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 [Q] - Le marais de l’horreur

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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

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◈ Parchemins usagés : 921
◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2019
◈ Activité : Chasseur [Rang III] & cuisinier [Rang III]
Typhon Gargantua
Dim 10 Mai 2020, 15:47


Partenaire : aucun
Intrigue/Objectif : Capture. Dhavala est capturé par une meute de Béluas du type Hesshas Pery, des monstres difformes et nauséabonds vivant dans l’Antre des marais. Ces viles créatures vouent une haine farouche envers Phoebe, la déesse créatrice des Evershas. Blâmant cette dernière pour leur condition déplorable, ces monstres ont l’intention de sacrifier leur prisonnier lors d’un rituel barbare, mais seulement après l’avoir convaincu de renier sa foi envers la déesse de la lune et de la nature.


Première partie – La capture
Avertissement : des scènes et des thèmes choquants sont abordés dans cette histoire.


Dhavala arriva au royaume des portes avec l’estomac qui criait famine. La force brute, la magie, la résolution de dévorer tout et n’importe quoi… tout cela était inutile s’il n’y avait rien à chasser. Lors de sa précédente téléportation, le jeune homme s’était retrouvé dans une région désertique et inhospitalière. Jamais en plusieurs mois, l’Eversha ne s’était retrouvé si près du Rocher au Clair de Lune. Les étoiles du ciel nocturne étaient les bonnes, ce pourquoi le chasseur tenta sa chance, mais en vain.

Sans eau, sans nourriture et sans repère, le jeune homme s’est rapidement affaibli dans cet environnement de sable d’une chaleur cuisante de jour et frigorifiant de nuit. Depuis une malencontreuse mésaventure, Dhavala cherchait toujours à se nourrir avant d’emprunter le passage des portes, qui le téléporterait alors dans une contrée nouvelle. Cela dit, comme c’était le cas actuellement, ce n’était pas toujours possible. Le voyageur devait alors se résigner à emprunter une porte magique, dans l’espoir de trouver une source de nourriture suivant la téléportation. Cet état de vulnérabilité alourdissait les sens du chasseur dont l’attention était alors rivée sur un seul point : manger.

La nouvelle porte entraina l’Eversha dans un monde à la fois inconnu et familier. Il s’agissait d’un vaste marais, parsemé de vieilles structures de pierres à moitié englouties par les eaux et la végétation. Quelques-unes de ces vestiges d’une ancienne civilisation révélaient des caractères en Grymwyn, la langue des Evershas. Cet endroit n’avait pas besoin d’introduction pour un Evergrim, un sang pur de la race des Evershas. Il s’agissait de l’Antre des marais, là où étaient jadis exilés les sangs mêlés et les monstres trop dangereux pour être admis au Rocher au Clair de Lune.

Dhavala n’avait jamais auparavant mis les pieds dans cette terre aussi instable que ses habitants. La culture populaire y faisait toutefois de nombreuses mentions dans les histoires pour enfant. De nombreuses représentations de cette terre inhospitalière étaient également dessinées et peintes au Rocher au Clair de Lune. Il s’agissait alors d’un monde fantaisiste où les sangs purs étaient les dominés, plutôt que les dominants. Le chasseur avait passé l’âge de craindre l’Antre des marais par sa simple réputation, alors pour le moment, il était satisfait d’avoir enfin trouvé une porte où il y avait de la nourriture.

Malheureusement, cette terre était si éloignée du Rocher au Clair de Lune qu’elle se trouvait sur un autre continent. C’était un dur coup après avoir été si près du but. Bien qu’ils aient été nombreux au cours des âges à faire la route entre le Rocher au Clair de Lune et l’Antre des marais, Dhavala n’en avait aucune envie. Le périple était trop périlleux et incertain.

***

L’Evergrim marcha un moment dans la terre humide et marécageuse à la recherche d’une créature capable d’assoupir la faim qui le rongeait. Le principal problème de ces terres humides était que, bien qu’elles foisonnent d’insectes et de petits animaux, les uns étaient trop petits pour être mangé, alors que les autres n’étaient pas comestibles pour la plupart.

Dhavala dû se résigner à quitter le marécage dans lequel il se trouvait pour trouver un coin de terre sèche. Ça signifiait un ardu parcourt aux nombreux détours avec peu ou pas d’espoir de rencontrer quelque chose de comestible en chemin. C’était une rude tâche pour un chasseur affamé, mais surtout une tâche bien plus désignée pour un quadrupède. À ce moment, l’Eversha ne demandait donc que de prendre la forme de son Totem. Il irait plus vite, deviendrait meilleur nageur et serait plus résistant aux piqures de moustiques. Le problème c’était que sous cette forme, Dhavala risquait de perdre toutes ses possessions durant le voyage.

Sous sa forme de tigre, l’Eversha ne pouvait plus porter ses vêtements, son sac et ses armes. Par le passé, il avait souvent eu recourt à une technique de rangement qui lui permettait de transporter le tout malgré la forme animale. Toutefois, cette technique avait de nombreux ratés. Dhavala devait alors fréquemment s’arrêter et se transformer pour rattacher une sangle, parce que quelque chose était tombé ou, dans le pire des cas, que tout se détache d’un coup.

Dans cet environnement de boue et d’étangs, échapper quoi que ce soit revenait à ne plus jamais le revoir. Puisque le chasseur ne transportait que l’essentiel nécessaire à sa survie, aussi bien dire que toute perte était une perte de trop.

***

La progresse de Dhavala était lente et il sentait l’épuisement le gagner rapidement. L’Antre des marais ne devait pas être si mal une fois que l’on connaissait le terrain. Après tout, Phoebe l’en avait voulu ainsi. Il n’était que malheureux que Dhavala, lui, n’ait pas cette connaissance, autrement, il aurait surement déjà trouvé un refuge. Si au moins il pouvait trouver un endroit sec et du bois pour y faire un feu, alors il pourrait retrouver un minimum de confort et réfléchir à une meilleure solution que de marcher vers l’inconnu.

Le sixième sens du chasseur était particulièrement affuté. Une fois que le jeune homme avait une idée claire de son objectif, il était sûr de l’atteindre. Cela dit, il fallait un objectif unique, pas deux. Trouver à manger et trouver un refuge s’alternait la tête des priorités dans la tête de Dhavala. Il lui fallait faire un choix définitif, puisqu’il était probable qu’il ne puisse accomplir que l’un ou l’autre avant la tombée de la nuit.

Assailli par la faim, il fallut un certain temps à l’Eversha pour réaliser qu’il n’était plus seul. Quelque chose, ou plutôt, quelqu’un le suivait. Dans son état, le chasseur n’enviait pas le sort de cette personne. Dhavala ne savait pas combien de temps il pourrait se contrôler alors il priait pour le bien de celle-ci. Dans de meilleures circonstances, le jeune homme aurait cherché à collaborer avec le nouveau venu, mais maintenant, la faim était trop grande.

