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 [IX&X] - Il faut entretenir la vigueur du corps pour conserver celle de l'esprit. Ezechyel [& Elyot]

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Mar 19 Fév 2019, 13:49

Elyot fuit le regard de la jeune femme en détournant légèrement la tête. Muet, il écoutait Ashana s’exprimer sans vraiment saisir le sens des mots qu’elle articulait. Son esprit semblait bloqué, perdu dans les abîmes d’un vide insondable, comme s’il eut quitté son corps. Ses membres refusaient de bouger, figés par le choc engendré par ses appréhensions. Il avait peur qu’on lui reconnaisse la médiocrité dont il s’accusait si impitoyablement. Impuissant, il se laissait dévorer par ses tourments, se rendant ainsi aveugle à ce que révélait pourtant la réalité. « Tu en es sûre ? » Souffla-t-il en se confrontant au déclin de l’Elfe devant sa suggestion. « Même si tu ne t’y attendais pas, il reste que tu fais une meilleure impression que moi. » Bien qu’il se soit montré si optimiste au début de leur rencontre, son cynisme suintait à présent sur chaque syllabe de ses mots. « Peut-être, mais toutes ces spécialités n’ont aucune importance dans le context actuel. Seule la force compte, et je n’en ai pas. » C’était faux. Si ce cuisant échec leur avait appris quelque chose, c’était cela. Certes, la puissance des muscles était essentielle pour un combattant, mais la vitesse de réflexion l’était tout autant. Savoir prendre rapidement les meilleures décisions et ce, sous haute pression, n’avait rien à envié à la complexité des arts exercés par les peintres les plus habiles. Il allait sans dire que l’Eblaë se contentait de fermer les yeux sur cette vérité qu’il connaissait déjà parfaitement. « Ce n’est pas qu’une opinion pour moi ! » Rétorqua-t-il en haussant un peu la voix. Ce n’était pas dans un cri qu’il avait prononcé ces dernières paroles, mais plutôt, dans une lamentation où se concentrait la majeure part de ses douleurs. « Il… il s’agit de mon père ! Tu ne sais pas combien de fois j’ai rêvé du moment où je pourrais enfin le rendre fier, seulement pour tout gâcher dès la première occasion… » Les doigts de l’Ygdraë se crispèrent en poings. Le Destin lui avait offert une chance inestimable pour mieux la lui dérober à l’estime de sa figure paternelle. Que pouvait-il faire de plus pour espérer rectifier le tir qu’il avait lamentablement raté? Rien. L’enfant voyait clair désormais – ou du moins, le croyait-il. Toutes ses illusions semblaient s’être envolées, exposant ce fait amer, mais juste, à l’intérieur de sa tête.

Les pupilles de l’Elfe s’écarquillèrent lorsque sa partenaire l’enlaça soudainement. Abasourdi, il contracta involontairement son corps, puis s’immobilisa sur place. Il ne tremblait plus, et malgré les perles d’eau qui poursuivaient leur descente contre ses joues, la peine s’était momentanément écartée de ses pensées au profit d’un étonnement sincère. Cela lui demanda une poignée de secondes avant qu’il réalise ce qui venait de se produire. Le temps semblait s’être ralenti, alors qu’Ashana enchaînait des confessions sur confession à vive allure. Elle osa même venir frotter sa main sur le visage du garçon dans le but d’interrompre le flot de ses larmes. Le contact chaud de sa paume parut rassurer Elyot, dont l’expression finit par s’adoucir légèrement. Tout ce qu’elle lui avouait, il le comprenait. Que ce soit à propos de ses passions, des expectations familiales en contradiction avec ce qu’elle désirait vraiment ; tout cela sonnait trop juste à ses oreilles. Au fond, il avait toujours ignoré la voix de ses envies personnelles pour se construire une image idéale à l’égard de ses parents. Par instinct, le regard de l’enfant dévia en direction d’Ezechyel qui patientait en retrait. L’Enök avait les yeux rivés sur eux, mais il était dur d’affirmer si ce dernier entendait leur conversation ou non. Néanmoins, ses traits demeuraient aussi stoïques que la pierre, rendant impossible le dévoilement de ses émotions. L’Eblaë poussa un soupir. Tandis que le calme revenait, lentement, apaiser le torrent déchirant de sa conscience, il se rendait compte qu’il était absurde de vouloir prêter des intentions à un individu qui lui était indéchiffrable présentement. Cela l’angoissait toujours de ne pas détenir de réponse, mais il se sentait largement plus serein d’aborder ses incertitudes sous cette perspective, à l’instar de se laisser dominer par l’emprise de la terreur et de l’affliction. « Si tu veux savoir, mon nom complet est Elyot Valärunkar Rumblee. » Avoua-t-il lorsque sa collègue admit qu'ils n'avaient jamais vraiment eu l'occasion d'apprendre à se connaître. Il n’y avait aucun doute qu’Ashana reconnaisse le nom de l’ancienne Reine elfe. Même si elle n’avait jamais vécu sous le règne de cette dernière, ses cours d’Histoire avaient dû le lui répéter assez souvent. « …Tu crois que ma Magie nous sera vraiment utile ? » Poursuivit-il sur un ton embarrassé, avant de marquer une courte pause. « J’ai une ouïe extrêmement sensible quand je prends la peine de me concentrer dessus. Le truc, c’est que ça me demande beaucoup d’énergie. Je suis largement plus doué pour maîtriser la nature. » Il communiquait avec les animaux également, mais il ne vit pas l’intérêt de le mentionner. Un silence malaisé s’immisça parmi le duo, jusqu’à ce que le jeune garçon finisse par chuchoter un « Merci. » à l’égard de sa coéquipière.

__________

J’observai l’interaction des Eblaë de loin, percevant ici et là des bribes des paroles qu’ils s’échangeaient. Même si le manque de proximité était flagrant, je pouvais sans peine deviner le sujet de leur discussion. Une tempête émotionnelle se situait au cœur de celle-ci, violente, intense. Ils ressentaient tous les deux une honte profonde envers leur premier résultat. Elyot tout particulièrement était effondré, et bien qu’il essayât de le dissimuler, je savais qu’il était entrain de pleurer une chute intarissable de larmes. Un sourire sans joie se dessina sur le bout de mes lèvres. Il n’y avait rien de plus éprouvant que de voir son enfant se tordre de souffrances et de chagrin désespéré tout en étant contraint, par les circonstances, de ne pas intervenir. Plus j’y songeais, plus je me persuadais d’avoir commis une erreur en acceptant d’endosser le rôle de leur mentor. Il était trop tard pour revenir en arrière – je le concevais – toutefois, mes regrets s’étaient d’ores et déjà ancrés lorsque j’avais forcé mes prunelles à toiser les traits ravagés de mon fils. Un soupir s’exhala de mes poumons, tandis que, par inadvertance, je renforçais la pression de mes doigts contre le manche de mon arme. Je jouais à un jeu cruel, un jeu douloureux auquel j’avais volontairement choisi de participer en parfaite connaissance de ses répercussions. Il s’agissait de mon devoir d’assumer le poids de mes choix, tout comme il était impératif que je parvienne à combler les exigences pesant sur mes épaules.

Armé de la même façade inébranlable, je me redressai dans un mouvement sec, me rapprochant ensuite des Ygdraë pour être à portée de voix, sans nourrir le besoin de crier. « Êtes-vous prêts ? » Question rhétorique. Je ne guettais aucune confirmation de leur part. « Je vais vous amener au lieu de votre prochain devoir. » D’un geste de main, j’invitai le duo à me suivre jusqu’à un immense terrain vierge, plat et tapissé d’hautes herbes, où trônait un arbre imposant, gigantesque. Je pivotai en direction des deux étudiants en pointant le végétal du menton. « Votre but sera d'escalader cet arbre jusqu’au sommet. » Des jeunes Elfes avaient déjà commencé à s’affairer à la tâche, sous l’œil vigilant de leurs professeurs.  « Vous serez attachés ensemble par une corde. Les règles sont simples : pas le droit d’utiliser la Magie. Si votre coéquipier ou vous-même tomber, vous échouez. Si l’un décide d’abandonner, vous échouez avec lui. Dans tous les cas, il y aura quelqu’un pour vous rattraper. » Je croisai les bras. « Cet exercice n’a rien à voir avec le combat à proprement parlé, mais il est là pour tester votre synchronisme avec votre partenaire, ainsi que la confiance que vous lui portez. Il s’agit tout simplement de vous adapter au rythme de l’autre et espérer qu’il ne vous lâche pas en cours de route. » Loin d’être complexe, le véritable défi se trouvait dans la force mentale de ceux qui désiraient le relever. Outre la durée de la montée, le fait d’être contraint à la cadence d’un autre avait tendance à décourager les novices. « Vous commencez quand vous voulez. Les cordes sont justes là. Dîtes-le-moi si vous avez besoin d’aide pour vous attacher. » Je leur faisais confiance. Ils étaient capables d’y arriver.

1385 mots – Post VIII
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Dim 24 Fév 2019, 13:49

Ash n'avait jamais pris la peine de penser ou même de demander l'âge d'Elyot. Il était vrai, que la situation ne c'était pas présentée depuis leur rapide rencontre, mais plus elle l'observait, plus elle se dit qu'il est plus jeune qu'elle est déjà, il voulait lever ciel et terre pour la fierté de son père. Elle eut la fugace pensée, si elle-même, avait-elle eu l'air si désespérée pour avoir l'approbation de sa mère et elle en vient à une conclusion positive. Maintenant, qu'elle avait réalisé la futilité de vouloir suivre à cent pour cent les traces de quelqu'un d'autre, elle se sentait mieux, même si la situation familiale n'avait fait que dégénérer. Ash avait réalisé qu'il ne servait à rien de rester dans l'ombre de quelqu'un d'autre, famille ou non. Cependant, elle ne voulait pas juger trop vite le père d'Elyot, peut-être avait-il de bonne raison pour agir ainsi et elle se doutait, que ce n'était surement pas facile pour lui de juger son propre fils. Elle voulait croire qu'Ezechyel et sa mère étaient très différents malgré leur air ressemblant. “Il n'y a pas juste la force physique qui compte... On vient de le voir Elyot...” Souffle-t-elle timidement, mais en même temps, tout le doute qu'il fait sentir commencer à peser sur elle-même, elle avait eu le même jugement que lui, elle avait été décevante. Elle retient le soupir qui voulut franchir ses lèvres, il n'était certainement pas le temps de s'apitoyer sur son propre sort pendant que quelqu'un d'autre avait peut-être besoin d'elle. Cette pensée la surprend, elle avait toujours été celle qui avait eu besoin de la présence de Selewae, de sa présence maternelle réconfortant et aujourd'hui, c'était elle qui devait offrir une épaule réconfortante. Cette sensation ne lui déplaisait pas.

