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 Voyage sans Lendemain [Raeden Liddell]

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Dim 11 Fév 2018, 17:31



Voyage sans Lendemain



Est-ce la proximité avec les territoires démoniaques qui avait influencé sa Lignée ? Ou n’était-ce que l’imputrescible fierté des Daeron que de vouloir s’aventurer hors des sentiers battus… L’honneur n’avait jamais figuré dans leur éthique, à moins de ne vouloir paraitre faible et ne pas même pouvoir s’élever contre les règles. Au contraire, la vision qu’ils avaient de leur âme n’était que celle d’une monnaie d’échange pour parvenir à leurs fins. Fragmentée, négociée, puis abandonnée…

C’était bien avant la Guerre des divinités. Une guerre à laquelle il ne participa pas. Une guerre dont il ignora l’existence jusqu’à ce que quelques âmes s’aventurent jusqu’ici pour en énoncer quelques bribes. La déraison, jadis, l’avait poussé à venir. Seul.
En temps normal, une excursion était organisée. Une dizaine de Sorciers de son sang l’accompagnait, lui ou celui dont l’âme servait de don. Ils traversaient ensemble la frontière, implacablement sur leur garde. Parfois, il suffisait de monnayer avec un Démon pour franchir un obstacle. D’autres fois, l’odeur du sang se faisait plus forte et l’assaut était inévitable. Pourquoi tous ces efforts pour atteindre ce lieu reculé, une grotte froide et humide ? Certains parlaient de secret, d’autres de mystique. La raison la plus valable était l’accord démoniaque : prouver qu’ils ne les effrayaient pas et démontrer l’ascendant de la Lignée des Daeron sur leurs serviteurs, quitte à empiéter sur leur propre territoire. En y repensant, tout cela n’était que des contes…

Mais ce jour, il était venu seul. Tachée de poussière et de cruor, son long manteau d’ébène aux reflets rubis venait d’être le témoin de son dernier combat. Un Démon obstiné qui lui avait refusé le passage. Mais cela importait peu, car son heure était sur le point d’arriver. L’immortalité allait lui ouvrir les bras. Son rêve, son obsession.

Avant d’entrer dans la grotte, il parcourut les alentours de ses yeux bleus. La brise qui s’insinuait entre les arrêtes rocheuses chantait tel son propre requiem. Les petits nuages de cendre sombre masquaient la lune qui persistait à vouloir se montrer. Un frisson le parcourut. Le doute ? Ou l’excitation ? Il se sentait si petit face à ce décor hostile et ses falaises menaçantes. Le paradoxe de ce qu’il serait bientôt.
Puis son regard se dirigea vers les ténèbres. Là, derrière ces quelques passages creusés par le temps à même la paroi de la montagne, se trouvait la réponse. L’entrée de la grotte donnait sur la vallée en contrebas et elle restait immanquable à qui savait observer. Nombreux l’avaient déjà parcourue, ne serait-ce que pour profiter d’un endroit à l’écart d’effroyables rencontres, souvent mortelles. Ou bien pour se livrer à des commerces douteux de chair ou de substances. Il n’était donc pas impossible que celle-ci soit occupée en ce moment-même. C’est en tenant fermement son bâton de voyage et en préparant sa magie qu’il entreprit de le vérifier. Elle n'était pas grande, ni très profonde. Mais il y avait des niches et des cavités qui auraient pu cacher un homme. Il arrivait enfin dans l'espace le plus large et se dirigea tout au fond, perdu dans l'obscurité ambiante.

Son oreille reconnut le ploc récurrent  qui se répercutait contre la pierre. Une goutte d’eau qui se détachait perpétuellement de son bloc pour s’écraser contre celui qui montait à sa rencontre. Par le passé, ce bruit avait accompagné chaque invocateur comme le temps qui s’égrène. A nouveau, il rythmait les gestes du Sorcier comme s’il s’était inscrit dans ses habitudes et ses réflexes.
Il jeta le sac qu’il portait sur ses épaules d’un geste ample. Ce qu’il contenait roula maladroitement sur le sol calcaire pour aller s’immobiliser dans une flaque. Les yeux exorbités de la tête de faon l’observaient comme un reproche. Samaël n’en prit pas ombrage et sortit de ce sac trempé les restes de l’animal.