« Je meurs de faim… Tu as quelque chose à manger ? »

Dhavala avait prononcé ces mots dans un commun impeccable. À force de voyages et de rencontres, l’Eversha avait réussi à délaisser son accent campagnard au profit d’un parler plus clair. La politesse demandait toutefois encore un certain travail. La demande de l’Eversha ne permettrait aucun refus. Si l’inconnu n’avait rien à partager, alors c’est lui-même qui allait devenir le repas. Dhavala allait se transformer, quitte à déchirer ses vêtements et à perdre ses possessions dans le marais.  Dès lors, il se repaitrait du malheureux qui aura eu le malheur de croiser le chasseur dans ce moment de faiblesse.

La suite des évènements s’enchaîna si rapidement qu’il fallut un certain temps avant que le chasseur comprenne que c’était lui la proie. Il était alors déjà trop tard lorsque Dhavala enfonça ses crocs dans ce qui semblait être une gorge. Les nombreuses formes de la créature permettaient difficilement d’identifier ses points faibles. Ce nouveau désavantage s’avéra être celui de trop.

***

L’impromptue transformation en tigre avait laissé Dhavala nu, couvert de boue et dépouillé de toute possession quand il reprit sa forme humaine. Bien qu’il fût capturé, aucun de ses assaillants ne lui avait fait le moindre mal. Ces derniers, des Hesshas Pery, avaient visiblement le plus souffert de leur victoire, mais il n’en demeurait pas moins que c’était Dhavala qui était en position de faiblesse face à l’imposante cheffe de meute, un mélange difforme d’une lionne, d’une chèvre et d’un serpent.

De tous les monstres, celle-ci avait la chance d’avoir une apparence chimérique, ce qui imposait le respect des Evershas qui croisaient sa route. Ce n’est qu’après un regard plus approfondi que le prisonnier remarqua que la femme qui siégeait devant lui sur un trône en os de nombreuses créatures, principalement humanoïdes, s’étaient faire greffer une tête de chèvre sur le dos et un serpent en guise de queue. Ce n’était pas une vraie chimère. Cela dit, ce physique artificiel témoignait de la puissance et de l’autorité qu’avait acquise cette Bélua en dépit de sa condition monstrueuse.

« Evergrim ! Je suis Échidna cheffe de la meute des chimères. »

La dénommée Échidna se plaisait alors à jouer indécemment avec une effigie représentant Phoebe, l’un des quelques objets rescapés des possessions du nouvel arrivant. La vieille épée et l’arc usé traînaient d’ailleurs dans un coin de la tente, parmi d’autres tributs faits à la cheffe. Logeant finalement l’effigie dans son entre-jambes, la chimère poursuivit son introduction, prenant un malin plaisir à observer les subtiles, mais nombreuses réactions de son interlocuteur.

« Je suis Dhavala Himsaru. »

Qu’il soit en position de faiblesse et même insulté par les actions de son hôte, Dhavala se refusait de déroger à la tradition de son clan. Les présentations étaient la base d’une relation non agressive. C’était le signe qu’une discussion pouvait avoir lieu, plutôt que de se jeter à la gorge l’un l’autre, quitte à se battre plus tard.

« Ça alors, ça ose s’adresser à moi ? C’est qu’il a des couilles celui-là ! Je sens que je vais adorer te briser… Vois-tu, Evergrim, par ici, on n’aime pas trop Phoebe. En fait, je dirais même qu’on la déteste et qu’on déteste tout particulièrement ses enfants. Oh, mais que vois-je ? Ne serais-tu pas l’un de ses enfants ?!?

Quelle coïncidence ! La meute des chimères chasse les Evergrim et les Wynmeris pour notre rituel. Oh, je sens que ça va te plaire ! On choisit un fervent priant de Phoebe, en l’occurrence, toi, et on le sacrifie ! Hum… Tu ne dis rien ? Pas de supplication ? Mais joue le jeu ! Faut vraiment que je te rappelle que tu es terrifié ?

Bref. Je mets un point d’honneur à rappeler à cette garce que sa lune et sa nature, que moi, je me fous tout ça dans le cul ! Et c’est là que tu interviens, Evergrim. Tu seras mon messager ! D’abord, je vais te faire renier Phoebe, afin d’attirer son attention. Puis, je te sacrifierai en son nom et on te bouffera, pour être sûr qu’elle comprenne le message. Pour finir, tes os vont rejoindre ma collection pour que j’y pose mes grosses fesses. Comme ça, quand Phoebe va penser à tous ceux que je lui ai volés, c’est mon cul qu’elle verra !
»

Le regard impassible de Dhavala sembla contrarier Échidna. Visiblement, elle avait l’habitude de plus de résistance. Elle serra donc les cuisses, afin que les craquements de l’effigie qui s’y trouvait toujours attirent l’attention de son prisonnier. Rien ne fit, l’Evergrim continua de la fixer droit dans les yeux. Enfin, Dhavala resta impassible jusqu’à ce que son ventre trahisse sa faim. L’adrénaline avait apaisé temporairement son estomac, mais la pression retombée, il revenait à la charge.

« Alors toi ! Je t’aime bien, tu sais ? J’aime les durs à cuire dans ton genre. C’est tellement plus satisfaisant de vous briser. Je t’invite à partager mon repas. Familiarise-toi avec ton nouvel environnement, ce sera le dernier que tu verras de ton vivant. »

***

Pour un prisonnier, Dhavala n’était ni lié ni enfermé. Il était libre de ses mouvements, pour peu qu’il ne cherche pas à quitter le village de la meute des chimères. Ce groupe de monstres, comptant une trentaine d’individus, avait pris possession des ruines d’une ancienne structure de pierre siégeant au sommet d’une imposante colline, symbole profané d’une époque révolue. Ces ruines étaient renforcées à la fois par des structures de branches et de boue et des tentes ce qui formait un village hétérogène plutôt laid. Cela dit, la colline s’élevait d’un imposant bourbier.

Quiconque chercherait à prendre la fuite aurait bien du mal à franchir cet obstacle naturel sans finir empêtrer. Même les monstres qui y vivaient devaient faire des efforts considérables pour traverser cet environnement et atteindre un lieu sûr. L’Evergrim remarqua quelques jeunes parmi les monstres. Ils étaient d’ailleurs difficiles à observer, puisqu’ils se cachaient de Dhavala.

Toujours nu, le jeune homme chercha de quoi se vêtir, mais la physionomie des monstres n’était pas propice aux vêtements. Les tissus et fourrures étaient une denrée très rare, si bien que l’Evergrim cessa sa recherche. C’était fâcheux, car les moustiques n’avaient de cesse de le harceler, même si la peau de Dhavala n’en portait pas les marques. Son pouvoir de régénération impliquait que chaque piqure soit fatale aux moustiques, leur énergie vitale étant absorbée pour soigner la « blessure » résultante. Cela dit, les moustiques n’étaient pas reconnus pour leur discernement. Pour chacun des leurs qui mourraient, deux autres prenaient sa place et les piqures continuaient.