Un peu revigorée par cette pensée, elle enchaîne sur sa propre vie personnelle, déliant son sac pour lui montrer qu'elle ne partageait que trop bien sa douleur. Elle savait que trop bien à quel point c'était difficile se plaît à tous et encore plus à la famille. Surtout, qu'Elyot n'avait pas fini de la surprendre. Malgré elle, de la surprise se dessine sur son visage et elle porte son attention sur son père qui avait été marié à l'ancienne reine, faisant d'Elyot de sang royal. “Whoa...” Souffle-t-elle avant de revenir sur Elyot. Elle comprenait un peu mieux tout le stress qu'il se mettait sur les épaules. Toutefois, elle se ressaisit et laisse un sourire s'étirer sur son visage avant de dire. “Enchanté Elyot Valärunkar Rumble, je me présente sous l'humble nom d'Ashana Baliena. Je n'ai pas une lignée aussi spectaculaire que la tienne, mais j'espère qu'on pourra s'entendre.” Termine-t-elle simplement avec un petit air malicieux. Elle était vraiment heureuse qu'il se soit détendu, même si elle sentait encore la tristesse peser sur lui, il semblait tout de même retrouver des couleurs et un peu d'enthousiasme. Enfin, à court de mots, ils s'observèrent silencieusement, laissant un silence malaisant prendre le dessus avant qu'Elyot lui souffle les mots, qu'elle n'aurait jamais cru entendre. Elle sourit tendrement, passant un bras autour des épaules du jeune homme pour le serrer plus amicalement contre elle et avec un petit sourire, elle s'exprime. “Si tu en as besoin, je t'offrirais toujours une épaule et plus si tu as envie de faire autre chose.” Termine-t-elle.

Quand la voix d'Ezechyel c'était élevé, Ashana c'était presque levée au même moment, comprenant que c'était la fin de leur pause. Elle tend la main à Elyot, l'aidant à se lever et pendant que sa grande stature cache encore celle du gamin, elle vient essuyer les quelques dernières larmes qui étaient encore accrochées à ses longs cils. “Courage et même si on ne gagne pas, on aura trouvé mieux que simplement des félicitations, une amitié naissante.” Souffle-t-elle tout bas pendant que le mentor leur annonce qu'ils changent de lieu. Silencieuse, elle suit l'homme, arrivant jusqu'à un grand arbre qui a tout pour impressionner ceux qui posent les yeux pour la toute première fois sur lui. Elle en avait déjà entendu parler, mais elle n'avait jamais eu la chance avant maintenant, de le voir. Telles de petites fourmis malhabiles, des Ygdraë essayaient de gravir la surface de l'arbre, certains arrivaient à une hauteur impressionnante pendant que d'autres tombaient, rattrapés par d'autres mentors. Toutefois, ce qu’elle ne comprenait pas très bien, était qu'ils étaient toujours deux très proches l'un de l'autre, beaucoup trop, alors si l'un d'eux tombait, souvent il entraînait l'autre dans sa chute. Les deux qui étaient tombés, étaient ensuite emmenés ailleurs, comme s'ils étaient éliminés.

Après une brève explication de la part d'Ezechyel, Ash comprend un peu mieux, mais pendant qu'elle lève la tête vers le haut, elle ne fait que réaliser la hauteur. Ash n'avait pas particulièrement peur, elle adorait même monter dans les arbres et si percher pendant des heures, savourant le vent et ses pieds dans le vide, mais tout de même, cet arbre était quelque chose. Pendant qu'elle attrape une corde, elle se tourne vers Elyot. “J'espère que tu n'as pas peur des hauteurs. Quand nous aurons commencé à monter, je te déconseille de regarder vers le bas.” Glisse-t-elle doucement, en même temps qu'elle retire ses bottes et ses gants de cuir pour l'entrainement. Elle trouvait l'escalade beaucoup plus facile ainsi. Après avoir retiré tout ce qui ne lui serait pas utile, vêtements de surplus ou encore ses armes et quelconques petites bourses. “Je te conseille d'en faire autant, la gravité est une vilaine chose. Sinon, j'aurais deux manières de nous attacher. Soit on fait comme plusieurs, on s'attache par la cheville, ou soit je viens plutôt t'attacher à l'avant de moi. Tu serais face à l'arbre, mais nous serions attachés par les hanches. Je crois que ce sera plus facile et mieux balancer vu notre grande différence de taille.” Dit-elle timidement. “Nous pourrions monter un peu plus facilement, tu pourras t'occuper de supporter ton poids et moi du mien et je crois que ça va être une position plus confortable. Surtout... Si tu relâches prise, je ne serais pas déstabilisée, ça nous donnera une chance. Si c'est moi qui lâche et bien je te demande pardon à l'avance...” Marmonne-t-elle doucement.

Il ne fallait surtout pas qu'elle lâche prise, sinon elle les emportait tous les deux dans sa chute et cela, elle ne voulait pas. Elle se rapproche de lui, corde en main en attente de son choix de position avant de venir les attacher solidement. Puis, se tournant vers l'arbre, elle murmure ; “Petit conseil, ne pense pas à vouloir obligatoirement réussir cette épreuve. Allons-y plutôt avec la pensée que nous allons aller le plus haut possible et restons fort mentalement. Ce ne sera pas facile, mais j'ai confiance en nous.” Termine-t-elle doucement. Elle attend son accord et ce mets ensuite à gravir les premiers mètres de l'écorce.



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Mer 27 Fév 2019, 21:48

« Ne t’en fais pas. » déclara l’Ygdraë en arquant un vague sourire. « Je n’ai jamais eu le vertige et ce n’est pas maintenant que je compte commencer à avoir peur. » Elyot avait grandi, comme la majorité de ses semblables, au cœur des immenses boisés de Melohorë. De fait, il ne connaissait rien de mieux que la faune et la flore de ses Terres natales, sans compter qu’il avait été initié très tôt au vivre en harmonie avec les créations de Phoebe. Grimper dans les arbres représentait donc un passage inévitable au cours de la vie des sylvestres et, par conséquent, il lui paraissait absurde qu’un des siens puisse être atteint par les maux de cette phobie. Peut-être qu’il avait tendance à trop généraliser, mais la vérité était que même l’architecture ygdraënne valorisait le concept de hauteur, ne laissant que très peu – voire aucune – opportunités au vertige de se manifester dans le cœur des résidents elfes. À vrai dire, l’escalade ne pouvait guère effrayer l'étudiant autant que la durée probable de la montée de cet arbre titanesque, dont la cime semblait venir caresser les nuages du firmament. Pourtant, le jeune garçon savait qu’il s’agissait là d’une illusion de perspective qui, en dépit de sa taille déjà colossale, faisait apparaître le végétal largement plus grand que ce qu’il était en réalité. Néanmoins, cette observation se révéla suffisante pour venir créer une boule d’anxiété au creux de l’estomac de l’Eblaë. Ashana et lui n’avaient droit qu’à une seule et unique chance de réussir l’épreuve qui leur était imposée, car, en vérité, bien qu’il soit parvenu à apaiser les tumultes de ses pensées défaitistes, l’enfant demeurait hanté par le souvenir de ses premiers résultats. Il avait retenu la leçon : s’il ne désirait plus ressentir d’émotions aussi obscures et sinistres, il devait simplement travailler à atteindre la perfection ou, dans la mesure du possible, s’en rapprocher conséquemment. L’échec ne faisait plus parti des options à ses yeux – il ne l’avait jamais été – et il comptait bien tout mettre en œuvre pour arriver à ses fins espérées.

Suivant l’initiative de la jeune femme, Elyot entreprit de se débarrasser du matériel qui l’encombrait inutilement. Il ne portait pas grand-chose de lourd sur lui, mais au bout de quelques secondes, il avait déjà posé à terre son arme et son fourreau, ainsi que sa couche de vêtements supplémentaires pour finir avec ses bottes. Il ne lui restait plus que son habit beige aux longues manches sur le dos, accompagné de ses pantalons légers. Malgré tout, la sensation de la terre sous ses pieds nus était loin d’être désagréable. « Allons-y pour les hanches dans ce cas. » trancha l’Ygdraë à la suite des propositions de son équipière. « On a besoin de garder toutes les chances de notre côté. Notre défi, comme tu l’as si bien dit, sera d’éviter à tout prix ta chute. » Le fait qu’ils ne pouvaient pas se servir de la Magie complexifiait réellement l’exercice. Ils n’avaient qu’eux-mêmes et l’endurance de leur corps sur qui se fier désormais. Une erreur pouvait se révéler décisive sur la finalité de cette épreuve. Il était donc crucial qu’ils n’en commettent aucune. « Le plus facile serait que tu calques ta vitesse à la mienne. Si tu vas trop vite, le choc de la tension créé par la corde pourrait te déséquilibrer. » poursuivit-il en observant Ashana faire les nœuds. « L’arbre a beaucoup de branches. Si l’un de nous se sent fatigué, on pourra toujours se reposer sur l’une d’elles avant de continuer. » Lentement, le sylvestre esquissa un sourire timide à l’égard de l’Ygdraë, tentant maladroitement de la rassurer. Il appréciait la vision optimiste de la jeune femme, et pourtant, son esprit restait inflexible. Pour lui, il n’était plus envisageable de goûter à l’humiliation de la défaite une seconde fois. « Merci. » se contenta-t-il de murmurer à l’écoute des conseils de sa semblable. Il se sentait incapable de lui mentir de façon directe, mais il espérait que la connotation méliorative de son remercievement parviendrait à effacer ses soupçons – si elle en avait. « Que Phoebe nous protège. » La prière ne s’adressait pas vraiment à Ashana en guise de bonne fortune : elle servait plutôt à calmer la nervosité du garçon, à soulager ne serait-ce que légèrement la pression qu’il s’était lui-même imposé. Puis, sur ces mots, il s'engagea à son tour à escalader la paroi naturelle du feuillu géant en se barricadant au sein du silence. Concentré, Elyot planifiait chacun de ses mouvements avec grande précaution. Tous ses déplacements de pieds ou de mains étaient habilement réfléchis selon les limites de ses capacités. Néanmoins, comme son paternel l’avait affirmé, la montée était loin d’être particulièrement compliquée pour des novices. Les prises étaient solides, mais surtout, elles parsemaient la presque totalité de la surface de grimpée. Le frottement de l’écorce contre la peau nue pouvait se montrer un peu incommodante, toutefois, l’Eblaë s’habitua rapidement à l’inconfort engendré par cette sensation, jusqu’à ne plus la ressentir du tout au bout de quelques minutes seulement.

