Le Deal du moment : -11%
Smartphone 6.36 ” Xiaomi 14 (12 Go / 256 Go
Voir le deal
641 €

Partagez
 

 [Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11398
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] - Médecin [Rang III] - Éleveuse de Vaches [Rang I] - Investisseur [Rang II] - Prêtresse d'Amsès [Rang I]
Mancinia Leenhardt
Lun 20 Jan 2020, 20:00

[Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I Yzerel10
Quand le Vent Tourne...
Partie I


Neah était penché au-dessus d'une carte. Elle représentait la Terre Blanche. Il y avait quelques croix qui indiquaient les éléments importants à prendre en compte, ainsi que l'emplacement précis de certains Portails. Ces derniers reliaient directement deux territoires, évitant ainsi à l'Armée des Vils de parcourir de longues distances. C'était un avantage non négligeable en ce qui les concerne. Cela préservait leurs ressources, ménageait leurs forces armées, représentait leur source d'approvisionnement et évitait l'interception de leurs messages. Autant dire qu'endommager de telles infrastructures n'était pas négligeable. L'idée d'en détruire plusieurs pour rendre difficiles les déplacements serait un excellent moyen de récupérer des prisonniers tout en retardant l'arrivée des renforts. La suite reste l'éternelle habitude de ce monde, les pauvres restent pauvres, les riches s'enrichissent. C'est comme ça. Tout le monde le sait. Ils ne pourraient pas récupérer la Terre Blanche. Cependant, on ne pouvait nier que depuis le Czírnúma, la situation des Anges s'était doucement améliorée. Ils demeuraient dépendants des Magiciens, mais leurs avancements étaient concrets. D'ici une décennie ou deux, sans doute que les choses iraient mieux. Peut-être devrait-il se concentrer sur cette chose positive, cet Espoir d'un meilleur lendemain, mais non. Lui, il savait que quelque chose était anormal. Il savait que le solide navire Démoniaque montrait des signes de faiblesse. Quelque chose clochait assurément, un mensonge volait sur leur suprématie toute désignée, mais l'Anjonù avait bien du mal à mettre le doigt dessus. On frappa à la porte de son bureau et y entrait sans attendre son autorisation.

Capitaine Katzuta.

Ce dernier se relevait presque instantanément de son siège en reconnaissant son visiteur, pour le saluer dignement.

Consul.

Michkaël Luthosia. Le Second Consul de la Compagnie de Yüerell. Personne ne se le serait permis en temps normal. Ce dernier relevait ce qu'il tenait dans la main.

Je suis venu vous voir concernant ceci.
Vous avez déjà... ?
Visiblement, tout le monde sait que la Guerre est terminée, hormis la Matasif Leenhardt.

Son ton était tranchant, dissimulant peut-être une éventuelle moquerie. Neah ne disait rien, se concentrant sur un point imaginaire pour éviter de lui dire qu'il n'y avait que, sauf son respect, les Pacifistes et les simples d'esprit qui le croyaient. Ce n'était pas parce que les combats ne faisaient pas rage aux quatre coins du Continent que cette dernière n'avait pas lieu ailleurs, sur le terrain économique et territorial, notamment. C'était bien pour cela qu'ils avaient lancés les expéditions, n'est-ce pas ? Récupérer leur indépendance à ces niveaux serait un avantage non négligeable à l'avenir. Celui qui voyait la guerre, c'était surtout lui. Mancinia n'y voyait qu'un moyen de leur venir en aide. De demander leur aide. La requête de son Humaine était le soutien qui ne se mettrait en place que dans une bonne quinzaine d'années. La formation militaire des enfants ailés par la Compagnie de Yüerell. Cette dernière était presque systématique chez les adolescents Humains, pour apprendre les bases de la survie et de la défense. L'énorme point sombre de ces enfants était leurs ailes. Jamais un adulte de chez eux ne pourrait leur apprendre à voler. Elle s'était donc tournée vers les seuls qu'elle estimait aptes. Eux. En quoi était-ce mal pour les Humains de bénéficier de cette nouvelle force ? Pourquoi devraient-ils rejeter une demande aussi officielle ? Neah s'était senti flatté qu'elle en pense autant de bien. Mais peut-être était-ce l'autre missive qui perturbait le Consul ? Mancinia lui avait également transmis un rapport contenant le détail des effectifs qui étaient prêts à se joindre à eux s'ils envisageaient des repérages, ou quoi que ce soit d'autre, au sein de la Terre Blanche. Tout cela était dans le but de préserver l'alliance que l'un et l'autre trouvait fragile, voire corrompue. Un nouveau départ. S'ils refusaient à chaque fois l'investissement des Humains sous prétexte de leur abandon passé, jamais les choses ne s'arrangeraient.

Je sais que vous n'êtes pas d'accord non plus, mais c'est ce qui est.
Que je sois d'accord ou non n'a aucune importance.

Ce qu'on retenait principalement de ces dernières années, c'était que les Bénéfiques avaient perdus. Certains se demandaient si cette issue n'avait pas été arrangée d'avance entre l'Ultimage et le Monarque Démoniaque pour asseoir la domination de l'un ou de l'autre. Incarnant ainsi les nouvelles forces du Bien et du Mal, dans un équilibre précaire.

La Matasif essaie de faire au mieux pour assurer l'avenir des siens. Et elle sait que cela se passera avec nous et souhaite réparer les torts commis par l'ancien Roi.

Ce dernier n'avait pas pris position durant le dernier conflit. Une centaine d'Humains courageux avaient pris les armes pour venir les soutenir, mais entre la Malédiction de Sympan les plongeant dans le sommeil et leur défaite cuisante en Terre Blanche, la chose s'était rapidement désagrégée. Son interlocuteur sourit.

Vous avez changé, Capitaine. À une époque, vous vous seriez rebellé contre mes propos. À croire que le retour de la Matasif Leenhardt vous a transfiguré.
Elle n'y est pas étrangère. Seulement, nous devons aller de l'avant. Nos explorations ont commencé et nous diviser sur la reprise de la Terre Blanche ne sert qu'à engendrer des conflits inutiles au sein même de nos rangs.

Tout le monde a ce sentiment de déchirement entre l'envie de récupérer leur territoire et celui de se tourner vers l'avenir, de redevenir une nation à part entière. Le Consul baissait les yeux vers son bureau.

Alors pourquoi observer cette carte et m'envoyer un rapport différent ?
Nous tourner vers l'avenir ne signifie pas abandonner, mais poursuivre ce qui a été entreprit. C'est aussi ce que la Matasif vous a écrit.

Ce dernier relâchait un soupir.

Nous avons déjà eu cette conversation, Capitaine.
C'est pour cette raison que je connais votre position aussi bien que vous connaissez la mienne. Et si nous ne pourrons probablement jamais lancer un assaut de reconquête comme nous sommes nombreux à en rêver, nous ne pouvons pas abandonner les prisonniers détenus par les Démons. Ils sont des nôtres. C'est notre peuple. Celui que nous avons juré de défendre lorsque nous avons choisi la voie des armes.
J'ai été assez clair. Je n'enverrais pas mes hommes se faire tuer sur le terrain. Nous avons besoin de nos effectifs ici-même. La dernière fois...
Et nous nous retrouvons avec des Soldats qui désertent pour aller sauver des membres de leur famille en désespoir de cause.

Neah l'avait interrompu, ce n'était pas dans ses habitudes, mais le Consul ne répondit rien, se contentant de scruter ses réactions. Ils se souvenaient encore parfaitement de l'état dans lequel était revenu des membres de la Troupe Xēna suite à la disparition de l'un d'entre eux. Un Conscrit craignant pour la vie de sa soeur durant l'une de ses Chasses que les Démons organisaient pour martyriser les leurs. Combien seraient-ils encore à vouloir déserter si le doute étreignait leur âme sur l'idée même qu'un des leurs était vivant, ou si d'autres idées, plus terribles encore, saisissait les Vils pour les torturer ? Combien se laisserait-il submerger par la Colère, la rancoeur ? Si le Conscrit était revenu en vie, mais à quel prix ? Celle qu'il désirait sauvée était morte et deux de leurs meilleurs soldats avaient faillis y rester aussi. Comment ne pas avoir de l'amertume devant l'inaction ? Ils avaient trop tardé à prendre des mesures.

Vous ne pouvez pas ignorer ce fait non plus sous prétexte que nous n'étions pas assez préparer la dernière fois.

En effet. La dernière fois, ils avaient commis des erreurs. Lui-même s'était servi d'un des dons les plus délicats à maîtriser et avait failli y rester pour sauver ses accompagnants. C'était Chÿsam qui l'avait ramené inconscient lorsqu'ils étaient repartis.

Votre fierté de Soldat vous perdra, Capitaine, sourit-il.
Ou elle fera progresser les choses, qui sait ? Nous ne sommes pas obligés d'être en surnombre et de provoquer un affrontement direct. Un petit contingent pourrait très bien distraire les Démons, un second se chargerait de libérer un camp, plutôt que de nous disperser inutilement. Cette tactique ne marcherait qu'une ou deux fois avant qu'ils ne puisse la contrer, mais ce sera peut-être un millier de vies sauvées.

Ils avaient l'avantage du terrain et le but de cette opération serait de diviser les forces présentes pour les détourner de leur principal objectif. Le sauvetage des prisonniers. Combien étaient-ils ? Combien pourraient-ils en sauver ? L'Anjonù ne savait pas, mais il ne désirait pas rester sans rien réaliser. Assis, là, dans son bureau. C'était indigne d'un soldat, indigne de quelqu'un qui voulait aider les terres à se purifier du mal qui la rongeait.

Nous avons superviser quelques interrogatoires d'anciens prisonniers qui avaient bien compris l'étendue de l'utilité quant à leurs informations. Les horaires, les endroits, tout ce qui pouvait nous servir, basé dans leurs souvenirs, à alimenter cette carte que vous voyez ici-même.

Le Capitaine ne faisait que lui répéter ce qu'il y avait noté dans son rapport, mais il pouvait certainement plus le convaincre qu'un bout de papier et quelques chiffres hasardeux.

Il n'y a pas d'avenir pour ceux qui restent si nous abandonnons les nôtres, Consul. Nous ne pourrons jamais enlever la culpabilité de vivre libre pendant que notre peuple souffre. Vous savez que ce sera toujours source de conflits au sein de la Compagnie et que les sanctions les plus sévères ni changeront rien. Sois nous agissons et nous abandonnerons de nous-mêmes, soit nous ne faisons rien et ce sera source d'une éternelle rancoeur. Mes collègues et moi sommes assez d'accord là-dessus.

Il le regardait droit dans les yeux.

Une attaque de nuit. Avec une fenêtre d'action très courte. Ce serait un très bon moyen d'en sauver le plus grand nombre.

Le Consul baissait son regard à nouveau vers la carte, passant la main dessus, songeur. Après tout, son avis serait plus qu'utile et il n'aurait pas le choix que de s'y ranger. Peut-être que la solution ... Non. Il chassait bien vite cette pensée. Il n'était pas comme Mancinia.

Et votre recherche concernant les rumeurs ? demanda-t-il. Est-ce que vous avez progresser ?
Il n'y a rien, répondit l'Ange en secouant la tête.
Rien ? s'étonna son interlocuteur en arquant un sourcil.
Littéralement. Consul, ce n'est pas normal. Il se passe quelque chose.

Messire Luthosia restait silencieux. Tout le monde sait, tout le monde voit que l'un des êtres les plus importants de ce monde n'est plus vraiment visible sur le devant de la scène. Et tout cela consistait en un mystère insondable et en une seule question. Pourquoi ?

Si les défenses de la Terre Blanche sont fragilisées devant ce silence. Nous le saurons en y allant.
La Canine Blanche est toujours aussi mordante, hum ?

Neah ne lui répondit pas, ayant un petit sourire amical, mais le Consul ressentait bien qu'il y avait quelque chose de tapis dans l'ombre. L'Humaine n'avait pas que des effets positifs sur l'Ange.

Mordante et irréfléchie. Vous avez déserté pour voir votre Humaine au milieu de la nuit. Et même si cela a été le lieu d'une bonne coopération...

Le Consul le regardait de haut en se postant à quelques centimètres de son visage, le regard amusé et un sourire très sérieux afficher sur le visage. Un avertissement lourd. Presque électrique.

Très bien.

Un manquement était un manquement. Il allait en baver.

1875 mots
Explications

Salutations [Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I 520227573

Cet événement se déroule un peu partout sur les territoires Angéliques et Démoniaques, concernant ainsi les deux races dans leur ensemble. Il est ouvert à tous. La chronologie du Forum est plus avancée, mais cela ne vous empêche pas d'illustrer des racontars, des rumeurs, vos avis, ... Ce RP se passe bien après l'événement, en cours, d'I&I et juste après le Bal des Douze Cycles Lunaires.

Les Anges prisonniers remarquent que leurs geôliers sont moins nombreux, des rumeurs circulent sur des assassinats visant des personnes spécifiques organisés un peu partout [n'inventez pas de noms ou quoi que ce soit, ça fait partie d'une de mes intrigues, mais vous pouvez imaginer que c'est des personnes supers importantes, alors que non], ils sont troublés et plus agités. Certains sont menacés d'être transférer en Terres Arides. Les Démons font le même constat et se demandent ce qu'il se passe chez eux, vu que les nouvelles se raréfient. Les Anges des Jardins ont vent des rumeurs qu'une attaque pour récupérer les prisonniers va être de nouveau lancée, vous pouvez y croire ou y voir un énième élément de propagande vu l'échec du précédent. Ceux en explorations peuvent aussi être mit au courant, s'étonnant de ne pas avoir eu de sabotages ou d'attaques, voire s'inquiéter de voir celles-ci arrivées.

Les autres peuples peuvent s'interroger du silence de Zane à la suite au Bal des Douze Cycles Lunaires, vu qu'il a l'habitude de faire des entrées fracassantes et que son silence dure depuis un moment. Le calme des Démons est clairement anormal [surtout pour les Lv III et plus qui savent que ce n'est pas dans leurs habitudes]. Les Humains, notamment, s'inquiètent de l'éventualité d'une attaque sur Utopia, vu que la cité avait été évacuée suite au massacre des Anges. Il y a plein de pistes possibles à exploiter !

