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 Mauvais présage [Quête - Mwayer Leït]

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Jeu 18 Aoû 2016, 02:04


L’Alfar n’attendait sa réponse qu’à moitié. Il voyait l’enfant en train de prendre peur, de paniquer. Il régnait dans ses yeux le beau Terreur qui avait décidé de s’y loger de rester pour un moment. Alors qu’il allait plonger pour la dernière fois de sa vie, Layne passa derrière l’enfant, lui mit une main ferme sur la bouche et lui asséna un coup franc et direct dans la nuque. L’enfant tomba dans ses bras et l’Alfar prit le temps de défaire les ronces qui avaient lâché leur emprise sous la surprise de Mwayer.

L’entendre crier durant sa chute vers la lave bouillonnante. Mwayer devait se rendre à l’évidence, le plan de son ami était encore mieux. Ils avaient maintenant tous les ingrédients qu’il fallait pour faire un bon sacrifice. Comprenant l’importance du moment qu’ils étaient en train de vivre pour leur mission, Mwayer entreprit d’intensifier le brouillard. Il savait influer sur le temps qui faisait à l’extérieur et réussissait parfois à faire tomber la pluie lorsque le ciel était peu couvert ou à faire se dissiper les nuages s’ils étaient peu nombreux. Le phénomène devait être le même ici. Il se concentra sur le brouillard comme sur des nuages et en fit apparaître une plus grande masse autour du bassin où ils se trouvaient. Peut-être pleuvrait-il plus tard. Maintenant qu’ils étaient mieux protégés du regard des indiscrets, il prit le temps de lui répondre :

- Ça doit être plus qu’effrayant, ça doit être incroyable ! Je ne comprends pas comment on peut avoir son âge et ne pas réussir à se défendre face à deux Alfars qui n’ont accès pour le moment qu’à Linæwen. Il mérite de tomber dans ce volcan s’il n’arrive pas à s’en sortir seul.


Layne entreprit d’asseoir le gamin sur le bord de la piscine afin de ne pas montrer qu’il ne tenait plus seul sur ses jambes. Il lui exposa ce qu’il prévoyait de faire, la stratégie semblait parfaite. Il lui sourit :

- Très bien ! Avec mes ronces ? Avec nos ronces tu veux dire ! Je suis sûr que deux Alfars en action sauront créer les liens les plus résistants qui soient avec leur magie !


Il sourit. Il était impatient de voir le résultat et d’entendre la réaction de la lave lorsqu’elle recevrait un si frêle et si pur corps en son sein. Peut-être continuerait-il de tomber jusqu’à arriver en un lieu inconnu, peut-être serait-il réanimé ou peut-être finirait-il simplement calciné jusqu’à la moelle et ayant eu le temps de sentir la chaleur s’approcher de lui à une vitesse phénoménale alors qu’il ne pouvait rien faire.

Mwayer prit également le temps de se rhabiller et décocha un sourire de vautour au moment où il mentionna qu’il tuerait sans hésitation les gens qui nous barreraient la route. Puis, lorsqu’il commença maladroitement à habiller le gamin, l’Alfar aux cheveux blancs tentait encore d’intensifier son brouillard afin de pouvoir sortir le plus rapidement et le plus discrètement possible. Il se concentra, visualisé la pois dans laquelle il voulait finir et après plusieurs tours de bras et un assez long moment de concentration, on n’y voyait plus à un mètre devant soi. En réalité, il n’avait pas fait grand chose, car il régnait déjà un opaque brouillard lorsqu’il rentrât ici, mais cela aurait tout de même le loisir de les aider.

Le gamin était sur les épaules de son ami et Mwayer prit le temps de façonner des ronces qui l’attachait solidement à ces dernières sans que les épines ne touchent ses épaules. Cela lui prit un peu plus de temps que d’habitude, car il commençait à s’épuiser, mais cela était important. Il se reforma rapidement son bâton de marche et ses bulles d’hémoglobine flottante – omettant les ronces sur ce dernier, malgré le manque apparent de style que cela donnait – et entama de sortir des bains.

Une fois dehors, il prit une grande inspiration, le temps était sec et ensoleillé. Le soir commençait tranquillement à prendre ses quartiers. Mwayer s’arrêta pour pousser d’un coup de pied, aidé par son sang qui se transforma pour le coup en une sorte de bélier, la grosse mère dans le brouillard afin qu’on ne la voit pas du début du chemin.

Finalement, alors qu’il s’apprêtait à demander son chemin à Layne, celui-ci fit exactement la même chose, mais quelque seconde avant lui. Il partit d’un rire franc, un rire qui ne trahissait pas de coup fourré ou de dédain, le rire du plaisir de dire et d’être avec quelqu’un, c’était la première fois que cela arrivait !

- J’allais te demander la même chose ! Pardon !
Il réfléchit un instant. Je suppose qu’on monte jusqu’au cratère et qu’on avisera là-bas, ça te va ?

Il se mit en marche tranquillement comme pour l’inviter à accepter sa proposition. Sur sa tête, le chat s’était endormi et avait l’air plutôt bien malgré la route qui devenait de plus en plus chaotique et sinueuse. Alors qu’ils marchaient, il profita du temps qu’ils avaient pour faire plus ample connaissance :

- Et toi alors ? Tu es aussi parti de Drosera pour te renforcer ou tu avais un autre but ? Et qu’est-ce que tu vises à Elenwë ? Est-ce qu’on se retrouvera un jour devant le trône de l’Amarante pour savoir qui s’y asseoira ou pas ?


Sa question ne trahissait pas de défi, c’était une curiosité, une manière de poser la question. C’était candide en somme et cela faisait beaucoup de bien à Mwayer.

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Jeu 18 Aoû 2016, 03:21


Les paroles de Mwayer l’avait affecté plus qu’il ne voulait le laisser paraître. Pouvoir créer et manier les ronces, un pouvoir dit propre aux Alfars. Une hérédité, un privilège. Un privilège dont j’étais privé. Jamais je n’avais utilisé la magie. Bon, c’était bien sûr un mensonge. Dans toute sa vie, deux fois, il avait usé d’une capacité lui permettant de drastiquement augmenté son agilité et sa force au dépend de son intelligence, lui empêchant la moindre pensée cohérente. Le gladiateur qu’on l’appelait, mais était-ce bien ce qu’il avait utilisé? Personne ne pouvait lui répondre car ses témoins n’étaient que la nature elle-même et une bande de cadavres. Mais c’était la seule trace mystique dans sa personne. En fait, lorsque l’on poussait la réflexion plus loin, il n’avait jamais réellement tenté. Jamais personne ne l’avait influencé sur ce chemin. Avoir un mentor pour lui enseigner les bases du tout et du rien, de la transgression de la loi d’échange équitable pour obtenir l’objet de nos désirs. Alors, il n’avait pas poussé. Comment s’exercer à l’inconnu? Alors, ses capacités physiques étaient ce sur quoi se reposait sa fierté, sa protection. Et c’était ce qu’il fallait pour l’instant. Être un être de puissance à la base, puis amplifier cette dominance par les enchantements, voilà ce qui devait être.

Ses réflexions s’éternisaient à mesure que la brûlure dans ses mollets s’intensifiait. Le gamin pesait beaucoup plus lourd qu’il paraissait. La contraction continuelle du pied en flexion plantaire taxait beaucoup, et la fatigue était malheureusement un contrecoup du plan. Le bain avait été relaxant, mais la progression chaotique lavait les bienfaits. Déjà, la sueur avait remplacé l’humidité dans son rôle de coller mes cheveux à mon visage, ma vision à moitié bloquer. Mais je ne pouvais lâcher mon fardeau, en plus de mon bâton qui peinait à rester entre la prise de fortune qu’il subissait. Mais ce n’était qu’un entraînement de plus. Souffrir était un bonheur. Une musculature qui se développait était une musculature qui se faisait utiliser. Voilà pourquoi ses jambes ne rechignaient pas à l’effort et que chaque pas le transportait un peu plus haut vers le ravin pointé par son camarade un peu plus tôt. Le soir, bien que jeune, avait pris son emprise, et la luminosité s’estompait. Ce n’était toutefois pas assez pour que je remarque la fatigue de mon ami. Il avait beau avoir la belle attitude, utiliser la magie devait avoir un prix à payer, et je me doutais que ses tours de passe-passe de plus tôt, surtout le brouillard, bien utile d’ailleurs, avait dû le drainer. Mais la discussion me fit oublier mes soucis.

