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 Une nuit de jeux et de rencontres | Isahya Leone

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Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

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Astriid
Mar 05 Mai 2020, 22:45

Une nuit de jeux et de rencontres | Isahya Leone Fm3t
Une nuit de jeux et de rencontres




Le soir tombe sur Merhoneän, répandant son ombre glacée sur les habitants de la cité conique et de froides lanternes s'allument ci et là dans les rues marchandes pour donner une illusion de luminosité aux visiteurs. Le son des sabots et des roues de calèches sur les pavés me font ouvrir les yeux soudainement dans mon lit. Je suis étonné d'avoir réussi à dormir paisiblement et je reste sans bouger, espérant garder au moins quelques secondes encore cette sensation de paix et de quiétude. Très vite cependant, mes pensées tourbillonnent dans ma tête et je me lève avant d'avoir le tournis. Si je ne suis pas occupé à quelque chose, mes noires pensées m'engloutissent et provoquent chez moi des crises qui me laissent tremblant et faible comme un nouveau-né. Établir une routine aide grandement à maintenir un masque impassible et je procède comme tous les matins à ordonner mon lit, ne laissant pas un pli disgracieux apparaître sur les draps d'un blanc immaculé. Ce n'est qu'une fois lavé, mes cheveux noirs humides gouttant sur le col de ma chemise grise, que je m'autorise à m'agenouiller au milieu de ma chambre pour prier Lubuska. J'attrape le scalpel dans le tiroir de ma table de nuit et procède méthodiquement à m'entailler la peau tendre de l'avant-bras, près du pli. Je prend soin de ne pas trop couper profondément pour ne pas saigner toute la nuit, mais suffisamment pour ressentir cette délicieuse sensation de pincement qui me fait tourner la tête. Je m'autorise un petit soupir de plaisir après avoir murmuré mes prières à Lubuska. Au-delà de ma Créatrice, c'est grâce à la Déesse du Sang que la vie m'a tendu une main, oh une main si froide, mais si bienvenue à un moment de ma vie où j'avais cruellement besoin d'un changement radical. Ma nouvelle vie est peut-être plus radicale que prévu, me rappelle sournoisement ma gorge asséchée par la Soif et je me redresse après avoir une dernière fois tourné mes pensées et remerciements vers l'Aether protectrice des Enfants de la Nuit. Je panse rapidement ma plaie sanguinolente et termine de me préparer pour la nuit.

Je suis en train d'enfiler ma veste quand Laysa pénètre dans ma chambre, un doux sourire sur le visage. «Bonsoir Dorian...» Comme à son habitude, ma Créatrice s'approche de moi et m'embrasse sur la joue, trop près de ma bouche à mon goût mais le contact est terminé avant que je ne puisse esquisser un mouvement de recul. Elle réajuste mon costume trois pièces, elle tient à ce que nous ayons l'air impeccable pour les clients. Nous sommes l'image de la Maison de Jeux des Lang et ma Créatrice ne permettrai pas que nous ternissions par quelque manière sa réputation grandissante. Après un rapide crochet par la cuisine pour subvenir à mes besoins de vampire nouveau-né, elle prend mon bras, sa main fine reposant sur mon bras, à peine plus lourde qu'une plume. A sa manière, elle est plus délicate que ma soeur, ses mouvements gracieux sont toujours effectués avec lenteur, comme pour permettre à ses interlocuteurs le temps d'admirer son allure et sa présence. Elle ne parle jamais de son passé mais je la soupçonne d'avoir été danseuse car on perçoit à sa manière de se mouvoir un équilibre aérien et exercé. Sa robe moulante noire traîne légèrement derrière elle tandis que nous descendons vers le rez-de-chaussée. Ce que nous appelons notre Maison de Jeux est en fait une maison étroite donnant sur une rue de Warminea, le quartier marchand de la Merhoneän. Le premier étage est réservé à notre famille tandis que le rez-de-chaussée et le sous-sol sont pour notre activité. Comme toute Maison de Jeux qui se respecte, nous n'ouvrons que le soir, un peu avant minuit pour les clients, Enfants de la Nuit ou non, amateurs de jeux d'argent et de hasard. J'ai découvert que notre établissement était aussi grandement appréciée par les visiteurs non vampires qui souhaitaient ressentir le frisson du danger et pouvoir se vanter plus tard d'avoir joué avec des buveurs de sang. Pauvres imbéciles. Nous passons dans l'étroit couloir sombre bordé de bandit manchots, nos pieds foulant au même rythme l'épais tapis rouge avant de passer les lourdes tentures dissimulant l'escalier en colimaçon en pierre noire qui mène à la pièce maîtresse de notre maison. Selyne, sa mince silhouette sanglée dans une combinaison en soie noire avec des motifs d'orchidées blanches, a déjà quasiment terminé de préparer les lieux pour les clients. Le barman, un ami de la famille qui sert aussi de videur, essuie des verres et nous salue avec un large sourire que je ne lui rend pas. Selyne part ouvrir la porte d'entrée pour inviter les premiers clients à entrer et je suis Laysa comme son ombre alors qu'elle s'installe sur un tabouret moelleux à une table. La nuit peut commencer.
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Ven 08 Mai 2020, 19:24



