Le marché, j'aime le marché, marcher pour marcher et regarder tout ce que je pourrais y voler. Démarche intéressé certes, mais j'aime la perspective de ne pas avoir à payer pour avoir à manger, ou avoir à chasser, brr. Il faut que je gagnes bien vite mon pain si je veux ne plus avoir à me salir les mains. La couture, voilà une activité que je veux bien faire jours après jours pour gagner mon immortelle vie. Plutôt que de me faire briser les os contre des branches, laissez moi me percer les doigts avec des aiguilles, couper peaux et cuirs puis les tanner pour en faire des chef-d'œuvre.

Je ne penses pas que je supportes mieux la faim que d'ordinaire, j'imagines que ne pas avoir dévorer une vieille sœur ne compte pas, j'étais sous l'influence du lien du sang une bonne partie du temps, mais une partie seulement ... Je préfères ne pas trop y penser, je n'ai pas envie d'attiser la colère d'une déesse que je devrais désormais respecter en tentant d'aller contre mes nouvelles envies. Peut-être je peux trouver le juste milieu entre être une vampire et être une magicienne ?  Un vœu sans doutes bien niais, j'ai décidé de quitter à jamais mon existence de magicienne, pour une femme, haha, quelle piètre magicienne j'ai du être.

Les mauvaises idées me donnant et bien, de mauvaises sensations, je préfères passez mon petit argent de poche dans du tissu et du fil, plus besoin d'aiguille dorénavant avec mes beaux gants, ce sont par ailleurs les seules choses faisant que l'on me "regarde". Je sembles être un total fantôme, est-ce parce que je suis jeune ? Nan, ce regard, je le connais déjà, aha. Celui de quelqu'un regardant quelque chose d'éphémère, quelque chose de condamné ou presque. Aucun de ces vampires ne nourrit de particuliers espoirs à ce qu'un jour j'atteignes leur classe sociale. Sans doutes ont-ils raisons, je me demande à part ma maitresse qui voit quelque chose en moi.

J'ai du temps avant le retour de cette dernière, assez pour entreprendre une écharpe à mes couleurs, blanche et dorée, je dois définitivement trouver un moyen de récupérer la couleur de mes cheveux, ils me manquent trop ces mèches d'or flexibles qui jonchaient ma tête. Je n'aimes pas beaucoup l'argent, je le trouves moins beau que l'or, rien de plus vraiment, peut être je devrais en mettre plus sur mes coutures ? Des petits fils discrets pour m'habituer, mh, pas sûr que cela rende très beau. M'enfin, une fois dans un petit coin calme du marché, bien que celui ci ne soit pas vraiment très bruyant, loin des regards, bien qu'on m'ignore la plupart du temps, je décides de coudre, un objet simple, passe partout, une écharpe. Une écharpe blanche, bien sûr, j'ai eu le tissu de cette même couleur pour une bouchée de pain, ou devrais-je dire une gorgée de sang ? En même temps je n'en ai pas eu beaucoup, les prix sont si hauts, tout les vampires ont des oursins dans les poches ou bien ?!

J'ai l'impression que l'odeur d'un mortel s'est planté devant moi, pourquoi ? Et bien, je baisses mon intérêt vers ma couture et la redirige vers ce mortel, mes crocs se montrant déjà, fichue faim. " Va-t'en ... Approche pas ... ". Une vampire ne voulant pas manger, c'est la meilleure, peut-être pas en faite. Qu'on soit claire, je me suis faites à l'idée que boire du sang allait être mon quotidien, que j'allais en prendre aux autres, honnêtement, j'aime ça, plus que la chasse même, de charmer mes proies comme cet orinne, mais là, je couds, du blanc qui plus est. Je n'ai pas envie d'utiliser de ma magie pour ça, elle est précieuse.

Qu'il ne s'approche pas plus, pas ... Trop tard, j'ai lâché prise, me levant d'un bon pour planter mes crocs en lui dès que possible. Pas mauvais, mais plus j'aspires, plus je me sens faible, fatiguée plutôt , sur qui je suis tombée moi encore ? M'enfin, au moins cela fait passer mon instinct au second plan et reprendre le peu d'esprit que j'ai. "Qu'est-ce que ... Mon écharpe ?!".