Bien que la meute des chimères l’ignorât, leur prisonnier pouvait s’échapper à tout moment en invoquant à nouveau son pouvoir des portes. Or, il avait toujours faim et on lui avait promis à manger. Qui plus est, Dhavala était curieux. Il n’avait jamais côtoyé de Hesshas Pery, ces êtres affligés de la morsure d’un Wynmeris. S’ils n’étaient pas Eversha, ils n’en étaient pas moins Bélua.

Ce qui intriguait le plus le jeune homme, c’était la présence des jeunes qu’il avait entraperçue à plusieurs reprises. La progéniture de deux Béluas, qu’ils soient ou non de sang pur, devait forcément donner naissance à un Evergrim. C’était d’ailleurs la principale raison qui permettait aux Wynmeris de s’intégrer aux meutes Evergrim. Ces sangs mêlés n’avaient pas pour autant la vie facile parmi les sangs purs

Forcément, il devait en être de même pour deux Hesshas… pour peu qu’ils soient capables de procréer. À ce sujet, Dhavala n’avait aucune certitude. Si c’était bien possible, il devrait y avoir bien plus de jeunes. Si ça ne l’était pas, alors étaient-ils également prisonniers ? Le jeune homme devait en avoir le cœur net. Il ne pouvait pas, en toute conscience de cause, abandonnée des jeunes Béluas à se faire sacrifier pour un quelconque rituel Hesshas.

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Typhon Gargantua
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Typhon Gargantua
Mar 12 Mai 2020, 16:13



Deuxième partie – L’emprisonnement
Avertissement : des scènes et des thèmes choquants sont abordés dans cette histoire.


Le festin des chimères était presqu’entièrement constitué de viande de diverses provenances. Dhavala pouvait reconnaître des parties humanoïdes, mais il avait trop faim pour se soucier de ce détail. Le tigre n’était pas un animal à négliger une source de viande, quelle qu’elle fût. Échidna, la cheffe de la meute des chimères, allait devoir faire mieux que ça si elle voulait perturber son prisonnier. L’appétit du jeune homme n’avait rien à envier à celle d’un monstre et il était déterminé à se repaître. Plus tôt il aurait assouvi sa faim, plus tôt il serait en mesure de réfléchir et de bien analyser sa situation.

La suite des évènements donna rapidement tort à l’Evergrim, bien qu’il n’en garde que très peu de souvenirs. La viande avait été droguée, ce qui permis à Échidna de facilement manipuler son captif. Pendant de nombreuses heures, on força Dhavala à ingérer bien plus que sa part de viande et à boire jusqu’à s’uriner dessus. Pendant ce temps, il régnait au village une ambiance festive de la part des chimères, qui chantaient joyeusement des chants blasphématoires à l’encontre de Phoebe.

Incapable de s’arrêter, l’Evergrim se couvrait de sang et de reste de son incessant repas. Pire, une magie noire était à l’œuvre, incitant le captif à l’euphorie. La cheffe des chimères profita finalement des derniers instants du repas pour passer du temps seul avec le nouveau sacrifié. Les autres membres de la meute avaient déjà quitté le banquet et se préparaient à passer la nuit. Il leur incombait de combler l’appétit de leur invité.

Ce n’était pas la nourriture qui manquait dans ce marais, mais aucun mets ne pouvait autant satisfaire l’appétit des monstres, que la viande d’un enfant de Phoebe. Avoir goûté à cette chaire si particulière, les monstres ne pouvaient plus s’en passer. Puisqu’il était rare d’en capturer vivant, la meute avait tout intérêt à engraisser leur captif pour à leur tour profiter d’un festin au moment du sacrifice.

Pour sa part, l’idée lui avait traversé l’esprit d’Échidna de profiter plus intimement du jeune homme, mais elle se ravisa. Elle se plaisait à conquérir ses compagnons de lit. Ainsi drogué, l’enfant de Phoebe était incapable de lui résister, ce qui faisait perdre une grande part de l’intérêt de l’acte. Elle se contenta donc de trainer son captif dans la dernière demeure de sa vie.

***

Quand Dhavala se réveilla, il regretta amèrement d’avoir accepté l’invitation au repas des monstres. La dernière fois qu’il avait autant mangé, c’était il y avait plusieurs années, alors qu’il peinait à maîtriser son Totem. L’Evergrim n’avait qu’un désir, c’était de prendre un bain. Malheureusement, il n’y avait pas droit. Il avait été enfermé dans une cage, surveillé par un colosse difforme et particulièrement malodorant.

Cherchant tant bien que mal à se remémorer les évènements de la veille, l’Eversha n’y vit guère plus que des brides d’événements et une grande confusion. Il n’avait donc d’autre choix que d’attendre et de laisser sa digestion poursuivre son œuvre, pendant que le voyageur pesait le pour et le contre de profiter du calme présent pour s’enfuir.

Se découvrant un aspect rancunier, Dhavala désirait fortement se venger d’Échidna et de ce qu’elle lui avait fait subir. Il n’aimait pas perdre de la sorte et s’enfuir la queue entre les jambes. Un jour, l’Eversha avait déclaré ne tirer aucun plaisir du combat. C’était vrai, mais il sentait monter en lui l’exception. C’était probablement la cage. Il la détestait. Elle était trop étroite pour qu’il puisse prendre la forme de son Totem.

L’autre problème, c’était celui des enfants. Le chasseur avait une grande confiance en ses capacités. Il n’aurait pas confondu de jeunes Béluas avec des animaux. Évidemment, enfermé dans une cage, il allait être difficile de confirmer l’état de ceux-ci. En réalité, Dhavala espérait très fort qu’il y ait des enfants malheureux dans ce village. S’il y avait bel et bien des enfants à sauver, alors le chasseur pourrait assouvir sa vengeance, tout en ayant une supériorité morale de son côté.

Enfin, il pouvait toujours rêver. Il n’avait que ça à faire, rêver et digérer.

***

Après une journée exposé au soleil dans un espace restreint, Dhavala empestait la sueur et les excréments, mais il n’y avait là rien de dérangeant pour les monstres. C’était à nouveau le temps de nourrir le prisonnier, aussi peu enclin fusse-il, et visiblement, le village s’acquittait avec enthousiasme de cette tâche. C’est à ce moment que le jeune homme comprit qu’il était engraissé. Vu comment les monstres le regardaient, ces derniers anticipaient le jour du sacrifice.

On lui demandait sans cesse : « Et puis, tu renies Phoebe ? » Les commentaires fusaient de toutes parts quant à la condition de l’Evergrim. Les monstres, enfin ceux qui le pouvaient, étaient particulièrement prompts à annoncer à voix haute les changements qu’ils observaient dans le comportement de Dhavala. On martelait également qu’il pouvait blâmer Phoebe pour sa présente condition. Après tout, disaient-ils, ils n’auraient pas été transformés monstres s’ils n’avaient pas été mordus par des Béluas.