Alors que l’Ygdraë perdait progressivement la notion du temps, l’irritation de ses muscles ainsi que sa respiration saccadée le ramenèrent brusquement à la réalité. Son faciès avait considérablement rougi et son derme était anormalement brûlant. « Prenons une pause. » souffla-t-il en se hissant sur la branche suivante. Ce ne fut qu’une fois assis que l’enfant réalisa l’ampleur de son épuisement, tandis que sa tête, dans un geste inconscient, vint se reposer contre le tronc. La ramure étant assez large pour soutenir le poids de deux personnes, il attendit que son amie finisse par le rejoindre, avant de reprendre là où ils avaient interrompu leur précédente conversation. « Tu sais, pour en revenir sur mon sang, nous nous entendions déjà plutôt bien avant que je te révèle mon lien de parenté avec Mir… l’ancienne Reine. » Il avait failli succomber à la tentation d’appeler sa mère par son prénom, mais il s’était ravisé au dernier instant, craignant de paraître impersonnel à l’encontre de la Cyraliel devant sa partenaire. « Les gens ont tendance à agir étrangement autour de moi à cause de ça et je… j’espère que ce fait ne changera rien entre nous. » Malgré sa courte durée, le règne de Mircella s’était inscrit dans l’histoire, notamment pour avoir été particulièrement mouvementé. Il s’agissait d’un euphémisme bien entendu, néanmoins, le fait était que les conséquences ayant suivi ces agitations valaient présentement à son fils des regards emplis de pitié – en provenance des adultes surtout – qui rendaient ce dernier constamment mal à l’aise. « À cause des accomplissements de mes parents, les gens s’attendent à ce que je sois à leur hauteur, voire davantage même. » poursuivit-il. Elyot n’était pas certain de la nature du point qu’il souhaitait mettre en évidence, mais sa langue refusait de s’arrêter. « Alors, quand une personne comme toi me dit que je ne suis pas obligé de me conformer aux attentes de tout le monde en fait, ça me fait très bizarre. » Incapable de résister plus longtemps, l’Ygdraë détourna brièvement les yeux des traits d’Ashana pour regarder en bas. Ils avaient grimpé une distance raisonnable. Cela dit, le plus gros était encore à venir. Gêné, le garçon rit, reportant par la même occasion son attention sur la jeune femme. « Ce que je veux dire, c’est que ton empathie me touche beaucoup. Je n’ai pas pris le temps de te le faire savoir avant, parce que… je n’en sais rien en vérité, mais peu importe. Je tenais simplement à te remercier. » Il sourit. « Si jamais tu as besoin d’aide pour quoi que ce soit, ne te gêne pas aussi. Je suis peut-être qu’un enfant, mais je suis certain de pouvoir t’être utile d’une manière ou une autre. » Il marqua une pause, avant de complètement changer de sujet. « Comme je n’ai pas encore tout à fait récupéré, est-ce que ça te tenterais de me raconter l’histoire de tes cicatrices? » Le rouge était déjà monté jusqu’à la racine des cheveux du garçon. « Enfin, seulement si tu veux bien sûr. J'ai plein d'autres sujets de discussion en tête, si jamais. » rajouta-t-il en se raccrochant à un semblant de politesse.

1367 mots – Post IX
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Jeu 28 Fév 2019, 18:05


Elle hoche doucement la tête, il était vrai qu’il serait assez peu probable qu’un Ygdraë est le vertige, mais en même temps, peut-être s’était-elle fourvoyée à cause de son jeune âge. Pendant qu’elle commence de rapides échauffements pour réchauffer son corps, elle observe le jeune homme faire la même chose qu’elle. C’était un peu étrange, tout en observant Elyot, elle avait l’impression que quelque chose se tiraillait en elle. Elle ignore si c’est son jeune âge qui l’affecte ou encore les émotions qu’ils ont partagées plutôt. Toutefois, Elyot réveillait en elle un instant de protection qu’elle n’avait jamais ressenti avant, maintenant. Intérieurement, elle se sent tellement partager. Malgré l’image calme qu’elle offrait qui était plutôt un manque d’émotion vu son éducation sévère - elle était nerveuse. Sans même qu’il ne le sache pas, Elyot lui donnait la force d’essayer d’être positive, face à ceci et surtout face à leur premier échec. Elle ne voulait surtout pas lui refaire vivre l’échec cuisant qu’ils s’étaient pris pour le combat. Les mots d’Ezechyel la hantaient encore, même s’il n’avait fait que son travail et dire la vérité, elle avait eu la vague impression de se retrouver face à sa mère et ceci l’avait tout autant terrifié. Elle savait que sa mère et Ezechyel était différent, mais en même temps elle avait la vague impression qu’ils se ressemblaient.

Malgré elle, elle laisse échapper un lourd soupiré, mais ne dit rien. Une fois attachée au niveau des hanches, elle avait laissé un peu de lousse entre eux pour leur laisser une chance. Elle savait qu’elle serait la plus problématique des deux. Elle était presque sûre qu’elle pourrait le retenir assez longtemps pour qu’il se replace, mais ce qui était de l’inverse, si elle tombe, ils auraient tous les deux échouer. Cette réalisation, lui jette un poids supplémentaire sur les épaules et elle sent la nervosité remonter d’un cran. “Je sais...” Murmure-t-elle doucement. Si elle tombait, elle ferait échouer le groupe. “Je ferais de mon mieux pour pas nous nuire.” Reprend-elle avec un peu plus de déterminations dans la voix. “Passe devant pour que je puisse me faire une idée de ta vitesse. Je crois que j’ai suffisamment d’espace entre nous pour éviter la tension et en même temps, je pourrais m’habituer à ta vitesse.” Réplique-t-elle simplement les yeux lever vers le haut de la cime d'arbre. Ashana avait toujours adoré monter dans les arbres, c’était l’une des manières qu’elle avait trouvées pour s’évader un peu de la tension familiale.

Alors, quand elle vient caresser l’écorce, ce fut par nostalgie et harmonie. C’était un geste amoureux et réconfortant pour elle. “Une bonne idée, essaie de suivre un chemin qui sera rempli de branche, ça nous donnera plus de chance.” Quand il offre quelques paroles pour la déesse de Phoebe, elle sourit, puis pose une main sur son épaule sans pour autant dire un mot et s’approche de l’arbre en l’attendant. “Que Phoebe nous offre sa protection.” Un simple murmure qui fit emporter par le vent qui servait simplement à rassurer Ash de la suite des évènements. Observant un instant Elyot commencer l’ascension, elle essaye de son mieux de calquer sa vitesse et ses mouvements pour éviter tout contre coup avec la corde. Même silencieuse, la présence d’Elyot lui donne le courage et la force d’avancer, s’il en était capable, elle l’était aussi. L’odeur de l’arbre, des feuilles et du vent lui offre davantage d’énergie qu’elle aurait crue. La rugosité de l’écorce lui était plutôt plaisante, lui rapellant encore une fois la nostalgie de son enfance. Elle se souvenait vaguement de souvenir visuel, mais tout ce qui semblait être du côté de l’odorat était encore vivace. Ce fut la voix d’Elyot qui la ramène au moment présent, lui faisant prendre conscience de leur avancer. “Bonne idée...” Souffle-t-elle faiblement en essayant de contrôler sa respiration. Elle le laisse prendre place contre le tronc, se hissant à sa hauteur pour prendre place à côté de lui. Elle garde le silence, comprenant que les muscles de son corps étaient brûlants. Elle laisse un long soupirer de s'échapper de ses lèvres, heureuse de prendre cette pause. En premier temps, elle se concentre sur sa respiration, lui offrant un rythme plus lent pour calmer le battement presque frénétique de son cœur.

Un peu distraite, elle vient refaire sa queue-de-cheval, presque au même moment, Elyot s’exprime. Elle tourne lentement les yeux vers lui, observant son jeune visage rougi par l’effort. “Non, ne t’inquiète pas et tu peux parler librement devant moi. Je ne vais pas juger si tu l’appelles maman ou par son prénom. On est tous des êtres avec des sentiments.” Ensuite, elle garde le silence, profitant du vent sur leur peau pour se rafraîchir un peu. Sur la suite de ses explications, elle hoche doucement la tête. Elle trouvait ceci dommage que les gens s’arrêtent à ceci ou encore s’attendent toujours plus à cause du lien de sang et encore, ce phénomène se retrouvait également dans lesdites familles, le meilleur exemple était sa mère qui lui en demandait toujours plus. “Je trouve ceci dommage que les gens s’arrêtent à la première façade, qu’ils pensent avoir une opinion dans nos vies quand ils ne nous connaissent même pas, que ce soit des étrangers ou encore notre propre famille.” Glisse-t-elle avec une ombre sur son visage. “Au moins tu as eu la chance de rencontrer quelqu’un d’assez bizarre pour le dire.” Lui dit-elle avec un petit rire moqueur tandis qu’il observe en bas.

“Merci.” Elle n’était même pas sûre s’il l’avait entendu, mais ce qui lui avait dit, lui avait réchauffé le cœur. Elle entendait ces mots que trop peu souvent est malgré elle, elle espérait toujours les entendre de la bouche de sa propre mère. La question la surprend plus ou moins, déjà qu’il avait montré de l’intérêt à leur première rencontre, il était tout à fait normal qui pose enfin la question, surtout après ce qu’ils avaient vécu ensemble. “L’histoire est assez simple en fait... Pas très glorieuse non plus.” Commence-t-elle avant de soupirer. “Elle remonte à quelques années déjà. Bien avant que je décide de prendre ma vie en main. J’espérerais toujours être à la hauteur de ma mère, je m’entraînais jour et nuit au point de l’épuisement, et même quand ma mère me disait que ce n’était pas assez, j’en faisais plus... Du plus loin, que je me rappelle, je crois qu’elle ne m’a jamais félicité pour mon travail... En fait, depuis la perte de mon père, elle me regarde à peine et ses deux cicatrices sont une punition que j’ai voulu garder. C’est elle qui me les a faites durant une séance d’entraînement. J’étais épuisée et je n’ai pas fait attention et elle, je crois qu’elle l’était aussi. Je crois que ça à un lien avec la date de disparition de mon père, mais rien de bien certain, elle n'en parle pas plus. Au fil du temps, j’ai remarqué que durant une certaine période de l’année, ma mère était plus distante que jamais et je la vois à peine. J’ai fini par assimiler ce lien.” Elle se tait un instant, réalisant qu’elle a discuté son histoire tout à l’envers. Elle laisse un rire nerveux traverser sa gorge. “ Mais revenons aux cicatrices. Un vulgaire accident d’entraînement, qui se veut être une punition pour ma mère et en même temps...” Elle se tait à nouveau, incertaine de vouloir continuer la suite. Elle n’en avait jamais parlé à personne, pas même à Miss Selewae. “Chaque fois que je me regarde dans le miroir, ça me rappelle qu’on ne peut pas toujours être ce que les autres veulent de nous. Pas même notre famille.” Termine-t-elle simplement.