Cela faisait des jours qu’ils voyageaient. Cisaille gelée, le blizzard tailladait le visage d’Isahya. Progresser à travers la montagne prenait les contours d’un cauchemar un peu trop tangible à son goût. Bleuies par le froid, ses lèvres ne s’entrouvraient que pour murmurer une prière à Ethelba. Mourir dans la neige ne servirait pas la cause de la Mère du Chaos ; elle ne la laisserait pas s’éteindre ici. À condition que sa foi ne faiblisse pas. Impassible, le vieillard avançait, se retournant à peine pour vérifier sa présence. Comment diable parvenait-il à tenir le rythme, malgré son âge avancé ? Sans doute la Déesse lui prêtait-elle sa force. La ferveur pour horizon, la Sorcière s’obstina. Refuge inespéré, Merhoneän lui apparut comme un rêve. Épuisée par le périple, elle sombra dans l’inconscience aux portes de la ville. Le lendemain, lorsqu’elle ouvrit les yeux, la silhouette grave de son grand-père se tenait au-dessus d’elle. Rasséréné, il l’entraîna sans explication à Minea. Une floraison de boutiques couronnait la rue. Au gré de la promenade, elle s'arrêta pour observer les couvre-chef. On les disait d'une élégance rare, et elle ne pouvait que le confirmer. Oeuvres d’art plus que marchandises, les chapeaux étalaient leur feutré sur un étal. « Regarde ce que j’ai trouvé. Tu devrais le porter le jour de ton mariage. » D’humeur mesquine, Darius lui fourra une coiffe entre les bras. D’un rose prononcé, la chose convenait davantage à une fillette de cinq ans qu’à une adulte. Dégoûtée, elle le reposa sans faire de commentaire. L’air courroucé du vendeur lui échappa.

En fin de journée, ils se dirigèrent vers l’auberge pour déposer leurs emplettes. Le vieillard piqua un somme sur le matelas ; sa petite-fille suivait les lignes d’un manuel à la couverture de cuir. À en juger par les annotations sur le côté des pages, le livre appartenait autrefois à son père, et elle voulait croire que ses doigts ne l’avaient pas saisi par hasard. Un traité sur les potions qui se montrait particulièrement retors, dans la mesure où ses secrets refusaient de lui rester en mémoire. Sans doute le voyage la privait-elle de ses facultés. Envisager une alternative sensiblement plus plausible lui était inconcevable. Concentrée sur l’ouvrage, elle ne remarqua pas la disparition du jour. Valériane, belladone, armoise. En connaître les noms ne la renseignait pas sur leurs propriétés, et malgré une lecture acharnée, ces dernières lui échappaient. La bougie projetait sur l’encre des lueurs hésitantes, troublant de temps à autre les caractères. Il fallait persister ; elle fronça les sourcils. Lorsque son chaperon reprit connaissance, il l’informa qu’ils sortaient. Surprise, elle l’informa de son désir de rester dans la chambre. La fatigue ne tarderait pas à se faire sentir, et elle devait encore honorer les Aetheri. Darius le lui refusa. D’humeur déplorable, elle enfila sans conviction la tenue qu’il lui tendit. Il lui faudrait se coucher à une heure plus que tardive pour mener à bien ses rituels : peut-être ne pas dormir du tout.

Comme s’il connaissait les lieux, le Sorcier conduisit Isahya à travers la ville. Il lui sembla que les rues s’étaient soudainement peuplées. Un torrent d’individus coulait entre les bâtiments. Ses souvenirs ne montraient pas la même facette. Perdait-elle la tête ? « Je te déconseille de t’éloigner. » Loin de l’inquiéter, l’avertissement de Darius suscita un ricanement. Lui désobéir s’accompagnait de conséquences désagréables : vingt ans de provocations lui avait appris quand ne pas franchir la limite. Néanmoins, elle ignorait comment retourner à l’auberge. Ils s’arrêtèrent devant une maison. D’autres attendaient déjà sur le seuil, et avant qu’elle n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche, ils entrèrent. De toute évidence, il s’agissait d’une salle de jeux. Alors qu’ils s’installaient à une table, la brune ne put s’empêcher de railler son aîné. « On ne pourrait pas occuper notre soirée à quelque chose de plus utile ? » Retarder ses prières lui valait inévitablement son animosité. Le regard désapprobateur qu’il lui adressa ne suffisait pas à l’apaiser. Il vida le contenu d’une besace sur le plateau. « Surveille ton langage. L’argent est source de réjouissances, pour certains. » Une moue dédaigneuse se peignit sur son visage. Que pouvaient bien trouver les gens à des pièces de monnaie ? Elle ne comprenait pas, et l’envie de faire des efforts avait disparu. « Hm. Je préfère les livres. » Agacé par son attitude, Darius lui fit signe de s’éloigner : elle ne se fit pas prier. Pendant de longues minutes, Isahya louvoya entre les tables sans oser s’asseoir. Observer les autres ne lui permettait malheureusement pas d’appréhender le déroulement des parties. Pestant contre sa stupidité, elle s’installa au bar, s’efforçant de paraître indifférente. « Je ne sais jouer à rien, et mon grand-père n’a pas la patience de m’expliquer les règles. Qu’est-ce que vous servez ? » À défaut de s’amuser, elle comptait bien se désaltérer.

