cette femme. « C’est une Alfare. » Je l’avais compris aisément. « Elle a seize ans mais a fait preuve d’une certaine maturité durant l’épreuve. » Il me tendit plusieurs portraits, dont un qui avait été créé devant la maison qui lui avait été conférée le temps de l’épreuve et qui ressemblait à s’y méprendre à une sorte de jardin des horreurs. Je ne laissai pas paraître le fond de ma pensée. « Elle possède un secret honteux, à savoir qu’il s’agit d’un clone d’une Ygdraë : Leleïth Hellsing. » « Leleïth Hellsing ? » demandai-je. Je n’en avais jamais entendu parler. « Il s’agit d’une Eskët sans trop d’importance. Les deux femmes sont faibles. Èibhlin est une Sarethi. » C’était étonnant. À croire que le monde entier fût composé de clones. J’avais également le mien, même s’il n’en était pas vraiment un. Ârès demeurait introuvable depuis que la tempête s’était abattue sur mon château et ça ne me plaisait pas. « Fait intéressant, il semble qu’elle ait quelques liens avec la famille Arcesi. Elle serait proche d’un certain Jämiel Arcesi, Isemssith, Élu des Portes et Main d’Omi’Ake. Il a failli remporter la Coupe des Nations des Elfes. » « Je vois. » « Néanmoins, lui non plus n’est pas particulièrement haut placé dans la hiérarchie des Alfars. » « Des faits remarquables ? » « Non. » « Son épreuve ? » J’avais été intéressé par ses mots. « Une œuvre d’art éphémère. Elle a utilisé ce que les Alfars ont de plus cher : la confection de parfum, la nature cauchemardesque et cette capacité particulière à insuffler la vie à leurs propres créations. » « La décrieriez-vous comme légèrement effrontée ? » « Sans doute la jeunesse. Elle semble savoir ce qu’elle désire. La société alfare ne laisse, de toute façon, que très peu de places aux indécis et aux ratés. » Je fis un geste en direction du domestique présent, afin qu’il me versât un verre de vin. « Bien, vous pouvez sortir. »

À l’attention d’Èibhlin Mèinn,

J’ai bien reçu votre refus quant à un potentiel mariage. Néanmoins, je me vois dans l’obligation de vous demander de reconsidérer votre position. Voyez-vous, pas plus tard qu’hier, j’ai trouvé une étrange œuvre d’art dans les couloirs du palais, un cadeau de votre peuple, un cadeau empoisonné probablement destiné à l’espionnage. Je l’ai neutralisé, tout comme je neutraliserai l’autre menace qui pèse sur l’un des membres de la famille royale actuellement. Ne voyez pas dans mes paroles un quelconque essai de fourberie. Si je voulais l’être, je ne prendrais pas la peine de vous écrire. J’ai conscience de votre faiblesse et du fait que vous n’êtes personne, si ce n’est le clone d’une Ygdraë. Cependant, étant donné la position actuelle de Drosera et le racisme présent au sein de votre peuple, je vois en notre collaboration une double opportunité. Nous sommes tous les deux des étrangers, en quelque sorte.

Je compte rapprocher les Sorciers et les Alfars très prochainement. Nous avons des intérêts communs qui, j’en suis certain, sauront abaisser quelques défenses et réticences des deux côtés. Je suis l’héritier de la Couronne. Je sais les Alfars ambitieux et, croyez-moi, vous feriez une grave erreur en refusant une seconde fois ma proposition. Eu égard à la situation et aux essais infructueux d’espionnage des vôtres envers les miens, ne doutez pas non plus de ma capacité à prendre acte de l’outrage et à agir en conséquence. Votre main apaiserait légèrement ma colère.

Vous avez supposé que je préférais les œuvres intemporelles sans me connaître. J’apprécie également l’éphémère. Notre mariage pourrait l’être si vous n’y trouviez pas votre compte, finalement. N’oubliez pas, Éibhlin, que même une épine, aussi tranchante puisse-t-elle être, peut être brisée. Rien n’est éternel, surtout pas les opportunités.