C’était étrangement libérateur d’enfin le dire à quelqu’un. Pourtant, elle est maintenant sereine avec elle-même et offre un sourire à Elyot, calme et chaleureux. “C’est la première fois que je le dis. Ça fait du bien... On repart quand tu es prêt.” Dit-elle maintenant le souffle calme et revigorer par tout ceci. Elle se sentait encore plus forte qu’au début et ceci lui était bénéfique.



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Mer 06 Mar 2019, 18:13

Un sourire s’arqua sur les lèvres d’Elyot, défigurant ses traits d’un air narquois. Plus leur conversation s’étirait, plus il se surprenait à apprécier le franc parler de son amie. L’Eblaë s’abreuvait de ses paroles avec un intérêt prononcé, comme s’il avait guetté ce moment depuis toujours. Personne n’avait encore osé faire preuve d’une telle honnêteté à son égard, les gens étant généralement trop préoccupés par la venue de ses soi-disant talents plutôt que de voir les choses sous sa perspective. On ne prenait presque jamais ce qu’il ressentait en considération, assumant simplement que ses actes justifiaient par eux-mêmes leurs convictions. Évidemment, les intentions de ces individus ne voulaient pas se montrer malveillantes. Toutefois, peu semblait conscient que c’était à cause de celles-ci que le garçon avait fini par se convaincre que les expectations d’autrui étaient également siennes, jusqu’à devenir une véritable obsession. Toute sa vie, il avait déversé de la sueur, déployé maints efforts pour tenter de donner raison aux attentes qu’on nourrissait pour lui et de fait, il n’avait jamais envisagé d’échouer si lamentablement au seul objectif qu’il avait cru nécessaire de se bâtir. À présent, Ashana l’invitait de manière implicite à saisir son Destin en main, selon ce qu’il désirait vraiment. Le jeune Ygdraë avait tout autant envie de pleurer que de rire avec convivialité en écoutant les propos de la jeune femme, déchiré par la nature contradictoire de ces deux réactions. Un ricanement arriva néanmoins à franchir la commissure de ses lèvres, mettant un terme définitif à sa joute intérieure. « Beaucoup croit que le Destin est déjà tout tracé, qu’il ne peut pas être changé. » expliqua Elyot suite à un soupir résigné. Il n’essayait pas d’excuser la conduite des autres à son encontre, énonçant ce constat sans même que sa voix ne trahisse ne serait-ce qu’une trace d’animosité. « Mais pour ma part, j’essaie de me convaincre que les Dieux nous laisse une certaine marge de liberté. Ils posent les bases de notre existence bien sûr, mais je crois que la plupart des choix que nous prenons dépende, au contraire, de notre volonté. Oni nous façonne des chemins, mais c’est à nous de décider ensuite lequel nous voulons emprunter. » Son rictus s’élargit, légèrement amusé. « De nous deux, je pense que c’est moi le plus bizarre. »

Alors que le vent gagnait en puissance, l’Ygdraë ne perçut pas le murmure de la jeune femme caresser ses tympans. Le visage fouetté par la froideur de la brise, il exhala néanmoins un soupir de contentement, tirant avantage des caprices de la Nature pour rafraîchir sa peau brûlante. Cela lui procura un bien-être enivrant, libérateur, qui adoucit son expression faciale de lueurs candides et innocentes. Il était impossible de songer que, au creux de son subconscient, des tourments hantaient inlassablement son esprit fragile. Quand la voix d’Ashana se haussa pour consentir à sa demande, le sylvestre ne parvint guère à cacher sa surprise. Il était persuadé qu’elle refuserait, mais finalement, il se rendait compte d’avoir sous-estimé la portée de leur complicité. Ce fut donc avec une écoute assidue qu’il se laissa captiver par le récit de sa coéquipière. Durant la durée entière de ce dernier, Elyot n’osa pas souffler un mot. Il sentait que le lien les unissant se renforçait à chaque phrase qu’elle articulait et, de ce fait, il craignait de gâcher leur moment de confidence. « Je suis désolé. » lâcha-t-il une fois que sa partenaire eût terminée. Il ne s’agissait pas là d’une excuse, mais plutôt d’une marque de compassion. Après tout, il ne pouvait que relater au vécu de son amie, car c’était exactement ce qu’il vivait. Sauf que, dans son cas, il ne parvenait pas tout à fait à concevoir l’optique d’une autre existence que celle qu’il menait actuellement. « J’espère que ta mère et toi parviendrez à vous comprendre un jour. Ça doit être une épreuve difficile que vous traversez et je… j’en suis désolé. » répéta-t-il, rougissant de honte devant sa maladresse. Le garçon n’arrivait même pas à imaginer une vie sans Ezechyel, dépourvue de sa présence paternelle qui avait toujours fait partie de son quotidien, de son existence. Ainsi, pour Ashana, il présumait que l’absence de son père devait être dévastatrice, mais, en dépit de cette prise de conscience, l’Eblaë ne trouva rien d’autre à dire pour lui exprimer son empathie.

« J’apprécie la confiance. Je jure que ton secret est bien gardé avec moi. » Sautant sur l’occasion de se délivrer de son embarras, le blond resserra la corde à ses hanches, avant d’expirer l’air contenu à l’intérieur de ses poumons. « Allons-y maintenant. Nous avons suffisamment profité de notre répit. » Rivant son regard vers le sommet du végétal, Elyot exécuta quelques rotations avec ses bras dans le but d’échauffer ses muscles détendus. Puis, il s’engagea sur la branche au-dessus de leur tête en s’agrippant aux lierres qui recouvraient certaines sections du tronc. « Est-ce que tu sais si ton père est toujours en vie ? » osa-t-il demander au bout de plusieurs minutes d’escalade. La question l’obnubilait depuis que la jeune femme y avait fait référence. Cependant, l’Ygdraë avait patienté, jusqu’à parvenir à rassembler assez de courage pour satisfaire la gourmandise de sa curiosité. Il avait même ralenti le rythme de leur ascension afin de discuter sans perdre inutilement leur souffle par la même occasion.

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Dim 10 Mar 2019, 14:08


Sous sa dernière tirade, c'est à son tour de rire. Ashana était tout simplement émerveillée par le changement d'émotion faciale d'Elyot pouvait faire. Tantôt, il était dévasté et maintenant, il souriait à pleines dents. Tout ceci, ne fit que renforcer son envie de le protéger, mais surtout de le prendre dans ses bras pour le serrer contre elle. Il était tout simplement adorable. “Tu n'es pas bizarre, je crois plutôt que tu es plus réaliste que d'autres et ta ligne de pensée est également juste. J'ai peine à croire que les dieux nous auraient créé pour simplement faire de nous des pantins sans choix moral personnel ou encore sans volonté propre. Comme tu l'as souligné, je crois au fait qu'ils ont tracé plusieurs voies, mais qu'ils nous laissent la chance d'évoluer comme bon nous semble dans ces dernières. Quoique, je préférerai quand même est à cent pour-cent libres de mon destin, mais je peux me contenter de ceci si ça me permet de découvrir tout autour de moi.” Termine-t-elle les yeux dans le vide. De leur position, l'horizon était assez visible entre les feuilles dansantes de l'arbre. Une brise des plus bienvenue vient les caresser, leur offrant un répit frais et revigorant. Ashana prend une grande respiration, ramassant le courage qui lui manquait face à la question d'Elyot avant de délier le nœud de sa gorge et expliquer la signification de sa cicatrice.

Plus elle parlait, plus elle avait la vague impression qu'elle liait plus qu'une simple amitié. En quelques heures à peine, Elyot avait su se glisser là où tous avaient échoué. Il n'y avait eu que Miss Selewae qui avait su prendre une place importante dans sa vie, remplaçant presque celle de sa propre mère et pourtant, elle ne lui avait jamais parlé de la réel signification de ses stigmates. Et regardez-la maintenant, à parler librement de sa vie à un enfant qui avait une mentalité aussi mature que la sienne. Si dans le passé, on lui aurait dit ceci, elle ne l'aurait jamais cru et maintenant, elle chérissait chaque minute qui s'écoulait. Elle avait la sensation que ce moment serait gravé dans sa mémoire toute sa vie, qu'elle ne pourrait plus jamais oublier l'odeur sucrée d'Elyot qui se mélangeait à celle du vent et à l'arbre. En quelques minutes à peine, ce mélange d'odeurs était devenu ses préférées et pour rien au monde elle l'oublierait. Pendant qu'elle prend une grande respiration pour mémoriser dans son esprit ce moment magique, elle entend Elyot s'excuser. Un faible sourire tendre s'étire pendant qu'elle glisse sa main sur la sienne, venant serre avec douceur, mais force sa petite main dans la sienne. “Une partie de moi espére encore que c'est possible... Et une autre à abandonner il y a longtemps.” Souffle-t-elle sans rancune ou même tristesse. C'était plutôt d'une voix neutre qui ne savait plus comment agir avec cette situation.

“Tes mots me touchent beaucoup Elyot et j'apprécie également la tienne. J'espère sincèrement que ça durera.” Termine-t-elle le visage dans le vent. Les quelques mèches folles qui s'étaient échappées flottaient librement, dansant au même rythme que les feuilles. Tandis qu'Elyot se met en marche, Ashana se lève sur la branche, étirant un peu ses bras pour les réchauffer à leur tour. Elle lève les yeux vers le sommet, observant que l'épais tapis feuillu qui était d'un vert émeraude. Au travers du tapis végétal, elle pouvait voir les rayons du soleil filtré, offrant une vision magnifique. Elle se met en branle dès qu'Elyot commence à monter un peu, le rejoignant assez facilement en gardant quand même une distance respectable pour ne pas lui nuire. Elle reste silencieuse, ne voulant pas prendre la chance de briser la concentration de son compagnon. Cependant, elle avait terriblement envie de parler, c'était plutôt rare, non, c'était bien la première fois qu'elle désirait continuer à parler avec quelqu'un d'autre qu'elle-même. Une nouvelle fois, elle fut fascinée par la facilité avec laquelle Elyot avait su se glisser jusqu'à son cœur. Un faible sourire rêveur et moqueur s'étire sur ses lèvres, si seulement Selewae la voyait, elle serait fière d'elle. Quand Elyot lui pose une nouvelle question, Ashana lève les yeux vers le haut, observant son dos et ses cuisses se mouvaient sous le dur travail.

