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 [LDM Août/Septembre] - Le Réveil de la Chute

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Jeu 25 Aoû 2016, 12:01

   -Vous voulez que je vous dise ? Haleta Neferet, hors de lui.

   Les autres ne l’écoutaient pas. Il le savait pertinemment, mais il n’en avait rien à foutre ; il était furax.

   -Vous êtes complètement cons.

   Il n’eut pour unique réponse que le sifflement du vent glacial dans ses oreilles. Il lâcha un soupir, un soupir bruyant et sans retenue. Il ne savait pas depuis combien de temps ils marchaient, mais ça devait se compter en éternités. En plus d’être totalement inutile, c’était chiant, fatiguant, et Hana n’était pas là. Il avait pourtant insisté pour qu’elle se joigne à eux, mais les autres Sorciers, sous prétexte qu’elle était du côté de Sympan, avaient catégoriquement refusé. Ils lui avaient carrément conseillé, en désignant leur dague, de ne plus s’approcher d’elle. Neferet n’avait répliqué que par un soupir d’agacement. Ils le gavaient, à parler des Dieux, et de cet abruti de Sympan. Aucun Aether n’était encore venu à lui, c’était qu’on ne devait pas avoir besoin de lui… Les mortels avaient décidé ça d’eux-mêmes, du moins, c’était ce qu’il pensait. Les dévotions étaient disproportionnées… Elles l’étaient depuis le début de ce bordel, d’ailleurs, mais il n’avait jamais vraiment participé à tout ça avant… jusqu’à ce qu’on le traîne au pied de cette foutue montagne. L’Edelweiss Enneigée. Même à cette période de l’année, normalement un minimum chaleureuse, ce tas de cailloux était glacé.

   Le groupe décida de faire une pause. Neferet s’assit nonchalamment par terre, suivi des autres, qui contemplèrent le paysage, le temps de reprendre leur souffle. Des cinq qui l’accompagnaient, il en connaissait trois, des amis d’enfance qu’il n’avait plus revus depuis des lustres… et ça ne l’avait pas manqué. C’était eux qui l’avaient retrouvé, puis embarqué de force. Bizarrement, ils n’avaient pas eu l’air surpris de le revoir la première fois, le visage tailladé et avec l’attitude permanente du psychopathe qu’on dérange. Pourtant, ils ne s’étaient plus croisés depuis… bien avant la torture. Le Sorcier entrouvrit la bouche, puis se ravisa. Avant de partir, il avait déjà posé au moins trois fois la même question : pourquoi on chercherait un sarcophage dans un endroit pareil ? La réponse, toujours la même, avait à chaque fois été accentuée par une pointe d’impatience. Parce que soi-disant, il y avait un certain Liddell dans ces montagnes, et que le mec qu’ils cherchaient était aussi un Liddell, et donc, qu’il y avait des chances que le premier ne fut pas là pour rien, et bla bla bla… Neferet avait rarement entendu quelque chose d’aussi stupide. Il ne se souvenait pas avoir déjà été aussi sceptique face à un plan aussi foireux. Chercher et trouver un Ange, qui pouvait être n’importe où sur le continent – et en plus, c’était un Ange… Son pessimisme fut rapidement calmé par le retour d’Hana dans ses pensées. Qu’est-ce qu’elle lui manquait… C’était pire que la drogue la plus puissante qui puisse exister sur ces terres, et cette puissance s’accroissait chaque jour où il la voyait…

   -Allez, on y retourne.

   Le Sorcier leva les yeux vers son « ami ».

   -Tu m’énerves. Dit-il, à défaut de pouvoir sortir un « la ferme » sans conséquences.

   Son ami avait bien capté le sous-entendu mais n’en fit rien. Kaeral. C’était lui qui, en tant que chef de groupe, avait programmé les recherches. Il savait où il allait. Ou presque. Ils reprirent leur marche. Les quatre autres scrutaient le paysage, à la recherche d’un quelconque indice, d’une grotte ou d’une cavité du genre. Neferet, lui, scrutait ses pieds, les mains dans les poches. Après tout, peut-être qu’il allait marcher dessus, sur cet Ange…

   -Tu pourrais nous aider, lui reprocha Kaeral, qui gardait son calme.

   -Rappelles-moi l’intérêt de cette histoire ?

   Froid, sec, désagréable à souhait, lui-même trouvait étonnant que le chef de bande ne l’eut pas encore poussé dans le ravin, juste à sa droite.

   -On doit trouver Sanael, ou au moins son lit. On dit que s’il dort toujours, les Aetheri gagneront. Au contraire, s’il n’est plus là, ils perdront. Et on sait tous que dans ce cas, ce ne sera pas un banquet qui nous attendra à la fin de cette guerre.

   Mais s’ils gagnaient, qu’adviendrait-il d’Hana ? Il ne s’était posé cette question que trop tard, car il avait été casé, par défaut – il ne s’était que vaguement exprimé, dans le camp des Aetheri.

   -Comment veux-tu qu’on reconnaisse un lit ?

   -Tu en vois souvent, des lits cachés dans la montagne ?

   -Je vais jamais à la montagne, et qui te dit qu’il est ici ?

   Sa mauvaise foi devenait insupportable. Kaeral gronda. Voilà, il commençait à s’impatienter.

   -T’as changé, Neferet.

   -Tais-toi.

   Il stoppa net et se tourna vers lui.

   -Ecoute, je sais pas quel est ton problème, mais si c’est pour balancer des c*nn*ries toutes les trente secondes, ça va pas le faire. Alors maintenant, soit c’est toi qui la ferme, soit tu nous aides !

   -Mais à quoi ça va nous avancer de savoir si ce mec est réveillé ou pas, bordel ?! Dans tous les cas on pourra rien y faire ! On sait même pas où il est, et toi, sous prétexte que t’es l’intelligence suprême et qu’il y a un mec qui a le même nom dans les parages, c’est bon, c’est la même famille donc il sait tout ? Tu me traînes sur une montagne à la noix pour des suppositions pourries, tu me prends pour qui, exactement ? J’suis pas ton ami, et j’suis encore moins une chèvre à la con, j’ai pas que ça à foutre, marcher sur des murs, m*rde !

   Un violent coup dans la tête lui fit perdre pieds. Il bascula vers l’arrière. Comprenant qu’il allait tomber de haut, il voulut se retourner. Il roula sur le flanc de la montagne et atterrit sur la corniche, plus de trois mètres plus loin. Sonné, il se releva douloureusement. Il saignait du nez, et quelques-unes de ses cicatrices s’étaient ouvertes. Il crut entendre des jurons au-dessus de sa tête.

   -Ca va ? Bouge pas j’arrive. Désolé, je me suis emporté. Mais t’es con aussi.

   -Va te faire…

   Kaeral confirma à ses camarades : il allait bien. Neferet avait du mal à reprendre son souffle à cause des hauteurs. Il s’assit et massa ses tempes. Il avait mal un peu partout, mais ça allait. La pente était lisse. Il avait surtout pris sur la fin. Un appel de son « ami », et il leva la tête vers sa main tendue. Après de longs efforts, il se remit debout, prit un peu d’élan, sauta et attrapa sa main. De tout son poids, il le tira vers lui. Kaeral glissa à son tour et tomba. Neferet, qui venait donc de tomber une seconde fois, fut remercier par les pires insultes. Il en avait vraiment marre de tout ça.


   -Tais-toi ! S’écria-t-il avant de lui montrer un passage du doigt. Y’a un chemin par-là, et c’est plus plat, alors tais-toi, toi, on passe par là et je dis plus rien, qu’on en finisse !

   Sa phrase n’était pas forcément très claire, mais peu importe. La corniche était reliée à un petit sentier, effectivement plat. Ils n’avaient pas moyen de savoir où il menait, mais en tous cas, il ne rejoignait pas celui d’au-dessus.

   Tout le monde descendit donc d’un étage et ils continuèrent en cette direction. Neferet avait essuyé le sang sur son visage et s’était totalement tu. Le silence était pesant, mais c’était plus agréable que de l’entendre parler.

 
   Ils étaient arrivés à l’entrée d’une grotte. Un cours d’eau jaillissait de la bouche étroite, mais par laquelle un homme pouvait aisément se faufiler. Kaeral y entra en premier. Les reflets de l’eau permettaient de voir correctement à l’intérieur. Aussitôt, le groupe se sépara pour fouiller la cavité de fond en comble. Neferet longeait les parois. Il s’aventura plus loin que les autres, là où l’obscurité l’empêchait de voir à plus de cinquante centimètres devant lui. Un écho retentit derrière lui, là où se trouvaient ses camarades. Il fit demi-tour, pas spécialement pressé de voir ce qu’on avait pu découvrir. Il avait surtout hâte de partir. Il rejoignit le reste du groupe, agglutiné autour de quelque chose qu’il ne pouvait voir. Il poussa un peu. Couvert d’une fine fourrure et allongé à même la roche humide, un squelette. D’après les autres, il devait être là depuis longtemps. Neferet haussa les épaules.

   -Bon, bah on l’a trouvée, votre belle au bois dormant. Mais elle est morte. Allez, on rentre.

   -Ca n’est pas Sanael. Sanael n’est pas mort. Siffla Kaeral. Et ce squelette n’a pas d’ailes.

   -C’est pourtant toi qui as dit que si on trouvait un lit dans le coin, ça serait le sien.

   -J’ai jamais dit ça, et tu as dit que tu la fermerais !


   Vociférant, Neferet sortit de la grotte, malgré les appels et les menaces. Il voulait rentrer et retrouver Hana. C’était tout.

~1482 mots~

2 points de Force et 2 points d'Intelligence pour Neferet <3
-1% Sympan
Mercii  nastae
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Ven 26 Aoû 2016, 16:33

「 Le Réveil de la Chute 」
Vous croyez vraiment à ces fables ? s’amusa sa voisine, amenant un haussement d’épaule indifférent de la blonde. Cette dernière sentait que sa réponse susciterait un grand nombre de moqueries, mais à quoi cela servirait-il de s’abaisser à leur niveau ? A rien, si ce n’est perdre son temps dans des mesquineries de bas étage. Cela en a tout l’air, n’est-ce pas ? Alors balance ton flot de morgue et laisse-moi me préparer en paix, qu’on en finisse le plus tôt possible. Sa réplique, prononcée sur un ton neutre, traduisait plus son agacement que l’aurait pu faire un ton glacial et un regard acéré. De toute façon, en quoi cela la concernait-elle, cette pauvre poulette pleine de maquillage, qui préférait les joies de la richesse accumulée à celle de l’aventure ? C’en était au point de se demander ce qu’elle foutait là, assise sur une couverture, les jupons étalés autour d’elle, à écouter les récits qui – selon la noble, toujours – n’avaient ni queue ni tête. Grand bien cela lui fasse, au moins je n’aurai pas à me la farcir tout le long de la route. Car ce serait là son avenir proche. Emballée par le récit du conteur, qui avait raconté cela dans le but certain de monter une troupe bancale de joyeux compères partant à la recherche d’un corps endormir – de ce qu’elle avait compris – Eärhyë se sentait poussée des ailes et savait ses yeux emplis d’étoiles. A ce moment-là, ledit conteur tapa dans ses mains pour attirer l’attention générale, empêchant de ce fait la réponse aigre de la noble d’être proférée. Le Bélua lui offrit un dernier sourire agaçant, presque sadique, avant de s’éloigner d’elle pour, la blonde l’espérait, toujours.
La troupe d’intéressés encercla le conteur qui souriait d’un air satisfait devant leur nombre plus important qu’il ne semblait l’espérer.


Bien, je vois que mon récit en a interpellé plus d’un. Il parlait tout en observant les badauds, les jaugeant du regard pour déterminer leurs qualités et leurs faiblesses. Son regard s’arrêta quelques secondes sur la tâche d’Eärhyë mais il ne fit aucun commentaire et la jeune femme en fut satisfaite. Elle aurait été dégoûtée de voir sa « candidature » refusait pour une simple tâche caractéristique de son appartenance à  une race bien précise – et souvent méprisée, voire rejetée. J’en suis fort aise, d’autant plus que ce n’était guère qu’une fable. Je me présente, Tahsiel, ange de mon état, même si vous avez du vous en rendre compte. La jeune femme se renfrogna en soupesant sa remarque. Accaparée par la voix mélodieuse, elle n’avait guère prêté attention aux détails et ne s’était pas rendue compte de ses origines, un tort qu’elle se reprocha amèrement, elle qui se targuait de devenir un bon assassin. Si les détails m’échappent ainsi, trouver un maître ne va pas être simple… Sans se douter des pensées de la blonde, Tahsiel continuait son exposé, évoquant son envie de partir à la recherche de cet ange endormi. Il me faudrait pour cela un équipage terrestre prêt à m’épauler, dans les moments d’allégresse mais également les plus sombres. A ce moment-là, l’Ange scrutait les regards d’une partie de son auditoire, comme pour appréhender la détermination de chacun. Plusieurs corps de métier liés au voyage seraient bien sûr nécessaires mais je me doute que nous ne pouvons guère être chanceux au point qu’ils soient tous représentés. Si certains ont déjà décidé de participer, qu’ils s’avancent. Et les préparatifs s’égayèrent ainsi. Il leur fallait des armes et des vivres car les recherches seraient probablement longues et éprouvantes, parfois hostiles, et il fallait également organiser le rôle de chacun au cours du voyage.

Ils étaient partis, petite quinzaine d’individus ayant voyagé quelques jours, le temps de pénétrer un peu plus sur le Continent Naturel et accroître ainsi le nombre de pistes possibles. Un soir qu’ils étaient tous à se réchauffer autour d’un feu de camp, chacun allait bon train sur sa propre hypothèse, arguant généralement de multiples arguments et refusant d’écouter ceux des autres, ce qui les conduisait dans une belle cacophonie insupportable.
Moi, je pense qu’il dort, emprisonné sur le territoire des Déchus, asséna un costaud, le genre de type qu’on avait du mal à croire qu’il savait compter jusqu’à dix. Sanael ne se serait jamais laisser attraper ! tenta de contrer Sanael, une remarque que personne n’entendit hormis Eärhyë, qui hocha évasivement la tête. Et pourquoi pas dans le désert ? Les Anges protègent les humains, peut-être veille-t-il encore sur eux, même pendant son sommeil, proposa timidement une jeune femme. Cette conjecture semblait plus réaliste aux yeux de la Bélua qui se retint toutefois du moindre commentaire ; elle n’avait pas forcément envie de ne pas être écoutée. D’ailleurs, quelqu’un surenchérit d’emblée. Ou alors, il est tombé dans l’Edelweiss et dort, enfoui dans la neige… Eärhyê hocha la tête, d’accord. Elle avait été témoin de la force de cet élément, elle ne doutait pas qu’il était possible d’emprisonner un ange aussi puissant que Sanael. De son côté, la jeune femme ne savait fomenter sa propre hypothèse et préférait se laisser guider par celles des autres, nombreuses, parfois fantasques, souvent possibles. Ce fut Tahsiel qui trancha, en tant que chef de groupe. Il est hors de question de tenter les Aetheri en nous rendant dans des régions trop hostiles comme les montagnes enneigées ou le désert. Je propose la forêt. Quoi de mieux que les Murmures pour cacher aux yeux de tous un des plus grands secrets divins ? L’onirisme du meneur fit lever les pupilles d’Eärhyë vers le ciel, pourtant elle ne se plaignit pas de son choix. En tant que pisteuse chevronnée en milieu forestier, c’était le milieu dans lequel elle s’épanouissait le plus, une pierre deux coups dans leur quête à moitié vaine.

Quelques autres jours furent nécessaires pour rejoindre ladite Forêt. La Bélua avait appris au cours de leur périple que ce territoire était celui des Alfars, race ennemie entre toute en raison de la destruction de Dhitys, une destruction qu’ils avaient revendiqué. Tomber sur un enfant Alfar susciterait forcément le goût de la vengeance chez Eärhyë. A l’inverse, tomber sur une bande d’autochtones puissants la ferait fuir à grands pas. Tahsiel donna l’ordre de se mettre en recherche. Selon lui, il leur faudrait trouver une clairière que les rayons de l’astre solaire caresseraient de mille feux, comme un hommage de Sympan. La Bélua ricana silencieusement avant de se mettre en route, son pistage la menant plus en avant que le groupe. D’autres membres s’étaient également éloignés mais peinaient à suivre son rythme, ce qui amusa énormément la féline. Elle bondissait à travers les arbres assombris par un feuillage dense. La lumière se voyait ainsi filtrée, rejetée, révélant un monde de noirceur. La jeune femme s’en moquait. Parfois, son Esprit Totem intervenait pour la guide dans ce tourbillon d’ombres, sinon elle s’en sortait amplement. Certes, elle n’avançait pas à l’allure qu’elle aurait voulu prendre, mais elle ne se traînait pas non plus, ce qui lui plaisait. En l’absence de lumière, la Bélua ne sut combien de temps elle se perdit, pourtant le soleil se couchait déjà lorsqu’elle déboucha dans une petite clairière, discrète et retirée, comme si on voulait la masquer aux regards néfastes de la société. Intéressant, s’enthousiasma la blonde, qui rêvait d’être celle qui découvrirait le secret autour de ce qui était à l’origine d’une fable pour enfant. Accélérant son pas, elle fut déçue de ne rien découvrir d’autre que le vide dans cette clairière. Pas un corps, pas un rocher, pas une rivière. Dépitée, la jeune femme s’avançait en regardant autour d’elle, soudain inquiète quant à la présence d’un ennemi. Elle ne vit pas le trou qui l’attendait de pied ferme et s’engouffra dedans à la vitesse de l’éclair – ou de sa chute. Un instant elle était là, rêveuse, l’autre elle avait disparu, avalée par la terre. La réception fut douloureuse, physiquement comme psychologiquement. La cheville fit un crac terrible, soutirant un hurlement de douleur à la blonde ; les ténèbres environnantes masquèrent sa vision, accroissant son malaise. Un grondement sourd résonnait tout autour, l’arrachant à sa douleur. Eärhyë tenta de se lever mais s’effondra derechef, la douleur étant particulièrement cuisante. S’entêtant, elle se mit à ramper, tentant de se rapprocher de la source de ce bruit. Le Lynx ricana alors et la blonde soupira avant de ployer sous son offre. Le corps changeant de morphologie, le félin explosa dans un rugissement satisfait, pas désireux de rester secret malgré le territoire dans lequel il progressait, et s’élança dans les ténèbres, cherchant l’origine du grondement autant qu’une porte de sortie.
Au bout de quelques minutes, il déboucha dans une cavité où une faible lueur jaillissait. Une couche était étendue là, poussière et miteuse. Le Lynx renifla avant d’éternuer, et de s’éloigner. Le tissu, pas bien épais, puait le sang séché. Quelques pas plus loin, une petite cascade ronronnait, répercutait contre la paroi comme un grondement assourdissant. Nous avons perdu notre temps et notre énergie pour rien avec cet endroit, pensa Eärhyë, la mine amère. Du moins, c’est ce qu’elle espérait. Imaginer que c’était la couche de Sanael, le sang de l’Ange, serait particulièrement douloureux pour les conséquences que cette révélation induirait. Alors le Lynx, fuyant ce tableau douloureux, fit chemin rien, allongeant sa foulée pour mettre davantage de distance entre lui et cette couche. Perdu dans ce réseau souterrain, il erra quelques heures, apeuré, avant de trouver le chemin de la sortie. Dehors, il faisait noir et des torches jalonnaient çà et là la route entre les troncs d’arbre, signe d’une quelconque présence. La conscience de la jeune femme empêcha le Lynx de rejoindre ces points lumineux. Rien n’indiquait qu’il s’agissait bel et bien de la troupe à laquelle elle s’était jointe : les Alfars pouvaient également être de la partie. Le Lynx ronronna avant de bondir parmi les arbres, conduisant la petite chose fragile qui lui servait de Réceptacle en lieu sûr. C’est que, blessée comme elle était, il ne fallait pas qu’elle soit surprise…



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Merci pour ce LDM =)
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Sam 27 Aoû 2016, 12:35

Si on avait dit un jour à Raeden que le monde entier, ou presque, serait à la recherche d'un de ses ancêtres – et pas n'importe lequel, le tout premier de la lignée Liddell – il aurait certainement éclaté de rire avant de dire que c'était une bonne blague. Mais pourtant, aujourd'hui, c'était spécifiquement ce qui était en train de se produire. Maintenant que la guerre entre les Aetheri et Sympan avait éclaté et que la légende concernant son aïeul était à présent connue de tous, tout le monde voulait savoir si Sanael Liddell était réveillé. Si on en croyait les textes, pour certains, cela signifierait la victoire tandis que l'autre camp perdrait à coup sur. Le Forgeron s'était toujours demandé s'il fallait interpréter les écrits ainsi. Il avait entendu tellement de fois ses parents et Chess lui racontaient ce récit qu'il le connaissait par cœur. Et il avait eu beau interroger le Gardien Félin, celui-ci n'avait jamais pu lui répondre sur l'endroit où reposait l'Ange.