Le jeune homme soigna l’amoncellement de chair coagulée dans un trou prévu à cette fonction, que probablement personne n’aurait pu imaginer. Comme à l’accoutumée, il traça un cercle de suie sur le sol lisse malgré les infiltrations d’eau. Non pas que cela soit nécessaire, mais il y avait eu dans son apprentissage une rigueur constante à développer sa discipline, pour ne pas oublier qu’il pouvait être faible face à Eux. Des gestes récurrents qui le préparaient psychologiquement à l’invocation démoniaque. En apercevant que l’eau effaçait déjà ses traces, il serra les dents et recommença. Puis recommença encore. Son sang bouillait intérieurement sous l’effet de la nervosité. Le visage crispé, il pressa le morceau de charbon pour que l’empreinte persiste mais rien n’y fit.
A s’en saigner la paume, il l’écrasa contre la roche tandis que son esprit demeurait noyé par sa volonté. Son rituel inachevé ne devait pas être un frein, non. Que la folie le prenne, il finirait par y arriver !

C’est avec un caillou ébréché qu’il grava le calcaire à bout de force. Sa mâchoire tremblait, une goutte de sueur se mêla aux éclaboussures sur le bord de son nez. Inconsciemment, il savait ce qu’il était en train de faire mais il se refusait de l’admettre. Admettre qu’il pouvait peut-être avoir… tord ?

Tout était prêt, et les flambeaux insérés dans les parois de la grotte éclairaient suffisamment la scène. Pourtant, c’était tout au fond que le jeune Sorcier demeurait recroquevillé, silencieux et immobile. La danse des flammes se reflétait dans son regard sombre, le froid le rendant tremblant. Et entre ses doigts s’agitait un poignard encore dans son fourreau doré. Il tentait intérieurement de se trouver des excuses à son inaction. Mais la vérité, c’était que son esprit était tantôt vide, tantôt empli de questions sans réponse.

La vérité… C’était que, dans quelques instants, son corps serait inerte alors que dehors le soleil apparaitrait à l’horizon. Tout resterait ainsi, des décennies durant. Tout, sauf le poignard et son étui qui ne seraient plus présents.
Le Temps s’occuperait alors des derniers préparatifs pour un voyage sans lendemain.

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Jeu 15 Fév 2018, 21:50

C'était très loin d'être l'idée la plus brillante qu'il avait eu. Se rendre en territoire démoniaque, seul, était assurément quelque chose que l'on pouvait classer de suicidaire. D'accord, l'Antre des Damnés, ce n'était pas non plus l'Enfer, mais quand même, la dangerosité du territoire n'était plus à faire depuis bien longtemps. Et lui, il allait s'y balader. Enfin, ce n'était pas non plus une sortie de plaisance. S'il faisait ça, c'était pour essayer de récolter le plus d'information possibles, de trouver un quelque chose, n'importe quoi qui puisse possiblement faire pencher la balance ou tout du moins, aider les Anges dans la récupération de leur territoire, de la Citadelle Blanche et surtout, du Fleuve. Car des Immaculés naissaient et surtout, mourait tous les jours et malheureusement, ils ne pouvaient pas faire grand chose contre cela actuellement. C'était certainement inutile, et totalement fou, dangereux. Mais il fallait qu'il tente quelque chose, n'importe quoi. Il se devait cependant d'être soit prudent. L'Antre des Damnés n'était certes pas sur le même continent que les anciennes terres angéliques mais ce n'était pas grave vu qu'il cherchait de nouvelles approches de la situation.

Sauf que la situation actuelle faisait qu'il était obligé de s'enfoncer dans un canyon, dans le noir, parce que des Démons étaient en approche. Il devait dissimuler les traces de son passage le plus rapidement possible, pour qu'ils ne les remarquent pas et surtout, trouver un endroit où se cacher pour ne pas se faire voir. Il finit par se rendre compte qu'il se trouvait à proximité de l'entrée d'une grotte. Il se dirigea rapidement vers elle, s'enfonçant dans ses ténèbres le plus en avant qu'il pouvait, sans peur. S'il rencontrait un monstre, il le combattrait. A cet instant, c'était encore préférable de tomber sur une bête que de devoir affronter une troupe d'Ailes Rachitiques. Lorsque son pied percuta quelque chose au sol, une dague rouillée, il comprit que le lieu avait déjà la visite de présence humaine. Cependant, après avoir éclairé légèrement les lieux avec une lampe qu'il avait apporté, il put observer que cela faisait un moment qu'aucun homme n'était venu. Les marques sur les parois et des restes au sol montraient toutefois qu'il en était différemment pour les animaux … Heureusement, il n'y en avait pas de présent à cet instant.