- Je suis partie de Drosera car la vie n’avait rien à m’offrir là-bas, sinon la torture du rejet et la solitude. Pour me renforcer, sans aucun doute. Je ne sais pas où va me mener mon voyage, mais je sais que lorsque je reviendrai à Drosera, ce sera pour faire mes preuves. Je veux montrer à tous ceux qui m’ont persécuté que les efforts sont plus forts que la destinée tracée. Que l’on peut sortir des sentiers battus et faire sa propre route. Je ne veux toutefois pas être reconnu dans les hautes sphères lorsque j’irai en pèlerinage. Je souhaite être une main dans l’ombre de l’Amarante. Être son complice, son plus grand confident, son homme de confiance. Je ne suis pas taillé pour prendre le trône… Du moins, pas actuellement, pas dans mon état d’esprit. Mais œuvrer pour assouvir la justice du souverain, cela, je peux, et je le ferais très bien. Alors non, nous ne rencontrerons pas pour savoir qui sera celui au pouvoir. Mon désir ne s’étend pas là.

Un sourire triste. Un regard éteint. Et un asticot qui commençait à gigoter sur mon dos. Ce p*tain de bagage commença à essayer de crier, étouffer en grande partie par le bâillon improvisé. Je le lâchai d’un coup, mes mains disparaissant tout simplement de ses ischios-jambiers. Il tomba lourdement, une roche pointue pénétrant même dans son genou, le sang lui barbouillant la jambe dans une coulisse complexe, dirigée par une pilosité blonde et naissante. Des larmes silencieuses lui déformaient le rictus à mesure que la peur, la panique même, s’emparait de l’entièreté de son être. Je n’avais vraiment pas la patience. Je l’assommai une fois de plus d’un bon coup sur la tempe, pas trop puissant pour le tuer, juste assez pour faire disparaître sa conscience, et je l’installai sur un gros rocher, dos à celui-ci. Il commençait à faire trop sombre pour continuer l’ascension. Demain serait un nouveau jour, et un autre défi.

Prenant exemple sur mon captif, je trouvai un autre gros rocher à proximité, m’y installant le plus confortablement possible

- On va s’installer ici pour la nuit je crois. Y’a pas grand-chose que l’on peut faire en ce moment sauf discuter. Je ne m’aventurerais pas plus haut ce soir. On ne sait jamais ce qui se cache dans les secrets des hauts monts. Le monde est vaste, et la variété est une réalité. Mais dis-moi, toi, tu dis viser le trône de l’Amarante si j’ai bien compris, mais quels sont tes plans par rapport à cela. Comment comptes-tu accéder à la position la plus haute de la hiérarchie?

Sasa choisit ce moment pour enfin sauter de son perchoir et venir se blottir sur mes cuisses, se roulant avec affection. Gardant le regard rivé sur mon ami, je commençai à la caresser, partant du haut de son crâne jusqu’à sa queue dans un mouvement répétitif, mais que je savais satisfaisant pour ma jolie petite boule de neige.



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Jeu 18 Aoû 2016, 12:28

La fatigue se faisait sentir. Ses pas devenaient plus lourds, sa démarche moins gracieuse, de trot adapté au rythme d’un corps d’enfant, il était passé à un rythme de gros-bras. Sa magie ne l’avait jamais autant épuisé. En même temps, la raison était simple. Ayant senti qu’il pouvait en faire plus que d’habitude, il l’avait fait et son corps en subissait maintenant le contrecoup. La raison était simpliste, il n’était pas assez endurci, mais viendrai le jour où sa magie serait entièrement sienne. Il y comptait bien. Rien ne pouvait arrêter cette dernière. Lorsque les légendes mentionnaient les membres les plus éminents des races, tous pouvaient déclencher des choses qui dépassaient l’entendement, ordonner aux malströms, faire plier les foules par un geste de main ou égaler les Dieux eux-mêmes. Cela était encore bien loin, mais c’était ce qui le disciplinait, ce qui lui ordonnait de se lever, il redonnerait aux Alfars leur grandeur et leur élégance. L’art Alfar serait connu dans le monde entier, mais disponible uniquement à Drosera. Il montrerait à tous que même un jeune Alfar qui n’a pas connu son père et qui a mis cent ans avant de devenir quelqu’un pouvait devenir quelque chose.

Mwayer écouta attentivement ce qu’il dit au sujet de Drosera et son retour dans La Magnifique. Il ne voulait pas être connu dans les sphères Alfars. Mwayer avait la désagréable sensation que ce ne serait pas le cas ou alors qu’il allait devoir être très subtil pour monter les plateaux sans se faire connaître. Il voulait être le bras droit, l’homme de l’ombre, celui qu’on croise dans la rue sans savoir à qui il est affilié. En fait, l’Alfar avait l’impression que Layne n’aimait pas les relations publiques et ce genre de détail. Cela ne faisait pas de lui un moins bon Alfar, mais un Alfar différent de Mwayer. Il voulait gravir et être capable de redescendre pour accomplir ce qu’il voulait s’il le fallait. Garder le statut sans les inconvénients. C’était un plan excellent. Sa dernière phrase lui rappela sa question de base, ils n’auraient pas à se déchirer devant le trône, ils n’auraient pas besoin de mener un combat de titans dans Drosera pour décider qui prendrait le pouvoir alfar. Tant mieux. Dommage. L’histoire aurait été exceptionnelle à conter, mais cela était peut-être plus agréable ainsi.

Le gamin se mit à s’agiter sur le dos de Layne avant que je n’ai pu répondre. Il avait le sens du timing celui-là ! Il tente de crier, de se débattre, mais les ronces et le bâillon tinrent bon, ce qui amusa Mwayer au plus haut point. Il avait déjà été dans cette situation, mais ce genre de choses étaient terminées, du moins l’espérait-il. Layne fut extrêmement méthodique. Il lâcha l’enfant de sorte à ce qu’il se blesse et l’assomma de nouveau avec un coup sec sur la tempe. Il ne savait pas faire ça et trouvait, de fait, la manière dont il agissait incroyable. Il n’avait jamais vraiment eu l’occasion de s’entraîner physiquement pour la simple et bonne raison, qu’il ne savait pas quoi faire. Il ne pouvait pas faire autrement que de s’entraîner seul et, instinctivement, il s’était tourné vers la magie. Alors qu’il appuyait le gamin contre un rocher, Mwayr vérifia qu’il était bien dans un état comateux et prit son pinceau. Il planta de manière calme et précise le manche successivement dans un œil et dans l’autre puis lui dit en caressant une de ses mèches blondes alors qu’il pleurait des larmes de sang :

- La lumière ne te réveillera pas, bonne nuit.


Il lui embrassa le front et s’assit à côté de Layne. Ce dernier lui posa la question à laquelle il réfléchissait depuis longtemps, comment accéder au trône de l’Amarante et il ne prit pas beaucoup de temps pour répondre. Il ne réfléchit que quelques secondes et ses mots furent surs :

- L’évidence. L’Amarante doit être évident. A la fin du règne de l’ancienne Amarante, personne n’était évident pour reprendre le titre, alors les cinq Dahlias s’y sont mis. c*nn*rie. Si le système est fait comme ça ce n’est pas pour rien. Il faut une tête, quelqu’un de plus, qui est évidemment celui qui dirige. Je dois arriver à Drosera et être évident. Après restera les modalités, que faire des Dahlias Noirs, comment imposer l’autorité au peuple, ce genre de détail.

Il se rendit compte d’ailleurs que ces détails seraient les plus importants et que pour l’instant, il n’avait aucune idée de comment faire. Il évinça la question de son esprit, rangea son bâton dans sa gourde et prit le temps de s’étirer, il n’avait plus aucune magie à maintenir active et cela lui fit un grand bien. Il eut une idée. Simple. Efficace, mais qui avait une énorme signification.

- Layne. J’ai une proposition. Je te promets qu’un jour, dans pas si longtemps, on se retrouvera à Elenwë et qu’on sera en mesure de choisir ce qu’on fait de la suite de nos vies. T’es avec moi ?


Il lui tendit la main, son regard était…adulte. C’était celui d’un homme qui avait vécu un siècle et qui commençait seulement à se rendre compte de ce qu’il voulait vraiment et de ce qu’il allait devoir entreprendre pour que cela se réalise.

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Dim 21 Aoû 2016, 19:52


Obnubilé, je ne pouvais que regarder le magnifique schème qui se tramait. La voix douce, enveloppante et chaude de Mwayer rythmait les coulisses sanglantes qui suivaient la perte de la vue du gamin. La pénétration des globes oculaires, par le manche d’un pinceau, avait été faite de façon amoureuse, même si brouillonne, et le spectacle en résultant avait captivé mon esprit, le faisant diverger à un niveau d’imagination surmontant le réel en matière de torture. Il faudrait bien se pratiquer dans cette discipline qui s’avérerait un vrai délice, mais aussi d’une utilité bien pratique si jamais je commençais à travailler dans l’ombre de l’Amarante, être son bras droit.