À l’aide d’une aiguille en os et un épais fil de fibre musculaire, Dhavala réparait les dommages infligés à ses vêtements lors de ses précédentes mésaventures. À force de rafistolage, lesdits vêtements avaient piètre allure. Le voyageur n’avait plus le choix, il fallait les remplacer.

Ça faisait un moment que le chasseur se préparait et rassemblait divers produits de sa chasse. Toujours en mouvement, Dhavala ne pouvait se permettre de garder du superflu, alors seuls les morceaux de la plus grande qualité étaient conservés, et ce, d’animaux d’un peu partout à travers le monde s’il pouvait y avoir un minimum de chance dans sa malchance. Il s’agissait de la meilleure collection de fourrures et de cuirs que l’Eversha avait produite de sa vie. L’expérience commençait à se manifester positivement, si abstraction était faite de tout ce qui avait dû être abandonné en chemin.

Coup de chance ou pas, Dhavala était confiant que ses produits avaient une valeur marchande plus qu’acceptable. Il n’y avait que deux problèmes. D’abord, il fallait trouver des acheteurs. Ensuite, il fallait trouver quoi acheter. Si Dhavala était qualifié pour la chasse et qu’il avait un minimum d’expérience pour négocier ses prix, il n’avait aucune idée de la valeur que pouvaient avoir les autres produits. En bref, il allait forcément se faire escroquer par le moindre marchand compétent. Le mieux était donc de se concentrer sur un problème que la monnaie pouvait résoudre et s’assurer de le résoudre, quitte à payer trop cher pour y arriver.

Le problème de vêtement semblait le plus pressant, alors c’est celui que Dhavala priorisa. Dès qu’il atteindrait une place marchande, le chasseur allait mettre en œuvre son plan pour remplacer ses vêtements.

***

Après avoir fait usage du pouvoir des portes, le halo de lumière transporta Dhavala vers l’emplacement de son désir… à deux exceptions près. D’abord, ce n’était pas le marché du Rocher au Clair de Lune, ça aurait été trop facile. Ensuite, cette ville était inondée d’auras de magie du sang et de magie des ténèbres. Sorciers ou vampires, peu importait, l’Eversha était en plein cœur des ennemies ancestrales des Evershas.

Le vagabond se garda de jurer à voix haute contre son mode de transport. Il l’avait fait une fois et avait involontairement insulté un passant. Le pouvoir des portes avait sa volonté propre, mieux valait en rester là. Puisque ledit pouvoir s’était montré aussi, conciliant, envers la demande de Dhavala, mieux valait ne pas gâcher cette chance. Si ça se trouvait, le chasseur ne verrait aucune autre civilisation avant des semaines.

Dhavala aurait voulu mieux identifier les habitants de cette ville, mais au-delà d’identifier les auras magiques, Dhavala n’avait encore jamais croisé de sorcier, ou encore de vampires. Ils savaient seulement que les premiers étaient d’abjects jeteurs de sorts, alors que les seconds étaient d’horribles suceurs de sang. Sans prendre plus de précautions, parce que réalistement, il n’y en avait aucune à prendre, le voyageur se dirigea vers la place marchande de la ville dans lequel il se trouvait.

***

Trouver le Quartier Commercial de Seaghdha ne fut pas trop difficile. La plupart des panneaux étaient écrits en langue commune. De toute façon, Dhavala avait un recours très libéral à sa capacité de localisation, qui avait le mérite de ne pas lui mentir. Ainsi, trouver un marchand intéressé à acheter la marchandise du chasseur ne fut guère plus qu’une formalité. Il n’était que malheureux que l’Eversha ne puisse encore se servir de ce même pouvoir pour trouver le marchand le plus généreux.

Cela dit, les négociations furent courtes. Les produits de Dhavala étaient assez exotiques et de qualité suscitant suffisamment d’intérêt pour qu’un accord soit passé. En quelques phrases mielleuses, le chasseur fut dépouillé de ses biens pour une somme plus que respectable pour les besoins de l’Eversha, même en considération des prix élevés de la cité, mais bien en dessous de la véritable valeur marchande des produits. Ultimement, il y avait deux individus satisfaits de cette transaction et Dhavala n’en demandait pas plus.

