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 [Coupe des Nations - 2016] Magie

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Sam 08 Oct 2016, 19:59


Coupe des Nations
Épreuve de Magie


« Tu me parais soucieux. » murmura-t-elle d’un ton léger, l’ombre d’un sourire aux lèvres. Dans un soupir, il posa son regard glacé sur elle. « Il aura donc fallu cette Coupe pour que tu daignes m’honorer de ta présence. Tu m’as manqué. » - « Menteur. » articula-t-elle tout bas de sa voix tendre et chantante. « Je viens simplement prendre de tes nouvelles. Je ne crois pas me tromper en affirmant que tu as perdu ton pari. » Une seconde s’écoula, un instant d’éternité qu’il passa à dévisager la Déesse, cette créature qui était sans doute la plus belle qu’il n’avait jamais vu. Cela ne l’empêchait pas de la mépriser, lorsqu’elle faisait preuve d’autant d’arrogance. Il l’avait façonné lui-même, bien que les raisons soient aussi mauvaises qu’obscures. Les remerciements étaient bien maigres. Il brûlait de lui donner quelques leçons. Seulement, le moment n’était guère idéal. « Prend garde, ma douce. » l’avertit-il en s’approchant d’elle. « N’oublie pas que malgré la défaite, je demeure infiniment plus puissant que toi. » Il voulut poser sa main sur sa joue mais elle interrompit le geste, balayé d’un revers. « N’oublie pas qu’il me protège. » Elle s’éloigna de quelques pas. « Je suppose que tu as besoin d’un peu de temps. Les enjeux de ce nouveau défi sont colossaux pour toi et les autres. » Il resta silencieux, à méditer. Ce petit jeu n’en était pas un. Les siens devaient l’emporter. Ce n’était pas qu’une question de gloire ou de dignité. L’issue scellerait quelques Destins. Il n’ajouta rien lorsque l’Æther s’en retourna vaquer à ses occupations. Il avait tant à faire.

Depuis combien de temps patientaient-ils ? Une heure, peut-être deux. Les participants à l’Epreuve de la Magie avaient été mené, sans la moindre explication, dans un sombre et majestueux Temple au cœur de l’Antre des Damnés. Les sens trompés par mille et une chimères, il devenait difficile et éprouvant d’avoir la moindre certitude. Etait-ce le jour ou la nuit ? Faisait-il beau ou mauvais ? Cette peinture représentait-elle une scène merveilleuse ou un carnage ? Quelque chose était-il réellement passé derrière eux … ? Tout se bousculait jusqu'à former un ensemble dissonnant et peu harmonieux. Lorsque les âmes furent suffisamment troublées, le Dieu choisit de faire son apparition. Il ne prit pas la peine de se présenter. Ses partisans savaient où ils étaient. Les autres n’avaient pas à le savoir. Lentement, il longea les arcades, sans vraiment prêter attention à son auditoire. « Vous allez être mené au quatre coins des Terres du Yin et du Yang. » déclara-t-il. Il dégageait une prestance à couper le souffle, une aura obscène d’une force bouillonnante. « Votre destination sera le fruit d’un heureux, ou malheureux, hasard. Une fois dans un environnement propre, l’épreuve débutera. » Il se tourna légèrement vers les Mortels, prenant un temps pour les jauger, un par un, de ses yeux bleus. « Celle-ci est simple, vous devez créer une créature qui restera dans la contrée visitée. Vous n’êtes limité que par votre magie et vos capacités. » Il marqua une petite pause. « Du moins, si la bonne fortune est avec vous. » Il ne s’attarda pas en encouragement inutile. Il n’avait rien à dire à ces individus. En un battement de cils, le Dieu fut seul. Il avait envoyé les candidats en des terres lointaines. L’épreuve pouvait commencer.

Une épreuve, qui était légèrement biaisé dès sa genèse. La Coupe des Nations n’avait pas la réputation d’être une promenade de santé. Chacun allait devoir affronter des difficultés, la faune et la flore locale désirant s’en prendre à l’individu, l’encombrer, voire même le malmener.

Consignes


Vous devez donc choisir un lieu dans lequel vous êtes envoyé et faire une création dans ce lieu. Cette création est forcément une créature, animale ou humanoïde. Vous pouvez vous y prendre de la manière que vous souhaitez, en vous aidant ou non de ce que vous trouvez sur place. Le Dieu a libéré votre magie sans vous le dire, ajouté son grain de sel pour rendre l'épreuve réalisable. De ce fait, vous n'avez pas forcément à vous aider de vos pouvoirs (même si vous le pouvez) mais il faut que votre personnage ait conscience de l'action du Dieu pour pouvoir passer par l'essence même de sa magie pour faire l'épreuve (ce qui ne change absolument pas votre stat, c'est juste de la magie d'esprit sur la compréhension). Par ailleurs, j'ai volontairement omis de préciser son identité. Soit vous savez qui est le Dieu, soit vous ne savez pas. Sachez seulement qu'il est vraiment très séduisant, blond, et qu'il n'a pas l'air forcément sympathique. Attention à bien faire quelque chose à la mesure de toutes vos spécialités. Votre créature n'est pas forcément viable sur le long terme, peut être difforme de façon involontaire, etc.

Vous êtes évalués sur :
→ La qualité de votre rp (orthographe, conjugaison, syntaxe etc)
→ Le respect de vos points de spécialité
→ Le respect de l'épreuve
→ L'originalité de vos écrits

Votre message devra faire 720 mots minimum et 1800 mots maximum. Vous avez jusqu'au jeudi 08 Décembre 2016, 23h59 pour poster (heure française). Vous n'avez aucune idée que Sympan a gagné.


Participants


Mélodie [Caleb] ; Eärhyë ; Soma ; Vanille ; Kyra ; Wriir ; Saphir ; Mwayer ; Alyska  ; Erina ; Babelda ; Devaraj ; Sherry ; Milady ; Thalie

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Sam 22 Oct 2016, 02:35


Coupe des Nations
Épreuve de Magie


Qu'importe la terre piétinée et gorgée de sang,
Une seconde après l'autre s'égrène le temps.
Amenés sans détour vers un lieu mystérieux,
Nous nous retrouvâmes, tous aussi sots que nous étions,
Dans une nouvelle épreuve de la Coupe des Nations.

Là face à nous, juge et bourreau, imposant et fier,
A l'image du sommet sur ce monde, trônait un Aether,

Ménageant le suspense, le pari était audacieux,
Alors même que nous venions à peine d'arriver,
Gardant toute précision pour lui, nous fûmes aussitôt éjectés
Ici et là dans d'innombrables et mystérieuses contrées,
En l'espace d'un instant, le combat avait débuté.

Soufflé comme un grain de sable, léger comme un fétu de paille,
Un voyage instantané me mena dans les marécageuses entrailles,
Boue, pestilence, brume et suffocation,
Le même continent, pourtant j'arpentais quelque désolation.
Invité à devoir créer dans cet environnement maudit,
Malgré tous les obstacles, malgré tous mes ennemis,
Enfant de la Mort, il me fallait créer la Vie.

Le défi était de taille, ici point d'âme à transférer,
Etre vivant de toute pièce, je devais modeler dans son entièreté.

Méditant un instant sur les brèves consignes de notre Juge,
Orné de mes plus beaux atours, je n'avais aucun refuge,
Noyé jusqu'aux genoux dans la fange de l'Antre des Marais
Décider vite et bien, voilà ce qui m'attendait,
Evitant autant que faire se peut les créatures qui la peuplaient.

En marchant pas à pas dans ce bourbier puant,
La magie crépitante, auréolée d'un sentiment bien différent,
Les barrières semblaient s'être dissipées, mon esprit libéré de toute entrave,
Existait seulement mon imagination, qui se voulait alors brave.

Retroussant alors mes manches, pataugeant dans la fange abjecte,
Enfonçant mes mains dans ce bourbier, méthode pour le moins directe,
Jaillissant de mon être, divin et magie s'entremêlaient,
Attirant les sources primaires qui alors convergeaient,
Irrémédiablement, dans des bouillons glauques d'eau croupie.
L'image que je me faisais de la vie se forgeait dans mon esprit.
Le sort avait décidé de faire appel à une Ombre,
Instillant dans l'eau et la nature les Ténèbres en grand nombre,
Travaillant la matière, je visais alors un Unique.

Soudainement, la faune et la flore se rebellèrent, rejetèrent l'hérétique,
Unis pour empêcher l'insulte aux seuls et vrais Créateurs,
Rugirent, se dressèrent et attaquèrent, mus par la peur.

Les amphibiens attrapèrent mes jambes, voulurent me faire trébucher,
Egratignèrent mes chairs, les mordant et les lacérant.
Souffrant les dents serrés, tout se jouait alors en cet instant,

Me mouvant difficilement, entravé par les plantes voraces
Étreint dans ce cocon mortel, il me fallait être pugnace
Réunissant toutes mes forces pour poursuivre ma quête
Initiant enfin à ce tronc difforme, un semblant de tête.
Tourbe dégoulinante, fléchissant sous ma volonté,
Achevant une forme primitive, lui donnant le souffle d'exister
Nouant alors ces lianes vengeresses à même ma création
Tissant à même ses chairs une solide protection.
Saignant de toute part, mon fluide carmin vint sur la bête se mélanger,

Acculé ici et là, je me devais pourtant de la protéger,
Limitant les dégâts, la recouvrant de mon corps meurtri,
Ombre et matière, fusionnant dans une âme indésirée,
Rage de vaincre et rage de vie seront ce qui la motiverait
Subissant les assauts de cette nature indomptée,

La guerre de la vie contre la vie était déclarée
Avilie par ses atours, la Nature hurlait son ire,

Véhémente et terrible, je craignais pour ma chrysalide le pire,
Étranger sur ces terres, honni parmi les mortels,
Rédemption et ascension, ce rêve pourtant si réel
Intimement, enfin je sentis la métamorphose opérer,
Terrassant de mon côté les intrus voulant me la dérober.
Étreignant ce cocon de boue entre mes doigts,

Sifflant comme un appel à l'aide : son coeur qui bat.
Enlevant alors délicatement ce bouclier végétal
Ranimant la flamme de cette étincelle pâle,
Apparut alors le fruit de mon imagination, un glauque aquatique

A mon image, le bleu vif de l'eau se mariait à une articulation florale

Petit hommage du grain de sable que j'étais dans cette immensité astrale.
Or dans cet endroit hostile, il n'avait pas la moindre chance,
Réfléchissant à comment lui donner plus de consistance,
Tel un rappel à l'ordre, je me souvins du Juge beau diable
Écoutez votre environnement et créez une créature viable
Et la bonne fortune dans tout cela ? Aucune place au hasard !

