Jour 1
Une lumière étrange la réveilla. Elle cligna des yeux plusieurs fois, ça l’aveuglait. Se protégeant de son bras, elle mit quelques minutes pour réunir ses pensées. Se relevant pour se retrouver assise dans son lit, elle fixait la fenêtre. La lumière aux reflets bleutés émergeait de la chambre de Khazel. Il sauta de son lit et se mit à courir. Elle traversa le couloir rapidement et poussa le battant de la porte de la chambre. Ce qu’elle vit la laissa sous le choc et totalement silencieuse. Le corps de Khazel était en suspension à un ou deux mètres au-dessus de son lit. Les tatouages brillaient d’une lumière bleue intense. Il paraissait encore plongé dans le sommeil. Que se passait-il ? Elle allait l’appeler, mais un flash l’aveugla sans qu’elle en comprenne la teneur. Une gerbe lumineuse émana du corps de Khazel et courut sur le mur dans un bruit assourdissant. Ses oreilles émettaient un bip sonore et elle n’entendait plus grand-chose. Elle se laissa glisser sur le sol. Les gerbes continuaient à naître de manière aléatoire. Plusieurs meubles volèrent en éclats et les décharges électriques se mirent à serpenter tout autour de lui. Elle sentit des mains sur ses épaules. Tellement absorbée par le spectacle elle n’avait même pas remarqué que d’autres étaient venus. Des mains la tirèrent en arrière pourtant, elle résista incapable de détacher son regard. Incapable de se détourner. Les décharges électriques augmentaient. De plus en plus nombreuses, ce qu’elle voyait n’était plus qu’un amas de lumière blanche aux reflets bleus nacrés. Alors que son audition revenait peu à peu, elle se mit à attendre des cris, le bruit des décharges emplissaient tout l’espace au rythme de leurs apparitions. C’était chaotique. Pleinement chaotique. Dans le couloir, plusieurs personnes étaient présentes, elle continuait à fixer le chaos. C’était beau, tellement magnifique que ça l’avait figé sur place. Bientôt, la fréquence des courants électriques gagna encore en intensité attaquant la pierre, le bois et tout ce qui était autour. Un crépitement explosa au-dessus sa tête brisant la pierre. On la tirait de force. Elle luttait encore. On l’arracha de force, la traînant dans le couloir alors que la lumière augmentait encore. Elle crut entendre Khazel crié. Un cri qu’elle n’avait jamais entendu. Un cri de l’âme. Déchirant le monde. Leurs mondes. La lumière se fit intense qu’elle dû fermer les yeux. Elle entendu et sentit la décharge plus qu’elle ne put le voir. Ses oreilles sifflaient de nouveau. Sa bouche était pâteuse et elle avait goût de poussière sur la langue. Ouvrant de nouveau les yeux elle vit le ciel. Sa tête était lourde et douloureuse. Elle ne comprit pas tout de suite. Une partie du couloir était effondré et pas que. Elle se releva un peu trop vivement ce qui lui donna des vertiges. Elle le chercha du regard. Là, où se situait sa chambre il n’y avait plus rien. Une partie de la bâtisse, c’était tout simplement volatilisé. Elle voyait à certains endroits que la pierre était devenue du verre. Son cerveau mit plusieurs minutes à assembler les pièces de ce qu’elle voyait. L’ancienne de chambre de Khazel n’était plus qu’un vide fumant. Situé au dernier étage, la pièce et une partie du couloir avait été soufflé. Elle voulut se trainer jusqu’à lui, mais les force lui manquait. Elle voyait une silhouette au milieu de l’espace fumant. Au cœur de l’obscurité nocturne, la silhouette était éclairée par de petites décharges électriques qui courait sur sa peau. Il venait de se révéler. Khazel venait de se révéler. Sa vue se brouilla et elle tomba dans l’inconscience. Un sourire flottait sur ses lèvres alors que sa tête retombait mollement sur le sol…
Jour 7
Elle scrutait le visage fermé de sa mère. Malgré son expression pincée, elle restait belle.
