«
Bordel, tu t’es sacrément amoché les neurones ma veille. » Murmura-t-elle, avant de sortir de la taverne. Sarah n’avait aucune raison de crainte quoique ce soit de glauque venant de Lysange. Pour être même plus précis, elle ne lui demanderait jamais rien. Elle n’avait pas besoin de son aide, sauf dans ce cas précis. Après cette histoire, sa compère serait libre de faire ce que bon lui semble en échange d’aucune contrepartie. Ce n’était pas avec le Diable qu’elle venait de passer un pacte. Même si elle n’avait rien d’un ange.
La plus jeune se laissa guider dans les ruelles sombres. Sans poser de questions et sans remettre en doute les compétences de son accompagnatrice. Elle se contenta d’avancer à son rythme, tournant dans les ruelles où elle s’engouffrait et s’arrêtant quand il le fallait. Tout sembler se passer à merveille, du moins, c’est ce qu’elle croyait. Car sans comprendre l’origine d’un tel remue-ménage, Lysange fonça contre le dos de sa semblable et fut pousser en arrière par le poids de cette dernière. Heureusement, la gamine ne tomba pas sous elle, sa maladresse la fit reculer de quelques pas avant d'aller câliner le sol. Son loup apparut immédiatement à ses côtés pour la protéger, mais en aucun cas il n’intervenu pour aller secourir Sarah, qui pourtant, sembler être dans une fâcheuse situation. Il resta spectateur de la scène. Préférant s’assurer que sa maîtresse se portait bien, qu'aucun mal ne lui avait été fait. Ce n’était que peu de chose. Une simple chute pourtant. Rien de grave. Ce qui l’était, c’était la hache, qu’elle tenait fermement il y a quelque instant et qui, lors de son effondrement, termina planté dans son épaule. Décidément, cette soirée était un véritable fiasco, l’énervant prit à nouveau possession de ses actes. On pouvait le deviner par l’expression d’un florilège d’injure fleurie. Elle en avait ras-le-bol de cette histoire et ce type qui avait cherché à son prendre à sa Sans-Âme aller en faire les fraie. D’un bon malhabile, la petite se redressa et donna un coup de pied dans la face de l’agresseur. Elle eut la sensation de sentir son nez craquait sous son poids, ce qui lui procura un frisson de dégoût, tandis qu’elle retrouvait son équilibre. Elle était épuisée : entre soutenir Sarah pour l’aider à avancer, sa bagarre au port, leur fuite pour ne pas être associé au meurtre, puis leur seconde fuite pour échapper au mal qui rongeait la ville de nuit… Non, ça en était trop. Lysange avait atteint ses limites, la preuve en était qu’elle eut un mal de chien à déloger la hache de son épaule. Heureusement, son loup prit le relais. Il fallut que sa partenaire aux cheveux roses intervienne dans le conflit pour qu’il se décide à participer. Il tira l’agresseur par son haut, le faisant traîner contre les dalles le plus loin possible des deux jeunes filles. Faire diversion, c'était son but. Simplement leur laissait le temps nécessaire pour s’enfuir. Encore une fois. Cependant, le cerveau de la plus jeune avait cessé de fonctionner, depuis plusieurs minutes déjà. L’alcool, la fatigue et la dépression ayant pris le contrôle, elle n’eut pas l’instinct de survie nécessaire pour faire demi-tour. Ce fut Sarah, qui dut la prendre par la main, pour parvenir à la motiver de continuer à courir. En vain, puisque lorsque le loup lâcha prise pour venir retrouvaient ses protégés, l’homme en profita pour en faire de même. C’était foutu. Jamais il n’allait les laisser s’échapper. Vivante, tout du moins. Mais Lysange n’était pas triste. Elle se disait juste qu’elle allait enfin pouvoir se reposer. Éternellement. Un soupire, mêlé par la fatigue et la lassitude sortit des lèvres abîmer de la cadette. Si seulement tous ceux-ci pouvaient se finir. Et vite. En toute franchise, si Sarah n’avait pas été présente, elle se serait laissé tuer. Par flemme. Par lassitude. Bien des raisons que personne ne pourrait qualifié de valable. Mais Sarah était bien là et elle prit les choses en main. Tout comme Yo’Saavos et le bonhomme de neige.
