Devait-il assister à ça ? Ça l’embarrassait, autant qu’il regrettait que cette fille ne se soit pas plus fait engueuler. Elle ne méritait aucun câlin, ni même qu’on lui parle sur un ton aussi calme. Il fallait qu’il sorte d’ici tout de suite ou on le retrouverait mort étouffé dans sa propre gêne. Olsayk profita de la disparition du chef de l’établissement pour s’en aller à son tour. Tête baissée, les épaules rentrées, il regardait seulement où il mettait les pieds. Il ne voulait croiser aucun regard, surtout pas celui du patron qu’il suivait pourtant de quelques mètres. Le Réprouvé descendit les escaliers. Il n’avait toujours pas la moindre idée de l’heure qu’il était depuis qu’il s’était réveillé. Il faisait jour et l’endroit était assez animé. Généralement, c’était le cas en fin de matinée. Il le savait de son expérience à fréquenter toute sorte de tavernes et d’auberges. Depuis le temps, il les avait toutes faites, si bien qu’elles étaient devenues sa maison. C’était vrai en un sens : il n’avait pas d’autre logement.

Le jeune homme se dirigea vers le comptoir du bar. Il trouva un tabouret vide à côté d’un gros monsieur. Il s’y installa.

-Une bière.

Il avait envie de se bourrer la gueule. Son réveil avait été riche en émotions et il était déjà temps pour lui de l’oublier, ou du moins de faire quelque chose pour soulager son esprit et son corps. En attendant qu’on le servit, Olsayk croisa ses bras sur le plan de travail et y posa son menton. Il parcourut le bois du regard, jusqu’à ce qu’un objet brillant attire son attention. Faisant doucement glisser ses doigts jusqu’à lui, il s’en saisit pour l’examiner. Une bague. Elle était argentée, noircie par l’oxydation et sertie une pierre verte. Le Réprouvé n’y connaissait rien en bijoux. A l’heure actuelle, il s’en fichait un peu. Il ne fit que l’observer en la faisant tourner entre ses doigts.

Il but la première bière qu’on lui servit d’une traite, puis la deuxième et les premiers effets de l’ivresse se firent ressentir. Il était à jeun évidemment, alors la montée avait été rapide. Il continuait de s’amuser avec la bague quand soudain, il réalisa qu’il s’agissait peut-être de l’objet pour lequel Freja avait fait tout un scandale. Il songea qu’il allait devoir lui demander. Mais en avait-il vraiment envie ? Elle avait été ignoble avec lui et il continuait de la détester. Il but une troisième bière puis quitta sa place. Sa décision était prise.

-Freja… c’est comme ça que tu t’appelles ?

Sa rapide montée des escaliers l’avait essoufflé. Il espérait que ça en valait la peine, autrement il voudrait lui péter la gueule. Il lui lança la bague. Il se fichait un peu de si elle la rattraperait ou pas, c’était son problème.
-Tiens si c’est ça que tu cherches. J’espère qu’on se reverra plus jamais espèce de sale folle.
Sa déclaration faite, il salua respectueusement l’ami qui l’accompagnait et redescendit pour terminer sa beuverie.