Les pensées en vagabondage, la réalité vint me rattraper et me ramener au présent alors que mon compagnon s’exprimait sur l’évidence et l’éloquence qui se devait de dégager pour devenir l’Amarante. Un bien grand fardeau, et pourtant une sagesse réfléchie s’exprimait. La suite de son discours m’électrifia. Retourner à Drosera… Dans pas si longtemps… Je ne sais pas si je m’en sentais capable, et cela devait transparaître dans l’entièreté de mon être. Remettre les pieds dans la grandeur de la Cité alfare. Bien sûr, je savais qu’un jour je referais mon chemin, mais qu’est-ce que ça voulait dire, pas si longtemps… Je n’avais pas assez progressé pour me convaincre encore que c’était une bonne idée. Il lui faudrait au moins être capable d’atteindre un contrôle presque parfait de son corps, d’avoir des réflexes affûtés à l’extrême pour pouvoir réagir aux embuscades possibles, et avoir une magie suffisante pour montrer au reste de la population de sa race qu’il avait combattue l’adversité et avait progressé à un autre niveau, un niveau où il était dangereux de s’attaquer à lui. Un niveau où même penser à attenter à sa personne enclenchait un mécanisme de peur en ses ennemis. Je soulevai tranquillement mon bras, encore engourdi par la contraction continue effectuée pour soutenir le gamin sur mon dos, et attrapai sa main.

- Je te promets qu’on se retrouvera à Drosera, à Elenwë. Quand? Je ne sais pas encore quand, par contre. Le moment où je vais me sentir prêt n’est pas encore arrivé. Mais je sais que l’ambition est dans nos gènes, et je ne doute pas une seconde que tu t’élèves peut-être plus vite que moi. Tu as l’expérience. Mais même si tu ne me vois pas dans le décor, dis-toi qu’un jour, je vais te rejoindre au sommet. Tu sais ce que tu veux faire de ta vie. L’Amarante est un poste qui te sied. Pour ma part, ce que j’ai vécu m’empêche de me dépêcher à retourner là-bas jusqu’à ce que la satisfaction de mon être soit en action.

Sur ces mots, je m’étendis sur le dos, ma nuque en angle, ma tête reposant un peu surélevée sur un petit rocher. L’inconfort n’était pas une chose qui me répugnait. Toute ma vie, le luxe m’avait été refusé, alors dormir sur un sol dur ne me dérangeait point. Mes yeux se fermèrent, la noirceur envahissant ma vision, les ténèbres de mon cœur se nourrissant de ce contact avec l’ombre.

- Après notre petite promenade, quels sont tes plans? Tu vas continuer à pratiquer ton métier d’apprenti pour pouvoir performer et rendre cela rentable?

La conversation était un bon moyen de détendre l’atmosphère avant de s’endormir. Mais le hurlement vint briser le calme paisible de la nuit chaude. Cela ne prit qu’environ deux secondes. Deux secondes pour que mes pieds retrouvent le contrôle sur mon corps en entier. Deux secondes pour que les dagues qui dormaient paisiblement dans leur lit se fassent réveiller et prennent leur rôle dans chacune de mes mains. Le cri n’avait rien d’humain. Rien d’humanoïde en fait. Teinté de la haine, c’était une menace. Un signal de mort. Long et rauque, dans une teinte assez grave, la source était clairement dans les parages. Un prédateur sauvage qui n’appréciait pas du tout le fait que son territoire ait été empiété par de pauvres fous comme nous. Et il allait probablement nous le faire savoir d’une façon beaucoup plus physique dans les minutes qui suivraient.

Je me déplaçai devant le môme, toujours inconscient, le visage ensanglanté, lui donnant une allure plus cadavérique qu’un habitant du monde vivant. Il était d’une inutilité désastreuse, et même si le droit nous était accordé de la charcuter, sa vie ne devait pas être gaspillée maintenant. Il fallait lui protéger ce privilège jusqu’à ce que la bouche du volcan l’engloutisse.

- Je sais pas ce que c’est, mais selon ce qu’on a entendu, la bête, elle a pas l’air contente !


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Lun 22 Aoû 2016, 11:53


La promesse était scellée. Ce n'était pas rien. Rarement encore, si ce n'est jamais, le jeune homme aux cheveux de neige n'avait fait une telle promesse, il n'avait même pas rêvé en faire une avec quelqu'un. Layne et Mwayer dirigeraient le peuple Alfar dans un mois, un an ou un siècle, mais ils le dirigeraient. Ils regarderaient La Magnifique avec compassion, avec dédain peut-être, mais garderaient la majorité de leur mépris pour leurs ennemis, pour ceux qui tenteraient de pénétrer dans la forêt des murmures avec de mauvaises intentions et ceux-là seraient morts. Avant même d’avoir commencé leur incursion. Mwayer attendait ce moment où les plantes de la forêt entière répondraient à ses moindres pensées. En attendant ce n’était pas le cas, mais il venait de trouver quelque chose de rare, de précieux, qui était encore plus dur à trouver à Drosera : un Alfar allié. C’était évidemment réciproque, malgré son sadisme et ses envies sanglantes, le jeune homme était un Alfar de parole, il ne le trahirait pas et il savait qu’il ne mentait pas.

Mwayer sourit. Candidement.

- Ça me va ! Prends le temps qu'il te faut Layne. Je le ferai aussi. Qu’importe qui arrive le premier, tant qu'on arrive.


Le silence prit quelques secondes le pas sur la nuit. On sentait parfois le volcan gronder et la terre s’agiter légèrement.  Mwayer se leva, fit quelques pas dans la nuit et on entendit, lorsqu’il se rassit l’entier de sa colonne vertébrale craquer. Vertèbre par vertèbre. Cela l’amusa. Layne reprit très vite le fil de la conversation. Il ne semblait pas s’en rendre compte, mais avait une intelligence sociale grandiloquente. Il avait, jusque là, maîtriser la conversation avec brio, laissant le rythme naturel battre la mesure et remplissant chaque temps d’une note ou d’un soupir avec une terrible justesse. Mwayer était à l’aise. Sa réponse vint naturellement, même s’il ignorait le fond de son propos :

- Grande question. J’ai plusieurs projets. Apprendre à être parfumeur, en priorité peut-être. J’ai bien senti que c’était mon métier de prédilection et j’ai commencé à en apprendre les bases, même si ça reste extrêmement compliqué… Sinon, des compétences à acquérir, des compagnons à lier à mon sort, tous les outils pour arriver à l’évidence. Et toi ?

Alors qu’il venait de finir de répondre. Un hurlement déchira la nuit avec précision. Il était incisif, guttural, violent, brutal. Alors que Mwayer regardait autour de lui, Layne était déjà debout, dagues en mains, regard aux aguets. L’Alfar se leva regarda autour de lui et ne vit rien. Il entendait juste le cri résonner dans ses viscères. Il sentait la mort à l’intérieur de ce cri. Il semblait venir tout droit des Enfers.

Avant que la bête ne pût se rapprocher, l’Alfar aux cheveux de neige se reprit. Il prit son pinceau et du sang de l’enfant et entreprit de dessiner deux rochers, de taille moyenne, devant le sacrifice. Il souffla dessus et les rocher apparurent, cachant le corps accroché à la vie si on n’y prêtait pas une attention soutenue. Il sortit ensuite de son sac une petite fiole et en vaporisa grâce à un flacon spécial sur tout le corps du gamin, ne se souciant guère de la douleur qu’avait dû représenter les gouttes de parfum entrant dans ses yeux ensanglantés.

- Plus d’odeur pendant quelques heures. On peut laisser le gamin ici, occupons-nous de ce qui n’a pas envie qu’on soit là.

Joignant le geste à la parole, il avança en direction du cri qui semblait être un peu plus haut, hors du sentier. Ses pas n’étaient pas surs, il avait peur, était fatigué et le chemin ne l’aidait en rien, mais il devait continuer. Maintenant qu’ils approchaient de la gorge du volcan avec leur sacrifice, ils devaient continuer.

Ils n’avaient d’ailleurs plus le choix. Assez rapidement, au milieu du chemin, s’allumèrent deux yeux brillants. Ils étaient partagés entre noir et rouge et créaient deux halos de lumière dans la nuit d’encre. La bête ne bougeait pas, elle grognait et nous regardait. Mwayer fut tétanisé. Il ne bougea pas. Même au moment où la bête sauta pour lui arriver dessus et où son cerveau ordonnait à ses muscles de bouger, il ne bougea pas. Il vit la mort lui arriver dessus et ne pouvait absolument rien faire.

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Mer 31 Aoû 2016, 23:32



La vivacité d’esprit de mon compagnon me transporta dans un état de béatitude. L’utilité même de ses actions venait de soulever l’immense fardeau qui venait de me faire rapetisser sous son poids immense. Ses dessins de rochers et son camouflage des essences du gamin étaient tout simplement d’un génie. Il possédait de rares qualités, mais ces qualités lui étaient essentielles, peu importe qu’il le sache ou non, il venait de démontrer ses traits de dirigeant. Son ascendance sur les évènements prouvait de même un courage, allant au-devant du danger, le défiant de sa frêle stature de gamin, un affront même à la bête. Armes en poings, je le suivis, gardant une certaine distance entre nous, histoire de pouvoir recourir à l’une de mes lames de jet sans le blesser si la créature se démarquait par son agilité. Mes jambes étaient lourdes, mes mouvements brouillons, mais la détermination de finir ce travail de façon propre me transportait.