Ses nombreuses pièces bien en sureté sur sa personne, Dhavala entama une longue promenade afin de se trouver de nouveaux vêtements. Les boutiques associées à cette industrie ne manquaient pas à Seaghdha, à un détail près, la grande majorité des vêtements présentés semblaient destinés à des êtres n’ayant que la peau sur les os. Les tailles mieux nourries, comme celle du chasseur, semblaient absentes des boutiques.

C’est en écoutant les conversations ici et là que Dhavala se rendit compte que la plupart des acheteurs sérieux faisaient faire leurs vêtements sur-mesure. Les modèles présentés en boutique ne servaient que d’exemple, ce pour quoi ils étaient tous de si petites tailles. Grâce à cette nouvelle information, le jeune homme put poser les bonnes questions et reçut les réponses lui permettant de trouver le marchand idéal. Malheureusement, ce marchand était si idéal, qu’il y en avait pour des mois d’attente avant que les désirs de Dhavala puissent être honorés.

Cette discussion permit à Dhavala de faire deux découvertes. D’abord, son profit de sa vente de cuirs et de fourrures lui permettant de satisfaire la cupidité de ce tailleur hors pair. Ensuite, il était nécessaire de faire le paiement en avance. Cela impliquait un séjour prolongé dans la cité, ce qui n’intéressait pas le voyageur.

***

Maintenant que Dhavala avait une meilleure idée de ses capacités monétaires, il continua de se fondre dans la foule, aussi bien que son apparence et sa tenue lui permettait, à la recherche d’une alternative à son besoin vestimentaire. S’il pouvait se payer les services du meilleur tailleur, il avait certainement de quoi se payer les services d’un tailleur plus modeste qui serait prêt à honorer une commande urgente. Enfin, c’était plus facile à dire qu’à faire. La tenue de Dhavala ne lui attirait aucune faveur des commerçants. Même les larcins évitaient de s’en prendre à l’Eversha.

C’est au bout d’une longue journée de marche et d’écoute que Dhavala trouva une personne apte à satisfaire ses attentes. Cette femme discutait des talents de sa nouvelle protégée et des nombreuses attentes qu’elle plaçait en celle-ci. L’aura magique de cette femme démontrait qu’elle avait atteint un rang assez élevé dans la hiérarchie de sa race, bien que Dhavala ignorait toujours s’il s’agissait d’une sorcière ou d’une vampire.

Le moment opportun, Dhavala profita du départ de la femme pour aborder le sujet de couture, à la suite de la conversation qu’il avait « malencontreusement » entendue lors de son passage. Se présentant, le voyageur lui fit part de son problème et espérait qu’une forte somme de Tulra, la monnaie locale, puisse convaincre cette femme de permettre à sa protégée de coudre pour lui.

Interpeler une étrangère comportait son lot de risque, surtout lorsqu’il était question d’échange de faveurs, mais Dhavala espérait passer le moins de temps possible sur ce territoire ennemi. Peu lui importait que la couturière soit jeune ou amateur. Du moment qu’il sortait de cette ville avec des vêtements utilisables avec un minimum de violence, il aurait eu ce qu’il souhaitait. Il fallait maintenant espérer que la femme avec laquelle Dhavala faisait affaire avait plus d’intérêt pour garder cet échange amical, que de chercher a dérobé le voyageur de ses biens.

Cette femme avait été visiblement assez intéressée par la somme proposée par Dhavala pour qu’un contrat soit signé par les deux parties. Le voyageur espérait donc que c’était là le début d’un court processus où il recevrait des vêtements en échange de la somme promise. Ainsi donc, voilà que le jeune homme se retrouvait à partir à la recherche d’une certaine Kaga Mikori, qu’il avait accepté de retrouver, afin que le processus de couture puisse débuter dans les plus brefs délais. Dhavala avait reçu une description, ainsi qu’un avertissement : « attention, elle mord. »

***

Dhavala mi peu de temps à retrouver la personne qui lui fut décrite. Elle n’était qu’à une centaine de mètres, tout au plus, de sa position actuelle. Avant même que le jeune homme ne prononce le moindre mot, la jeune fille aux cheveux d’argent plongea contre sa jambe, lui mordant férocement le mollet.