Elle garde le silence encore un peu, réfléchissant à ce qu'elle voulait dire. “Concrètement parlant, je l'ignore. Ma mère n'a jamais voulu répondre à cette question. Avec le temps, je crois que c'est la raison principale qui a poussé ma mère à se réfugier ici et qui l'a rendu ce qu'elle est devenue maintenant. Je me dis qu'elle devait réellement l'aimée pour changer autant. Cependant, mon instinct me souffle qu'il est encore en vie. C'est une étrange impression qu'à chaque fois que je pense à lui, je ne peux pas croire qu'il est mort. Sous la colère, ma mère m'a déjà répondu tel père telle fille, alors je suppose que déjà quand j'étais plus petite, j'aimais plus mon père que ma mère.” Dit-elle pensive. Même en cet instant précis, elle ne pouvait pas croire que son père n'était plus là. Quelque chose lui soufflait qu'il allât bien et qu'un jour leur chemin allait se croiser. Elle espérait simplement que tout ceci n'était pas une simple fantaisie d'enfant. Pendant qu'elle calque le rythme d'Elyot, elle diminue un peu le rythme de sa respiration, voulant maximiser leur chance. “Dis-moi Elyot, entre toi et moi, si tu pouvais choisir ta branche dans quoi irais-tu ? Quel serait ton choix idéal ?” Même si la question était plutôt banale, elle avait envie d'en apprendre un peu plus sur Elyot. Elle voulait continuer à le découvrir sous tous les angles et avec ses propres pensées et non celles imposées par les autres.



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Mer 13 Mar 2019, 18:24

La main de l'Ygdraë resta suspendue dans le vide durant quelques instants. Son corps ne se mouvait plus, figé, comme si le temps avait cessé d’être, avant de reprendre doucement la montée. Les traits du garçon s'étaient rembrunis, affichant un air pensif et partagé. Il hésitait comment définir les espérances de son amie. Pouvaient-elles être légitimes dans un contexte qui paraissait si tragique et horrifiant ? Évidemment, Elyot ne désirait pas se montrer pessimiste, jouer l’augure de mauvais présage virevoltant au-dessus de la tête de sa partenaire. Il voulait croire aux instincts de la jeune femme, coûte que coûte, pour l’épauler dans ses convictions, sachant qu’il aurait agi de la même façon si leurs rôles avaient été inversés. Les frissons envahissaient la peau de l'Eblaë juste en songeant à une vie où tout ce qu’il connaissait de sa figure paternelle se limitait à de vagues souvenirs d’enfance, peut-être même sans aucun visage à lier au nom de ce père disparu. Ce seul nom qui témoignait pourtant du fait qu’il ait vraiment existé parmi les vivants. L'élève ignorait ce qui devait être le plus dur. Assister à la déchéance progressive de sa mère ou se faire imposer l’ignorance ? Qu’est-ce qui pouvait être pire que d’espérer tout en étant conscient que son rêve tanguait sur un fil au cœur du néant ? C'était cruel de l’admettre mais, en vérité, il n’y avait aucune garantie que les espoirs d'Ashana se concrétisent totalement. L’Ygdraë était terrifié par l’éventualité que ces derniers finissent par se briser, transformant ainsi les cauchemars de son amie en réalité. Sa poigne se raffermit contre la branche qu’il agrippait entre ses doigts. Elyot était tendu et, dans le but de se calmer, il laissa une longue exhalation quitter le creux de ses poumons. Il détestait cette impression : celle qui l’entraînait constamment au sein des fantaisies de sa trop grande imagination, toujours fataliste, jamais optimiste. La jeune femme ne méritait pas d’entendre les propos qu'il n’osait pas avouer tout haut. Il avait peur. Peur que la sylvestre prenne mal ses doutes. Peur qu’elle commence à assimiler ses doutes. Alors, le garçon décida de l’imiter. Il se raccrocha à la même confiance que son équipière en posant l’unique question qui découlait naturellement de son récit : « Tu comptes retrouver la trace de ton père durant ton voyage dans le monde extérieur. » Bien que son intention eût été de soulever une interrogation, le ton de l'enfant se révéla malgré tout affirmatif, comme s’il exposait une évidence. C’était sans doute le cas ou du moins, s’il avait été à la place de son amie, ça serait exactement l'objectif qu'il poursuivrait. L’Ygdraë n’avait jamais supporté l'ignorance et, en somme, il se sentait plus concerné par le récit d’Ashana que ce qu’il laissait bien paraître. « Qu’est-ce que ça fait de penser qu’il soit encore en vie alors que tu es toujours coincée ici ? » La première chose qui vint à l’esprit du jeune sylvestre fut le terme « horrible » – pour de nombreuses raisons. La perception qu’il se créait lui-même de la situation faisait indéniablement parti de l’équation. Néanmoins, Elyot ne nourrissait aucune prétention de connaître ou de pouvoir deviner les pensées de la jeune femme et de fait, il préférait conserver son mutisme pour écouter l'avis de cette dernière, se promettant de ne pas la juger sur les mots qu’elle prononcerait.

Vivre cloîtré entre les murs invisibles de Melohorë n’était facile pour personne. Que ce soit à cause du goût de l’aventure ou par ennui, les Eblaë désiraient indéniablement quitter l’enceinte de leurs Terres natales. Ils désiraient tous s'émerveiller devant des horizons dissemblables aux leurs, à la fois inconnus et magiques, tels ils étaient décrits dans les Contes de Faes. Il s’agissait probablement de lubies naïves et enfantines de croire que le monde extérieur se parait de plus belles merveilles que les paysages ygdraëns, mais le sentiment d'exotisme se refoulait difficilement. Elyot pouvait le ressentir cogner contre sa poitrine. Ashana également, sans doute. Pourtant, le jeune Ygdraë évitait généralement d'en parler. Il craignait de perdre de vue ce qui importait aussi à sa nation mais, parfois, son instinct lui chuchotait que ses volontés finiraient forcément par s’opposer à celles d’autrui. Honnêtement, l'étudiant attendait le regard des Enelyë avec un mélange de crainte et d’impatience, affligé par le suspense qu'il était certain de voir s’étirer encore longtemps. Et si sa vraie nature n’était guère ce qu’il croyait être ? La question l'obsédait constamment. Qui était-il vraiment ?

Alors que le garçon réfléchissait sur la complexité du Destin, le questionnement d’Ashana caressa étrangement ses oreilles à point donné. Qui voulait-il devenir ? C'était la seule question à se poser s’il espérait faire les bons choix. Pour lui. Même s'il ne connaissait pas encore sa propre répartie. « J’ai toujours admiré les Eorbeth. » commença-t-il, hésitant. « Voyager partout sur les Terres du Yin et du Yang à la recherche d’artéfacts perdus ou oubliés, travailler de concert avec les Faes et vivre à Ynys Sailanen : tout ça me paraît génial et merveilleux. Et puis… » Il s'interrompit, prenant une grande inspiration. L'Ygdraë s’était déjà ouverte à lui, sans qu’il ne l’ait exigé. De ce fait, Elyot savait qu’il serait injuste de cacher ses secrets après qu’elle lui ait dévoilé les siens, mais c’était compliqué. En vérité, le jeune Eblaë se sentait à la fois confus, démuni, face à cette idée et puis, ce serait la première fois qu'il exprimerait en mots la complexité de ses intimités. Et ça le terrifiait. Il le fit malgré tout, tendu, tandis que ses mains se resserraient contre une prise de l’arbre pour dissimuler leurs tremblements. Il avait arrêté de grimper. « Et puis, cette branche me tiendrait loin des enjeux politiques parce que je… hum… » Sa bouche s'était asséchée. « Je ne veux pas subir ce que ma mère a vécu en se faisant déchoir du trône. » Il n’était même pas né au moment où ces événements s'étaient déroulés. Ce qu’il en avait entendu toutefois l’avait profondément marqué. Ainsi, la politique le terrorisait. Pour autant, lorsqu’on faisait abstraction de son manque d'expérience, ce domaine se révélait être sa spécialité selon ses professeurs. Quelle ironie. « Cela dit, on espère que je devienne un Cyraliel pour éviter de gâcher mes talents. » Elyot esquissa un vague sourire. « Et toi ? Quelle branche voudrais-tu intégrer ? » demanda-t-il en reprenant l’escalade. « Quelle est la personne que tu rêves de devenir ? »

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Jeu 28 Mar 2019, 17:10


La question d’Elyot tonna comme un éclair dans la nuit. Cette même question qu’elle c’était posée des millions de fois sans pour autant prendre le temps de chercher et trouver une réponse. Tout en continuant son ascension vers les cieux, elle garde le silence, incertaine de la réponse qu’elle allait offrir à son jeune ami. Pourtant, elle avait la vague impression que son ami n’avait pas posée concrètement une question, mais plutôt apporter une affirmation discrète sur ses propres pensées sur la question. Tout en attrapant à son tour une branche, elle se hisse à son tour sur une branche qui lui permettra de continuer sa montée. “J’aimerais beaucoup trouver des traces de lui... Quand j’y pense, j’ai des souvenirs odorifiques qui me donnent l’impression que nous vivions dans un marais... Peut-être que quand j’aurais une chance, j’irais vers l’antre des Marais. C’est un territoire Eversha, alors je ne devrais pas me faire attaquer à vue.” Pendant qu’elle termine sa phrase, son regard tombe sur une chenille aux couleurs particulières. Se poile était d'une verte feuille très douce et délicate dans les rayons du soleil. Toutefois, quand la chenille remarque la main de l’elfe qui se dépose tout près, elle semble surprise et elle se redresse, dévoilant l’illusion d’un petit serpent reconnu pour être venimeux.

Ashana sourit tendrement avant qu’elle ne retire sa main pour continuer son escalade. Un vent chaud vient au même instant caresser sa nuque et elle soupire d’appréciation sous les frissons qui la rafraîchissent un peu. “C’est un sentiment étrange et contraire. Je ne crois pas que je puisse bien l’expliquer... Mais à chaque fois que je me pose la question, j’ai mon instinct qui me dit qu’il est toujours là, quelque part. Parfois, le désespoir me ronge, parce que je me sens cloîtrer, prise malgré ma volonté. J’attends avec une grande impatience le regard, pour enfin savoir ce qui va arriver par la suite. J’ai quand même la petite crainte d’être peut-être une Enelyë et d’être prise ici. Entre toi et moi... Je crois que ça me tuerait d'une manière.” Complète-t-elle avant de se cloîtrer dans un léger silence. Intérieurement, elle ne pouvait pas croire, non, elle ne pouvait pas accepter le fait qu’il pouvait y avoir une faible chance qu’elle soit obligée de rester ici. Elle avait un grand respect envers l'Enelyë, mais en même temps elle ressentait un peu de peine envers ceux qui n’ont pas désiré ce choix qui leur a été imposer.