Décidé à ne pas la laisser dévorée à peine mon regard tourné
Et voir tous mes efforts et ma souffrance vainement endurés

Nimbant alors sur les membres de mon frêle poisson,
Ondulant dans les abysses un mortel poison,
Siphonnant la vie pour croître aux dépens d'autrui,

Augmentant sa force grâce à ses prédateurs, il n'y avait plus belle ironie !
Ménageant à peine le potentiel de cette nouvelle entité,
Excipant pour ma défense qu'aucune limite ou presque n'avait été posée
Splendide et mortelle, voilà ce que serait mon héritage,

Rétif dans ses mouvements, jamais ne se montrera retors,
En revanche luttant pour sa survie, le combat sera à mort.
Pompant autour de lui le substrat de vie de son adversaire,
Eternel individuel, il sera mon hommage sur cette terre.
Notez ce conseil si un jour vous croisez son chemin,
Tenez-vous tranquille, poursuivez vos futiles desseins,
Il est inestimable à mes yeux, ne faites pas d'une Ombre votre ennemie,
En cherchant querelle au faible vous pourriez être surpris,
Soufflent alors les ombres sur les chandelles de votre vie.





1 022 mots.
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Sam 29 Oct 2016, 19:19

「 Alone 」
Etrange que je n’ai jamais visité cet endroit auparavant. Les sourcils de la Bélua n’eurent que le temps de se froncer tandis qu’une certitude s’insinuait en elle : toutes les formes de l’obscurité régnaient. Un long frisson terrassa la volonté de la blonde alors même qu’elle atterrissait au beau milieu d’une forêt. Au beau milieu d’une cacophonie. Non, pas une cacophonie. Un vrombissement. Un faible écho qui gagnait de l’ampleur au fur et à mesure que ses tympans transmettaient leur perception au système nerveux. Son corps se refroidissait à la même vitesse que sa peur se nourrissait des ténèbres alentours. Vert de chrome, vert épinard, vert impérial ; si l’obscurité régnait en maître absolu, ses vassaux nuancés diffusaient une légère lueur, permettant à la blonde de ne pas percuter un arbre sur son chemin. Et, sur un dernier frisson incertain, la Bélua se mit en route.

La priorité se distinguait nettement. La blonde devait se pencher sur ses capacités pour définir quel don ou quel alliage de pouvoirs seraient les plus adéquats et malléables à son but. Créer la vie.
Cette entité a-t-elle voulu faire de nous, de pauvres mortels, des sous-dieux, qu’il impose une telle épreuve ? Réunie auprès des autres, Eärhyë avait été choquée d’une telle demande, impropre aux lois de la nature. Mais après tout, petite chose fragile qu’elle était, qui était-elle pour se rebeller envers des êtes supérieurs ? La question ne la frôlait même plus, alors que la peur picotait sa peau de mille aiguilles. Le malheur avait jeté son dévolu sur cette forêt, et elle avait été rejetée ici pour concevoir l’inconcevable. Plantée au centre de ses échos de murmures incessants, tapageurs, Eärhyë se prit la tête entre ses mains, dans une volonté vaine de faire cesser l’insaisissable. Se relevant avant même qu’elle ne comprenne qu’elle était tombée à genoux, elle se mit à courir au hasard des foulées, sinuant entre les troncs. Fuyant. Peu importait où, du moment qu’elle quitte cet endroit sordide.

L’Esprit Totem qu’elle portait en son sein depuis toujours remua subitement, achevant sa course au beau milieu d’une petite clairière. Si les arbres multicentenaires ne laissaient plus filtrer aucun rai de lumière, le vert foncé apportait une légère nuance… et soudain elle vit des ombres bouger. Dans ce monde de ténèbres, la jeune femme distinguait difficilement les formes et les couleurs, mais elle était certaine d’avoir vu une chose se mouvoir dangereusement. Boule de Poils, implora-t-elle presque, apeurée. Partageant sa crainte, le Totem ne se fit pas prier et joignit ses perceptions à celles du Réceptacle. Si l’ouïe et les autres sens conservaient leur portée habituelle, la vue, elle, fut portée en exergue, gagnant en intensité. La vision d’un lynx était tatillonne. Ne percevant pas le rouge, les couleurs s’affaissèrent légèrement, inquiétant de plus en plus la jeune femme qui se sentait davantage paralysée. Elle oubliait une chose : le relief. Certaines ombres autour d’elle avaient gagné en relief, accroissant le malaise de la Bélua. D’instinct, la jeune femme usa de son potentiel inné. Appelant toute son énergie, sa conscience toucha violemment celle des créatures alentours, oiseaux comme rougeurs comme prédateurs, et les bruits de fuite cessèrent finalement, laissant la jeune femme souffle coupé.
Etrange… Son murmure alla rejoindre celui de la forêt. Mue par une volonté nouvelle, la jeune femme fit appel cette fois-ci à un don qu’elle avait maintes fois travaillé pour acérer sa portée. Son contrôle sur les ombres la laissa une fois de plus pantoise. Éblouie par la luminosité, elle chassa la vision de son Esprit tandis qu’une certitude croissait en elle : son potentiel magique avait méchamment explosé. Est-ce dû à cette sensation étrange pendant le voyage aux côtés de cet être à l’aura si écrasante de puissance ? Eärhyë employait les périphrases pour la bonne et simple raison que, de façon tout à fait inexplicable, elle sentait qu’elles étaient tangibles. Car devant elle, si la lumière ne passait que difficilement, la noirceur avait daigné partager son pouvoir avec le vert. Eärhyë se sentit plus sereine, plus en osmose avec son environnement. Si les murmures voulaient bien cesser, la jeune femme aurait même pu se croire de retour chez elle, dans les forêts bordant Phoebe’arà. Phoebe… Haussant un sourcil, la jeune femme prit le temps de rallier ses souvenirs, retraçant leur pèlerinage jusqu’à l’Arbre-Tanière. Le commencement avait été si doux, si paisible et rassurant… Ashara… La Bélua ferma les yeux et joignit son esprit au Rêve-Argent.
Les yeux se rouvrirent, sereins et calculateurs. L’âme destinée à être assassin était revenue.

De sa connexion au Murmure avait jailli une idée. Saugrenue ou non, l’entité à l’origine de tout n’avait guère précisé de quelle matière se composerait leur créature. Jetant un coup d’œil autour d’elle, un sourire en coin s’étira. Oubliés les derniers instants difficiles et la peur de l’insurmontable, la partie allait être plus simple qu’elle ne l’espérait. Se servant de son environnement, la Bélua ouvrit les bras et fit appel à toute sa maîtrise des contrôles des ombres. Celles-ci revinrent, progressant lentement, rampant presque sur le sol. Rejoignant progressivement leur nouvelle maîtresse. Eärhyë n’avait plus qu’à partir dans un rire satanique pour qu’on la prenne pour une sorcière. Mais la jeune femme était et serait toujours une Bélua.
Les ombres s’étalaient autour d’elle, asservies. Eärhyë ouvrit grand les bras comme pour les accueillir, avant de les accoler subitement. Si les gestes étaient superflus pour un quelconque spectateur, ils aidaient la blonde à se concentrer. Elle en avait bien besoin pour réunir ce qui apparaissait devant elle. Une créature difforme, bancale, déséquilibrée. Aucun visage, de la noirceur à l’état pur réunie dans les seules limites des courbes de cette ombre grotesque. Haute comme un adolescent moyen et large comme un tronc d’arbre moyen, le sommet s’affaissait lamentablement, encore et encore. La blonde fit appel à la masse de ténèbres inutilisées mais rien n’y fit, la créature dodelinait. Alors la participante fit appel à la magie mise à sa disposition pour fixer sa création dans une posture servile, presque soumise.

Eärhyë n’était toutefois pas fière, à s’en mordre les lèvres d’indécision. Si la créature avait une posture équivoque qui révulsait l’âme libertine de la blonde, cette dernière ne parvenait pas à abandonner sa cogitation. Il manquait quelque chose, une identité. Un visage… La suite découlait, presque trop facilement.  Il suffisait de créer une illusion pour éclaircir ce beau visage. Ca ne tiendra pas… La jeune femme haussa les épaules. Que cela tienne juste le temps de l’épreuve, cela suffirait.

Un bruit de branche craquée retentit au loin et le Lynx feula. Après un dernier coup d’œil à sa création, la jeune femme tourna le dos et se mit à courir, bondissant entre les branches basses et les troncs décimés, fuyant de nouveau cette forêt maudite et les lamentations silencieuses de la nouvelle créature qu’elle renfermait.

Si sa magie n’était guère puissante, Eärhyë ne se faisait aucune illusion. Elle avait imaginé et conçu une créature des ténèbres dans le milieu le plus prospère à sa survie, les ombres elles-mêmes. La créature bancale et déséquilibrée n’aurait qu’à se nourrir de son environnement, sa prison, pour survivre.
Dégoûtée d’être à l’origine de cette injustice, de cette prison de noirceur pour une créature si frêle et innocente, Eärhyë se détourna, persuadée que renier cette iniquité accélérerait le processus de l’oubli. Il était si grotesque de rêver vainement…



1232 mots
Merci pour ce RP !
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Ven 25 Nov 2016, 15:33

Interrompu dans son geste par l’esquisse d’un sourire insolent, il s’attarda un instant sur les traits impertinents de cette femme faite de spectre et de poison, plongeant le bleu pâle et glacé de ses yeux dans un vert aussi éclatant que familier. Le Dieu eut un léger hoquet, rire pinçant et grinçant, et ne put s’empêcher de la gratifier d’un rictus entendu avant de l’expédier dans les confins des Terres du Yin et du Yang. Un brin rêveuse, la Khæleesi prit quelques secondes pour méditer sur le pouvoir qu’elle détenait à l’encontre de l’Æther, quoique consciente des risques qu’elle encourait à la simple idée de s’en prendre à l’enfant. Du bout des doigts, elle secoua les longues boucles de sa chevelure et se mit à flâner entre les arbres aux lianes épaisses et les fougères de la Jungle. Elle se baissa doucement près du rivage sauvage et verdoyant d’un petit lac, noyé dans les éclats de lumière qui perçaient à travers les feuillages. D’un toucher presque tendre, elle effleura la surface de l’eau qui ondula en larges cercles, avant de s’apaiser. Pour le reste, il n’eut besoin que d’un battement de cils ; un clignement autant capable d’ériger un Empire que de le détruire.