Elias Salvatore, Prince des Sorciers


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Jeu 04 Juin 2020, 23:25


« Orion Nevrakis. » « Un Vampire de la Lignée de Vlad. C’est une lignée essentiellement composée de chasseurs, ce qui devrait vous plaire. » s’autorisa à commenter l’espion. S’il l’avait précisée, l’information était un peu comme toutes celles qu’il me donnait concernant les précisions terminologiques : inutiles. Je le savais déjà. J’étais moi-même Vampire à mes heures. C’était de cette manière que j’avais rencontré Laëth, attiré par son sang. Ange et vierge, l’effet sur moi avait été immédiat. Y songer me rendit fébrile. La Couronne de la Nuit avait des effets pervers qui ne me quittaient plus, même lorsque je ne l’avais pas sur la tête. Parfois, en pleine nuit, je me réveillais avec une envie étrange de sang, ce qui contrevenait totalement à mon régime alimentaire de base. L’image du liquide sur ma langue émoustilla mes papilles. Je me concentrai. « Niveau hiérarchique ? » « Rahzdens. » « C’est problématique. » articula le diplomate. « Un nouveau-né est incapable de se tenir. Non seulement il n’est d’aucune véritable utilité étant donné sa faiblesse, mais en plus il risque de se jeter sur n’importe quel individu dès qu’un besoin de sang se fera sentir. » J’eus une toute autre vision, celle de mon frère engloutissant les Esprits Parasites, comme un Vampire tout particulier. Ce n’était pas le sang qu’il aspirait mais les morts. « Continuez. » dis-je à l’attention de l’espion. « Sa Génitrice se nomme Mathilda Nevrakis. D’après les informations que je possède, il s’agit d’un nom conféré par le lien qui les unit. Les Nevrakis sont, pour la plupart, des négociants en pierres précieuses. » « Son passé ? » « Un ancien Humain, orphelin, qui est devenu bandit avant de se faire mordre. » Les sentiments du Suprême de l’Au-Delà concernant les Enfants de Sympan étaient si négatifs que je ne pouvais lutter contre eux. Depuis la fameuse coutume orisha que nous avions partagée en rêve, je les haïssais un peu plus chaque jour. J’essayais de résister mais c’était délicat. Le simple fait de penser qu’Adam possédât une Bague Humaine me débectait. « Il vit actuellement à Merhoneän. Il est né à l’Ère de la Conciliation et a été vu récemment lors d’une soirée à Pabamiel. » « C’est un prénom intéressant. » dis-je, songeur. Aucun Sorcier présent autour de la table n’avait pu ignorer ce fait. Orion Shidori était un ancien Empereur Noir qui figurait parmi les légendes de notre peuple. « Certes, il n’empêche qu’il constitue un problème tant qu’il ne se contrôlera pas. À croire que les Ætheri ont cru bon de désigner des… » « Chut. » le coupai-je. « Et son épreuve ? » « Répugnante. » « C’est un bon début. » « Sa technique consiste à utiliser le sang et la graisse de la victime pour faire du boudin qu’elle devra manger ensuite. » « Hum hum. » émis-je, avec un sourire carnassier qui fit froid dans le dos de mon interlocuteur. « Messieurs, vous connaissez la suite. » dis-je alors. Ils sortirent. Je déposai l’artefact qui me permettait de traduire les différents langages sur la table. Il finissait toujours par me rendre migraineux.

À l’attention d’Orion Nevrakis,

C’est avec plaisir que j’ai reçu votre acceptation concernant une éventuelle collaboration entre vous et moi. Pour le moment, elle ne sera pas envisageable étant donné votre rang et l’instabilité qui vous étreint. Ce n’est pas un refus, simplement une volonté d’attendre un moment plus propice. Je vous invite donc à me recontacter lorsque les vôtres vous considéreront comme un Sëhnvors et que vous serez apte à former des descendants à votre tour. J’imagine aisément que l’appel du sang auquel vous êtes actuellement soumis ainsi que les changements récents dans votre existence vous demandent encore une certaine adaptation.

Quoi qu’il en soit, pour répondre à votre question, même si je n’écris pas mes lettres avec, je ne puis que vous donner raison. Le sang possède un attrait particulier à mes yeux. C’est, bien entendu, le cas pour tous les Vampires et les Sorciers dignes de ce nom puisque nous partageons une Magie commune liée à l’hémoglobine.

Cordialement. Elias Salvatore, Prince des Sorciers.


J’ignorais pour combien de temps je serais encore Prince. L’Empereur Noir me laissait de plus en plus de marge de manœuvre. Cela se sentait. Le regard de ceux que je côtoyais au quotidien était également différent. La prise de la Terre Blanche avait changé les choses et les rumeurs concernant mon futur probable ne cessaient de s’intensifier et de se propager.

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Ven 05 Juin 2020, 20:22


« Za Taiji Stark. » Je la connaissais déjà d’une certaine manière. Ce n’était pas à sa vie en particulier que je m’intéressais mais celle-ci avait ponctué l’existence de Priam et de Laëth. « C’est une Réprouvée de Lumnaar’Yuvon. » « Le refus du mariage me semble acté. Jamais un Réprouvé n’accepterait un tel arrangement, comme aucun Sorcier ne le ferait non plus. » intervint le diplomate. Il avait raison. Les Bipolaires étaient rancuniers et les Sorciers considéraient ceux-ci comme des animaux tout juste bon à servir d’esclaves. Néanmoins, ce n’était pas mon cas. Basphel m’avait sauvegardé du racisme. Je jouais simplement le jeu de mon peuple parce que certaines de mes opinions auraient choqué la population et jeté l’opprobre sur ma personne. Ce n’était pas l’objectif et je n’avais pas l’intention de devenir un Roi capricieux et instable. Les Mages Noirs avaient besoin de fermeté pour que leur nature fourbe ne s’exprimât pas autrement que par des pensées vis-à-vis des leurs. « Continuez néanmoins. Taiji Stark est un nom connu. » Celui de l’Impératrice des Deux Rives. Je le savais déjà mais je voulais qu’il persévérât dans son exposé, surtout qu’il me semblait apercevoir un malaise sous-jacent que le diplomate cachait très mal. « C’est un clone de l’Impératrice des Deux Rives. Elle est donc, par extension, la fille d’Edelwyn, le premier dossier que nous avons traité, et celle de Zel’Eph, l’actuel Thur en charge de l’armée. C’est une Élue des Portes et une Main d’Omi’Ake. C’est également une Kendov. Elle a une position hiérarchique faible et malgré un certain potentiel, cette femme ne semble avoir aucune autre ambition que de se disputer avec son compagnon, un Démon du nom d’Erek qui, semblerait-il, est un clone d’Isiode et Isley Yüerell. En tout cas, il leur ressemble beaucoup. » Les clones étaient, décidément, une réalité sous-évaluée. « Elle est actuellement enceinte et, d’après ce que nous savons, le père serait Priam Belegad. La relation charnelle a été confirmée. Néanmoins, Za multiplie les partenaires alors la paternité de l'homme en question ne peut être certaine. »