Les deux phares jouant entre les braises et l’obscurité m’apparurent alors clairement, mais la forme informe qui les détenait ne s’ouvrait pas à ma vue. L’inconnu du danger. Et pourtant, la menace était réelle. La bête bondit, seul son regard m’indiquant sa position, se précipitant à toute allure vers Mwayer qui, comme hypnotisé par la scène, ne bougeait pas d’un poil. Je vis clairement le scénario se dessiner dans ma tête. Un monstre aux attributs tous plus dangereux et tranchants les uns que les autres qui écrasait mon nouvel ami, mon seul ami, de tout son poids avant de le déchiqueter en pièces, la trachée se faisant arracher d’un coup de canines, sa frêle enveloppe se faisant lacérer de long en large par des immenses griffes. Et moi, immobile, recevant des bouts d’organes de ce carnage. Et je ne pouvais pas supporter cette vision qui s’imposait à moi. Je ne voulais pas me retrouver seul une fois de plus. Il avait percé l’enveloppe des ombres m’enveloppant, éclairant par sa présence la sombre solitude, la renvoyant dans un coin éloigné.

- Non!

Le paysage ne défila pas autour de moi, ma vision ne devint pas trouble. Tout devint net, précis, comme au ralenti. L'action à entreprendre fut claire dans mon esprit. Mon pied d’appui en flexion plantaire, je décollai à mon tour. La distance entre moi et le monstre se rétrécit, puis disparut (Pouvoir : vitesse accrue). Le temps nécessaire à cet exploit? Même pas un dixième de seconde. Mon coude rencontra la masse dure, probablement au niveau des côtes, la déviant de sa course, avant que mon pied vienne finir le travail de changement de trajectoire en le catapultant quelques mètres plus loin (Pouvoir : Gladiateur – + points en force). Je ne l’entendis pas râler. En fait, le seul sifflement qui me provenait indiquait une colère grandissante. La masse que je n’avais toujours pas pu identifier se déplaçait lestement autour, jaugeant le nouvel adversaire qui venait de s’ajouter à la partie que j’étais.

Je balançai un couteau dans les airs avant de donner une rapide claque à mon semblable Alfar. Tentative pour le sortir de la torpeur dans laquelle il semblait avoir été perdu au moment de l’attaque. Deux doigts rattrapèrent la lame qui reprit une position offensive. Tout ce temps, je n’avais pas quitté des yeux le prédateur. Je me plaçai alors en position pour défendre l’angle mort de mon compagnon qui devait en théorie avoir été secoué par ma frapper, mon dos se collant presque au sien. La bête suivait mes mouvements. Elle n’avait décidément pas aimé que je lui coupe son prochain repas.

Elle lâcha alors un cri strident. La douleur que cela me causait aux tympans était d’une intensité telle que seule ma volonté me permit de composer avec le cillement, mes armes ne quittant pas leur poste. Une seule erreur et ma vie s’arrêterait en ces lieux. L’ennemi chargea alors pour un second assaut. Une gueule recouverte de pointes d’un blanc brillant se dévoila à moi. Sa cible était claire. Ma tête allait décoller de mes épaules. Sans penser, laissant mes séances d’entraînement diriger ma musculature, je sautai dans les airs, volant plus haut que le monstre. Mon prochain mouvement me fit faire un tour sur moi-même, me trouvant maintenant à l’horizontale par rapport au sol, et ma jambe vint s’abattre durement sur la colonne de l’animal, le projetant au sol juste devant Mwayer. L’action avait été risquée, mais au moins, j’avais pu avoir l’avantage encore une fois, et l’éclat lointain de la lumière éclairait désormais la bête. Et ce que je pouvais dire, c’est que je n’avais jamais rien vu de tel.


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Jeu 01 Sep 2016, 15:51

Les ombres venaient de se déchirer. Les deux phares démoniaques allumés dans la nuit étaient en train d’avancer à une vitesse hallucinante. Au milieu des feux croisés, Mwayer était simplement tétanisé. Alors qu’il essayait d’envoyer les signaux nécessaires à ses muscles pour qu’ils bougent, il était trop lent. Lorsque le signal arrivait au bon endroit, c’était pour lui rappeler qu’il avait peur et qu’il allait mourir. C’était d’ailleurs assez vite devenu une évidence. En moins d’une seconde, l’Alfar avait vu son corps tomber et sa tête s’écraser sur les rochers, entendu un craquement venir de sa colonne vertébrale qui, pièce par pièce, se disloquait à la manière d’un puzzle mille pièces qui tombent sur du carrelage. Il avait senti ses membres se raidir, le froid l’envahir, sa bouche devenir pâteuse. L’odeur de l’intérieur de son corps qui se vide sur le chemin lui avait envahi les narines. Il avait effleuré la main de la camarde et senti ses doigts osseux se refermer sur son cœur qui, au bout de quelques heures, de quelques jours, de quelques siècles de lente agonie avait abandonné son combat et s’était résigné, laissant tomber en même temps que le corps, sa pugnacité et sa hargne.

Mwayer avait vu tout cela dans l’œil de la bête, mais dans l’autre œil se reflétait une silhouette fine et élancée qui se donnait corps et âme au combat. Ecartant la bête de son chemin initial et, par la même, sauvant la vie de l’Alfar. Une grande tape sur l’épaule réveilla ce dernier de sa torpeur mortifère. Il inspira une grande bouffée d’air qui lui fit effet de choc électrique. Ses yeux devinrent soudain plus vifs, ses sens étaient alertes et sa position s’améliora nettement. Les deux compagnons étaient maintenant dos à dos, Layne maîtrisait le combat avec un brio qui impressionnait Mwayer. Celui-ci n’était définitivement pas un combattant, c’était un homme de château, un commandant, celui qu’on ne connaît pas et qui se masque. Ainsi, son nouvel ami continua le combat et soudain, sans que l’homme aux cheveux blancs ne put rien faire, il vit et entendit la bête s’écraser devant lui, éclairée par la lueur de la lune.

Elle arborait des pointes blanches sur tout son corps et essentiellement sur la partie qui ressemblait à la tête. Ses yeux étaient à la fois inquiétants et fascinants. Ils brillaient dans la nuit et on y voyait des reflets d’orange, de noirs, de jaune, toutes les flammes du monde semblaient danser à l’intérieur. Elle devait faire deux ou trois fois la taille d’un des deux Alfars et on voyait ses muscles se dessiner sous sa solide carapace.

L’homme aux ambitions dévorantes venait une fois de plus de se retrouver confronté à sa faiblesse. Elle lui avait couru dessus et, par le même temps, il venait d’être sensibilisé au lien qui s’était créé entre les deux Alfars en si peu de temps. Il ressentait quelque chose qu’il n’avait pas ressenti depuis la mort de sa mère : la confiance.

Son regard passa successivement du corps sans vie de la bête à celui, essouflé, de Layne. Celui-ci venait de montrer à quel point il fallait craindre les Alfars. Il s’était transformé, dans la bataille, en une machine à tuer qui avait fait montre d’une précision sans faille et surtout d’une caractéristique que cette race incarnait bien plus que les autres : l’élégance. Le compagnon de Mwayer n’avait cessé d’afficher un attrait et un chic qui aurait rendu exceptionnel même le plus laid des Alfars. Vivre dans La Majestueuse impliquait de vivre dans un bassin de charme et de raffinement. Les membres de la ville déguenillés ne survivaient pas longtemps. Il avait vu en Layne la même technique que celle qu’utilisait les Gladiateurs de Drosera. Technique qu’il n’avait jamais acquise. Ils arrivaient à obscurcir leur intellect et à décupler leur force l’espace d’un instant, c’était fascinant.

Mwayer s’éclaircit la gorge et réussit à dire ce qu’il voulait d’une voix relativement assurée.

- Merci Layne.


C’était simple, ça manquait de fioritures, de décorations, d’enluminures. Il aurait peut-être pu faire un discours pour le remercier de lui avoir sauvé la vie invoquant le fil qui le retenait à ces terres, mais il n’en ressentait pas le besoin. Il avait dit ce qu’il fallait.

Au moment où il décida de bouger et où son pied se posa sur le sol, il se sentit fléchir et s’évanouit en tombant sur Layne.