Les Magiciens, depuis qu'ils avaient eu la légende entre les mains, avaient travaillé d'arrache-pied à tenter de déterminer où était ce fameux lieu de repos. Ils en étaient arrivés à la conclusion qu'il ne pouvait se trouver que sur le Continent Naturel, pour diverses raisons comme le fait que bon nombres des autres avaient subis de lourds dommages ou n'avaient pas encore été découverts. L'Ange se demandait surtout les Dieux n'auraient pas plutôt justement installé son ancêtre sur l'une des nombreuses îles encore inconnus ou qui avaient été oubliés avec le temps, pour être certains que personne ne tomberait inopinément dessus. C'était une solution et un raisonnement qui se tenait après tout. Mais visiblement, il n'avait pas du satisfaire aux Mages Blancs. Peut être qu'ils avaient d'autres informations que Raeden n'avait pas en sa possession, mais ça l'étonnerait beaucoup. Après tout, c'était quand même sur un membre de sa famille que portait ce récit. Il avait le temps de le décortiquait dans tous les sens depuis des siècles et ses prédécesseurs avant lui aussi.

Evidemment, le premier réflexe de l'Immortel, quand il eut vent que tout cette histoire passionnait les gens et que des recherches avaient été effectuées dessus par les Transmutateurs, fut de retourner chez lui et de se replonger dans tous les livres de la bibliothèques portant sur l'histoire des Anges et notamment, sur celle de sa famille. Peut être que toutes ses années, il était passé à côté de quelque chose, d'un indice, qui pourrait indiquer où se trouver Sanael. Par contre, évidemment, même s'il était pour le camp des Aetheri, il était totalement hors de question qu'il tue son aïeul. Au contraire, ce qu'il avait toujours voulu faire, c'était découvrir l'emplacement pour le protéger. Mais comme lui avait répété maintes et maintes fois Chess, il le protégeait bien plus sûrement en ne sachant pas où reposait l'Ange. Comme cela, personne ne pouvait s'en prendre à eux pour tenter de leur soutirer des informations qu'ils ne possédaient pas. Sauf que maintenant, la donne avait changé.

Bien sûr, les heures passées à éplucher les écrits ne donnèrent absolument rien, une nouvelle fois. Il fallait qu'il réfléchisse autrement. Où pourrait-on cacher un lieu de repos quasi millénaire d'un ange et être certain qu'il serait en sécurité et que personne ne le trouverait avant qu'il ne soit venu l'heure ? L'idée première qui venait en tête était de placer un tel endroit dans les lieux les plus reculés et sauvages du continent. Là où les gens se rendaient rarement et où seulement un peu de magie suffirait à faire que les animaux ne s'approchent pas trop. Plusieurs territoires pouvaient correspondre à une telle description, y compris la Montagne de l'Edelweiss enneigée. Ca serait certainement un étrange coup du sort si le Patriarche reposait justement dans la région que Raeden et sa femme avaient choisi pour s'installer et y fonder leur foyer. Etait-ce cela qui les avait attiré ici sans même qu'ils ne s'en rendent compte ? C'était peu probable mais il ne fallait pas non plus rejeter en bloc cette hypothèse. Après tout, les forces de la Nature et de la Magie étaient impénétrables.

Personne ne pouvait garantir à cent pour cent qu'il n'y avait donc pas eu une aide … extérieure pour les aider à choisir ce lieu. Quoiqu'il en soit, l'Immaculé était certain que ce n'était pas sous le Domaine même que se situait le repère de son ascendant. Lors de la guerre entre les Anges et les Démons qui avait eu lieu ici, il l'aurait remarqué avec tous les tunnels qui avaient été creusés et qui s'étaient effondrés. Peut être était-ce dans une des grottes ? Il y en avait tellement dans les flancs de la Montagne qu'il était impossible de les connaître toutes. Tout comme chaque micro-vallée, chaque renfoncement et recoin. Personne n'avait jamais entièrement exploré et répertorié cette région du Continent Naturel. C'était peut être l'occasion. Et puis, ça permettrait par la même occasion au Forgeron de sortir un peu et de se retrouver seul pendant plusieurs heures. Respirer l'air frais et prendre le temps de penser sur tous les derniers événements.

Après tout, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas pris le temps de se balader en Montagne. Dernièrement, il avait plutôt couru de droite à gauche pour un peu tout et n'importe quoi. Entre sa tentative de libération d'Edwina, sa mort, sa renaissance, son invitation chez les Chamans et tant d'autres événements, il lui arrivait de ne plus savoir où donner de la tête. Le grand air ne pourrait que lui faire du bien comme le fait de se retrouver confronté à lui-même et à personne d'autres. Pas de compte à rendre, pas de questions auxquelles répondre. Juste agir en son âme et conscience, comme d'habitude en fait, mais là, sans s'inquiéter réellement des répercussions que cela pourrait avoir sur les gens autour de lui vu qu'il serait seul. En fait, plus il s'enfonçait dans la montagne et plus il se rendait compte que ce n'était pas vraiment à la recherche de Sanael qu'il partait. D'une certaine façon, ça avait juste était une excuse qu'il s'était trouvé à lui même pour prendre l'air.

Bien entendu, il visitait chaque grotte, chaque mine, chaque recoin un peu reculé qu'il trouvait sur son chemin. Chemin qu'il traçait lui même dans la neige, avec raquettes aux pieds. Ca ne servait à rien qu'il emprunte les sentiers déjà battus. Si Sanael Liddell avait réellement été découvert par quelqu'un, assurément que l'on en aurait entendu parlé. Mais pour le moment, ça n'avait pas été le cas. Il était donc toujours préférable qu'il continue à chercher. Ca ne coûtait rien. Et puis, c'était quand même quelque chose qui le touchait bien plus personnellement que pour les autres personnes parties à l'aventure. Il s'agissait quand même d'un membre de sa famille après. … La famille. Depuis quelque temps, elle prenait beaucoup de place dans les pensées du Vertueux. Il se disait qu'il était peut être temps de tenter de retrouver et de regrouper les membres des Liddell, de toutes les branches possibles. Tous les descendants de Sanael. Peut être qu'une telle chose ne lui apporterait rien du tout, mais il ne pourrait pas le savoir avant même de l'avoir fait.

Perdu dans ses pensées, il se retrouva soudain nez à nez avec un ours. Heureusement pour lui, l'animal n'était plus de ce monde. Apparemment, il avait rencontré plus fort. Et à bien y regarder, ce n'était pas un animal qui avait fait cela, mais un être humain. Pourtant, à part les traces de l'affrontement, il n'y avait aucune trace de pas. Le regard de l'Immortel se porta sur les alentours, mais nul part, il n'y avait un indice de la présence de celui qui avait fait cela. Il n'avait pu venir que par les cieux, du coup, mais dans ce cas là, qu'était-il venu faire ici ? Est-ce que finalement, par un étrange et surprenant jeu du sort, le Patriarche angélique se trouvait dans ses Montagnes ? Il n'y avait aucunes réponses satisfaisantes à ces questions. On ne savait tout simplement pas. Et il ne servait à rien d'extrapoler et de faire des conjectures. Ca aurait été idiot et surtout, ça aurait pu entraîner encore plus loin, sur de mauvaises pistes. En fait, il était plutôt mieux de rentrer. Si Sanael Liddell se réveillait, il saurait certainement se débrouiller tout seul. Et il saurait retrouver sa famille le moment venu.


1 518 mots
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Mer 31 Aoû 2016, 12:42


Un tintement émergea des profondeurs de la sylve de jade. La brise ambiante s’amenuisa tandis qu’une silhouette se dérobait dans l’ombre.

« Silence ! Arrêtez-vous, clama une voix basse mais ferme  »

Nerveuse, la jeune femme s’immobilisa précipitamment. Dans la brusquerie de son geste, elle surprit le Rehla qui la suivait. Laissant échapper un léger hoquet, celui-ci  eut un mouvement de recul qui l’amena à trébucher sur le pied de celui qui lui succédait. Ceci créant un effet boule de neige, la majeure partie de la file d’individus s’écroula en un grand fracas. L’entité s’effaça et l’atmosphère s’assouplit.

Contrarié qu’on lui ai désobéi, le chef de groupe se retourna avec colère. Son énervement se mua en incompréhension lorsqu’il aperçut ce qu’il était advenu de sa troupe. Le visage fermé, il esquissa quelques pas vers l’origine de l’affaissement.

Aerin détourna son regard vers le sol et recroquevilla ses épaules, apeurée par la sanction qui lui serait infligée. Elle passa mentalement en revue chaque excuse qui pourrait lui permettre de se sortir de ce mauvais pas. Triturant ses mains moites avec anxiété, elle faillit louper un battement de cœur lorsque l’homme s’arrêta. Toutefois, les orbes du meneur ne semblèrent pas se diriger vers elle, mais plutôt vers le Rehla affalé dans son dos. La jeune femme comprit que ce dernier s’étant écroulé en premier, il devait paraitre plus logique qu’il soit à l’origine de l’agitation. Le malheureux se releva maladroitement et tenta  gauchement de s’expliquer.

«Ce n’est pas ce que vous croyez ! C’est elle qui… elle… elle a…!
Suffit ! Avez-vous ne serait-ce qu’un peu conscience de la situation dans laquelle nous sommes ? Ce n’est pas un jeu ! Alors, reprenez-vous immédiatement et cessez vos enfantillages ridicules. »

Il fixa celui qu’il croyait responsable du tumulte et marqua une pose, cherchant sans doute une punition adéquate.

« Nous avons déjà suffisamment pris de retard.  De plus, j’ai perdu toute trace de la présence étrange que j’avais cru déceler. Je m’occuperai de votre cas au retour. Remettons nous en marche. »

Il se retourna et s’en alla reprendre sa place à la tête de la file, jetant des regards autoritaires aux Rehlas qu’il croisait sur son chemin. Lorsqu’il fut éloigné, Aerin esquissa un petit sourire satisfait. La faute qu’elle avait – même si involontairement – commise retombait après tout sur l’un de ses congénères qu’elle haïssait le plus. Il était l’un de ses voisins, et elle avait dû très fréquemment le côtoyer depuis son arrivée à Lua Eyael. L’animosité qu’elle lui portait résultait d’une fort vieille querelle. Si vieille, d’ailleurs, qu’elle ne s’en souvenait plus très clairement. En tout cas, elle savait qu’elle ne l’appréciait guère, et cela lui suffisait.

La jeune femme reporta son attention sur sa quête. Bien qu’elle n’était pas persuadée qu’elle aboutirait au but escompté, elle devait admettre qu’elle n’en était pas moins importante. Si l’existence de Sanael s’avérait réelle, cela chamboulerait assurément un bon nombre de choses. Aerin avait toujours eu l’habitude de se mettre à l’écart lorsque des événements majeurs se profilaient, de rester passive. Elle ne se considérait pas capable de changer quoique ce soit, et n’avait aucune envie de mettre sa vie en péril. Néanmoins, elle avait conscience que dans ce conflit entre les partisans de Sympan et ceux des Aetheri, chacun avait un rôle à jouer, même minime. L’avenir lui paraissait nébuleux. Même si elle ne comprenait pas tous les enjeux impliqués,  elle avait le sentiment que les conséquences pourraient être désastreuses. Elle avait constamment tendance à être effrayée, mais sa peur du futur lui semblait plus vraie que toute autre.

Il y avait maintenant voilà plus de quatre heures que le groupe avait atteint le continent naturel. Cette destination avait ravi la Rehla. Elle y était née, et y avait grandi. Elle espérait que leurs pas les mèneraient à proximité de son village natal. La dernière fois qu’elle avait entrevu son ancienne maisonnette remontait, en effet, à fort longtemps. Elle aurait pu s’y rendre maintes fois durant ces deux dernières années, mais elle n’avait point osé. Peut être par peur de voir le lieu qui regorgeait de ses plus agréables souvenirs délabré par les affres du temps.

Ils avaient ainsi progressé tout au long de l’après-midi en silence, se stoppant de temps à autre pour rechercher des indices. Pour l’instant, ils n’avaient rien trouvé de concret, si bien que les membres de la troupe s’étaient plusieurs fois interrogés sur la véracité de la rumeur qui les avaient amenés. Néanmoins, ils avaient toute confiance en leur meneur de groupe, plutôt haut gradé, et ne doutaient pas qu’ils n’auraient pas été rassemblés sans preuve tangible. Du moins, ils l’espéraient.  

L’expédition, quittant tout juste les plaines verdoyantes des Terres d’ émeraude, s’approchait  peu à peu d’une étendue aqueuse, communément nommée le lac de la transparence. Au lointain, le soleil s’évanouissait derrière une rangée de montagne, dorant par sa faible lueur l’eau limpide. Le paysage scintillait d’une beauté si  inouïe que quelques Rehlas en oublièrent leur tâche et se stoppèrent pour le contempler. En cette place, la sérénité rayonnait. Un léger vent se faufila entre les herbes hautes, chatouillant les chevilles diaphane de la poltronne. Pourtant, son visage, aux antipodes de tous ceux qui l’entouraient, était figé dans un étrange état de crispation. Bien que déjà blême de nature, elle avait fortement pâli, et aurait pu rivaliser avec un macchabée. Des déferlements de frissons glacés parcouraient sa colonne vertébrale. Ce lieu, qu’ils allaient atteindre sous peu, contenait tant d’eau. Trop d’eau. Assez pour se noyer.  Si elle s’approchait, si elle chutait… Elle déglutit péniblement. Sa démarche se fit de plus en plus vacillante. Elle ferma prestement ses paupières, espérant qu’en soustrayant l’objet de ses craintes de sa vision, elle parviendrait à se raisonner.

« Bien, on va s’arrêter ici. Ce lac recèle sans aucun doute de nombreux mystères, et certains d’entre eux seront peut-être à même de nous mener sur les traces de Sanael Liddel. Néanmoins, le Continent Naturel est vaste, et il serait sot de concentrer toutes nos forces sur un espace aussi restreint. Nous allons donc nous séparer. J’ai ouïe dire que les habitants de ces eaux n’apprécient pas particulièrement d’être dérangés. C’est pourquoi, seuls nous cinq nous y rendrons. »

Il désigna d’un vaste mouvement de tête ceux qui l’accompagneraient. Aerin remarqua qu’ils constituaient les plus grandes forces du groupe.

« Les autres, dirigez vous vers les forêts avoisinantes. »

La jeune fille  étouffa un soupir de soulagement et s’orienta hâtivement vers l’endroit indiqué. Elle n’aurait jamais supporté de côtoyer son puissant ennemi liquide tout au long du reste de la soirée.

Elle fit mine de rechercher des indices durant une vingtaine de minutes, puis, avisant que personne ne l’observait, s’assit au pied d’un rocher pour se reposer.  La pierre, abrupte et graveleuse, n’offrait guère de confort. Cependant, Aerin n’était point dans l’état de se montrer exigeante. En effet, le cheminement s’était avéré très pénible pour la jeune femme de nature peu endurante. La fatigue l’assaillait un peu plus à chacune de ses foulées, et elle n’estimait qu’en secondes le temps qu’elle pourrait encore tenir debout. Assujettis par de longues heures de marche, ses pieds n’avaient quant à eux guère plus de consistance qu’un ragoût.

La jeune femme sortit nonchalamment  un de ses kunaï, qu’elle se plut à faire glisser entre ses doigts. Elle appréciait sa teinte perlé qui, rehaussée les caresses du jour, miroitait avec beauté. Elle titilla le sol avec l’extrémité de la lame, esquissant quelques arabesques. Une fissure infime naquit et la terre parut s’écailler. Cela la déconcerta : elle n’avait exercé qu’une pression succincte. Perplexe, elle tâtonna le sol de ses doigts grêles, mais ne parvint à déceler aucune anomalie. Alors, elle le frappa plus vigoureusement. La détérioration se propagea avidement. Intriguée, elle sortit son stylet, dissimulé dans un des pans de sa pèlerine. Rassemblant ses maigres forces, elle en planta la pointe dans la fêlure. Un craquement résonnât, allant de pair avec un léger couinement.  La jeune fille sursauta, et dégagea fébrilement sa lame du sol. Elle était recouverte de sang. Terrifiée par ce qu’elle avait put commettre, elle glapit. Interpellée, une Rehla, qui étudiait une plume immaculée quelques dizaines de mètres plus loin, accourut. Identifiant la source du trouble de sa semblable, elle dégagea la terre effritée. Gisante, une petite taupe blessée se tortillait dans sa galerie effondrée.


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Dim 04 Sep 2016, 19:15

Quelques jours après notre départ du bosquet où j’étais resté ces derniers temps, Yui et moi approchions d’une ville. Une ville ... N’ayant jamais rien vu de tel, je sentais mon ventre se nouer à mesure que nous nous approchions et le bruit qui en provenait s’amplifiant n’arrangeait rien à mon état. Remarquant mon malaise, Yui me demanda si je souhaitais faire une pause avant d’entrer dans la bourgade. Surpris de l’attention qu’elle me portait à ce moment là, j’acceptais malgré moi, pour essayer de me détendre, mais le trac avait raison de moi et la tête baissée, je suais à grosses gouttes. Incapable de penser à autres choses, je n’entendais même plus les plantes qui cherchaient à me rassurer. C’est finalement le diminution de l’agitation proche qui me tira de cet état de tension, ma curiosité prenant le dessus. Regardant Yui, je lui indiquais que j’allais voir et qu’elle devait rester là. Mais à peine avais-je fait quelques pas, que je remarquais que l’elfe avait totalement ignoré mon conseil et marchait sur mes talons. Une fois les fortifications en pierre passé, je suivais instinctivement le mouvement de foule qui commençait à se créer. Celui-ci me mena à la place principale de la ville où de nombreux badauds se presser déjà, autour de la devanture d’une auberge. La masse commençant à m’étouffer, j’intimais à Yui de reculer et je reprenais ma taille de Fae. Profitant de ma vitesse accrue, je me dépêchais de pénétrer par la porte entrouverte de l’auberge pour observer ce qu’il se passait à l’intérieur.