Je jetai un œil sur la lettre, étonné. « Hum. » « Je sais que ses paroles peuvent être blessantes mais… » « Elle accepte le mariage. » dis-je. « Comment ? Ce n’est pas… Ce n’est pas ce qu’elle a demandé à l’esclave d’écrire. » « Vous m’en direz tant. » C’était évident. « À croire que certains ont besoin d’un léger rappel à l’ordre. Je m’entretiendrai avec les Mayfair ultérieurement sur ce problème. Qu’a-t-elle dit ? » « C’est que… » « Qu’a-t-elle dit ? » demandai-je d’une voix plus ferme. L'espion prit le relai. « Qu’elle ne vous aimez pas, pas plus que les Sorciers, qu’elle ne voudrait jamais vous épouser, qu’elle allait se marier avec Priam Belegad dès qu’il aurait le courage de pratiquer le mariage réprouvé… » Je souris. Bien sûr. « Que vous pouviez euh… toujours espérer pour le mariage mais qu’il ne viendrait jamais et que si vous osiez, elle vous attendrait sur le territoire de son peuple pour… » « Me tuer. » complétai-je. « C’est ça. » En des termes réprouvés, ce qui devait être aussi grossier que pitoyable. « Elle vous a traité de vieux porc. » précisa-t-il. Je fis claquer ma langue contre mon palais. Le silence s’installa, pesant. « Sa technique de torture ? » « Le vautour à la broche. Vous placez la victime sur une broche et vous la faites tourner au-dessus d’un brasier plus ou moins ardent. » Je posai mes coudes sur la table, liai mes mains et y accrochai mon menton. Comme je ne disais rien, le diplomate prit la parole. « C’est un outrage important. Cela fait longtemps que les Sorciers n’ont pas attaqué les Réprouvés. Il serait peut-être temps de leur rafraîchir la mémoire. » « La Reine, comment évalueriez-vous sa puissance ? » Il y eu une latence. L’espion reprit la parole. « Elle est surtout puissante physiquement, plus intelligente qu’elle n’y paraît mais rien d’insurmontable. » Je l’avais demandé pour la forme, pour nourrir le cours de ma réflexion. « Étant donné la situation, vous pourriez demander de très larges compensations. » « Que les Réprouvés refuseront de fournir. » ajoutai-je. « Laissez-moi. »

Une fois seul, mes mains se posèrent sur la table. Mon index se mit à tapoter le bois. Je me demandais, sincèrement, pourquoi est-ce que le monde était peuplé de crétins. Je soupirai. Faire raser Lumnaar’Yuvon était une possibilité. Les Réprouvés avaient beau avoir des muscles, leur entêtement à ne pas utiliser la magie les rendait faiblards. Mais pourquoi ? Parce qu’une blondasse m’avait traité personnellement de vieux porc ? Ça n’aurait aucun sens. Attaquer n’apporterait rien et nous coûterait forcément quelques hommes, même en optant pour la fourberie. Le destin de tout un peuple ne pouvait dépendre du comportement déplacé d’une unique personne. Quand bien même, si j’envoyais les Sorciers détruire les Réprouvés, Laëth ne me le pardonnerait jamais. Sans parler de l’Ange, je ne me le pardonnerais jamais à moi-même non plus. Ce serait une erreur stratégique monumentale. La seule fautive était la représentante des Réprouvés. Ce serait à elle de payer son imprudence en premier lieu. Ensuite, puisque les propos n’avaient été tenus qu’en privé, il me suffisait de faire éliminer l’esclave qui les avait recueillis. Sa mort était, dans tous les cas, déjà décidée, étant donné le faux qu’il avait perpétré.

À l’attention de Za Taiji Stark

J’espère que vous trouverez un traducteur. Je vous enjoins de vous rendre à Amestris le plus tôt possible afin de m’y rencontrer en personne. Faute de quoi, lorsque l’attente me sera insupportable, je viendrai moi-même vous chercher.

Elias Salvatore.