Durée du RP - vous avez jusqu'au 20-03-2020 pour poster.

Bonne écriture !

Gains

Pour 900 mots - Un Compagnon Ange - Niveau I ou un Compagnon Démon - Niveau I [vous pouvez le jouer dans le post et le déclarer ensuite]
Pour 450 mots de plus, soit 1350 mots - 1 Point de Spécialité supplémentaire

OU

Pour 900 mots - 1 Point de Spécialité
Pour 450 mots de plus, soit 1350 mots - 1 Point de Spécialité supplémentaire



[Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I Chriss10
Art by Chrissabug

[Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I Licorn10

Meuh:
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38147-mancinia-leenhard
Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1075
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Mar 21 Jan 2020, 06:26

Musique du Yicaly : Aquarium par Camille Saint-Saëns

Silencieux, j’observais la carte de jeu que je faisais tournoyer dans ma main.

Un peu plus tôt dans l’après-midi, un Héraut était venu jusqu’à moi pour me transférer un colis. Anonyme. Bien sûr. Encore. J’avais senti le grognement monter dans ma gorge tandis que le Héraut se trouvait toujours face à moi. C’est pourquoi, dans un léger signe de tête, je l’avais remercié tout en lui donnant, ainsi, l’opportunité de prendre congé. Je n’aimais pas cela. Parce que la dernière fois que j’avais reçu un tel courrier… Enfin bref, dès l’instant où le Transmetteur s’en était allé pour retourner à son poste, je m’étais reclus un certain moment à l’un des coins tranquilles du navire, soupesant le poids du paquet tout en le dardant d’un œil incrédule. Cela étant dit, et malgré toute la méfiance que je pouvais ressentir à l’endroit du colis, j'avais fini par l’ouvrir précautionneusement, y découvrant une carte. Une seule et unique carte. Front plissé, j'avais extirpé l’objet de son contenant, remarquant qu’il était complètement recouvert d’une substance opaque et écarlate. C’était… Mais qu’est-ce que c’est que ça, maintenant? Si des questions, tout naturellement, avaient fait chemin jusqu’à ma conscience à ce moment-là, j’avais tout de même pris la peine de lire le court message qui avait été joint à ce qui ressemblait à une sorte de… présent? Non. Même à l’heure actuelle, l’emploi de ce terme me semblait étrange, horriblement ironique et invraisemblable. Surtout à la suite de ma lecture. Surtout en raison des quelques lignes qui avaient été inscrites sur cette fameuse notice : à elles seules, elles avaient suffi à me faire relâcher un long soupir. Une blague… Avais-je finis par décréter. Encore. Toujours. Et inévitablement, j’avais songé au dernier coup du Choucas de Sceptelinôst et de cette chasse qu’il avait instigué dans les rues d’Avalon. L’énervement avait commencé à monter en moi, mes dents s’étaient serrées et je m’étais mis à examiner la carte d’un air circonspect…

« Je ne suis pas le seul à me dire qu’il y a anguille sous roche, quand même! »

L’éclat de voix du Fantassin Galathiel me ramena brusquement au moment présent et j’arrêtais, tout bonnement, de tourner et retourner la carte entre mes doigts, rattrapant peu à peu le fil de la discussion qui s’enflammait entre les trois soldats. Acram Galathiel, Hiddleston Locke et Edmund Rogue m’entouraient. Tous les quatre, nous avions choisis de trouver refuge dans la cabine des deux premiers, histoire de discuter un peu avant d’aller se coucher. Cependant, la conversation avait pris un tout autre tournant que ce que nous avions initialement songé n’être qu’un dialogue convivial entre vieux compagnons. Parce qu’évidemment, les dernières nouvelles concernant les Démons n’étaient pas pour plaire.

« Non, bien sûr que non, soupira le soldat Locke en roulant des yeux. Tu manques le point, Acram. Seulement, la situation me paraît bien trop obscure pour émettre une quelconque conclusion. Nous ne sommes pas assez bien informés. Nous avons besoin de plus de renseignements sur ce qui se passe chez les Cornus. »

La remarque de l’Enfant de Stenfek semblât touchée juste, puisque le visage d’Acram se détendit progressivement, alors qu’il se laissait doucement retomber sur le matelas de son lit. À ses côtés, assis en tailleur, Edmund s’appuyait contre le mur qui lui faisait dos, permettant, par la même occasion, de pouvoir nous regarder, Hiddleston et moi, depuis sa position. Ayant imités nos collègues, nous nous trouvions, tous les deux, sur le lit du Fantassin Locke, côte-à-côte, tournant nos regards vers le forgeron qui avait levé son doigt pour prendre la parole. Il sentait qu’Acram voulait repartir sur ses grands chevaux, mais il freina prestement sa lancée en s’engageant, à son tour, dans le cœur de la discussion.

« Et puis, c’est sans compter les actions qui se sont déroulées un peu après la libération de nos mille frères et sœurs. »

À ce commentaire, le silence se fit de nouveau dans l’étroite pièce, bordélique à souhait, en raison des bagages supplémentaires qui jonchaient le sol, dans l’attente qu’Edmund et moi-même transférerions le tout dans le couloir du pont, pour la nuit. Le désordre de la chambre à part, Edmund avait raison. L’entrée fracassante et dérangeante de l’Asmodée sur nos terres pour nous livrer le Belphégor, couplée à ces troublants rapports comme quoi des groupuscules démoniaques auraient été aperçus ici et là à travers les territoires magiciens éveillaient, non sans raison, d’innombrables questionnements sur la situation des Vils. Puis, compte tenu que…

« Nous n’avons aucune nouvelle du Roi Azmog… »

Soudainement, trois paire d’yeux pivotèrent dans ma direction tandis que mes doigts, mécaniquement, recommencèrent à jongler avec la carte.

« Aucune apparition, aucune revendication : rien. Même pas une simple frasque. Ce n’est pas normal, alors que ses sujets, eux, bougent énormément…

- À moins qu'il ne s'agisse, pour ses sujets, que de ça.

- Que de quoi?

- D'apparence… De tromperie… Comme pour nous dire : « Regardez par ici! » alors que le véritable spectacle se déroule dans notre dos. »

Hiddleston venait de relever un bon point. Surtout que tout le monde se serait attendu à le voir réapparaître au cours du Bal des Douze cycles lunaires, ne serait-ce que pour nourrir et gonfler les on-dit qui ne cessaient d’alimenter les fantaisies du peuple comme des artistes, concernant sa relation avec la Reine des Mages Blancs. Cependant, à la surprise générale, le Diable ne fit même pas d’apparition. Je fermais les yeux quelques secondes, écoutant Hiddleston, non loin de mon oreille, revenir sur mes propos.

« Cet homme est puissant et n’aurait jamais manqué une occasion aussi belle pour se faire remarquer : même la Dévoreuse a osé se présenter.

- C’est à se demander si elle était là pour faire acte de présence ou uniquement pour énerver l’Empereur Noir…

- Peu importe, cracha l’Ange entre ses dents. Que ce soit pour alimenter plus encore les rumeurs entre lui et l’Ultimage ou simplement pour nous rappeler que son ombre plane, je ne comprends pas pourquoi il… Pourquoi il ne fait rien…

- À moins qu'il soit ce fameux spectacle qui se joue dans notre dos. »

Mes paroles s’évanouirent sur le bout de mes lèvres alors que tous, nous songions à la même chose. Un lourd silence s’abattit sur nos épaules tandis qu’une obscurité inquiétante épaississait, dans l’ombre, les lignes de nos faciès. Une crainte toute fondée brûlait le bas de mon ventre, comme pour enflammer mon estomac, et pourtant, je ne pouvais m’empêcher de songer à ma dernière rencontre avec l’Ultimage, de songer à ces quelques mots qu’elle m’avait soufflé, lors de notre conversation, et qui, aujourd’hui, me troublaient énormément. « Il doit y avoir un nouveau Souverain démoniaque, n’est-ce pas? » Mot pour mot, c’est ce qu’elle m’avait demandé. Mais pourquoi m’avait-elle posé cette question? Parce qu’elle sait… Mais que savait-elle, précisément? Que Zane Azmog allait être destitué? Tué? Que son trône allât être légué à un autre parce qu’il se retirait? Ou est-ce déjà le cas… Doucement, je baissais la tête, mon menton descendant jusqu’à la hauteur de mon cou tandis que le silence, toujours aussi lourd, toujours aussi épais et suffoquant, ne s’était pas dissipé, alimentant plutôt l’insupportable mutisme qui était en train de nous étrangler. J’aurais dû insister… Pensais-je en regrettant immédiatement et amèrement cette erreur. J’aurais dû insister et lui demander plus de détails sur cette phrase parce que maintenant, sa réponse me semblait, tout à coup, capitale.

« Naal Okker! (Fais chier!)

- Langage, Edmund.

- Misère… Poursuivit Acram, comme si le juron de notre collègue Patrouilleur avait suffi à oxygéner l’atmosphère. E-Et tout va bien concernant ceux partis pour Iyora, n’est-ce pas? »

Hiddleston ne pipa mot, et ce fut finalement le forgeron, en se raclant la gorge, qui répondit à l’anxiété du Galathiel.

« Oui, ils vont bien. Aucune attaque n’a été perpétrée à leur endroit et aucun Démon n’a été aperçu au cours de leur voyage : pour l’instant, ils n’ont pas à s’inquiéter. »

Et peut-être, justement, qu’elle était toute là, cette inquiétude : dans ce non-savoir, dans cette zone d’ombre que nous n’arrivions pas à éclairer. Parce que les Démons étaient ce qu’ils étaient : des êtres cruels et sanguinaires, sans foi ni loi et qui, pourtant, se révélaient d’une grande intelligence lorsqu’il était question de placer les collets sur le chemin de leurs proies. C’est pourquoi nous ne pouvions nous asseoir sur nos lauriers et prétendre, encore une fois, ne pas être atteints simplement parce que « tout allait bien. » Par chance, le détachement s’était tout de même doté de deux personnages puissants pour ce voyage, en les personnes de l’Archevêque et de l’Imperio Navia. Ils étaient intelligents, incroyablement vifs également, et j’avais beau tourner la question dans tous les sens, dans aucun scénario, il me semblait que ces deux-là n’auraient jamais songé à cette éventualité.


1 476 mots


It's a little price to pay for salvation
Thème I | Thème II | Thème III | Thème IV | Thème V

[Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I Signat20
Merci Mancy et Shanxi pour les cadeaux ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34283-isiode-isley-entr
Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 4103
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam & Freyja
Sam 15 Fév 2020, 15:41



« Tu as entendu ? » - « Non, quoi ? » - « Les Démons s’inquiètent. » Era plissa les yeux, puis un sourire froid fendit ses lèvres. Depuis plusieurs jours, la situation était étrange. Le nombre de leurs geôliers avait diminué, et on les voyait s’échanger des messes-basses à longueur de temps. Plus souvent que de coutume, ils menaçaient les prisonniers d’un aller sans retour en Terres Arides. Quelque chose les perturbait. « Ils disent quoi ? » - « La hiérarchie ne fait plus beaucoup passer de directives… Certains disent qu’ils n’ont pas vu le Monarque Démoniaque depuis des mois et que les Kāmada Byāran s’écharperaient pour prendre sa place. D’autres prétendent que Zane Azmog se fait discret parce qu’il prépare quelque chose… » - « Ouais. Bon. Personne sait quoi. » interrompit la blonde. L’Ange qui lui faisait face cligna des yeux. « Je m’en balance des théories moi, ça sert à rien ces merdes. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir si on va pouvoir sortir de ce trou et buter ces connards. » - « Ben… Era. J’en sais rien. Puis comment tu voudrais faire ? On a rien ici. » Elle haussa les épaules. « Je sais pas, mais je me dis que déjà, si on se sortait les doigts du cul, ce serait une grande avancée. On pourrait peut-être se rebeller, prendre les armes, leur casser la gueule ! Mais bon vous êtes tous des couilles molles ici, alors c’est pas demain la veille. » Son interlocuteur leva les bras dans un geste exaspéré. « Mais c’est complètement idiot, on se ferait tuer ! » - « Ouais, ben ça, c’est le prix de la guerre, hein. Elle se fait pas en se tournant les pouces et en baisant au milieu des papillons. Enfin c’est bien ce que je dis : des couilles molles. » siffla-t-elle en braquant son regard dans le sien. Il le soutint longuement, puis leva les yeux au ciel en soupirant. Il ne servait à rien de discuter avec ce clone. Elle était aussi butée que l’originale.