Le chasseur ne répondit pas à ces provocations. Il n’avait pas laissé tomber sa foi en Phoebe dans les nombreux moments difficiles de sa vie et il n’était pas près de commencer maintenant. Dès qu’il aurait le cœur net sur les enfants de la meute, le voyageur déciderait s’il laissait la meute à ses propres traditions, aussi odieuses fussent-elles, ou s’ils les tuaient tous. En attendant… il ne se plaindrait plus d’avoir faim.

***

Au bout de trois jours, Échidna se décida à rendre visite à son prisonnier. Son nouveau régime et son emprisonnement laissaient des traces sur son hygiène, mais mis à part son ventre gonflé, il n’y avait pas grands changements. Dhavala était assez lourd. Ajouter un kilo de plus, ou de moins, ne changerait pas grand-chose à son allure. Il ne reniait toujours pas Phoebe et il semblait tenir le rythme de son engraissement.

À ce sujet, c’était bien plus la cage que les copieux repas qui affectait l’Eversha. Il avait toujours eu besoin de manger l’équivalent de plusieurs kilos de viande par jour. Son corps avait besoin de beaucoup d’énergie, à la fois pour son imposante forme féline et alimenter ses capacités magiques. Être contraint dans une cage si étroite, toutefois, ça déplaisait grandement le chasseur.


« En voilà un dur à cuir, comme je l’avais prédit. Si tu savais le nombre d’enfants de Phoebe qui ont craqué au bout de seulement quelques jours ! Mais pas toi ! Non, j’ai de grandes attentes pour toi. Quand tu vas finalement renier Phoebe, je te promets une nuit de plaisir dans ma tente. Oh, pas la peine de répondre. Aujourd’hui, tu dis non, mais tu finiras par dire oui. »

Il fallut plusieurs tentatives à Dhavala pour répondre à la chimère, son corps ne se montrant pas particulièrement coopératif. La Bélua se plaisait à utiliser ses capacités en magie noire pour exacerber l’état décadent du prisonnier.

« Urp… Tu perds ton temps. Je ne renierai pas Phoebe. »

« Oh… C’est si mignon, ça croit toujours que ça va s’enfuir… Mauvaise nouvelle, mon chaton, on en a bouffé des biens plus costaud que toi. Je me souviens encore de ce grand ours. On s’est régalé avec lui. Il y avait aussi ce taureau… Miam ! Ils ont tous fini par craquer. On les a tous bouffés. Tu vas craquer et nous allons manger du tigre. Fais-moi une faveur, continue de résister. Je veux mon tigre bien gras et dodu quand je vais croquer dedans. »

La chimère passa alors la main dans la cage pour appuyer fermement contre le ventre du prisonnier, poussant ce dernier à gémir. Elle échangea quelques mots avec le garde dans un jargon indéchiffrable pour Dhavala. Le prisonnier se montrait particulièrement attentif, observant les deux monstres dans leurs moindres détails.

Ce garde, c’était le monstre qui avait capturé l’Evergrim. Il s’était pris une morsure de tigre dans la gorge sans broncher. La forme grotesque de ce dernier révélait lentement ses secrets, puisque le chasseur n’avait pas grand-chose d’autre à faire pour se distraire. Depuis le temps, Dhavala avait trouvé par quelles extrémités la créature se soulageait, mais il cherchait encore sa véritable tête, ou un quelconque point faible à exploiter. Ce monstre avait de nombreux orifices et plusieurs excroissances ressemblant de près ou de loin à une tête. S’il devait l’affronter à nouveau, il ne pouvait se permettre d’encore perdre son temps à mordre un morceau de chair inutile.

Comparativement, Échidna était bien moins étrange que son compagnon. Une tête, deux bras, un corps, deux jambes, plus des excroissances sans vie, celle d’une tête de chèvre dans le dos, un serpent en guise de queue et des oreilles et une crinière de lion sur la tête. Dos à la cage de Dhavala, ce dernier remarqua un détail particulier. Elle semblait avoir une tache de naissance sur les fesses et une partie de l’arrière de ses cuisses.

Entre la boue et le serpent inerte qui lui servait de queue, le jeune homme n’avait aucune certitude, mais l’ampleur de la décoloration et le contraste avec le reste de la peau donnait de la crédibilité à cette hypothèse. Remarquant le regard indiscret de son captif, la cheffe des chimères exagéra son mouvement de hanche alors qu’elle laissait le jeune homme seul en compagnie du garde muet. Elle déclara par-dessus son épaule que la vue était gratuite, mais qu’il y avait un prix à payer pour le toucher.

***

À nouveau seul avec le garde impassible, Dhavala eut tout son temps pour réfléchir à ce qu’il venait d’observer. Selon toute vraisemblance, Échidna était une Wynmeris, pas une Hesshas. Cela impliquait donc qu’elle portait un costume. L’Evergrim se disait bien qu’elle avait l’air trop normale cette paire de fesses. La cheffe des chimères cachait bien son jeu, mais ultimement, son anatomie la trahissait. Le chasseur imaginait bien la raison qui poussait cette femme à de telles gestes. Elle avait dû être rejetée par des sangs purs et elle avait trouvé refuge auprès des monstres, jusqu’à se prendre pour l’une des leurs.

C’était là un comportement typique des Evergrims. Les Wynmeris étant le produit d’une union impure, il leur revenait de prouver leur valeur et de se tailler une place dans la meute. Tous ne le pouvaient pas et la société Eversha n’était pas réputée pour sa tendresse. Échidna devait en vouloir à Phoebe pour sa tache de naissance, qui trahissait sa véritable nature. Son Totem était probablement un animal faible également, en contradiction avec ses désirs.

Outre cette révélation, Dhavala avait maintenant la conviction qu’il avait bel et bien vu des enfants se cacher dans le village des monstres. L’attitude de la cheffe des chimères envers son prisonnier actuel laissait penser qu’elle se plaisait à copuler avec ses captifs, avant de les sacrifier et de les dévorer. Ce village avait donc au moins une femelle capable de procréer. Si elle était la seule, ça expliquerait le nombre restreint de jeunes. Échidna ne semblait guère plus vieille que Dhavala, donc cette meute ne devait pas exister depuis plus de quelques années.

Le voyageur avait pris sa décision. Il n’allait pas s’enfuir. D’abord, il allait se venger. Ensuite, il allait neutraliser une menace envers Phoebe. Finalement, il allait sauver ces enfants qui méritaient mieux. Maintenant, encore fallait-il déterminer comment il allait accomplir tous ces exploits. Ce colosse d’Hesshas Pery était une montagne de chair et de muscle sans aucune logique apparente. C’était visiblement le principal guerrier de la meute et le bras droit d’Échidna. Si Dhavala pouvait le vaincre, lui… elle… cette chose, alors il aurait sa chance contre le reste de la meute.