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Ven 05 Juin 2020, 20:22


« Lancinia Daphnis. » Les Humains étaient semblables aux Réprouvés sur certains aspects, bien que les seconds soient plus évidents à tromper du fait de leur absence de Ma’Ahid. L’espionnage était un art qui ne supportait pas l’échec. « Elle est née à l’Ère de la Conciliation. C’est vraisemblablement un clone de Mancinia Leenhardt. » Je ris, trouvant visiblement le destin bien joueur. « J’espère qu’il s’agit du dernier clone que vous me présenterez. » « Malheureusement, non. » « Parfait, je n’aurai qu’à envisager de me constituer une armée de clones des personnalités imminentes pour déstabiliser les ennemis de notre peuple. » C’était un trait d’humour, reflet d’un certain agacement. Les hommes présents se regardèrent discrètement. Il n’était pas dans mes habitudes de plaisanter, ce qui leur fit envisager la possibilité que je pusse être sérieux. « Continuez. » tranchai-je.  « C’est une Humaine, une Kaahi. Elle semble avoir un certain potentiel et être proche de son modèle. Son Ma’Ahid est faible, ce qui ne serait pas susceptible de poser un quelconque problème pour vous. » « Pour l’instant. » ajouta le diplomate, sentant que l’espion était loin d’être contre une éventuelle union. « C’est une Élue des Portes ainsi qu’une main d’Omi’Ake. Elle semble avoir des prédispositions pour le combat et a été vue près d’un certain Shapûr Esfan. Il possède des titres similaires et a participé à la Coupe des Nations vampirique qu’il a failli remporter. Je me doute que des précisions sur la Matasif Mancinia Leenhardt sont inutiles. » « Tout à fait. » Il me montra les portraits. « Quel a été son comportement durant l’épreuve ? » « Pour une Humaine, l’on peut dire qu’elle s’est montrée coopérative. Elle a fait ce qui était demandé sans résister. Elle a tenté de rester de marbre face au sort subi par Ella, l’esclave qui l’a le plus accompagnée durant son séjour. Sa technique de torture était assez élaborée, bien que non magique. » « Peu importe. Une Humaine ne peut décemment pas gagner une Coupe des Nations sorcière. Ce serait envoyé un message particulièrement inquiétant. » intervint le diplomate. « C’est un fait. » dis-je, conscient que la décision que je prendrais à ce sujet serait avant tout politique. Je sentais les sentiments de mon frère imprégner chaque parcelle de mon corps, si bien qu’une envie latente de meurtre m’assaillit. J’essayai de repousser la haine. « L’Empereur Noir lui-même n’a aucune épouse appartenant à ce peuple. Les Humains et les Sorciers ne sont voués à aucune entente possible, ne serait-ce que parce qu’ils sont inférieurs en tout point. Le Ma’Ahid est un problème. » « Et pourtant, nous avons actuellement des centaines d’hommes et de femmes à Ranaghar, livrés à la seule magie des Magiciens. » laissai-je entendre. « Ce n’est certainement pas pareil, Prince Noir. Des Sorciers ont pu développer la Magie Bleue sur les Terres Glacées. Avec tout mon respect, si vous épousez une Humaine, cela marquera l’Histoire d’une façon défavorable. » « Je n’ai pas plus envie de l’épouser que vous. » lui assurai-je.

Le moyen le plus efficace pour lutter contre la haine viscérale de Devaraj à leur égard était de penser à Asîlah. Je savais qu’il faudrait que je m’occupe de Sjar et d’Hélène également. Il y avait eu des morts lors de la tempête. « Que fait-elle dans la vie ? » « Elle pratique plusieurs professions. C’est un soldat et une joaillière. » « Et vous dîtes qu’elle est proche de Mancinia Leenhardt ? » « Oui. » « C’est encore plus périlleux. Si vous l’invitez ici et lui fournissez un logement, elle pourrait apprendre des choses qu’elle se fera un plaisir de répéter à son modèle. Encore une fois, les Humains ne sont bons qu’à être esclavagés. » « Ma’Ahid ou pas, les Humains ne représentent actuellement aucune menace sérieuse tant ils sont peu nombreux. » précisa l’espion. « Ce n’est pas une raison. La vermine n’a pas à être ramassée uniquement parce qu’elle est faible. » « Bien. Sortez. » dis-je, en fixant mon regard sur la lettre.

J’inspirai profondément. Je sentais mon cœur battre à mes tempes tant des sentiments contraires m’envahissaient. Je n’avais jamais porté les Humains en haute estime. Je ne les sous-estimais pourtant pas. Il y avait simplement cette manifestation en provenance de Devaraj qui noircissait mon jugement. C’était problématique.

À l’attention de Lancinia Daphnis

Ne doutez jamais de ma curiosité. C’est un très vilain défaut que je me plais à entretenir. J’ai bien reçu votre acceptation quant au mariage. J’en ai même été particulièrement étonné. Les Sorciers et les Humains n’ont, pour ainsi dire, rien en commun et l’Histoire ne va pas dans le sens d’une union entre nos deux peuples. Je suis néanmoins curieux de voir ce que vous, et votre modèle puisque l’on m’a fait comprendre que vous étiez proches, auriez à proposer. J’imagine que si l’on réunissait tous les Humains mauvais et quelques Sorciers modérés, il serait possible d’arriver à quelque chose.