***

Asriel allait conduire les Anges à leur perte. Priam, assis dans le canapé, scrutait le plafond. Les paroles d’Erza tournaient en boucle dans sa tête. Elle justifiait son meurtre en accusant l’ancienne Apakan d’être folle et trop orgueilleuse pour protéger un peuple en convalescence. Il n’avait quasiment pas connu la Reine des Anges. Le chaos politique déclenché par sa disparition l’avait presque aussitôt accueilli. Il se rappelait toutefois que la nouvelle de sa mort avait ébranlé les Ailes Blanches. Tandis qu’ils s’évertuaient à se remettre des crimes commis à leur encontre, un nouveau coup de massue venait assommer leurs efforts et leurs espoirs. Pourtant, la vie avait rapidement repris ses droits, si bien que cette affaire était demeurée en suspens. On en entendait parler, parfois, mais les esprits s’étaient focalisés sur d’autres événements. Les Vertueux n’avaient jamais su ce qu’il était arrivé à leur souveraine. Désormais, il détenait l’information. Il était sans doute le seul, avec cet autre monarque qui avait jugé bon de ne pas arrêter Erza. Il se demandait de qui il s’agissait, cependant, il ignorait trop de choses du monde pour tenter d’émettre des hypothèses. Elle avait parlé de l’Ultimage Nilsson, aussi. Etait-ce elle qui était présente lors de l’assassinat ? Après tout, elle avait disparu à peu près au même moment, elle aussi. Les Chanceliers d’Ivoire avaient prétexté d’une convalescence, toutefois, Priam avait fini par comprendre que les intrigues politiques se formalisaient peu des mensonges. Cela dit, il voyait mal dans quel monde une Magicienne pouvait cautionner la mort d’une Ange. Pis encore, une amie pouvait-elle envisager si sereinement le trépas d’une alliée ? Et si c’était pour la Paix que les Mages Blancs chérissaient tant ? Pour la Paix, pour laquelle leur Reine serait prête à sacrifier beaucoup, selon la Dovahkiin ? Il se mordit la lèvre. Non. Elle parlait sans doute du Monarque Démoniaque. Ou d’un autre, dont il n’avait pas nécessairement connaissance, et qui pouvait trouver un intérêt dans le décès de l’Apakan. « Une folle ». Si elle était réellement telle qu’Erza l’avait décrite, orgueilleuse et méprisante… Comment une femme que les péchés étreignaient avait-elle pu se porter si haut dans la hiérarchie ? L’Agbara, plus qu’un moyen de garantir la pérennité de la race angélique et le respect des vertus, était-elle devenue pour elle un moyen de s’absoudre de la Déchéance qui la guettait ? Tout cela lui paraissait improbable. Malgré son éducation, il était sans doute trop naïf. L’Ange inspira profondément puis baissa les yeux sur ses mains. Sous ses ongles, la crasse du début de journée s’était déjà accumulée.

« Hum. » Il s’interrogeait. Que faire du secret qu’Erza lui avait délivré ? Si Laëth en avait eu vent, sa première réaction aurait probablement été de le faire remonter à la hiérarchie angélique. Mais les relations avec les Réprouvées peinaient déjà à rester courtoises. Si les Ailes Blanches apprenaient que l’ancienne Elue des Cieux avait été tuée par l’Impératrice des deux Rives… ils chercheraient sans doute à se venger. Ce n’était pas envisageable, pas pour Priam. Il imaginait déjà se dessiner une déchirure qu’il ne saurait supporter. Il était déjà trop loin des Bipolaires. Et si un conflit ouvert éclatait, comment pourrait-il combattre les siens ? S’il les rejoignait, comment pourrait-il se battre contre sa propre sœur ? Si aucune guerre ne faisait rage, les tensions accrues nuiraient certainement aussi aux enfants de Réprouvés, ces bâtards blancs qu’on ne refusait pas mais qu’on savait ne pas être de vrais Anges. Les retombées pourraient être désastreuses, et il ne voyait pas quels avantages en seraient tirés. Rien ne ramènerait Asriel à la vie. Rien n’effacerait les actions d’Erza. Et rien ne vengerait une mort. Le passé était au passé.

Le passé au passé. Les Anges avaient du mal avec cette notion, et c’était compréhensible. La veille encore, il avait entendu parler d’une nouvelle attaque en Terre Blanche. Les rumeurs, fidèles à elles-mêmes, n’étaient pas claires : vérité ou propagande ? La précédente avait résulté en un échec cuisant. Le silence persistant du souverain démoniaque indiquait-il un réel affaiblissement de son pouvoir ou suggérait-il qu’il se préparait à mener de nouveaux assauts ? Aux Jardins ? Chez les Humains ? Contre les Magiciens ? Rutabaga sauta sur le canapé, puis s’installa sur ses genoux. Il la prit contre lui et caressa tendrement son pelage. L’incertitude planait, et sous les battements réguliers de ses ailes, l’espoir se soulevait.

***

« Iyora… c’est tout près de la Terre Blanche. » Hena acquiesça. « Oui. » - « Hum… J’ai entendu d’autres membres de l’équipage parler d’attaques à l’initiative des Démons. » La mentor regarda sa disciple. Durant quelques instants, elle demeura impassible, puis elle pinça les lèvres. « Oui. C’est un risque que nous prenons en voulant conquérir cette terre. Mais choisir Iyora, c’est aussi s’assurer un point d’ancrage stratégique lorsque nous irons récupérer la Terre Blanche. » - « Et tu ne trouves pas ça bizarre que les Démons ne nous aient pas déjà attaqués ? Ils auraient pu le faire dès que les navires se sont séparés. Nous sommes en effectif réduit. S’ils arrivent en nombre, ils pourront sûrement nous réduire en poussière. » Laëth se tut, si incapable d’envisager sa propre mort qu’elle en fut troublée. Puis, elle reprit, l’œil plus vif : « Ce n’est pas rationnel qu’ils attendent… à moins qu’ils ne préparent quelque chose de pire ? » Sans hésiter, Hena la prit par les épaules. Elle commençait à reconnaître ce timbre de voix et cette lueur tremblante au fond de ses iris. « Ne t’inquiète pas. Oui, les nouvelles du continent sont troublantes. Oui, il paraîtrait que le Monarque Démoniaque n’est pas apparu depuis longtemps, même pas après le bal des douze Cycles lunaires… mais c’est tout ce que l’on sait, et on ne peut rien en tirer. Aucune conclusion. Ça ne lui ressemble pas, mais les Démons sont fourbes. » Elle la tenait fermement et gardait ses yeux rivés sur les siens. « Je ne peux pas te promettre que nous ne serons pas attaqués, Laëth, mais je suis persuadée que si tu es ici, c’est que tu as le courage de te battre. La peur n’est pas une ennemie si tu sais l’utiliser comme un moteur, et comme une défense. C’est ton instinct qui se manifeste à travers elle, d’accord ? » La fille de Réprouvés serra les dents et les poings. Elle avait un cœur brave, oui. Et peur, trop et trop souvent. Elle aurait voulu la balayer aussi facilement qu’une poussière, cependant, l’émotion s’accrochait avec toute la puissance dont elle disposait. « Et s’ils viennent, on les accueillera comme il se doit. Nous ne sommes pas seuls, cette fois. » La Recrue opina, doucement.

1471 mots




[Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I 1628 :


[Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t40510-priam-freyja-bele
Invité
Invité

avatar
Jeu 20 Fév 2020, 00:19



« Il n’existe pas meilleur endroit sur terre que Drosera, lieu où les remparts nous protègent des guerres et des maladies. A noter que la Majestueuse est avant tout sauvegardée par le lieu naturel qui fortifie nos enceintes et construit nos fondations. » Je lis à voix haute le livre, écrit par Horiön Altaerzar, que nous devons finir pour le lendemain, le professeur compte nous donner un questionnaire et contrôler nos connaissances sur la ville. Il faut tout savoir des plateaux sans émettre le doute que nous ne puissions pas y mettre nous aussi le pied un jour ; nous rêvons tous à cela. C’est dans notre devoir de le vouloir. Il serait inconvenant de prétendre l’inverse. Je ne suis plus très loin de la fin et je note que l’auteur n’a pas lésiné sur des indications précises concernant les autres plateaux. Je ne me suis pas attardée très longtemps sur celui des Nägs car l’idée de pouvoir être un jour déchu d’un rôle et d’un titre est tout bonnement terrifiant. Je me plais à rêvasser sur les plus hautes strates de la société, me laissant emporter dans un songe bientôt interrompu par la voix aiguë de ma mère. « Azaar ! » Je coince une plume de pie entre les pages du livre et me relève, la volonté que j’avais à lire ce livre ne suit pas celle qui est de travailler à la boutique. Je fronce les sourcils, je ne suis pas contente de les assister, alors je traîne. « Azaar ! N’oublie pas le balais ! » Longeant le couloir, je me dirige vers la cuisine. J’attrape dans le placard le fameux outil de travail et descends les escaliers, la mine boudeuse. Mes parents ne me regardent pas, ils travaillent sur des embouts de plume qu’ils se donnent à finir dans la soirée. « Il y a une infusion de camomille si cela t’intéresse. » - « Hum, non. » J’en ai horreur. Comment peut-elle ne pas le savoir ?

Nous sommes en début d’après-midi, nous sommes fermés le matin pour pouvoir travailler dans l’atelier. C’est le seul moment où je peux étudier sans être interrompue quand je n’ai pas cours. Je prends mon balais à deux mains et commence à nettoyer coin par coin, latte par latte. Je pense au livre que je n’ai pas terminé et me demande ce qu’on peut bien trouver sur Enedhgardh. Je fais attention à ne pas perdre un cheveu alors je les attache et lâche dans les détritus les mèches qui me restent en main. Une fois que je vois un nombre satisfaisant de saleté, je m’abaisse et ramasse avec une petite pelle. Je m’empresse dehors et les jette dans un caniveau. C’est alors que je remarque cet homme que j’ai déjà vu de nombreuses fois. Il a l’air d’un Näg, si je puis dire, sa tenue laisse à désirer et il empeste. Je lui souris et je m’écarte de son chemin. Il me regarde avec des yeux fatigués, je pense qu’il est malade: comment peut-il tomber malade dans une cité aussi bien entretenue ? « Vous euh… Souhaitez de l’eau ? » Il met un temps avant de s’arrêter et au comble d’une lenteur qui surprend un tel âge, je le vois revivre. Il acquiesce. Pourquoi lui ai-je demandé ? Cela me force à remonter en haut et à prendre un verre que je devrais nettoyer. L’eau courante, nous la payons chère. « Cela vous irait de la camomille ? » Il ne pipe mot et je m’en vais, balais toujours en main, vers la cuisine. Je redescends quelques instants plus tard dans la ruelle et je lui donne. Un faible « Merci » marmonné, suivi d’une phrase que je ne comprends pas. « Vous n’avez qu’à laisser le verre sous la fenêtre. »

« Azaar, c’est qui ? » Ma mère s’approche de la caisse, l’ouverture ne va pas tarder. « Un client, je crois. Il avait soif. » - « Tu n’as pas pris le verre pour les invités ? » - « Nous n’avons jamais d’invité. » A cette remarque, elle m’informe que je n’ai pas terminé de balayer avant l’horaire d’ouverture. Je me presse aussi vite que je peux et je finis par l’aider à ranger les dernières boîtes à plume et cahiers récemment confectionnés. Mon père reste à l’atelier, nous commençons à accueillir les quelques clients. Certains s’adressent à moi directement, tandis que je range une allée de cahiers rouge bordeaux. « Auriez-vous des lettres légères ? » Je hausse un sourcil. « Hum, pour quel genre d’envois ? » - « Pour un long courrier. » Vers l’étranger ? Je souris à l’alfar en face de moi. « Bien sûr, je vous amène cela. Combien de feuilles avez-vous besoin ? » - « Une dizaine. » La curiosité me pique. Pourquoi un alfar aurait besoin de contacter quelqu’un à l’étranger ? N’a-t-on pas tout ce dont on a besoin en ville ? C'est ce qu’écrit Horiön Altaerzar, nous nous suffisons. Qu’est-ce qu’un alfar irait faire ailleurs ? Je reviens avec un carnet et je lui en montre une. « Cette feuille est presque transparente. Vous pouvez écrire au crayon car l’encre risquerait de l'endommager. » - « Vous n’avez pas quelque chose d’un peu plus épais ? Il ne faudrait pas qu’on puisse effacer mes mots. » Je reviens plus tard avec un autre feuillet. « Voici, je pense que cela pourrait davantage vous convenir. » Je lui souris et je regarde ses affaires ; il est drôlement habillé pour quelqu’un qui vivrait sur mon plateau. Vient-il d’ailleurs ? D’un plateau supérieur ? Je ne me risque pas à le lui demander, néanmoins voyant certainement mon air interloqué, il me dit « Je suis Conteur et j’apprécierais avoir des nouvelles d’ailleurs. Voyez-vous, Drosera n’est pas seule au monde, il existe des événements qui méritent d’être conté entre nos murs et seul je ne puis y arriver ! Comprenez qu’il n’y a rien d’interdit dans ce que je fais, c’est parfaitement légal. » - « Je – euh… Vous faites ce que vous voulez, monsieur. Je ne vends que du papier. » - « C’est de l’art. D’ailleurs vous ne devez sans doute pas être au courant – que demande-je, c’est évident – mais il y a eu un Bal des cinq ou vingt Lunes, sur les terres magiciennes, et dit-on avec plusieurs représentations spectaculaires. Avez-vous seulement regardé un spectacle dans votre vie ? Que dis-je, évidemment que non. » A mesure qu’il parle, je le trouve de moins en moins amical. Toutefois c’est un client, et un client reste un potentiel pour un marchand. Je l’interroge « Êtes-vous sûre d’avoir assez de papier à envoyer, alors ? Vous devriez écrire pour le premier plateau, afin que nous soyons au courant. Vous ne pensez pas ? » Je lui souris. « Nous lirons vos nouvelles sur ces gens d’ailleurs. » - « Vous savez lire ? » Je balbutie. Me prend-il pour une idiote ? L’air benêt un long instant, je lui avance le feuillet. « Je sais vendre. » Pourquoi ai-je dit ça ? Il lâche un rire qui dérange ma mère, elle discute avec une cliente. «  Bien, je vais vous prendre ce paquet de feuilles en plus. Celui-là pour le long courrier, j’ai tellement de questions à poser si vous saviez, et celles-là pour écrire.  » - « Vous êtes certain d’en avoir assez ? » - « Oui, certains à présent. Merci. J’ai tellement de questions à poser sur ce Roi des Démons absent ! Vous savez que c’est étonnant, n’est-ce pas ? Dommage qu’il ne soit jamais venu sur Drosera. J’aurai écrit un pamphlet pour ses beaux yeux, ha ha ! Ne le répétez pas, d’accord ? » - « Oui, si vous le voulez. » - « Qui dois-je régler ? » - « Ma mère est juste là. » - « Ah et bien, vous êtes plus violette que votre mère. Étonnant. » Je rougis, il s’en va. Je ne sais plus trop où me situer, entre toutes les informations qu’il vient de déverser, comme si j’étais un seau à nouvelles ! Je le regarde partir, piquée au vif. « Maman ? C’est qui le Roi des Démons ? » Je n'ai pas comme habitude de suivre une quelconque information concernant l’étranger et mes parents ne m’en parlent pas. « Zane Azmog, tu ne l’as pas lu dans tes livres ? Tu es peut-être une sarethi mais tu te dois d’étudier les livres d’art, Azaar. Il est un modèle pour beaucoup d'artistes. »
Mots = 1 427


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 20 Fév 2020, 15:59



Ọrun, quand le vent tourne...