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Sam 03 Sep 2016, 17:39


La carcasse traînait dès lors sur le sol. Sans vie? Je ne pouvais pas encore le savoir. Pourtant, il semblait bien que sa cage thoracique ne s’élevait pas au rythme de l’air qui pénétrait dans ses poumons. En fait, le corps semblait même s’écraser, s’enfonçait dans le sol rocailleux. La bête était bel et bien morte. Et la raison me revint. La douleur transperça mon être comme un éclair. Un regard vers ma jambe suffit à comprendre la situation, après analyse du bout de viande sans vie. Je l’avais percuté de toutes mes forces, vidant mon corps de tout son air sous le coup, mais les répercussions avaient été bien plus grandes que ce que j’aurais voulu. Le corps barbelé avait bien sûr endommagé la peau de mon tibia, et une rigole sanglante coulait désormais de celle-ci. Le grattement de gorge détourna mon attention de la douleur et la voix douce de Mwayer vint effacer les influx un instant, alors que l’inquiétude remplaçait mes propres soucis. J’attrapai sa silhouette mal d’un bras, déportant le nouveau poids sur ma jambe saine, m’évitant une torture supplémentaire.

Mon visage au-dessus du sien, j’observais ses traits enfantins, m’apercevant de la sueur froide qui le faisait reluire. La situation avait dû être drainante pour lui. Je connaissais bien ce sentiment de frayeur qui nous emplit, la paralysie qui s’appropriait notre corps. Une impuissance qui nous faisait réaliser notre insignifiance dans ce monde. Et je l’avais combattu, l’avais repoussé avec une telle force. C’était un fléau qui devait affecter tout un chacun à un moment ou à un autre de leur vie. L’objectif était de transcender nos capacités actuelles et de se forger un caractère capable de percer n’importe quelle épreuve, peu importe sa difficulté. Je le savais. J’étais faible mentalement. L’estime personnelle n’était pas quelque chose que je possédais foncièrement, mais cela devenait de plus en plus matériel à mesure que mes décisions se concrétisaient sous ma détermination.

Boitant, je transportai le corps de mon compagnon Alfar vers le bas, en direction de notre campement. Cela fut plus rapide que prévu de se retrouver, le corps du petit garçon désormais aveugle n’étant plus dissimulé par le souffle de Mwayer. La magie n’étant qu’une déformation de la nature temporaire sous la volonté d’un être, lorsque l’inconscience arrivait, le contrôle disparaissait obligatoirement… Enfin, de ce que je savais. Déposant avec douceur le corps chétif dos à un rocher, j’enlevai mon manteau et lui recouvrit le corps tout en mettant une roulette de bandage sous sa tête pour ne pas qu’il soit accoté trop durement. Ensuite, je sortit un linge et l’en humidifia d’un peu d’eau tiède que je déposai sur son front, l’essuyant au préalable de sa transpiration. Il était probablement simplement épuisé par cette journée. Et je devais avouer que moi aussi, j’avais atteint mon quota. Pour une raison qui m’échappait, les efforts déployés plus tôt contre le monstre avaient complètement eu raison du reste de mon énergie, et seules mes dernières ressources avaient pu me permettre de revenir à notre abri d’origine. La jambe toujours ensanglantée, le bas du pantalon en lambeaux et se collant à ma peau, je sortis une seconde flasque et en déversai le contenu sur les multiples ouvertures, permettant de libérer le tissu de sa prison de chair et de désinfecter un peu les plaies. Un bandage fut suffisant pour finir le travail. Je roulai le bas du pantalon souillé jusqu’à la base de la patella, laissant le matériel médical blanc aux teintes rouges à l’air libre.

En camisole seulement, je m’étendis sur le sol. Le sommeil serait une bénédiction plus que souhaitable, une libération des tensions de la vie. Le dos contre la rocaille, mes yeux ne quittaient pas les étoiles, s’abreuvant de leur luminosité hésitante. Sasa vint me rejoindre, s’allongeant sur ma poitrine, se roulant en boule. Une petite pincée de chaleur dans toute cette fraîcheur.

- Ah, comme la vie a changé depuis mon départ. Je pense que c’était vraiment la bonne décision à prendre, n’est-ce pas, ma petite?

Ces mots, même s’ils ne furent que susurrés, reçurent une réponse. Un ronronnement profond. Un ronflement peut-être, en fait. Un timide sourire sur les lèvres, mes yeux se fermèrent pour la dernière fois en cette journée. Je n’avais plus la combattivité nécessaire pour rester éveillé, et la noirceur s’empara de mon être, me plongeant dans le royaume des rêves. Le lendemain matin, j’irai voir comment allaient mes deux compagnons de route.


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Mar 06 Sep 2016, 22:11

Sommeil sans rêve, rêve de friction entre colline et montagnes. Rêve d’océan sans lendemain qui rencontre l’autre, par amitié. Rencontre sans rêve si ce n’est celui, sans lendemain, de voir les gens qui la compose. Indéfiniment. Immanquablement. Æther sans rêve, Dieux des Rêves, rêve de Dieux. Dire aux Dieux combien ils disent de discipline à leur disciple pour dispenser leur dogme. Impossible, car lorsque les Dieux disent, ils ordonnent.
Sommeil ordonné, dirigé, redirigé avec la manivelle sans fin de l’orgue de barbarie. Trouer le papier ? C’est barbare. Les autres races ? Des barbares. Marre de l’orgue, marre de la barbarie juste prendre le temps de tirer la barbichette d’un Æther qui s’occupe du sommeil. S’il est là qu’il vienne mettre le désert entier dans nos yeux pour qu’ils s’endorment et prennent le temps de rembobiner leurs journées passées à regarder. Qu’ils prennent le temps de re-garder. De raffermir, de ragaillardir, de se souvenir, de finir avec son ire, sa ligne de mire-age. Pas le mirage du miroir, mais celui du désert qu’on a mis dans les yeux. En bref demander à un Dieu qui ne dort jamais de nous mettre des milliers de grains sous nos paupières pour qu’il nous force à dormir avec, dans nos yeux, entre la cornée et la cataracte autant de mirages que de grains de sable nécessaire au sommeil.
Chaque rêve est un grain de sable.

La chaleur du soleil mêlée à celle du volcan faisait suer l’Alfar endormi à grosses gouttes. Il se dégagea des couvertures de fortune dans lesquelles il était empêtré et enleva son haut qu’il déposa sur un rocher. Il sentit les rayons caresser sa peau blanche. Entendant les râles de l’enfant qui n’avait sûrement que peu dormi, il sourit calmement, lui arracha la chemise en lin qui lui servait de haut et l’utilisa pour s’essuyer le front. Etant donné que cette dernière était propre – Mwayer ayant énucléer ce jeune homme avec élégance – il la passa et profita de la sensation agréable de changer de vêtement. Son compagnon et sa chatte étaient encore endormis.

Il fut soudain prit d’une violente migraine qui le mit à genoux. Il se rappela. Par Flash. La bête. Des couteaux. La terreur. Ce rêve étrange qu’il avait fait. Puis un noir. Il s’était évanoui et Layne s’était occupé de lui, mais malgré cela, Mwayer avait conscience de quelque chose. Hier il avait échoué. Il frappa un grand coup contre le sol. Il entendit un doigt craquer et vit le sang couler du bord de sa main. Dans un élan de rage, il tendit le bras en direction de l’enfant qui geignait encore et le sang qui venait de s’écouler alla se projeter avec violence contre son visage, à la manière d’une gifle.

- Ta g*eule, toi !

L’enfant, surpris par la violence fulgurante de l’homme aux cheveux blonds se tut et baissa la tête dans un signe d’assentiment.

- Ta g*eule…
Répéta Mwayer en marmonnant.

Il ne savait pas si ses cris avaient réveillé celui qui, la nuit précédente, lui avait sauvé la vie et il espéra que non. Il ne voulait pas, alors qu’elle venait de naître, briser cette amitié à cause de sa colère. Il manquait terriblement de puissance, de clé et de solutions pour pouvoir vivre seul et rendre la pareille à Layne. Car maintenant cela aussi lui importait, qu’il règne dans cette relation une sensation d’équité, qu’aucun des deux ne doive à l’autre, pas de dominant, pas de dominé. Juste deux Alfars.
Le jeune homme s’adossa au rocher sur lequel il avait posé ses vêtements et regarda ce qui leur restait à gravir. Ce n’était plus beaucoup. Il sentait les vibrations qui venaient du plus profond de la terre. Le volcan était en train de reprendre ses droits sur le monde. Si cette éruption arrivait, le vieux avait peut-être raison, ce serait un carnage. Un magnifique carnage, car impossible à éviter. Aucun responsable, aucun coupable, juste une énorme bouche qui avait décidé de vomir la mort sur l’entier des terres du Yin et du Yang. Mwayer aurait adoré être celui qui n’avait pas empêché ce massacre, le némésis du Sauveur et du Prophète réuni, mais il avait encore trop à faire et à comprendre pour cela. Il joua machinalement, sans même bouger les mains avec e sang des yeux de l’enfant, l’empêchant de cicatriser correctement, ce qui lui arrachait de longs gémissements de douleur et le mettait parfois au seuil de l’inconscience.

- Quoi de mieux que de se réveiller avec les cris de quelqu’un de faible ? Dit-il pour qui voudrait bien l’entendre.