Une fois cela fait, je me cachais derrière un pot de fleur et suivais la conversation qui se tenait là. Une femme, d’une taille inférieure de deux têtes à celle de l’homme à qui elle s’adressait, lui reprochait le fait de ne pouvoir réserver l’auberge complète pour la nuit. Celui-ci répondait: « Écouter, je ne vais pas demander à tous mes clients de partir pour pouvoir vous accueillir... Je veux dire, je n’ai rien contre vous, les Faes, mais ce n’est pas le cas de tout le monde ici... Et à cause de cela, je risque de perdre ma clientèle... » Celui-ci continua son explication, mais je restais interloqué qu’en aux paroles qu’il venait de prononcer.

Des Faes. D’autres représentants de ma race était présent en ces lieux et visiblement assez nombreux. Ne faisant même plus attention à rester discret, je sortais de ma cachette pour mieux observer le groupe présent. Mais je ne fis pas plus de quelques battements d’ailes, qu’un bruit aigu fendant l’air me glaça le sang et m’obligea à m’arrêter. Bien m’en a pris car à la seconde qui suivait, une dague se fichait dans la poutre à l’emplacement où j’aurais du me trouver si j’avais continué. Me tournant vers l’endroit où la femme et le patron discutait, je remarquais l’absence de celle-ci, qui en réalité avait déjà repris sa forme originelle et me fonçait dessus toutes lames découvertes. Le temps de surprise terminé, je n’eus guère plus le temps de dégainer ma propre arme et de parer maladroitement l’attaque qu’elle me portait. Le choc me déséquilibra et commençait à chuter quand j’eus la présence d’esprit d’utiliser mon clone comme appât, espérant pouvoir retourner la situation à mon avantage. Me cachant en dessus du plateau de la table la plus proche, j’envoyais mon clone faire face à la fée. Celle-ci que trop sûre d’elle fonça immédiatement sur celui-ci. Je tenais donc ma chance pour la prendre à revers. Enfin c’est ce que j’ai pensé au moment où je me lancer à sa poursuite avec ma vitesse accrue. Sauf qu’au moment où elle allait frapper mon clone, ce ne fut pas lui mais bien moi qu’elle visa. Comprenant trop tard qu’elle avait découvert la supercherie, je ne pus esquiver totalement son arme et celle-ci me laissa une jolie estafilade sur la joue.

Me posant sur la table pour reprendre mon souffle, je lui fis face. La jeune femme pendant ce temps pris le temps de m’observer. M’attendant à une attaque éclair, je relevais ma lame à hauteur d’épaules, bien décidé à me défendre jusqu’au bout. Au lieu de cela, elle rangea son arme. Surpris, je ne baissais pour autant mon arme, m’attendant à une supercherie. De longues secondes s’écoulèrent sans que rien ne se passe. Elle finit par m’adresser la parole: « Qui es-tu ? » demanda-t-elle froidement. Rassemblant le peu de courage que j’avais, je répliquais « En quoi ça te concernes ? Dis moi plutôt pourquoi tu m’as attaqué ? Je n’avais aucune mauvaise intention. » « C’est ce que dise tous ceux pris la main dans le sac ! » rétorqua-t-elle sèchement. Surpris par autant d’assurance, je ne trouvais rien à répondre à cela, malgré la cervelle presque en ébullition. Elle enchaîna: « Tu t’introduis ici, tu nous observes et tu cherches à te rapprocher de nous et tu ne nous veux pas de mal ? Alors qu’est ce que tu voulais ? » « J’étais juste intrigué, voilà tout. Et lorsque j’ai compris que vous étions des Faes, oui, j’ai voulu vérifier les dires de cet homme et chercher à me rapprocher. Mais je ne m’attendais pas à un tel accueil pour mon premier contact avec mes semblables... » « Tes semblables ? Sache que tu te trouves en présence des Thariannies et de leur représentante, moi-même, Géranium, Irrael o Sailanie de la Sécurité. » Ne connaissant aucun de ces noms, je la regardais d’un air dubitatif, ce qui sembla grandement l’agacer . « Nous faisons partis de ton gouvernement sombre idiot, ne connais tu pas au moins ça ? » Surpris, je ne répondis pas tout de suite. « Mais dans ce cas là, que faites vous ici ? Vous n’êtes pas censé vous occupé de tâches administratives plutôt que de vous balader et attaquer les gens comme ça ? ». A peine eus-je le temps de terminer ma phrase, que la ‘’Géranium’’ me fusillait du regard. « Nous sommes ici sous l’autorité de notre souveraine Ninon, pour une quête qu’elle nous as ordonnée de compléter en son nom. Et tu vas nous y accompagner, que tu le veuilles ou non, afin que tu me prouves ta loyauté. » Totalement abasourdi, je ne pus rétorquais, qu’elle claquait des doigts et un groupe de fées me désarmait et m’emmenait.

Cela faisait maintenant deux semaines que je côtoyais le groupe. A la suite de l’incident, l’homme de l’auberge n’avait pas fait de cérémonie et avait finalement accepté l’offre de Rhen Elil, celle que l’on appelait visiblement le Géranium. Le lendemain, elles reprenaient leur route pour le lac de la transparence, m’emmenant également comme elle l’avait annoncé. D’abord traité comme un prisonnier, elle décida ensuite de me tester, pour me rendre ensuite ma liberté de mouvement mais pas mes armes, car bien qu’elles m’ait jugé peu dangereux, une lame reste ce qu’elle est. D’abord réticent à devoir resté à leurs côtés, je finis malgré moi, par m’intégrer à ce groupe. Majoritairement composé de fées, nous n’étions que deux faes, moi y compris, que l’ont appellent aussi Illuminae. Participant à leurs entraînements qu’elles effectuaient chaque soir, je me rendais clairement compte de la différence de niveaux. Celle qui me surpris le plus fus bien Rhen qui surclassait la totalité de la troupe, se plaisant à affronter plusieurs de leurs membres sans jamais perdre un seul de ces duels, me rendant alors compte qu’elle ne faisait probablement que jouer avec moi lors de notre affrontement. De mon côté, Danaé, l’autre Illuminae du groupe, m’entraînait au combat aérien, m’inculquant toutes sortes d’astuces bonnes pour me sortir d’un mauvais pas, ainsi qu’à l’escrime, seul moment où je pouvais utiliser mon épée. Bien qu’il ne se donne pas à son maximum, je partais me coucher avec toujours plusieurs d’ecchymoses que la veille, le sentiment amer de ne pas progressé d’un pouce. Ce cérémonial, tendait pourtant à sa fin, puisque nous étions à présent tout proche du lac. Personne n’en parlait, pourtant la tension au sein du groupe montait à mesure que nous nous approchions.

Nous y sommes parvenu. Le lac de transparence... A peine ais-je aperçu l’étendue d’eau limpide que je comprenais le choix de ce nom. Excepté au loin, de multiples îles se découpant dans l’horizon, rien ne se reflétait sur la surface liquide du bassin. En plus de cela, la bruine environnante donnait la réaliste impression qu’une aura magique entourait la baie, laissant tout à penser que quelques secrets serait cacher ici. Prudente, Rhen nous ordonna d’établir le camp de base à l’orée de la forêt toute proche du lac. Alors que je m’affairais avec les autres, celle-ci s’approcha et me rendit mes armes. Surpris, je lui demandais pourquoi elle me les rendait maintenant. Sa seule réponse fut que je puisse en avoir besoin pour me protéger. Bien que l’après midi ne soit que très peu entamé, la Géranium nous laissa nous reposer jusqu’au lendemain matin.

C’est donc très tôt que l’on se retrouva pour mettre au point une stratégie de recherche. En effet, la mission qu’avait confié au groupe des Thariannies était de retrouver l’ange Sanael Liddell. D’après une certaine légende, une divinité proche de l'Archange de la justice qu'était Sanael, lui confia une mission divine. Cela était un lourd fardeau et une profonde responsabilité pour l'homme à la double paire d'ailes, pourtant il jura de se trouvait là lorsque les heures sombres viendraient de nouveau, là pour combattre encore et ainsi s'assurer de la survie de sa famille, de ce en quoi il croyait. En dehors de cela, sa tâche n'était ni plus ni moins que d'avertir les Aetheris des dangers qui les menaceraient dans l'avenir. Et pour cela, il devrait traverser le temps, survivre aux époques. C'est ainsi que dans un lieu perdu et inconnu de tous, il est dit qu’il s'endormit. D'un repos sans rêve et aux propriétés magiques, il devait être protégé du temps et des âges, oublié de la décrépitude du corps, dans le but d’accomplir sa mission. Les temps troubles que nous vivons en ce moment est l’exact description de ce pourquoi l’ange a était gardé en vie pendant toutes ses années si la légende disait vrai. C’est pourquoi la découverte de son corps est primordiale pour la suite du conflit qui opposait Sympan et les Aetheris.

Suite à notre réunion de ce matin, il fus choisit que le groupe se diviserait en quatre équipes. Pour ma part, je me retrouvais dans celui de la Géranium, toujours pas convaincu malgré mes agissements des dernières semaines. En plus de nous, Danaé et deux autres fées nous accompagnaient. Notre secteur de recherche était les îles. Prenant notre forme originelle pour évoluer plus vite, nous explorions méticuleusement chacune des îles, jusqu’à ce que la nuit commence à tomber. Sans résultat. Aucun des groupes n’était parvenu à trouver quoique ce soit dans la journée. Mais la Géranium ne voulait croire en la possibilté que tout cela soit faux. Elle décida donc de continuer les recherches les jours suivants.

Malheureusement après six jours de recherches intensives, nous rentrions une nouvelle fois bredouille du lac. Le moral des troupes commençait sérieusement à être entamé et Rehn ne pouvait plus l’ignorer. Elle décida logiquement du retour aux Cascades Cristallines dès le lendemain. Rien ne prouvait la véracité de cette légende et rien ni personne ne pourrait nous reprocher de ne pas avoir mis du coeur à l’ouvrage. Mais la plus frustrée restait sans aucun doute la Irrael o Sailanie pour qui cette mission sonnait comme un échec. De mon côté, j’étais content de rentrer, puisque je pourrais retrouver Yui que j’avais dû laisser à Varda, pour ensuite aller découvrir la capitale de mon peuple.

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Mer 07 Sep 2016, 09:56


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Viktorya transféra quelques fruits mûrs de l'étal à son panier. Ils étaient particulièrement alléchants et elle ne doutait pas une seconde que David s'en délecterait. Bien qu'il aimait la viande et l'alcool, il savait aussi prendre le temps d'aimer les choses un peu plus simples et très juteuses, comme les fruits. Une fois le fermier payé, elle continua naturellement sa route vers un autre stand où, cette fois-ci, on vendait des petits objets ésotériques à la gloire des Ætheri. Viktorya ne s'en offusqua pas, ne disant rien, se contentant de regarder. Après tout, peut-être pouvait-elle en acheter un pour David... ? Elle ne savait pas si ça lui ferait plaisir et c'était un gros risque. Ils s'étaient mis d'accord, dès le départ, pour se dire que la maison serait un terrain neutre. Aucune discussion, aucun affichage. Mais ça ne les empêchait pas d'avoir une plume dans la manche ou une perle à la ceinture...
« On hésite ma chère ? », « Un peu... Dites-moi, je ne vous ai jamais vu par ici, vous êtes nouveau ? », « Seulement de passage ! Je suis sur les traces d'une prophétie ! » Vu tout ce qu'il vendait, ça ne l'étonnait pas qu'il soit aussi 'fou' qu'il en avait l'air « Oh, une prophétie, je vois. Eh bien bon courage. », « Attendez ! Ce n'est pas tout. J'ai l'impression que vous ne me croyez pas... », « Je dirai que, surtout, ça ne me regarde pas. Mais je vous en prie, si vous souhaitez bavarder un peu, j'ai tout mon temps. », « Je dis ça car vous m'avez l'air intelligente. » Ce qui était totalement faux. Viktorya n'était pas stupide, mais on ne pouvait pas dire qu'elle brillait d'intelligence pour le moment... « C'est très flatteur... » Le petit sourire qu'elle lui servit, suffit à clouer le bec du Réprouvé pendant quelques secondes. Lorsqu'il se ranima, il se montra plus vif et plus déterminé à la convaincre « Vous vivez ici depuis longtemps ? », « Oui, quelques années maintenant. », « Et vous n'avez jamais entendu parler d'histoires sur un certain Ange, ou encore le Réveil de Sanaël... ? », « Non. Mais mon mari est de votre peuple, peut-être que lui il saura vous renseigner. », « Ca n'importe peu ma bonne dame, ce qu'il faut avant tout, c'est que vous compreniez ! »

Dix minutes après elle était encore là, à écouter poliment les palabres de cet individu. Viktorya se voyait très mal se mêler dans une expédition et, en même temps, avait-elle réellement le choix ? Ce type lui avait présenter la chose comme un vrai défi et, en même temps, une nécessité absolue « Je ne vous oblige à rien mais pensez-y. Demain partira un groupe, depuis Bouton d'Or. Si vous êtes, comme moi, envahi d'une énergie nouvelle, sachez que vous aurez votre place dans le groupe. », « Hum... Je vais y réfléchir, je vous remercie monsieur. Bonne journée. » Le charlatan lui sourit, la laissant enfin partir.
Le soir venu, elle en parla assurément à David. Et cette expédition était une très mauvaise idée. L'Orine lui expliqua que, malgré tout, elle en était curieuse de savoir un peu ce qu'il se tramait sous cette légende qui, à ses oreilles, sonnait malgré tout comme fausse. Pourquoi tant d'émoi maintenant ? Les Liddell... N'étaient-ils pas vivants depuis déjà des siècles ? Yulenka était une femme assez connue, Sanaël s'était déjà réveillé...
D'un commun accord ils considéraient qu'il ne fallait pas apporter de l'eau à leur moulin et, par ce fait, ne pas y aller.

Le lendemain, la brune se vêtit comme à son habitude, avant de sortir dans le village acheter quelques affaires dont elle avait besoin. Sur la place du village, un brouhaha infernal retentissait, ainsi que des cris plutôt enjoués et excités. Se réfugiant dans une boutique, elle parla avec la marchande « Quel raffut ! C'est à cause de l'expédition... ? », « Ouais faut croire. Je regrette de ne pas y être allée... Fichu boutique ! Faut bien faire tourner les affaires... », « Si vous voulez mon avis, ce sont des balivernes. Les prophéties ne se réalisent pas des centaines d'années après l'arrivée de ceux censés les réveiller... », « Fallait attendre une guerre ! Lorsque la guerre des Dieux viendrait, alors Sanaël se montrerait ! », « Hum... Nous avons vu Delta, voilà tout. » Viktorya haussa les épaules. L'expérience avait fait d'elle quelqu'un de beaucoup trop méfiant pour se laisser aller à des dires pareils, surtout depuis qu'elle habitait Bouton d'Or. Le bourg n'était pas empli d'animosité mais disons que la vie en société a fait naitre en elle certaines réserves. Terminé le temps où elle était choyée chez Cocoon, dans son palais de rêve. La vie était dure, elle était vraie, plus encore chez les Réprouvés. Elle s'y était tellement habituée qu'il était difficile pour elle de vivre raccord avec cette communauté parfois.
« C'est tout ce qu'il vous faudra ? », « En effet. », « Si vous vous changez rapidement, je suis persuadée que vous pouvez encore vous joindre à eux... », « Je n'irai pas. J'ai beaucoup de choses à faire aujourd'hui et tout le reste de la semaine. Mais fermez la boutique un jour ou deux, ou demandez à quelqu'un de prendre le relais. Je suis sûre qu'il comprendra. », « Je verrai. Bonne journée. » Viktorya sortit de là, passant devant cette cohue qui ne lui prêta pas un regard et qu'elle n'avisa même pas.

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Mar 13 Sep 2016, 11:10

L’adage dictait que la révolte était similaire à la roue. Tant qu’elle tournait, elle avançait, progressait. Lorsque le mouvement cessait, elle tombait, à moins d’être supportée par un essieu stable. Nous autres vampires venions d’émerger de la passivité. Nous avions attaqué de plein fouet, prouvé notre alignement, et devions à présent nous prémunir des représailles. Il était hors de question de laisser à ceux qui avaient été écartés du trône le luxe du bénéfice d’un soutien légendaire. Du moins, ainsi avais-je été mis au fait par mes pairs m’embrigadèrent dans une énième expédition. Ma participation était requise pour traquer, pister, et éventuellement écarter le danger que pouvait représenter « Sanael Liddell ». Eût égard de la puissance supposée de cet individu, on m’avait principalement recommandé de me cantonner à la première partie des opérations. Mieux valait simplement identifier la cible et informer la hiérarchie en cas de trouvaille d’intérêt, plutôt que de procéder à son appréhension. Mêlé de ce fait à ce nouveau rassemblement, j’assurai encore une fois un rôle de traqueur, en phase avec mes aspirations.

« Quelles sont les pistes dont nous disposons actuellement ? » Ma question était adressée au chef d’expédition, Konrad, en charge de notre coordination. « Nous suspectons Sanael de sommeiller quelque part sur le continent naturel. » « Mais encore ? » « Son antre devrait être hautement chargée en magie. Il est fort probable qu’il ait eu recours à des sorts défensifs pour se prémunir de toute intrusion. Illusions, barrières, ce genre de précautions… » Joie. « Fort bien. Comment déterminer que nous avons affaire à un artifice illusoire ? » « Fiez-vous à votre instinct pour repérer n’importe quelle zone qui paraît trop naturelle pour être vraie. » Les termes de la traque avaient beau être précisés, ils ne s’en retrouvaient guère moins nébuleux. Nous devions déloger de sa cachette un individu aux portrait, caractéristiques, localisation et autres attributs inconnus excepté son patronyme. Une part de moi-même demeurait doucement sceptique vis-à-vis de la légende l’entourant. Je n’étais cependant point en mesure de contester les directives mandées par la hiérarchie. Si les croyances justifiaient le danger que nous encourrions en cas d’éveil de Sanael, il était indispensable de l’éliminer. Chimère ou fait avéré ? Seul le luxe de la spéculation nous était offert pour trancher, à l’instar de nos recherches. Paris et bonne fortune constituaient les uniques gages de notre réussite. Je soupirai d’avance à la teneur de l’entreprise. La magie n’était, par ailleurs, nullement ma tasse de thé.