Les démons jetèrent Ọrun dans une geôle infecte tirée par deux bêtes massives. Les anges à peine éveillés s'y entassaient en gémissant sur leur infortune. Cependant, quand le convoi se mit en mouvement et qu'on leur intima de se taire, en faisant claquer des nerfs de bœuf contre les barreaux de fer, ils se tournèrent les uns en direction des autres pour prier. L'atmosphère était d'autant plus lourde qu'ils ignoraient tous ce qui les attendait au bout du chemin. Il y en avait pour raconter des horreurs, le visage défait et le corps tremblant. C'était comme si la mort les attendait à chaque issue, toute perspective de salut définitivement éteinte par l'emprise ferme de ces mains des ombres sur leurs vies.
Ọrun s'appliqua néanmoins à ignorer tous ces récits sordides, conscient de sa chance d'être encore en vie à cette heure (et bien décidé à préserver son esprit de l'hystérie). Ce qui devrait arriver arriverait et il s'y plierait, se disait-il. En cet instant, il bénissait sa mère dont la bonne éducation l'avait rendu sensible aux vertus. Se réfugier dans les croyances avec une ferveur instinctive, préoccupé seulement par sa propre survie était tout ce qui lui restait.
Alors, tandis qu'ils traversaient les ruines de ce qui fut autrefois un royaume somptueux et prospère, il songea à sa famille et aux Jardins de Jhën. Cette pensée le tranquillisa un peu, car il était convaincu qu'Ileri savait qu'il s'était réincarné et le connaissant, cela voulait forcément dire qu'il partirait à sa recherche. Ọrun avait foi en Ileri plus qu'en quiconque et même s'ils étaient de simples frères et non des jumeaux, il existait entre eux un lien indéfectible et qui suffirait (pensait-il) à les réunir. En attendant, il s'appliquerait à survivre et priait.

Les premiers jours, Ọrun passa de mains en mains. Comme il ne comprenait pas le Snēk, il était incapable de dire pourquoi. Son bon sens l'amena cependant à supposer qu'il passait de la propriété des chasseurs à celle de différents marchands, puisque chaque transaction s'accompagnait de l'évaluation de sa condition physique. Conformément à ses résolutions, Ọrun se laissa manipuler docilement. Il avait assisté au lynchage d'un jeune Sọnu rebelle et cela l'avait définitivement dissuadé de tenter quoi que ce soit.
Quand on lui demandait de faire quelque chose, il le faisait. S'il fallait qu'il regarde l'un des siens se faire maltraiter pour l'exemple, il le regardait. Quand on voulu l'humilier en l'obligeant à cracher sur  les icônes des aetheri qu'il vénérait, il le fit. Et quand on lui demanda de chanter la gloire du souverain démoniaque, il la chanta. Cela le meurtrissait, mais il voulait vivre.
Ainsi, si dans un premier temps, il s'effraya des horreurs pratiquées au sein de ces marchés sordides, il s'y ferma bien vite. Le jeune ange évitait de réfléchir. La plupart du temps, son esprit était simplement vide et il suivait le cours naturel des événements en faisant abstraction des plaintes de ses semblables. Ọrun était trop faible pour supporter la détresse des siens et c'est pourquoi il s'appliqua à l'ignorer. Le bon sens lui dictait de survivre : tout héroïsme était vain.

Cependant, l'ange resta tout de même ouvert à son environnement. Il garda les oreilles tendues tout au long de ses interactions avec les démons et même lorsqu'ils s'adressaient à d'autres que lui. Peu à peu, leur langue passa d'un marasme épouvantable à un flot rocailleux, guttural et brut, mais à peu près censé. Comme il étendait le champ de sa compréhension, le cours des événements lui parut moins abscons. Ọrun avait l'impression de reprendre la main sur son propre sort et cela lui redonna de l'espoir.
L'ange savait que sans cela, il finirait probablement sur un chantier quelconque, utilisé comme main d’œuvre jusqu'à ce que le travail le tue. Il était trop vieux, et pas assez frais pour plaire à qui que ce soit (la perspective d'être utilisé de la sorte le répugnait, mais il voulait survivre), par conséquent on n'aurait de scrupules à l'exploiter ou le malmener jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Puisque tout était une question de valeur marchande, Ọrun s'appliqua donc à élever la sienne. Ainsi, quand il fut question de le vendre à nouveau, il saisit l'occasion du passage d'un lettré pour se faire remarquer. Ses notions de Snēk jouèrent en sa faveur et ce d'autant plus qu'il parlait déjà couramment le Naciaze (un fait rare chez les Sọnu). On le racheta et il s'en alla grossir les rangs d'un négociant d'esclaves éduqués.
Ọrun avait le sentiment d'une relative sécurité, aux mains de ce marchand. Il était un investissement qu'il fallait rentabiliser, par conséquent la perspective d'une mise à mort gratuite semblait hors de propos. Il aurait probablement plus à craindre de son prochain propriétaire, mais de cela, il s’inquiéterait en temps voulu.

L'atmosphère changeait depuis quelque temps sur le marché. En dépit de tous les efforts des démons pour feindre le naturel, il apparaissait de manière de plus en plus évidente qu'il se passait quelque chose. Des voix s'élevaient dans les rangs des prisonniers. On parlait d'assassinats de hauts gradés (dont personne ne connaissait le nom ni le rang exact faute de culture) à travers le monde, des théories folles traitant d'un affaiblissement généralisé du camp du mal et pourquoi pas même la libération prochaine des Terres Blanches. Toute hypothèse à même de renforcer les espoirs des pauvres captifs roulait en s'amplifiant depuis les carrières jusqu'aux bordels et sans omettre la plus misérable cage.
Ọrun connaissait mal la hiérarchie de la mauvaise engeance. Il était bien incapable de discerner le vrai du faux dans tout ce marasme dont le contenu changeait d'heure en heure. Cependant, il reconnaissait les bienfaits d'une impression de puissance restaurée parmi les siens. Son œil attentif avait bien remarqué que le nombre de leurs geôliers diminuait. Les rumeurs venaient peut-être de ce simple constat, ou peut-être y avait-il vraiment quelque chose derrière tout ça. Il n'en savait rien. Quoi qu'il en soit, cela l'aidait à tenir.
Le plus troublant résidait néanmoins dans la rumeur selon laquelle on transférerait prochainement certains d’entre eux sur les Terres Arides. Si quelques uns de ses semblables voyaient là une opportunité de fuite, Ọrun songeait seulement à l'Enfer et cette pensée l'horrifiait. Il savait qu'une fois pris dans cette gueule, tout serait fini : il n'en sortirait jamais. L'ange aimait mieux mourir esclave sur la terre de ses ancêtres plutôt que dans ce sépulcre abominable de lave et de souffre.
Cette pensée le hantait au point d'entamer les défenses qu'il s'était efforcé d'élever autour de lui. Ọrun craignait qu'un retournement dans la balance des forces n'incite au massacre des siens leurs cerbères désespérés. Il ignorait quelle issue préférer à ce stade : rester en cage avec les autres prisonniers ? Être vendu ? Où se situait donc la meilleure probabilité de sa survie ? Impossible de le dire. Cette pensée terrorisait le jeune ange qui, pour la première fois depuis sa capture, avait le sentiment d'un dénuement total, de la fin de sa propre capacité à agir. Il voyait la mort venir et cela l'abattait.

Prier devenait son ultime recours. Ọrun passait son temps à occulter le réel derrière des songeries aux couleurs des Jardins de Jhën. Il invoquait le visage de sa mère et de son frère en remplacement des sinistres figures de son quotidien. Naturellement, il n'omettait pas de demeurer bien attentif à tout ce qui se passait autour de lui (au cas où le vent tournerait vraiment) mais d'une détermination vaine. Les alliés de son peuple viendraient-ils ? Serait-il libre à nouveau ? Reverrait-il les Jardins de Jhën et le visage de sa tendre mère ? Reverrait-il son frère ?
Ọrun l'ignorait, mais à l'image des siens, à l'image de ce qui faisait la grâce du peuple blanc, il espérait. Il gardait la foi, il tâchait d'être fort. Il s'offrait tout entier à ces vertus dont le culte le tenait debout. Il priait pour sauver son âme, pour sauver sa pureté et, par dessus tout, pour rester en vie.
Ainsi en allait l'ordre du monde : les guerres ravagent les peuples et les innocents prient.

1352 mots

Revenir en haut Aller en bas
Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

~ Sorcier ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1378
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Sam 22 Fév 2020, 14:28


Image de Natalia Sorokina #


« Je crains que nous ne soyons pas parti du bon pied, tous les deux. » déclara l'homme à la silhouette allongée à ses côtés. L'Ange ne parla pas, n'esquissa pas le moindre geste. Elle prétendait être en train de dormir. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était oublier ce qu'il venait de se passer. Ce qu'on venait de lui faire subir. Pourtant, tous ses sens semblaient anormalement éveillés, lui rappelant les atrocités qu'elle souhaitait fuir. L'odeur de l'homme qui imprégnait les draps. La sueur sur son corps. Sa respiration à lui, lente et profonde, celle d'un prédateur. La légère inclinaison du matelas, lui indiquant le poids de son tortionnaire, toujours étendu à ses côtés. Même en fermant fort les yeux pour espérer trouver une obscurité bienfaitrice, ses rétines ne parvenaient pas à laisser partir les images qui avaient été imprimées dessus : le visage de l'homme au dessus d'elle, les détails du décor sur lesquels elle avait essayé de se concentrer pour permettre à son esprit de s'envoler loin de la terrible scène dont elle était la triste protagoniste. La jeune fille sentit son ventre se tordre. Elle avait la nausée. Elle voulait fuir, mais sa condition était évidente : elle ne pouvait pas s'en aller. « J'aimerais te faire rencontrer quelqu'un. » continua le sorcier. Même si sa victime l'ignorait, il savait qu'elle ne dormait pas vraiment, qu'elle l'entendait malgré ses efforts pour supprimer sa présence de son esprit. Il avait remarqué les frémissement de sa peau lorsqu'il parlait, comme si son épiderme réagissait à sa voix. Comme s'il l'avait marqué au fer, mais d'une façon plus profonde encore. « Je pense qu'elle t'aimerais bien. » continua-t-il sur le ton de la banale discussion, comme s'il s'adressait à une partenaire qui avait apprécié tout autant que lui leur échange. Il avait rarement le loisir de pouvoir discuter de la sorte, et il y trouvait un certain plaisir égoïste qu'il ne se gênait pas à imposer à son esclave. Serein, il plaça un bras derrière sa tête. « Elle apprécie les animaux. J'ai vu que toi aussi. » Il l'avait aperçu nourrir des oiseaux étranges qui étaient venus se poser près d'elle, dans le jardin. Si Alice avait été témoin de cette scène, elle aurait jalousement envié la femme. Elle aurait voulu la rejoindre et caresser les plumages, embrasser les becs, câliner les ailes. A défaut de pouvoir approcher ces créatures sauvages et non apprivoisées, elle pourrait encore jouer avec les ailes immaculées de l'esclaves... Nostradamus cédait toujours au caprices de la femme enfant. Il lui aurait volontiers cédé cette femme, s'il ne se l'était pas déjà approprié. Les yeux du sorciers étaient cernés. Il n'avait toujours pas récupéré son sommeil. Il faisait de nombreux allers et retours entre la Terre Blanche, Amestris et les autres zones où l'envoyaient son métier. Tout ces voyages l'éprouvaient. Malgré ce qu'il aimait à penser, son corps n'était plus aussi jeune qu’auparavant, même s'il tenait une forme tout à fait impressionnante pour son âge. « Lorsque je te la présenterai... Prends bien soin d'elle. » dit-il. Lentement, il se releva et enfila un pantalon. Il attrapa ensuite le drap qu'il remonta jusqu'aux épaules de la femme, l'enveloppant délicatement dedans. Avec souplesse, il tira le corps à lui et la prit dans ses bras, passant son bras sous ses genoux et derrière ses épaules. L'Immaculée sentit toutes les fibres de son corps se tendre. Malgré tout, elle posa sa tête contre son épaule, haïssant sa propre faiblesse. Elle ne parvenait pas à comprendre cet homme. C'est comme s'il renfermait en lui deux personnes distinctes mais qui savaient se fondre l'une avec l'autre dans un mélange dangereux... Le Maître, cruel et violent, qui aimait à la torturer, à jouer avec elle, à la faire souffrir de toutes les manières que son esprit tordu parvenait à imaginer.  Et Nostradamus. Cet homme charmant qui lui racontait des anecdotes, comme s'il avait véritablement envie de se confier, comme s'il tentait maladroitement d'établir un lien un peu moins terrible et moins malsain... Cet homme qui laissait glisser une caresse affective sur son épaule tout en lui murmurant des paroles douces et réconfortantes, comme s'il voulait réellement chasser ses cauchemars. Parfois, elle se demandait si Nostradamus existait véritablement, ou s'il n'était qu'une façade pour cacher le Monstre qui se tapissait au fond de son cœur de Démon. Cette pensée là, rationnelle et méfiante, se basait sur des faits : lorsqu'ils n'étaient pas tous les deux, elle ne voyait que le Maître, froid, calculateur, écœurant. Pourtant, elle avait surpris à plusieurs reprises des fragments de ce mirage qu'elle seule connaissait. Un sourire presque bienveillant, une œillade inquiète dans sa direction, un ordre plus sympathique à son encontre... D'une certaine manière, elle en venait presque à douter : est ce que Nostradamus ne l'aimerait pas, juste un peu ? Elle n'avait pas l'audace de s'imaginer avoir éveiller de véritables sentiments amoureux, mais quelque chose de plus... intimes qu'avec les autres. Elle était un peu privilégiée... Parfois, Nostradamus la faisait venir dans ses apparentements. Elle craignait toujours qu'il abuse d'elle, mais la surprise se réalisait parfois : il lui demandait des choses inattendues. Une chanson pour qu'il parvienne à retrouver le sommeil, un simple massage ou bien juste une discussion. Parfois, elle parvenait à trouver le sommeil dans le creux de ses bras... Elle ne parvenait pas à se souvenir à partir de quel moment elle était devenue si faible. A partir de quand cet homme était parvenu à faire tomber sa garde...