Vas-y doucement avec Kaga, qu’elle disait. Si elle ne plus coudre par ta faute, tu me dois quand même tes Tulra, qu’elle disait…

Ce revirement de situation confirmait deux éléments bien importants à Dhavala. D’abord, il avait affaire à des vampires. Ensuite, il s’était encore fait avoir. Faute de meilleur moyen, l’Eversha fut forcé de laisser la vampire comprendre par elle-même qu’elle ne faisait pas le poids. Jusqu’à preuve du contraire, la petite pouvait coudre.

Dhavala avait toujours guéri rapidement de ses blessures, mais ce n’est que récemment qu’il avait compris pourquoi. Son corps pouvait absorber l’énergie vitale des êtres vivants qui l’entourait pour se régénérer. D’un côté, ça expliquait pourquoi le jeune homme n’avait aucune cicatrice malgré ses nombreuses blessures. De l’autre, maintenant qu’il comprenait le phénomène, il pouvait contrôler d’où provenait l’énergie utilisée pour soigner son corps. En l’occurrence, la vampire affamée. Si lui, il avait mal, elle, elle se vidait de son énergie.

« Aïe… Ta maîtresse m’envoie. Tu dois me coudre des vêtements. Si… Grrr ! Si tu continues à mordre, je te mords moi aussi ! »

Pouvoirs utilisés  :

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Génial,  je peux au moins être mise au courant que je dois coudre des rambos sur mon temps libre ? Bon, arrêtons deux minutes de se plaindre et pensons, même si ce n'est pas mon fort. Il me faut du matériel, passons les présentations,  je sais que ma maitresse a du le briefer sur moi, gagnons du temps. Bon dieu que je me sens fatiguée, pas au point de me tromper dans mes coutures, mais assez quand même. Il me faut un atelier, je ne peux pas faire quoique ce soit sans, je penses pouvoir en louer un, je facturerais cela sur le client, après tout j'aurais pas eu à louer s'il n'était pas là. Je ne pourrais pas le mesurer avec mon vieux mètre, il n'est assez grand que pour des mesures de femmes, le tissu il doit l'avoir acheté, si non cela sera taxé également.

Bien, j'ai un peu prêt tout en tête, "Bon, cela devrait rester dans les prix du coin avec une assez bonne qualité pour la hâte que l'on me donne.". Je rempiles mes affaires, regardant la carrure de mon client, mais c'est trop sommaire comme ça, il me faut un atelier. Bon, mettons nous en route, après tout, lorsque l'on a l'argent, on nous écoute, ou du moins on fait ce que l'on veut que les autres fassent. Je prends l'atelier le moins cher possible, c'est assez petit, on voit que c'est pour une seule personne et que cela a été loué par une multitude de personne, mon odorat ne me trompe rarement depuis que je suis devenu l'une des leurs, bon on fera avec.

"Déshabillez vous, de la tête aux pieds, pour les sous-vêtements si vous en voulez vous retirez ce que vous avez également.", quoi ? Je suis une vampire, je n'ai pas beaucoup de pulsions sexuelles, même aucune il me semble, déjà que je n'en avais pas beaucoup, maintenant j'ai une excuse pour être d'une pudeur inexistante. S'il ne le fait pas de toutes manières, comment je fais pour travailler ? bon, au moins j'en ai profité pour m'acheter un nouveau set de mètres et de bobines, je n'aurais jamais pu toute seule.

Je n'ai pas une très bonne mémoire, alors à chaque mesure, je suis obligée de griffonner des chiffres sur mon calepin, j'y reserve une page à chaque client dessus, au cas où j'aurais à coudre de nouveau pour eux, histoire de gagner du temps. Il est sacrément costaud, j'ai peur qu'il déchire ce que j'essaye de lui coudre dans des combats ou des voyages, je vais lui faire deux types de vêtements, cela sera plus simple. "Me faut ton nom.", ok j'ai toutes les mesures qu'il me faut, passons à la couture. Quelque chose de simple pour commencer, de toutes manières cela ne sera pas durable dans le temps. Pas la peine de me tenter tout de suite au style vampirique, il faut que cela soit passe partout, quelque chose avec des manches et un couvre tête détachable de préférence.