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Astriid
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Dim 10 Mai 2020, 17:08

Une nuit de jeux et de rencontres | Isahya Leone Fm3t
Une nuit de jeux et de rencontres




Le barman à la carrure impressionnante lui sourit chaleureusement mais ses yeux restèrent froids. Il lui indiqua le tableau en ardoise derrière lui où étaient indiqués le choix de boissons. «Mais pour toi joli coeur, je te conseille notre cocktail épicé, c'est fruité et fort en bouche à la fois. Tu m'as l'air épuisée et frigorifiée et ce poison te réveillerait un mort, petit lapin.» Il rit et retourna à d'autres clients en attendant que la jeune femme fasse son choix.
Le sous-sol était maintenant rempli de clients avec toutefois une majorité de non-vampires, le froid attirant les voyageurs de passage vers des activités susceptibles de se réchauffer à plusieurs. La salle était désormais enfumée par les cigares des clients, masquant les visages des personnes à plus de deux mètres de distance. Le bourdonnement des voix emplissait l'air, avec parfois un éclat de voix victorieux lors d'une partie brillamment menée jusqu'à la victoire.

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«Mon chéri, va t'occuper au bar et aider Sven à faire le service, tu seras plus utile qu'ici et tu libéreras une place pour la prochaine partie de Baccara.» Je sorti de ma torpeur et acquiesça silencieusement. Les jeux m'ennuyaient et j'aurai préféré rester dans ma chambre pour lire et prier Lubuska plutôt qu'étouffer ici bas. Comme ils paraissaient futiles, les sourcils froncés, une goutte de transpiration roulant sur la tempe, agissant comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort. Ils se donnaient un air sérieux et de personnes importantes qui m'insupportait. Oh bien sûr, lors de certaines soirées exceptionnelles, c'était le cas et les mises allaient au delà de simples pièces d'or mais Laysa refusait que j'assiste à ce type de soirées pour le moment, pas tant que je saurais maîtriser mes pulsions. Je me levai, aussi discret qu'une ombre malgré ma haute taille. Les joueurs, plus concentrés sur leur jeu de cartes que sur le vampire invisible que j'étais, ne me prêtèrent aucune attention. Ça me convenait, j'aimais qu'on me laisse tranquille. Je ne trouvais aucun intérêt dans les jeux et encore moins en faisant la discussion avec ces clients pompeux mais Laysa tenait à ce que je participe aux activités de la Maison de Jeux. J'imaginais qu'elle tenait à ce que j'entretienne du lien social et je ricanai intérieurement, la pauvre folle jalousait même le barman quand Sven tentait d'engager une conversation de plus de cinq minutes avec moi mais oui, allons faire du lien social.
J'approchai du bar et saluai Sven d'un mouvement à peine perceptible du menton et aperçut la jeune femme au bar. Je l'avais vue faire la girouette plus tôt, observant les différentes tables de jeu sans jamais s'installer à une. Ses tatouages dorés m'avaient intrigué, c'était si voyant, qu'est-ce qu'elle cherchait à montrer ? Ils contrastaient avec la sévérité de ses vêtements et je me demandais si elle n'était pas bipolaire comme Laysa. Rapidement, je cessai de me poser des questions. C'était fatiguant de se poser des questions et il me tardait ardemment la fermeture de la Maison pour retourner au calme de ma chambre et éventuellement faire une sieste avant de me plonger dans un livre. Un air ennuyé sur mon visage, j'empilai les verres sur un plateau avant de repartir pour servir les clients. Du moins était-ce mon intention car je trébuchai sur un pli de la moquette vicieusement disposé à la sortie du bar et je renversai tout le contenu de mon plateau sur la jeune femme aux tatouages. «Et merde» murmurai-je en voyant les regards se tourner vers nous brièvement avant de retourner à leurs jeux, j'eu le temps de voir la joie manifeste de mon adorable soeur, la dinde se gaussait de chaque situation où je me ridiculisais. Je m'agenouillai pour ramasser les verres qui, par chance, ne s'étaient pas brisés. La moquette en revanche, était fichue. Je levai les yeux vers la jeune femme qui dégoulinait sur son tabouret. La prochaine fois peut-être qu'elle choisirait d'aller jouer plutôt que de traîner au bar. Je croisai derrière elle le regard sévère de ma Créatrice et je me sentis obligé de faire quelque chose pour la cliente. Retenant un profond soupir, je pris un ton faussement désolé «Excusez-moi Mademoiselle, puis-je vous proposer de vous guider vers nos appartements où vous pourrez vous nettoyer ? Nous pouvons mettre nos serviettes à votre disposition et vous commander ensuite une calèche à nos frais pour que vous puissiez rentrer vous changer.»
Quitte à se trouver dans une situation déplaisante, autant en profiter pour quitter le temps de quelques minutes l'étouffante atmosphère de la salle. Je supportai difficilement les odeurs de tabac, d'alcool et de transpiration qui imprégnaient chaque nuit le sous-sol. Je ne parvenais pas à m'habituer aux nouvelles facultés de mon odorat et j'avais du mal à réfléchir face à l'afflux d'informations que cela occasionnait. L'objectif sous-jacent à ma proposition serait aussi de provoquer ma Créatrice qui ne supportait pas de me savoir seul avec une autre personne. J'espérais qu'elle serait si furieuse qu'elle me demanderai de ne pas venir la nuit prochaine pour faire le serveur et éviter de me trouver dans des situations qu'elle ne contrôlait pas.