« L'Univers est fait d'équilibres. » déclara le Sorcier tout en continuant de marcher. La voix attira l'attention de l'Ange qui rouvrit timidement ses yeux humides. « J'ai lu un ouvrage il y peu. Un théoricien avançait que notre Monde n'est fait que d'équilibres. Une balance parfaite. Peu importe les forces qui s'affrontent les unes contre les autres, on ne peut qu'ébranler ce juste milieu parfait... La balance penche de temps à autres d'un côté ou de l'autre, mais revient inéluctablement à son point d'équilibre. » expliqua le mage. Il regardait droit devant lui, se dirigeant dans l'obscurité partielle des couloirs. La nuit baignait dans un silence épais, seulement coupé par les bruits de pas et la voix du Maître.  « Les Sorciers auront beau essayé de répandre le Mal, il ne saura jamais perdurer éternellement. Il en va de même avec les Magiciens et la Paix. Avec les Démons et leur Péchés... » L'Ange écarquilla les yeux. Était-elle en train de rêver ? D'imaginer toutes ces discussions ? Cela lui semblait surréaliste. Ces paroles ressemblaient trop à un message d'espoir. « Avec les Anges et leur Malchance... » La jeune femme ne sut comment réagir au sourire doux que lui présenta le mage noir. Déstabilisée, elle se contenta de battre des paupières. « Peut-être qu'un jour, vous parviendrez à tous devenir libre... Ils sont nombreux à essayer de s'enfuir. » Silence. « Toi aussi, un jour, tu partiras sans doute. » « Les démons se font plus rares, en ce moment. » confirma l’intéressée.  Son insolence était ressortie sans qu'elle ne s'en rende compte. Dans ses yeux brûlait une flamme de défi. Une mise en garde. Finalement, même s'il parvenait à endormir ses instincts le temps de quelques paroles doucereuses, il ne parviendrait jamais à tuer le feu rebelle qui brûlait en elle. Pourtant, elle fut à nouveau prise au dépourvu lorsque l'homme esquissa un sourire, sans se mettre en colère. « Toi aussi, tu l'as remarqué... Peut-être est-ce là votre chance de vous enfuir, dans ce cas. » Nostradamus croisa le regard de sa captive et explosa d'un rire amusé en voyant la mine de sa favorite. « Il faut croire que nous aussi, nous ne sommes qu'un ensemble de pièces qui essayent de faire pencher la balance d'un côté ou d'un autre... Même si je te donne l'impression d'avoir le cœur d'un Démon, il m'arrive peut-être d'avoir des sentiments angéliques. » murmura-t-il à l'oreille de la demoiselle. Nostradamus s'arrêta. Il était arrivé devant la chambre des esclaves. Il resta là, immobile pendant quelques secondes, ses prunelles sombres plongées dans celle qu'il portait. « La prochaine fois... Ammenez-moi avec vous. » lâcha-t-elle. Elle perdait sans doute la tête, de dire ce genre de choses. Pourtant, elle n'essaya aucunement de se retenir. « Si vous ne voulez pas que j'essaye de m'enfuir, il serait plus prudent de me garder près de vous.... Avec tous ces démons qui disparaissent, il n'y aura bientôt plus personne pour s'assurer que je reste bien ici. Vous vous retrouveriez bien bête si j'avais disparu à votre retour. » Sa tirade arracha un sourire au mage qui déposa un baiser sur sa tempe.
1530 mots



Merci Kyky  nastae
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34204-nostradamus-demen
Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1075
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Sam 29 Fév 2020, 04:51





# Chercher la paix intérieure






« Ca-Calmez-vous, je vous en prie… » Alignais-je d’une voix posée, cherchant à attacher mon regard à celui de mon interlocuteur.

Ce qui ne fût guère compliqué, compte tenu qu’il me transperçait littéralement de ses yeux violacés. Une Colère sourde faisait trembler l’ensemble de son corps et je tentais, de peine et de misère, à tempérer ses émotions actuelles. Il était étreint de la sorte par la crainte et l’anxiété en raison des nouvelles qui nous était parvenues depuis les Jardins de Jhēn, tout récemment, et plus particulièrement à cause de cette rumeur comme quoi une énième tentative de sauvetage se préparerait pour aller délivrer des prisonniers de la Terre Blanche.

« C’est insensé! Pourquoi s’acharnent-ils comme ça?! » Se récria l’homme tandis que ses doigts serraient nerveusement le bout de papier qu’il retenait entre ses mains.

Brièvement, je me permis de jeter un coup d’œil en direction de la missive, conscient qu’elle était à l’origine de l’état de celui que je tentais de rassurer. Je ne pourrais me targuer d’être son grand ami, son inséparable confident, ne l’ayant croisé qu’en raison de nos postes respectifs lors des tâches ménagères ou bien, entre autres, de nos assignations aux mêmes heures de patrouille. Cela étant dit, je le connaissais suffisamment pour me permettre ce genre de proximité, de familiarité, à son endroit, m’efforçant d’apaiser et de faire taire les craintes de mon compère.

« Ōrus, reprenez votre sang-froid et écoutez-moi. Aucune information ne laisse supposer qu’un tel assaut se produira et…

- Mon sang-froid?! Mon fils, le seul qu’il me reste, vient de m’envoyer une lettre dans laquelle il me dit qu'il serait prêt à participer à une telle mission si elle advenait à se réaliser! »

Une fois de plus, j’usais du Sanctuaire d’Ahena afin de le tranquilliser, voyant quelque peu les effets du pouvoir angélique déteindre sur son attitude : les lignes de son faciès se radoucissaient alors que son corps, lentement, se décrispait. Pourtant, rien n’était encore fait, la peur et l’inquiétude maquillant toujours ses traits.

« Je comprends parfaitement qu’il veuille faire sa part afin que nos frères soient enfin libres… Je le désire tout aussi ardemment que lui, pour que nous puissions enfin mettre un terme à la cruauté qu'ils subissent là-bas. Mais je… »

L’homme eut un hoquet déchiré. Je ne prononçais pas un mot, lui laissant le temps nécessaire pour reprendre son souffle et poursuivre, s’il le souhaitait. J’étais à son écoute.

« Je ne veux pas qu’il se mêle à cette histoire… »

Il prit une grande inspiration – la première depuis un bon moment déjà – et, ravi, il me semblât qu’il était de nouveau maître de ses moyens.

« Votre fils n’est pas inconscient. Lui, comme vous, veut simplement aider là où il le juge nécessaire et cette libération, si elle a vraiment lieu, aura besoin d’hommes et de femmes comme votre fils pour porter à bien son succès.

- Mais ce sauvetage n’est pas assuré de réussite.

- Ces explorations non plus, Ōrus.

- Ce n’est pas la même chose. Nous parlons de la Terre Blanche! Les dangers sont incommensurables, sans parler que la zone est quasiment imprenable! Je sais que la Compagnie et l’armée ont recueilli des témoignages et, dans l’état actuel des choses, en considérant nos effectifs et les ressources mises à notre disposition, ce serait un suicide de s’engager dans une telle mission. La Terre Blanche est insaisissable et s’ils y vont, si mon fils y va, je… »

Je crains qu’il ne revienne pas… C’était effectivement la pensée qui venait de traverser l'esprit du militaire.



Je me plongeais, pendant plusieurs secondes, au cœur d’une réflexion sans bruit, mes pupilles suivant la courbe qu’esquissait les vagues à quelques mètres en-dessous du bastingage.

« J’espère, commençais-je, en reportant mon regard dans les yeux de mon confrère, qu’ils savent ce qu’ils font. »

Comme attirés par un magnétisme puissant, mes iris se détournèrent de nouveau du visage de Travis pour contempler l’immensité de la mer qui nous enveloppait. Elle était si calme aujourd’hui, que je ne saisissais pas comment, au plus profond de mon cœur, je pouvais toujours me sentir autant agité en l’admirant.

« Parce que notre peuple, je le crains, ne se relèvera jamais si nous devons essuyer un échec… »

Une fois de plus, mes épaules s’affaissèrent et un soupir franchit la barrière de mes lèvres. À son tour, le soldat Wahlker vint appuyer ses coudes aux rampes des garde-fous, tournant son visage en direction de l'horizon.

« Ils savent ce qu’ils font. »

L’assurance que je perçus dans la voix de mon collègue me fit lentement porter mon regard jusqu’à son faciès. Conscient de mon attention sur sa personne, le jeune homme aux cheveux blonds me gratifia d’un tendre sourire, comme s’il désirait m’insuffler un peu de son optimisme et de sa foi à l’égard des nôtres, restés aux Jardins.

« Et ils savent tout aussi bien que nous les conséquences qu’une défaite causerait sur notre moral et sur l’état général de notre peuple. »

Évidemment, ils ne mèneraient une telle mission que s’ils étaient sûrs de leur coup. N’empêche, je ne pouvais oublier la réaction d’Ōrus. En repensant à tout ce que nous avions en notre possession, à tout ce que nous connaissions, il était tout simplement impensable que nous puissions enclencher une telle démarche.

« Un échec n’est pas envisageable dans l’état actuel de notre situation. S’ils s’apprêtent véritablement à mener un assaut sur la Terre Blanche dans le but de sauver nos frères et sœurs… Je pars du principe qu’ils se sont préparés en conséquence, qu’ils ont cherché de l’information, qu’ils ont planifié leur coup, en songeant à un plan A, puis à un B, et puis pourquoi pas à un C également? Personne n’est jamais trop prudent. »

Le milicien avait soulevé ses doigts lors du décompte, poursuivant sur le même ton :

« Bref, ils ne prendront pas cette situation à la légère, même si, j'en conviens, il y a de quoi s'inquiéter, surtout parce que nous sommes extrêmement désavantagés.

- … Tu crois qu’ils nous demanderont de les accompagner au front pour cette libération, s'ils venaient à manquer d'effectif? »

Pendant quelques minutes, Travis ne prononça pas une seule parole, ses yeux s’ancrant, avec un certain acharnement, à l’écume de la mer. Son visage était marqué par une résolution farouche et inflexible et pourtant… je n’avais qu’à baisser légèrement les yeux sur ses mains pour être en mesure de comprendre ses véritables ressentis vis-à-vis cette idée. À ce constat, je me mordis la lèvre inférieure.

« Peut-être qu’en grande nécessité, reprit enfin mon collègue, ils pourraient demander à certains d’entre nous de se joindre à l’action… »

Je le fixais intensément.

« Serais-tu prêt, toi, à t’engager dans ce sauvetage s’il avait véritablement lieu? »

Il eut comme un instant de latence durant lequel ni moi, ni Travis n’osaient faire le moindre mouvement. Pourtant, petit à petit, je m’aperçus qu’une étrange altération s’était mise à défigurer le faciès de mon camarade, sur lequel un rictus fit son apparition, mal à l’aise et nerveux. La commissure de ses lèvres tremblait violemment et ce fut qu’une question de secondes pour que la vibration s'étende à travers l’intégralité de son corps.

« Je… n’en sais absolument rien. »

Aurait-il seulement la force?

« Ha… Haha… Je ne sais même pas si j’en serais capable, en réalité. »

Enfin, il semblât reprendre le contrôle de son être, ses mains se retournant pour que l’intérieur de ses paumes puissent se porter vers le ciel.

« Malgré toutes ces années, l’effroi continue de m’étrangler… »

Les heurts du Passé étaient encore bien trop ancrés en lui pour qu’il ne s’en départît aussi aisément. Les Démons avaient su implanter la peur dans son cœur, à la manière d’une graine qu’ils avaient pris soin d’entretenir et de faire mûrir, enchaînant ainsi le jeune soldat, pour bien des années encore – si ce n’était pas pour la vie – dans sa cage malgré qu’il soit, aujourd’hui, loin des maux et des barreaux. Travis restait discret quant à son séjour aux Terres Arides en tant qu'esclave et « gladiateur » attitré pour l'une des maisons de la contrée, et c'est pourquoi je ne pouvais qu'imaginer ce qu'il avait subi là-bas, ce qu'il avait vécu, le jeune homme ne s'ouvrant que très peu à ce sujet. Cependant, nous le voyions tous, cela le traumatisait encore à ce jour. Doucement, bienveillamment, je me permis d’user à nouveau du Sanctuaire d’Ahena. Je savais que le temps d’action du pouvoir se limitait qu’au moment où je l'utilisais, mais pour le peu de ce temps, justement, je désirais écraser, étouffer, noyer, cette peur qui le paralysait afin de lui donner, de le faire goûter, à cette Force intérieure qui sommeillait toujours en lui.


1 471 mots


It's a little price to pay for salvation
Thème I | Thème II | Thème III | Thème IV | Thème V

[Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I Signat20
Merci Mancy et Shanxi pour les cadeaux ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34283-isiode-isley-entr
Invité
Invité

avatar
Sam 07 Mar 2020, 21:02




Quand le vent tourne






[Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I Wukong10
Sous le ciel nocturne, des milliers d'étoiles scintillent et d'autres disparaissent comme si toute l'étendue noireâtre qui l'entoure l'engloutissait. Voila maintenant une dizaine de jours que je travaille à l'Antre des damnées pour le compté démoniaque en gérant ses cultures de drogues. Les champs foisonnaient. D'autre part,l'agitation est palpable, on se demande qu'est ce qu'il a bien pu se passer pour que tous les démons alentours s'agitent autant. On voit certains qui n'arrêtent pas de jacasser et de pouffer de rire tandis que d'autres, tendus, gardent toujours une main dans leur ceinturon. Le sol avait l'air plus dur que d'habitude. Le ciel plus sombre et l'évaporation du  sang de quelques cadavres mêlé à la pluie ne cesse d'exciter les démons. De plus, avec le parfum délicieux des marchandises morbides récentes et fraiches rend l'atmosphère euphorique. Le commerçe afflue ,ces derniers temps, toujours plus fleurissant.