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Typhon Gargantua
Jeu 14 Mai 2020, 16:45



Troisième partie – L'erreur

Avertissement : des scènes et des thèmes choquants sont abordés dans cette histoire.


Une forte averse se répandait sur la région de l’Antre des marais. Ce changement de température était plus que bienvenu pour le prisonnier de la meute des chimères. Coincé dans une cage ne lui permettant que très peu de mouvement, Dhavala était souillé par ses rejets, sa sueur et du sang de la viande qu’on le forçait à engloutir pour engraisser. La pluie était son seul moyen de retrouver un peu de dignité, jusqu’au festin suivant.

Après plusieurs semaines de confinement et d’un régime excessif, le corps du jeune homme n’avait d’autre choix que de s’adapter. L’accumulation de kilos se faisait sentir, mais aussi voir. Au-delà de son ventre en permanence gonflé, l’anatomie était subtilement altérée. Jamais Dhavala ne s’était senti à la fois aussi lourd et aussi faible. Malheureusement pour lui, il n’en souffrait pas. Outre la promesse d’être éventuellement sacrifié et dévoré, le chasseur aimait encore mieux cette surabondance à la famine qu’il avait quelques fois vécu.

Évidemment, puisque l’Evergrim avait la ferme intention de vaincre la meute des chimères, il ne souhaitait pas participer plus longtemps que nécessaire au rituel d’engraissement. Malheureusement, les barreaux de sa cage étaient solides, son gardien vigilant et Échidna avaient la clairvoyance de couvrir Dhavala lors des nuits de pleine lune. Le jeune homme était coincé.

Trois options s‘offraient au captif. La première, c’était de s’enfuir par le monde des portes. Il laissait tout tomber, sa vengeance, le juste châtiment pour le blasphème envers Phoebe et le sauvetage des enfants. Il ne retrouverait probablement plus jamais la meute des chimères et devrait vivre le reste de ses jours dans la honte de cette écrasante défaite. La deuxième, Dhavala renonçait à Phoebe. Il aurait droit à une nuit de plaisir sexuel, puis serait brutalement sacrifié et dévoré. Finalement, la dernière option était de continuer à résister, de continuer à engraisser et d’attendre une opportunité.

Les trois options étant déplaisantes, Dhavala avait un grand besoin d’une quatrième alternative, bien qu’elle lui échappât toujours. C’est en nettoyant l’intérieur de sa cage que l’Evergrim constata une lueur d’espoir. La cage était faite de solides branches en bois, solidement attachées ensemble et profondément ancrées dans la terre compacte et rocailleuse de la colline. S’il avait eu l’espace pour prendre sa forme de tigre, le jeune homme aurait possiblement pu se servir de ses crocs et de ses griffes pour forcer son passage, mais sa forme humaine ne disposait pas de ces capacités.

En cette journée de pluie particulièrement abondante, toutefois, Dhavala remarqua une section de la cage où la terre était plus meuble. L’eau affaiblissait cette section de la cage. C’était peu, mais s’il pouvait creuser et exposer l’une des branches qui maintenait la cage en place, peut-être pourrait-il s’échapper. Cet espoir s’effrita rapidement à la découverte qu’il n’y avait qu’une assez mince couche de terre avant de tomber sur un sol particulièrement rocailleux. La cage était là pour rester.

***

Ce matin-là, la cheffe de la meute des chimères se présenta devant son captif sans son déguisement de monstre. Visiblement, elle avait elle aussi profité de l’eau des dernières pluies pour prendre un bain. Elle était donc entièrement nue et Dhavala pouvait constater qu’elle avait un physique bien plus attrayant que le laissait penser son accoutrement monstrueux. Plutôt faible, son surpoids témoignait davantage de son statut de cheffe de meute que de ses capacités physiques.

Puisqu’elle s’exposait de la sorte, il était plus facile pour l’Evergrim d’observer l’impressionnante aura magique qui se dégageait d’Échidna. De toute évidence, elle n’était pas aussi puissante que le craignait le chasseur. S’il pouvait la séparer du Hesshas Pery qui lui servait de complice, la cheffe ne représentait pas une grande menace. Dhavala prit bien soin de garder en mémoire cette information, afin d’en profiter lorsque les rôles s’inverseraient. La torture, ce n’était pas le genre de l’Evergrim, mais s’il offrait à cette fausse chimère une mort rapide, le chasseur allait s’assurer que sa proie ait pleinement conscience de ce qui allait lui arriver.

« Mais que vois-je ? Garderais-tu toujours de l’espoir !?! Comme il est mignon mon chaton bien rond ! »

La Wynmeris choisit alors de s’asseoir sur le dessus de la cage pour continuer la conversation. Le garde frémit à ce geste. Le prisonnier ne pouvait pas véritablement faire de mal à sa cheffe, mais il n’aimait pas pour autant de la voir s’exposer ainsi au danger.

« Puisqu’à ma dernière visite tu ne pouvais détourner le regard, admire donc le paysage de plus près ! Oh, ce n’est qu’une petite Wynmeris, t’étais-tu dit… Oh, mais comment a-t-elle fait pour se retrouver avec de tels monstres, t’étais-tu dit… Mais c’est la faute de Phoebe ! Vois comme elle m’a marqué.

À une époque, où j’étais alors jeune et naïve, j’ai osé prier. J’ai osé espérer un avenir chez les Evergrims. Qu’ai-je reçu ? De l’abandon de l’un et du rejet des autres ! Comme tu vois, mon chaton, aujourd’hui, j’ai le pouvoir et je me délecte de la chair des enfants de Phoebe. C’est à mon tour de m’amuser avec tes espoirs !
»

La Wynmeris prenait un malin plaisir à faire tout en son pouvoir pour briser la dignité de son prisonnier et à jouer avec ses pulsions. Voilà maintenant un mois qu’il résistait au rituel d’engraissement et qu’il trouvait le moyen de continuer de croire en Phoebe. Peu avant lui avait démontré une telle ténacité et tout comme pour ceux-là, il était temps de rendre la vie encore plus difficile pour le futur sacrifié.

« Une récompense s’imposait et voici donc un cadeau très personnel ! Te voilà maintenant au début de ton deuxième mois d’emprisonnement. Pour tout dire, tu es le troisième à survivre aussi longtemps à l’hospitalité des chimères. Évidemment, je salive d’avance au festin qu’on tirera de tes entrailles. Puisque tu nous as déjà fait attendre aussi longtemps, soit un gentil chaton et résiste jusqu’à la fin. Il faudra que tu deviennes bien dodu si tu veux tous nous satisfaire. »

Se soulevant le postérieur de la cage, Échidna déclara que c’était le début de la fin pour l’Evergrim. Le premier mois, elle se montrait gentille et elle laissait ses prisonniers tranquilles, histoire qu’ils comprennent par eux-mêmes que toute résistance était futile. Ils n’échappaient pas au sacrifice, mais la cheffe se dévouait alors pour garantir une dernière nuit de plaisir à ceux qui avaient la perspicacité de renier Phoebe. Puisque Dhavala avait fait son choix, les chimères allaient respecter cette décision.