Eparpillés un peu tout autour de la dague, se trouvait des ossements humains. Et ce qui dénotait vis-à-vis des autres que l'on pouvait trouver, c'était qu'ils n'étaient pas au même endroit que là où les carnassiers faisaient visiblement leur repas. Grâce à son ouïe, il entendit que les Démons à l'extérieur s'éloignaient. C'était une bonne chose. Cela voulait dire qu'ils n'avaient pas remarqué sa présence. Mais par précaution, il valait mieux qu'il reste encore un peu ici. Et puis, sa curiosité avait été éveillé par ce qu'il observait autour de lui. Il s'accroupit au pied des ossements, observant le crâne.


Que t'est-il donc arrivé, pauvre vieux ?

Il se parlait à lui plus qu'autre chose. Car après tout, jamais un squelette n'avait encore répondu lorsqu'on lui avait posé une question. Et puis, l'appellation « pauvre vieux » n'était peut être pas la bonne. Il était rare que de gentils petits messieurs dames sans problème viennent se balader dans le coin. Alors qu'il observait plus attentivement les lieux, il remarqua des gravures dans le sol, à peut prêt là où il se situait en fait. Il fronça les sourcils. Ce n'était pas un grand adepte de la magie … Mais quelque chose lui disait que ce qu'il avait sous les yeux en faisait partie et était loin d'être de la bienveillante. Il ne savait pas ce qui s'était passé ici mais ça n'était certainement pas une gentille petite réunion familiale. Il penchait plutôt pour un rituel, dans le mauvais sens du terme. Il ne pouvait savoir si les restes étaient ceux d'un instigateur de tout ceci ou d'une victime mais une chose était certaine, c'était qu'il ne pouvait laisser la dépouille ainsi. Ses convictions faisaient qu'il se devait d'au moins lui offrir une sépulture.

Raeden se releva et fit attentivement le tour de la scène, au moins la plus proche de la où il se trouvait. Il voulait essayer de comprendre. C'était peut être idiot, car après tout, il ne connaissait pas le mort et c'était peu probable que ça soit une personne qu'il aurait apprécié de son vivant au vu des lieux où il avait été trouvé et du territoire dans lequel il se situait, mais c'était comme ça. Un rituel avait eu lieu, la personne y était morte et personne n'avait bougé le cadavre, à part les bêtes qui avaient pu occuper les lieux et peut être même se nourrir de la carcasse. Des attaches métalliques dans les parois étaient la preuve que la grotte avait été aménager et que des gens s'y rendaient, avant, fréquemment. Car sinon, pourquoi se donner la peine de faire quelque chose pouvant tenir des torches ? Il fallait espérer qu'il ne prenne à personne l'envie de revenir ici pendant que l'Ange y était. Il reporta son regard sur les ossements.


Victime ou bourreau?

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Sam 17 Fév 2018, 15:21



Voyage sans Lendemain



Attente. Attente. Folie…

Folie. Folie. Douleur…

Douleur. Douleur. Ennui…

Ennui. Ennui. Oubli…

Oubli. Oubli. Néant…

Néant. Néant.
Néant… Néant… Néant…


Le silence est assourdissant. Le ploc régulier est dissonant. Un souffle qui passe réveille la conscience.
Et le jour qui s’efface est la préface d’un cycle qui l’enlace.
Il ne fait pas chaud. Mais il ne fait pas froid non plus. Il n’y a ni lumières, ni ténèbres. Ni désir. Ni haine.
Que de sensations oubliées. Inutiles. Car quand vient la fin d’un jour, la nuit rappelle que le prochain ne sera qu’un éternel recommencement. Une pâle copie qui lui-même précède la prochaine lune.