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Dim 17 Mai 2020, 19:42



Déchiffrer le nom des boissons sur l’ardoise ne renseigna pas Isahya sur ce qu’elles contenaient. Contrariée par son ignorance, elle décida de suivre la suggestion de son interlocuteur.  Parfois, elle songeait que les heures plongées dans les livres la privaient de bien des délices. Lorsque sa commande arriva, elle glissa la moitié de ses pièces sur le comptoir, sans se soucier de ce qu’elle devait réellement. Dépenser à outrance l’argent de Darius était un moindre mal ; la puérilité de sa vengeance lui échappait totalement. Surprise par la présence d’une fleur couleur de terre, elle attendit que personne ne regarde et l’extirpa du liquide. Intriguée, elle croqua dedans. Son visage se décomposa à mesure que l’anis tapissait sa langue. Dégoûtée de sa découverte, elle lui rendit sa place d’origine. Sans doute n’était-ce pas la bonne façon de consommer le végétal : elle faisait confiance au liquide pour en dissiper le goût. Le verre entre les doigts, elle se demanda ce qu’Ethelba penserait de la voir ainsi, accoudée à un bar. Au lieu de psalmodier pour ses rituels, ses lèvres s’imprégnaient d’alcool. Elle ne faisait honneur ni aux Sorciers, ni aux divinités. Agitée par ce piètre constat, elle but en silence. Pourquoi n’avait-elle pas pensé à apporter un livre ? Morose, elle s’efforça de se remémorer sa lecture du jour. Légèrement grisée par le cocktail, la brume qui empesait son esprit se dissipa quelque peu. Sa révision de fortune porta étonnamment bien ses fruits. Sans doute les Aetheri aimaient-ils aussi profiter de la vie lorsque l’occasion se présentait.

Cependant, les sons s’amplifiaient sans cesse, volant le devant de la scène à ses souvenirs. Tentant de faire abstraction du monde autour d’elle, elle revint brusquement à la réalité lorsqu’une quantité invraisemblable de liquide s’abattit sur ses vêtements. Ahurie, la Sorcière ne réagit pas tout de suite, observant sans comprendre un serveur ramasser des morceaux de verre éparpillés sur la moquette. Malgré ses efforts, la soirée s’échinait à l’écarter de ses priorités. Une étincelle de colère tressaillit dans ses entrailles, étouffée par les excuses du jeune homme. Ses lunettes ne lui permettaient manifestement pas de voir où il mettait les pieds. Une remarque cinglante en bouche, la brune se retint au dernier moment. « Merci pour votre proposition, mais si je sortais maintenant, je crois que mon grand-père me tuerait. Il n’est pas du genre compréhensif. » Par réflexe, sa main frotta nerveusement le tatouage sur son bras. Les cicatrices avaient beau avoir disparu, elle en porterait toujours les traces. En toute sincérité, elle ne savait si désobéir à Darius la terrorisait ou l’excitait. « Cela dit, j’apprécierais un peu de calme. » La perspective d’enfin échapper à l’atmosphère suffocante de la salle la réjouissait, et elle suivit le jeune homme sans demander son reste. Ravie, elle n’éprouvait pas la moindre contrariété au sujet de sa tenue dégoulinante ; c’était un moindre mal pour être délivrée de la surveillance du vieillard. Une pensée en particulier l’enthousiasma. Peut-être découvrirait-elle un trésor derrière l’écarlate oppressant des tentures ?

Lorsque ces dernières se refermèrent sur eux, un soupir de soulagement lui échappa. Le tissu transformait déjà la symphonie désordonnée des clients en un souvenir à effacer. L’effervescence disparue, elle se sentait bien mieux. « Je ne sais pas comment vous faites pour supporter cet endroit. On dirait que c’est un concours pour savoir qui fera le plus de bruit ou de fumée. » L’impertinence de sa remarque ne la fit réagir que trop tard. À ses yeux, il s’agissait d’un sacré foutoir, et il lui arrivait quelquefois de ne pas savoir se taire. N’ayant aucune envie de s’excuser, elle se mordit la lèvre inférieure et emprunta l’escalier que son hôte lui désignait. La situation l’incitait à faire des efforts ; elle ne connaissait pas les lieux, et s’attirer les foudres du serveur lui vaudrait probablement un retour plus rapide que prévu à sa place d’origine. Arrivée à l’étage, elle se tourna vers lui. « Hm. J’ai l’habitude de passer mes soirées en compagnie des livres, plutôt que dans une salle de jeux. Qu’est-ce qui vous plaît ici, au juste ? » Il fallait reconnaître que la réponse l’intéressait sincèrement. Bien qu’éloignée de sa propre perception, elle lui fournirait une clef pour envisager un point de vue différent du sien, et elle savait que le processus ne pouvait qu’enrichir sa réflexion. Les traits pâles de son interlocuteur la firent soudain réagir. Plus inquiète de devoir retourner auprès des autres que de sa santé, elle posa une main sur son bras. « Vous n’avez pas très bonne mine. Vous devriez manger quelque chose. » Sans savoir où aller, elle attendit que le brun lui indique la direction à suivre.

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Jeu 21 Mai 2020, 19:41

Une nuit de jeux et de rencontres | Isahya Leone Fm3t
Une nuit de jeux et de rencontres