« Alors, voici la suite du programme, mon chaton. Ce grand gaillard va commencer à se nourrir de ton énergie vitale, pendant que mes chasseurs vont t’engraisser encore plus vite. Oh, et pas la peine de prétendre renier Phoebe. C’est trop tard pour ça. Quand tu auras atteint les limites de ton corps humain, je vais te faire te transformer en tigre et on va continuer jusqu’à ce que tu atteignes tes dernières limites. Ce n’est qu’à ce moment qu’on va te sacrifier en te dévorant vivant !

Pour ton information, le taureau et l’ours avant toi ont survécu jusqu’à trois et quatre mois. Toi, chaton, je doute que tu vives jusqu’à la fin du deuxième. Tu es peut-être résistant dans ta tête, mais tu n’es qu’un tigre. Prouve-moi le contraire si tu veux ! Tu n’en seras que plus dodu.
»

***

Le monstre s’approcha de la cage du prisonnier qu’il gardait jour et nuit depuis trente jours. Enhardi par sa victoire initiale lors de l’affrontement menant à sa capture, le Hesshas Pery se permit un face-à-face avec sa nouvelle victime. Il appréciait particulièrement d’absorber l’énergie de ses proies et de les voir se dépérir impuissants. Cet Evergrim, en particulier, lui déplaisait. Il voulait du mal à sa maîtresse. Échidna lui avait dit de très lentement vider les forces vitales de leur captif, mais il n’en pouvait plus de voir défier l’autorité de la cheffe. Il devait souffrir et s’il devait mourir, le plus tôt serait le mieux.

Ce soir-là, après que l’Evergrim eut droit à une suralimentation accrue qui le laissa à moitié conscient, le Hesshas prit place au-dessus de la cage. De sous son ventre, il libéra ses tentacules pour enlacer le cou du captif. Peu étaient au courant, mais la véritable tête de celui-ci se trouvait entre ses jambes, là où jadis se trouvait son sexe. Sa transformation en monstre avait fait de lui un amalgame de chair hideux. Il aurait été condamné à la solitude et se serait probablement suicidé si ce n’avait été de l’intervention d’Échidna. Elle lui avait donné une raison de vivre. Elle lui avait donné un foyer. Il lui devait tout.

Avant de passer à l’acte, le bras droit de la meute des chimères hésita. Il était déchiré entre son désir de plaire à sa maîtresse et celui de la protéger du danger. Selon lui, l’Evergrim était bien assez gros pour être mangé. L’appétit du prisonnier lui avait permis d’engraisser de près de vingt kilos en l’espace d’un seul mois et il engloutissait maintenant près d’une dizaine de kilos de viande par jour. Échidna aimait briser la volonté de ses victimes, mais ce désir lui faisait courir des risques parfois inutiles, comme en l’instant présent.

Tirant profit de ce moment d’hésitation, le prisonnier se libéra le cou et tira affreusement fort sur les tentacules du monstre. Il n’était pas aussi vulnérable que l’espérait le garde, mais ce n’était qu’un contretemps. Le contact physique avait été établi, alors il allait lui siphonner son énergie vitale jusqu’à ce que l’Evergrim perde conscience. Alors, il redeviendrait une proie facile… Quelque chose n’allait pas. Le monstre devrait se régénérer grâce à l’énergie vitale du prisonnier, pourquoi s’affaiblissait-il ?

***

Il aura fallu du temps, mais le garde s’était enfin compromis. Depuis le temps que Dhavala surveillait cette aberration, il avait appris où trouver les points sensibles et Échidna lui avait gentiment dévoilé son principal atout. Résultat, le chasseur retrouvait sa place au sommet de la chaine alimentaire. Lui aussi possédait le pouvoir d’absorber l’énergie vital et malheureusement pour le monstre, des deux, c’était Dhavala qui avait la meilleure maîtrise de cet atout.

Comprenant le péril dans lequel il se trouvait, le monstre chercha à alerter la meute, à demander de l’aide. Il avait perdu usage de la parole, mais il pouvait encore crier. C’était peine perdue, toutefois, puisque l’Evergrim lui enfonça profondément son poing dans la gueule. Ce n’était pas la seule cavité qui permettait au monstre de respirer, mais c’était la seule à disposer de cordes vocales. Il n’avait pas le choix, il devait se libérer et retrouver une distance sécuritaire.

La force combinée du Hesshas Pery et de l’Evergrim, disposant toutes deux d’une force prodigieuse, suffit à déloger la cage du sol rocheux dans lequel elle était ancrée. Il faut dire que l’un tirait avec l’énergie du désespoir pour sauver sa vie, et l’autre poussait avec celle de l’espoir de retrouver sa liberté. Le monstre n’était pas stupide, il savait exactement ce que son captif cherchait à accomplir, mais il savait aussi que c’était sa seule chance de survie, sa seule chance de protéger sa maîtresse du courroux de l’Evergrim.

L’intense lutte ne dura qu’une seule, mais très longue minute. Adoptant sa forme de tigre, l’Evergrim était parti en un instant, s’enfonçant dans l’obscurité du marais. Reprenant son souffle, le Hesshas Pery hurla à plein poumon, signalant à toute la meute que leur prisonnier avait pris la fuite. La fierté du bras droit en prenant un grand coup, mais ce marais, c’était le territoire de la meute des chimères. Personne n’avait une connaissance du terrain pouvant rivaliser avec la leur.

Là où un seul monstre avait échoué, c’est toute une meute qui prendrait la relève. L’enfant de Phoebe ne trouverait aucune aide sur des kilomètres. Tous connaissaient la réputation de la meute des chimères et de ce qu’ils faisaient aux Béluas assez infortunés pour tomber entre leurs griffes. Le dénommé Dhavala était seul contre les trente Hesshas Pery de la meute et de la puissante Wynmeris à leur tête. Entre temps, le monstre devait se résigner à faire ses excuses à sa maîtresse, aussi bien que pouvait s’excuser une créature dépourvue de la parole.

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Typhon Gargantua
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Typhon Gargantua
Mar 19 Mai 2020, 16:49



4ème partie – Le rétablissement
Avertissement : des scènes et des thèmes choquants sont abordés dans cette histoire.


La meute des chimères passa le gros de la nuit à chercher des traces de leur prisonnier en fuite, mais en vain. Le bourbier qui entourait la colline où vivait la meute était fréquemment traversé par les nombreux aller-retour des chasseurs, tout particulièrement ces temps-ci, alors que le rituel d’engraissement nécessitait un constant apport en viande. Ils durent se résigner à affronter la colère de leur cheffe et retourner à leur village pour élaborer un meilleur plan.