Je suis, mais ne suis plus. Et en cela mon esprit se repait de la vision de son réceptacle qui se vide de toute substance. Je suis, mais le néant m’habite. Car l’existence même repose sur des fondations si naturelles qu’elles en deviennent invisibles pour la plupart des mortels. Reclus, ignorant et imperceptible, ma seule distraction est de rester ici, piégé par mon ambition. Sans objectif pour le lendemain, sans utilité ni sans même pouvoir graver mon nom dans un esprit, quel qu’il soit. Je n’ai plus rien. Je ne suis rien. Et encore moins lorsque j’imagine, au-dehors, les terres que jamais je ne foulerai. D’aucun ne sait qu’une âme hère ici, aux tréfonds d’une grotte humide, seule.

A tout jamais.


Voyage sans Lendemain [Raeden Liddell] S-parateur1b-5319f64

Les rares visites qu’il pouvait avoir, il les devait à son cadavre dont l’odeur – probablement – attirait les rares prédateurs des environs. Les champignons aussi officiaient joyeusement dans la décomposition. Il avait ainsi pu côtoyer des espèces qu’il n’aurait jamais pu approcher en temps normal… Et encore moins dans son état.
Il y avait eu des Démons et leurs détracteurs. Il y avait eu des meurtres, des échanges douteux, des tortures. Et étrangement, avec le temps, cela ne le choquait plus. Il ne pouvait de toute façon rien y faire, ni en mieux, ni en pire. Même lorsque, d’un coup de dague, un mercenaire arracha le bras de celui qui fut Sorcier pour se le cuisiner. Une dague qu’il laissa là, à côté du squelette, comme pour que celui-ci l’observe, encore et toujours, lui rappelant alors sa condition.

Amas d’essence morbide, enveloppe de brouillard immonde, le Sorcier ne se souvenait plus de son nom. Ou plutôt, il ne voulait pas se rappeler qu’un jour il fut quelqu’un… Un jeune prodige, disait-on. Comme quoi, le passé ne préfigurait pas l’avenir, jamais. Il préférait se savoir sans identité. C’était plus simple… pour accepter. Alors devoir s’observer… Il avait fini par s’approcher de son ancien « lui », détaillant avec attention les éraflures sur ses os, provoquées par les armes ou les crocs.

Etait-ce un soupire qui émana des volutes mortifères liant son âme et le reliquat du passé ? Impossible. Etait-ce un tremblement qui parcourut les circonvolutions funestes du linceul de brume ? Non… Ne pas penser, ne pas douter. Ne pas se remémorer en être capable… Surtout pas ! Mais le silence fut rompu. Celui-là même qui le maintenait dans une forme de prison de verre dont il était incapable de s’échapper. S’il avait pu, il se serait tenu la tête pour exploser en sanglot. Et il rugit de toute sa volonté, de toutes ses forces. Samaël hurla comme pour s’arracher du dépit qui l’ancrait ici. Comme pour se défaire d’un mal qui l’avait corrompu jusque dans son âme. Une folie qui ne cherchait qu’à s’extérioriser et qui ne trouvait pas d’autres obstacles ou proies auxquels s’attacher pour l’en délivrer. Pas d’écho, pas de réponse ; la rage restait en dedans. Et rien n’y fit… Il l’aperçut.

A peine l’homme avait-il posé un pied dans la salle que l’ancien Sorcier se rua sur lui. Il ne le voulait pas ici. Il ne voulait pas voir la Vie. Il voulait l’oublier, entièrement, totalement, indéfiniment. Une fois encore, il rugit à son visage, l’invectivant de partir. L’Ange le traversa… comme s’il n’existait pas. Une ignorance qui n’aurait pas dû le désarmer, pourtant… la rage s’effaça dans l’instant. La volonté de parler le prit, avant qu’il ne reprenne conscience de son inutilité. Puis il l’observa, sentant même une vibration traverser son âme quand il s’adressa à lui. Juste là, dans son dos, il attendit. Il attendait… que quelque chose se passe. Il attendait de voir ce que l’étranger allait faire, comme un objectif qu’il se fixait en l’instant. Pour savoir pourquoi attendre. Samaël savait que cela ne présageait rien de bon. Qu’une fois qu’il partirait, il n’aurait plu qu’à attendre pour rien. Mais c’était si tentant…

Il n’y avait pas de curiosité en lui, juste une observation méticuleuse. Le froncement des sourcils, l’interrogation dans son regard. Comme s’il se transposait en lui, l’ancien Sorcier redécouvrait le tiraillement de la peau, le clignement des yeux, le simple fait de marcher. Et il le suivait de près.