Mille et une idées se bousculaient à fleur d’âme, tantôt désireuses de créer le Beau tantôt avides d’édifier le Monstrueux. Seulement, elle ne s’inspirait guère de l’excessif ou des banalités, comme pour prêcher que son monde n’était ni de blanc ni de noir mais des subtiles et nuancées teintes de gris. Du mélange le plus surprenant pouvait naître aussi bien la vertu que l’immondice. Le souvenir d’un vieux conte de la Cité Engloutie glissa à sa mémoire ; la légende des Enfants nés de l’écume et du sel, des premiers infants des Mers et des Océans. Nul ne pouvait croire en la véracité du mythe, dont l’existence ne servait qu’à l’apprentissage de la haine envers la Vermine d’En-Haut, son apogée résidant dans le massacre de ces jolis monstres aux mœurs aussi absurdes que l’étaient leurs prétendus dons. Néanmoins, la Sirène se sentait le cœur à insuffler un peu de vie dans les lettres mortes d’antiques parchemins poussiéreux, empruntant quelques rimes d’autrefois et des craintes des temps passés. Des remous du lac, devenu frémissant, naquit la silhouette fine et gracile de ce qui semblait être une femme, bien qu’elle ne soit faite que d’onde froide et claire, occupée à détacher avec paresse du berceau de sa vie. L’exercice paraissait facile, à en croire que l’imagination suffisait à la création. Vanille connaissait trop bien sa Magie pour ne pas ressentir l’intervention du Dieu, et plongea dans le gouffre de cette Essence pour mieux façonner son œuvre. L’eau ne tarda pas à devenir chair, une peau à l’apparence irréelle rappelant les lueurs douces et colorées de ses origines. Elle dégageait un certain charme, quoique brisé par les détails dérangeants de son corps. De grandes orbes céruléennes ornaient un délicat visage en forme de cœur. Ses cheveux étaient longs et noirs, valsaient le long de ses lignes et serpentaient lentement comme des vagues tranquilles. Elle avait beau être nue, son allure ne prêtait ni à l’embarras ni à l’indécence pour être parée d’ornements bariolés et chatoyants qui l’habillaient autant de grâce que d’élégance. Les écailles étaient fines et nacrées, étincelaient au moindre rayon de clarté. Elles traçaient de légères arabesques le long de ses épaules et de ses bras, d’étranges volutes sur sa gorge et sa poitrine, son ventre et son dos. Des voiles irisés, rappelant des nageoires, drapaient la chute de ses reins et la naissance de ses omoplates. Créature singulière et surprenante, elle donnait l’étonnante impression d’être entourée par des dizaines de longs rubans à peine visibles, oscillant dans des schémas incompréhensibles autour d’elle. Ses oreilles étaient démesurément longues et évoquaient les branches carmin des coraux des abysses. Elle était comme une toile immaculée des abîmes, sur laquelle l’artiste aurait ajouté des pointes lumineuses de bleu et de rouge. Elle possédait cette aura, délicate et enchanteresse, propre aux Fils et aux Filles de Mynayiænis. Pourtant, elle ne leur ressemblait en rien avec ses yeux en amende, ses jambes de perle et la queue de serpent qui remuait dans une douce berceuse.

En un battement de cils, la Créature était apparue au beau milieu du lac et frissonnait, se tordait sans comprendre et observait aussi bien les alentours que sa propre réalité. Vanille sourit, la satisfaction néanmoins balayée par l’inconfort d’une situation. Si elle avait été d’une célérité incomparable dans sa réalisation, la Jungle du Continent du Gouffre Indomptable s’était révélée tout aussi efficace dans ses ripostes. Les branchages de Disima avaient cherché à arrêter la Khæleesi et s’étaient jetées sur elle. La bois, aussi infime qu’un fil, l’avait emprisonné dans sa toile, allant jusqu’à percer la peau pour s’enfoncer dans la chair, s’agripper aux os. Du revers de la main, la Sirène arracha les ramures qui écorchaient ses joues, sans se soucier du sang qui coulait le long de son menton. La Créature remarqua la présence de son Créateur. Les lèvres tremblantes, elle agita ses cheveux, avant de se ruer vers elle. Elle attrapa la soie blanche de la robe, son visage à quelques centimètres du sien. Vanille laissa son regard vagabonder sur ce qui était presque invisible, les rubans où l’on devinait une forme de main, des mains prêtes à la lacérer. Elles le pouvaient. « Tu es un peu impulsive, ma jolie. » murmura-t-elle tout bas, dans sa langue natale. Elle gronda et feula, la bouche toujours aussi vibrante, à s’improviser menaçante sans pouvoir articuler quoi que ce soit. Ce n’était qu’une enfant, enfermée dans une apparence mature. La furie au bord des iris, le trouble était cependant palpable. Elle ne put réfléchir à ses actes, propulsée par Vanille à plusieurs mètres de là, sans un geste. Celle-ci se releva d’un mouvement lent, accompagnée par les craquements des brindilles qu’elle brisait par la même. Songeuse, elle toisa sa créature, qui reprenait ses esprits dans les fonds du lac. Désabusée et désorientée, elle peinait à saisir les raisons de sa présence, mais en revenait toujours à son Créateur pour qui elle éprouvait sans conteste des sentiments contraires. « Sauvage et rebelle, comme ta terre d’accueil. » Elle posa ses paumes sur son ventre, qui peu à peu se tachait de pourpre. La végétation avait révélé toute sa fulgurance et sa cruauté, dans une unique frappe à la justesse saisissante. Dans un soupir, elle tourna les talons, sans plus accorder la moindre attention à sa Créature. Elle ne s’intéressait guère à son sort, pour lui présager une fin précipitée. Dans une lande aussi hostile, un nouveau-né désemparé avait peu de chance de survivre. « On se reverra, tu sais. » souffla une voix dans un valærian parfait. Les sourcils arqués, Vanille se retourna vers la jeune femme, dont la tête dépassait à peine de la surface du lac. « Hum. » L’instant se suspendait dans le temps, et la Khæleesi dévisageait sa Créature, redevenue incapable de prononcer le plus simple des mots. Elle avait été possédée par un petit supplément d’âme, qui s’était aussitôt envolée, mais ce saut dans l’eau lui semblait être le premier d’une longue suite de ricochet. Sans accorder davantage d’attention à celle qu’elle avait façonné, Vanille reprit son chemin, peu soucieuse de laisser la question en suspens.  

Oui, elle savait qu’elles se reverraient. Éprouvée par une vague de sensations démentes, la Créature se mordit la main au sang, tournait dans tous les sens à la recherche de quelque chose sur lequel elle ne parvenait pas à mettre de terme. Dans un fracas assourdissant, les troncs des environs se couchèrent. Vanille ne ralentit même pas le pas.

1 282 mots

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Dim 27 Nov 2016, 21:29


[Coupe des Nations - 2016] Magie 861224haut

La coupe des nations, un véritable challenge. Chaque race participe à ce grand événement où les représentants des dites races entre en concurrence dans cinq épreuves, à savoir la force, le charisme, l'intelligence, l'agilité et la magie. Ces épreuves sont toutes intéressantes et variées, mais il y en a bien une qui pourrait bien retenir particulièrement notre attention et rester dans nos mémoires … Celle de la Magie. Les événements qui vont suivre pourrait même marquer un tournant dans l'histoire d'une race en particulier. Tous les participants étaient présents, sauf un … le représentant des élémentals tardait à arriver. Alors qu'il était sur le point d'être disqualifié, une personne encapuchonnée s'avança. Vêtue d'un sarouel et d'un haut sans manches, blancs et rouges brodés d'or, cette personne tenait une allure bien déterminée, semblant être poussée par de fortes convictions. Elle s'arrêta une fois arrivée à la hauteur des autres participants.

J'enlevais ma capuche, dévoilant mon visage aux yeux de tous. Un visage aux yeux bleus électriques encadré par de longs cheveux roux flamboyants. Je balayais du regard toute l'assemblée, que ce soit aussi bien les participants que le public. D'une voix forte et vibrante, je m'adressais à tout le monde. « Je suis Alyska Blaise, j'ai pris la place de l'élémental qui devait représenter les élémentals pour l'épreuve de magie. » Mon regard restait le même, déterminé. « Je me permets de faire passer un message. » Je parlais lentement, avec des pauses pour rendre mes dires plus intense. « Pour ceux qui ne me connaisse pas, je suis une élémentale de la foudre injustement bannie d'Aeden par l'actuelle Impératrice du Tout, Gabriella, qui a imposée une dictature. » Je continuais de balayer l'assemblée du regard. « La tyrannie de Gabriella a assez durée ! J'en appelle à vous ! Vous qui êtes contre ce gouvernement élémentaire dictatorial ! Révoltons-nous ! Battons-nous pour libérer Aeden et nos frères et sœurs de race de l'emprise de Gabriella ! » Un silence de maître régnait en ce lieu. J'espérais que mes paroles toucheraient les élémentals et que ceux-ci commenceront à réagir face à la tyrannie de glace. Mais au moins, j'avais dit ce que je devais dire. Avertir tout le monde du danger que représentait Gabriella pour notre race.

Je finis par reprendre ma place, face à l'homme blond. Sa voix brisa le silence, nous annonçant ce qu'on attendait de nous dans cette épreuve. Je m'en fichais de gagner ou de perdre, l'importance pour moi dans cette épreuve était de montrer ce que les élémentals sont capable de faire aussi. Un battement de paupière de l'homme et nous voilà tous téléporté. Je regardais tout autour de moi, j'étais sur une terre que je ne connaissais pas encore. La végétation y était très abondante, elle abritait certainement de nombreuses créatures dangereuses. Ce paysage me rappelait quelque chose, chose dont j'en avais entendu parler. Une terre qui a apparut lors des nombreux tremblements de terre, des eaux qui se déchaînaient, les créatures des eaux qui rendaient les océans innavigables. Cette catastrophe avait touché toutes les terres, sans compter qu'elles furent envahies par les Masques d'Or. Avec tout cela, le continent du matin calme qui se retrouva complètement englouti.

Je me trouvais donc à Taelora. Je savais ce que je devais faire. Montrer ce que les élémentals savaient faire avec la maîtrise des éléments. Je sentais quelques chose de différents en moi, une magie d'esprit qui n'était pas la mienne. Quelqu'un à peut être pu me l’insuffler, mais je ne sais pas qui aurait pu faire cela. Quoi qu'il en soit, je restais concentrée sur ce que je voulais faire. Je visualisais ce que je voulais créer … un lion ailé … Même si j'avais eu une aide sur la compréhension grâce à une magie d'esprit, je voulais absolument utiliser la magie élémentaire et il était temps de leur faire une démonstration. Je fermais les yeux, m'imprégnant de l'environnement, posant mon esprit. Je sentais la nature autour de moi, le vent soufflant dans mes cheveux tout en les caressant, la foudre éclater dans mon corps, le métal de mes griffes voulant sortir, le bruit calme de l'eau qui coule et la glace qui émanait de mon corps.