Une fine corde fera l'affaire pour relier les différents morceaux, néanmoins, je vais quand même lui coudre de quoi les ranger lorsqu'il les défaits, une bourse en cuir ne devrait pas trop gêner. Il a les épaules larges,  une capuche risque plus de le gêner qu'autre chose, une cape externe au haut sera moins contraignant et plus beau. Je vais tout de même lacer l'entre-deux de la capuche et de la cape pour qu'elle permette d'être serrée en cas de tempête, je ne sais pas grand chose de son mode de vie et fait beaucoup de spéculations, mais comme c'est une annexe, je peux me permettre.

"Laissez moi grand maximum une heure et j'aurais fini le premier, le second devrait aller plus vite.", j'aurais moins à me brider et aurait une meilleure prise en main du matériel que j'ai ici.  Je suis fascinée par la souplesse du tissu que je travailles, ces vampires savent donner un sens à leur snobisme constant, c'est de la très bonne qualité. Très peu voir aucun irrégularité, très professionnel et sans doutes fait en peu de temps, j'aimerais atteindre un tel niveau, mais même si je peux pas en faire, je peux utiliser ce tissu correctement. "Poche ou pas ? Grandes ? Bourses ?".

Cette petite vampire passait d’un extrême à l’autre. D’abord, elle n’était rien de plus qu’un animal enragé, ensuite, c’est une couturière qui ne recule devant rien pour obtenir ce dont elle avait besoin, possiblement pour se libérer au plus tôt de sa nouvelle corvée. Peut-être qu’il avait trouvé la bonne personne pour remplir sa commande, finalement. Après tout, même si Dhavala ne s’en préoccupait pas particulièrement, une assez grosse somme étant en jeu.

Fort heureusement, le jeune homme n’avait engagé dans son contrat avec la maîtresse de la petite vampire qu’une fraction de ses avoirs. La prétendue couturière avait de très nombreuses exigences et toutes avaient leurs prix. Le tissu, le matériel de couture, puis l’atelier ne semblèrent pas poser de problème pour Kaga, surtout puisqu’elle n’avait pas à payer. L’Eversha était préparé à ces achats. Il avait passé la journée à écouter les conversations, regarder les prix et déterminer s’il avait les moyens de sa prétention. Puisque la réponse était oui, la petite vampire pouvait se permettre de prendre le matériel nécessaire pour se mettre à l’aise, plus quelques bricoles si ça pouvait l’aider à mieux coudre.

C’était le grand avantage de Dhavala. Il ne dépendait pas de sa récente acquisition financière pour vivre. Ainsi, tout ce qu’il avait servait exclusivement un but unique : un nouvel ensemble de vêtements. Aussi bien dire que dans les limites très restreintes de ce contexte, il était riche. Cela dit, tout coûtait cher à Seaghdha et le jeune homme fut un minimum soulagé lorsque Kaga lui annonça qu’elle avait tout ce dont elle avait besoin. Ça lui laissait ce dont il avait besoin pour payer sa part du contrat et un peu plus.

***

Seul avec Kaga dans le petit atelier, l’Eversha se demanda s’il y avait vraiment tout ce dont la couturière avait besoin. Le jeune homme pensa faire la remarque, mais il finit par choisir de se taire à ce sujet. Jusqu’à maintenant, sa « richesse » lui permettait le financement de tout ce qu’il avait entrepris, mais il se rappela l’une des conversations qu’il avait entendues plus tôt dans la journée.

Toujours se garder des Tulra pour les imprévus…

Sur cette pensée sage, du moins, Dhavala espérait qu’elle était sage, il laissa la petite vampire œuvrer à sa tâche. Elle eut rapidement fait le tour des installations et de répartir le matériel acheté un peu partout dans l’atelier, puis d’ordonner au jeune homme de se dévêtir, ce qu’il accomplit sans hésitation, se dénudant complètement. Il dévoila ainsi un corps charnu et plutôt musclé, d’un mètre quatre-vingt-deux et de cent kilos.