Autant préciser que, pour l’instant, je ne suis pas favorable à vous épouser. Je le serai peut-être si vous arrivez à monter un projet impliquant nos deux races et à le mener à bien. Étant donné la masse importante d’esclaves démoniaques et angéliques qui vient de nous parvenir, il se pourrait que l’attention portée jusqu’ici sur les Humains s’estompe. Si vous souhaitez aller dans cette voie, faites le moi savoir, je vous enverrai des Sorciers volontaires. Sinon, aucune alliance ne sera envisageable pour le moment, qu’elle soit raciale ou même maritale. Les Mages Noirs, en grande majorité, haïssent votre peuple. Les mentalités ne peuvent évoluer qu’avec le temps et, comme vous le savez sans doute, je suis opportuniste. Donnez-moi une opportunité satisfaisante pour mon peuple et nous verrons.

Elias Salvatore, Prince des Sorciers.


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Ven 05 Juin 2020, 20:22


Durant la pause déjeuner, je sortis dans les rues d’Amestris, seul. Un grand marché avait été organisé ce jour-là. Je laissai pleinement mes magies sombres s’exprimer. Mon aura ne tarda pas à se noircir inéluctablement. Il m’était impossible de passer inaperçu dans le flot de la plèbe. Les badauds s’écartaient d’eux-mêmes devant moi, créant malgré eux un chemin dégagé, clairement identifiable depuis les hauteurs du palais. Le mouvement de la foule m’arracha un sourire mauvais. La réaction des Sorciers à mon passage était bien différente de celle obtenue chez les Magiciens. J’étais craint dans un cas et admiré dans l’autre. Les Mages Noirs me fuyaient alors que les Mages Blancs souhaitaient m’aborder.

Je m’arrêtai face à un marchand d’œuvres d’art et regardai les différents tableaux. Il y avait des esquisses, des inachevés, des toiles gigantesques et d’autres bien plus petites. À en juger par les différents styles, les artistes appartenaient à des peuples différents. Mon regard s’attarda sur une représentation de Kennocha, l’Æther des Arts. L’instrument à vent que cette dernière tenait était parsemé de fleurs. Je pensai à Eméliana. Je savais qu’elle venait tout juste de commencer la harpe, avant que je ne l’arrachasse à ses cours. « Faites-moi livrer cette toile au palais. Un domestique s’occupera de vous payer. » dis-je au vendeur, après lui avoir laissé une pièce particulière. J’en possédais toujours quelques-unes sur moi, que je changeais régulièrement. Mes serviteurs étaient renseignés chaque matin sur les nouveaux motifs et agissaient en fonction. Dès que le commerçant montrerait l’objet, il serait pris en charge comme il se devait. Ceux qui s’essayaient à contrefaire mes œuvres le regrettaient toujours. Quoi qu’il en soit, je destinais le tableau à la Princesse Eméliana et le ferais livrer à Basphel pour qu’elle pût en jouir dès qu'elle serait revenue de la Terre d’Edel.

De retour dans la salle où nous discutions des participants de la Coupe des Nations, je pris la prochaine enveloppe par curiosité, en attendant les spécialistes. Je l’ouvris et avisai la signature. Daé, juste Daé. Je me remémorai cet homme que j’avais croisé plus tôt. Il n’avait rien d’intéressant et sa faiblesse était affligeante mais, curieusement, je ne l’avais pas oublié. Un pressentiment persistant m’enserrait à son sujet et, tel un enfant subtilisant une sucrerie, je retirai la missive de la pile pour la glisser dans ma veste. Je pris la suivante. Les explications sur la technique de torture étaient particulièrement longues. Aria Syrkell. Zi'Ljubica'Ir. Je n’étais pas censé être au courant de ce genre de détails. Néanmoins, la Nyam n’était pas inconnue du Suprême de l’Au-Delà et, techniquement, ce qui lui était connu me l’était aussi.

D’humeur étrange, je finis par me lever, bien avant que mes collaborateurs n’arrivassent, et quittai les lieux pour me rendre dans mes appartements, enquêter par l’intermédiaire de l’anneau sigillaire sur la technique inventée par Daé et les éléments liés aux deux protagonistes qui étaient en la possession des Sorciers. J’étais comme… soucieux de préserver certains secrets et de contribuer aux rumeurs affreuses qui ne cessaient de se propager sur le peuple chamanique. Je ne m’étais pas fait excuser. Ils m’attendraient.

À l’attention de Daé,

Bien que vous ayez accepté notre collaboration, je crains fort que vous ne soyez pas en mesure de m’apporter ce que je désire en tant que Prince des Sorciers. Je ne peux d’ailleurs pas vous faire gagner cette épreuve. Attirer les regards sur vous serait une très mauvaise idée de mon point de vue et, quand bien même, quel peuple devrais-je citer ? Voyez l’étendue du problème. Sachez néanmoins que j’ai apprécié le résumé de vos prouesses.

Je suis moi aussi convaincu que nous nous reverrons. Je vous ferai déguster de la tapenade et vous me parlerez des constellations. Il n’y a pas que les Sorciers qui influencent les Ères.

Elias.