Il était temps ! En premier, je maîtrisais le métal, créant une forme de couleur noir et la modelant pour former le corps d'un lion plutôt musclé, une grande et épaisse crinière, des oreilles arrondies, des yeux amandes, gueule ouverte préparant un rugissement féroce … tous ce qui pouvait caractériser un lion, je le modélisais avec le métal, ne reproduisant pas les plus fins détails. Je rajoutais cependant une paire d'ailes grande ouverte en métal noir, démarrant au niveau du garrot. Pour rendre le lion plus imposant, j'envoyais mes éclairs parcourir le métal, qui prit un reflet bleu électrique, faisant scintiller par la même occasion, les petits cristaux de glace que j'avais rajoutés dans la crinière et les plumes des ailes. J'entourais chacune des pattes avec des lianes que je venais de cueillir dans la forêt, contrôlant le métal pour les imprégner et les faire tenir. A l'aide de mes délicates mains, je pris une poignée de terre pour la déposer sur les pattes du lion, contrôlant encore une fois le métal pour lier les deux éléments. J'admirais le lion noir élémentaire que je venais de créer. Il ne restait plus que deux éléments, à savoir le feu et l'air, pour qu'il soit réellement terminé. Je ne possédais pas la maîtrise du feu, mais il y a toujours un moyen de le créer. Je fis éclater la foudre sur un morceau de bois sec. Celui-ci s'embrasa en quelques secondes. Je pris le morceau de bois enflammé et le mit dans la gueule du lion. Pour finir, je soufflais dans sa gueule, maîtrisant l'air, pour insuffler l'élément dans son corps et ainsi éviter que le métal ne rentre en fusion.

Ma création était enfin finie, un lion ailé de taille normale. Fièrement dressé dans la forêt de Taelora, entouré des huit éléments, semblant être leur gardien.

[Coupe des Nations - 2016] Magie 751712bas




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Babelda
~ Rehla ~ Niveau III ~

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Babelda
Dim 04 Déc 2016, 12:55


Babelda ne voyait rien autour d'elle. L'obscurité la plus totale l'entourait et elle crut d'abord avoir été victime d'un mauvais tour de l'Æther. Pourtant, à force de rester immobile, n'osant bouger ne serait-ce que le petit doigt, elle parvint à discerner quelques formes autour d'elle, tandis que ses yeux s'habituaient petit à petit à la noirceur des lieux. La rehla inspira profondément, incertaine quant à la procédure à suivre. Devait-elle renoncer immédiatement et avouer son imposture, ou devait-elle essayer de réaliser l'épreuve que le Tout Puissant leur avait ordonné de faire ? Car elle n'avait absolument aucune idée de la manière dont elle allait se débrouiller pour relever le défi que leur avait donné le dieu. Donner naissance à une créature ? Comment était-elle supposée faire une telle chose ? Elle s'était fait passer pour une magicienne et, de ce fait, elle était supposée posséder la magie bleue, une magie de création certes, mais de là à insuffler de la vie ? Elle avait entendu parler des prouesses des archimages qui dépassaient les limites du possible, en créant ce qu'ils désiraient à partir du néant, mais jamais encore elle n'avait eu connaissance d'un mage blanc capable de donner vie à l'une de ses créations... L'avait-on démasqué ? Avait-elle été punie avec une fausse épreuve ? La rehla inspira profondément et s'astreignit au calme. Elle devait organiser ses pensées et ne pas se laisser submerger par l'appréhension.

La brune commença donc par se relever et, forçant sur sa vue, elle parvint à rejoindre ce qu'elle identifia comme étant un arbre. Elle semblait avoir atterrit dans une forêt. Bien, c'était un début de savoir dans quel environnement elle se trouvait. Désormais, elle devait trouver une façon de mener à bien la mission qu'on lui avait donné. Car après tout, qu'elle ait été démasquée ou non, elle ne le savait pas encore et même si c'était le cas, elle ne voulait pas mettre un aether en colère en refusant de jouer à son jeu. "Et puis, de toute façon, il n'y a pas de raison que l'on m'ait démasqué !" pensa-t-elle à voix haute pour se rassurer. Elle avait pris soin de ne pas utiliser sa magie devant les autres participants, pour que personne ne puisse remarquer son absence de magie bleue, même si elle utilisait habituellement ses pouvoirs pour berner les spectateurs, elle n'avait pas voulu risquer de se faire trahir par sa maladresse devant tous ces témoins.

Babelda réfléchit quelques instants à son problème. Elle devait créer une créature. Le premier problème était de savoir quelle créature imaginer. Elle se soucierait du comment plus tard. Elle pensa pendant longtemps aux histoires que lui racontait son père, dans leur caravane, le soir quand elle était petite. Elle imagina des géants, des animaux fantastiques ou encore des monstres... L'aether avait bien dit que leur création devrait être viable et qu'elle devait être capable de survivre dans leur nouvel habitat. Babelda abandonna donc toute idée d'un animal mignon, ou d'une créature attendrissante : la forêt dans laquelle elle avait atterrit ne lui disait rien qui vaille. Sa chose devrait être capable de se défendre seule... Et c'est ainsi qu'elle trouva son fil conducteur. Elle voulait que sa créature soit capable de se protéger elle-même mais également d'aider les autres... Les pauvres âmes égarées dans cette terre inhospitalière. Un peu comme elle l'était en cet instant. Elle partirait donc sur un gardien !

Il fallait désormais qu'elle se concentre sur le comment. La meilleure chose à faire pour commencer était d'en faire une ébauche, de commencer à la construire, même si elle ne pouvait pas encore lui donner vie. La Voyageuse se mit donc en quête de matériaux pour faire une sorte d'épouvantail. Elle commença par récolter de lourdes pierres, grosses, qui étaient au sol. Elle devait gratter un peu le sol, parois pendant plusieurs minutes, avant de parvenir à trouver ce qu'elle souhaitait. Mais après en avoir récupéré un peu moins d'une dizaine, elle commença par les entasser les unes sur les autres. Elle s'aidait de pierres plus petites pour bloquer les autres et faire tenir le tout en place. Lorsqu'elle eut fini, elle se recula de quelques pas pour observer de quoi son travail avait l'air. Ce n'était pas du grand art mais l'on discernait vaguement une silhouette humanoïde, la forme d'un corps sans jambes. La jeune femme regarda ensuite autour d'elle. Elle trouva au sol quelques branchages qu'elle ramassa, encore incertaine de ce qu'elle en ferait. Voyant sur son chemin un tas de ronce, elle revint pour en découper quelques branches à l'aide de son poignard et les apporta près de son empilement de pierres. Elle regarda ce qu'elle avait à sa disposition et commença par coincer deux bâtons entre les pierres, pour former ses bras. Sa créature devait pouvoir se défendre, elle décida donc d'utiliser les ronces qu'elle avait trouvées pour les enrouler autour des branches. Dans cette tâche plus que délicate, elle se piqua plus d'une fois, pestant contre sa propre maladresse. Avec les branches qu'il lui restait, elle créa ensuite des formes d'ailes, coinçant les branches en les emmêlant entre elles. Trouvant également des lianes, elle s'en aida pour maintenir le tout en place, faisant des noeuds d'une branche à l'autre. Elle répéta ensuite le même processus que pour les bras et s'égratigna encore plus les mains, les bras et même le cou en voulant décorer les ailes avec de ronces. Elle reprit du recul pour admirer son travail. C'était un résultat plutôt médiocre, mais elle était plutôt satisfaite et fière de son travail. Pourtant, il manquait toujours quelque chose... Son golem avait une apparence brute, alors qu'elle voulait lui donner un air doux, pour montrer que sa création serait bienveillante. Elle arracha donc la mousse d'un arbre à proximité et en recouvrir le corps de pierre. "C'est bien mieux !" Il ne restait plus qu'une dernière touche avant que son travail ne soit fini.

Trouver une tête pour son personnage serait sans doute le plus compliqué. Elle voulait vraiment que sa créature ait l'air gentille, et elle voulait que sa tête soit belle. Elle marcha donc pendant plus d'une demi-heure, avant de trouver une plante qui lui convint. Il s'agissait d'un bouton de fleur fermée, d'un rose clair qui dénotait avec le paysage sombre. Elle s'en approcha pour la cueillir et eut la mauvaise surprise de découvrir qu'il s'agissait en réalité d'une plante carnivore : à peine eut-elle essayé de couper sa tige que la plante lui montra ses dents et essaya d'en faire son repas. Pourtant, Babelda voulait vraiment l'utiliser. Elle imagina donc un stratagème pour attirer l'attention de la plante, faisant pendre un morceau de bois qu'elle agitait au-dessus du végétal, tandis qu'elle lui donna un coup de couteau pour la couper. Sa fleur sous le bras, elle retourna à son atelier. Elle posa sa trouvaille sur le tas de pierre, de façon à ce que sa plante puisse ressembler à une véritable tête, déposant deux cailloux sur les côtés pour représenter des yeux. Elle détacha une plume de son collier porte bonheur et la déposa sur le sommet de la tête.

Voilà, son ébauche était terminée. L'enfant de la lune voulut améliorer sa création en changeant quelques couleurs, pour lui donner un air plus aimable, plus abordable. Elle déposa ses mains sur le corps de pierre et, tandis qu'elle se concentrait sur ce qu'elle voulait créer, elle sentit une drôle de sensation l'envahir. Alors qu'elle frôlait sa statue du bout des doigts, elle remarqua qu'une lueur bleutée s'échappait d'elle... Surprise, elle s'arrêta, avant de recommencer et de voir le même phénomène se produire. Elle était certaine de ne pas être à l'origine de cette anomalie, elle ne l'avait pas fait par habitude. Incrédule, elle regarda ses mains quelques secondes, avant d'essayer une nouvelle fois. Elle se concentra sur l'image qu'elle voulait donner à sa créature et tandis qu'elle faisait glisser ses doigts sur l'épouvantail, elle sentait quelque chose d'anormal se produire en elle... Elle ne saurait dire de quoi il s'agissait exactement, mais elle était persuadée que cela avait un rapport avec la magie bleue qu'elle venait d'utiliser...

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, son gardien s'agitait, plus vivant que dans ses pensées.

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Merci Kyra nastae

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Lun 05 Déc 2016, 14:28




VOYAGEUR

- J’ai faim. Soif. Non, je viens de manger et de boire, je suis rassasié. C’est ça. En revanche, il faut que je me couvre, la pluie me détrempe. Pourtant il fait beau, il ne pleut pas, mais je suis trempe. Cette cape fera l’affaire…

La longue procession de corps entra dans le temple qui semblait dominer l’Antre. Mwayer laissait s’échapper un chapelet de mots et de phrases incompréhensibles, il expiait ce que ses sens lui suggéraient. Le lieu lui était inconnu. Il ne savait pas pourquoi il était là. Il ne savait plus pourquoi il était là.