Ensuite, viens au tour d’Elyot de s’exprimer de manière plus intime. Pas une seule fois, Ashana aurait cru que cette question simple donnerait un moment dur à ce dernier. Même si Ash n’était pas une experte pour lire les émotions des autres, elle n’était pas assez insensible pour ne pas remarquer le malaise qu’elle venait de lui offrir. Devant son hésitation, elle tourne la tête vers lui, posant ses grands yeux mauves sur sa personne. Une nouvelle fois, elle recevait un coup-de-poing au ventre face à la vulnérabilité qu’il lui donne. Elle pince les lèvres, se traitant d’idiote face à ce qu’elle venait de faire. Cependant, il lui montre encore une fois sa force de volonté en se dévoilant à elle. Il lui fait part de son choix puis des craintes qui tourne autour de sa famille. Le sort de l’ancienne reine était connu de tous et Ashana comprend immédiatement pourquoi il cherche à fuir la voie de la politique. Elle-même fuyait cette voie plus que tout. “Les Eorbeth ont une très belle branche, j’ai moi-même hésité en celle-ci et les Enök. J’espère toutefois aller dans la seconde branche. Je sais que je ne suis pas aussi bonne en politique ou simplement avec les relations sociales, mais j’aimerais pouvoir offrir mon aide à ma manière, que ce soit en tant que protecteur, espions ou encore combattante pour ceux qui n’ont pas la force de le faire.” Termine Ash en suivant docilement la montée d’Elyot.

Sur la deuxième question de son ami, elle garde le silence, réfléchissant à la question. Elle réalise qu’elle n’a pas d’idéal sur sa propre personne. “Tu me prends par surprise. J’ai toujours été centrée sur l’entraînement physique et peu sur l’évolution mentale personnelle... Mais si je peux être utile d’une autre manière qu’avec la parole, je ferai de mon mieux pour l’offrir.” Termine-t-elle assez satisfaite de sa réponse. Ashana ne se bernait pas d’illusion, elle connaissait ses forces, mais également ses faiblesses. Elle voulait faire des efforts pour améliorer ses faiblesses, mais elle voulait surtout mettre le plus d’effort sur ses forces et le combat en était une. Pendant qu’elle se hisse sur une branche, invitant Elyot à prendre une rapide pause, elle ferme les yeux avant de demander ; “dit Elyot, si pendant une nuit, tu pouvais faire tout ce que tu voulais sans le moindre problème, qu’est-ce que tu ferais.” Termine-t-elle un peu rêveuse. En même temps, son voyage clandestin sur cette île étrangère lui revient en tête...



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Sam 06 Avr 2019, 20:46

Devant la légère hésitation de sa partenaire, Elyot ne put s’empêcher de se mordre la lèvre, anxieux. Avait-il été trop indiscret ? Est-ce que sa question avait outrepassé les limites des convenances ou avait-il simplement surestimé sa complicité avec la sylvestre ? C’était dur à dire, mais l’Ygdraë se sentait déjà mal d’avoir soufflé cette remarque, angoissant à l’idée qu’il venait, probablement, de tout gâcher quant à ce prélude d’amitié qu’ils commençaient tout juste à consolider. Pour être honnête, le garçon était même surpris que leur relation ait si bien fonctionné et évolué, considérant le peu de temps qu’ils avaient véritablement passé ensemble. Leur première évaluation semblait remonter à des jours, alors qu’en réalité, quelques heures, tout au plus, s’étaient véritablement écoulées. Pourtant, en ces quelques heures, l’Eblaë avait appris tant de choses sur Ashana qu’il en restait presque hébété, tel à l'éveil suivant un rêve insolite. Le sentiment ne le dérangeait pas, loin de là. Il se sentait plutôt touché de constater toute la confiance que lui portait la jeune femme, bien qu’au début de leur rencontre, ils aient été tous les deux de parfaits inconnus. La sylvestre ne lui avait pas semblé très extravertie par ailleurs, et cela l’avait incité de croire – à tort – que leur communication s’avèrerait difficile. Cependant, alors que leur échange se poursuivait dans une bonne cordialité, Elyot réalisait toute la grandeur de l’estime qu’il accordait à sa coéquipière. Elle lui paraissait si forte et acharnée à lutter contre l’inéluctable que le jeune garçon ne pouvait que l’admirer d’un regard pétillant. C’est pourquoi il redoutait tant sa réaction désormais, car il craignait d’avoir brisé, par sa curiosité, un quelque chose de fondamental en elle, un ressenti qu’elle aurait peut-être préféré garder secret. L’Eblaë paniquait sans doute un peu trop pour son bien, mais imaginer des scénarios catastrophiques révélait tout de sa façon de penser et de raisonner. Ainsi, il ne parvint pas à dissimuler son soulagement lorsque Ashana mit fin à son mutisme, avant de prendre un air songeur. L’Antre des Marais, disait-elle. L’Ygdraë esquissa un vague sourire. Il n’en avait jamais entendu parler, que ce soit à l’école ou de la bouche de ses parents, mais il savait que ce lieu ne se trouvait pas sur le continent. « Tu penses vraiment avoir vécu là-bas avec tes parents ? » s’enquit-il d’une voix ébahie. À ses yeux, les Terres de Melohorë constituaient le berceau de naissance de tous Ygdraë confondus : une croyance d’apparence naïve, certes, mais qui prenait tout son sens en examinant l’organisation de leur société actuelle. « Tu crois que ton père est un Eversha ? » poursuivit-il sur sa lancée. Ça lui paraissait être la conclusion la plus logique si ces marais appartenaient au peuple des Hommes-Bêtes.

Le jeune sylvestre suspendit un instant son ascension, incertain de la prise qu’il désirait empoigner, avant de reprendre la parole là où il l’avait interrompue : « Qu’est-ce qui pourrait empêcher ton père de venir te voir à Melohorë ? » lui demanda-t-il, inquiet, après que la jeune femme eût admis la mince – mais pas improbable – possibilité qu’elle se fasse attaquer en pénétrant au sein de ce territoire. « Il doit se douter que vous – ta mère et toi – se trouviez ici non ? » S’il était encore en vie. Évidemment, Elyot garda le restant de sa pensée pour lui-même, dardant, à l’instar de son fatalisme, sa concentration sur la montée. Il dépassa vivement la chenille qui se métamorphosa en serpent, inconscient de l’illusion, puis tira avantage de la légère poussée du vent pour se propulser un peu plus vite sur la longueur du tronc. « Ce que tu ressens, c’est de l’Espérance, Ashana ! » affirma l’Ygdraë, tout sourire. Il s’agissait d’une des sept Vertus défendues par le peuple angélique : il s’en souvenait, car son professeur d’histoire s’était longuement étendu sur la situation démographique, sociale et économique des Ailes Blanches tout récemment. Le sylvestre s’estimait, de ce fait, assez avisé en la matière pour reconnaître un trait vertueux quand on lui en décrivait un. « C’est bien de vouloir s’y raccrocher, mais ne la laisse jamais t’aveugler, d’accord ? C’est ça qui te fait mal, je crois : d’espérer, alors que tu te sens prise dans une impasse. » Il marqua une pause. « Si ça peut t’aider, ne vois pas Melohorë comme une prison, mais plutôt comme un lieu d’épanouissement afin de te préparer à affronter un monde inconnu et bien trop souvent hostile. » Il inspira, avant de relâcher l’air de ses poumons, fier de lui-même. Il s’était rappelé les mots exacts de sa sœur lorsqu’il avait soulevé, un jour, des propos à peu près identiques à ceux que lui admettaient présentement la jeune Ygdraë. Le garçon sourit, tendrement. « Dans tous les cas, j’espère que tu arriveras à réunir toute ta famille. Et si jamais les Enelyë déclarent que tu es une Löth, je pourrais toujours me rendre à cet Antre des Marais à ta place et retrouver ton père ! » termina-t-il sur une note enchanteresse, candide. Il se sentait prêt à tout, capable de tout, pour soutenir son amie. Cela dit, ses traits joviaux se décomposèrent rapidement au fur et à mesure que ses lèvres bougeaient en libérant leurs aveux. Tout au long de son court monologue, Elyot avait ressenti le regard de l’Ygdraë peser sur lui, mais rien n'eut semblé pouvoir l’arrêter tant ses propos s’étaient déversés avec aisance de sa gorge. Il appréciait dialoguer avec son interlocutrice, bien qu’il ignorât si ses confessions lui procuraient du bien-être ou non. Il parvint néanmoins à étirer l’ébauche d’un sourire, percevant, à travers la répartie de la jeune femme, une douceur exquise. « Les Enök, comme mon père. » murmura-t-il, admiratif. « Tu sais, j’ai longtemps voulu intégrer cette branche à cause de lui, avant de me rendre compte que je n’avais peut-être pas tout ce qu’il fallait pour mener mon aspiration jusqu’au bout. À vrai dire, j’ai surtout réalisé que l’armée, les combats, l’espionnage, etc, ce n’était pas vraiment mon truc… Il existe bien d’autres façons d’apporter sa contribution dans la société. J’ose espérer qu’on a pas forcément besoin de politique pour arriver à accomplir quelque chose de grand ! » Son raisonnement tirait en partie ses sources des récits de Contes de Faes. « On dit que les actes ont plus de valeurs que les mots. » conclut-il tout en ponctuant sa déclaration d’un large rictus. Après tout, s’il avait laissé ses premières impressions l’influencer, ils n’auraient probablement jamais eu cette conversation.