En effet, si ce lieu avait bel et bien était la scène de rituels démoniaques, tous plus sanglants et dépravés les uns que les autres, il avait aussi abrité maintes esclaves, prisonniers et fidèles de son Sang. Nulle poésie, que de l’obsession. L’obsession du pouvoir et du contrôle. Sur certaines parois, des chaînes rouillées pendaient sans but. Plus loin, s’enfonçant dans l’obscurité, une table de pierre rougie par les actes passés. Une rainure semblait permettre de récolter le fluide de vie de ceux qui y étaient sacrifiés. Au sol trainaient de vieilles plumes ou pages de grimoire raturées tombant en poussière.

Ainsi découvrit-il ce qui fut aussi son laboratoire. Cette phase de sa vie où il renia le Démon vicieux. Tout était saccagé, la plupart des choses avait été pillée avec le temps. Tout son travail réduit à néant. Les armoires ouvertes tombaient en ruine. Quelques instruments de supplice avaient été désossés. Comme s’il avait lu dans ses pensées, l’étranger le questionna…

Qu’Ezechyel m’entende… Les deux. Mais le bourreau n’est-il pas victime de ses actes, et la victime, un bourreau pour ses proches ?

Bien sûr, aucune parole ne fut émise pour interrompre ses pas ou le bruit de la goutte d’eau. Est-ce qu’il s’adressait réellement à l’Æther de la Mort pour le supplier de s’en allait ? Devait-il ainsi confirmer les atrocités qu’il avait commises à cette époque ? Non. Rien ni personne ne le sauverait d’un endroit comme celui-ci. Même la notion de sauvegarde n’avait plus aucun sens maintenant. C’était ainsi, et il subissait. Un point c’était tout. Une punition pour le dernier acte.
Mensonge qu’il se faisait à lui-même.

Sur le côté, il restait quelques tonneaux, eux aussi vandalisés. Des victuailles avaient fini par pourrir et le bois trempé n’avait plus servi à rien depuis que cet endroit n’était plus entretenu. Les rats avaient emporté ce que les sacs en tulle contenaient. Hormis le passé qui imbibait le sol et les murs, l’ambiance macabre était tout ce qu’il restait de cet endroit.

Mais une question lui brûlait les lèvres. Seul ici, il ne pouvait réellement connaître l’évolution du monde. Ce monde qui se transformait sans lui. Muette, elle s’échappa des volutes sombres qui enveloppaient l’inconnu.

Qui es-tu pour t’aventurer ici ?


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Ven 23 Fév 2018, 21:14

Plus Raeden observait les lieux, plus il se disait que ces derniers devaient être hantés. Il n'avait plus la capacité de voir les Esprits, mais il savait que ces derniers existaient. Certains, quant ils avaient sucombés de mort violente, avaient du mal à quitter le lieu de leur décès après l'avoir trouvé. Ils n'arrivaient pas vraiment à trouver la paix. Il ne pouvait pas les aider. Ce n'était pas dans ses cordes. Peut être que quant il rentrerait, il essayerait de trouver un Chaman et de lui parler de cet endroit. Peut être qu'il pourrait faire quelque chose. Et si cela se trouvait, en fait, en réalité, il n'y avait absolument personne ici et il pensait à tout cela pour rien. Mais il en doutait fortement. Il savait très bien comment cela se passait. Il savait combien le monde était peuplé d'esprits, infiniment plus nombreux que les vivants. Il doutait qu'un tel endroit soit vierge d'occupation spectrale. Au cas où, si certains étaient là, à l'observer et à l'écouter, il murmura :

Je suis désolé pour vous, je ne peux vous aider.