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Mer 07 Sep 2016, 04:45


Une nuit sans lune. Un sommeil sans rêves. Voilà une réalité bien triste qui se dévoilait à l’esprit d’une pauvre âme tourmentée. Le meurtre était une teinte bien cruelle, et pourtant bien alléchante dans son ensemble. Mais que choisir entre une voie menant à la prospérité des rencontres, ou celle plus sombre qui menait à la noirceur de l’âme? Malgré une absence de songes, la fatigue ayant fait son œuvre, l’esprit n’arrête jamais vraiment de tourner. La détresse psychologique est une chose bien tangible. Sentir que l’emprise, réelle ou imaginaire, que nous avons s’envole à son propre destin, nous laissant sans le moindre pouvoir, voilà une bien tragique histoire. La transpiration, abondante malgré les parties de mon corps découvertes, prenait peu à peu possession de la moindre once de tissu me recouvrant. Une sorte d’anxiété face à mon destin se forgeait peu à peu. Mon subconscient se rappelait, se remémorait les évènements de la journée passée. Jeune Alfar tranquille, ne s’occupant nullement de l’environnement immédiat, encore moins des gens le peuplant, je m’étais impliqué directement dans une situation potentiellement dangereuse et décisive. Décision spontanée, certes, mais la réalité se situait tout de même en ce point. Le reste de mes actions avaient suivi. Taxé mentalement et physiquement, mes limites étaient atteintes, et mon indécision comportementale me rongeait désormais. Je me savais inoffensif. Mais je ressentais ce côté sombre. Et la gueule du néant qui m’engloutit d’un coup.

Un cri s’échappa de ma gorge. Guttural. Paniqué. Mon tronc se souleva par automatisme, suivant la puissance de mon désespoir. Des gouttes de sueur volèrent dans le soleil déjà dans sa course, brillant de mille feux avant de disparaître dans le lit de pierre environnant. Vision trouble, mes cheveux, collés par nattes à mon visage, je pus tout de même apercevoir Sasa qui, couchée juste à côté, avait à peine relevée la tête. Elle avait dû quitter le nid de mon tronc pendant mon sommeil… Pressentant peut-être le trouble qui allait me frapper le matin suivant. Un bruit de gémissement attira mon attention. Je tournai la tête en balayant d’une main mon visage, ramenant mes cheveux en une seule queue que j’attachai d’un mouvement habile avec une ficelle, les laissant traîner sur mon épaule. Le gamin, orbites vides, mais rougeoyants d’un sang qui semblait encore frais, pleurnichait. Probablement sur son sort. Ou bien ressentait-il encore la douleur de ses supplices. Dans tous les cas, je m’en foutais. Et royalement à part ça. Mwayer, visiblement irrité, se tenait proche du gamin. Mon regard capta également sa main peinturée de pourpre. Ah, la frustration était un vilain défaut. Mais un bon catalyseur d’émotions.

- À ce que je vois, ta décider de partager ton fluide corporel avec lui.

Mon doigt se leva, pointant en direction du gamin. Une balafre ensanglantée dont les contours s’embrouillaient lui barrait la joue. Et ce n’était pas le sien.

- Il a fait son vilain ce matin?

Un sourire narquois. Un masque. Un mur de protection contre la terreur qui m’avait envahi plus tôt. Ignorer mon comportement paniqué et faire comme si rien n’était arrivé. Plus je faisais passer cela pour une pacotille, plus ce serait convaincant. Et je n’en entendrai plus parler. Car je ne voulais pas avoir à m’expliquer. Subir le jugement d’un autre de mes semblables. Un Alfar que je considérais désormais comme un ami. Je ne le prendrais pas.

Je me mis en petit bonhomme, levant les bras vers le ciel, les mains jointes. Je me relevai en envoyant mon bassin vers l’arrière. De multiples craquements sonores résonnèrent alors que mes vertèbres se décoinçaient et que l’air était expulsé de mes articulations. Quelle jouissance. L’habitude m’avait enseigné la vie à la dure, mais il était toujours satisfaisant de se délier après une nuit sur un sol aussi inconfortable. Je pris quelques pas, allant rechercher mon manteau qui traînait. Il vint recouvrir ma camisole détrempée. Mon bâton fut le prochain à rejoindre sa place.

- Hey garçon, t’es prêt à reprendre la route?

Je n’attendais bien sûr pas de réponse de sa part, mais je le défis de ses liens avant de l’empoigner d’une main et de la projeter sur mon épaule, sa tête pointant vers l’arrière.

- On est clair. Tu me fais la moindre embrouille, j’te casse en deux. Je suis pas d’humeur à t’entendre. Et toi Mwayer, ça va ce matin? J’me suis occupé de toi du mieux possible hier, mais… J’ai jamais eu à faire ça donc… Peut-être pas la meilleure technique que j’ai utilisée.

Mon ton avait passé d’agressif à incertain. Disons que la valeur de mes interlocuteurs ne se comparait pas du tout. Mon regard se dirigea vers le haut du volcan. La distance était moindre comparée à ce qui avait été accompli jusque-là. Suffisait de trouver l’entrée vers la bouche de l’Enfer.



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Mer 07 Sep 2016, 17:48


Mwayer ne fut pas le seul à avoir un réveil agité. Layne se réveilla en poussant un cri qui semblait sortir droit du fond de l’enfer. Il était fin, mais il avait du coffre. Ce cri tira l’Alfar adossé à son rocher des ses pensées et le fit se retourner. Son auteur ne revint pas sur la question. Il parla à son compagnon, comme si ce qui venait de se passer n’avait pas existé. L’homme aux cheveux blancs ferma les yeux et serra ses paupières le plus fort qu’il pût et les rouvrit, fronçant les sourcils et plissant les yeux en passant brutalement de la lumière au soleil. Layne le regardait et lui parlait du gamin. Naturellement. Pas de cri.

- Oui. Je ne sais pas s’il le méritait. Jamais il n’a dû toucher un pareil sang.


L’Alfar aux cheveux noirs prit le temps de narguer l’enfant, ce qui fit tout naturellement beaucoup sourire Mwayer. Cet enfant n’avait pas eu de chance. Il était faible. Il avait été capturé pour sauver le monde et surtout, il n’était pas né Alfar. C'était peut-être ce dernier point qui faisait qu'il était actuellement dans cet état-là. Mwayer prit le temps de réfléchir à l'éventualité de sacrifier un de ses confrères afin de sauver le monde et en fait cela ne le dérangea pas le moins du monde. Non pas que ce fut quelque qu'il souhaitait particulièrement, mais les faibles pouvaient au moins servir à être sacrifié dans un volcan, ce n'était pas le cas de Layne et de Mwayer qui était promis, et s'étaient promis, à de bien plus grandes choses.

- Désolé si je t’ai réveillé tout à l’heure.


Révolution. Sociale. Et. Relationnelle. C’était peut-être la première fois de sa vie, après plus de cent longs hivers à user le même corps, qu’il s’excusait, sincèrement auprès de quelqu’un. Il ne voulait pas le déranger. De fait, il régnait sur cette amitié naissante une aura de méfiance. Les deux Alfars n’avaient pas peur l’un de l’autre, ils avaient simplement toujours vécu en craignant leurs semblables et en craignant le moment où la Roue, sans rien dire à personne, change soudainement de rythme et tourne afin de vous écraser le plus fort et le plus longtemps possible. Malgré tout cela, Mwayer était désolé. Il n’avait pas réfléchi à la manière de le dire, de faire comprendre que c’était sincère, que ce n’était pas qu’une banalité, même si la phrase semblait banale, il s’était excusé. Il l'avait même fait de manière fluide, rien de forcé, rien de gênant, rien d'autre, simplement des excuses, l'acceptation de l'erreur, la reconnaissance de la raison de l'autre. Même si cela paraissait simple, cela ne l'était pas du tout, pour un Alfar, d'une part, mais encore plus pour ceux de l’engeance des deux nouveaux amis, ceux qui avaient été mis au ban ou qui s'étaient exilés.

Layne se releva, remit l’entier de ses vêtements et, sur un avertissement clair, il prit le gamin sur les épaules.

- Oui. Mieux qu’hier en tous cas. D’ailleurs, je ne crois pas avoir eu le temps de le dire, mais…merci. Je pense qu’aucun autre Alfar n’aurait fait ça. Il sourit franchement alors que son visage s’illuminait. Je pense que tu as déjà fait beaucoup, tu aurais pu me laisser au milieu du chemin et aller dormir j’aurai compris. Déjà que tu m’as…sauvé, tu es gentil de m’avoir en plus transporté.

Un temps. Mwayer avait du mal à dire tous les mots. Il reconnaissait qu’on lui avait sauvé la vie, mais il ne l’aurait dit à personne d’autre. Pourtant, son ami le méritait.

- Tu es différent, Layne. Ça me fait plaisir qu’on se connaisse.