Silencieusement, je guidais la jeune cliente jusqu'aux appartements des Langs. Nous longeâmes un étroit corridor qui avait une légère odeur de poussière et de vieux meubles. Toutes les portes menant à nos chambres et pièces privées étaient closes, exception faite pour la pièce au bout du couloir, dont la porte était à demi-ouverte, semblant nous inviter à la rejoindre. Des portraits d'hommes et de femmes sévères accrochés de chaque côtés du couloir nous suivaient de leur regard mort. Ils arboraient tous un physique différent, toutefois, leur point commun résidait dans la pâleur de leur teint, distincte malgré la peinture désormais fade après le passage du temps. De froides lanternes éclairaient notre chemin, diffusant une luminosité suffisamment basse pour ne pas aveugler les Enfants de la Nuit et permettant aux non-vampires de ne pas se retrouver dans le noir complet. Je regrettai d'avoir raté le visage de Laysa en quittant la salle, elle devait être folle de rage et j'allais probablement regretter mes faux-pas de ce soir. Mais je pleurerai plus tard des conséquences, ce qui était fait était fait et il n'était pas dans ma nature de regretter mes actes. Du moins pas depuis ma renaissance. Je ne serai apparemment pas le seul à essuyer les pots cassés car la cliente avait elle aussi un protecteur mais elle ne semblait pas se soucier vraiment de le quitter. Voilà un point commun entre nous. Elle n'était pas trop antipathique à première vue. J’acquiesçai silencieusement à sa seconde remarque. Second point commun. Je n'appréciais pas non plus la salle de jeux. Lyrienn, je n'étais déjà pas un citadin et je n'étais pas habitué aux endroits clos. Voilà encore une chose à laquelle je devais m'habituer... Je n'en avais pas encore parlé avec ma Créatrice mais il n'était pas dans mes plans de continuer à tenir boutique. Grand bien lui fasse de tirer les cartes à de ventripotents et sordides clients, j'avais d'autres projets pour ma nouvelle vie.
Maintenant que nous avions échappé aux lourdes odeurs de la salle de jeux, mon nez n'était plus bouché par les fumées des cigares et de l'alcool et je devenais de plus en plus conscient du sang chaud qui habitait la jeune femme qui me suivait. Heureusement pour moi, et pour elle, l'odeur de l'alcool dont elle était imbibée masquait l'odeur enivrante de son sang. La première règle chez les Langs était de ne jamais faire couler le sang des clients de notre Maison de Jeux. Laysa et Selyne étaient très à cheval sur cette règle, aussi commençai-je à questionner légèrement l'intelligence de notre soudain isolement. Le frisson de l'interdit et du danger m'excitait un peu et ma respiration se fit plus rapide, ce que la jeune femme ne pouvait pas manquer dans le silence qui régnait entre nous. Elle risquait de me prendre pour un pervers et un sourire se dessina malgré moi, je m'imaginais chasser la demoiselle en détresse, fuyant en croyant avoir affaire à un violeur psychopathe, l'adrénaline générerait un goût et une odeur particulière à son sang. Avec un peu de chance, elle était vierge et arracher la douce peau de son cou n'en serait que plus exquis. Je me giflais mentalement pour me reprendre. J'étais bon pour le caniveau ou la mise à mort si je me laissais aller à mes nouveaux penchants. De plus, je ne savais rien de cette femme, elle pouvait peut-être me détruire en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ma Créatrice me mettait fréquemment en garde contre mes pulsions. «Prends garde, Dorian», me chuchotait-elle à l'oreille certains matins avant d'aller dormir, «Tu as plus de chances de tomber sur quelqu'un de plus fort que toi que l'inverse. Trop nombreux furent les nouveaux-nés morts trop tôt par pure sottise. Utilise ta tête en premier. Utilise ta tête aussi dans un second temps. La sécurité toujours mon amour, je ne veux pas te perdre alors que nous commençons si bien à nous entendre.»
Pris dans mes tourments personnels, je m'aperçu un peu tardivement qu'elle m'avait parlé et je fis un effort pour tenter de me rappeler ses questions. Ne souhaitant pas engager une discussion mais ne voulant pas non plus paraître désagréable avec une cliente, je répondis d'une voix basse et désintéressée : «C'est un travail comme un autre. Il y a mieux, et il y a pire mais c'est ce que je fais. Je n'en tire pas un grand plaisir. Je le fais car je le dois.» Je préférais ignorer sa seconde remarque, je m'en étais douté mais elle venait de le confirmer. Elle ne s'était pas aperçue que j'étais un vampire, ce qui expliquait qu'elle me suivisses ainsi. La sotte. A ce rythme, j'allais en effet manger quelque chose et nous verrons qui n'a pas bonne mine quand les premières lueurs du jour s'abattront sur la cité.
Finalement, nous arrivâmes dans la pièce principale où nous recevions les invités. Une bibliothèque formait tout un pan de mur avec un petit escabeau pour atteindre les niveaux supérieurs. Un sofa moelleux en velours émeraude ainsi que deux fauteuils assortis étaient disposés non loin de la bibliothèque, autour d'une table basse en verre trempé. Je l'invitais à s'asseoir avant de m'éclipser pour aller chercher une serviette pour lui permettre de s'essuyer un minimum. Je revins très peu de temps après et lui tendit la serviette. Par pure politesse, je demandais «Vous plaisez-vous à Merhoneän ? Etes-vous venue dans le cadre d'un travail ou d'un voyage ?»

