Nicolae était perplexe. Il cherchait à démêler les paroles de la jeune servante, sans parvenir à comprendre ce qu’elle suggérait. «
Aheum ... » marmonna-t-elle, un peu confuse. Ses joues étaient rouges comme des pivoines. Elle commençait à se sentir embarrassée. Au prix d’un effort, elle murmura tout bas, en entortillant une boucle blonde autour de ses longs doigts : «
Qu’en dites-vous ? » Elle était ravissante. Une jolie poupée, au minois délicat. Auxane venait tout juste de débuter au Palais. Elle ne manquait pas d’ambition et était prête à tout pour améliorer sa condition. Elle n’avait pas tardé à jeter son dévolu sur le protégé du Phénix, à qui on prêtait des privilèges impressionnants et une position plus qu’intéressante auprès du Souverain de Spectre. Il était parfait, à ses yeux. Il pouvait lui donner la vie de princesse, à laquelle elle rêvait. «
Je peux vous faire du bien, si vous le souhaitez. » souffla-t-elle, en se mordant la lèvre inférieure. Elle se sentait idiote et incertaine. C’était tellement humiliant de dire tout cela, à voix haute ... Ce n’était pas forcément dans ses habitudes de se comporter de cette façon. Mais elle ne tenait pas à rester une servante. S’il fallait s’allonger pour ça, elle le ferait. Nicolae dodelina de la tête. «
Comment ? » Cela eut le mérite de la désarçonner. On lui avait répété qu’il était un peu …
particulier. Personne n’avait cependant pris la peine de lui en dire davantage. Elle commençait à comprendre. «
Eh bien … C’est plutôt évident, non ? » ronronna-t-elle, en mettant sa poitrine en avant. Elle envoyait des signaux plutôt clairs. En plus … Nicolae n’était pas vilain. C’était un jeune homme plutôt mignon et très poli. Elle avait cru qu’elle allait devoir feindre la passion auprès d’un vieil homme au ventre bedonnant. Elle était soulagée d’avoir affaire à un bellâtre. «
Je peux faire … tout ce que vous souhaitez. Réellement tout. » Nicolae prit quelques secondes pour réfléchir. «
Même des biscuits à la cannelle ? » Elle écarquilla les yeux, en se demandant s’il se moquait d’elle. Il paraissait pourtant infiniment sérieux. Et il l’était. C’était un véritable estomac sur pattes. Contrairement à la majorité des hommes, il ne réfléchissait pas avec son entrejambe, mais avec ce qu’il y avait au dessus. «
Je ... » Elle ne savait pas quoi répondre à une telle réplique. «
Oui … ? » Elle fut abasourdie par le minuscule sourire qu’elle aperçut, pendant une petite seconde, sur le visage éternellement inexpressif du Vampire. «
Fort bien. » Et il tourna les talons. Auxane se gratta la gorge, sans saisir ce qu’il venait de se passer. «
Nicolae ... » soupira Lucia, qui attendait le jeune homme au détour du couloir. «
Tu es vraiment un cas désespéré. Mais je suis enchanté d’apprendre que cette petite est prête à échanger ses faveurs contre une vie meilleure. Elle est à mon goût. » - «
Fort bien. » Le Phénix leva les yeux au ciel. Il savait que le gamin ne comprenait pas. «
Tu pourrais tellement profiter de ta position, si tu n’étais pas autant à côté de tes chaussures. » Il éclata de rire en voyant que Nicolae avait baissé le regard, pour jeter un coup d’oeil à ses pieds. «
Il faudrait vraiment qu’on te trouve une poule, qui aura la patience de t’apprendre les choses de la vie. »
Nicolae était en train de réfléchir. Il observait le petit poussin qui gazouillait avec désespoir, comme s’il était capable de lui délivrer les secrets de l’univers. Il s’accroupit tout doucement, pour prendre la créature dans ses mains. Il ignorait ce qu’il faisait ici. Il s’était contenté de suivre son Maître, qui faisait … quelque chose … avec … quelqu’un. Nicolae ne posait jamais de question. Une qualité précieuse, aux yeux du Phénix. Il s’était mis à flâner, et était tombé sur ce charmant animal, qui semblait égaré. «
Hum. » marmonna-t-il en fronçant les sourcils, en proie à une intense réflexion. Il sauta rapidement à la seule conclusion logique : c’était la solution, comme lui avait dit Lucia un peu plus tôt. Alors Nicolae garda le poussin contre lui. «
Nicolae ! » C’était Lucia. Il était débraillé et arrivait en courant, avec un sourire goguenard aux lèvres. Il y avait des éclats de voix, au loin. «
On s’en va. » Il s’empressa d’attraper le bras du Vampire, et ils furent téléportés à Pabamiel, la seconde d’après. Le Sorcier ricana. «
Tu aurais dû voir … Qu’est-ce que c’est que ça ? » - «
Un poussin. » - «
Je vois ça mais … Putain, Nicolae. Ce n’était pas à ça que je pensais quand je t’ai dit de te trouver une poule ! » Il pencha la tête sur le côté. «
Il fallait une adulte ? » Il étouffa un rire en tapant le front du jeune Vampire. «
Gros béta. » Il observa la petite créature avant de soupirer : «
Sérieusement ... » Et il tourna les talons. Nicolae haussa légèrement les épaules avant de se diriger dans les jardins. Il passa plusieurs portes, avant de s’arrêter dans un espèce de petit potager. C’était son coin à lui. Il jardinait un peu. Des fruits et des légumes, et surtout des plantes vénéneuses. Il ferma la porte, avant de poser avec mille et une précautions le petit poussin dans l’herbe. Il chercha quelques grains et un peu d’eau dans une coupelle, et il s’accroupit pour prendre soin des plantes.
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