D’autres, en revanche, prédisposaient d’une appétence liée à cette pratique en raison de leur vie passée. « Je ne suis pas sure… Mais je pense avoir une idée. » Incertaine, celle qui fut jadis magicienne s’avança pour émettre une proposition. « Que ce soit de mon vivant ou de ma non-mort, plusieurs fois, j’ai ressenti une manifestation singulière émanant d’une forêt non loin d’Ethernoir… » Elle s’interrompit un instant, comme pour rassembler ses pensées. « Au début… j’ai cru qu’il s’agissait d’une résonance liée à la proximité du Cœur Bleu. » Une théorisation qui ne me parlait point. « Et la forêt en question est inhabitée… je crois, si l’on met de côté le bourg qui s’y trouve à une lieue. » Une piste comme une autre. Devions-nous explorer cette dernière ? « Interrogeons les habitants aux alentours. Ils peuvent sans doute nous renseigner sur cette forêt. » Question tranchée. Je me pliai à ces directives. Je n’avais, de toute façon, guère mieux à soumettre.

La dernière fois que j’avais approché cette région remontait au faste banquet où l’alcool avait coulé à flots. Une surprenante issue avait marqué ma sortie, un sauvetage salutaire. J’avais regagné la sortie des suites d’une réclamation de ma partenaire de soirée, et n’avais réalisé qu’après coup avoir été égratigné de toutes parts à mon insu. Je ne venais cependant point dans l’objectif de festoyer, cette fois-ci, mais pour mener à bien une enquête. Certains questionnèrent les habitants du village ; d’autres évaluèrent le potentiel magique des bois supposés abriter la cachette. Je me montrai particulièrement docile et aimable auprès d’un vieil homme peinant à traîner sa charrette. Je l’assistai avec un dessein calculé. Les bons renseignements s’obtenaient par le biais de fiers services rendus. « Ah ben merci bien pour l’coup d’main ! J’avoue qu’la roue d’ma charrette déraille un peu. De l’aide s’rait pas d’refus pour la mener jsqu’à chez moi. Mais dis-moi, v’faites quoi dans notre paisible village, toi et ta p’tite bande ? » Rustique personnage. « Nous sommes de passage, et la forêt a retenu notre attention. Il nous a été affirmé qu’une légende l’entourait. Est-ce une vérité ou un simple moyen d’attirer les curieux dans votre village ? » Je revis au rabais mon vocabulaire pour qu’il demeurât intelligible à mon interlocuteur. Celui-ci arqua les sourcils sceptiquement à mes propos, mais ne tarda point à les confirmer. « Y a rien d’extraordinaire dans cette forêt garçon, si c’n’est… bah si c’n’est qu’il y a vraiment rien dedans ! Pas une âme qui vive dans les profondeurs, l’silence le plus total ! Même les renards restent qu’à l’orée tellement c’est silencieux ! On a vite fait d’tourner en rond là-bas.» Un indice d’intérêt ? Assurément. Ne me restait plus qu’à le confronter avec l’évaluation des adeptes des sciences occultes. Je feignis un soupir. « Un simple appât pour les naïfs que nous sommes donc… » Mon vis-à-vis éclata de rire. Qu’il se complût ainsi dans cette affirmation. Il ne se douterait point de nos intentions.

Nous patientâmes jusqu’au milieu de la nuit de telle sorte à ne point alerter les résidents par nos manœuvres. « Je confirme. L’aura est plutôt bien dissimulée et prête à confusion, mais je suis positive qu’elle abrite un secret ou une illusion derrière. » « Un homme d’âge mur m’a rapporté l’absence de vie dans les profondeurs. Ce comportement de la faune locale m’apparait fort singulier. » « Alors quelqu’un a érigé une barrière ici, très certainement. Penses-tu pouvoir briser celle-ci, Yggdra ? » Il s’adressa à l’ex-magicienne. « Je peux essayer, maintenant que je suis à peu près certaine de son existence… » Encore une fois, cela ne relevait point de mon acabit. Renseignements et pistage demeuraient les seuls domaines où je pouvais m’illustrer. « Quelle tâche devons-nous accomplir ? » quémandai-je. « Une fois le charme brisé, partez en éclaireurs pour vérifier si un comité d’accueil nous attend derrière. Ceux qui maîtrisent un tant soit peu la magie détecteront les éventuels pièges surnaturels. Nous aviserons une fois que nous aurons identifié le secteur. »

Ainsi planifiée, l’approche de l’antre suivit le rythme dicté par le vampire. Lorsque le signal nous fut donné, j’avançai en compagnie d’Yggdra, chacun se focalisant sur ce qu’il devait détecter. L’illusion retirée n’eut qu’un impact minime sur le paysage : la forêt ne changea nullement d’apparence. Hormis le maquillage initial, il n’y avait point de protection surnaturelle supplémentaire à détecter, du moins, ainsi interprétai-je l’absence de signalement de ma coéquipière. Pour ma part, je dénotai la présence de chouettes et autres volatiles nocturnes peuplant branches et feuillages. Pour un lieu prétendument dépourvu de vie, il grouillait d’espèces. S’agissait-il là de sentinelles animales dressées par Sanael ? J’en fis part à mon tandem. Elle jugea bon d’accroître l’obscurité nous entourant. Profitant de ce manteau d’ombre, je progressai à pas de loup pour outrepasser la vigilance des animaux. Au loin, il me sembla apercevoir une cabane. Selon l’ex-magicienne, cette habitation coïncidait avec une forte émanation d’énergie magique. Je n’eus d’alternative que de la croire sur parole, n’était point en mesure d’affirmer ou d’infirmer pareil jugement. Je lui chuchotai alors. « Ne devrions-nous point rebrousser chemin pour rapporter cette découverte ? » D’un signe de tête, nous établîmes expressément un consensus qui nous valut un retour sur nos pas. Nous regagnâmes notre groupe et leur fîmes part de notre trouvaille. Par la suite, nous réfléchîmes à un plan d’action, synthétisé et énoncé par notre coordinateur. « Les plus furtifs abattront les oiseaux. Les mages analyseront les résidus émanant de la cabane. Les autres se prépareront à l’attaquer au besoin. » Relégué au rang de chasseur de volatile ? Voilà donc ce que je valais au sein cette expédition ? On ne pouvait dire qu’il s’agissait d’un titre guère glorieux et encore moins honorifique. J’allais cependant devoir assumer sans broncher. Je ne pouvais m’en prendre qu’à mes lacunes relatives à l’occultisme. Un jour sans doute devrais-je apprendre à décrypter les mystères de la magie, si cela s’avérait à ma portée…

Ce n’était cependant point le moment pour me lamenter sur mon ignorance. J’avais une « illustre » mission à accomplir. Sondant les environs pour ouvrir la voie à mes compagnons, d’éclaireur, j’occupai alors l’arrière-ligne pendant qu’ils fonçaient. La compagnie encercla la maison, échangeant quelques propos sans doute relatifs à la nature des lieux. Ils finirent par y pénétrer en hâte. Je ne tardai point à les rejoindre. Qu’allions-nous découvrir en son sien ? L’ange endormi ? D’intemporels gardiens prémunissant les lieux de toute intrusion ? De quelconques pièges destinés aux curieux ?

Rien de toute cela. Nous fûmes tristement sujets à une désillusion crue. Si ces artifices mis en place étaient réels, nul ne résidait dans cette demeure. Nous venions d’être leurrés par un abri factice. Pourquoi avait-il été placé de la sorte sous couvert d’un charme ? S’agissait-il de l’œuvre d’un magicien facétieux ? Ils étaient, selon les dires de mes camarades, responsables pour avoir véhiculé la légende. Nous pestâmes devant cet échec, constatant qu’il ne s’agissait guère plus que d’un simulacre de laboratoire, dépourvu d’occupant véritable.

« Du coup, ce n’était qu’une légende... » L’unique passage « secret » que nous détectâmes confirma la nature des lieux. Divers outils incongrus étaient disposés çà et là dans ce qui s’apparentait à un bureau souterrain. Quelques ouvrages étaient disposés négligemment sur une étagère au fond de la pièce. En m’approchant d’une table, je heurtai un objet, qui glissa et tomba à terre. « Qu’est-ce ? » Je me penchai et le ramassai. Il s’agissait ni plus ni moins d’une boussole, dont la pointe était colorée. « Hum. » Je la glissai discrètement dans ma poche. La finesse de la boiserie de l’outil suffiit à attiser ma curiosité. « Et maintenant ? » demandai-je. « On n’a rien à faire ici. Effaçons toute trace de notre passage et partons. » Je haussai les épaules et rebroussait chemin, laissant les détails à charge d’autrui. Si les mages parvenaient à accomplir autant, sans doute disposaient-ils de quelque atout pour camoufler notre intervention. Je me retrouvai, pour ma part, quelque peu consterné d’avoir chassé une telle chimère. Légèrement envieux, également, de ne point avoir saisi la moitié du déroulement des opérations.

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Mer 14 Sep 2016, 17:50


[LDM Août/Septembre] - Le Réveil de la Chute - Page 2 Ezekie11


L'obscurité que seule une lampe ambrée venait déranger, donnait à la lame un reflet cuivré qui brillait vivement. Les doigts du chaman enlevèrent vivement les traces rougeâtres qui salissaient encore son arme. Il n'aurait sut expliquer pourquoi le sang des hérétiques collait plus que ceux des croyants mais c'était pourtant un fait réel qui l'agaçait grandement et ce quotidiennement. Lorsque son shuriken fut enfin aussi propre que lorsqu'il avait acheté neuf et pimpant, Devaraj le tint par une extrémité et leva le bras pour le contempler. "Tu brilles Orange, comme ta puissance. Et Liddell, comme le nom de ton forgeron. " Il rit. La fameuse légende et surtout, les rumeurs qui couraient autour du conte étaient parvenues à ses oreilles par de multiples bouches piailleuses et avides de commérages. Même à l'écart, dans le campement de la tribu qui se reposait dans une vallée éloignée de tout, l'histoire avait franchit le pas de sa porte. Elle s'était insinué dans le cerveau du Chaman et l'avait travaillé pendant plusieurs jours. Si au début, il s'était efforcé de ne pas laisser son esprit se faire distraire par de telles pertes de temps, sa curiosité avait indéniablement finit par réagir dans le sens inverse. Il préféra encore une fois l'imprudente soif de savoir à la raison, car les mauvaises habitudes n'ont pas de fin. Ses mains nerveuses attrapèrent son sac de voyage qui était déjà près à tout départ impromptu et sa tente redevint vide. C'est ainsi que lui aussi se mit à la recherche de l'ancien Ange. avec le maigre espoir de le trouver endormi dans sa demeure et de trouver là un signe de bon augure pour les Aetheri.

Gideon choisit ce moment pour réapparaître comme par magie. L'esprit Parasite semblait s'amuser à faire des apparitions surprises tel un mauvais génie. Et il choisissait toujours une raison précise ou un événement spécial pour se rendre visible. L'ancien Ange avait l'air d'être un maniaque du théâtre, qui ne laissait jamais aucun de ses actes au hasard et qui prenait un soin infini pour que ces derniers aient le plus d'impact possible. Cela agaçait le Chaman, mais Devaraj commençait à comprendre qu'il devait s'habituer à supporter des personnalités instables et qu'il en formait lui-même un joli exemple. Comme il n'avait aucune idée de par où commencer ses recherches sur la légende remise au goût du jour, Devaraj descendit les chemins herbeux pour s'éloigner du camp et marcher dans la plaine du fond de la vallée. Il faisait nuit noire puisqu'il avait décidé de partir sur un coup de tête au lieu d'aller se coucher. Le Chaman n'avait jamais apprit à vivre selon l'heure et ses horaires n'avaient aucune logique. Corriger ce défaut n'était pas sa plus grande priorité. Il contempla la rivière descendue des montagnes de ses yeux habitués à voir dans la nuit. "Sanael était un grand de mon peuple." La voix de Gideon était grave et croulante de fierté. "Probable." s'évertua à articuler le Chaman, peu intéressé par la discussion. Gideon persista à lui raconter ce qu'il connaissait de l'histoire angélique jusqu'à la petite aube, un récit auquel le Chaman ne prêta aucune attention. Il avait l'esprit ailleurs lorsqu'il marchait en pleine nature. Ici dans les anciennes ruines qui reprenaient leurs couleurs d'antan sous sa vision du monde des Morts, là dans la brume qui enveloppait le fleuve, ailleurs vers les bêtes furtives qui passaient parfois non loin sans le voir.

Quelques heures après le lever du soleil, ils atteignirent la première grosse bourgade et Devaraj comprit alors avec agacement qu'il n'était certainement pas le seul à avoir été curieux. Il entra dans la ville pour en ressortir aussitôt, ne voulant pas se remplir l'esprit d'autres rumeurs que les esprits chauffés répétaient sans réfléchir. Ses pas le menèrent non loin dans les bois où résidaient les Chamans qu'il connaissait le mieux et qui lui avaient prêté fidélité. Kewanee, Satinka, Ozaäb et Hohni avait monté un petit campement ici, toujours gardé par au moins l'un d'entre eux pendant que les autres voyageaient. Ces derniers avaient dû se douter de la venue du Fumeur Macabre car ils étaient tous présent et près à partir. Hohni se sacrifia pour rester en arrière et garder l'endroit propre et caché pendant leurs recherches. Sur un accord commun, ils se dirigèrent vers les montagnes enneigées pour commencer leurs fouilles.

[LDM Août/Septembre] - Le Réveil de la Chute - Page 2 13006710 [LDM Août/Septembre] - Le Réveil de la Chute - Page 2 I_rema10 [LDM Août/Septembre] - Le Réveil de la Chute - Page 2 T_ecir10 [LDM Août/Septembre] - Le Réveil de la Chute - Page 2 Medita10 [LDM Août/Septembre] - Le Réveil de la Chute - Page 2 Shaman10

"Une grotte abandonnée plus au nord, qui se serait mit à scintiller dans la nuit." Kewanee répéta les mots du fermier et lui adressa un regard ferme. "Vous êtes bien sûr de ce que vous avancez ?" Non de toute évidence. "Vous croyez que je suis stupide ?" s'insurgea l'homme, visiblement peu rassuré par la venue d'étrangers peints et recouverts de fourrure dans la cour de sa petite ferme. "Calmez-vous... On cherche simplement quelques renseignements..." voulu murmurer Satinka pour calmer l'atmosphère tendue. Ils n'étaient pas les bienvenus dans cet endroit perdu et fidèle au Dieu-Roi. "Oui voilà exactement, vous êtes stupide !" Devaraj s'adressa directement au fermier, puis il rit, ce qui intima son interlocuteur à sombrer dans un silence morne. Le Chaman ne comprenait pourquoi ils étaient en train de perdre leur temps à discuter avec un hérétique, mais comme il aimait bien ses compères, il leur laissa carte blanche et se retira dans un coin de la cour, non sans avoir gâché le semblant de donne ambiance qu'avait réussi à maintenant Kewanee et Satinka. Ozgaäb poussa un soupir d'agacement et haussa les épaules avant de renchérir d'un ton bourru. "Bon bah on y va. Au mieux l'Ange dort encore. Au pire bah c'est juste un ours et ça me fera une nouvelle fourrure ! Allez, ouste !" Ozgaäb était quelqu'un d'incroyablement superstitieux. Il n'évoqua pas la possibilité que Sanael se soit réveillé, craignant d'une part que cela leur porte malheur et d'une autre part que cela provoque le courroux des Aetheri. "Tais-toi et attend un peu." siffla Kewanee, en tapant du pied, cherchant à tirer le vrai du faux dans les mots du fermier. Tout ceux qu'ils avaient croisé ne leur avait pas donné d'informations cohérentes, il était le seul à signaler quelque chose d'incongru ou de surnaturel dans les environs. Mais l'homme pouvait toujours mentir pour leur tendre un piège, elle n'excluait pas cette possibilité. "Oui, je laisse réfléchir les femmes... Pauvre folle !" Ozgaäb grogna et s'éloigna lui en traînant des pieds. Ce fut Gideon qui finalement, lui aussi très curieux et impliqué dans les recherches de cet ancêtre disparu, qui trancha le choix final. "Allons-y... Il y a toujours quelques villages de haute-montagne que nous n'avons pas traversé encore. Faisons toujours un détour par cette fameuse grotte, histoire d'être sûr. Nous sommes assez nombreux et prudents pour résister à un possible piège." expliqua-t-il d'une voix posée qui laissa transparaître de l'expérience, de la force et de la confiance à toutes les oreilles naïves. "Ah ! La voix de la sagesse !" Ozgäb rit et ouvrit la marche. "Effectivement..." Kewanee lui suivit avec un haussement d'épaules. Devaraj grimaça et siffla. "Silence. Ne lui prêtez pas trop de crédit. Il n'est pas celui que vous croyez et il pourrait vous tuer d'une simple pulsion." Gideon sourit mais ne dit rien pour contredire les accusations avancées à son propos, comme s'il était encore dans sa nature de ne pas succomber au péché du Mensonge. "Ne t'énerves pas s'il te plais..." Satinka souffla dans un faible soupir, attrapant du bout des doigt la main de Devaraj. Elle seule avait parfois le don de faire retomber les affres de la colère du fumeur.

"Eh bien, c'était juste un p*tain d'ours ! " Ozgaäb se baissa pour déchiqueter la bête désormais morte, en prendre quelques quartiers de viande et garder la fourrure. "Par Edel, Tu vas pas emporter ça avec nous..." "Quoi ? C'est un trophée madame, JE suis un chasseur et JE pense que le laisser pourrir ici salirait l'âme de cette pauvre bête ! Aide-moi au lieu de hurler et on ira plus vite !" Satinka observa la dispute d'un air absolument consterné et impuissant pendant que Devaraj fumait, assit sur une pierre non loin et l'esprit voguant dans un autre monde. Plusieurs minutes et enfin une heure entière passèrent avant qu'Ozgaäb et Kewanee finirent de dépecer l'ours tout en se disputant. Le guerrier se releva brutalement. "Où va-tu ! " "Eh beh... récupérer la peau du fermier pardi ! C'est lui qui nous a balancé dans l'antre de cet animal, on doit le venger !" Devaraj paru subitement revenir à la surface à l'évocation d'une mort. "Je te suis, hihi !"