Ils se mirent en chemin avec un bon rythme. Le garçon avait cessé de gémir. Chacun de ses sons étant ponctué par un rappel que Mwayer pouvait lui raviver la douleur qu’il ressentait dans les yeux, il avait compris qu’il valait mieux se taire. La chaleur se fit de plus en plus présente au fur et à mesure qu’ils atteignaient le sommet du volcan. Au milieu de leur route, l’Alfar se sentit obligé d’en avoir le cœur net :

- Qu’est-ce qui s’est passé ce matin ?


C’était clair, net et indiscret. C’était comme ça. Il ne savait pas s’il pouvait se le permettre où non, mais c’était chose faite.


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Jeu 08 Sep 2016, 15:13


L’atmosphère était différente de ce que j’avais vécu durant ma courte vie. Une gêne sous-jacente? Un temps de révélation qui s’élevait. La tirade de Mwayer sur le fait que j’aurais pu le laisser pourrir en plein milieu des rochers me força à montrer les dents, mes yeux se plissant un peu.

- Si je t’avais laissé traîner, est-ce que j’aurais valu la peine que tu m’appelles « ami »? Je n’ai jamais fréquenté personne. La solitude est une caresse qui m’accompagne partout où mon chemin s’arrête. Je n’ai fait que suivre ce que je pensais être la bonne chose à faire. Et pour tout te dire, moi aussi je suis agréablement surpris… de notre rencontre. Tu es le seul Alfar qui m’a accepté pour la personne que je suis… Bien sûr, tu ne connais rien, mais tu n’as pas jugé ce que je pouvais projeter.

Le soleil se faisant de plus en plus plombant, l’effet était exponentiel en concert avec la chaleur se dégageant de la terre elle-même. Le gouffre était proche. L’heure du sacrifice approchait inéluctablement. Le gamin sur mes épaules, encore bien inconscient de l’horrible sort qui l’attendait, semblait bien amorphe. La menace avait fait son œuvre. De toute façon, dans son état, il ne devait pas à s’attendre à un sort bien heureux de la part de ses geôliers. Qu’est-ce qui s’est passé ce matin? La question redoutée tomba. Sans savoir pourquoi, mon dos s’humidifia. Le corps chaud du gamin me brûlait. Le même phénomène se produisit dans mon front. Au moins, mes cheveux se tenaient toujours dans une ficelle, bien regroupée. Il avait plongé dans l’ouverture que j’avais laissée. J’avais voulu éviter d’exposer mes craintes, mes regrets, mes lacunes. Mais il semblait bien que je ne puisse me sauver toute ma vie de ce que je redoutais. S’ouvrir maintenant semblait vain. Une personne ne pouvait tout simplement pas combattre l’anxiété qui la ronge. Ces appréhensions par rapport au futur qui rongent peu à peu le fil de nos pensées. Mais c’était une phase par laquelle je devais passer en tant qu’individu pour m’amener à un seuil plus haut de ma personnalité.

- Moi qui espérais bien que tu ne relèverais pas…

Un soupir. Je sentis la fatigue déjà pesante s’abattre. Je pliai les genoux et descendis le corps du gamin au sol. Son sens de la vision affecté, il ne semblait pas sûr de son positionnement sur ses pieds, son système vestibulaire envoyant des afférences qui ne pouvaient être confirmées ou infirmées par son regard.

- Par où commencer… Tu connais les normes de la société Alfar comme nous en avons discuté hier. Tu m’as vu me dévoiler dans la pénombre de la source chaude. Tu as pu apercevoir les nombreuses marques me recouvrant, incluant celle de mon visage.

Un mouvement inconscient. Mon doigt parcourut la ligne irrégulière, partout de son origine sur le côté de la joue, sous l’œil, et la suivant jusqu’à la base de la clavicule. C’était une vraie chance que je n’aille pas perdu plus que ma fierté ce jour-là.

- J’ai toujours été rejeté par les nôtres. Et bien plus que simplement du dénigrement. Mon ascendance est une terrible génétique. Mes géniteurs ne savaient même pas utiliser la magie. Je suis dans la même situation qu’eux, je dois l’avouer, mais je compense en recherchant la puissance physique.

Mon regard se porta sur mes paumes. Des cals recouvraient la majorité de mes intersections articulaires au niveau des métacarpes. La rigueur et la discipline avaient son lot d’inconvénients, mais les résultats ne mentaient pas.

- Mais je me suis toujours dit que je prouverais à tous ceux qui m’ont persécuté que c’était une erreur. Une erreur qu’ils regretteraient amèrement un jour. Mon esprit n’a pas oublié leurs visages. Je connais le quartier où ils habitent. Il ne me reste plus qu’à devenir encore plus fort. À devenir un meilleur Alfar. Mais dans un coin de mon cœur… Je sens que l’obscurité est… Omniprésente. S’arrêter simplement à ceux qui m’ont forgé dans la solitude, ce n’est pas assez. Je ressens cette compulsion de meurtre. Une envie de sentir le pouvoir d’avoir entre mes mains le destin des autres. De les faire sentir tout petit, puis de les écraser dans ma poigne, comme des insectes.

Je ne pouvais pas le regarder en face. Délibérément pointer vers le sol, gardant un œil sur le môme qui s’était résigné à s’asseoir, ne se sentant pas en sécurité dans sa nouvelle condition de cécité, je continuais à déverser mon flot.

- Et pourtant, je sais que je ne suis pas cette personne en ce moment. La personne qui se cache aux tréfonds de mon être ne demande qu’à sortir, mais je ne pense pas… Enfin bon. Disons que cette personnalité est la résilience de mon être face à l’accident subi.

Immobile, je me sentais enfin prêt à affronter son expression. Il fallait que je vois ce que mes paroles avaient créé en lui. Ce que je verrais me briserait peut-être. Ou bien peut-être serait-ce un apaisement à mes souffrances.


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Lun 26 Sep 2016, 22:02

Nul besoin de réponse, Layne avait raison et c’était une évidence. Il n’aurait pu se targuer de l’appeler ami s’il l’avait laissé mourir sans se poser plus de questions. LA réaction de l’Alfar montre bien à Mwayer que lui aussi avait de grands pas à faire dans le monde afin que les relations sociales deviennent ses alliées ; il aurait grandement besoin d’elles, il le savait. Plus il avancerait dans ce monde, plus il lui faudrait dompter les gens qui se trouvait autour de lui, que ce soit en asseyant sur eux sa domination par la force ou simplement en les mettant dans de bonnes dispostitions. Il ne savait pas encore faire tout cela, mais il savait que ce n’était pas ce qui était en train d’arriver avec son compagnon. Sans mot dire, il écouta donc ce que dit Layne et s’excusa en silence, par un simple hochement de tête.

Et les vitres se brisaient encore. Quel phénomène complexe. Plus la conversation avançait, plus les barrières tombaient et la question que venait de poser celui qui ne portait pas le sacrifice avait achevé de détruire la dernière barrière à grands coups de massue. Puis, vint le temps des confidences. La réponse était là. Layne avait été une victime des affres de la société de leur race commune, il avait souffert bien plus que du simple regard des autres, il avait appremment souffert de leurs épines, de leurs lames et de leur envie malsaine et conditionnée de faire comprendre aux plus faibles qu’ils allaient le rester, à défaut d’y rester.

Au fur et à mesure qu’il racontait son histoire, il la parcourait avec ses doigts également. Chaque cicatrice devant alors retracer quelque chose de particulier, mais la plus vive de toutes, celle qui n’avait pas encore assimilé la couleur de la peau claire de l’interlocuteur de Mwayer devait être celle qui concernait sa magie. L’Alfar savait que sans elle, il serait mort à l’heure actuelle, il avait su commencer à communier avec elle, mais la famille de Layne n’avait jamais pu. C’était donc ça, ce regard impressionné à l’usage des ronces, ces demandes tacites pour qu’il n’ait pas à utiliser ses dons, jamais il n’avait rencontré quelqu’un comme ça et il en fut relativement décontenancé. En réalité, cela ne le dérangeait pas, mais il ressentait la candide curiosité de l’inconnu, de la chose qu’on n’avait jamais imaginée. Or, il eut la décence de ne pas le montrer, son regard regardait les yeux de son ami fuir entre les roches du sol et le gamin aveugle qui avait été posé sur le chemin.

Le récit était terminé. Mwayer prit le temps de digérer ces informations. Ce n’était pas grave, ce n’était pas anodin. Il ne se réjouissait pas, en fait, il ressentait à la fois de la peine et de l’admiration. Lui n’aurait pas survécu sans la magie, son ami le faisait tous les jours. Lui ne recherchait pas la force physique, son ami le faisait tous les jours, lui avait eu de la chance, son ami avait du mérite. C’était le mot qui restait, la réminiscence, Layne avait du mérite. Il ne cherche pas à contrôler les traits de son visage et il releva les yeux. Il ne pouvait le voir, mais affichait un léger sourire bienveillant. Ses yeux, légèrement plissés, permettaient de faire la différence entre le mépris et le soutien et lorsqu’il croisa le regard de Layne, Mwayer sentit quelque chose lui parcourir le ventre, quelque chose qui ne lui arrivait plus, qu’il croyait avoir enterré depuis longtemps. De l’empathie.