La victoire du prisonnier en fuite était éphémère. Le territoire de la meute des chimères était vaste et inhospitalier. Ce faisant, il n’y avait pas un grand nombre d’issues pour revenir dans ce qui passait pour des terres civilisées dans l’Antre des marais. Grâce à leur expérience, les chasseurs de la meute auraient tôt fait de bloquer chacune de ses issues, ce qui allait permettre au reste de la meute de fouiller les environs. La partie était loin d’être conclue et l’Evergrim portait les séquelles de son emprisonnement. Il ne serait pas aussi agile et adroit qu’il ait pu l’être.

Lorsqu’elle apprit la nouvelle, la déception d’Échidna n’était pas aussi colérique que le craignaient les monstres. Elle se montra même plutôt conciliante, hormis la promesse d’un châtiment à venir, ce qui propagea un frissonnement collectif. Les pouvoirs en magie noire de la Wynmeris lui permettaient une grande créativité sur ses punissions. Quand elle n’avait plus de prisonnier pour se défouler, il lui arrivait d’ailleurs à l’occasion de se distraire sur l’un des monstres.

Cela dit, dès qu’elle fut seule, Échidna défoula sa colère avec l’épée de l’évadé. Elle frappa sauvagement la lame sur de la pierre jusqu’à ce qu’elle se casse. Elle prenait cette l’évasion comme d’un échec personnel et acceptait une part de responsabilité.

***

La chance voulue que Dhavala déjoue ses poursuivants en prenant la direction opposée à la leur. Les chimères s’attendaient à ce que le prisonnier en fuite cherche à trouver de l’aide, alors elles ne prévoyaient pas à ce qu’il s’enfonce encore plus profondément dans leur territoire. En réalité, l’Evergrim n’avait qu’une idée en tête : prendre un bain.

Même en forme de tigre, la progression dans le marais lui était difficile. Non seulement le terrain était traitre, mais en plus, ses muscles avaient souffert de son confinement et son gain de poids significatif entravait ses mouvements. Si l’Evergrim avait dû affronter les chasseurs Hesshas en ce moment, nul doute qu’il aurait perdu. Dhavala avait fort à faire s’il voulait retrouver la forme, encore plus s’il comptait réussir à se venger des chimères.

L’Eversha ne dormit pas de la nuit, trop occupé à s’enfoncer le plus possible dans le cœur de l’Antre des marais. Il était d’ailleurs à la recherche d’une source d’eau pure ou une rivière pour installer son camp. Son état physique ne lui permettait pas de se venger du traitement qu’on lui avait fait subir, mais le jeune homme allait s’en remettre.

À bout de force, et au milieu de nulle part, le prisonnier en fuite se laissa lourdement tomber au sol, écrasant la végétation sous son ventre. Les proportions de ce corps de tigre étaient bien plus imposantes que celles du corps humain. Malheureusement, la forme animale de l’Evergrim était le reflet de la forme humaine. Puisque Dhavala avait grossi en forme humaine, sa forme de tigre était altérée proportionnellement. De ce côté, c’était soixante kilos qui s’ajoutaient, se ballotant désagréablement d’un côté à l’autre en marchant.

Le jour se leva que Dhavala n’avait toujours pas fait le moindre geste. Le tigre s’était tranquillement enfoncé dans la terre humide depuis le temps. Il avait oublié ce que ça faisait d’être tout simplement couché sur un lit de mousse, avec suffisamment d’espace pour s’étendre de tout son long et dans sa forme animale. L’Eversha allait d’ailleurs probablement y passer un long moment. Puisqu’il était nu et sans possession, la vue et l’ouï de sa forme animal étaient préférables à ses capacités humaines. Ce n’est que vers la mi-journée qu’enfin, Dhavala se convainquit de bouger ses fesses et de trouver une rivière assez profonde pour pouvoir s’y baigner.

***

Avec toute l’eau qui recouvrait cette partie de l’Antre des marais, Dhavala dû faire bien des kilomètres pour trouver une rivière digne de ce nom. Il croisa un bon nombre d’étangs et de nombreux ruisseaux de moindre envergure. Ces étendus d’eau aurait pu suffire pour une simple baignade, mais le prisonnier en fuit désirait s’immerger complètement. Il avait un mois de retard sur son hygiène et c’était un supplice de chaque instant.

Malheureusement pour le chasseur, son état physique s’était détérioré bien plus qu’il ne l’avait pensé. L’adrénaline et l’urgence de sa fuite avaient causé des ravages. Maintenant, Dhavala était épuisé et avait mal partout, ce qui ralentissait encore plus sa progression. Il ne s’arrêta pas pour autant et persévéra. Sans sa forme de tigre, mieux adapté à endurer la douleur et les longs voyages, l’Evergrim aurait probablement dû faire bien plus d’arrêts, ce qui aurait augmenté le risque d’être découvert par ses poursuivants.

La meute des chimères n’allait certainement pas laisser leur prisonnier s’enfuir aussi facilement. Elle avait passé un mois à l’engraisser dans le but de le dévorer. Ces monstres n’abandonneraient pas facilement et maintenant que Dhavala prenait conscience de l’ampleur des séquelles qui l’accablaient, son désir de vengeance était ébranlé. C’était d’ailleurs la première fois que le jeune homme se retrouvait dans cette situation. Par le passé, il avait dû faire face à des brigands et diverses situations périlleuses, mais jusqu’à maintenant, son imposant Totem ou la puissance de la pleine lune avait suffi à préserver le chasseur du trépas. Aujourd’hui, rien n’était aussi sûr.

Contrairement aux Evergrims et aux Wynmeris, les Hesshas étaient difficiles à prévoir. Leurs formes, leurs capacités, leurs faiblesses… un simple coup d’œil ne dévoilait rien de tel. Il avait fallu une très longue période d’observation à Dhavala pour apprendre les quelques faiblesses du garde de sa cage. Et encore, c’est l’excès de confiance de ce dernier ainsi que de sa maîtresse, qui furent la clé de l’évasion de l’Evergrim. Il aurait suffi d’un seul autre monstre présent et Dhavala aurait été impuissant pour s’enfuir. De même, si le rituel d’engraissement n’avait pas été altéré de la sorte par Échidna, Dhavala serait toujours son prisonnier.

***

Dans sa forme humaine et complètement immergée dans l’eau d’une modeste rivière, le chasseur se frotta vigoureusement l’ensemble du corps. Il y passa un bon deux heures avant d’enfin se sentir propre. Dès qu’il fut sorti de la rivière et repris sa forme animale, l’Evergrim recommença à faire sa toilette, juste pour être sûr. Après un mois passé couvert de saleté, Dhavala avait de la difficulté à comprendre qu’il était propre.