C'est ainsi qu'avec une cohésion d'équipe qui laissait à désirer, la petite troupe mit plusieurs jours à chercher le fameux Sanael à travers les montagnes, se disputant sans cesse sur la direction à choisir, tuant chaque malotru ayant le culot de raconter des mensonges et continuant de monter jusqu'aux derniers hameaux en hauteur. Ils avaient fouillé une vingtaine de lieux ressemblant possiblement à la fameuse demeure de l'Ange, mais leurs recherches étaient toujours infructueuses. Peut-être ne cherchaient-ils pas dans la bonne région ? Pourtant tous les autres chercheurs disaient que les fouilles plus bas dans les plaines étaient elles aussi infructueuses. Dans ce cas, l'hypothèse du Continent dans son ensemble n'était-elle que mascarade et erreur ? Devaraj réfléchissait placidement, bien qu'il commença à se lasser de cette course à l'invisible et l'inexistant. Le problème était qu'ils n'avaient aucune base concrète sur laquelle avancer et en conséquence absolument toutes leurs idées n'étaient que fables et pures imaginations. "S'il n'est pas ici... C'est qu'il est au sommet des roches." s'exclama Ozgaäb en désignant une cabane de bergerie abandonnée dans les pâturages jusqu'au-quels ils étaient montés en dernier recours. "Ou qu'il n'existe pas, plus simplement." sourit Devaraj, les yeux brillants. Il contempla la vallée en contrebas et prit d'un élan émerveillé, rajouta d'un ton officiel. "Les Aetheri n'ont pas besoin de Sanael pour gagner ou perdre, croyez-moi."
1753 (900+450+450) | +3 en magie pour Dev | +1% Aetheri | Merci !  nastae
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Ven 16 Sep 2016, 18:17


Et le voilà de nouveau embrigader dans une mission sans savoir comment. Enfin, si, il savait comment, mais ça lui arrivait à chaque fois. C’est à croire que dès qu’il se retrouvait quelque part avec des gens, il se retrouvait dans des histoires pas possibles. La preuve en ce moment. Il était allé à Sceptelinôst, juste comme ça, sans raison précise. C’était souvent le cas d’ailleurs, il voyageait seulement, sans objectif précis. Donc, en entrant dans une taverne, pour avoir un repas, plus ou moins tranquille. De toute façon, dans cette ville, s’il était tranquille trop longtemps, c’est qu’il y avait anguille sous roche. Enfin bref, dans cette taverne, ses oreilles trainant toujours pour écouter les conversations des autres, il avait fini par entendre des rumeurs sur un certains Sanael qui pourrait arrêter la guerre. Qui s’était ce mec au juste ? Une simple légende sûrement. Pourtant… Il avait envie d’y croire, car il commençait sincèrement à en avoir marre de toutes ses tueries. Raphaël se leva, assiette dans une main, tabouret dans l’autre, et se joignit à la table qui parlait de cette légende. Les hommes le regardèrent d’un œil noir, se demandant pourquoi un gus comme lui venait faire avec eux. L’Elémental leur sourit, et, avec un aplomb qui en surprenait souvent plus d’un, il dit. « Allez-y, continuez, ça m’intéresse » « Et que crois faire en gringalet dans ton genre ? » Lança un homme, en sortant une dague, pour essayer de l’impressionner. « Eh bien, vous avez sûrement besoin de personnes motivés et compétentes pour votre expédition. Un de plus comme moi ne vous fera pas de mal » Les hommes se lancèrent un regard, avant d’exploser de rire. Raphaël ne s’en soucia pas. Pourquoi les gens jugeaient toujours sur les apparences.

Alors que Raphaël s’apprêtait à répliquer, une femme vint se joindre à la table, ce qui fit taire les hommes. Ils semblaient la connaître. « Eh bien les gars, qui est cet homme ? » Lança-t-elle. « Juste un gars qui s’apprêtait à partir, pas vrai ? » Dit l’un des hommes tenant le couteau. En même temps, Raphaël était en train de piquer dans son assiette, portant le bout de viande à sa bouche. « Pas du tout, répondit-il. J’attends toujours que vous continuez votre histoire avec Sanael. Pourquoi est-ce qu’il pourrait arrêter cette guerre ? » « Mais où tu vis au juste ? Tout le monde connait cette rumeur en ce moment » Dit la femme. « Là où je vis n’a pas d’importance, raconte-moi plutôt ». La femme sourit devant son assurance, et raconta donc la légende, ce qui ne semblait pas plaire à ses hommes. « Les Magiciens ont étudié une légende, et pensent dur comme fer qu’elle ait vrai. Un certain Ange qui s’appelle Sanael Liddell qu iaurait reçu un présent d’un Aether, un félin qui veillerait sur sa lignée » « Et comme Raeden Liddell est vivant, ça ne fait que validé cette théorie » Dit Raphaël. « C’est ça. Dans la légende, il est dit que si Sanael se réveille, cela sonnera la fin des Aetheri, et s’il continue de dormir, les Aetheri gagneront » Raphaël réfléchit quelques instants. Il trouvait cela un peu idiot de penser que par le simple fait qu’un type dorme ou non cela pourrait avoir une telle influence sur une guerre qui se passait entre Dieux. Ce n’était pas eux, pauvre mortel, qui pourrait tout à fait changer le court de cette guerre. Tout juste l’influencer. Mais cela influencerait beaucoup les gens qui croyaient réellement en cette légende.  En effet, si Sanael se réveillait, ceux luttant pour les Aetheri se sentirait délaissés, et peut-être qu’ils arrêteront leur massacre. Quoique, les croyants en Sympan pourraient augmenter leur rage. Il y avait autant de pour que de contre.

« Bon, je veux venir avec vous. Je pourrais être utile » Dit Raphaël en regardant la rousse dans les yeux. Cette dernière le détailla des pieds à la tête, semblant réfléchir. « D’accord, tu viens avec nous. Tu nous seras peut-être utile. Ou, au pire, tu nous serviras de bouclier humain » Raphaël rit devant cette fausse menace. Enfin, pas tout à fait fausse, mais s’il se laissait impressionner, il se ferait bouffer. Le lendemain, ils partirent à l’aube, prenant un bateau, et s’en allèrent pour le continent naturel, endroit logique sur lequel faire un somme. Pendant toute la traversée, Raphaël apprit à connaître ses compagnons de voyage, la cheffe s’appelant Lara. Il passa pas mal de temps avec elle, l’interrogeant sur ce qu’elle savait de cette légende. Il l’étudia pendant son temps libre, n’ayant que ça à faire. Même en utilisant ses pouvoirs de Maître du temps, il n’arrivait pas à retourner assez loin dans le passé pour trouver des traces de cet homme. Il avait vécu en dehors de son pouvoir, même en allant jusqu’à sa limite. Bon, cela allait être compliqué, alors il fit à l’ancienne. Il étudia la légende de fond en comble, écoutant les conversations des Magiciens sur ce sujet. Petit à petit, il crut se rendre compte d’un endroit qui pourrait faire l’affaire pour débuter leur recherche. N’ayant aucun point de départ, Lara accepta de suivre ses conseils. Ils débutèrent donc leur route du côté du rocher au clair de lune. Avec toutes les cavités, pour cacher un corps, c’était plutôt pas mal. Le problème, était la construction de Dithys, détruite désormais. Mais avec la ville, était apparu de nombreux Béluas qui vivaient ici, et donc pouvait trouver le corps. Peut-être que le corps de l’Ange avait un sort en plus du sommeil éternel, qui permettait de bouger le téléporter le corps de l’homme lorsque quelqu’un s’approchait de trop prêt. Si c’était le cas, le retrouver serait impossible. Sauf s’il y avait d’autres mécanismes pour bloquer ce sort en fonction de qui s’approchent. Mais il y avait un problème dans cette légende, c’est que les Anges luttaient pour les Aetheri dans cette guerre, alors pourquoi le réveil de l’un d’entre eux les ferait perdre ?

Mais maintenant qu’il était lancé, il n’avait pas l’intention d’abandonner. Il suivait donc les indices qu’il pensait trouver, démêler ce qui semblait être vrai ou faux. Il n’était pas du tout sûr de savoir où il allait, ni où il emmenait ses compagnons de voyage. Plusieurs fois ils durent se battre contre des croyants des Aetheri qui avaient le même objectif, mais pas la même finalité. Ce voyage les mena d’ailleurs jusqu’à la forêt aux milles clochettes. C’était un endroit bien trop grand pour trouver un corps facilement, et pourtant, avec pas mal de recherches, ils pourraient réussir à le trouver. Enfin, sauf si ce n’était qu’un mythe, ce que Raphaël avait tendance à croire. Mais bon, ils continuèrent leur recherche pendant plusieurs jours, sans rien trouver. Petit à petit, l’Elémental voyait que ses compagnons de route perdaient l’espoir de trouver quelque chose, et le groupe se désolidarisait de plus en plus. Mais alors qu’ils étaient sur le point d’abandonner, ils tombèrent sur un endroit caché. Une sorte de maison sous les racines d’un arbre. Ils se glissèrent à l’intérieur, et, en entrant dans la chambre, trouvèrent le lit encore chaud. Les hommes en furent particulièrement excités, car c’était le premier indice valable. Quant à Raphaël, il prit un peu plus de temps pour observer les lieux. Cet endroit était propre, sans trace de poussière, et il y avait même des fruits encore frais dans la cuisine. C’était sûrement la maison d’un Elfe, ou quelqu’un vivant dans ces bois. Et ce dernier, les ayant entendus, s’était enfui ne souhaitant pas être dérangé. C’était la chose la plus plausible compte tenu de ce lieu. A moins que quelqu’un depuis toutes ses années veille sur le corps de Sanael, mais, même ainsi, cela lui semblait tellement dingue. Il fit part de ses suppositions à Lara, à l’écart du feu. Feu devant lequel les hommes étaient en train de manger et discuter joyeusement. Ils n’étaient pas des idiots, mais parfois un peu simple d’esprit, et tellement convaincu de trouver Sanael que leur parler ne ferait qu’augmenter les tensions qui s’évanouissait petit à petit. « J’ai supposé la même chose, lui confia la jeune femme.  Je pense que si on s’éloigne, et qu’on veille sur l’endroit, on finira par voir un Elfe apparaitre. » « Qu’est-ce que tu vas leur dire ? Demanda Raphaël. Ils risquent de mal le prendre » « Je pourrais les gérer, mais pas si tu restes là, lui dit Lara. Ils te verront directement comme celui qui les a mener en bateau » « Oui, je m’en doutais, répondit Raphaël indifférent. Je suppose que c’est le moment où on se dit au revoir. C’était sympa comme aventure » « Je savais que tu n’étais pas très sentimentale, mais quand même, on dirait que tu t’en fous qu’ils te rejettent » Raphaël haussa les épaules, et disparut.



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Dim 25 Sep 2016, 00:13

Un groupe d’hommes et de femmes venait de débarquer sur les côtes des plages de sable fin. La flotte noire au loin repartit aussitôt, laissant les sorciers seuls face au continent, à ce monde qui les déchantait. Ils pénétrèrent rapidement la forêt d’émeraude afin d’être couvert par la végétation, à la fois protectrice et dangereuse. Des ennemis étaient potentiellement cachés dans la nature, à l’intérieur des bosquets ou derrière les taillis. Ce choix était le plus judicieux ; ils ne pouvaient pas se permettre de marcher dans des plaines ou des plages où l’horizon était large. Ils avaient besoin d’éléments ayant la capacité de les cacher de la vue de tous, même si ils se retrouvaient actuellement en zone inconnue, à risques. Le leader était un homme d’expérience en terrain de combat, il s’était forgé un nom parmi les apôtres obscurs. Karmus Leblanc était un homme né à Caelum mais qui, très tôt dans sa vie, s’était démarqué des siens pour rejoindre les sorciers. Depuis une dizaine d’années déjà, il officiait dans la garde sorcière, d’abord en tant que soldat avant d’être gradé lieutenant. Depuis que les rumeurs sur la légende du réveil de Sanael vaguaient dans les réseaux d’informations, Karmus s’était senti obliger de pousser ses collègues scientifiques et autres relations pouvant être utiles à la recherche de détails, d’indices. Il n’avait bien sûr pas été le seul à s’intéresser aux rumeurs, aux légendes qui parcouraient les sphères magiciennes et les rangs sorciers. Il n’était pas unique. D’autres étaient sans aucun doute à sa quête aussi. Néanmoins, il avait réussi à composer une équipe et à la mener sur le continent, bravant les tempêtes et les marées, avec en main des informations et plusieurs cartes. Edmur, le mari de Soma qui avait rejoint l’expédition pour se donner l’assurance d’être un jour remarqué, tenait les cartes de ce dernier. Soma était à la traîne, le ventre rond. Ses voisins se demandaient ce qu’elle faisait là sans discrétion, à part être un poids mort, elle ne s’avérait pas très utile physiquement.

Finalement elle s’avança à côté de son mari, qui l’avait forcé à le rejoindre. Il était froid, distant ; les rares moments où ils étaient ensemble effrayait la jeune femme, tant Edmur cherchait des réponses en elle, en utilisant une magie des rêves qu’il exploitait sans vergogne, inlassablement. Soma était une faute dans son parcours et il en voulait profondément à ses parents. Seulement le sorcier avait un grand intérêt à faire perpétrer son nom à travers les âges ; ce pourquoi il préférait garder Soma auprès de lui, pour à la fois s’assurer qu’il soit son bourreau et son pion. Il n’avait aucune confiance envers Laürra, une sorcière d’un certain âge qui avait décidé d’épauler sa femme et qui se mêlait de leurs affaires sans retenu. Si d’aventure sa magie des rêves décidait un jour de lui avouer que Soma l’avait trompée, et si cela se faisait pendant ce voyage, il n’hésiterait pas à la laisser pour morte sur le lit de la forêt. Peu de gens se souciaient de la Bardot, hormis Laürra. « Pourquoi l’as-tu ramené avec toi cette… Bardot, grossie comme elle est ? » demanda Karmus, alors que Soma était aux côtés d’Edmur. Le sorcier la regarda et décida visiblement de nier son véritable intérêt. « C’est ma femme, je préfère l’avoir à côté. » L’apôtre se moquait de la raison de sa venue, il avait après tout déjà averti Edmur quant à l’inutilité de Soma dans l’affaire. « Avançons, et toi, bardot, fais-en sorte de ne pas être à la traîne. Nous n’arrêterons pas notre marche si tu accouches ici. » Elle déglutit, espérant bien sûr que cela n’arriverait pas maintenant. D’une main protectrice, elle la glissa sur le ventre voilé par sa longue robe d’aventure et essaya de maintenir le rythme du groupe. Avec difficulté, elle y arriva jusqu’à ce que la soirée n’arrive. Ils montèrent un camp bref, sans feu. La plupart avait ramené leurs victuailles, d’autres la créaient de toute magie. Edmur et Soma s’installèrent non loin de Karmus et mangèrent. La nuit ne tarda pas à arriver et chacun se coucha sur les matelas de feuilles tapissant la forêt, tandis qu’un sorcier à la fois faisait son quart de tour pour surveiller les lieux d’éventuels assaillants ou animaux sauvages. Ils n’étaient plus très loin de l’endroit où Karmus pensait pouvoir trouver Sanael.

En plein ébat, Soma sentit plusieurs objets contondants lui caresser le ventre. Elle tenta de se relever aussitôt, essayant de chasser Edmur qui était dans son dos et qui avait retroussé ses jupes. Il râla, la mordit. Elle finit par se dégager, le cœur en alerte. C’étaient des ronces qui s’étaient enroulées autour de sa jambe droite. Elle tenta de les enlever et se griffa avant de réussir. Plusieurs petites épines s’étaient dressées contre sa chair et certaines s’étaient plantées dedans. Elle les retira, alors qu’Edmur se redressait. D’autres gens se mirent à avoir les mêmes réactions que Soma et son mari qui pensait qu’elle simulait pour déguerpir se retrouva bien assez tôt surpris à son tour par les plantes. La jeune femme se redressa en rangeant ses jupes. Des sorciers et des sorcières se relevèrent, gênés dans leur sommeil par les buissons. Karmus siffla et tous se réveillèrent. Les plus chanceux, ceux qui étaient au centre même, n’eurent pas l’étrange impression d’être encerclé par des végétaux. Le leader du groupe avait beau s’être renseigné sur les lieux, il se retrouvait pourtant dans une impasse. Celle qui menait la surveillance s’était assoupie et avait à peine eut le temps de se relever qu’il la frappa en plein visage en balançant sa jambe à la façon d’un acrobate. Elle s’étala sur le sol, inerte. Le sorcier se releva et les regarda tous, un à un « Celui qui me désobéit mourra. Suis-je clair ? Allons-y. Laissez-la là, elle ne mérite rien. Encore une incapable d’adepte. » Son regard se posa immédiatement sur Soma qui était devenue pâle devant la violence. Tous se mirent en marche, en pleine nuit, abandonnant derrière eux l’inconsciente. Le sorcier cracha son mépris sur elle jusqu’à ce que le soleil daigne les baigner dans les rayons matinaux. La rosée du matin couvrait déjà le sol et mouillait les vêtements à chaque passage dans les hautes fougères. Soma était à l’arrière du groupe, alors qu’Edmur secondait le Sorcier.

« Maudite Forêt. » vociféra le Sorcier. Ils étaient perdus. Quelques sorciers se penchèrent au-dessus de la carte, l’un d’eux décida de la direction à suivre, en obtenant l’aval de Karmus. Ils marchèrent toute une journée, allant longer la berge de l’immense Rivière d’éternité, remontant à contre-courant sur le rivage. Leur marche était soutenue, Soma prit de la distance. Sa peur d’être abandonnée à son tour la força à faire des efforts qui la fatiguèrent rapidement. Avec une chance certaine, ils firent une halte près d’une case de pécheur abandonnée. Un à un, ils pénétrèrent le lieu, curieux d’y découvrir un objet précieux. Karmus fit le tour en premier avant de rejoindre Edmur qui patientait à l’extérieur. Soma passa en dernière. Force était de constater qu’il n’y avait rien d’intéressant et que tout ce qui pouvait avoir de la valeur n’appartenait pas à ce lieu. La cabane n’était pas très grande. Elle longea les murs et butta son pied maladroitement contre une pierre. Elle s’abaissa et découvrit en relevant l’objet de la gêne une boussole. Elle était fissurée et ternie par le temps ; de l’eau s’était infiltré via les brèches. Néanmoins la flèche bougeait. Quand Soma tourna, la flèche la suivit. Comment pouvait-elle encore fonctionner alors qu’elle était cassée ? Etait-ce un objet magique ? Sa connaissance sur la magie était proche du nul ; ses tantes ne lui avaient pas enseigné suffisamment longtemps pour qu’elle retienne une information intéressante, qu’elle aurait pu réutiliser à l’heure actuelle. Elle sortit de l’endroit avec l’objet. Edmur s’intéressa à ce qu’elle avait récupéré et quand il remarqua l’usure de la boussole, ne montra pas plus d’intérêt. Ils reprirent leur marche, Soma en arrière.