Il ne voulait pas les laisser partir ? Soit. Ainsi-soit-il.
Le loup referma sa gueule sur l’une des jambes du futur martyr, empêchant toute fuite de sa part. Permettant également aux deux demoiselles de déferlaient leurs rancœurs. Elles étaient fatiguées, mais l’instinct de survie de l’une et la soif de haine de l’autre, les motivèrent pour cet ultime combat. Le poing serrait sur sa hache, la petite cherchait à planter cette dernière dans le crâne de son adversaire. Ce qu’elle ne parvint pas à faire, pour diverses raisons évidentes. Par inadvertance, l’arme finit logée dans le torse de la victime. Ce fut à cet instant, quand la bipolaire contempla le sang ruisselant de la plaie béante, que tout devenu flou dans son esprit. Ce dont elle se rappela ; c’était un corps. Étendu sur le sol. Les yeux ouverts. Le sang ruisselant entre ses lèvres. Les organes à terre. Tâchant vêtement et sol. Et elle. Qui continuait à frapper. Un morceau de chair sans vie. Elle frappait. Encore et encore. Malgré la fatigue. Malgré la douleur. Son geste devenait un automatisme. Il était mort, mais ce n’était pas suffisant. Il lui en fallait plus. Toujours plus. Elle voulait être certaine de ne plus jamais le revoir.
La ville était loin derrière elles, quand Lysange reprit le contrôle de ses souvenirs. L’air fraie de la montagne ravivait ses sens. Un souffle de vie s’empara à nouvelle d’elle, finalement ravie d’avoir survie à cette nuit. «
Plus jamais… » Soupira-t-elle, après avoir repris une grande inspiration. «
On s’en sort pas si mal, c’est sûr. » La Réprouvée était bien trop occupée à écouter sa semblable, pour se rendre compte de l’état d’alerte dont faisait preuve son compagnon à quatre pattes. Les oreilles fièrement dressées, humant l’air ambiant pour cherchait une énergie que lui seul pouvait détecter. Il guettait quelque chose dans la pénombre. Quelque chose qu’aucune des deux ailées rouges ne sembler se soucier, préférant se consacrer à leur blablatage. «
Te réjouis pas trop vite, Yol’savoos se mit à grogner,
en plus, t’es nul, comme guide. J’té déconseille d-… » L'histoire se répéta. Une nouvelle agression. Avant que Lysange ne put réagir face à cette intervention, une créature se jeta sur son loup. Un duel débuta entre les deux bêtes. Juste un bref instant. Le temps nécessaire pour entendre des grognements et des claquements de crocs. Un sifflement au loin parvenu à apaiser la situation. Séparant les créatures, qui au final, étaient de la même espèce. Les deux loups accoururent vers ce sifflement si familier qui raisonner dans les montagnes. Yol’Saavos n’éprouva aucun remords de délaisser sa maîtresses, puisque cette dernière reconnaissait également cette sonorité. Son regard se porta vers l’horizon, discernant enfin la lumière vacillante qui se dirigeait tout droit vers elles. Un homme, d’un âge avancé, à la carrure importante, sortit du voile de la nuit noir. Arme à la main. Lanterne dans l'autre. La lumière éclairait suffisamment pour que l'on puisse apercevoir son visage scarifié, à la mine grave et au regard accusateur. Les ennuis étaient loin d’être terminés pour la tatouer. Ils allaient seulement réellement commencer. «
C’est bon. J’me rends. » Elle se contenta de jeter la hache par terre, en signe de paix, puis elle se laissa tomber, genoux à terre. Son visage enfuit dans ses mains, elle laissa ses larmes coulaient. Enfin. Jusqu’à maintenant, elle était parvenue à dissimuler ses sentiments dans sa mauvaise foi et dans son arrogance. Mais ça en était définitivement trop. Trop de variante émotionnelle pour une seule nuit. Lysange se mit à pleurer, tel l’enfant qu’elle était réellement et pria pour un lendemain plus radieux.