Je fis appeler un domestique. « Oui, mon Prince ? » « Trouvez-moi tous les ouvrages traitant d’astronomie que vous pourrez. » « Bien. »

À l’attention d’Aria Syrkell,

J’ai bien reçu vos instructions et votre acceptation quant au mariage. Je me vois néanmoins dans l’obligation de décliner. Je connais vos coutumes et, par une magie toute pernicieuse, je ne désire pas y contrevenir du fait d’une union qui n’aurait aucune valeur aux yeux de votre peuple. Quand bien même votre consentement serait-il plein et entier, nous ne nous connaissons pas et, étant une Nyam, vous ne pourrez de toute façon pas consommer notre mariage. Il serait donc nul et non avenu, ce qui n’est pas souhaitable à mes yeux.

Néanmoins, je vais faire un pas en faveur des vôtres, afin de magnifier votre horrible réputation. Cela arrangera également mes propres affaires puisque Syrkell est un nom sorcier.

Cordialement. Elias Salvatore. Prince Noir.


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Kaahl Paiberym
Ven 05 Juin 2020, 20:23


« Diana Aldaria. » Je ne m’étais pas excusé et personne ne m’avait fait la moindre remarque. Tous ici savaient que j’étais particulièrement occupé et personne n’avait envie de finir sa vie dans une cave. « Il s’agit d’une Orine, une Sœrei qui n’a pas encore de maître. » « Hum. » J’avais cette information sous les yeux. « C’est une actrice. Elle voyage avec une troupe de théâtre nommée la Chrysalide. Celle-ci est essentiellement composée de Magiciens, dont un en particulier, Romain Michel. D’après nos sources, il aurait essayé de répondre à son énigme. Il y a deux autres éléments notables. » « Allez-y. » « Il semblerait qu’elle se soit fait violer. » « Par qui ? » demandai-je. « Je n’ai pas approfondi mais je pourrai trouver, si vous le désirez. » « Oui et amenez-moi cet homme dès que vous l’aurez. » Je souris, mauvais. « Elle a également essayé de se suicider, avant le viol. L’autre élément notable à savoir est qu’elle possède une très forte ressemblance avec Aylivæ Song. Nous suspectons donc qu’il s’agisse, là encore, d’un clone. » La concernée ne passait pas inaperçue. Elle avait elle-même participé à la Coupe des Nations angéliques, était une Élue des Portes et Main d’Omi’Ake. Elle était d’une grande beauté, ce qui expliquait certaines… choses. S’il y avait bien un domaine dans lequel j’étais particulièrement regardant, c’était celui de l’inceste. Je préférais éviter les histoires de famille, à savoir séduire les mêmes femmes et hommes que mes frères et sœurs ou, dans le cas présent, que mon père. Or, j’avais été présent durant deux événements qui avaient mis en lumière les penchants de mon paternel pour cette dernière et les penchants de cette dernière pour lui. Mon visage resta de marbre mais un sourire aurait pu y apparaître en me remémorant certains propos énoncés par la voix enflammée de la Sirène. Elle restait, néanmoins, une Sirène. Quoi qu’il en soit, qu’il s’agît de sa race ou de ses goûts et, ce, malgré sa beauté, jamais sa peau n'effleurerait la mienne. Celle de Priam n’aurait d’ailleurs jamais dû entrer en contact avec mon corps. Ça me répugnait de m’imaginer coucher avec le frère et la sœur, tout comme mon désir pour ma propre sœur me hantait. « Elle joue également du Luth. » « Pour une Orine, sa technique de torture était élaborée et cruelle. » L’on me fit glisser des portraits de la femme en question ainsi que des images de son œuvre. Cette race avait beau être considérée comme peuplée de femmes fragiles et élégantes, elles n'étaient pas à sous-estimer, bien au contraire. « Que vous épousiez une Orine ne contrevient à rien. Ce peuple est particulièrement malléable. Le seul risque réside dans l’identité de son maître futur. » « Elle me propose d’essayer de répondre à son énigme. » précisai-je. « Si vous répondez correctement, elle vous sera soumise. Ce serait l’idéal. » « Bien. Merci à tous, vous pouvez sortir. Nous en avons fini pour aujourd’hui. »

Je restai un instant dans la salle, afin de réfléchir à ma réponse. J’avais déjà éprouvé le lien. Je savais ce qu’il en était. Si je laissais cette femme poser son énigme, elle serait prise dans la tourmente et l’horreur à partir du moment où ma réponse serait correcte. En avais-je réellement envie ? Le pouvais-je seulement ? Je possédais déjà une Orine. Rien n’interdisait à un homme d’en avoir deux, d’après ce que je savais, mais ces créatures étaient si rares que je n’avais jamais côtoyé quelqu’un dans ce cas. Le supporterait-elle ? Me supporterait-elle ? La supporterais-je ? Il n’y avait pas que son destin dans mes questionnements. Il y avait le mien également. Elle aurait accès à des émotions que je ne laissais d’ordinaire pas transparaître. Néanmoins, elle serait aussi vouée au silence et à la fidélité. Sa vie serait peut-être brève et affreuse. N’avait-elle donc aucune idée de toutes les pensées tordues et désirs malsains qui pouvaient naître en mon esprit ? Une Orine ne disait jamais non à son maître et j'étais le genre de maître à en profiter pleinement.