Elle observait l’objet avec une fascination évidente ; ceux qui l’entouraient se demandèrent ce qui lui prenait. Elle ferma brièvement les yeux, priant qu’on retrouve l’endroit où Sanael dormait. Elle les ouvrit. La flèche indiqua une direction et devint blanche. L’étrange procédé attisa la curiosité de la jeune femme qui, aussitôt, alla demander conseil à son mari. « Cet objet est cassé. » lui fit-il remarquer. Elle insista. « Non, non, je te jure. Regarde, elle indique cette direction. Nous devrions la prendre, non ? » - « Croire un objet cassé, et puis quoi encore ? » Karmus s’intéressa à leur dispute. « Quel objet cassé ? » Soma lui donna l’objet. Le Sorcier étudia rapidement la boussole et la questionna. « Je veux voir ma mère. » La flèche tourna sur elle-même, sans arrêt. Le mouvement créa des bulles. Il exprima une seconde phrase. « Je veux voir la Bardot. » La flèche devint blanche et se dirigea automatiquement en direction de Soma. Elle fit un pas en arrière et un pas en avant. La flèche la suivait. Enfin, il dit « Je veux voir le lit de Sanael. » Et la flèche reprit la position initiale. « Cet objet est magique mais cassé. » Karmus tendit l’objet à Soma, avant qu’Edmur ne lui prenne. « On va s’y diriger, alors. » A un lieu de la berge de la Rivière d’éternité, ils tombèrent sur une cabane esseulée. La végétation recouvrait l’endroit. D’un geste virulent, Karmus détruisit le bois de la porte, explosé. Soma se protégea à temps le visage, Edmur fut égratignée par les échardes de bois qui volèrent. Quelques sorciers pénétrèrent l’endroit avant Karmus qui étendait une carte à l’aide de Edmur devant lui. « C’est l’endroit, normalement. Voyons si la légende dit vrai… » En pénétrant l’endroit ; il n’y avait rien. Strictement rien. « Une illusion, peut-être ? » lança Edmur. « Peut-être, la magie est forte. » Un sorcier équipé en désenchantement s’avança et traça quelques pentacles au sol. Deux formules plus tard, l’illusion découla sur la terre battue, comme si le décor sobre avait été peint. Soma vit un lit, vide. Karmus s’avança et cracha « Maudit soit ce satané Sanael. »



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Dim 25 Sep 2016, 17:00

Nonchalamment appuyée contre le dossier d’un fauteuil, Callidora tournait les pages d’un livre qu’elle scrutait avec une attention démesurée, cherchant à repérer la moindre faille dans le récit qu’elle parcourait. Tentative qui se révélait parfaitement futile. La logique des événements et des descriptions ne présentait pas d’incohérence suffisante pour qu’elle puisse balayer cette histoire d’un revers de la main, la reléguant au rang des balbutiements sans intérêt. Un quelconque fond de vérité subsistait-il au coeur de cette charmante légende ? La brune s’octroyait de temps à autre de longues journées de repos où elle ne quittait la chaleur de sa maison que pour dévorer les rayonnages des Tours de Zéphyr. Ces derniers temps, une curieuse envie de se vider la tête l’étreignait, et c’est ainsi qu’elle en était venue à traîner du côté des fables et autres compositions invraisemblables. Un manuscrit à la couverture verdoyante avait particulièrement attiré son attention, seulement frappé d’un prénom en lettres dorées. Aucun exemplaire similaire n’était à disposition, et elle l’avait emprunté sans se soucier de la barrière linguistique à laquelle elle risquait de se heurter. Cela lui permettait au passage de consolider son apprentissage de la langue des Magiciens. La tâche n’était pas aisée, et pourtant, elle y parvenait, à force d’entêtement. Un massif dictionnaire du dialecte en question trônait sur la table, et elle n’hésitait pas à l’ouvrir dès qu’elle tombait sur un mot dont le sens lui demeurait mystérieux ou incertain. Sa lecture lui donnait du fil à retordre, mais elle mettait un point d’honneur à ne pas s’arrêter avant d’avoir terminé le précieux ouvrage.

Sitôt que les rumeurs des récentes recherches entreprises par les Magiciens lui étaient parvenues, la jeune femme avait décidé de quitter son petit confort pour se lancer à son tour dans l’aventure. Cela ressemblait à un caprice qu’elle s’accordait en toute connaissance de cause, pour le seul plaisir de satisfaire sa curiosité. Malgré la qualité des écrits, jamais une telle légende n’avait été mentionnée ailleurs, et elle ne pouvait s’empêcher de douter de sa véracité. Les récits mythiques ne servaient la plupart du temps qu’à distraire les peuples, et leur véritable enjeu ne se révélait que lorsque personne n’y croyait plus. Quoi qu’il en soit, elle saisissait l’occasion, préférant considérer cet égarement passager comme un moment de détente. Consacrer la majeure partie de ses jours à l’étude ne lui suffisait plus, sans doute parce qu’elle ne parvenait pas à trouver une réponse satisfaisante à son principal problème et qu’elle désespérait de pouvoir y remédier avant qu’il ne soit trop tard. Jetant un œil en direction de son ventre légèrement gonflé, elle poussa un léger soupir. Une telle malédiction n’amusait même pas les dieux, et elle se demandait quelle mouche avait pu les piquer pour qu’ils l’accablent d’un pareil fardeau. Son inattention n’en était pas la cause, elle le savait. Relevant la tête vers l’inconnu qui lui faisait face, elle se morigéna intérieurement, n’ayant rien écouté de son petit discours. Il fallait qu’elle se concentre davantage pour espérer découvrir ce que cachait cette nouvelle aventure. L’absence de danger lui faisait un bien fou, et c’est avec un certain enthousiasme qu’elle sourit au jeune homme qui s’adressait à elle.

Diriger une expédition de recherche ne faisait pas partie de ses multiples expériences. La Rehla devait sans cesse improviser, se demandant toujours si elle ne prenait pas une mauvaise décision. Retourner les terres magiciennes à la recherche d’une créature dont personne ne connaissait l’apparence et dont on savait seulement le nom n’était pas une partie de plaisir. Mécontents d’abandonner leurs foyers pour de telles futilités, certains grommelaient. Il suffisait de mentionner Sympan pour que leur agacement s’évanouisse. Une foi stupéfiante qui laissait Callidora perplexe. L’emprise de l’Unique sur son coeur était d’une toute autre nature. La divinité ne s’inclinerait jamais face aux efforts des mortels. C’était là la seule certitude qu’elle avait fini par acquérir en matière de religion, ne présumant plus de rien à ce sujet. Jen toussota pour attirer son attention, sachant reconnaître lorsque les pensées de la jeune femme dérivaient. « Un individu est venu nous trouver, hier matin. » Se redressant brusquement, elle lâcha le verre qu’elle s’apprêtait à porter à ses lèvres pour le reposer sur le sol. Leur campement tout à fait sommaire lui permettait de passer son temps libre assise près du feu, et la veille, elle n’avait pas eu envie de visiter la quinzième auberge qu’ils abordaient depuis leur départ. « Pourquoi ne pas m’en avoir avertie tout de suite ? » Haussant un sourcil, elle se releva, ne prenant pas garde aux courbatures qui ralentissaient son corps fatigué. Quelque chose sapait ses forces, et elle n’avait pas besoin de faire appel à ses talents pour savoir que l’odieuse chose qui grandissait sous sa peau en était la cause. Penaud, Jen lui livra une explication néanmoins sensée. « Nous voulions d’abord vérifier qu’il ne s’agissait pas d’un énième affabulateur. » Devant une telle précaution, elle ne put que hocher la tête, satisfaite des initiatives de ses camarades, avant de suivre le Magicien.

L’individu en question ne devait pas avoir plus d’une quarantaine d’années. Son air imbécile trouvait son paroxysme dans l’exagérée grosseur qui lui faisait office de nez et qui ressemblait davantage à un fruit en train de pourrir, hésitant entre un carmin vigoureux et un violacé malade. La brune ne dit pas un mot. L’Ange aurait dû être en parfaite santé, et cet homme-là n’avait pas franchement l’air dans son assiette. S’efforçant de ne pas le mettre immédiatement dehors, elle écouta patiemment ce qu’il avait à dire et pencha la tête sur le côté. « Je me suis réveillé il y a deux jours, en pleine forêt. C’est moi. Je suis l’élu de notre dieu à tous, et je peux vous le prouver. Je suis Sanael. » Puisqu’il lui fallait confirmer sa revendication, l’inconnu se livra à un rituel des plus étranges : à l’aide de paroles qui ne venaient pas d’un autre temps mais bel et bien du vide, il récita une incantation aux inflexions douteuses. Le ciel s’illumina de points lumineux colorés, allant du jaune soleil au bleu froid. Quelques murmures ébahis parcoururent l’assistance. En tant que prestidigitateur, nul doute qu’il possédait un certain talent. Seulement, le pouvoir de Callidora ne s’était jamais trompé. « C’est juste un ivrogne qui sait se servir de la magie. Remettez-le là où vous l’avez trouvé. » Une pointe de mépris perçait dans sa voix. La jeune femme abhorrait le mensonge. Heureusement pour lui, elle manquait de temps, sans quoi elle se serait personnellement assurée qu’il ne mente plus jamais. Après tout, la langue était un monstrueux organe dont certains auraient dû être privés dès la naissance.

Le lendemain matin, la brune se réveilla de mauvaise humeur. Le voyage n’était pas des plus agréables, et dormir à dos de cheval avec la chose qui gigotait déjà dans son ventre lui déplaisait profondément. Encore à moitié endormie, elle vit Jen s’approcher d’elle, les yeux pétillants de joie. « Un éclaireur a repéré quelque chose. Il y a un homme qui dort dans les arbres. » Désignant la lisière de la forêt qu’ils avaient longé de nombreuses heures d’un doigt tremblant, il semblait convaincu de la nécessité d’aller vérifier son identité.   Sans une once d’hésitation, Callidora avait proposé d’escalader le tronc pour lui poser quelques questions. L’Ange pouvait se trouver n’importe où, et mieux valait explorer toutes les pistes plutôt que de passer à côté d’une merveille. Autorisant seulement le jeune homme à la suivre, elle grimpa seule à l’arbre, refusant toute aide. Disparaissant au milieu d’un épais feuillage, elle ne tarda pas à repérer une curieuse créature qui dormait là. Le fameux individu avait couvert sa peau de boue pour éviter qu’on le repère et prenait en guise de couverture . Une telle communion avec la nature la fit sourire, et pourtant, elle savait qu’il ne s’agissait pas de lui. Comme s’il sentait sa présence, l’homme ouvrit les yeux, révélant ses prunelles étonnamment profondes. « Je suppose que vous ferez l’affaire. » Encore ensommeillé, il ne fut pas en mesure de lui fournir une réponse et se contenta de s’étirer à grands renforts de baîllements. Un certain charme émanait de lui. Sur quel individu surprenant était-elle tombée ? Sa puissance était manifeste. Cela suffirait à convaincre le groupe et à donner le change quelque temps. Se penchant au-dessus du vide, elle siffla à deux reprises pour que son accompagnateur puisse la repérer et l’entendre. « Nous l’avons trouvé, Jen. Annoncez la nouvelle aux autres. » Le lieutenant partit en trombe rejoindre ses camarades. Un peu d’espoir ne pouvait que remonter le moral des troupes dans une guerre qui ne semblait pas prête à s’arrêter. Plus que jamais, ils en avaient tous besoin. Une goutte d’eau dans l’océan, en somme. Une goutte d’eau, tout de même. Au nom de l’Unique, Callidora venait de proférer son premier mensonge.


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Mar 27 Sep 2016, 00:51

Rubiel avait été requise, saisie, privée de son quotidien relativement calme pour entreprendre une série de recherche sans fondement concret.

Les rumeurs sur une vielle légende avaient fusé de toutes parts. Étonnamment, ces mots, cette histoire qui se transmettait d'oreille en oreille avait prit une ampleur très grande en l'espace d'un temps assez réduit. Elle était auparavant connue d'un bon nombre d'individu sur la planète ayant un minimum de connaissance mais, cela n'était que depuis très récemment qu'elle était véritablement reconnue du plus grand nombre d'entre eux. Elle avait prit un certain cachet, un crédit des plus importants fournit par les magiciens eux mêmes qui étaient en quelque sortes, les érudits du monde connu. S'ils étaient prêt à risquer leurs réputations sur des comtes, alors, cela pouvaient très bien dire qu'ils étaient finalement réels, juste cachés de tous.

Rubiel était ronchonne à l'idée de s'engager dans ce genre d'entreprise incertaine. Elle ne savait ni par où commencer ni même si cela pouvait se finir un jour. Elle avait besoin plus que d'une once d'espoir, elle avait besoin de promesse pour pouvoir redoubler d'ardeur et faire pleinement profiter le monde de ses maigres capacités. Enfin, ce n'était pas vraiment comme si elle avait eu le choix. Il fallait qu'elle obéisse aux directes des plus hauts placés sans sourciller. C'était respecter la hiérarchie que d'obéir aux ordres, et elle n'était pas du genre à se rebeller pour un rien. Alors, quand bien même elle avait du mal à se motiver, elle devait donner le meilleur d'elle même. Elle qui était toujours motivée se retrouvait dans un état bien étranger dans son existence. Peut être étais-ce du à la période ou simplement à la nature de la légende.

Celle-ci bien qu'elle n'en avait compris que les bases portait sur un ange. Un ange porteur de nombreux présages, aussi bien bon que mauvais. Généralement, le voir était de mauvais augures, du moins, pour les anges. Cela pouvait diverger suivant le point de vue, tel un prophète annonçant le destin imprévisible d'une guerre acharnée entre deux camps opposés. Rubiel n'aimait pas que les anges soient victimes de ce genre de rumeur, bien que le personnage illustré en celle-ci répondait pleinement à l'image que la race bénéfique devait renvoyer.

Son groupe était composé d'autres individus angéliques bien plus important qu'elle. Elle n'était qu'une main d’œuvre de bas étage pour eux, un travailleur de plus pour réduire le temps général à traquer une existence invisible et imperceptible. Enfin, cela était de prime à bord et seul Rubiel portait ce jugement sur sa propre existence. En réalité, depuis quelques temps, elle avait su quand même se faire une place parmi la populace de la citadelle. Elle était bien plus importante désormais qu'il y avait quelques années en arrière mais, elle semblait pas encore vraiment prendre conscience de sa propre condition et de ce que cela impliquait.

Mais malgré tout cela, elle était quand même sous les ordres de ses supérieurs. Elle manquait encore cruellement d'expérience pour mener une recherche de cette ampleur. Dans tout les cas, elle ne savait même pas comment mener un groupe d'homme...

Son expédition n'avait pas vraiment de sens, de logique dans sa mise en œuvre. Il devait fouiller le continent, certes mais, le continent pouvait s'avérer être très grand suivant le point de vue que l'on abordait. Les premiers jours furent compliqués pour Rubiel, elle détestait avancer à l'aveugle en sachant pertinemment que cela ne mènerait à rien. Pourtant cela faisait plusieurs années qu'elle pouvait s’octroyer le titre d'aventurière, mais cette fois-ci, elle exécrait littéralement cette aventure. Heureusement, Nanael faisait parti de son groupe, cette même ange qui l'avait accompagné lors de sa précédente mission pour surveiller un groupuscule de démon siégeant autour d'un petit village.

Elle avait toujours le bon mot pour détendre l'atmosphère et rendre l'épreuve moins éprouvante. Alors qu'ils étaient quand même en mission officielle au nom de toute la citadelle, elle arrivait quand même à rendre cela agréable et à balayer la nervosité liée à cette recherche vaine. Rubiel pouvait encore tenir plusieurs semaines à ce rythme, elle n'était pas du genre impatiente, et quand bien même elle n'aimait pas à avoir à faire ceci, désormais qu'elle y était, elle n'avait pas besoin que cela se termine rapidement. Simplement que cela se termine, c'était déjà une grande promesse aux oreilles de la Séraphine.

- Tu crois qu'on va trouver quelque chose à cette allure ?

Nanael avait questionné Rubiel avec un ton des plus dubitatifs. Apparemment quand bien même elle affichait un air de détente palpable, elle aussi avait de grosses interrogations sur les fondements de cette expédition. Rubiel ne savait pas vraiment quoi lui répondre si ce n'était déblatérer son point de vue quelque peu pessimiste. Elle faisait peu fière allure à tenir ce genre de discours alors qu'elle devait être un des symboles de l'espérance et de l'optimisme... Mais enfin, même la réalité pouvait venir toucher la plus crédule des anges après tout :

- Je ne sais pas trop... Je ne sais pas si les hauts placés ne nous ont pas envoyé faire cela uniquement pour le symbole que cela dégage. Cette rumeur nous touche particulièrement nous et notre peuple. Je me demande quelle image on aurait vis à vis des autres races si on daignait même pas redoubler d'effort pour ce genre de chose. Et si quelqu'un venait à le trouver avant nous, cela ne pourrait que nous porter préjudice d'une manière ou d'une autre. J'imagine qu'on a une réputation à tenir... Enfin, je suppose.


Sa troupe l'avait écouté attentivement sans qu'elle ne s'en était rendue compte. Si elle avait su cela, aucun doute qu'elle aurait gardé la langue dans sa poche mais pour autant, ses propos ne semblaient pas dénués de sens. Sans le savoir, elle venait de fournir une explication logique au non sens directe de cette missive. Enfin du moins, elle venait de répondre en partie à la question du pourquoi. Nul doute que plusieurs choses lui échappaient encore quant aux volontés des plus hauts. Peut être même qu'ils croyaient véritablement en cette rumeur... Malheureusement ce n'était pas le cas de Rubiel et apparemment de tout son groupe qui l'avait acquiescé sans piper mot.

Cela faisait de toute manière plusieurs jours qu'ils cherchaient en vain des informations sur un éventuel lieu. Bien entendu, ils ne pouvaient même pas demander à d'autres groupes de recherche, le principe était de trouver avant eux. C'était presque une course interraciale pour savoir qui aurait la plus grande ingéniosité. Dans d'autres circonstances Rubiel aurait pu clairement se réjouir de ce genre de jeu de piste à l'échelle du continent. Dans d'autres circonstances peut être...

Le pire dans tout cela, c'était qu'elle savait pertinemment tout ce qu'elle avait laissé de coter pour répondre à cette requête. Nul doute que son maitre de cuisine allait encore la sermonner et lui faire redoubler d'effort à la tâche alors qu'elle allait être totalement lessivée pour une bonne semaine. Elle soupirait intérieurement, décidément, ce n'était pas une période de sa vie dont elle garder un agréable souvenir. Elle allait sans nul doute ranger cette série de mauvais jour avec les autres dans un coin de sa mémoire.

Pour conclure, son groupe d'expédition fut vain. Ils ne trouvèrent même pas un ragot à se mettre sous la dent pour ne pas avoir à rentrer bredouille. Il y avait bien eu d'autres détachement d'ange envoyé à travers le monde pour requérir diverses informations mais le sien avait fait chou blanc. L'Archange qui avait été en tête de son groupe pouvait se faire du mouron, il avait faillit à sa tâche quand bien même celle-ci était absurde... Au moins, Rubiel n'avait pas été dans la pire des situations comparé à d'autres.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
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Le Réveil de la Chute
« Le repos d’un Ange »

« Tu es vraiment certain que tu ne me mens pas! »

Ikö me dévisagea longuement avec de gros yeux, comme pour me faire comprendre qu’il ne saisissait pas pourquoi je doutais tant ainsi de sa parole. Nous étions amis pourtant! Malgré tout, je ne parvenais pas encore à comprendre les subtilités liées à cette légende: après tout, nous parlions bien ici du repos d’un Ange qui, s’il s’avérait être réel, pourrait mettre un terme définitif à la guerre en cours. Je n’en croyais pas mes oreilles! Est-ce que tout ceci pouvait être si facilement imaginable?

« C’est Ryan qui me l’a dit! Et il n’est pas du genre à me raconter des bobards! »

Le garçon, d’à peu près mon âge, s’assit à côté de moi, observant le feu du foyer qui crépitait doucement devant nous.

« Il m’a raconté la légende de Sanael et crois-moi, ce sont des faits réels: il parait que ce sont les Magiciens qui ont fait courir le bruit comme quoi l’éveil de l’Ange sonnerait la fin des Ætheri…

- Et s’il reste endormi, cela annoncera simplement la défaite du Dieu-Roi », commentais-je en déposant mon menton sur l’un de mes bras, mon compagnon affirmant ma réponse d’un léger hochement de la tête.

