Sól ~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2054 ◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016 | Mer 17 Juil 2019, 12:20 | |
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Elijah était allongé dans le lit. Ses yeux cernés et gonflés par la fatigue étaient grands ouverts, fixés sur les poutres du plafond. Il aurait eu tout intérêt à les fermer et à essayer de s’endormir : il était épuisé. Pourtant, il savait qu’il ne parviendrait pas à trouver le sommeil. Son esprit était trop préoccupé, envahit par un tourbillon de pensées qui se succédaient sans répit. Et puis, à quoi bon essayer de dormir lorsque l’on savait que le réveil serait brutal, sans doute causé par l’un des nombreux songes qui le hantaient, l’un de ses cauchemars habituels ? Le jeune homme avait fini par se faire une raison et avait abandonné l’espoir des nuits tranquilles et douces. Même la présence d’Atheria à ses côtés ne suffisait plus vraiment à l’apaiser. Bien sûre, les choses semblaient beaucoup plus simples lorsqu’elle était là, mais ce n’était plus suffisant pour chasser ses démons intérieurs, ceux qui le rongeaient secrètement. Il restait donc immobile, réfléchissant à ce qui le tracassait tout en laissant ses yeux glisser le long des rainures du bois mat de son plafond. Parfois, il s’attardait sur une pensée particulièrement dérangeante et il se mettait à froncer les yeux sans s’en rendre compte. Puis elle finissait par passer, chassée par un autre souci tout aussi préoccupant. L’Ange baissa les yeux sur son torse. Sa peau était devenue basanée à cause des jours passés dans le désert des Humains. Il était revenu il y a peu de sa mission avec les autres Anges. Son corps avait légèrement changé, à force de voyager. Mis à part sa peau foncée, son corps s’était légèrement endurci, bien que le changement soit à peine perceptible. Sa peau dénudée laissait tout de même voir les creux de ses abdominaux. Un drap cachait ses membres inférieurs mais si ce n’avait pas été le cas, on aurait pu remarquer que ses cuisses et ses mollets s‘étaient également développés durant ce séjour. Les longues heures de marches et les séances d’exercices qu’il avait suivi l’avaient endurci. Si son physique avait changé, ce n’était rien en comparaison de ce qu’il s’était passé dans son psychisme. Les questions engendrées par ses recherches semblaient occuper une partie importante dans ses cogitations. Il semblait plus perdu que jamais sur la juste marche à suivre, partagé entre des points de vue si différents. Mais ce n’est pas sur son propre corps que le regard doré de l’Ailé s’était posé. Non, ses pupilles avaient trouvé la silhouette de la Lyrienne, qui dormait paisiblement. Sa tête était posée sur son épaule. Il sentait son souffle sur sa peau, le faisant frissonner de temps à autre malgré la chaleur ambiante. Un sourire étira les lèvres de l’Okan tandis qu’il observait les traits de sa dulcinée. Elle semblait si fragile, dans son sommeil. Si sereine à la fois… Il l’enviait un peu. Sa vie n’avait pas été facile pour autant et le brun savait qu’elle portait le fardeau de son peuple autant que lui était accablé par ceux du sien. Elijah soupira avant de poser ses lèvres sur le sommet de son crâne. Il leva son bras libre puis commença à caresser distraitement le membre de sa partenaire, passé au travers de son torse. Sa peau était si douce… Ce contact rassurant lui avait manqué. En fait, tout lui avait manqué. Les discussions qu’ils avaient ensemble, le rire de sa bien-aimée, leurs étreintes amoureuses, le son de sa voix, les moments passés ensemble… Cette séparation avait été particulièrement longue, et la dernière fois que les amants s’étaient retrouvés remontait à plusieurs cycles lunaires. Une éternité, si l’on avait demandé au brun. Distraitement, il leva sa seconde main, celle liée à l’épaule où reposait la tête d’Atheria, puis il commença à dispenser de tendres caresses du bout des ongles. Inconsciemment, il resserra son étreinte sur le corps de sa belle endormie. Il aurait voulu que ce moment s’étende pour l’éternité. Il aurait voulu pouvoir rester ainsi pour toujours, plongés dans les bras l’un de l’autre. Pourtant, il savait qu’une dure réalité l’attendait dehors, impatiente de pouvoir l’arracher à son bienêtre, de pouvoir lui retirer les quelques moments de joie et de tendresse auxquels il s’attachait désespérément pour ne pas sombrer dans la morosité totale. De nouveau, le brun soupira avant de remarquer les yeux émeraudes de la blonde. « Bonjour, toi. » la salua-t-il, un sourire radieux au visage. « Je t’ai réveillé ? » s’inquiéta-t-il.
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