À l’attention de Diana Aldaria,

J’ai reçu avec plaisir votre proposition. J’accepte de répondre à votre énigme. Nous nous rencontrerons à l’avenir selon nos disponibilités respectives. Proposez-moi un lieu qui ne serait dangereux ni pour vous ni pour moi ainsi qu’une date. S’il s’avérait que nous soyons liés à l’avenir, la volonté quant à notre mariage me reviendrait pleinement. Inutile donc d’en discuter plus amplement.

Cordialement. Elias Salvatore


Je me levai, pensant vaguement qu’elle regretterait sans aucun doute sa proposition lorsqu’elle me verrait. Peut-être voudrait-elle-même me fuir. Elle aurait raison de le faire.

779 mots

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Kaahl Paiberym
Ven 05 Juin 2020, 23:56


« Laëth Belegad. » demandai-je. « C’est une Ange, une Wun. » Je n’écoutais déjà plus. De tous les candidats de la Coupe des Nations, elle était celle sur qui il y avait le plus d’informations. Elle était également l’une des plus puissantes. Et, enfin, elle était pour ainsi dire la seule qui m’échappait et que je n’avais pas l’intention de rattraper. Mon regard se fixa sur la lettre que j’avais dépliée devant moi. « Prince Noir ? » m’interpella-t-on au bout d’un moment. « Oui ? » « Accepte-t-elle le mariage ? » « Non. »  « Bien, il semble que nous en ayons terminé dans ce cas. » « C’est exact. » L’Ygdraë avait refusé l’arrangement, tout comme le champion de l’Ordre d’Hébé et celui des Sirènes. J’avais accepté le mariage avec la Fae. De même pour les représentants des Dragonniers, des Enfants de Yanna et du Temple de Rhéa Latia. « Merci de votre coopération. Vous pouvez sortir. »

Je restai un long moment sans bouger. Je ne lui avais pas réécris depuis la dernière fois. Le violoncelle était le dernier colis que je lui avais fait transmettre. Tout c’était enchainé, ensuite, et je n’avais pas pu le faire sur la Terre d’Edel. Ce n’était pas une question de possibilité. C’était une question de volonté. Je n’étais pas en l’état et, pire, je lui en voulais pour… « Hum. » J’ignorais le fond de mon ressentiment, le pourquoi exact. C’était diffus, autant que le mal-être latent que mes espions avaient relevé chez elle récemment et, ce, depuis la mort de Hena. Il y avait eu ce Rêve. Il y avait eu mon aventure avec son frère à Avalon. Il y avait eu la Terre Blanche. Il y avait eu sa compréhension de ma situation exacte. Il y avait eu la destruction de mon château, par ma faute. J’avais dû faire des choix et elle… Elle, elle n’était qu’une complication dans mon univers parfaitement lisse et bien rangé. Je l’avais voulue, pourtant. Je connaissais les risques au préalable. Je n’avais jamais été naïf sur la question. J’avais envie de la voir, d’effacer les coups de reins d’Adam de son corps. Je me fichais totalement qu’il s’agît d’un rêve. Je voulais qu’il n’y ait plus que mon parfum sur sa peau. Je voulais la faire taire, bien avant qu’elle ne me posât la moindre question. Je ne voulais pas y répondre. Je la voulais dans mes bras. Je voulais que sa respiration soit tellement saccadée qu’elle ne pût jamais commencer la moindre phrase.

Je relus la dernière partie de sa lettre et soupirai.

À l’attention de Laëth Belegad,

Je ne désirais pas lui écrire. Le parchemin disparut, se désagrégeant progressivement dans une lente agonie silencieuse. Je n’avais pas envie de jouer. Je n’avais pas envie de répondre à ses messages dissimulés par d’autres mots l’étant tout autant. Je ressentais une colère déterminée, quelque chose d’incontrôlable et de puissant. Je voulais faire voler en éclat la porte de sa demeure, au même titre que toutes ses interrogations et réticences. Je voulais la coller contre moi et ne plus jamais la lâcher. Alors je me fichais de ces foutues lettres et de la bienséance. J’inspirai, conscient du problème. Elle ne se contenterait probablement pas d’un « Parce que. » à ses « Pourquoi ? ». Elle me questionnerait, sur ma vie, sur ma femme, sur ma fille, sur mes aspirations, sur mon honnêteté, sur ma conscience, sur tout ce dont je n’étais pas disposé à lui parler. Je n’avais pas envie de justifier mes silences, de lui expliquer mon état, la mue, mes doutes, mes faiblesses. Je la voulais, simplement.