- Lâche…

La voix était arrivée de nulle part, d’un rapide coup d’œil il constata qu’il devait être le seul à l’entendre. Personne n’avait semblé étonné qu’on les insulte. Il se concentra pour faire taire son esprit et reporta avec peine son attention sur ce qui se déroulait. Ses démons furent abandonnés en un grand fracas lors de l’arrivée de celui qui leur présenta l’épreuve. L’Alfar tomba à la renverse en voyant l’homme à la stature imposante et aux cheveux d’or qui leur parlait. Il ne se rappellerait d’aucun de ses mots ou presque. À nouveau, il murmura, sans comprendre :

- Enfin le soleil, il fallait qu’il vienne, je dois d’ailleurs m’en protéger aussi. La cape, la cape fera l’affaire, ce sera beaucoup mieux…


Le traitement qui avait été infligé aux candidats pendant le trajet avait eu raison de la capacité de raisonnement et de cohérence de Mwayer. Il n’avait plus de filtre, plus rien ne retenait ce qu’il pensait. Son esprit continuait de se déverser sur le monde sans que personne ne l’écoute.

- Alors voilà ce qu’est la folie. J’en prends conscience, un fou qui prend conscience de sa folie reste-t-il fou? Des créatures à créer, je sais faire ça, oui, oui monsieur, je peux…