D'autres guerriers démons mourrant d'ennuis finissent même par se se soûler à mourir jusqu'à chouchouter le par terre de la ville. Pour les démons, c'est une ambiance de fête. On s'inquiète baucoup de ce qu'il se passe en enfer mais pour les contrées les plus éloignées, la terreur règne,pas d'attaques ennemis majeurs et toujours les plus forts qui dominent. Les journées se ressemblent.
Me concernant, j'ai pu rassembler quelques pièces de Kanive ces derniers jours. L'un de nos esclaves ne cessant de tirer nos marchandises a finit par mourir,épuisé. On a du le découper bien fraîchement dans l'une de nos boîtes. Ces derniers jours cela ne finissait pas de torturer mon esprit. Mon ventre gronde toujours plus fort chaque fois que je me remémore le délicieux tas de chair enfilé.
je n'étais pas le seul me disais je à chaque fois que je regarde mes camarades démons. Voila qu'on fait la queue depuis des lustres depuis les évènement récents.
Le patriarche démoniaque de la région ne cesse de faire contrôler les individus traversant ses terres, doutant de quelques espions angéliques ou humains. On patauge là tout en obstruant l'évacuation des eaux de la ville. Cela rendait les patients fou de rage. Alors que j'étais perdu dans mon esprit, mon regard s'éloigne vers l'ouverture de la porte d'une auberge. La porte s'ouvre lentement pendant qu'une main essaye désespéremment de pousser l'obstacle comme s'il s'agissait de la plus grande épreuve auquel aucun être vivant puisse y parvenir. J'arque un soucil. L'individu ayant finalement réussi l'épreuve rampe comme un asticot sur le sol, avec une grosse bouteille de bière dans la main.



"urghh.. ma vi.. l'avisé.. glurb attent..ion.." finit par prononçer l'individu en me désignant avec son doigt avant de vomir de sa bouche un liquide nauséabond.
"blurg"

La situation m'amuse. Alors que le paysage teinté de tâches rouges et de noir peint un panorama apocalyptique, un asticot dévergondé ressemblant à un.. démon?! rampe sans que personne ne s'en aperçoive. Je finis par baisser les yeux et découvre un gobelet rempli de bière. Le démon ne cesse de le regarder avec des larmes,parce qu'il a trop bu.


Je ramasse le récipient et le lui donne. Puis il vida tout le contenu avant de s'effondrer.


Après quelques heures passés, l'individu ouvre les yeux. Il regarde autours de lui instant avant de demander:
"urgh.. je suis où?"
Il ressemblait au croisement entre un démon et un humain. Berwick, sous sa forme convenanble, a l'apparence d'un aristocrate à mauvaise allure avec des habits déchirés. Il portait ce qui semblait être  un pourpoint écarlate avec des  chausses munies d'une semelle en or cousue et un pantalon en velour de soie en mauvais état. A son ceinturon, on peut observer une longue épée fine et en or.


"T'es qui ?T'es un démon? Tu sais j'ai failli me salir en te marchant dessus." répondis je tout en ordonnant à mes esclaves d'accélérer le pas.

"Bon dieu. Excusez moi. Je m'apelle Berwick Macaria et je suis un descendant de la lignée démoniaque des Macaria."


Je m'exclame alors: "Quoi t'es qui?!"


"Oui. En vérité, je suis un bâtard de la lignée royale.. et j'ai été exclu.. de la famille et banni.. des terres royaux. Presque tout mes pouvoirs ont alors disparus. Alors que j'ai été envoyé en mission afin de contrer et de me débarrasser d'un conflit mineur de jeunes démons révoltés en Enfer, on m'a trouvé soul et en train de danser la maloya avec un ange.. Bref, je me suis embrouillé" me dit il en rigolant.

"Bon diable. C'est pour ça que tu gigotais comme un asticot sans que personne s'en doute. " lui répondis je amusé.



"Alors je me suis enfui pour pas qu'on me tue. Tout a commençé lorsque j'ai entendu des informations concernant les anges et les humains. Les espions royaux disaient qu'il y aura probablement une tentative d'assassinat contre moi. Mais je voulais rien entendre alors j'ai continué à dépenser l'argent venant de mes subventions privilégiées. Je suis descendu dans un bar et je me suis bourré. Il y avait quelques femelles plutot bien faites. Après c'est flou, je me rapelle juste d'une démone avec un joli regard avenant et plutôt bien fourré et cornu au mauvais endroit.. Et c'est alors que mon frère démoniaque est entré en éclatant une vitre et c'est précipité sur elle fouguement avant de la transperçer avec son épée et la tuer. Quel gachis! Elle était sacrément jolie. Ensuite, mon frère essaya de me faire comprendre que je suis en danger."me brocardait il,



"Le lendemain, j'ai encore abusé. J'étais bourré et j'ai libéré une captive ange terrorisée en dansant avec elle. Je ne te dis pas la tête que faisaient les gardes en me voyant." rigole t'il.

"He ben, sacré gachis. T'avais de l'argent et de la puissance et toi tu t'amuses.."l'interrompais je.

"  Ecoute, c'est le gros bordel en Enfer. Je ne sais pas ce qu'ils ont mais la famille royale s'est déchainée comme un beau diable. Je ne sais pas ce qu'ils sont devenenus mais c'était de la folie alors j'en ai un peu profité pour me détendre,vois tu. Malheureusement après,mon frère me jetta dans les égouts. Par chance, je me suis réveillé ivre dans un village éloigné. Mais la suite des évènements fut pire. Il y a eu une attaque de démons contre le village ! Personne n'a été au courant mais des démons de l'Asmodée  sont venues récupérer des anges capturées tout en prétendant qu'ils avaient fait un marché avec les Macaria et et que maintenant ils les revenaient de droit. Les moins réticents ont eu leur compte. Donc j'ai couru le plus loin possible. Et voila, je me retrouve maintenant là. Je suis en colère pour ce qu'ils m'ont fait alors un jour je reviendrai reprendre ce qui m'appartient et je me vengerai." ajoute t'il.

"He ben c'est un peu de ta faute aussi. Si tu veux, tu peux nous rejoindre. On se dirige vers un compté pour vendre des produits de mon maître. Tu peux nous être utile en tant que garde."
lui dis je.

" Vous m'embauchez?"


"T'embaucher? Tu rigoles, t'as pas un sou sur toi!"

"Donc vous m'avez fouillé?" répondit il malicieusement.

"... petit malin."avouais je sans le regarder.

"De toute façon, je n'ai plus personne, plus d'amis, plus de serviteurs,je ne suis plus rien qu'un asticot.. Je n'ais pas le choix. Alors j'accepte votre demande et de vous suivre jusqu'au jour où je pourrai me venger."
déclare t'il avec honnêteté.

"Bien, si cela est ton objectif. On peut dire qu'on a le même. Moi je cherche pour le moment à m'enrichir et s'il le faut, jusqu'à tuer et décapité les membres de la famille royale" lui répondis je avec enthousiasme avant de me reprendre:
"Enfin, pas toi. On peut devenir amis."

"De plus, je t'en dois une. Tu m'as récupérer et sauver de biens ennuies. Donc je suis d'accord de faire aventure avec toi.Faisant un marché pour nous  de notre confiance. Pour m'avoir aidé, je te propose de t'accompagner, jusqu'au jour où je pourrai me venger de mes confrères."
dit il en me tendant sa main.

"Marché conclu. On fera aventure ensemble." assurais je lorsque un éclair douloureux foudroye nos mains pour sceller les mots dits. A ce moment là, un éclair fendit le ciel comme s'il nous avertissait d'un mauvais présage. A cet instant, je pouvais sentir et aperçevoir l'illustre et terrible aura rougeoyante qui recouvrait mon compagnon. Un sourire purement innocent illuminait ses lèvres. Ensuite, tout redevint à la normale.



Après un temps, le transport s'arrête stoppait par un garde démon.Il nous vérifie avant de déclarer:
"Bon,vous pouvez passer. Je vous préviens. Ces derniers temps,il y a baucoup d'agitation. On suspecte des espions."

La charrette de marchandises se mets alors à rouler sombrement sur le chemin rocailleux montant vers le Compté Démoniaque.  

     
 

                                                     1 427
Revenir en haut Aller en bas
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2054
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Ven 20 Mar 2020, 08:36

« Est-ce vrai ? » demanda fébrilement l'Humaine en se penchant vers les sociologues. Sa voix laissait clairement entendre le mélange d'angoisse et d’espérance qui bouleversait son cœur. Aucun des Ailés ne s'étonna donc lorsque la question fut finalement posée. « Est-il vrai que vous allez lancer une nouvelle offensive sur les Terres Blanches ? » Elijah retint un soupire d'extrême justesse. Encore cette rumeur. Même en étant enfermé dans la cité du désert, les murmures se faisaient bien trop bruyant à son goût. Comment cette femme avait-elle pu en entendre parler ? N'était-ce pas supposé n'être qu'une affaire d'Anges ? Sans doute des Gardiens avaient-ils été trop bavards et avaient laissé fuiter quelques informations, que leurs protégés s'étaient empressés de répéter à leurs amis et cetera et cetera. Tant que ces papotages ne prenaient pas trop d'ampleur, le brun ne voyait pas de mal à ce que les Ailés fasses des confidences sur ce qu'il se passait dans la nation. Malheureusement, ce genre de messe-basse prenait toujours de l'envergure et cette fois-ci ne faisait pas exception à la règle. « Nous n'allons rien faire du tout. » répondit Marcus d'une voix guindée, se tenant droit comme un poteau. « Nous n'avons pas l'intention de quitter Qaixopia et - » « Ne faites pas l'idiot, vous avez très bien compris ce que je voulais dire. » rétorqua la fille de Sympan en s'agaçant. « Je ne parlais pas de vous à proprement parlé. » Quelques secondes de silence s'écoulèrent avant que Marcus ne reprenne la parole : il était tout autant incommodé par ces bruits de couloir que l'était son disciple, mais devait faire preuve d'agilité afin de désamorcer ces bombes qui lui étaient à chaque fois renvoyées au visage par les personnes qu'il interrogeait. « J'ai eu vent des rumeurs, comme vous Bahiya. » commença-t-il d'une voix guindée. « Mais je suis coincé ici, comme vous le voyez. Je n'ai aucun moyen d'affirmer ou d'infirmer ces dires et, de toute manière, mon équipe et moi-même avons une mission importante à effectuer ici. » Le visage de la femme se tordit dans une expression révoltée. Elle n'avait visiblement pas apprécié la réponse que lui avait fourni le sociologue. « Une mission importante ? » La tisserande laissa entendre un ricanement dédaigneux, sans aucune joie. « Parce que selon vous, passer votre temps à poser des questions de merde, dont personne ne se préoccupe est plus important que d'aller secourir vos frères et sœurs ? » Sa voix avait augmenté d'intensité. Elle s'était redressée au fur et à mesure, se tenant désormais debout, les mains appuyées sur la table, surplombant ses interlocuteurs de toute sa colère. « Vous voulez savoir ce que je pense de tout ça ? Ce que je pense des Anges Gardiens et de la place qu’ils devraient occuper dans notre quotidien ? » De rage, Bahiya frappa la table du poing. « Eh bien je vais vous le dire, moi : si vous étiez tous aussi poltrons que maintenant lorsqu’il fallait venir nous secourir, il ne faut pas vous étonner de constater que vous avez perdu notre confiance ! Comment pouvez-vous voue proclamer nos sauveurs ou nos gardiens, lorsque vous êtes incapable de vous protéger vous-même ? Lorsque vous ne prenez même pas la peine d’aider les vôtres ! Regardez-vous, confortablement installés à gaspiller votre temps, quand votre peuple est retenu captif, en train de subir… je ne sais quelle atrocité ! » Elijah voulut intervenir mais Angélique posa une main sur son bras, lui faisant signe de garder le silence. « Imaginez deux secondes que vous soyez l’un des anges prisonniers, n’aimeriez-vous pas que vos frères et sœurs se mobilisent pour vous sortir de l’Enfer ?! » Devant le manque de réactivité des Anges, l’Humaine sembla s’apaiser légèrement, à moins que l’un d’eux n’eut usé du Sanctuaire d’Ahena pour apaiser la tension de leur opposante. « Je comprends ta douleur, Bahiya, crois-moi. Comme tu l’as si justement souligné, il s’agit de mes frères et sœurs. Mais tu es bien placée pour comprendre pourquoi ce genre de décision ne se fait pas à la légère… » Le visage de la jeune femme se relâcha subitement, comme si elle venait de recevoir un coup particulièrement douloureux. « C’est en participant à l’une de ces missions de sauvetage que ton Gardien s’est retrouvé prisonnier des Démons. » rappela l’Ange d’une voix dure. « Se lancer dans la gueule du loup sans y réfléchir à deux fois, en plus d’être particulièrement sot, est dangereux. Nous nous remettons difficilement du génocide que nous avons subi, mais notre peuple est encore loin de la Nation puissante qu’elle était autrefois. Les nouvelles recrues arrivent au compte-goutte, âme par âme, souvent grâce aux enfants de réprouvés. Avec le départ pour les expéditions de la majeure partie de nos effectifs, il serait malavisé de se lancer dans une telle entreprise, de risquer d’amenuir encore plus nos forces. » « Oui mais… C’est le moment idéal, non ? » insista la jeune femme. Sa voix était redevenue calme, presque implorante. « Les démons se font discrets depuis un certain temps… On n’a plus entendu parler de Zane depuis plusieurs lunes. Lui qui ne ratait jamais une occasion de se faire voir, de se mettre en avant, son mutisme cache forcément quelque chose ! Peut-être est-il blessé ! Peut-être même aux portes de la mort ? » Marcus esquissa un sourire désolé. Il percevait la détresse de son interlocutrice. S’il voulait néanmoins faire taire ces rumeurs nocives une bonne fois pour toutes, il devait se montrer ferme. « Peut-être, mais nous n’avons aucun moyen de nous en assurer. Sa discrétion est certes inhabituelle mais il y a bien plus de façons de l’interpréter. Peut-être est-il simplement en train de rassembler ses forces, pour attaquer plus fort. Les expéditions que nous menons n’est un secret pour personne et, par chance, nous n’avons pas encore eut à déplorer d’attaques de la part de nos ennemis. Mais il faut se méfier de l’eau qui dort : rien ne nous assure qu’ils ne manigancent pas un sabotage, qui mettrait à mal nos espoirs. » L’Humaine sembla réfléchir à cette théorie. La douleur qu’on lisait sur son visage en devenait presque contagieuse. « Je sais que ce n’est pas facile à entendre, mais nous ne sommes pas prêts pour nous lancer dans cet assaut. Pas encore. Mais ne désespère pas : le jour viendra où nous reprendrons ce qui nous appartient. Lorsque les chances seront de notre côté. »