Ca pouvait paraître idiot, mais c'était comme ça. De toute façon, il était tout seul en chair et en os. Mais en regardant autour de lui, il se dit qu'il y avait peut être une chose qu'il pouvait faire. Il ne savait pas si cela servirait à grand chose envers l'esprit si ce dernier était encore là, mais au moins, il respecterait ainsi ses convictions propres. Il s'aventura un peu plus dans la grotte, pour voir s'il n'y avait pas d'autres ossements humains ou une menace quelconque qui pourrait venir dans son dos. Mais dans le tréfonds noir et les méandres de pierre, il ne captait aucune présence à par celle de petits animaux, certainement habitants quotidien des lieux. Plus il y réfléchissait et plus une idée se formait dans sa tête. Il retourna récupérer les ossements de l'homme qu'il avait trouvé près de la dague, les rassembla et les emmena un peu plus au fond. C'était préférable que ce qu'il comptait faire ne soit pas à la vue de tous en étant à l'entrée de la cavité.

Une fois qu'il eut choisi l'endroit qui lui convenait, celui qui avait le plus de charme - enfin, c'était relatif vis-à-vis des lieux – il ré-étendit le squelette, ré-assemblé comme il devait normalement être quand le corps était constitué. Le bruit régulier d'une goutte d'eau tombant d'une stalactite résonnait, emplissant l'air d'un son cristallin. Il s'accroupit un instant, posant un genou au sol et pria silencieusement les Aetheri dans leur globalité, pas un en particulier. Il ne savait pas la race auquel appartenait autrefois cet homme, il préférait donc pas faire une sélection. Puis il se mit au travail. Usant de sa magie et faisant appel à sa création et son contrôle du métal, il façonna et modela une tombe autour du squelette. Une sorte de coffret. Un sarcophage d'un lisse uni au reflet brillant sur lequel l'eau ruisselait lentement, comme un linceul. Il voulait bien faire les choses, sans pour autant se mettre en porte à faux en s'épuisant. Il prenait donc son temps, consciencieusement, calmement.

Quant il eut termina, il régula de quelques pas, pour observer sa réalisation. Elle ne contenait aucun signe distinctif. Faite entièrement d'un seul tenant, la structure prenait racine dans le sol pour former un bloc rectangulaire tout autour du squelette. Ainsi, les ossements ne pourraient logiquement plus être profanés.


C'est tout ce que je peux faire. J'espère que ça sera suffisant.

Il parlait dans l'air sans être certain qu'on l'entende. Mais au moins, s'il y avait un être qu'il ne pourrait voir, ce dernier serait au courant. Et puis, même sans ça, rendre un dernier respect à un ancien être vivant faisait partie de ses croyances. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à s'en retourner. Les Démons devaient être partis depuis longtemps, parce que sinon, ils n'auraient certainement pas eu la patience d'attendre aussi longtemps avant de s'en prendre à lui. La voie devait donc être libre. Toutefois, il lui restait une chose à faire avant de partir. Méticuleusement, il détruisit toutes les chaînes, tous les objets de torture qu'il trouva, l'autel et tout ce qui faisait que ce lieu était un endroit de sacrifices. Peut être qu'ainsi, il n'y aurait plus d'ossement, mais il en doutait. S'il ne le faisait pas, il en viendrait à avoir des regrets. Au moins là, il était en accord avec lui même. Après ça, il partit.

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Sam 24 Fév 2018, 18:45



Voyage sans Lendemain



Dans la bulle ténébreuse qui était sienne, il s’était toujours considéré comme seul. Samaël n’avait été que l’observateur des errants. Et pourtant, bien qu’il puisse voir la Vie dans ce lieu désolé, sa condition voilait la vérité. Les murs étaient toujours les mêmes murs, et le sol, le même sol. Son regard était si souvent orienté vers sa chair – ou ce qu’il en restait – il n’avait jamais pu imaginer que d’autres choses pouvaient avoir lieu ici. Il n’avait jamais eu à l’esprit que d’autres pouvaient hanter ces lieux. Inconscient, aveugle ou imbu de lui-même par ses lamentations incessantes, le Sorcier n’avait jamais eu conscience qu’il n’avait peut-être jamais été totalement seul. C’était du moins la réflexion qui s’empara de sa conscience quand l’Ange s’exprima. Ce « vous » pouvait tout aussi bien le concerner lui que… d’autres. Ceux dont on parle pour effrayer les vivants. Mais là encore, rien n’apparaissait derrière le voile de l’ignorance. Après tout, les Esprits n’étaient rien d’autre que chimère de l’imaginaire et bien loin de ce qu’il connaissait d’eux par les histoires. Et pendant que ses pensées trahissaient son ennui, il le suivit.