Je me sentais très mal à l’aise vis-à-vis ce récit. Non pas que je doutais de sa véracité, surtout que les Magiciens étaient réputés pour être de véritables érudits, mais plutôt parce que l’enjeu qui en était le phare principal me dérangeait énormément. Pour moi, aucun des deux partis ne méritaient de disparaître, que ce soit les Ætheri ou bien l’Originel. Pourquoi ne pouvions-nous pas seulement prier les Dieux que nous voulions prier? Pourquoi il fallait constamment se faire la guerre pour des sujets aussi personnels que la religion? Je détestais la guerre, car elle n’apportait rien de bon et cette fois encore, j’étais persuadé que cette histoire ne ferait qu’ajouter de la poudre à un feu déjà suffisamment grand et affamé d’hostilité. Je me recroquevillais sur moi-même, enfonçant mon visage dans le pli de mon bras tout en relâchant un soupir. Ikö me jeta un regard discret en se retournant vers moi, mais il garda le silence, conscient des pensées qui se mêlaient dans mon esprit actuellement. Depuis la perte de Dhitys suite aux assauts violents et ininterrompus des Alfars, depuis l’incident de Vastesylve, depuis que cette guerre de religion ne faisait que gonfler et s’accroitre d’une importance dont je ne pouvais, concrètement, évaluer l’ampleur, je ne pouvais m’empêcher de me sentir constamment traqué par Haziel. Pourquoi s’amuser à semer ainsi la zizanie à travers des peuples et des amitiés? J’avais été témoin, à plusieurs reprises, d’affrontements verbaux entre partisans de l’Originel et croyants des Ætheri: pourtant, le jour précédent, je les avais surpris à rigoler et à s’amuser comme de véritables amis à un croisement de rues au cœur de Ciel-Ouvert…

« Je sais à quel point tu déteste les armes et les combats et je ne pourrais t’en blâmer… Chuchota Ikö en reportant son regard sur le petit brasier qui chauffait dans le foyer. Après tout, j’ai perdu mon village moi aussi à cause de la guerre entre les Démons et les Anges… »

Je ne le regardais qu’à moitié, du coin de l’œil. Oui… Lui aussi avait perdu sa maison et sa famille dans une guerre tout aussi atroce que celle dans laquelle où j’avais tant perdu également. Au même titre que moi, il méprisait les armes et les combats…

« Pourtant, je ne peux arrêter de penser que cet Ange, Sanael, soit la solution que nous attendions tous. Si nous parvenons à trouver le lieu où il repose, nous pourrons ainsi mettre fin à tout ça! Tu te rends compte? Que ce soit les Ætheri ou bien Sympan qui gagnent, au final, la guerre se terminera! Et les morts cesseront définitivement! »

Ses paroles m’interpellèrent plus que ce que je l’aurais cru, mon regard cherchant finalement le sien, qui se perdait à travers les flammes dansantes du foyer. Il avait raison. Plus vite cette guerre finirait, plus vite nous n’aurions plus à subir les vices de cette guerre dans nos vies. Oui, oui, c’était une solution… Pas de bagarre, pas de sang… Il suffisait simplement d’aller retrouver le corps d’un Ange qui somnolait, quelque part, ici ou là-bas, au cœur du continent Naturel…

« Et Ryan, il t’a parlé d’une expédition pas vrai? Me risquais-je alors à lui poser.

- Oui. Il a reçu des témoignages comme quoi un vieux manoir abandonné avait été récemment trouvé au milieu des montagnes, un peu plus vers le Sud. En plus, il paraît que ce serait un très, très, très vieux manoir. Du genre suffisamment ancien pour être susceptible de protéger le corps de Sanael des caprices du temps. »

Ikö tourna son visage dans ma direction, ses yeux, alors, s’écarquillant.

« Hakiel! Attends! Est-ce que tu proposes qu’on se…

- Joigne à eux? L’interrompis-je avant de me redresser et de le regarder droit dans les yeux. Tu as parfaitement compris mes intentions, et que Phoebe m’en soit témoin, je veux que toute cette histoire cesse enfin! »

Ikö m’adressa un grand sourire, se relevant également, fort enthousiaste.

« Je savais que tu dirais ça! M’avoua-t-il tout en filant rapidement hors de la pièce, me faisant signe de le suivre. Dépêche-toi! Le Soleil est presque à son zénith! Ryan et le reste de son groupe vont bientôt partir! »

Sans même me soucier du fait qu’Ikö m’aurait peut-être manipulé pour que je le suive, je courus derrière lui à toute vitesse, attrapant, au passage, mon manteau en fourrure ainsi que mon bonnet en laine de Wëltpuff que je me vissais sacrément fort sur le crâne.

« Est-ce tu es prêt? » S’enquit mon ami en enfilant ses propres gants.

J’hochais vivement de la tête. Ainsi équipé, je ne pouvais qu’être prêt en réalité!

Ikö en tête, nous nous frayions des chemins à travers les rues de la cité pour rejoindre l’entrée de la ville, où se préparait un groupe d’une dizaine d’individus. Dans le peloton, je reconnus la tignasse brune frisée de Ryan, le grand frère d’adoption du petit Ikö. Alors que le premier donnait des ordres aux hommes et aux femmes se trouvant à proximité, le dernier, quant à lui, n’osait soudainement plus avancer, incertain.

« Qu’est-ce qu’il y a?

- C’est que… Ryan ne sera pas vraiment au courant que nous l’accompagnerons… » M’avoua mon ami en esquissant un vague sourire.

Je le considérais quelques instants avant de hausser les épaules.

« Ce n’est pas comme si je n’avais pas prévu le coup en fait.

- T-Tu savais qu’il n’aurait jamais accepté qu’on l’accompagne?

- Bien sûr! Qu’est-ce que tu crois? Qu’ils vont nous permettre de les suivre dans la montagne alors que les dangers sont innombrables? Nous sommes des enfants et les adultes ont tendance à nous sous-estimer! »

Nous nous échangeâmes de grands sourires avant d’observer, de loin, le départ de Ryan et de son groupe. Sans attendre, nous nous mîmes à les filer le plus discrètement possible. Encore, si le sentier Air fut passablement facile à traverser tout autant que le souterrain qui séparait l’intérieur et l’extérieur de la cité, en raison de l’obscurité naturelle du couloir, nous fûmes confrontés à bien d’autres obstacles, une fois Ciel-Ouvert derrière nous. Dehors, le vent n’était pas très violent, et même si le Soleil tapait fort sur nos têtes, il restait que le froid glacial des montagnes nous prit de plein fouet. Vivre à de telles altitudes devaient nous endurcir, développer notre corps de façon à ce qu’il s’adapte à notre environnement. C’est ce que des Marcheurs m’avaient dit, un jour, mais pour moi, cela ne semblait pas s’appliquer. Pourquoi? Parce que je n’étais pas encore assez fort? Ou endurant? Aller savoir… Cela dit, pour Ikö et pour l’avenir de ces Terres, je ne pouvais pas baisser les bras. Je devais suivre les pas du groupe de Ryan devant moi et surtout, surtout, ne pas les laisser nous distancer.

La marche se poursuivit de la sorte, nous, les deux jeunes téméraires – ou insouciants? – derrière le peloton, à serrer du mieux que nous le pouvions les vêtements et le manteau qui nous habillaient, tout en avalant les mètres devant nous pour ne pas perdre le groupe de vue. Tout se passait relativement bien, jusqu’à ce qu’Ikö fasse un mauvais pas et s’enfonce brutalement dans la neige. Il échappa un cri, bien malgré lui, et dans la seconde qui suivit, une dizaine de paires d’yeux se tournèrent dans notre direction, les uns nous dévisageant, sans comprendre, tandis que les autres nous fusillaient du regard. Sur-le-champ, nous nous figeâmes. Ce ne fut pas long avant que Ryan nous rejoigne pour nous gronder et nous fûmes obligés de nous excuser, l’air pitoyable et affreusement coupable, les yeux baissés.

« Attendez-moi ici tous les deux! Je vais demander à quelqu’un de vous ramener à Ci…

- Non, Ryan! S’il-te-plaît! Nous voulons chercher, nous aussi, le corps de Sanael!

- Nous voulons mettre un terme à cette guerre!

- Ouvrez grand vos oreilles! Vous n’êtes encore que des enfants et ces histoires d’adulte ne vous concernent pas! Alors obéissez et ne faîtes plus d’histoires! Vous rentrez à la maison. Fin de la discussion!

- Ryan… Intervint alors une jeune femme qui, malgré la vingtaine d’années qu’elle semblait compter, parlait comme une enfant tant elle était timide. Ne te fâche pas trop contre eux… Ils ne pensent qu’à bien faire… »

Le grand frère adoption d’Ikö fut difficile à faire flancher, mais grâce à plusieurs arguments, l’aide inespérée de quelques-uns de ses compagnons et de promesses envoyées à tout va de la part d’Ikö et de moi, il finit par abdiquer et nous pûmes poursuivre l’expédition sans plus nous cacher.

« Mais s’il se passe quoi que ce soit, je ne veux pas vous avoir dans mes jambes, c’est compris? »

D’un enthousiasme évident, mon ami et moi hochâmes de la tête.

Rejoindre ce fameux manoir abandonné fut non seulement long, mais également épuisant. À force de marcher dans la neige, d’être agressés par le froid, Ikö et moi fûmes rapidement exténués par cette marche dans les montagnes. Cependant, on vint régulièrement à notre aide pour nous encourager à avancer, ce que nous fîmes, le plus vaillamment possible, jusqu’à atteindre un plateau où nous pûmes voir, en contrebas, les contours irréguliers et incertains du bâtiment que nous recherchions. Le voilà enfin…

Les adultes en tête, nous nous dirigeâmes jusqu’à l’édifice en ruine. Sous la neige et dans le froid de cet hiver éternel, le manoir avait des allures de maison hantée qui me firent aussitôt frissonner. Mais parce que tout le monde y entra sans discuter, je m’y engageais également, la peur dans le ventre, rassuré, néanmoins, par la présence de mon ami et des adultes qui nous entouraient. Malgré mes craintes, je parvenais aussi à me soulager en songeant que Sanael n’était plus bien loin. Bientôt, bientôt, nous pourrons terminer ce conflit. Après tout, son lit se trouvait forcément ici! En plus, les adultes en étaient convaincus eux aussi! Un mélange d’excitation et de trouble me tordait le ventre à chacun de mes pas. Puis, sans crier gare, Ryan s’arrêta. Devant nous, deux grands battants d’un noir nacré nous surplombaient. Elles étaient aussi immenses qu’elles en étaient imposantes. Mais le plus troublant, c’était ce que nous pouvions sentir derrière ces portes, comme un bourdonnement qui titillait nos sens… Ça doit être la nervosité! Me dis-je, sans porter la réflexion plus loin.

« C’est ici… » Entendis-je Ryan s’exclamer alors que, supporté par des pairs, il se mit à pousser les portes, qui s’ouvrirent dans un grincement strident et glauque.

Tous, dans un même mouvement, pénétrèrent au cœur de la pièce, curieux de voir de nos yeux vus le corps tant recherché de l’Ange endormi.

« Qu’est-ce que…! » S’injuria un homme en écarquillant les yeux, comme nous tous.

Car dans la pièce, il n’y avait pas de corps sous un drap, pas d’Ange endormi et encore moins de légendaire Sanael…

Tous, alors, nous reculâmes d’un pas, hors de la salle, tandis que le regard glacé d’un loup géant, tout de bleu, se tournait vers nous.

« Courrez… » Dit Ryan, sans pour autant que nous eûmes la pensée de suivre son ordre.

La gueule de la bête s’ouvrit lentement, nous laissant tout le loisir de voir ses crocs monstrueux. Et, avant même que nous comprîmes ce qu’il se passait, une bourrasque d’air froid se mit à filer dans notre direction, aussi dangereuse que meurtrière.

« COURREZ! »

Cette fois-ci, nous n’attendîmes pas avant de prendre nos jambes à notre cou.


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Mer 28 Sep 2016, 17:11


Bercés par les flots, le Libertad semblait presque endormi. Sur le pont, quelques pirates restaient là, cherchant à se divertir comme c’était possible dans un lieu aussi étriqué. Eff virevoltait entre les boucaniers, tandis qu’une odeur de tabac, d’alcool et de toute autre substance prenait le dessus sur l’air iodé des vagues. La trainée de lumière qui suivait la petite fée attirait le regard de la plupart des pirates, pour la plupart toujours dans un état hypnotique. Nombre d’entre eux se reposait dans les cales, d’autres demeuraient à leurs postes, à attendre qu’une relève se fasse, ou qu’un événement pointe le bout de son nez. Mais les océans eux-mêmes semblaient en berne ce soir là. Au milieu du pont, la capitaine restait avec une partie de son équipage. De son côté, Lilith aurait dû chercher le repos. Au moins pour quelques heures… Mais  la rouquine n’avait pas réussi à trouver le sommeil. Ce n’était pas la première fois… Depuis la mutinerie avortée de Rain, ce qu’elle avait prit pour une rancœur qu’elle devait, certes, mené à bien, prenait une ampleur insoupçonnée. Sur les flots, d’une poigne intransigeante, elle guidait le galion à la recherche de toute information possible sur le lieu où débusquer ce traitre, quitte à se trouver dans des situations improbables.  L’escale à Pabamiel en était l’une des illustrations.. Et d’ailleurs, il s’agissait du sujet qui flottait sur toutes les lèvres… La guerre de religion.. Les pro-aetheri qui avaient subi un revers sérieux faisaient sourire les partisans du Dieu unique, bien que la victoire se faisait plus modeste que ce qui pouvait être exprimé.

- Ouais… Enfin, à ce rythme… On va finir tout de même par se retrouver seuls… Si jamais on retombe dans un traquenard de ce genre…

Lilith esquissa un sourire et tapa d’un coup franc dans le dos du jeune canonnier, Will. Il avait subi de lourdes blessures dont il avait eu du mal à se mettre.

- Tu sais… Sur le principe, mon gars, c’est plutôt qu’on prenne des risques. Que ce soit à cause de cette guerre religieuse ou non est presque anecdotique.
- Sans vouloir te contredire, Li, plus tôt ça prendra fin… Mieux ça vaudra… Quitte à perdre la vie, autant que ce soit en faisant ce qu’on aime…
- Et te battre pour Sympan ne fait pas parti des activités que tu préfères ?


Azraêl grimaça à la plaisanterie tandis qu’un silence de mort s’imposa une nouvelle fois. Nombre d’entre eux en profitèrent pour avaler plusieurs gorgées de leurs breuvages alcoolisés.  La capitaine demeurait silencieuse. Cette opposition entre ses propres membres de l’équipage risquait même de mettre un terme définitif à la vie du Libertad et être à l’origine d’une nouvelle mutinerie.

- De toute façon… On ne pourra rien faire pour accélérer les choses… A part soutenir le dieu originel activement… Lui seul saura lorsque cette opposition devra prendre fin.


Le réprouvé attrapa le grog qui se trouvait dans les mains de la rouquine pour en avaler plusieurs gorgées.

- C’est pas faux… Enfin, sauf si Sanaël se réveille. Là, ça accélèrerait les choses.


Lilith haussa un sourcil.

- Qu’est ce que tu racontes ?

- Tu sais, Sanaël Liddell ? L’ange ?

- Bah écoute, je t’en prie… Donne plus d’infos… je suis curieuse là…

- Tu ne connais pas…


Face au regard sombre de l’orisha, le réprouvé préféra se taire sur le sujet et continuait son histoire sans chercher à la perturber davantage.

- C’est une légende courante à Sceptilinôst, je pensais qu’elle était plus répandue que ça. Un ange du nom de Sanaël serait plongé dans un profond sommeil depuis l’ère de la Grande Fronde. Son simple réveil ferrait trembler les aetheri, et annoncerait le retour du Dieu-Roi.


Dépitée, Lilith haussa les épaules et prenant possession à nouveau de son verre.

- C’est qu’une légende pour enfant, ton truc..  Rien de plus. On ne peut pas y donner de crédit.

- Possible. Les Liddell existent pourtant bel et bien, je crois qu’on en reparle davantage depuis que le Matin Calme a coulé. Forcément… T’imagines bien que ça limite les zones de recherche.. Et les magiciens semblent très au fait.


Cette fois, le regard vairon de la rouquine se planta dans celui du pilote.

- Tu penses sincèrement ce que tu dis ? Parce que si retrouver un ange qui pionce quelque part permet à Sympan de retrouver sa place… Ca ne coûterait rien d’essayer…  Tu y crois vraiment toi ?

- Je ne t’en parlerai pas dans le cas contraire..

Un fin sourire se dessina sur le visage de la pirate.
- Parfait… Dès demain, nous irons accosterons au continent naturel. Dans les montagnes enneigées. Nous verrons ce que ça pourra donner.


La soirée continua sur le même thème, mais force était de constater que le lendemain, le Libertad mouillait sa coque dans l’une des criques au large des Fjörd afin de prendre la route vers les montagnes enneigées. La destination n’était pas aussi hasardeuse que ce qu’elle paraissait. En effet, à de multiples reprises, l’orisha avait dû traverser ces territoires, et ce qu’elle en avait retenu, c’était que la nature hostile était parfaite pour se dissimuler. Le monstre des neiges et la caverne dans laquelle ce dernier avait vécu était un exemple cuisant qui lui restait en mémoire. A peine le pied posé sur le sol, il avait valu chercher une dizaine d’hommes supplémentaires pour mener à bien cette escapade. En effet, en dehors même des marins de confiance auxquels Lilith avait confié le Libertad, certains d’entre eux, par conviction, ne pouvait se résoudre à participer au réveil de Sanaël.

Les tavernes n’avaient pas manqué de partisans du Dieu-roi, et rapidement, l’équipage s’était agrémenté notamment de compagnons orishas, déterminés à poursuivre ce mythe. Nombre d’entre eux avaient déjà entendus parlé de cette légende. Pour certains, il s’agissait même d’un but qu’ils poursuivaient activement depuis déjà un temps certains. L’intégration au groupe ne fut d’ailleurs que plus aisés. L’un d’entre eux, Rizar, un homme d’une cinquantaine d’années, paraissait même particulièrement au courant, et était visiblement le meneur des autres groupes.
Des discussions plus ou moins houleuses eurent lieu entre les pirates et les nouveaux venus, chacun désirant se rendre dans des liens des plus différents.

La mise en route était à peine commencé qu’une étrange dame coupa leur route en attrapant le bras de Rizar. Ses yeux se révulsèrent, et elle s’exprima en arshala, invoquant l’existence d’une crique angélique dissimulée non loin sur l’une des pentes abruptes des montagnes enneigées. Le peu d’indices communiqués sur une description hasardeuse évoquèrent suffisamment pour Azraël qui prit alors l’un des itinéraires avec certitudes avant d’être coupé par Rizar.

- Comment tu peux en être sûre ?  Ca ne sert à rien… je ne vois ne rien par là..
- Ecoute, rizar, je me fous de ce que tu as vu auparavant… on a tous entendu ou vu des choses qu’on ne peut pas expliquer… Si on peut éclaircir cette piste en ne prenant que la peine de se déplacer .