« C’est quoi des sous-vêtements ? C’est important ? Mon nom ? Dhavala Himsaru. »

Le voyageur se laissa « mesurer, » comme appelait cette pratique de passer des rubans un peu partout et de prendre des notes sur du papier. Kaga semblait s’affairer à gauche et à droite. Dans son empressement, toutefois, la petite vampire ne semblait pas demander à Dhavala ce qu’il voulait. C’était particulier, considérant que quand le jeune homme était allé voir un tailleur, c’était la toute première d’une longue série de questions.

Au début, Dhavala laissa Kaga aller à son rythme, c’était elle la couturière, pas lui. Toutefois, elle semblait être sur le point de commencer à coudre et jamais elle n’avait encore cherché à questionner Dhavala sur ses intérêts.

« Tu as prévu de faire quoi ? Je veux des vêtements de voyage. Il faut que ce soit durable. Je dois pouvoir m’habiller et me déshabiller rapidement. Pas de poches. Pas de bijou. Je ne veux rien d’inutile. »

Le précédent tailleur avait eu une hésitation quand Dhavala lui avait fait ces mêmes demandes. Apparemment, le style « épuré » n’était pas très populaire à Seaghdha. Ça laissait peu de liberté artistique, qu’il disait, et il y avait moins d’opportunité pour que l’artisan puisse laisser sa marque pour qu’on puisse reconnaître le vêtement de loin. L’Eversha ne comprenait toujours pas l’utilité qu’on puisse savoir qui avait fait un vêtement, surtout de loin. Ça devait être une habitude citadine.

***

Toujours dévêtu, Dhavala se reposait dans le seul coin vide de l’atelier, en silence, laissant Kaga à sa couture et se levant de temps à autre lorsqu’elle avait besoin de lui faire essayer un morceau qu’elle venait d’assembler. Le processus était un peu plus long que l’Eversha pensait. Il ne doutait pas que la petite vampire termine son travail assez rapidement, mais il devenait évident que le jeune homme allait devoir passer le reste de la nuit dans la cité, surtout s’il voulait trouver de quoi se nourrir. Finalement, il avait bien fait de ne pas tout dépenser sur un nouvel ensemble de vêtements. Il faudra qu’il se souvienne de cette leçon la prochaine fois qu’il ira en ville vendre ses produits.

Le seul problème, c’est que puisque le jeune homme allait passer tout son temps à l’intérieur du petit atelier, il ne pourrait pas se promener pour déterminer où il pourrait dormir, ou encore manger.

« Tu connais un bon endroit où je pourrais aller pour manger et dormir ce soir ? »

Dhavala se garda d’ajouter à sa demande qu’il cherchait un endroit pour quelqu’un qui n’était pas vampire. Cette ville comptait un bon nombre d’auras associés aux sorciers et aux vampires, mais il y en avait d’autre. De plus, s’il savait que Kaga tout comme sa maîtresse, étaient des vampires, ça ne permettait pas à l’Eversha de déterminer à quelle race appartenait vraiment Seaghdha. Il préféra donc répéter une formule qu’il avait entendu plus tôt.

Ça ne plaisait pas particulièrement au jeune homme de passer plus de temps que nécessaire sur le domaine de ses ennemis raciaux, mais il commençait à avoir faim et il était préférable pour lui de manger dans cette ville, plutôt que de faire appel aux portes et se retrouver affamé dans une situation délicate.

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2ème message

Il semblait bien que si Dhavala avait appris comment poser une question, il ne savait pas encore comment interpréter la réponse. « Corrompre » n’était pas un mot que connaissait l’Eversha et venant d’un vampire, il ne souhaitait pas particulièrement demander des précisions. Même en faisant abstraction de la rencontre initiale, où Kaga se jeta sur la jambe du jeune homme, la petite vampire n’était pas particulièrement amicale. Elle souhaitait visiblement écourter la rencontre.

Pendant qu’il patientait, le voyageur ne pouvait s’empêcher d’observer Kaga. Elle contrastait beaucoup avec la vision populaire que les Evershas portaient aux Vampries. Tout d’abord, elle n’avait pas un aspect repoussant. Les cheveux incolores, les yeux rougeâtres et la peau pâle, ça ne lui donnait pas un aspect en santé, mais on était loin du monstre suceur de sang du folklore. Sauf pour la partie, « suceur de sang. » Ça, aucun doute, c’était vrai et désagréable.