848 mots



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Lun 25 Mai 2020, 09:34



Enveloppée par la tranquillité, la jeune femme en appréciait les moindres silences. Le soulagement ayant relâché ses épaules, elle se savait capable de ne pas bouger du couloir de la nuit. Retourner dans la salle de jeux ne lui inspirait rien, et elle appréciait la discrétion de son hôte. Il ne lui vint pas un seul instant à l’esprit que celle-ci n’avait rien de naturel. « Je vois ce que vous voulez dire. Nous avons tous des obligations. Ce qu’on veut vraiment ne compte pas toujours. » Obéir à la volonté d’autres individus depuis l’enfance émoussait ses désirs, et pour être honnête, elle ignorait ce qu’elle aurait dans des circonstances différentes. Cette pensée la contraria profondément. Bien que la suggestion de César lui ouvre des perspectives jusque-là inconnues, elle aurait préféré en avoir elle-même l’idée. « Je pense que j’aimerais avoir un métier, un jour. Faire quelque chose où je sois vraiment douée. Ce qui n’est pas franchement le cas aujourd’hui. » Pour en arriver là, elle devrait faire des progrès considérables. Des heures d’études lui tendaient les bras. Pensive, elle prenait garde à ne pas tâcher la pièce dans laquelle elle avait été conduite. Rassérénée par la vue des rayonnages, elle se détendit pour de bon. Guillerette, elle observa de loin les ouvrages, hésitant à s’en approcher. Lorsque le serveur s’éclipsa, elle en profita pour laisser courir ses doigts sur l’une des couvertures. Il lui tardait de rentrer à l’auberge. Avant de causer des dégâts, elle s’éloigna et s’empara sans demander son reste de la serviette salvatrice.

Dégager le liquide qui collait à sa peau se révéla plus délicat qu’elle ne l’aurait cru. La question de son interlocuteur la laissa quelque peu perplexe. L’impression que lui renvoyait la cité était partagée. « Il fait au moins... - 8000 ! » La brune se mordit la lèvre ; elle avait parlé sans réfléchir. Son nettoyage achevé, elle entreprit de s’asseoir. Soigneusement, elle déposa le tissu replié sur le fauteuil pour éviter de répandre l’alcool à sa surface et y prit sagement place. La Sorcière n’était pas particulièrement polie ; César lui avait insidieusement enseigné l’art de ne rien abîmer. Il lui sembla que les effluves amères avaient diminué. « Je dois avouer que j’aime la montagne. La neige m’hypnotise. Par contre, il y a un peu trop de monde à mon goût. » Qu’il s’agisse ou non de son peuple, elle n’avait jamais apprécié la foule. Perdue au milieu des inconnus, elle se trouvait désagréablement vulnérable, et elle détestait ressentir sa fragilité. Avoir conscience de ses faiblesses ne l’empêchait pas de les ignorer la plupart du temps. Rendue bavarde par sa question, elle leva les yeux vers le serveur. « Je suis venue avec mon grand-père. Il perd parfois la tête, alors mon père a pensé qu’un peu d’air frais lui ferait du bien. Je suis son chaperon, en quelque sorte. » Ce n’était pas exactement la vérité : l’inconnu ne se formaliserait pas de cette légère déformation. Malgré sa décontraction, il ne valait mieux pas trop en dire sur son ignorance du monde. Ramener la conversation sur le brun serait sans doute plus prudent. « Vous vivez ici depuis longtemps ? » Distraite, elle remarqua que la table impeccablement nettoyée comportait en son centre un petit géranium. Le végétal tranchait la sobriété de la pièce.

En écoutant sa réponse, une idée sournoise effleura son esprit. Attendre dans la salle de jeux que Darius ait terminé sa partie, mouillée et ennuyée, ne l’inspirait pas. En revanche, elle tenait peut-être le moyen d’assurer sa tranquillité et de procéder à ses rituels. Joyeuse de sa trouvaille, elle arbora un air gêné. « Je n’ai pas très envie de retourner là-bas, mais j’imagine que vous ne pouvez pas me laisser seule. Ça vous embêterait si nous restions un peu ? » En vérité, elle avait d’abord pensé à lui demander s’il n’existait pas une autre porte de sortie pour retourner à l’auberge. Son déplorable sens de l’orientation l’en avait dissuadée. Cependant, le serveur avait avoué son manque d’intérêt pour son métier, et elle se mit à croire que sa stratégie porterait ses fruits. Il suffisait de se montrer suffisamment ingénieuse pour qu’il ne se doute de rien. Lentement, elle s’enfonça dans le fauteuil. « Si vous avez des choses à faire, je comprendrais. De toute manière, je suis épuisée. » À cette heure tardive, sa somnolence ne surprendrait personne. Feindre la fatigue représentait sa meilleure chance d’arriver à ses fins : il finirait sûrement par vaquer à ses occupations lorsqu’il la verrait enserrée dans l’étreinte du sommeil, et elle pourrait alors murmurer les prières qui, patientes, mouraient pour l’instant sur ses lèvres. La simplicité de son plan lui assurerait le succès, et elle aurait en récompense le plaisir de rendre hommage aux Aetheri. C’était parfait. Retenant l'éclat de rire qui lui chatouillait la gorge, Isahya ferma les yeux. Sa tête bascula doucement sur le côté. La chance lui souriait enfin.

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Astriid
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Astriid
Lun 01 Juin 2020, 17:56

Une nuit de jeux et de rencontres | Isahya Leone Fm3t
Une nuit de jeux et de rencontres