Et puis l’homme se détourna du passé pour s’orienter vers le présent. Vers cet amoncellement immonde des restes du corps. Le linceul de brume se figea un instant, s’intensifia autour de l’inconnu avant de lui ouvrir le passage en volutes sombres jusqu’au cadavre. La curiosité venait de piquer Samaël qui comptait bien profiter de cet instant inhabituel. Lorsque l’Ange entra en contact avec ses ossements, ce fut comme d’innombrables fourmillements qui parcoururent son âme. Imaginés, sans aucun doute, mais l’illusion semblait réelle.

Je me lève alors, le regard toujours vers le cercle du rituel. Ma main est chaude du fluide qui s’en échappe, mais je viens de reprendre le peu de confiance en moi qui subsistait. Et ma concentration m’empêche de la voir s’envoler à nouveau. Les dents serrées, le petit déclic de la lame qui glisse dans son fourreau provoque des picotements jusque dans ma nuque.

Cette vision persistante se répétait, encore et encore, inaliénable à son état. Aujourd’hui encore, Samaël la subissait de plein fouet. Ce passé qu’il aurait aimé oublier sans jamais pouvoir sans détacher. A une différence près qu’en ce jour… il ressentait ce que son corps avait subi. Comme si en l’instant, ces démangeaisons étaient le fait d’un corps et non d’un esprit manipulé. C’était… étrange. Mais la brume qui formait maintenant l’enveloppe de son âme tournoyait sans discontinuer autour du visiteur. Comme un appel à s’arrêter. S’il ne pouvait plus s’observer… qu’allait-il pouvoir faire ? Son ennui n’en serait que plus grand ! Quelle serait sa raison d’être ? Pourquoi demeurer toujours… conscient et… vivant ?

Alors j’invoque le damné… Les secondes qui s’écoulaient au rythme de la goutte d’eau s’immobilisent. Le ploc cristallin ne vient pas. Puis-je reculer ? Non, ne pas y penser. Il est trop tard. Le point de non retour est franchi. Je veux mourir. Mourir pour renaitre. Périr pour exister !

Ce n’était pas une voix mais une volonté qui naquit dans les entrailles de son âme. Comme une vérité qui s’était glissée en lui voilà longtemps, et qui pulsait progressivement. Faisant la sourde oreille, l’ancien Sorcier suivit l’étranger au travers des méandres de la grotte. Jusqu’à l’endroit où, jadis, il patientait que son Sang termine de finaliser les Pactes. Là où, enfant, il prenait soin de livrer ses ambitions secrètes à la mousse qui ornait les lieux. Là où adolescent puis jeune adulte, il prenait le temps de méditer sur ses plans. L’endroit avait toujours été apaisant. Des parois s’exfiltrait une eau pure qui baignait la petite cavité en une petite flaque, source de vie. Alors qu’il observait l’Ange procéder avec minutie, il ressentit une fois encore les pulsions qui battaient en son cœur vide. Et bien qu’il ne respirait plus depuis des lustres, il eut la sensation qu’un manque vital s’empara de lui.

Le Démon vient d’apparaitre. Je le déteste, je le hais, mais j’ai besoin de lui. Alors noyant mes pensées dans cette haine, mes mains prennent l’élan nécessaire et le froid glacial de la lame mord ma chair. Soudain, ma respiration devient sifflante. Je viens de manquer le cœur et mon poumon est perforé. Ma mort ne sera pas rapide. Je le sens. Et jouant le tout pour le tout, je le supplie. Moi, S… D… Je le supplie...

Solennel, l’inconnu resta silencieux. L’Âme voulait s’exprimer, mais le silence de la grotte persista. La voix dans ce monde à part y resta et ne put échapper le voile qu’il y avait entre eux. Et son corps disparut de son champ de vision. Une forme de panique l’étreignit. Peu à peu, l’eau ruissela sur le sarcophage de métal. Enfin son corps pleurait.