Elijah se retourna vers Angélique. « Qu'y a-t-il ? » demanda-t-elle : cela faisait plusieurs fois que le garçon faisait mine d’entamer une conversation sans jamais se lancer. Si elle ne l’incitait pas à commencer, elle aurait encore pu attendre longtemps. « Qu’est ce que tu en penses, toi, de cette rumeur ? » L’Ànjọnú n’eut pas à réfléchir : cette question l’avait taraudé des jours durant. « Nous n’avons ni la force ni l’effectif de nous lancer dans ce projet. Toutes nos tentatives précédentes ont échoué et, à vrai dire, je pense que beaucoup ont perdu l’espoir de réussir un jour. » Elijah grimaça. « C’est vrai mais… d’un autre côté… Bahiya n’avait pas totalement tort. Les Démons sont calmes depuis la libération des Anges. J’aurais imaginé davantage de remous de leur part après nous avoir cédé tous ces prisonniers. » Un de perdu, dix de retrouvés disait l’adage. Le brun avait craint que les Vils se sentent bafoués et cherchent à tout prix de se venger de l’affront que leur avait fait subir l’Ultimage. « Peu importe la raison pour laquelle ils restent si passifs : nous n’auront peut-être pas d’autre opportunité de passer à l’action. S’ils sont en train de préparer un mauvais coup, peut-être que riposter à une attaque surprise ralentira leurs plans. Au final, ce n’est pas une si mauvaise idée non plus, non ? » Angélique haussa les épaules. « Peut-être. De toute manière, je ne suis même pas certaine que cette histoire soit fondée. Et même si elle l’est… Serais-tu prêt à t’engager ? Serais-tu prêt à risquer ta liberté et le futur que tu envisages avec ton épouse ? » « Il le faut bien, non ? Si tout le monde se plonge dans l’égoïsme à cause de ces prétextes, personne ne sera prêt à s’engager. Pour cette bataille ou la prochaine. »

1376 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t37253-davina
Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 4880
◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Ven 20 Mar 2020, 12:05



Après le jour la nuit obscure,
Après les saisons les saisons,
Ses chants qui sont gravés au sein de la nature
Iront de l'avenir dorer les horizons.
D'un vol grandiose il s'élève,
La foudre il la brave de l'œil,
Le nuage orageux il le passe, puis s'enlève
Lumineuse trainée au sein de son orgueil.
De la lyre de sa patrie
Il fit vibrer les plus doux sons,
Et son âme de feu, céleste rêverie
Se fondit dans des flots d'admirables chansons.

Quand le Vent Tourne... - Partie I


Le nez plongé dans ton livre, cela faisait la troisième fois au moins que tu relisais la même phrase. Tu avais bien des difficultés à te concentrer sur ta lecture pour bien des raisons. D’abord, le départ de Nefraïm. Cela faisait trop longtemps à ton goût qu’il était parti. Ensuite, la nouvelle rumeur qui circulait parmi le peuple Immaculé. Tu ne savais trop que penser de cette nouvelle attaque. La dernière avait été un échec. Peu de prisonnier avait pu être sauvé. Au contraire, il y avait eu plus d’Ange capturé par les Démons que de captifs libérés. Malgré les arguments avancés, tu ne pouvais que songer que cette entreprise était risquée. Toutefois, tu voulais croire en ces arguments justement. Le fait que Zane Azmog ne se soit pas montré à un bal aussi important que celui des douze Cycles Lunaires avait de quoi interroger sur son autorité. Tu poussais un soupir. Les deux partis avaient de quoi convaincre sur les bienfaits de mener, ou non, une nouvelle offensive sur les Terres Blanches. Néanmoins, peu importe quelle était ta position, dans l’état actuelle des choses tu ne pouvais te permettre de te joindre à eux. Dans le grand maximum, tu pouvais les aider via un soutien financier. Mais Avetis passait avant tout le reste tant que Nefraïm était absent. Tu ne pouvais te permettre de le rendre orphelin d’un père en plus d’être orphelin d’une mère. A cette pensée, tu levais la tête de ce livre pour la tourner vers le couloir menant à la chambre de ''ton fils''. Il dormait profondément. Il était évident qu’il ne se doutait de rien. Un jour tu devrais lui dire la vérité si son père avait disparu. Mais en serais-tu seulement capable ? Tu exhalais une inspiration. Tu en doutais clairement en vérité et, pour cette unique raison, tu ne pouvais que prier pour que l’Ange revienne au plus vite. Nefraïm. Au fond, tu savais qu’il soutiendrai cette folle initiative.

Le regard toujours perdu vers la chambre d’Avetis, tu sortais de ta contemplation alors que le heurtoir frappait lourdement à trois reprises contre la porte. C’était amusant. Chacun avait une façon différente de s’annoncer et, même sans demander qui attendait une réponse sur le perron, tu pouvais déjà avoir une idée de la personne présente. « J’arrive. », fis-tu à cette dernière pour préciser ta présence afin que celle-ci ne s’impatiente pas pour rien. Puis, alors que tu ouvrais la porte, tu découvrais le visage de ''ta cadette'', Jessica. Oui, tu t’en été douté. « Je ne te dérange pas ? », fit-elle d’un air presque inquiet. « Non, bien sûr. Je t’en prie, entre. », rétorquai-tu en t’écartant avec un geste de la main pour l’inviter à pénétrer la demeure. Tu connaissais le motif de sa présence. « Comment vas-tu ? ». Une douce entrée en matière. « Bien. Surtout qu’il y a plus à plaindre que nous. ». Tu faisais référence ici à ces milliers d’Anges apparus il y a quelques temps de ça. Certains étaient encore souffrant malheureusement, aillant bien plus souffert de leur captivité que d’autres. « Certes. », répondit-elle simplement en comprenant de qui tu parlais. « C’est tout de même une joie de voir tant des nôtres libérés sans la moindre contrepartie. », ajoutait-elle, un mince sourire sur les lèvres tout en allant s’installer sur une chaise. Tu fronçais des sourcils à sa remarque. La moindre contrepartie ? Vraiment ? Comme tu saisissais deux tasses et faisais chauffer de l’eau, tu rétorquais sèchement, « Tu sais pourtant ce que l’on dit. Si ces prisonniers ont eu le droit à la liberté, c’est uniquement parce que l’Ultimage a gagné un pari contre la Bête. ». Ou plutôt, un jeu, de ce que tu avais pu comprendre. « J’ai du mal à y croire je dois t’avouer. Crois-tu sincèrement que l’émissaire de la Paix parierait la tête de mille des nôtres avec cette personne ? ». Tu te contentais de garder le silence comme seule réponse. Sincèrement, tu en doutais. Cet homme aurait-il sincèrement menti pour seulement nuire à la réputation de la Reine Blanche ? Et puis, l’anoblissement de ceux qui, d’après cette même personne, avaient participé et contribué à la victoire de celle que l’on surnommait autrefois l’Ingénue n’était-il pas une preuve de ce qu’il avait avancé ?

Tu te tournais finalement vers ''ta cadette'', le regard sévère. « Tu crois vraiment à cette rumeur, n’est-ce pas ? », fit-elle alors d’une voix grave. « Trop d’éléments font pencher la balance en cette faveur. ». Elle te détailla alors d’un regard curieux. Évidemment. Elle n’était pas au courant de tout ce qu’il s’était dit lors de ce bal tenu par cet anonyme. Tu balayais finalement le sujet de conversation d’un revers de la main en ajoutant, « De toute façon, les plans et ambitions de l’Ultimage ont toujours été sujets à controverse. Surtout depuis la mort d’Azriel. ». Le regard de Jessica s’assombrit. Le décès de l’Apakan avait été un coup dur pour tous. Et la disparition de l’actuel Apakan Erwan n’avait rien arrangé, d’autant qu’elle avait eu lieu peu de temps après la mort présumé de la Reine Blanche. De nombreux événements qui avaient levés des tensions inutiles entre les Mages Blancs et les Vertueux, quelques peu apaisées par le retour de cette dernière. Puis, un sourire contrit se dessina sur les lèvres de ''ta sœur''. « En parlant de sujet à controverse… ». Tu poussais un soupir en reportant ton attention vers l’eau qui été en train de bouillir. « J’imagine que tu veux parler de ce qu’il se dit actuellement. Que la Compagnie Yuërell projette une nouvelle attaque sur les Terres Blanches. ». Un long flottement passa suite à ta remarque, le temps de remplir les deux tasses avec l’eau chaude que tu rapportais sur la table avant de t’asseoir face à Jessica. « Oui. Dis-moi que tu n’en sera pas cette fois-ci non plus. », fit-elle d’une petite voix, laissant planer son regard dans la tasse qu’elle tenait fermement entre ses mains. Tu te figea dans un mutisme dérangeant, la dévisageant d’un regard dur. Elle ne semblait pas ravie de cette nouvelle offensive. Elle semblait craindre que le résultat soit identique à la dernière attaque. Du moins, tu comprenais sa demande comme telle. « Tu n’y crois pas une seconde, n’est-ce pas ? ». Elle leva alors son regard de jade, inquiet, qu’elle planta dans le tient. Malgré le silence qu’elle affichait, ses lèvres pincées répondaient pour elle. Tu exhalais alors une inspiration. « Non, je n’en serais pas. Tu sais bien qu’Avetis passe avant tout. ». Un sourire rassuré se dessina alors sur son visage. Il était évident que l’arrivé de cet enfant avait été un miracle. Il avait apaisé son frère, calmé les ardeurs et la colère qui le rongeait après le Czirnuma et la disparition de Shiva. Toutefois, à chaque initiative de la Compagnie, elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. D’autant plus aujourd’hui où ces derniers avançaient des arguments qui semblaient convaincre plus de monde que nécessaire. « Merci. », fit-elle alors d’une petite voix. Tu ne répondis rien, la fixant d’un regard désolé. Oui, elle s’inquiétait pour son frère qui pouvait s’aventurer dans des aventures périlleuses lorsqu’il y croyait vraiment. Et elle avait raison. Car aujourd’hui, ce dernier n’était toujours pas revenu de l’une d’entre elle.
Il n'y a jamais eu de bonne guerre, ni de mauvaise paix

Codé par Heaven sur Epicode



Mots 1227


La fête va enfin commencer, Sortez les bouteilles, fini les ennuis

Vive les pionniers, Les rebelles et les révoltés

 (:KYRA:)  :
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34243-kyra-lemingway-la
Invité
Invité

avatar
Ven 20 Mar 2020, 20:52



Je traversai le couloir à grand pas, talonné par un silence qui semblait vouloir se refermer sur moi, sans jamais parvenir à me happer entièrement. En me déplaçant parmi la démesure que représentait ce simple corridor paré d'objets et de fioritures d'une valeur inestimable, seul le son de mes bottes, qui claquaient à intervalles réguliers contre le marbre du plancher, me préservait de la quiétude insondable du manoir, celle-ci se troublant irrémédiablement à mon passage, impuissante et démunie. Pourtant, malgré sa volonté de rester maîtresse incontestée des lieux, sa suprématie n'était guère absolue. Contrairement à ce que l'on pourrait penser au vu des apparences, l'endroit n'était pas complètement vide de toute présence humaine à l'exception de la mienne. Au loin, mes oreilles distinguaient vaguement le bourdonnement du personnel qui s'affairait à leurs activités dans l'enceinte de la résidence Borghild. Seulement, aucun employé n'était autorisé à fouler le secteur dans lequel je me mouvais sans obtenir, au préalable, le feu-vert des propriétaires qui se prélassaient dans le luxe de leur propre richesse. Un sourire s'étira sobrement sur la barrière de mes lippes alors que, du coin de l'œil, mes iris admiraient quelques ornements qui tapissaient les murs de cette charmante allée dont la vue ferait sans doute baver amateurs d'arts et d'architecture confondus. Cela dit, même si mon émerveillement était on ne peut plus sincère et authentique, je ne me considérais pas réellement comme un amoureux de ce genre de prouesses artistiques, étant beaucoup plus familier avec celles de la Guerre et du combat. C'est pourquoi je n'éprouvai aucune difficulté à détourner mes prunelles des frivolités de la décoration intérieure afin de me concentrer sur l'objectif qui m'attendait au bout de ce couloir : une porte massive à double battants bâtie dans l'écorce d'un bois sombre. Le visage neutre et placide, j'accélérai la cadence de mes pas, traçant mon chemin sans plus m'attarder sur de quelconques distractions à contempler, comme si le temps allait bientôt me manquer. Ce n'était pas le cas pourtant, bien au contraire, mais l'empressement, qui déferlait à travers les muscles de mes jambes, ne semblait plus vouloir s'arrêter. Je comblais les mètres à la volée, progressant hâtivement sur l'allée en marbre. J'avais tout intérêt à ne pas faire attendre inutilement mon hôte tout compte fait.  