Un fin sourire se dessina sur ses lèvres d’enfants et retomba immédiatement au contact visuel de celui qui lui faisait un tel effet. Il n’était peut-être finalement pas prêt pour frôler des esprits de cette qualité, mais il n’avait plus le choix. La rupture du regard fut violente. Le jeune homme s’était, en l’espace d’une seconde, fait absorber dans une immensité de bleu, il ne voulait pas en sortir et pourtant son hôte disparut.



~~~


- Lâche…

Les paupières de l’Alfar semblaient scindées entre elles. Il apercevait la lumière à travers les ouvertures qu’il arrivait à créer. Il se frotta consciencieusement les yeux et les ouvrit. À peine les eût-il écartés qu’il sentit le vent lui gifler le visage. Il regarda autour de lui en se protégeant avec le revers de sa cape et réussit à se mettre sur ses genoux. Il était au milieu des montagnes, seul. Terriblement seul. De l’endroit où il avait atterri, il n’arrivait pas à voir les cimes à cause d’un épais brouillard. Il avait froid, sa cape claquait derrière lui au vent.

- Lâche…
- Non, que ça ne recommence pas, le froid n’est pas une raison, vous : laissez-moi… laissez-moi, laissez-moi, laissez-moi!

Même si son discours restait décousu son ton était plus décidé, il savait ce qu’il voulait, il avait compris qu’il allait devoir prendre le contrôle. Il se concentra sur sa tâche et se mit en marche afin de trouver un endroit propice à la création. Mwayer ne comprenait pas ce qu’il cherchait, il avait simplement besoin de sentir, de ressentir la magie. Cette dernière parcourait la brume avec une intensité vive, plus l’homme aux cheveux de neige avançait, plus son amante le suivait et venait s’immiscer dans chaque recoin du brouillard.

- Lâche…
- SILENCE!


Sa voix avait fait taire le bruit du vent. Il ne resta, l’espace de quelques secondes, que son écho qui lui répondit en le singeant.

- Qui êtes-vous ? D’où vient cette voix ? Dites-le-moi, je ne vous ai rien fait.


Au fur et à mesure que ses mots s’enchaînaient, il montait encore à travers le brouillard à tel point qu’il ne vit plus où il allait, d’où il venait et peinait à voir son chemin. Le froid lui tiraillait les pores, il savait qu’il ne pourrait résister plus longtemps.

- Arrête-toi.
- Qui… êtes…vous?
- Réfléchis? Qui d’autres est avec toi?
- Personne, justement.
- Alors, qui suis-je? Lâche… Cesse…


Il réfléchit l’espace de quelques instants puis le bleu de ses yeux fut pris d’une profondeur nouvelle. Il grimpa encore quelques pas et put observer la brume qui s’étendait en bas, dans toutes les vallées que le froid régissait. Il s’arrêta, ralentit sa respiration et regarda en contrebas. Son œil était vide, il ne voyait pas les sommets dépasser et tenter de le toiser, il ne comprenait pas où il avait été téléporté, ni pourquoi il avait été envoyé ici, mais il commençait à sentir la magie qui parcourait ses lieux. Lorsqu’il leva une main, sans même le vouloir, une colonne de brume s’éleva et sans qu’il ne pût la contrôler comme il le voulait, elle s’affuta et fonça dans la direction de Mwayer qui se reçut cette lance de nuage de plein fouet. Elle passa à travers son épaule et laissa derrière elle une trace rouge qui coulait abondamment de l’Alfar. Il la regarda puis se rendit compte qu’il était en train de commanditer sa propre perte. Chacun de ses mouvements était en train de créer des êtres difformes qui prenaient vie du brouillard, chaotiquement, et qui se retournaient contre leur créateur. Chaque mouvement qu’il utilisait pour se défendre lui créait trois, quatre, peut-être cinq éléments supplémentaires à gérer et plus il tentait de se protéger, plus il se faisait blesser.

- Lâche, imbécile!
- Je vous ai dit de vous taire!
- Tu as très bien compris qui j’étais, lâche tout, lâche prise, arrête.
-…

Ses bras retombèrent; et la brume avec lui.

Il regarda dans le vide pendant de longues minutes, sans bouger. Il ne pouvait pas bouger, il ne maîtrisait pas assez sa magie et elle était trop présente en ce lieu pour être inoffensive. Il manquait de pratique, il n’était pas assez puissant pour se contenir dans un lieu aussi imprégné. Jamais encore il n’avait senti cela. Il ferma les yeux pour commencer à modeler ce qu’il voulait faire et sans un geste de main, commença à dessiner la brume qu’il dominait depuis sa cime. Les nuages s’étaient calmés, ils accomplissaient ce qu’il arrivait enfin à leur demander modérément, il ne leur commandait plus, il leur proposait.

En face du sommet sur lequel se tenait Mwayer était en train d’apparaître la silhouette d’un enfant aux cheveux en brosse. Plus le temps passait et plus l’Alfar aux cheveux immaculés arrivait à lâcher prise, plus la créature lui ressemblait jusqu’à ce que se tiennent un enfant aux cheveux de neige et un autre aux cheveux de brume, l’un en face de l’autre. Le premier ouvrit les yeux, mais ce fût sa création qui prit la parole.

- Alors, tu as compris qui je suis, maintenant ?
-…
- Peut-être fais-tu mieux de ne pas répondre, Mwayer. De toute façon, lorsque je parle, tu parles aussi, je ne suis que le voyageur que tu es, malgré tes envies de retourner chez toi. N’oublie pas que tu m’as créé quand on se reverra
-…
- Enfin, si l’on se revoit.
- Mais…


La créature fit volte-face et disparut dans la brume, laissant l’Alfar seul. Alors voilà ce qu’il était : Un voyageur contemplant une mer de nuages.


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Mar 06 Déc 2016, 19:50

Son âme était encore confuse et brumeuse, éprouvée par le souvenir du Dieu qui hantait sa mémoire. Rêveuse, elle contemplait à peine les paysages verdoyants de la lande et déambulait d’un pas gauche et titubant. Peu concentrée sur l’épreuve, elle erra quelques longues minutes dans le calme sifflant de la Vallée de la Dame, sans se soucier de la tâche qu’elle devait réaliser. Néanmoins, les tourments ne tardèrent pas à s’emparer de la jeune adolescente, inquiète à l’idée de devoir façonner une œuvre aussi ambitieuse. Elle ne pouvait pas repousser indéfiniment sa besogne et devait se résigner à agir, malgré les sursauts de ses deux cœurs délicats. Dans un frisson, elle s’allongea dans les herbes folles et leva ses yeux bleus vers les étoiles, cherchant l’inspiration dans la clarté de la Voûte. Elle n’appartenait pas tout à fait aux Terres du Yin et du Yang, sans réellement être une Enfant des Cieux. Cette qualité originale faisait sa fierté, et Mélodie tenait à apporter un peu de la culture insaisissable des Astres sur les régions mortelles. Elle s’efforça de se rappeler les contes et les légendes que lui murmuraient sa Mère et ses semblables. Il y avait tant de mythes fabuleux dans l’immensité du ciel, tant d’histoires merveilleuses et de fables enchanteresses. Elle aurait aimé pouvoir donner vie à tous ses songes venus d’ailleurs mais craignait de ne pas être à la hauteur du labeur. Au lieu de sauter sur ses récits favoris, elle se creusa davantage la tête, jusqu’à dénicher celui qui faisait état d’une particulière singularité. Tendre et naïve, elle tira un petit calepin des poches de sa cape et se mit à griffonner quelques esquisses maladroites, afin de coucher sur le papier ce qui lui traversait l’esprit. Elle ne se rendait pas compte que de ces quelques traits tout juste imaginés, naissait la réalité. Une réalité devenue grossière et difforme.

Dans un léger soupir, la jeune Mélodie secoua ses longs cheveux blonds. Elle ne comprenait pas vraiment les raisons de sa fatigue mais frôlait l’inconscience tant elle se sentait à bout de force. Tremblante, elle frotta ses joues, avant de baisser ses prunelles azurées sur son croquis. Elle fit la moue, déçue par ses piètres talents qui ne rendaient guère hommage aux infimes détails de ses pensées fantaisistes. Elle avait voulu tracer la silhouette d’une créature, gardienne de l’univers dans la tradition céleste. Son dessin ne ressemblait en rien à la description qu’en avait fait les Etoiles. Un brin dépitée, elle rangea son petit carnet, bien décidée à rassembler quelques pierres ou fleurs afin de confectionner un mannequin. Tout en se demandant comment elle allait bien pouvoir faire pour donner vie à sa chose, elle se releva, pour retomber aussitôt en arrière. Les lèvres frémissantes, elle n’arriva pas à hurler, mais ses cœurs eurent des ratés à répétition. Lentement, il se pencha auprès d’elle. Qu’était-il ? Comment était-il apparu ? Les questions se bousculaient et elle se noyait entre sa peur et son incompréhension. Le Monstre était haut de plusieurs mètres et dominait la plaine de sa stature. Un Monstre. Il n’était rien d’autre que cela. Estropié, laid et déformé, il était aussi dénué de peau et la chair était écorché. De ses yeux verts, il toisait la Luhminary, comme s’il envisageait de la dévorer de sa mâchoire épaisse et carnassière. A défaut d’avoir la moindre trace d’épiderme, son squelette recouvrait parfois ses membres et formait des arabesques meurtrières. « Comment … » balbutia la jeune fille, qui se sentait prête à tourner de l’œil. Elle aurait dû s’en douter. Elle avait senti que sa magie avait fait des siennes et avait laissé aller cette essence incontrôlable, certaine qu’il ne s’agissait là que d’un passage éphémère de conception chimérique. Elle avait été crédule. Comment aurait-elle pu faire l’épreuve, sans un petit coup de pouce ? Elle s’était fait piégée et se retrouvait face à une immondice.

Mélodie comprenait peu à peu ses erreurs. Elle avait voulu créer, sur les Terres du Yin et du Yang, une entité à qui l’on prêtait une utilité dans un monde infiniment plus grand. Le Monstre était démesuré. Bien heureusement, la faiblesse de la jeune fille avait contribué à réduire le gigantisme du colosse, dont le corps tordu trahissait les failles de sa créatrice. Dans un petit reniflement, la Luhminary essaya un sanglot. Elle n’avait même pas remarqué que les larmes avaient débordé, prise de torpeur. Elle n’aspirait plus qu’à une chose : s’enfuir, mais n’en avait pas la force. Le Monstre se redressa, avant d’aviser ses jambes et ses bras mutilés et bosselés. Sans la plus petite hésitation, il brisa les os. Surprise, Mélodie cracha tout ce qu’elle avait dans le ventre, avant de ressentir le courage de prendre la fuite. Elle n’eut pas le temps de voir que sa Bête s’était lancée à la poursuite de gibier sauvage, qu’elle avala en une ou deux bouches. Le sang coulait entre les dents, et dans un effroyable craquement, sa carcasse prit une forme plus droite. « Tu seras inoubliable. » lui avait murmuré son père, lorsqu’elle avait voulu un peu de réconfort, déconcertée par cette Coupe où elle avait été choisie comme candidate. A présent elle comprenait.  

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Mer 07 Déc 2016, 20:09

Mon regard se fixa sur la marche de l'escalier sur lequel j'étais assise. Les petits souliers venaient de m'apporter un mouchoir en tissu afin de sécher mes larmes. Ces chaussures étaient apparues dans mon existence par le plus grand des hasards et, depuis, elles m'apportaient à chaque fois les objets dont j'avais besoin, m'aidant à traverser l'adversité par de petites attentions qui ne manquaient pas de m'émouvoir. Je pris le don et le passai doucement sur mes joues.

« Je suis fatiguée de me battre, c'est vrai. J'essaye de faire de mon mieux pour les filles mais... ».

Je pliai doucement mes jambes afin de porter mes cuisses à mon buste. Croisant les bras sur mes genoux, j'enfouis mon menton dans le creux laissé par la position.

« Il me manque tellement... ».

Je soupirai, essayant de calmer cette fragilité qui me poursuivait depuis bien longtemps. Je voulais quelqu'un à mes côtés, quelqu'un qui me soutiendrait et qui me sourirait en me faisant signe de venir dans ses bras. J'étais depuis bien trop longtemps maintenant la bouée de sauvetage de trop de personnes. Toutes ces enfants, orphelines, que j'avais sauvé des tremblements de Sceptelinôst en la compagnie d'Abel, comptaient sur moi. Je les soutenais et aimais le faire mais, en retour, personne ne me soutenait, moi. Les cheveux en bataille, je dépliai alors mes jambes, regardant le ciel comme si j'y cherchais ma voie. Où était ma place ? Qui étais-je ? Qui étaient mes parents ? Le silence de la nuit me répondit jusqu'à ce qu'une chouette pousse un cri, au loin.

« Je suis si seule... » soufflai-je alors que les petits souliers se rapprochaient de mes hanches comme pour me rassurer.

~

J'avais repris mes esprits sur les côtes de Maübee. Je connaissais très bien l'endroit car je résidais dans un lieu qui y était affilié. Je n'allais pourtant pas marcher jusqu'à atteindre celui-ci. L'entité que j'avais vu précédemment avait, à elle seule, floué le paysage pendant plusieurs minutes. Jamais, de toute ma vie, je n'avais éprouvé autant d'intérêt pour quelqu'un. Le reste avait totalement disparu et j'étais restée, grisée, pendue à ses lèvres. Je ne le connaissais pas mais jamais je ne l'oublierai. Je m'assis sur l'un des rochers, contemplant l'océan. La vue était magnifique mais c'était toujours lorsque je me retrouvais devant de telles étendues que la solitude naissait de nouveau dans mon cœur. Je devais créer quelque chose, quelqu'un... Je n'avais pas la moindre idée de comment faire. J'ignorai comment ma candidature avait été acceptée mais les petits souliers me l'avaient amenée et posée sur les genoux un jour. Le plus étrange c'est que je n'avais jamais demandé à devenir une championne elfique. Cela faisait si longtemps que je n'avais eu aucun contact avec les miens...