…  Ma mort ne sera pas rapide. Je le sens. Et jouant le tout pour le tout, je le supplie… Moi, Samaël Daeron… Je le supplie. Mais le néant m’engloutit. Je perds mes repères. Le temps n’est plus. Tout devient ténèbres et… Toute notion du Temps perdu, j’attends qu’il devienne l’Architecte de ma Mort.

Là, sous la surface brillante, reposait un corps à nouveau uni. Un Sorcier qui avait eu une vie devant lui. Un homme dont l’histoire ne s’écrirait plus et dont plus personne n’entendrait parler. Caché aux yeux du monde, révélé à la terre qui l’a vu naître, puis grandir. Les paroles de l’Ange furent rassurantes. Non pas qu’il puisse lui répondre. Pour le remercier ? Pour son intérêt ? A quoi bon. Non, elles étaient rassurantes car s’il y avait au moins une personne qui ne l’oublierait pas totalement, c’était celui qui l’avait vu en dernier. Celui qui lui avait accordé son dernier Adieu. Et dorénavant, même les rares visiteurs ne sauraient pas ce que recèle cette grotte. Ce qu’elle cache et son histoire. Celle-ci n’appartenait qu’à lui… et à lui seul.

Samaël n’avait observé l’étranger que du coin de l’œil quand il partit. Et si son attention était restée sur sa dernière demeure, son ouïe resta active pour savoir quand il sortirait de cet endroit. Le silence était revenu. Même la goutte d’eau persistante s’était tarie. Un silence total qui orienta sa concentration sur ce à quoi il n’avait pas prêté l’oreille depuis tout ce temps. Cette sensation qui pulsait comme une volonté naissante et pourtant enfouie comme un lien secret, une lourde vérité.

De retour dans la salle du rituel, il prit position là où son erreur lui avait coûté tout cela. Un regard périphérique mesura l’ampleur de la Fin. Tout n’était plus que ruine, le passé n’était effacé que dans la réalité du monde, mais pas dans ses Mémoires. Tout ce temps qu’il avait passé à observer son dernier soupire et sa condition… L’objet de son tourment n’était plus, le seul objectif qu’il avait alors n’existait plus. Pourtant, le vide auquel il s’était attendu n’était pas celui auquel il s’était préparé. Ses tourments ne le quittaient pas. Et les jours, voire les semaines passèrent sans qu’il ne quitte sa position. Et s’il n’avait jamais été ici pour ne faire que s’observer ? Si tel n’était pas son châtiment ? Lequel était-ce ? Pourquoi persistait-il ainsi à l’état de conscience ?

Une simple pensée l’effleura. L’immortalité qu’il avait souhaitée s’était-elle réalisée ? N’était-ce que cela ? Et puis, une nouvelle fois, la pulsion décisive battit dans ce qui aurait été sa poitrine. Le linceul de brume emplit la pièce. Tout au fond de lui s’exprima cette volonté, puissante, chaotique et sortit du néant. La Mort l’avait accueilli. Rien n’était sans raison, n’est-ce pas ? Fallait-il seulement qu’il le comprenne. Ici, il n’y avait plus rien. Ce qui l’avait ancré ici - sa nostalgie, ce cycle sans fin – devait évoluer. Ici, il resterait inutile. Ailleurs, il devrait supporter le poids de son erreur et de ses conséquences. Peut-être était-il temps de s’appliquer à ce qui doit être fait, et non s’interroger sur ce qui fait qu’il est.

Alors lentement, le doute persistant, il s’approcha de la sortie. Son monde était sombre, son essence loin de tout. Et même le soleil qui filtrait à travers les nuages de poussières rouges n’avait rien de lumineux. Sa dépression s’amplifia à mesure qu’il s’avança. Seul, la découverte du ciel n’avait aucune saveur. Aucune joie ne s’échappa de son esprit alors qu’il se libérait peu à peu de l’emprise de sa prison éternelle. Tout était vide de sens dans un monde bien matériel. Une seule chose importait maintenant. Répondre à cette voix intérieure, sa conscience, et accepter de servir.

Servir sous le sceau du Secret.


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