« Je veux le voir. » Sa voix ne laissait pas le débat ouvert. C’était une requête absolue. Depuis bientôt une semaine, elle le demandait chaque jour. Des heures durant elle faisait face pour que ses parents répondent à sa requête. Après la révélation de Khazel, Frada Afran avait renvoyé Maëlle chez elle. Depuis elle n’avait pas eu de nouvelles de son ami. Elle ignorait s’il allait bien, ce qu’il vivait ou ce qu’il se passait. En un sens ça l’effrayait. Elle savait qu’il avait changé. Incapable de dire comment, ça la rongeait. Elle réitéra sa demande d’une voix plus forte.
« Je veux le voir, Mère. » Lena fixa sa fille.
« Tu ne peux pas et tu le sais. Te rends-tu seulement compte de la situation ? » Oui et non, Maëlle savait que ça allait poser un problème. Cela étant, ce n’était pas dans ses priorités, elle voulait simplement le voir.
« Je demande juste à le voir Mère. Rien de plus. » Sa mère leva les yeux au ciel et chassa les paroles de sa fille de la main.
« Tu n’as vraiment pas l’air de te rendre compte de la situation. Tu imagines ce que vivent ses – Maëlle coupa sa mère. Elle s’en fichait. –
Cela fait une semaine. Vous aviez dit que je pourrais le voir au bout d’une semaine. Je vais faire le voyage sans votre permission si nécessaire. » Lena excédée alpagua son mari.
« Dis quelque chose. » Tomas leva ses yeux vers les deux êtres qui faisaient partis de ce qu’il chérissait le plus au monde. Il eut un sourire en voyant l’expression de sa femme et celle de sa fille. Elle se ressemblait tellement. Voyant son mari sourire, Lena poussa un soupire sonore.
« Allons ! » Tomas se mit à sourire de plus belle.
« Vous êtes aussi têtues l’une que l’autre et je ne veux surtout pas me retrouver entre vous. Va ma fille si c’est ce que tu veux. Tu verras par toi-même ce qu’il en est. » Sa voix rocailleuse fit prendre une expression dure à sa femme. Maëlle sauta de joie et sortit de la pièce, entendant déjà sa mère reprochée son attitude à son père. Elle n’y prêta pas attention. Elle se hâta. Elle allait le revoir enfin.
Jour 9
Il avait complétement perdu la notion du temps. En un sens ça lui était égal. Le changement avait été trop radical. Trop puissant. Il ne l’aurait jamais cru. La révélation n’était pas si brutale, tout du moins pas à sa connaissance. Était-ce dû à l’élément qui venait de le saisir ? Toutes ces pensées étaient en désordre et son corps était un amas de douleur. Il n’aurait jamais le mot pour l’expliquer. C’était si…Il se souvenait vaguement avoir rêvé et par la suite, il c’était passé cela. Que c’était-il passé au juste ? Ses souvenirs étaient comme inaccessible. On l’avait isolé. Et pour le moment, il ne pouvait pas faire grand-chose. Même pour manger, il avait besoin d’aide. C’était comme si son corps avait été fondamentalement changé. Le moindre petit effort était douloureux. Il se contentait de rester allongé là, semi-conscient perdu dans un brouillard de pensées et de douleur. Au milieu de ce monde sensitif, il crut percevoir à quelques reprises la présence de Maëlle. Étais ce réel ? Et si tout cela n’était qu’un rêve ? Pourtant, dans cet univers de souffrance et de sensations vagues, il avait une certitude. Il avait quelque chose auquel il s’accrochait plus que tout. Un orage. Un orage persistant et tenace qui était au fond de lui et à la fois qui était lui. Tout ce qu’il sentait voyait, était au travers de cet éclair qui zébra son être et sa conscience. En cet instant il n’avait plus que ça.