Les petits souliers apparurent de nouveau à mes côtés. À l'intérieur, posé sur la semelle de l'un, se trouvait le mouchoir que j'avais utilisé, plusieurs nuits plus tôt.

« Qu'est ce que cela veut dire ? » demandai-je à ces chaussures qui ne pouvaient pas me répondre.

L'énigme me sembla importante et ce ne fut que plusieurs heures après que je compris où elles voulaient en venir. J'avais la possibilité de créer quelque chose alors je devais simplement me laisser porter par mes sentiments. Si cette entité nous avait donné pour mission de façonner, elle devait aussi nous en avoir donné les moyens. Je n'avais pas d'idée précise mais ma tristesse pourrait peut-être se substituer à ma raison. Peut-être que, après tout, il me suffisait d'arrêter de réfléchir, de me laisser aller par ce qui se tramait au plus profond de mon être. Cette solitude pouvait sans doute me servir. Doucement, je me levai et plaçai mes mains jointes sur mon buste. La nuit était tombée et les étoiles semblaient me sourire. Il suffisait que je créée...

Lentement, une frêle lueur sortit d'entre mes mains. Je n'avais jamais été très douée. Peut-être que cela me prendrait du temps mais... je voulais le faire. La lumière qui se dégageait de cette magie était apaisante et grandissait, lentement mais sûrement. La sphère aux bords incertains évolua en un nuage de fumée hésitant qui se répandit peu à peu autour de moi, se séparant en plusieurs petites sphères qui, à leur tour, donnèrent naissance à des nuages. La magie vacillait parfois, comme si mon manque de stratégie précise lui enlevait de sa force. J'étais entourée de cette douce lueur, comme si des centaines de lucioles dansaient dans la nuit, à mes côtés. Je n'avais jamais rien eu à moi. Je n'avais jamais été personne. Je n'étais qu'une orpheline, immensément triste. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas vu Abel, tellement longtemps qu'il me manquait. Je voulais qu'il me sert dans ses bras et qu'il me dise que tout irait bien de sa voix apaisante. Profondément troublée par ces pensées que je n'avais jamais encore osé formuler, même à mon attention, je me mis à pleurer. Mes larmes ne furent pas simplement composées d'eau mais bien de magie, une magie qui rejoint les fondations de mon œuvre. Mes lèvres tremblaient, à l'image de mon menton dans la peau duquel de petits creux apparaissaient en rythme avec mes sanglots. Je voulais tellement que quelqu'un, un jour, me protège. Après un silence ponctué par le rythme de ma respiration, la magie fusa dans un endroit précis et explosa en des milliards de particules, éclairant le ciel sombre d'une pluie de poussière d'étoiles. Étais-je à l'origine de ce phénomène ? Je ne le croyais pas... Dans mon esprit, je ne contrôlais rien. Pourtant, lorsque je me rendis compte de ce qu'il se produisait, mes yeux s'écarquillèrent. De minuscules panthères à plaque s'étaient formées à partir de la poussière et courraient s'assembler en un ensemble qui forma le Bélua cher à mon cœur, créature éphémère qui se disloqua ensuite, les petites panthères reprenant leur course pour former d'autres formes au gré de leurs envies, sans doute alimentées par la magie de l'Æther qui m'avait téléportée ici.

Je souris, faiblement, à la nuit. Peut-être que si je faisais plusieurs petites choses, peut-être que si j'avançais pas à pas alors... alors peut-être que je pourrai accomplir ce que je désirai, au plus profond de mon cœur.

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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 4762
◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Jeu 08 Déc 2016, 00:11



« Que les eaux foisonnent d'une profusion d'êtres vivants, et que les oiseaux volent au-dessus de la terre, sous le firmament du ciel. » - Dieu créa, selon leur espèce, les grands monstres marins, tous les êtres vivants qui vont et viennent et qui foisonnent dans les eaux, et aussi, selon leur espèce, tous les oiseaux qui volent. Et Dieu vit que cela était bon. - Et Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, bestiaux, bestioles et bêtes sauvages selon leur espèce. » Et ce fut ainsi. - Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce, et toutes les bestioles de la terre selon leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon. - Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu'il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. » -  Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme.

Et la lumière fut


La Coupe des Nations. Un événement aussi incroyable que grandiose. Et j’y étais. Non pas en spectatrice, mais bien en compétitrice. A quel moment la roue avait-elle tournée pour que j’en vienne à me trouver ici ? Je ne saurais le dire. Les événements s’enchaînaient si rapidement dernièrement. Il ne restait qu’à vivre au jour le jour pour ne pas perdre se perdre dans ce tourbillon d’intrigue. Comme maintenant. Aujourd’hui, j’allais montrer de quoi j’étais capable. J’allais montrer que j’avais ma place en ce bas-monde, malgré la présence évidente de monstre parmi les concurrents. Leur présence en imposait tellement. Je devais me ressaisir. Ce genre de détail ne devait pas m’affecter. J’étais apte à faire face à ces individus, auquel cas je serais restée sur le banc des simples observateurs. Je refuse d’avoir cette position ! Aujourd’hui, je serais actrice de ce scénario.

Un clignement de paupière. C’est ce qu’il suffit pour que je me retrouve en un lieu que je n’avais encore jamais vu auparavant. Un clignement de paupière. C’est ce qu’il me fallut à nouveau pour que je prenne conscience de l’étrange décor qui m’entourait. Du moins, de ce que je pouvais en détailler. L’obscurité ambiante ne me permettait pas de voir à deux pieds devant moi malgré les quelques torches disposés en des points stratégiques, témoins d’une occupation anthropique plus ou moins active. Qui pouvait bien être cet homme ? Aucune présentation, ni même salutation. Juste des directives. Et bon Dieu ! Quelle directive ! Créer un être. Créer la vie. Être, le temps d’une épreuve, l’égal d’un dieu… Par tous les Aetheri, quelle prétention d’avoir cette pensée. Et pourtant, nous n’en sommes pas si loin…

Je continuais ma marche sur les routes caverneuses. Je ne savais pas ce que je cherchais. Je ne savais même pas quoi créer. A part l’ombre et la roche, il n’y avait rien ici. Je me retournais. Il m’avait semblé entendre un bruit. Je prenais la direction de ce son espérant y trouver quelque chose. Petit à petit, je pris conscience que je m’étais fait une frayeur pour rien. Il s’agissait seulement de plusieurs ruisseaux qui s’écoulaient dans un lac souterrain. Sa surface, limpide, laissait entrevoir d’étranges créatures aquatiques. C’est étonnant la manière dont la faune s’adapte pour survivre dans son milieu, même le plus improbable. Je soupirais. Un peu plus et j’oubliais la raison de ma venue en ce lieu. « Créer la vie. Créer un être qui devra vivre. ». Non, survivre. Comme ces étranges petits poissons, il devra avoir tout ce qui lui permet de survivre dans cette caverne.

Je tournais la tête. Qu’est-ce que c’était ? Surement pas le ruissellement de l’eau. Un rat ? Une chauve-souris ? Un rocher qui serait tombé ? Rien de bien plus grave que cela j’espérais en tout cas. Un rapide récapitulatif de mes capacités, et pendant une seconde je me demandais comment je pouvais réaliser cette épreuve. « Quoi encore ? ». Ce bruit, à nouveau. Plus je l’entendais, moins j’étais rassurée. Je devais faire vite. Et vite partir d’ici. J’ignorais son origine et étrangement je n’avais pas l’impression que son auteur était amical.

Sans réfléchir, j’utilisais le pouvoir que je maîtrisais le mieux pour constituer la base de mon œuvre. A partir de la lumière que dégageaient les torches, je formais les prémices de ce qui sera ma création. Alors que je m’attendais à avoir devant moi une sphère à peine plus grande qu’une balle, j’eu la surprise de voir ma lumière prendre de bien plus grande proportions. La taille que j’espérais pour ainsi dire. Sans vraiment comprendre pourquoi, j’essayais d’aller plus loin en essayant de modeler cette nouvelle lueur. « Aïe ! ». Je regardais autour de moi. Rien. Pourtant… Je regardais ma jambe qui me lançait sauvagement. Mon pantalon était déchiré. Ma chair lacérée. Mon sang perlait le long de ma peau. Et la cause était inconnue. Mais je ne pouvais pas me permettre de me déconcentrer, au risque de faire disparaître cette être nouvellement né. Je commençais à donner une nouvelle forme à la masse lumineuse face à moi. Une forme humanoïde, aux traits cependant bien trop vagues pour que l’on détermine s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. Probablement aucun des deux. Je n’avais pas songé au sexe de ma créature en la dessinant. Je ferais un bien piètre dieu.

Alors que la douleur de ma chair qui continuait à s’écorcher  sous les attaques de je ne sais quelles créatures de la nuit s’intensifiait, je savais enfin quel genre d’entité allais-je créer. Mais mon pauvre être n’était que lumière. Rien que lumière. Je m’avançais vers l’être de lumière, tendant ma main dans sa direction. Il fallait que ça marche. Mais rien ne devait se passer comme prévu. Une de ces créatures traversa mon œuvre de part en part, et atteint mes côtes, m’arrachant un cri de douleur. Puis je vis ma créature. « Non ! ». Un trou béant prenait place en son sein. Je m’effondrais de désespoir. Je n’avais même pas eu le temps de le terminer… Il était déjà mort ? Mais une lueur d’espoir brilla dans mes yeux quand je vis les particules dorées se réarranger entre elles pour refermer cette espace vide. J’avais encore ma chance ! Avec difficulté, je continuais ma marche vers mon être lumineux. Et une fois assez proche, je posais ma main sur sa " joue ". « Dans un milieu comme celui-là, la vue ne te servira à rien. Cependant, tu devras compter sur ton ouïe, ton odorat et tous tes sens tactiles qui seront amplifiés. ». Je l’espérais. Un être immatériel comme lui ne pouvait souffrir d’attaque physique. Mais était-ce seulement la même chose pour les attaques magiques ? Je l’enveloppais d’un sort d’illusion, espérant que ce dernier sort masque un minimum sa présence des êtres les plus vils.

Mon entreprise achevée, je m’attardais sur ce que j’avais créé. Il n’avait rien d’effrayant. Au contraire. Une entité de lumière, rassurant dans la terrible obscurité de cette grotte. Une entité de lumière qui guiderait les âmes égarées. Une entité de lumière, impalpable et pourtant bien présente. « Merci maman. Je ferais de mon mieux. ». Maman ? Je le regardais me passer devant. C’est là que je la vit. Une fine tâche de sang. Mon sang. Celui qui avait coulé alors que je tentais de le mettre au monde. « Suis-moi ! Il faut sortir ! ». Je contemplais mon être de lumière. Un être surprenant. Un être venu du plus profond de mon âme.

“Il n'y a pas de création sans épreuve...”

Codé par Heaven sur Epicode



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Jeu 08 Déc 2016, 00:40


Musique

Bien sûr, Thalie avait peur des hommes. En réalité, elle les avait longtemps haï, eux qui détruisaient la nature un peu plus chaque jour. Elle les haïssait encore, même si elle essayait d'effacer ce sentiment de son esprit. Après tout, peut-être pourrait-elle faire en sorte qu'ils changent et peut-être pourrait-elle leur apprendre à se conduire correctement vis-à-vis de leur mère à tous ? Elle voulait y croire depuis qu'elle avait croisé le regard de cet Humain. Elle connaissait si peu de choses sur lui mais il avait eu le mérite d'ouvrir une brèche dans son cœur dur et froid. La Fae voulait changer. Elle ne souhaitait plus être une princesse d'épines et de glace. Elle avait longtemps cherché un moyen de s'y prendre. Son objectif avait beau être des plus nobles, elle était seule. Après la destruction de son jardin, elle s'était séparée des autres Faes et avait longtemps préféré la compagnie de quelques lieux clos et abandonnés à celle de ses semblables. Aujourd'hui, elle souhaitait plus que tout recréer les liens qui s'étaient brisés. Elle essaierait. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de penser que les hommes étaient égoïstes et ne pensaient qu'à eux. La nature souffrait. Elle souffrait de leurs guerres incessantes. Elle souffrait de l'implantation de leurs villages. Elle souffrait même de la haine destructrice de certains. Thalie voulait néanmoins croire qu'elle avait un rôle à jouer dans tout ceci. Elle ne voyait pas de contradiction entre être maléfique et respecter la nature. La nature n'était ni bonne ni mauvaise. Elle était un tout. Elle était vitale. La Fae ne pouvait plus envisager de détruire le mal dans son ensemble. Le mal ne pouvait engendrer que le mal et la destruction uniquement la destruction. Ceci, elle avait cru le comprendre dans les yeux de cet Humain ou, du moins, c'était lui qui l'avait poussée à avoir cette réflexion. Il n'avait pourtant rien fait de particulier, si ce n'est lui venir en aide lorsqu'elle en avait besoin.