Je m'arrêtai en face de l'imposante porte, toquant deux coups distincts, du revers de la main, sur le bois avant de m'immobiliser. Une voix, légèrement étouffée en raison de l'épaisseur des murs, retentit quelques secondes plus tard, pendant que je patientais sur le seuil de l'entrée, pour m'autoriser à pénétrer à l'intérieur de la pièce. « Entrez. » À ce signal, mes doigts s'enroulèrent doucement autour de la poignée, que je tournai afin d'ouvrir les battants. En quelques pas, je parviens à franchir l'embrasure de la porte et à rejoindre le bureau sobre derrière lequel une femme aux cheveux argentés était assise. Il s'agissait de la Dagmar Seryndë Borghild, une personnalité que je connaissais en tant que figure éminente de la communauté scientifique et diplomate à la poigne de fer. Ses yeux améthyste, qui s'étaient plongés sur moi dès mon arrivée, me jaugeaient de façon consciencieuse. Leur éclat était perçant. J'effectuai une courte révérence en guise de salutations, le poing droit posé sur le cœur, en concordance aux conventions de l'Armée. L'Elfe accueillit mon geste par un sourire qui se glissa timidement sur la ligne de ses lèvres. Puis, conformément aux règles de l'étiquette, elle répondit à mon salut en inclinant légèrement la tête. « Je vous remercie d'être venu, soldat Valärunkar. » Malgré le rictus qui flottait sur son faciès, sa voix ne laissait transparaître aucune émotion particulière, outre son professionnalisme détaché et courtois. « Asseyez-vous je vous en prie. » me commanda-t-elle en pointant la chaise qui se trouvait à mes côtés. Je penchai une dernière fois le buste vers l'avant pour remercier l'Ygdraë avant de prendre place sur le siège qu'elle m'avait désigné de la main. La sylvestre croisa ensuite les doigts afin de former un enchevêtrement sur lequel elle déposa son menton tout en plantant les coudes sur la surface impeccable de son bureau.

« Je vous ai déjà fait parvenir les motifs de notre rencontre dans la missive que je vous ai envoyé. » Directe, précise, concise, elle avait articulé ses mots sans prendre le moindre détour. J'acquiesçai en hochant de la tête. « Alors ? Seriez-vous en mesure de me fournir les soldats et les navires que j'ai demandés ? » J'hésitai. Un vide profita aussitôt de ma suspension pour se creuser entre nous avant que je reprenne le flambeau de la parole. « Je suis toujours en négociation avec mes supérieurs. » commençai-je par lui avouer, lentement. « L'Armée est très récalcitrante à l'idée de déployer autant de soldats sur la base d'une simple rumeur. Vous n'obtiendrez probablement pas le nombre d'effectifs que vous désirez. » Une pointe d'agacement, à peine visible, naquit sur le visage impassible de Seryndë. « Ils ne croient pas que la menace puisse être sérieuse. » Il ne s'agissait pas d'une question. Son ton était glacial. Prévoyant d'avance la complexité de cette discussion, je ravalai la grimace qui voulut se poindre sur ma façade stoïque. « Je ne nie pas que le silence du Roi Azmog est étrange. » lui concédai-je calmement. En effet, l'absence de ce dernier n'était pas passée inaperçue lors du Bal des Douze Cycles Lunaires. En outre, c'était le monde entier qui s'en était étonné en prenant connaissance des nouvelles en provenance des territoires magiciens. Depuis, les rumeurs n'avaient cessé de fleurir au sujet du Monarque des Enfers. On chuchotait ici et là à l'histoire de sa disparition, parfois même à celle de sa mort, tant son silence était inhabituel. Même ses sujets, que sa défaite contre l'Ultimage avait contraints à libérer mille Ailes Blanches prisonnières, s'étaient murés dans un calme anormal. J'étais bien conscient de tous ces faits et de toute la pagaille que ceux-ci généraient, telle une infection dans la conscience collective. Seulement... « Cependant, nous n'avons aucune certitude que les Démons ont bel et bien l'intention de saboter les explorations angéliques. » - « Comme nous n'avons aucune preuve qu'ils ne planifient pas de le faire. » J'inspira profondément. « Je comprends vos inquiétudes et je les partage, sincèrement. Malheureusement, mon pouvoir décisionnel reste limité. » Je marquai une pause. « Nos effectifs se sont déjà bien éparpillés depuis que le projet de développement des mines de Cintha a été lancé. L'Armée a déjà envoyé quelques soldats se joindre aux expéditions et en plus, la Compagnie de Yüerell comporte elle aussi plusieurs militaires compétents. » - « Certes, mais leur nombre demeure insuffisant pour contrer une attaque des Démons. Ils ne sont pas assez équipés pour leur offrir une résistance digne de ce nom. » protesta la sylvestre. « Ce n'est qu'une possibilité. » - « Possibilité ou non, ce ne sont pas seulement les projets des Anges qui sont potentiellement en jeu, mais les miens également. J'ai beaucoup trop à perdre pour me permettre de prendre des risques. » Elle avait non seulement investi des sommes colossales afin que les Ygdraë puissent acquérir un nouveau territoire sur la terre d'Iyora, mais en plus, tous ces naturalistes et ces biologistes qui voguaient présentement à bord des galions angéliques étaient tous sous sa responsabilité. Elle n'avait aucun droit de compromettre leur sûreté en justifiant « qu'il ne s'agissait que d'une rumeur ». Une telle attitude, à ses yeux, était simplement inconsciente. Je considérai l'Elfe pendant un moment, silencieux. Cette dernière me renvoyait son regard avec une braise ardente brûlant au fond des prunelles.  

Les doigts de Seryndë se crispèrent autour de l'accoudoir de son fauteuil sans qu'un seul son ne franchisse sa bouche. Le silence nous avait engloutis. Seul le bruissement presque imperceptible de nos souffles brisait momentanément la monotonie de l'atmosphère. Le feu de nos opinions contraires semblait nous avoir dépossédé du don de la parole. Pourtant, nos yeux continuaient de s'affronter. Un nouveau bruit s'invita alors dans l'enceinte de la salle : c'était le tambourinement des ongles de la femme qui tapotaient frénétiquement le bois de son bureau. Tac, tac, tac, tac tac... Toute la frustration qu'elle éprouvait se déversait à travers les mouvements acharnés de ses doigts fins contre le solide matériau. « J'ai besoin de ces soldats. » déclara-t-elle sur une intonation qui laissait peu de place à la discussion. Par convenance, j'étouffai un soupir entre mes dents. « Si vous me laissez un délai d'au moins deux jours, je devrais être en mesure de négocier le déploiement de cent-quarante militaires au lieu des cent-quatre-vingt-dix que vous avez demandé initialement. Dans tous les cas, leur nombre ne sera pas suffisant pour aider les troupes en exploration à s'opposer aux forces démoniaques le cas échéant, mais ils seront assez équipés pour offrir une résistance provisoire en attente de renforts si une attaque devait avoir lieu. » J'avais beaucoup insisté sur le « si ». « Cela me convient parfaitement. » - « Le détachement d'Iyora étant le plus à risque en raison de sa proximité avec la Terre Blanche, – cette proximité était très relative en réalité – je vous suggère d'envoyer plus de soldats là-bas. Une soixantaine ne serait pas mal, compte tenu de la quantité limitée de nos effectifs. Vous pourriez ensuite répartir de manière égale les quatre-vingts soldats restants sur les terres d'Orhmior et les terres de Faraael. » conclus-je en la toisant. Avec un sourire flottant sur les lèvres, la Dagmar approuva ma stratégie d'un hochement de tête et, après deux jours intensifs de négociation, mes supérieurs me donnèrent leur aval également.

1682 mots
Revenir en haut Aller en bas
Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11398
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] - Médecin [Rang III] - Éleveuse de Vaches [Rang I] - Investisseur [Rang II] - Prêtresse d'Amsès [Rang I]
Mancinia Leenhardt
Ven 20 Mar 2020, 22:00

Raijin était en train de réaliser son oeuvre en textile, il essayait d'éviter de se pincer les mains en usant de la quenouille. Ça ne payait pas de mine comme ça, mais c'était assez douloureux. Cette prudence le contraignait à être moins rapide que ses compagnons d'infortune, vu qu'il venait à peine de dépasser la moitié du travail. Il n'avait seulement pas le choix. Dans ce lieu, on entendait grincer les métiers et siffler les navettes du matin au soir. Parfois un grognement démoniaque ou un petit claquement sur la tête d'un malheureux. Ils devaient être vingt. Leur travail consistait à préparer le nécessaire aux habits ou au bien-être des Démons. Ils obtenaient parfois quelques restes pour ceux dont les vêtements étaient réellement trop abîmés. Ce n'était que des guenilles irritantes, mais c'était mieux que d'être nu au milieu de ces êtres ricanant et malfaisants. On finissait par s'y habituer. Tous ces tracas ... devenaient des habitudes. Dans tous les cas, il était conscient d'avoir de la chance. Le temps était maussade et, ces derniers jours, une pluie drue tombait régulièrement, abreuvant les terres ... Et les Anges chargés des travaux en extérieur n'était en aucun cas protéger. S'ils étaient affaiblis, la maladie prenait rapidement possession de leur corps. Certains y restaient, d'autres contractaient des blessures impossibles à enlever. Ils étaient en vie ... mais ils crevaient à petit feu. L'Enfer, à bien des égards. Peu importait, vraiment. Il était assis, au chaud et, si la nervosité étreignait son être, cela lui évitait la labeur et le risque des coups pour la semaine. Sa lenteur n'était pas encore ... remarquée ? Probablement. On ne lui avait pas encore crié dessus, tant qu'il travaillait et ne se reposait pas, cela devrait aller.

Ce n'était pas le métier pour lequel il avait été formé, de base, mais ils alternaient les tâches. Cela évitait ... les habitudes. Cela évitait cette routine, dangereuse, qui donnait des envies de mutineries. Les Vils l'avaient bien compris. Leur surveillance s'était autant accrue que la violence s'était relâchée. Ils étaient, cela dit, assez nerveux. Depuis la libération des leurs suite à un pari perdu par leur Souverain, ces derniers pestaient à son encontre, disant que les mesures se ramollissaient et que sa puissance décroissait. Zane Azmog ne menait plus aucune opération d'envergure et cela agaçait ses troupes. Dans un sens, cela rassurait Raijin. Il n'aurait pas aimé que son peuple d'adoption, ainsi que son peuple d'origine, ne soient encore victimes des agissements du Défiant. Il était là depuis longtemps et il remarquait bien que les choses ... changeaient. Progressivement, le vent tournait. L'Ange eu une grimace et se mordit la lèvre inférieure. Il venait de se faire mal au doigt. Au moindre signe de protestation douloureuse, il subirait pire. Autant être discret. Son gardien n'avait rien vu, occupé à observer la nuque d'un compagnon à sa gauche, tandis qu'il se massait doucement la main pour apaiser la douleur, avant de reprendre la cadence du tissage. Pour les Démons,  donner ce travail à un homme était avilissant, mais les Anges ne raisonnaient pas de la même manière. Des tisserands masculins existaient bien plus qu'ils ne semblaient le croire, mais pour un peuple étant à l'exact opposé du leur, sans doute n'était-ce pas si démesuré de voir que tout était déformé.

Comme ses mains et ses bras le seraient certainement après cette semaine passée ici. Ce travail était normalement réalisé par trois personnes, mais ... Ils étaient des esclaves et ils devaient se taire. Le jeune homme avait une table de travail rien que pour lui, tendant les fils, puis les croisant alternativement par-dessus et par-dessous à angle droit. Raijin filait la laine sans mot dire, observant seulement la seule personne qui ne trahirait pas ses œillades. Celle devant lui. Sania. Ses gestes étaient maladroits. Son poignet semblait la faire atrocement souffrir, mais cette dernière se contentait de serrer les dents. Le Démon qui les surveillait lui aurait probablement cassé pour lui dire que c'était cela la souffrance et l'aurait renvoyée au travail, encore plus amoindrie. Encore plus apte à faire des fautes. Encore un moyen pour la battre. Cette situation n'avait aucun sens, mais cela faisait l'amusement de leurs tortionnaires. Dire qu'elle était simplement victime d'une mauvaise chute provoquée par inadvertance par un camarade.

Tout ira bien, souffla-t-il entre ses dents.

Il ne savait pas vraiment la raison, mais l'Ange avait remarqué que ce genre de pensées positives se réalisait de temps à autre. L'Espoir était entre ses mains et s'il pouvait aider une soeur dans le besoin, ce ne serait pas grand-chose. Sans doute croyait-il que cela affaiblirait sa douleur ou améliorerait son travail. Sania terminait son oeuvre, un ourlet récalcitrant, quand un autre Démon entrait dans l'Atelier. Elle retenait son souffle, sans pour autant cesser le travail de ses mains. Celui-là ... Elle le détestait. Raijin s'était crispé. Il savait. Parce qu'il la prenait souvent pour cible, aussi, lorsqu'il parcouru l'allée centrale et s'arrêtait entre eux deux, l'Ange aurait certainement voulu s'évanouir pour ne pas voir ce que cet être démoniaque lui réservait à nouveau comme supplice. Sans savoir pourquoi, le regard de l'Ange croisait celui du Démon devant lui, qui fronçait les sourcils. Raijin essayait vraiment de ne pas penser à l'odeur nauséabonde qui émanait de lui.

Ils ne réagissent plus trop quand on leur pisse dessus. Tu penses qu'ils sont devenus tarés ?

Sania avait baissé les yeux et n'avait osé les relever doucement que pour regarder son homologue. Raijin essayait de sourire, malgré la crispation, essayant de lui donner le courage qui, pourtant, lui faisait grandement défaut, tandis que les deux Démons s'éloignaient en ricanant. Il en avait fait le voeu. Tout irait bien.

950 mots


[Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I Chriss10
Art by Chrissabug

[Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I Licorn10

Meuh:
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38147-mancinia-leenhard
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie I

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie III
» [Événement] Quand le Vent Tourne... - Partie II
» [Événement] - Mettons la voile au vent
» Un Murmure Dans le Vent [solo] Partie III
» Un Murmure Dans le Vent [solo] Partie II
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Terres de Sympan :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres du Lac Bleu :: Jardins de Jhēn-