Acceptant l’invitation de coéquipière, l’Ygdraë vint prendre place à ses côtés sur le branchage. Il profita de ce court instant de répit pour reprendre son souffle, délogeant, d’un geste de main, la sueur qui dégoulinait de son front. Puis, son expression se défigura peu à peu sous l’effet de la surprise après qu’Ashana lui eût posé sa question. Son visage devint subitement pensif, tandis qu’il réfléchissait à ses prochains mots. Il n’avait jamais vraiment songé à une interrogation semblable, car il lui apparaissait impossible qu’une telle opportunité se produise réellement. Son imagination d’enfant n’en était pas moins débordante – au contraire – mais il avait simplement atteint un âge où le pragmatisme et la rationalité avaient plus ou moins réussi à intégrer le cours de ses réflexions – à l’image de bien d’autres jeunes Ygdraë d’ailleurs. Toutefois, Elyot continuait de rêver, de fantasmer sur des réalités parfois incongrues, il l’avouait. Cela dit, il les considérait toujours comme étant ce qu’elles étaient : de simples divagations. « J’irais voir un tournoi de Puffball ! Ou je demanderais à Ange de me faire voler autour du monde. » Le sylvestre était étonné de la simplicité de ses réponses, mais en réalité, il en avait plusieurs de ce genre qui se cognaient, en ce moment-même, au creux de sa tête. Des milliers de rêves inavoués.

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Mar 16 Avr 2019, 20:26


“À force de poser des questions à ma mère, malgré plusieurs tentatives infructueuses, j'ai réussi à retirer quelques informations qui m'ont permis de trouver mon lieu de naissance. À l'époque de notre arrivée, ma mère avait ramené quelques spécimens plantes originaires du marais et avec l'aide du professeur Roseseeker, on a pu retrouver leurs enlacements originaires.” Termine-t-elle avec confidence. Avec le temps, il y avait eu d'autres petits détails qui avaient vendu l'emplacement du lieu. À la seconde question d'Elyot, Ashana hausse les épaules. “Selon le professeur, le marais est principalement habité par les Eversha, alors il y a de très grosse chance que ce soit le cas. Je n'ai jamais eu de confirmation de ma mère par contre, alors je laisse la possibilité qu'il soit autre chose. Dans tous les cas, quelle que soit sa race, je ne ferais pas difficile...” Termine-t-elle avec une pointe de malice heureuse dans la voix. Toutefois, une crainte injustifiée, mais toujours présente ; et si c'était son père qui les avait abandonnés ? Ceci pouvait peut-être expliquer le comportement froid et distant de sa mère envers elle. Elle l'avait si souvent entendu dire - de la bouche de sa mère - qu'elle ressemblait que trop à son père.

Malgré elle, elle laisse échapper un soupir face à ses souvenirs très peu agréables. “Sincèrement, je ne sais pas quoi te répondre... Il peut y avoir plusieurs raisons pour ceci... La mort, l'abandon ou ma mère a refusé l'accès à mon père... Pour une raison ou une autre, elle semble garder de la colère contre lui...” Elle rit doucement devant son enthousiasme. C'était rafraîchissant de voir que quelqu'un semblait partager le même sentiment et l'encourageait même à continuer sur cette voie-là. Malgré son jeune âge, Elyot avait une pensée plus poussée et vieille que son âge l'indiquait. C'était agréablement surprenant, parce qu'elle n'aurait jamais cru voir en ce jeune homme un confident. Non pas que la possibilité avait été obsolète tout depuis le début, mais plutôt à cause de leur différence d'âge. Elle ne voulait pas non plus apporter ses propres problèmes à quelqu'un d'autre. Elle ne regrettait rien de ce qui s'était passé entre eux et elle en chérissait chaque instant.

“Tu sais Elyot, je crois que tu me surprendras toujours. Tu es tellement plus mature que tu en as l'air. Je sais que le fait de trop espérer, me fait parfois mal, parce que je m'accroche à d'infimes fragments qui n'existent peut-être plus. En même temps, je garde à l'esprit que je pourrais être déçue par la vérité, mais je ressens le besoin d'en avoir le cœur net. Même si ma mère a essayé de tuer dans l'œuf ce sentiment, elle n'a fait que l'alimenter en refusant d'y répondre. Ton offre me touche beaucoup et je te le retourne sincèrement.” Tout en écoutant Elyot, ils finirent par prendre place, reposant leurs bras et leurs jambes qui s'étaient fatiguées par la montée qui semblait interminable. “Tu sais, si j'ai choisi les Enök, c'était en partie à cause de ma mère, mais j'ai fini par réaliser que j'étais très bonne à ceci. L'art du combat m'a été introduit si jeune, que je ne sais pas faire grand-chose d'autre donc je suis à l'aise. J'ai réalisé aussi que je voulais offrir mon aide a tous ceux qui ne pouvaient pas sortir de la cité.” Termine-t-elle en étirant un peu ses bras.

Elle fait ensuite quelques petits exercices du cou, essayant de relâcher la tension qu'elle ressentait. Ce n'est qu'à cet instant, qu'elle réalise la fatigue qui s'attaque de plus en plus à son corps et elle se demande si Elyot ressent la même chose. Elle ne désirait pas non plus épuiser trop rapidement son compagnon, surtout qu'elle ignorait s'il était très endurant ou non. Mais en l'observant de plus près, il semblait quand même bien s'en sortir et il ne se plaignait pas trop de l'ascension, qu'ils avaient pris. Les réponses d'Elyot la firent sourire. Qu'elle aurait apprécié d'avoir des pensées aussi enfantines, non pas enfantines, mais plus légères. Toutefois, son esprit rêvait de grands espaces et d'une végétation inconnue. “Ce sont de belles envies, je ne connais pas le Puffball . C'est un sport ?” Demande-t-elle en venant à son tour essuyer son front et refaire sa queue-de-cheval. “Et cette Ange ? Tu parles des ailes blanches où c'est le nom d'une amie ?” Demande-t-elle un peu curieuse.  



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Lun 22 Avr 2019, 17:51

Au compliment de son amie, le visage de l'Ygdraë vira au rouge pivoine. Gêné, il baissa les yeux au sol et effectua, durant quelques instants, du surplace, raffermissant l'emprise de ses mains sur le tronc de l'arbre. « Merci. » souffla-t-il simplement d'une petite voix. Évidemment, il n'osa pas avouer que les mots qu'il avait prononcé ne lui appartenaient pas vraiment. Elyot inspira, avant de libérer l'air de ses poumons afin de dissimuler un tant soit peu son embarras. Il appréciait le fait que la sylvestre – une jeune adulte qui plus est – sache reconnaître, à sa juste valeur, la maturité qu'il s'était toujours efforcé de prouver aux plus grands. Combien de fois lui avait-on répété que la sagesse ne s'acquérait que par l'expérience et l'accumulation de connaissances ? L'Eblaë était pourtant le premier à admettre qu'en raison de sa jeunesse, il ne pouvait prétendre égaler la sagesse des anciens, mais il était las de se faire constamment sous estimer pour ces mêmes raisons. Il était peut-être encore qu'un enfant, mais il n'était certainement pas stupide. L'Espérance, il savait si bien ce qu'elle était capable d'engendrer pour l'avoir vu de ses propres yeux. Dans une certaine mesure, elle s'apparentait à l'attribut qu'idéalisait les contes et les romans de ce monde. Cela dit, ceux-ci présentaient uniquement un seul côté de la médaille, car la vie ne se montrait pas toujours miséricordieuse envers les êtres qu'elle animait, sans égal à la vertu ou au vice qui domptait les cœurs. Une justice parmi l'injustice. Le garçon soupira, renversant la tête vers l'arrière afin de contempler la cime du végétal de grimpée. La Vie n'était formée que d'un amalgame de contradictions dont il peinait à saisir le véritable sens, le véritable but. Cela lui faisait penser à l'histoire d'une femme – une de ses anciennes voisines en vérité – qui, il y a longtemps, avait presque couru à travers tout le village pour annoncer la nouvelle de sa maternité. Elyot se rappelait encore de l'extase qui avait fait briller son regard de mille feux lorsqu'ils s'étaient croisés. Pourtant, le souvenir de son visage ravagé par le désespoir demeurait encore plus limpide au creux de sa tête, après que la Mort eût arraché l'enfant à cette mère par une fausse couche. Elle n'avait rien fait pour mériter un tel sort pourtant. Assurément, le cas d'Ashana était différent de celui de cette dame, mais la souffrance semblait, malheureusement, détenir une portée universelle. Ainsi, un espoir aveugle pouvait conduire aux bras de la désespérance si on n'y faisait pas un minimum attention. Ironique, n'est-ce pas ? Plus tôt, sa partenaire avait affirmé que la race de son père lui importait peu. Néanmoins, l'Eblaë ne pouvait s'empêcher de questionner sérieusement la valeur de cette assertion. Est-ce que la jeune sylvestre serait en mesure de garder ses convictions si son géniteur se révélait être un Démon par exemple ? Il n'en savait rien et bien que la curiosité l'ait démangé, l'Ygdraë s'était abstenu de formuler la question à haute-voix. Décidément, l'optimiste était incapable de cohabiter avec le scepticisme de sa nature.

« À chacun ses forces et ses passions je suppose. » reprit-il sur les seconds propos de la femme tout en haussant les épaules. « Toutes les branches s'équivalent en terme d'importance et personnellement, je te trouve très noble d'avoir autant à coeur la protection des plus démunis. » Il sourit. « Tu me fais penser à ces héroïnes qu'on voit dans les contes de Faes... avec l'armure en moins par contre. » précisa-t-il sur une note plus malicieuse. Imitant ensuite l'initiative de sa camarade, le sylvestre fit rouler ses bras – trois fois vers l'avant et trois fois vers l'arrière – dans une tentative de réduire l'endolorissement qui fatiguait ses muscles. Il était épuisé en vérité, bien plus qu'il aurait pensé, qu'il aurait dû, car ils étaient encore loin du sommet. Cela dit, ils avaient sans doute escaladé le plus gros de l'arbre et en observant les autres binômes s'affairer, sans relâche, à leur propre montée, Elyot restait confiant d'arriver à compléter l'épreuve. Il resserra le cordage autour de sa taille tout en arquant un vague sourire devant l'interrogation de son amie. « Oui. » confirma-t-il d'un signe de tête. « As-tu déjà entendu parler de Basphel ? C'est là-bas que se déroule les tournois de Puffball – et ils sont super populaires à ce qu'il parait ! C'est ma sœur qui me l'a dit par courrier – car elle fait son voyage actuellement – après avoir assisté à une partie. Elle a cette façon d'écrire qui met l'eau à la bouche et de fait, ça me rend juste plus impatient de passer le Regard des Enelyë pour voir un match de mes propres yeux ! Il y a tant de choses que je voudrais découvrir dans le monde extérieur en réalité. » La question suivante arracha un vif éclat d'hilarité au jeune Eblaë, dont le sourire faisait presque, à présent, le tour de son visage. « Je parle des Ailes Blanches évidemment ! Porter le prénom « Ange » ne garantit pas l'habileté à voler, non ? À moins d'être un Ange qui s'appelle Ange, mais c'est un peu ridicule pas vrai ? » souleva-t-il de son ton candide. L'Ygdraë réalisa une nouvelle série d'étirements, soufflant par la même occasion à l'intention de sa partenaire : « Et toi ? Qu'est-ce que ça te tenterait de faire ? » Il voulait entendre sa réponse avant de poursuivre leur montée. Le sylvestre aimait bien discuter, mais il comprenait néanmoins que, pour réussir leur test, ils devaient avant tout économiser le peu d'énergie qui leur restait.