Je pensai un instant à enchanter le Conte du Sapin pour briser le lien avec Sylbille et en établir un avec Laëth. Je pensai me téléporter chez elle, maintenant. C’était impossible. J’avais un rôle à tenir. Le lendemain aurait lieu le jugement et je ne pouvais pas me permettre de détourner mes plans à son profit, juste pour m’assurer de son bien-être, juste pour être présent à ses côtés. Je ne pouvais pas. Elle devait le comprendre. Tout ce qu’elle faisait, tous les risques qu’elle prenait, toutes ces choses, je ne pouvais les prendre en compte qu’en tant que Magicien. Sur le territoire des Sorciers, elle n’avait aucune protection. Le fait qu’elle fût venue m’agaçait. Les Anges étaient des incapables. À quel point la voix des Ætheri était-elle absolue ? Au point d’amener une femme qui avait déjà assez souffert sur un territoire ennemi ? La rage de Devaraj à l’égard des Dieux me brûlait de l’intérieur. La notion même de Destin fissurait ma raison, pour la remplacer par une haine intense. J’avais envie d’étriper ceux qui avaient annoncé à la jeune femme qu’elle devrait se rendre ici. Je soupirai. Je lui en voulais de ne pas faire attention à elle, pas assez.

L’on frappa à la porte. « Entrez. » dis-je, d’un ton laissant présager une humeur exécrable. « Prince Noir. » L’homme s’avança et ferma la porte derrière lui. Il fit apparaître sur la table deux Miroirs. « Il y a un léger problème. » « Parlez. » « J’ai tué deux personnes possédant des artefacts permettant de vous observer. A priori, aucune d’entre elles n’étaient au courant de la capacité des objets. Il m’a fallu utiliser une magie conséquente pour les repérer et un peu du sang que vous m’aviez fourni. » « Le problème. » fis-je, impatient. « Laëth Belegad en possède un. » Mes yeux s’écarquillèrent puis se plissèrent. Mes lèvres se serrèrent. « Pardon ? Et personne ne s'en est aperçu avant ? » « Non et j’ai cru bon de vous avertir avant d’exécuter votre ordre. » Mon index se mit à battre une mesure rythmée sur le bois de la table, inconsciemment. « Dois-je la tuer ? » Il y eut un silence. « Ou… » Je me tus et me ravisai. J'avais fait exprès d'hésiter. « Non. Je vais m’occuper personnellement du problème. » « Si cela peut vous aider, d’après ce que j’ai observé dans son passé, elle ne l’a utilisé que très rarement. » « Bien. Merci. » Très rarement n’était pas satisfaisant.

À l’attention de Laëth Belegad,

C’est sans regret que j’accepte votre refus et votre capitulation. À croire que les Anges ont, depuis longtemps, abandonné leur mission dans les lieux trop sombres, là, où, paradoxalement, le Bien a le plus besoin d’eux pour exister.

Il ne faut jamais croire ce que les gens racontent.


Je savais parfaitement que j’étais à l’origine des mots qu'elle avait cités.

Tout finit toujours par évoluer. C’est, du moins, ce qui est enseigné à nos étudiants. Une connaissance m’a, par exemple, confié un jour ne pas avoir beaucoup de secrets. Aujourd’hui, pourtant, je suis certain que ce n’est plus son reflet d’antan qu’elle aperçoit dans son Miroir, mais celui d’une toute autre personne, une personne avec de multiples secrets.

Enfin, sachez que, contrairement aux Anges, les Sorciers n’ont aucun problème à se parjurer. Je ne peux donc compatir avec vos états d’âme. Ce n’est pas votre aile qui devrait être d’acier mais votre esprit. Cela vous éviterait bien des désagréments.

J’espère très sincèrement que vous ne remettrez plus jamais les pieds à Amestris.

Cordialement. Elias Salvatore. Prince Noir.

Post-scriptum : Veuillez féliciter votre frère de ma part.


Je pliai ma lettre tranquillement, avant de convoquer un annonceur. « Prince Noir. » « Veuillez indiquer publiquement qu'Aria Syrkell gagne la Coupe des Nations, suivie de près par le candidat des Génies et, enfin, par celui des Vampires. » Pure opportunisme. Aucune race bénéfique n’aurait pu prétendre se présenter sur le podium, ni même les Démons, pas maintenant. L’humiliation devait être totale. Quant aux Humains et aux Réprouvés, c’était tout bonnement impensable. Le reste n’avait été que considération d’apport. Les Orines, par exemple, étaient très peu nombreuses et bien qu’utiles à leur maître, leur poids restait moindre. Les techniques de torture que j’avais personnellement préférées n’entraient pas en ligne de considération et mon jugement ne serait connu que de moi-même. Quant aux Chamans, je devais avouer que l’ombre de mon frère n’y était pas pour rien. Je voulais contribuer à leur construire une réputation atroce afin que jamais personne ne cherchât à percer leurs secrets. « Bien. » « Ne précisez pas la race d’Aria Syrkell. » précisai-je. Seuls les curieux sauraient. Tomber dans l’oublie d’un côté, paraître monstrueux de l’autre. Les anciens et les érudits seraient bien trop effrayés là où les jeunes penseraient à des fables pour dissimuler la race véritable du gagnant. Ils songeraient à une Sorcière en raison de son nom, ce qui n’était en rien réglementaire. Cela n’importait pas. Le monde entier nous considérait comme des êtres fourbes et c’était tant mieux car la fourberie pouvait cacher d’autres mystères, des mystères bien plus complexes qu’une simple trahison de principe.

1444 mots
Fin

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