Thalie était persuadée que la beauté élevait l'esprit. Elle avait peut-être tort mais elle souhaitait y croire, pour son bien et, surtout, pour le bien de ceux qui croiseraient par la suite sa route. Aussi, dans cette épreuve de la Coupe des Nations à laquelle elle participait de nouveau, elle souhaitait créer le beau afin que l'espoir naisse dans les yeux de ceux qui contempleraient son œuvre. Elle désirait que n'importe quel être qui lèverait son regard vers sa création ne veuille en aucun cas la détruire mais, bien au contraire, la préserver pour que les générations futures puissent, à leur tour, contempler le merveilleux. La beauté l'avait toujours profondément émue et, si sa rage avait pu masquer ses sentiments, elle était une petite femme plutôt sensible. Elle espérait que tout le monde l'était. Thalie n'était pas spécialement forte ni spécialement intelligente mais la magie ne lui avait jamais fait défaut, comme si cette dernière devait l'accompagner chaque jour, que les désirs de sa détentrice soient bons ou mauvais. Sans doute était-il temps de servir une noble cause. Curieusement, la jeune femme sentait une puissance nouvelle bouillonner en elle. Était-ce les fruits de sa détermination ou la magie de cet Æther ? Si cette dernière était en son sein, c'est qu'elle devait l'utiliser. Elle s'en servirait pour éveiller des splendeurs jamais encore réalisées. Sans doute Thalie avait-elle de trop hautes ambitions mais elle voulait viser le ciel pour être certaine d'au moins atteindre la plus haute branche de l'arbre.

Doucement, elle sourit puis, d'un geste lent, ouvrit ses ailes pour s'envoler dans les cieux. Ce qu'elle voulait façonner serait une créature qui, elle l'espérait, éveillerait l'espoir et ferait rêver ses spectateurs. D'un geste habitué, une fois qu'elle fut à bonne hauteur, elle laissa tomber sur l'asphalte ce qui était propre aux Faes, une poussière scintillante qui pouvait avoir plusieurs vertus en fonction de sa couleur. En se lançant à toute vitesse dans le ciel, elle façonna un ballet de couleurs chatoyantes afin de former les contours de sa créature. Elle souhaitait quelque chose qui lui ressemble, une sorte de Fae. Elle se rappela d'une histoire que lui avait conté une nuit l'homme qui tenait la demeure attenante au jardin duquel elle s'occupait. Il lui avait dit qu'un jour, ses pas l'avait conduit vers un monde merveilleux. Un arbre au feuillage doré lui avait ouvert le passage et il avait pu observer un vaste territoire perdu dans le temps. Dans le ciel, des femmes à la chevelure étonnante peignaient des formes sans s'arrêter. Ces dernières, appelées Aquarelles, riaient et jouaient dans un décor féerique où les couleurs qui figuraient dans leurs cheveux déteignaient sur le ciel. Elles étaient le ciel et en formaient toute l'harmonie et la diversité. Il avait précisé que jamais de sa vie il n'avait vu spectacle aussi magnifique. Thalie voulait s'en inspirer. Elle aimait beaucoup cet homme qui l'avait accompagnée et instruite sur le monde durant une grande partie de sa vie. Elle façonnerait sa créature comme une sorte d'hommage. Elle espérait qu'il la contemplerait un jour, en passant par là par hasard.

Il y eut un instant d'éternité avant que la fille des fleurs ne se remette à créer. Il s'agissait d'une femme, une créature qui possédait une queue de Sirène, des ailes de Fae et qui se fondait, presque invisible, dans le ciel. Pourtant, l'architecte de l’œuvre voulait que celle-ci ait une particularité. Aussi, plus les passants la regarderaient, plus ils capteraient cette forme presque cachée et plus elle deviendrait visible, jusqu'à ce qu'elle crée un phénomène particulier avant de disparaître de nouveau jusqu'à la prochaine fois.

Une fois son œuvre terminée, Thalie s'assit par terre, dans l'herbe. De ses yeux emplis d'espoir, elle se mit à contempler sa création, laissant le vent caresser ses traits. D'abord translucide, l'observée commença à apparaître, des centaines de couleurs assorties les unes avec les autres se superposant dans un corps qui parut bientôt trop petit pour toutes les contenir. Alors, la femme mi Ondine mi Fae explosa, créant dans le ciel une aurore boréale. Cette nuit, le Cœur Vert trouvait une nouvelle splendeur.

♫ 1015 mots ♫
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Jeu 08 Déc 2016, 21:56


Les yeux mordorés de la femme à l’apparence juvénile fixent un point par-delà l’épaule de son mari. Tandis qu’il l’observe, une main s’abat volontairement sur le genou de son épouse. La claque est preste, la douleur subite. Les muscles réagissent par réflexe mais pas la fille, qui est bloquée dans le fil de ses souvenirs.

« Dis-moi ce qu’il s’est passé, là-bas. » La voix est en colère car elle vient de lui avouer ses désirs sous hypnose. Aucun ne le concerne ; ce pourquoi il revient au sujet qu’il souhaitait aborder. « Raconte-moi et avec des détails. Je veux comprendre pourquoi nos Aetheri t’ont permis cela, pourquoi, toi ? » Le ton trahit l’envie. Elle ne le remarque pas, soumise aux ordres qu’il lui dicte.

« Il faisait froid. Mes pieds étaient engourdis, les semelles avaient fini par s’user avec le temps. Je n’arrivais plus à distinguer la texture du sable, de l’herbe ou des cailloux : quoique je fusse, tout m’était désagréable. Les pieds enflés m’empêchaient de continuer convenablement ; je crus un moment perdre l’équilibre et tomber sans pouvoir me relever et ce à jamais. J’avais peur, mon cœur battait et tirait sur l’estomac pressé par bébé. Puis le vent de l’Océan me rendit d’autant plus malade : il avait rongé les vêtements que tu m’avais achetés avant d’attaquer des parcelles de peau à découvert, devenant aussi livide qu’un linceul. Des plaques de sel se formaient à divers endroits sur mes avant-bras, si bien que j’eus cru perdre la peau. Tout devenait irritant. Si je n’avais pas eu cette boussole avec moi, je ne sais pas comment je m’en serai sortie vivante. Il m’indiquait où me nourrir, quand je le priais pour me diriger.

On m’avait envoyée sur une plage. A mon réveil, les repères étaient flous mais présents ; ce pourquoi j’ai avancé, j’ai continué. Savoir que je n’étais pas seule, qu’on m’attendait et qu’on souhaitait ma réussite m’encourageaient. Seulement, je n’avais pas compris ce que qu’on attendait de moi ; alors j’ai marché jusqu’à ce que les vivres me manquent. Créer quelque chose, un truc, c’est ce que la Voix et les Yeux m’ont dit de faire, là-bas, dans l’Antre. Mais tout était flou, tout était fatigant. Me souvenir d’autant plus. Je n’avais aucune idée de ce qu’on attendait vraiment de moi. Au bout d’un sentier, quand mes pieds ont fini par abandonner, je me suis affalée sur un lit de feuilles mortes. A mon réveil : un tique sur le téton ; ça m’a démangé.
Une femme portant une jarre d’eau douce m’a surprise ; je ne fus pas prompte à ranger mon sein tellement j’avais mal, l’air frais et humide s’était révélé être une vertu puisqu’il stoppa, même momentanément, l’impression de porter quelque chose de lourd. Cette femme, une dame des campagnes, s’est approchée de moi en gardant une distance respectable. Mes vêtements avaient du l’interpeller : qu’est-ce qu’une Lady ruinée pouvait faire là, dehors, assise le sein à l’air ?

- ‘ De l’aide, s’il vous plaît.’ Eussé-je aussitôt demandé, essayant de me relever. Elle regarda sa jarre, puis moi. Moi, sa jarre. Sa jarre, moi. Elle hésita ; tandis que je peinais à me retourner pour me redresser. Elle finit par m’aider en me tendant une main ; une force incroyable me souleva comme d’un rien. Etais-je aussi légère ? ‘Je-… J’ai besoin de me nourrir. Savez-vous où est-ce que cela est possible ? Cela fait des jours et des nuits que je cherche un village.


Sur ma route, des maisons avaient été abandonnées. Lorsque je pensais m’approcher d’un village et que je me rendais compte que sur mon chemin, chevaux et chariots étaient renversés et morts, je faisais demi-tour ou m’écartais rapidement du sentier. Ma longue errance, Celle que j’ai vécue quand tu m’as abandonné sur le Continent Naturel, m’avait apprise  que les bandits et les forbans s’accaparaient les lieux. Ceux qui avaient l’audace de s’approcher de trop près des villages fantômes en espérant y trouver refuge se faisaient surprendre et leurs têtes piquées.

Le soir même j’étais attablée avec la famille de la femme à la jarre et je mangeais. C’étaient des fermiers aisés, ils avaient par je ne sais quel moyen échappé à la guerre. Ils étaient gras et petits ; ils me rappelaient sans le vouloir une famille de ragondins. La femme à la jarre me tendit mon plat et raconta notre rencontre, n’omettant pas le détail d’une poitrine à l’air. Malgré leurs regards étonnés et leur soudain pic de méfiance, ils n’arrêtèrent pas ma faim : le bol d’avoine consommé, j’hésitai à leur demander une portion supplémentaire. Mon silence remporta alors que mon ventre grondait ; le père me resservit de la bière qu’il produisait et la femme à la jarre me donna une poche de lait. L’impression d’avoir été accueillie par pitié et par croyance était fondée puisqu’ils priaient les Aetheri les plus généreux ; dès lors que j’avais divulgué mon état de femme enceinte, la femme à la jarre n’avait plus hésité. Même si elle pouvait regretter à cet instant. Soudain, j’entendis leur premier fils parler de sucre.

- ‘Mère, mère….’ Déjà nous pouvions comprendre la supplique qui allait suivre. ‘J’ai encore faim… Je peux avoir du sucre sur mon pain ?!’ Mes yeux devinrent ronds ; depuis quand n’avais-je pas goûté du sucre ? La divulgation me donna d’autant plus faim, je salivais.

La mère lui répondit d’une tape et son coup sévère dut être assez surprenant pour que le fils arrête. Nos regards se croisèrent, elle était gênée, le père aussi. Je ne tins pas notre échange ; le sucre était cher en cette période de disette. Tous ceux qui pouvaient se prétendre producteur ou consommateur de sucre étaient les rois, les reines et les nobles. Ils n’avaient l’air d’aucun des trois ; juste de paysans assez bienveillants pour que la terre les inonde de biens.
Ils me laissèrent dormir près de leur foyer, en m’installant de la paille et en la recouvrant de tissu. Je m’installais et m’endormis. J’entendis la mère s’approcher d’une commode et la fermer correctement. Le lendemain, je repartirais, à la recherche de ce qu’on m’avait demandé.

Dans la nuit, je fus réveillée par l’enfant qui gigotait et par la faim qui tiraillait toujours ; le bruit constant du jeu de l’estomac avait du déranger le petit qui me rappelait. Je bus le contenant de la poche de lait et le morceau de pain qu’il me restait du repas. Je rêvais des mots de l’enfant ; du sucre sur mon pain. Je regardai un instant le meuble près du foyer, puis le feu dansant. L’hospitalité était bien sur quelque chose que je respectais, mais s’ils priaient les Aetheri, ils pouvaient aussi comprendre ma faim et l’envie qui me tenait de poser quelques grains de sucre.
Quelques grains, me persuadai-je. Rien de plus.

La femme à la jarre avait correctement fermé son meuble ; il fut difficile d’insister sans faire de bruit. Je finis toutefois par y parvenir et tombais des nus quand je m’aperçus qu’il s’agissait d’un placard à vaisselles et à poterie. J’allais refermer, déçue, quand je me souvins d’une leçon de la plus jeune de mes tantes, Chiara – celle qui associait le plus facilement les manants et les métayers aux bétails. Elle disait : ‘Quand ils n’ont plus de sous à te donner et qu’ils prétendent être appauvri par la mauvaise récolte, va chez eux. Ouvre leurs placards. Si tu ne trouves rien. Fouille encore ; ils ne sont pas assez bêtes pour ne pas faire comme les écureuils ; souvent ils investissent dans des double-fonds ou des faux-fonds pour nous tromper.’

Elle avait vu juste ; il y avait un faux fond. Pour le remarquer, il fallait connaître la profondeur du meuble et de sa largeur. Je me précipitais dès lors, mon temps était peut-être compté ? Je n’avais aucune idée mais le simple fait de me faire prendre en train d’emprunter me pressait. J’ouvris alors le faux-fond et pris le bocal ; du sucre. Je fermai le placard et me dirigeais sur la large table en bois de chêne. J’ouvris le pot, reniflais l’odeur et plongeais un doigt dans la poudre doré. De l’or en papille.

Quand mon estomac eut l’air rassasié et ravi, j’observais le pot. Étonnamment, je n’éprouvai aucun remords. J’étais satisfaite. Enfin, je me souvins des paroles des Yeux et de la Voix. Créer. Qu’attendais-je ? Une excitation nouvelle s’éleva du fin fond de mon cœur ;  l’envie de déposer mes doigts dans le pot de sucre à moitié vidé me vint à l’esprit. Alors je me mis à tourner l’index dans le bocal. Un étrange fumet sucré parvint à mes narines ; je vis sous mon doigt une étonnante transformation et sentis une chaleur réconfortante. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait, je faisais, c’est tout. Le sucre doré se brunit et se liquéfia ; une sorte de caramel se forma et s’accrocha à la paroi de la faïence. Quand j’eus voulu goûter au sucre, celui-ci émit un son, peu élevé mais très aigu. J’eus du mal à comprendre au départ que ce que je faisais était de manger une petite créature ; quand je me rendis compte de l’aspect vivant du caramel qui se tordait dès que mon ongle s’approchait pour racler sa peau, j’eus un cri étouffé et je mordis l’intérieur de ma joue. Immédiatement, je fermai le pot et me précipitais pour le remettre à sa place. Je tentai de me rappeler de la place des objets, quand cela fut fait, je fermais le faux-fond et remis les vaisselles à leurs places. Cela fait, j’allais pour me recoucher, oubliant presque aussitôt mon expérience.

Le lendemain, je partis. Le sentiment de satisfaction qui me tenait encore à cœur me donna le signal pour rentrer chez nous. »
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[Coupe des Nations - 2016] Magie

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