Je n'écoutais qu'à moitié ses bavardages, plus fasciné par les mouvements que ses mains effectuaient pour s'essuyer avec la serviette que par ce qu'elle disait, je désirai ardemment savoir si sa peau était douce sous ses tatouages. Je n'avais jamais encore mordu personne mais je pouvais aisément imaginer les sensations, comme un jouvenceau imagine sa première fois, un moment intense et magique à sa manière. Je me rappelai qu'elle était en train de parler et grognait un acquiescement pour faire comme si je l'écoutais et éviter qu'elle s'offusque. Bla bla bla il fait froid, bla bla mon grand-père, Gertrude causait bien plus que prévu. Il est vrai que j'avais posé une question mais c'était par pure politesse. Je me fichais pas mal de savoir si elle aimait ou non Merhoneän. J'appréciai toutefois qu'elle prenne soin de ne pas tâcher ce qu'elle touchait avec sa robe trempée, ça me ferait ça de moins à nettoyer et j'avais le désordre en horreur. «Plus ou moins oui.» marmonnai-je pour couper court à ses bavardages. Peine perdue car elle reprit en proposant de manière subtile que nous restions ici en attendant... quoi exactement ? En temps normal, le lion ne s'associe pas avec le cafard mais nous avions un intérêt commun dans cette histoire : la paix et la tranquillité. Ce pouvait être un bon compromis. Un second grognement pour approuver l'idée et j'allais récupérer un traité sur les différents sorts liés à la Magie du Sang dans la Bibliothèque pour m'occuper en attendant que le temps passe. Je m'installai face à elle en l'ignorant comme si elle n'était pas là et me plongeai dans ma lecture. Ou du moins j'essayai. J'étais constamment distrait par sa présence que je ne parvenais pas à occulter. Si j'arrivais à ignorer facilement d'autres Créatures de la Nuit, l'histoire était différente avec une outre de sang et de chair. Je jetais pour au moins la cinquième fois un regard vers elle pour observer la douce courbure que formait son cou alors que sa tête était légèrement penchée sur le côté, ses cheveux noirs glissant pour dévoiler une peau diaphane marquée par ses tatouages. Je me pinçai l'arrête du nez avec fureur pour contenir mes pensées qui galopaient à toute allure. Je me sentais comme un Déchu de la Gourmandise devant une tartelette aux fraises sur son lit de crème pâtissière. Je me forçai à revenir sur la phrase du traité que je relisais pour la trentième fois, les lettres dansant devant mes yeux sans faire le moindre sens. J'avais l'impression de n'entendre que le roulis des vagues dans ma tête, je ne parvenais plus à formuler de pensées cohérentes et je me rendis compte avec retard que j'avais fermé le livre pour fixer la cliente. La pauvre créature s'était assoupie et je déposais le livre sur le fauteuil après m'être levé. Je vins ensuite silencieusement m'accroupir devant la jeune femme, fasciné par les mouvements réguliers de sa poitrine, même sa respiration me paraissait exquise. Mon regard oblique en rien n'est lubrique et je sentis mes canines s'allonger douloureusement dans ma bouche. Comme pressentant le festin à venir, la Soif alluma un feu de joie dans ma gorge et je gémis presque de douleur mais me retins à temps. Il ne s'agissait pas de la réveiller. Je défit un bouton de ma chemise qui appuyait sur ma gorge pour tenter de soulager la brûlure intense qui me commandait de fondre sur ma proie. Après un débat interne qui sembla éternel, la conclusion fut que je m'entêtais à me foutre de tout avec une seule pensée en tête : Pourvu qu'elle soit douce. Je me penche en retenant mon souffle et enfin, n'y tenant plus, je plonge mes crocs dans son cou tout en maintenant ses bras le long de son corps pour la tenir immobile. La sensation est immédiate et délicieuse et un violent frisson de plaisir me parcourt. C'est encore mieux que je ne l'aurai pensé et j'aspire goulûment son sang tant et si bien que le liquide précieux déborde de ma bouche pour dégouliner sur mes vêtements et les siens. En plein délire, je perd totalement la tête et ignore les réactions de ma victime, perdu dans les sensations nouvelles qui m'envahissent, la Soif en moi s'apaisant graduellement mais je ne lâche pas prise, pas même quand j'entend la porte s'ouvrir dans mon dos dans un claquement sec. Bruits de pas précipités. Une vive douleur à l'arrière du crâne et je roule des yeux et grogne en resserrant instinctivement ma mâchoire sur cette peau si douce. La main dans mes cheveux insiste et me secoue la tête en la tirant en arrière un peu plus, m'arrachant des cheveux au passage, tandis que d'autres bras se chargent de me faire lâcher la jeune femme. Obligé de céder, j'emporte toutefois un petit morceau de son cou que je mâchonne rapidement de peur qu'on me le vole aussi. Je me débat et tente de mordre les mains qui me retiennent quand je me prend une gifle monumentale qui fait partir ma tête sur le côté. Éructant, les yeux fous, je finis toutefois par me calmer en entendant la voix de Laysa qui me commande d'arrêter mes bêtises. Mon corps devient mou, soumis à ma Créatrice par notre lien et je commence à reprendre conscience de ce qu'il se passe, la vision devant mes yeux gagnant en netteté. Un homme se tient près de la jeune femme que j'ai attaqué et Laysa se répand en excuses, promettant les pires corrections à mon égard, un dédommagement ainsi que l'adresse d'un docteur qu'elle connaît bien et qui se spécialise dans ce genre d'incidents, fréquents à Merhoneän. A cet instant, ma soeur arrive, les yeux brillants de curiosité. «Laysa, j'ai besoin de toi en bas.» lance-t-elle comme excuse pour expliquer sa présence ici. «Quoi encore ?» réponds sèchement la vampire, excédée. «Eh bien c'est les frères Krenzib, ils...» continue Selyne avant de se faire couper par Laysa : «Peu importe leurs noms! Viens-en au fait.» Ma soeur se dépêche d'expliquer rapidement le problème et Laysa lui donne quelques instructions avant de se retourner vers le vrai problème qu'elle avait littéralement dans ses mains. Comme drogué, je tente de détendre l'atmosphère avec un petit sourire contrit qui perdait en crédibilité avec le sang qui maculait mes dents et ma bouche : «Et sinon je m'appelle Dorian Lang, désolée pour le euh, pour elle.»