- Les montagnes enneigées… C’est toujours risqué..
- Tu peux m’expliquer comment tu as pu arpenter le continent naturel si, devant la moindre embûche, tu fais demi-tour ? Les gars, laissez-les ici… ils nous ralentissent plus qu’autre chose.


Que la « prédiction » soit vraie ou non n’avait pas d’importance. La rouquine avait en soit du mal à croire en cette légende. Aussi, se fier aux paroles d’une inconnue… ce ne serait pas la première fois qu’elle pourrait constater qu’elle avait tort, et cette fois… Lilith préférait s’y attendre. Au mieux, il s’agirait d’une bonne surprise. Prête à avancer, Ridar finit par la retenir par le bras.

- Non.. C’est bon, on continue avec vous.
- Je m’en fous… Tu te décides. Mais je te préviens que moi et mes hommes, nous ne sommes pas là juste pour assurer votre sécurité. Donc, cette fois, soit vous ne discutez plus les ordres que je vous donne, soit vous vous cassez.


Le sourire de la rouquine devint plus carnassier, tandis que d’un geste de la main, elle fit signe aux flibustiers d’entourer leurs nouveaux alliés. Si ces derniers les assister, Lilith n’y voyait pas d’inconvénient. De là à agir comme s’ils étaient de simples bons samaritains, aveuglés par leur foi pour Sympan… Elle leur rappellerait rapidement que sa générosité n’atteignait pas ces sommets.

- Parfait… On.. On va te suivre.
- Bien, le débat est clos. Az… Nous sommes bien dans la bonne direction ?

- Oui… Si la bonne femme faisait bien allusion à ce que je pense… Il y a une côte qui est plus brusque un peu plus bas.. en revanche, je n’ai jamais vu qu’il y avait une cache dans les parois..

- Je ne crois pas non plus que tu aies vécu dans ces montagnes, mon cher Azraël..


Il fit une légère grimace, mais finit par lui répondre.

- Peut être, mais j’ai une excellente mémoire visuelle…


Quoiqu’il en soit, il ne fallut attendre que peu de temps avant de se retrouver face aux abysses. Le flanc de la montagne était abrupt. Beaucoup trop pour pouvoir y descendre en suivant un quelconque chemin. Seul une descente en rappel pouvait s’imposer. Ne souhaitant pas perdre l’un de ses hommes dans un exercice périlleux, Lilith finit par désigner Rizar.

- Je crois qu’il est temps de montrer que tu es volontaire pour nous aider et que tu acceptes avec plaisir de participer à cette recherche pour le Dieu-roi…


Avalant avec difficulté sa salive, le vieil homme finit par accepter d’un signe de tête.

- Je.. Je ne serais pas contre… Mais je ne vois pas comment ce serait possible..
- Ca, ce ne sera pas bien difficile…


Le sourire mauvais de la rouquine s’accentua, tandis qu’elle poussa l’individu, mais le retint par le biais de ses chaines qui s’enroulèrent autour de la taille de l’homme afin de le faire descendre peu à peu. La magie de ce dernier devait être trop faible pour qu’il fasse usage des siennes.

- Parfait…  Tu vois quelque chose ? hurla la capitaine.


Livide, Rizar avait du mal à articuler un mot, ce qui faisait rire le reste des hommes. Balançant au bout de la chaine, d’un coup, ce dernier disparut.

- Qu’est ce que..

- Attends regarde, Li…  La paroi..


La capitaine se pencha, le poids de Rizar continuait à se faire sentir.. La chaine paraissait entrer à l’intérieur du mur…

- C’est un leurre…  Faites moi descendre, Az, tu me tiens.

A son tour, la capitaine arpenta la paroi, tenue cette fois par un cordage et pénétra dans la pièce qui apparut sous ses yeux. Eff éclaira l’alvéole qui se formait dans la roche et prenait une apparence proche d’un mausolée. Aucun corps n’était visible, pourtant, des prières semblaient être gravées sur les murs… L’écriture n’était pas déchiffrable par la rouquine mais tout indiqué qu’ils avaient bien trouvé un lien avec le fameux ange… Les dires de la vieille femme n’étaient peut-être pas tellement erronés… Un sourire sur les lèvres, la pirate demeurait dépité de ne pas avoir pu procéder au réveil de Sanaël, mais au moins, elle apportait davantage de crédit à cette légende, et ne doutait pas vraiment que ce dernier mettrait un terme à son repos forcé.
 

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Miles Köerta
Ven 30 Sep 2016, 01:42

Le Réveil de la Chute
« Contre les mensonges »

« Une secte? » M’étonnais-je en fronçant des sourcils alors que, dans un même mouvement, Ëm prit place à côté de moi sur la grande table rectangulaire de la salle à manger, commune à tous les membres de la Marche Terne, tout en déposant son plat de ragoût avec fracas.

Comme à son habitude, il était accompagné de son fidèle compagnon à quatre pattes, Rashängen, le fabuleux chien pisteur de la Marche, selon ses propres mots, qui venait de s’étendre en dessous de la table, à quelques centimètres des jambes de son maître.

« Depuis deux semaines déjà, on entend des rumeurs comme quoi des moines se seraient isolés dans la montagne du Sud, en petit comité. Tu te souviens du vieux temple de Suris qui se trouve sur son flanc, à l’est?

- Oui, vaguement. Il est… enfin, il était abandonné, non? À cause du froid de la région, les fidèles ont préféré en construire un second qui est beaucoup plus accessible à présent.

- Tu as bien suivi tes cours d’Histoire, dis donc! Se moqua affectueusement mon mentor en avalant une bouchée de son repas. Tu as juste sur tous les points. Il était supposé être abandonné… »

Relevant mes yeux du bouquin que je lisais, je les posais aussitôt sur le visage du Marcheur.

« Alors pourquoi des moines s’y intéressent tout à coup? Après tous ces siècles, seuls quelques locaux y vont encore de temps en temps et c’est grâce à eux si ce temple n’est pas tombé dans l’oubli. »

Le chasseur ne répondit pas tout de suite, mâchant simplement les morceaux de viande qui baignaient dans son ragoût.

« Tu as entendu parler de cette histoire sur l’Ange Sanael? »

Mon front se plissa encore plus profondément à l’entente de cette légende. Bien sûr que j’en avais entendu parler, pardi! C’était le récit que les bardes et troubadours n’arrêtaient plus de chanter depuis des semaines dans les rues de Ciel-Ouvert, lui offrant de la musique et des vers poétiques rien que pour étendre, ici et là, la nouvelle de cet espoir qui n’avait de cesse de faire rêver les plus petits comme les plus grands. Parce que la guerre usait leur vie; parce que la guerre détruisait bien plus encore que des amitiés et des familles entredéchirées dans ces batailles de religion et de sang. Tout le monde désirait que ce conflit cesse, mais personne n’osait mettre fin à cette lutte sans merci; chaque camp voulait voir son adversaire perdre, flancher, mais tous les camps ne voulaient plus voir ses alliés tomber. Que de mots et de paroles lancées, mais si peu d’actions et d’agissements joués. Marquer cette guerre d’un trait ne serait pas facile, nous le percevions tous, et c’est pourquoi cette rumeur faisait rêver plus qu’un homme. L’Ange Sanael était, pour plusieurs, considéré comme le prochain sauveur de cette humanité en perdition. Dans ces temps troubles et troublés, imprécis et incertains, rien ne valait plus cher que cet appel à la finalité: ce récit, déjà enduit du sang de bien des innocents, devait se terminer. Pour autant, je ne comprenais pas encore la relation qu’Ëm voulait donner à ces pieux et à cette légende.

« Où veux-tu en venir? » Lui demandais-je en déposant mon livre sur la table, mon attention soudainement captée par cette subite mention.

Mon mentor sourit, à sa manière, avant de déposer sa cuillère en bois dans son bol de ragoût, complètement vide de tout contenu à présent. Ëm n’avait pas que la réputation d’être un bon chasseur; il était également reconnu pour être un très gros mangeur. Cela dit, ça ne semblait pas être son copieux repas qui semble l’avoir mis dans cet état… Il y avait bel et bien quelque chose dans son sourire – un je ne sais pas quoi – qui me mit tout de suite la puce à l’oreille.

« J’ai entendu Herrick en parler tout à l’heure avec d’autres Guides. Il semblerait que ces moines ont élus domicile dans cet ancien temple parce qu’ils croient que ce lieu est la « chambre » de Sanael.

- Tu as dû mal entendre… »

En vérité, c’était surtout moi qui avais du mal à y croire. Tous ces gens qui voyageaient aux quatre coins du continent Naturel depuis des semaines dans l’espoir de retrouver cet homme mythique; tous ces peuples qui avaient choisis de mener cette « chasse à la légende » envers et contre tous, auraient échoué au profit de quelques moines en robe?

« Non, non! J’ai très bien entendu ce qu’ils disaient, au contraire, se défendit Ëm et aussitôt, je lui signalais que ce n’était pas tant sa parole ou bien celle des Guides que la situation étrange qu’il venait de me confier qui me faisait tant douter.

- Seulement, j’ai de la difficulté à concevoir que les faits soient véritablement ainsi… »

Ëm ne dit rien, préférant me laisser développer ma pensée, ce que je fis dans la seconde en lui exposant mon point de vue. Malgré mes arguments, je gardais en tête que ce n’était pas impossible, qu’effectivement, de simples moines en robe aient réussis là où tant d’autres avaient échoué. Guidés par la voix des Dieux – qui sait? – ils avaient peut-être vraiment trouvé l’endroit qui avait protégé, des yeux curieux, le fidèle et courageux Sanael. Misère… Les chants de Ciel-Ouvert commençaient à déteindre sur moi, il semblerait.

« Herrick aussi en fait », me sourit Ëm en me confiant le reste de la discussion qu’il avait entendu.

Ne connaissant les véritables pensées de ces mystérieux moines, il semblerait qu’Herrick avait demandé à quelques Guides s’ils voudraient bien l’accompagner. Le Marcheur était connu dans le coin pour être quelqu’un de particulièrement attaché à sa patrie, qui se révélait être les montagnes de l’Edelweiss enneigées dans leur intégralité. Depuis la guerre entre les Anges et les Démons, il ne voulait plus savoir ses montagnes assaillis d’une nouvelle menace qui risquerait de chambouler, à nouveau, cette harmonie qu’il chérissait tant. En somme, il voulait vérifier de ses propres yeux la véracité de cette rumeur et savoir si oui ou non, ces moines avaient choisis de s’établir au cœur du massif dans un but pacifique.

« Pour ma part, je lui ai proposé mon aide et il m’a demandé de te poser la question.

- Est-ce que la Marche est au courant?

- Elle peut l’être si elle le veut, nous ne le ferons pas en son nom de toute façon.

- C’est au nom de la paix de nos montagnes?

- Au nom de la paix de nos montagnes. Même s’il est particulièrement long. »

Je souris bien malgré moi avant d’hocher de la tête.

« Quand partons-nous?

- Cet après-midi, avant le crépuscule.

- Bien. Alors, j’y serai. »

Et je fus sur place à l’heure donnée et à l’endroit indiqué. Nous étions, au total, six membres de la Marche, excluant le chien d’Ëm et, à ce constat, Herrick ne put s’empêcher de relâcher quelques remerciements à notre égard. Il était plutôt doux comme Marcheur. Rien que pour citer un exemple, les autres Guides aimaient parler fort et boire, mais lui, nous le verrions mieux assis, au coin d’un feu, à siroter un thé bélua. Disait-on qu’il avait des racines d’Orine en plus, mais rien n’était moins sûr… Enfin, nous n’étions pas là pour parler d’Herrick, mais pour cette expédition, que nous nous apprêtions à mener dans les montagnes. Dès que nous fûmes tous certains d’être prêts à partir, nous traversâmes le Sentier Air qui nous mènerait directement aux plaines givrées. C’était de là que nous commencerions véritablement notre voyage jusqu’à l’ancien temple de Suris. Un long et pénible voyage, vous en conviendrez. Les montagnes n’étaient point délicates à l’égard des étrangers, mais elles l’étaient encore moins avec les locaux qu’elles côtoyaient à longueur de journée.

La marche, en compagnie de bêtes vigoureuses, nous prit trois jours. Le vent ne nous avait pas épargné et la neige n’avait cessé de nous embrouiller sur les sentiers. Tout était blanc et affreusement froid. Mais c’était dans cet univers que nous nous sentions le mieux, les Marcheurs et moi. À la nuit de la troisième journée, donc, nous aperçûmes enfin les contours du temple de Suris, reconnaissable par cette imposante tête de dragon à l’entrée et qui accueillait chaque nouvel individu d’un regard profondément intense malgré l’immobilité de ses mires azurées. Arrivés à la hauteur du vieux sanctuaire, Herrick se tourna alors dans notre direction, nous répétant pour la énième fois que nous étions ici uniquement pour connaître les intentions des moines. Nous n’avions pas de raison de douter de sa parole et, comme un seul homme, nous acquiesçâmes d’un hochement de la tête. Après quoi, il reprit les devants et pénétra dans le temple, notre petite formation à sa suite. Nous venions à peine de faire un pas à l’intérieur que l’odeur de l’encens nous prit aussitôt à la gorge. L’air était chaud, agréable, au contraire des morsures féroces de l’hiver qui soufflait continuellement au dehors. Nous sommes bien… Songeais-je en exhalant un soupir, secouant les fourrures de mon manteau pour me débarrasser de la neige. Nos pas résonnaient faiblement sur le carrelage du plancher, nos bottes faisant office de coussins légers. Tout était calme et serein; trop calme et serein.

« Où sont les moines? » Posa un Marcheur, faisant écho à nos propres interrogations sur la question.

Pour notre part, nous gardions le silence, cherchant à travers le temple la présence des gens du sanctuaire. Cependant, il n’y avait pas une âme qui vive au sein de ces murs et nous finîmes, après quelques minutes de recherche, par nous rejoindre dans la salle principale du bâtiment. Une vaste et sobre pièce nous ouvrait ses bras alors que l’on pouvait voir des fresques de Suris s’étirer le long du temple. Cela dit, la pièce centrale de l’œuvre restait tout de même cet immense tableau du Dieu-Dragon, qui soufflait une brise d’un bleu incandescent sur des terres arides et vierges.

« Herrick, es-tu certain que…

- Je suis catégorique: il y avait et il y a des gens ici. »

Nous ne pouvions, effectivement, oublier l’odeur de l’encens que nos narines inhalaient. Alors, la question était celle-ci: où étaient parties toutes ces personnes?

« Quelqu’un a vérifié dans ce couloir?

- Quel couloir? »

D’un même pas, nous nos approchâmes de notre compagnon qui nous pointait du doigt une petite ouverture à même le mur et qui s’ouvrait sur un long corridor en pente.

« Un sous-sol? »

Il semblerait.
Nous nous y engageâmes sans hésiter, longeant les murs étroits du passage, sentant l’inclinaison de la pente se préciser sous nos pieds. Et plus nous descendions dans les profondeurs de l’étage souterrain, et plus une odeur, particulièrement puissante, nous serrait la gorge. Pourtant, ce n’était pas la première fois que nous sentions pareille effluve et c’est pourquoi, sans même esquisser quelques mots par nos lèvres, nous dégainèrent nos armes. Le sang. C’était du sang que nous percevions si précisément avec nos nez…

« Pardonnez leurs Péchés, Ætheri. Pardonnez-leur. Ils sont aveuglés par les propos de Sympan et ils ne voulaient que du mal de votre bienfaiteur. Car, nous le avons tous, Sanael vous protège. Il tient éloigner la menace de Sympan dans son sommeil. »

La voix de ce fanatique résonnait de plus en plus fort dans nos tympans alors que nous progressions dans le couloir. La lueur des chandelles était faible, mais suffisante pour nous permettre de voir à un mètre devant nous.

« Je défendrai ce temple pour vous, Ô grands Dieux de ce monde. Ces païens n’avaient pas le droit de souiller le lit de votre protégé et de votre protecteur. Je le défendrai de ma vie et vous offrirai le sang de ces monstres pour vous… » Psalmodiait-elle de plus en plus frénétique, énergique.

Alors que nous pénétrions enfin dans la pièce principale. Et au vue du massacre que nous aperçûmes, nous nous figeâmes. Les moines… Ils se trouvaient ici. Morts, poignardés, leurs yeux injectés d’un rouge glacial. Soudainement, je tournais mon visage en direction de ce fanatique, qui ne semblait même pas avoir perçu notre présence, tant il s’adonnait, avec une joie écœurante, de tout son âme et de tout son cœur, à la prière qu’il adressait aux Ætheri, à genoux, les mains croisées, au-dessus d’un haut autel. Aussitôt, sans même attendre une quelconque opposition à mon action, je sautais en direction de l’homme avant de le poignarder à mon tour dans le dos.

« Asche! » S’écria Ëm tandis que l’odeur du sang énervait Rashängen, qui s’était mis à japper et à s’affoler.

Mais moi, je ne regardais qu’une seule personne. Cet homme. Lentement, il se tourna vers moi, me souriant de toutes ses dents, rougies par le sang qui s’échappait de ses lèvres.

« Ce que tu commets en l’état de nature, attends-toi à ce que quelqu’un d’autre te le fasse en retour », murmurais-je avant de retirer ma claymore de son corps et de laisser son cadavre chuter au sol.

Ëm me rejoignit sur-le-champ, son chien se faisant calmer par l’un de nos compagnons, tandis qu’Herrick et l’autre Marcheur voyaient s’il n’y aurait pas eu de survivants. Je m’attendais à des remontrances, mais aussi incroyable que cela puisse paraître, Ëm n’émit aucun son, aucune menace à mon encontre pour le geste que je venais de poser, même s’il ne paraissait pas enchanter par ce que je venais de commettre. Plutôt, il s’approcha de ce que nous avions d’abord pris pour un autel. En vérité, il s’agissait là d’un cercueil. Un vieux et très ancien cercueil. Et sur celui-ci, une inscription y avait été gravée à même le bois. À cette vue, mon front se plissa.

« Leanas? »

Ëm garda, d’abord, le silence avant de répliquer en soupirant:

« Ils se sont fourvoyés… Les moines, ce fou et même nous, nous nous sommes tous trompés…

- Comment ça?

- Sanael… Leanas… »

J’écarquillais soudainement les yeux lorsque je compris que les lettres étaient les mêmes, mais pas dans le bon ordre. La possibilité que nous tombions sur une coïncidence pareille était tellement infime!

« Tu es en train de me dire…

- Qu’ils ont cherché un sens à ce nom et qu’ils en ont déduit que c’était un signe… alors que ce n’est pas le cas.

- Comment ça? »

À force de me répéter, j’avais l’impression d’agir comme un automate.

« Parce que Leanas est le nom du Magicien qui a posé la première pierre de ce temple dans ces montagnes.

- Alors, ce serait une coïncidence? Du pur hasard si… »

Je ne trouvais même pas la force de terminer ma phrase tant la situation me semblait improbable.

« D’habitude, je ne crois pas vraiment au hasard, mais dans la situation actuelle, j’ai bien peur que ce soit effectivement le cas. »


2 446 mots
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+ 1% pour Sympan

Thanks nastae



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