1010 mots – Post XIII
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Sam 11 Mai 2019, 02:36


Tout en regardant Elyot, elle retient le rire qui voulut traverser sa gorge. C'est qu'il était tout mignon avec ce rouge qui lui montait aux joues. Il était clair qu'il n'était pas habitué au compliment, mais elle comprenait ceci. Elle était, elle-même persuadait qu'elle aurait la même réaction si on lui offrait un compliment. Elle était si peu habituée aux interactions sociales, qu'elle se surprenait encore de la facilité avec laquelle elle discutait avec Elyot. C'était peut-être son “jeune âge” qui lui facilitait la tâche ? Malgré sa maturité mentale, il dégageait encore une certaine innocence qui mettait à l'aise Ashana. Elle passe une main dans ses cheveux, regardant l'horizon. Elle avait toujours trouvé la présence de la végétation apaisante et réconfortante. À sa seule vue, elle se sent revigorée mentalement, même si elle est préférée physiquement aussi. Elle aspire une grande goulée d'air, remplissant complètement ses poumons avant de retenir quelques secondes sa respiration. Ainsi, en suspens, elle sent son cœur battre rapidement dans sa poitrine, tambourinant contre sa cage thoracique. Ensuite, elle ressent son pouls frappé à ses tempes, aussi rapide que son cœur et tout ceci lui fait réaliser à quel point la fatigue et l'épuisement attaquent son corps. Elle était habituée aux longues heures de combat, elle répétait des katas ou encore effectuait des séances avec sa mère. Elle pratiquait surtout sur ses muscles, mais ceci, ce qu'ils faisaient en ce moment était quelque chose de différent. Ce changement était toutefois très plaisant, lui offrant une tout autre perspective de développer son corps.

Quand la douce voix d'Elyot reprend, elle tourne son regard mauve sur lui. Plus il parle, plus la fascination se dessine dans son regard. Chaque fois qu'il s'exprimait, il montrait un côté mature qui jure avec son visage juvénile. Sous les propos de l'héroïne, Ashana rit un peu. “Moi une héroïne ? Je doute, je n'ai pas la prestance qu'elles ont. Pour ce qui est de l'armure, ça va sûrement venir un jour...” Murmure-t-elle. Elle n'était pas enthousiaste à l'idée de porter du métal, mais elle n'était pas stupide de combattre sans la moindre protection. Elle termine les exercices d'étirement, écoutant et hochant la tête face aux propos de la fameuse école. Même si elle ne s'était pas intéressée plus qu'il le fallait aux rumeurs sur ladite école, il était dur de ne pas la connaître. Elle était quand même très reconnue pour accueillir de toutes les races possibles. À y repenser, c'était une idée géniale, mais Ash avait un peu de difficultés à ne pas voir les problèmes qui venaient avec ceci. En même temps, si l'école était devenue aussi populaire, c'était qu'elle fonctionnait très bien. Face à Elyot qui éclate de rire, elle rougit un peu de honte, après réflexion, il était vrai que sa question était un peu stupide. “Qui sait” commente-t-elle en haussant les épaules. “Je trouve ceci plutôt mignon comme nom.” Termine-t-elle en virant rouge pivoine.

Ses épaules sont légèrement secouées par un rire nerveux avant qu'elle devienne pensive. Après réflexion, c'était quand même une question difficile. “Beaucoup de choses, je veux surtout visiter le plus d'endroits possibles, voir autant de beaux paysages ou encore des endroits si reculés qu'ils sont dangereux de visiter. Je veux autant vivre de bonnes que de mauvaises expériences, de préférences des bonnes... Je veux forger de nouvelles facettes de moi, tout ceci grâce aux expériences qui vont frapper ma route. J'ai beaucoup d'attente face à la possibilité de mon futur voyage, mais en même temps, je veux laisser des portes ouvertes pour l'inconnu.” Elle se tait un moment, réfléchissant encore un peu. “Je réalise, qu'il est dur de donner une réponse claire à cette petite question.” Conclut-elle simplement. Elle croise les doigts avant d'étirer une dernière fois les bras vers l'avant, paume vers l'extérieur. Ses doigts laissent échapper un craquement sonore puis elle invite Elyot à reprendre. “Aussi bien essayer de continuer. Sinon ils vont croire que nous avons abandonné.” Souffle-t-elle en recommençant plus lentement la montée du feuillu. Malgré l'épuisement qui s'attaque à ses muscles, elle ressent une certaine euphorie.

Elle ignore si ce sentiment vient de l'entraînement ou encore de toute cette agréable conversation qu'elle partage avec Elyot, mais elle se sent bien. “Elyot... Je sais, qu'on se connaît que depuis quelques heures à peine, mais je tenais à te remercier. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas eu une conversation aussi agréable avec... L'un de mes semblables. Merci beaucoup d'avoir accepté d'être mon duo.” Souffle-t-elle. Intérieurement, elle vibrait d'une joie intense. Elle réalise, qu'elle ne sait jamais autant senti, aussi vivante de son existence. Elle savait très bien que c'était une émotion qui allait éphémère, mais pour l'instant, elle la chérit et la chérirait aussi longtemps que lui permettrait sa mémoire.


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Dim 30 Juin 2019, 18:33

Le voyage. À cette évocation, Elyot ne put s'empêcher de sourire, l'air rêveur. Ce que venait de lui avouer la jeune femme ressemblait, d'un certain sens, à ses propres désirs. Ils convoitaient tous les deux une vie exubérante d'aventures qui transcendait et allait au-delà des limites de leurs Terres natales. Cela dit, en aucun cas ils n'aspiraient à se défaire de leurs racines, tentant assidûment de concilier devoir et ambition afin de parfaire leur vision de l'existence idéale. Après tout, le Valärunkar aimait Melohorë. Il n'en aurait jamais assez de se perdre à contempler sa faune et sa flore, d'humer son parfum si caractéristique et familier ou d'en explorer le moindre recoin caché. Il appréciait également la compagnie des siens et, en toute franchise, certaines races peuplant le monde extérieur lui faisaient peur, comme les Démons et les Chamans pour ne citer que ces deux exemples, et de fait, il s'estimait heureux de pouvoir s'épanouir ici plutôt qu'ailleurs. Le territoire ygdraën était bien protégé et en conséquent, cela lui assurait de vivre paisiblement sans avoir à se tracasser du Mal qui rôdait sur tous les autres continents. Bien qu'il assouvisse à étendre ses horizons, l'Eblaë affectionnait malgré tout la tranquillité qui régnait entre ses frontières. Autrement dit, il n'était pas prêt de s'en démunir aussi aisément, en échange de quelques poussées d'adrénaline. À bien y penser, voyager semblait tout autant terrifiant que merveilleux, car cela impliquait forcément de se confronter, tôt ou tard, à l'imprévisible. Cela étant dit, ce constat fut loin de décourager le petit sylvestre : à l'inverse, il se sentait encore plus motivé à voir du pays. « J'ai entendu dire que Caelum est une ville magnifique. » Renchérit-il aussitôt qu'Ashana eut terminée. « Si c'est possible, je voudrais m'y rendre en premier pour mon voyage. Là-bas, ou peut-être bien à Avalon... » Le garçon avait murmuré ses derniers mots, conscient que mentionner la métropole des Plaisirs parmi ses priorités faisait sans doute très mauvais genre, voire même inquiétant venant de la bouche d'un enfant. C'est pourquoi le visage de ce dernier s'empourpra instantanément sous l'effet de la gêne, alors qu'il tentait, en bredouillant, d'expliquer les raisons de son choix original. « On dit que c'est très beau aussi. L'architecture. » précisa-t-il. « Et l'histoire de la ville est riche. » affirma-t-il ensuite avec une confiance étonnante. En vérité, le jeune Ygdraë ignorait ce que les adultes voulaient impliquer par « plaisirs » en désignant la Cité des Ailes Noires. Néanmoins, à force d'avoir essayé de leur tirer les vers du nez, Elyot avait fini par comprendre que le surnom qu'on attribuait à la capitale Déchue cachait des sous-entendus. Lesquels? Il n'en était pas sûr, mais il pouvait assumer qu'ils n'étaient sans doute pas très orthodoxes en se fiant aux réactions des autres, d'où son manifeste embarras. « Mais je suppose que tu préfères les endroits comme les Terres d'Émeraudes et Ynys Sailanen. » Il rit, légèrement nerveux, tout en abaissant le regard en direction du sol. « Il n'y a aucune bonne ou mauvaise réponse justement. » Il marqua un court temps d'arrêt. « Je voulais simplement entendre ce que tu avais à dire avant de continuer. » Relevant la tête, l'Ygdraë gratifia son amie d'un rayonnant sourire. « Merci. »

D'un même accord, les deux Eblaë reprirent lentement leur montée. Ils s'accrochaient aux lierres et aux lianes du végétal avec une détermination infaillible, frayant leur chemin vers les hauteurs de celui-ci malgré les plaintes de leurs muscles fatigués et les lamentations de leur esprit éreintés. Le Valärunkar était tout en sueur, mais il continuait avec bravoure de déployer tous ses efforts afin de mener convenablement leur duo vers la voie de la réussite. Depuis que la sylvestre et lui-même s'étaient échangés leurs remerciements, ils ne s'étaient plus reparlés. Concentrés plus que jamais, ils avaient franchi les mètres sans relâche, comme des bêtes, ne s'accordant que quelques brefs instants de répits lorsqu'ils réalisaient que leur partenaire n'arrivait plus à suivre la cadence qu'ils s'étaient imposés, avant de reprendre courageusement l'escalade sur le tronc. Elyot avait chaud, très chaud. Ses mains moites avaient de plus en plus de difficulté à s'agripper aux prises qui se présentaient à lui. Cependant, le jeune Ygdraë refusait de céder maintenant, pas alors que le sommet était enfin à portée de main. Du feu dansant au fond des yeux, il s'élança à travers les branches et les feuilles du grand arbre, résolu à atteindre son but.

795 mots – Post XIV
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[IX&X] - Il faut entretenir la vigueur du corps pour conserver celle de l'esprit. Ezechyel [& Elyot]

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