1090 mots
Je suis navrée pour les euh les références... /sbaf



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Sam 06 Juin 2020, 20:42



Lorsqu’on veut jouer les stratèges, mieux vaut connaître tous les paramètres d’une situation. Ayant soigneusement oublié ce détail, Isahya reposait dans le fauteuil. Sans oser bouger, elle espérait que le serveur ne tarderait pas à retourner à ses activités ; elle doutait que sa patience dure encore bien longtemps. À mesure que les secondes s’égrenaient, la fébrilité sillonnait dans ses veines. D’ici quelques instants, ses paroles s’élèveraient dans la nuit et chatouilleraient les oreilles de la Mère du Chaos. Un bruissement léger qu’elle ne sentirait peut-être pas, mais dont l’absence déclencherait son ire. Incapable d’envisager que l’Aether ne lui prêtait pas la moindre attention, son retard la rendait nerveuse. La brune envisagea de se consacrer mentalement à ses prières. Il fallait tenter : si elle ouvrait un œil, l’autre s’apercevrait qu’elle ne dormait pas. Malheureusement, les mots se mélangeaient sous son crâne en un lancinant fouillis. L’alcool assombrissait ses facultés déjà dérisoires, et elle penchait bien plus vers la somnolence qu’elle ne voulait se l’avouer. Les paupières lourdes, elle luttait silencieusement pour ne pas s’endormir. Ne pas rendre hommage aux divinités lui paraissait une totale hérésie. La Lune Noire n’avait pas mis ce garçon maladroit sur sa route sans raison. Il lui avait permis de s’isoler, et elle l’en remerciait infiniment. À présent, elle devait provoquer sa chance. La Grande ne donnait pas toutes les clefs : son amour se méritait, et quand bien même elle ne partait pas gagnante, la Sorcière comptait bien réussir un jour à attirer son attention.

En l’occurrence, elle venait par mégarde de captiver un compagnon nettement moins prestigieux qu’une divinité. Quelque chose s’enfonça dans sa gorge. Au début, elle pensa qu’il s’agissait d’un rêve. Une chose pareille ne pouvait lui arriver. Une sensation désagréable se diffusa dans sa chair. Cela ne ressemblait pas vraiment à une brûlure ; elle n’aurait su dire exactement quel genre de douleur s’insinuait en elle. En revanche, elle faisait indéniablement partie de la réalité. Quelqu’un l’attaquait. Éberluée par la tournure des événements, elle ouvrit brusquement les yeux. Le serveur se tenait contre elle, et étanchait sa soif d’une façon relativement brutale. Indignée par l’agressivité de sa politique, elle ressentit une pointe de colère à son encontre. Incapable de résister à l’étreinte du Vampire, elle se débattit à la manière d’un pantin désarticulé. Agacée par sa propre faiblesse, elle cessa finalement de remuer : elle ne parviendrait à rien, et ses pensées devenaient étrangement troubles. Un liquide d’une nouvelle sorte macula sa tenue. Dégoûtée de le savoir hors de son corps, elle voulut crier. Les crocs effacèrent son appel à l’aide. Elle avait l’impression détestable que quelque chose était aspiré loin d’elle. Ce n’était pas correct. Peut-être s’agissait-il d’un châtiment pour avoir repoussé ses prières ; elle n’avait pas su imposer ses priorités à Darius, et les dieux ne s’encombraient pas d’excuses. Il lui faudrait se montrer plus ferme à l’avenir. Pour l’heure, sa volonté se diluait aussi vite que son sang s’écoulait. La perte de connaissance lui tendait les bras.

Une apparition salvatrice fit office de miracle. Avant d’avoir le temps de distinguer des visages, la brune sentit une douleur déchirante à l’endroit précis où le serveur l’avait mordue. Sonnée par le choc, elle manqua tomber du fauteuil. Des bras se saisirent de son corps pour la retenir. Sa vision se troubla un instant. Au loin, elle percevait la voix d’une inconnue. « Isahya ! Isahya, tu m’entends ? » Tant bien que mal, la brune émergea de la brume qui pesait sur son esprit pour balbutier une réponse. Un épouvantable mal de crâne enserrait ses tempes, et l’alcool n’en était malheureusement pas la cause. « Je t’avais dit de ne pas t’éloigner. » Malgré la fragilité de son état, elle perçut clairement la menace que contenait son reproche. Son séjour dans la cité allait prendre un chemin déplaisant. Vacillante, elle jeta un regard noir à son agresseur. « Vous auriez au moins pu avoir la politesse de demander avant de vous servir. » Elle n’avait pas la force d’être en colère, et les excuses de la tenancière lui passaient complètement au-dessus. Éreintée, elle s’appuya sur le bras de son grand-père pour se redresser. Ce dernier hocha la tête en direction de la propriétaire de la salle de jeux. « Je vous remercie pour vos conseils. Je vais l’emmener chez ce fameux médecin, elle n’est pas très solide. » C’était le moins que l’on puisse dire : elle commençait déjà à plonger vers l’inconscience. Des points noirs dansaient devant ses yeux. « Cet incident ne change rien à l’avis que j’ai de votre établissement. » En dépit de son caractère déplorable, Darius savait reconnaître la valeur des choses, et il ne manquait jamais de le faire remarquer. Avant d’avoir entendu la réponse de son interlocutrice, Isahya sentit son corps glisser vers le sol.

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