Toute la journée, la faim tenailla le ventre de l’Eversha, mais ce besoin fut ignoré. Dhavala devait endurcir son corps devenu mou par l’excès. Même avec la fatigue de cette deuxième nuit sans repos, il ne trouvait d’ailleurs pas le sommeil tant son corps était sens dessus dessous. La confusion régnait également dans sa tête.

Pendant un mois, le désir de vengeance et la fierté avaient poussé Dhavala à rester prisonnier des chimères. Maintenant libre, il se questionnait. Pourquoi avait-il pris une décision aussi stupide ? Jour après jour, pendant trente jours, le voyageur aurait pu mettre fin à son tourment et il ne l’avait pas fait. Ce n’était pas comme s’il n’y avait pas d’antécédent. Le jeune homme avait fait une utilisation très généreuse du pouvoir des portes. Certes, l’épée et l’arc du chasseur décoraient maintenant la tente de la cheffe de la meute des chimères, mais ce n’était pas la première perte matérielle de l’Eversha. Il ne restait pas grand-chose à ce dernier quand il fut capturé par les chimères.

La valeur sentimentale de son épée, son bien le plus précieux, ne valait pas la peine d’y perdre la vie. Alors donc, pourquoi avait-il ainsi perdu la raison ? Plus Dhavala se questionnait et passait en revue cette dernière mésaventure, plus elle lui paraissait louche, jusqu’à ce que la réalité le frappe. Comment est-ce qu’une Wynmeris d’allure aussi faible avait pu s’entourer d’une trentaine de Hesshas Pery, reconnu pour leur haine envers ceux qui étaient à l’origine de leurs malheurs ? Ce n’était pas la morsure d’un Evergrim qui transformait les infortunés en Hesshas Pery, mais les Wynmeris. Il n’était donc pas à exclure qu’Échidna elle-même soit à l’origine de l’affliction de sa propre meute.

Avec tout le temps passé prisonnier et à être nourri par tous les monstres de la meute, Dhavala avait remarqué que la cheffe possédait la plus puissante aura magique de toute la meute. La différence frôlait d’ailleurs le ridicule. Échidna avait possiblement plus de puissance magique que toute sa meute combinée. Elle n’avait que Dhavala comme rival et tous deux étaient conscients que la Wynmeris dominait l’Evergrim sur ce point.

Pourquoi donc Dhavala avait-il été aussi docile ? Tout simplement parce qu’Échidna jouait avec ses émotions. La vengeance, la fierté, le désir de rendre justice à Phoebe, rien de tout ça ne venait réellement du jeune homme. Non, il avait bel et bien ressenti ces émotions, mais pas au prix d’oublier tout le reste. Au fait de cette information, Dhavala comprit que son évasion n’était pas aussi fortuite qu’il l’avait d’abord pensé.

Pendant un mois, la Wynmeris avait établi sa suprématie sur l’esprit de son captif. L’emprisonnement de Dhavala connaissait un sans-faute. Pourquoi donc avoir pris autant de risques dès la fin du premier mois d’engraissement ? Dhavala n’aurait pas dû résister au contrôle qu’exerçait maintenant Échidna sur ses émotions. Il aurait dû être assailli par le désespoir, ce qui faillit se produire, mais au contraire, le captif avait retrouvé tout juste assez de combativité pour se libérer. En d’autres mots, Dhavala avait réussi à résister à l’influence que la Wynmeris avait sur lui.

***

Au levé du jour, Dhavala se souleva péniblement, reprenant sa forme humaine. Il passa une fois de plus, plus de temps que de raison à se baigner dans la rivière. Le voyageur devait réfléchir à ce qui allait suivre. Son gain de poids et ses muscles atrophiés par l’inactivité ne lui permettaient pas d’affronter les chimères. Il ne pouvait donc pas chasser sur le territoire de ces derniers. Qu’il ait ou non grossi, le jeune homme avait besoin de se nourrir s’il voulait avoir assez d’énergie pour reprendre des forces.

Le voyageur devait repartir, mais avec cette mésaventure, était-il capable de faire face à la prochaine porte ? Le jeune homme allait avoir besoin de beaucoup de temps pour retrouver son état normal. Il ne pouvait rester dans le territoire des chimères, mais il ne savait pas s’il avait encore la capacité de se dangereux voyage. Chose certaine, Dhavala ne devait en aucun cas être capturé de nouveau. La meute des chimères n’allait pas risquer une nouvelle évasion. Elle allait le sacrifier pour leurs sombres desseins à la première occasion et se repaître de la chair qu’ils avaient travaillé aussi fort à engraisser.

Sortant de l’eau, le jeune homme avait pris sa décision. Il choisit d’admettre sa défaite et de s’enfuir de l’Antre des marais. Comme il l’avait appris à ses dépens, le pouvoir des portes n’était pas infaillible. Dhavala ne pouvait plus compter sur celui-ci pour se tirer d’affaire en cas de problème. C’était un mode de transport, sans plus. Désormais, le chasseur devait s’en servir comme d’un outil à sa disposition, non comme d’une solution miracle à ses problèmes. Le halo de lumière illumina une fois de plus l’Antre des marais et le voyageur s’en était parti comme il était arrivé.

***

La meute des chimères mit trois jours à trouver la trace de leur prisonnier en fuite. Dès lors, ils leur furent aisés de remonter la piste jusqu’à la cachette de celui-ci, mais ils étaient trop tard et l’enfant de Phoebe n’était nulle part en vue. Les pisteurs Hesshas en déduisirent que leur proie avait choisi de tenter sa chance avec la rivière pour brouiller sa piste.

C’était là une terrible erreur. En amont, le courant de la rivière était particulièrement puissant avec de nombreux rapides. En aval, la rivière était avalée par l’Antre des marais. Il ne s’agissait pas là d’une métaphore, la rivière disparaissait dans un trou de la terre et nul ne savait d’où ressortait cette eau, si même elle ressortait des entrailles du marais.

La meute des chimères concentra ses efforts sur les deux rives de la rivière pour retrouver la trace de leur prisonnier en fuite. Après deux jours de recherches supplémentaires, ils durent se rendre à l’évidence. Leur proie était morte. Peut-être avait-elle choisi de se suicider pour échapper aux chimères. Peut-être était-elle morte d’un geste désespéré pour trouver la fuite. Dans les deux cas, la meute des chimères connaissait maintenant la déception de leur échec.

Échidna se montra plutôt conciliante avec cette conclusion. Elle ne punit pas ses monstres outre mesure et la vie retrouva son rythme normal. Les chimères partirent alors en quête d’un nouvel enfant de Phoebe à sacrifier, résolu à ne pas répéter les erreurs commises avec Dhavala. Sentant la déception qui affligeait particulièrement son bras droit, la Wynmeris se montra étrangement tendre à son égard.

« Parfois on gagne. Parfois on perd. Cesse de te morfondre et contente-toi de faire mieux la prochaine fois. »

2019 mots
4ème message et fin de la quête
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