***

Son ensemble de vêtements complété, Dhavala s’empressa d’essayer le tout. C’était étrange, bien qu’agréable, d’avoir un vêtement fait uniquement pour lui. Comme Kaga l’avait annoncé, c’était un ensemble très simple. Le jeune homme avait un doute, puisqu’il n’avait jamais porté de tissu aussi fin et léger, mais il ne laissa peu, sinon rien paraître de cette critique. Le textile eversha pouvait être d’une grande qualité, mais Dhavala n’y avait jamais eut droit. Il n’avait donc jamais porté quoi que ce soit de comparable.

En quelque sorte, c’était la première fois que le jeune homme portait un ensemble fait d’après ses mesures. Il avait donc de nombreuses craintes à leur sujet. Il ne connaissait pas leur résistance, leur durabilité, leur réaction aux éléments… Bref, des soucis de voyageur. Cela dit, Dhavala était satisfait de son expérience. Il était satisfait du travail de Kaga.

« Ça va faire l’affaire. Je te remercie pour ton travail. Accepte ces Tulra pour ta peine. »

Il s’agissait d’une formule que le jeune homme avait entendue plus tôt. Il avait entendu plusieurs variantes, mais celle-là, c’était celle qui avait le moins de mots compliqués. Ce n’était pas tous les acheteurs qui offraient un surplus de pièces, mais Dhavala ne comprenait toujours pas pourquoi cette pratique avait lieu, ou comment déterminer quand l’appliquer. En cas de doute, il préférait imiter la pratique, afin de ne pas mal paraître. De toute façon, dès qu’il aurait quitté cette ville, le voyageur doutait pouvoir trouver un usage à cette monnaie locale et il n’avait aucun intérêt pour transporter des objets sans utilité.

Cette somme supplémentaire donnée à la petite vampire était plutôt généreuse, considérant le travail accompli. Il y avait là près de la moitié de ce qui resterait à l’Eversha après avoir payé la maîtresse de Kaga. Dhavala ne se gardait que de quoi se payer à manger avant son départ. Il n’avait pas l’intention de chercher refuge chez les magiciens, pensant qu’il s’agissait d’un autre terme pour désigner les Sorciers. Un seul ennemi racial était suffisant pour cette nuit. Le jeune homme ne souhaitait pas tenter sa chance pour le deuxième de sitôt.

« Conduit-moi à ta maîtresse. Je dois lui payer tes services. »

Sous peu, le voyageur reprendrait sa route et il avait une grande hâte à ce départ. C’était très stressant de se savoir en territoire ennemi et de constamment être sur ses gardes. Dhavala ne tenait pas à se laisser mordre une fois de plus, que ce soit par Kaga ou un autre vampire. Il s’assurait donc de ne pas lui tourner le dos et de la laisser ouvrir la marche.

La première fois, il avait été surpris et ne pouvait réagir fortement de peur de blesser celle qui devait procéder à la couture de ses nouveaux vêtements. Maintenant, toutefois, la commande avait été honorée et l’Eversha n’était plus tenu à assurer la sécurité de Kaga. Si elle cherchait de nouveau à le mordre, il allait répliquer avec sa propre morsure, une morsure de tigre.

***

Grâce à ces nouveaux vêtements, le voyageur passait beaucoup plus inaperçu dans le décor citadin de Seaghdha. Il ne se fondait toujours pas dans la foule, puisque sa tenue était beaucoup trop simple par rapport à la mode locale. C’était une bonne amélioration comparativement avec ses anciens vêtements qui accrochaient trop le regard des curieux. Au moins, maintenant, Dhavala était simplement sans intérêt. Il n’avait ni l’air d’un riche, ni d’un pauvre.

L’Eversha suivit Kaga alors qu’elle rejoignait sa maîtresse, la dernière personne pour qui Dhavala devait des Tulra. Il ne restait plus grand-chose au jeune homme, alors il lui tardait de s’acquitter de ce contrat et regagner sa liberté. Il aurait d’ailleurs voulu payer d’avance justement pour éviter d’être aussi dépendant de cette personne, mais ce n’était pas la coutume locale. Peut-être est-ce que Dhavala n’aurait pas dû suivre ce conseil, mais il était trop tard pour les remords.

C’est bientôt fini cette histoire de vêtements…

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