Il chercha dans sa poche un morceau de papier chiffonné et traça dessus, avec son pinceau trempé dans un petit flacon d’encre enchâssé dans une bague qu’il venait de passer autour de son doigt, un petit cercle. Le temps d’ajouter quelques ombres avec des traits grossiers et sur la feuille se trouvait un magnifique caillou, ou une pièce, ou autre chose de rond. Il ne savait pas si l’objet apparaissait en fonction de l’intention du souffleur ou du dessinateur, mais cela n’avait pas d’importance. Il lui mit le papier dans une poche.

- J’ai dû souffler plusieurs dizaines d’années jusqu’à faire apparaître des objets difformes qui restaient dans ma main quelques secondes. Puis ils se transformaient en poussière. Quand tu en auras envie, quand tu te te sentiras prêt, ou non, il te suffira de souffler sur ce dessin. Si ça rate, il faudra réessayer, si ça marche, tu auras fait de la magie.


Il prit le temps de réfléchir à la manière dont cette dernière venait à lui lorsqu’il en avait besoin et tenta d’y mettre des mots :

- L’instinct. Je crois que c’est une question d’instinct. Ton instinct te fait agir grâce à tes muscles et te permet de faire des choses que je ne croyais pas possible. Le mien fait pareil, différemment.

Un temps.

- En tous les cas, Layne, tu restes un Alfar et tu en seras un grand.


Il rit doucement, pour approuver ce qu’il venait de dire et se mit en marche pour les dernières centaines de mètres. La chaleur de la gueule du volcan faisait coller leurs vêtements sur leur peau et Mwayer avait extrêmement envie de partir d’ici. Au bout de quelques dizaines de mètres, il put voir apparaître, en même temps qu’un grondement secouait les entrailles du volcan, un homme d’imposante stature au bout du chemin.

- Je crois qu’on nous attend. A nous deux, on va se le faire !


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Ven 30 Sep 2016, 22:06



Ma main attrapa le bout de papier en l’observant avec une curiosité grandissante. Je savais que cette magie était héréditaire. Propre à la race alfare. Tous les elfes noirs étaient en mesure de produire à une certaine échelle cette mise en vie de l’inanimé. Mais moi non. Et pourtant, l’envie me prie de souffler. De mettre toute ma rage, toutes mes peurs et mes angoisses. Tout de moi dans ce souffle, et de faire prendre forme à cette couche d’encre. Et pourtant une boule restait. Énorme, étouffante, elle me bloquait la gorge. Une anxiété. Une envie de performance qui se transformait en barrière pour me protéger de la déception de l’échec. J’acceptai sa présence. J’embrassai la défaite pour cette fois. Je savais que mon tour viendrait. Je pliai en deux, puis en quatre la trame avant de la ranger soigneusement dans ma poche intérieure de manteau. Ses paroles me réchauffèrent un peu, ajoutant un peu plus de transpiration à ma camisole. Mais je ne dis rien. Je n’avais plus rien à ajouter. Je m’étais ouvert. J’avais eu une réaction que je n’aurais jamais imaginée, son sourire sincère gravé dans ma mémoire. J’étais heureux de ce dénouement. Mais pas trop souvent. Garder pour soi certaines choses restait la base de ma survie.

Je suivis sa progression, remettant le petit sur mon épaule, le traînant comme un sac. L’entrée de sa dernière heure se trouvait si proche. À peine une centaine de mètres en montant. Mais bien sûr les ennuis ne pouvaient pas s’être envolés comme ça. Je portai le regard vers le haut au commentaire de Mwayer pour apercevoir le colosse se dressant la caverne. De loin il paraissait énorme. Plus grand que moi. Plus large que moi. Ce n’était pas une bonne nouvelle. Je décidai de continuer le chemin avec mon fardeau, ne désirant pas nécessairement avoir à revenir le chercher après s’être débarrassé de ce qui semblait être l’adversaire final avant d’accomplir le sacrifice tant désiré. Il était amusant de penser que toute cette aventure avait pris son départ sur les paroles d’un vieil homme atteint de cécité et dont la santé mentale semblait beaucoup plus qu’instable. Mais sa disparition, pour ne pas dire sa volatilisation, avait mis un tout autre sens à ses paroles.

- Ouais, on va voir ce qu’il veut… J’suis pas d’humeur à me faire retarder encore plus longtemps.

Je continuai à monter, tenant mon bâton dans une main. Plus nous approchions, plus je voyais l’énorme pièce d’homme se définir. Les dents à l’air, il portait une épaisse barbe s’arrêtant au milieu d’un torse dénudé et bien défini. Ses bras, probablement aussi gros que les jambes de mon compagnon, saillaient au moindre de ses mouvements. Terrifiant. Et ma vision ne m’avait pas menti. Il me dépassait d’une bonne tête. Il devait faire dans les 230 centimètres. Un colosse comme il était rare d’en voir. Pourtant, il ne semblait pas armé.

- Je vois que la mission que je vous ai confiée a déjà bien avancé. J’imagine que le p’tit bonhomme sur ton épaule, c’est le sacrifice?

Éberlué, je le dévisageai, essayant de voir en lui quelque chose de familier. Rien. Même sa voix m’était un inconnu, une noirceur totale. Mais alors… S’il était celui qui nous avait demandé de venir ici, il était le vieillard…

- Tu le reconnais? Moi j’vois rien de bien… Familier.

La question était dirigée vers mon compagnon à la chevelure de neige. Le géant éclata d’un rire gras avant de se tourner d’un bloc et de prendre une énorme enjambée l’amenant dans l’entrée du volcan.

- Venez avec moi. Il est temps de finir ce qui a été commencé.

Un ton sérieux. Un ton qui ne laissait pas à la discussion. Je pris donc sa cadence, gardant une distance respectable entre son énorme dos découpé et ma propre personne. Un réflexe de protection. Il fallait suivre son instinct que Mwayer avait dit. C’est ce que je faisais.

- Je comprends plus rien… Toi, qu’est-ce que tu penses de ça?

Ma question s’envola en écho dans la large salle dans laquelle nous débouchâment. La chaleur était étouffante. Les parois avaient été gravées de mains humanoïdes. La nature n’aurait pu faire ce spectacle. Une large salle circulaire, avec en son centre un énorme trou avec un rougeoiement constant l’éclairant. La lave était juste sous nos pieds. Sept individus encapuchonnés se tenaient dans les coins. Immobiles. Ils semblaient attendre un signal quelconque, mais savoir lequel était une peine perdue. Le colosse s’arrête devant l’ouverture vers les Enfers et se retourna avec un large sourire, son visage coloré par la lumière du magma.

- Mes amis. Le sacrifice va pouvoir être complété grâce à vous. Nous avions besoin de votre présence en ces lieux. Vous pouvez déposer l’enfant. Puis attendez votre tour. Vous aurez notre gratitude…

Je n’aimais pas l’intonation dans sa voix. Trop mielleuse. Il cachait un secret. Je lâchai l’enfant en le déposant en position assise au sol. Il était beaucoup trop silencieux. Il pressentait la suite des choses avec nos paroles. Je rangeai mon bâton dans mon dos et me déplaçai pour me retrouver épaule contre épaule avec mon ami. Mes mains glissèrent sur mes couteaux dissimulés et je les sortis de leurs étuis, tout en les laissant cachés.

- J’aime pas ce qui se passe ici. Tiens-toi sur tes gardes.

Ce n’était pas plus qu’un murmure. Je me déplaçai ensuite pour me retrouver dos à mon ami. Mon regard ne quittait pas les cinq silhouettes encapuchonnées se trouvant dans mon champ de vision.


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Mar 04 Oct 2016, 00:17

Le vieil homme avait un air familier. Il semblait par ailleurs connaître les deux Alfars qui terminaient, en sueur, de gravir le volcan. Rarement Mwayer n’avait vu un homme aussi grand et imposant, il lui évoquait la bête qu’ils avaient terrassés. Les deux possédeaient ce quelque chose de surnaturel qui mettait l’Alfar mal à l’aise.

Ils n’eurent alors pas le choix de lui emboîter le pas. Les deux êtres minuscules avançaient derrière le colosse et la question de Layne força celui qui avait tenté de lui apprendre la magie à considérer le géant dans son être. Il réfléchit un instant et cela lui sauta aux yeux. Les traits du visage étaient les mêmes, la démarche était, quoique plus assurée, la même.

- C’est lui. C’est le vieux d’en bas.


Sa voix avait failli se briser, il sentait le danger ambiant, il n’aurait pas le temps de faire grand chose, ils devaient être attentifs. Après tout, peut-être que le vieillard ne leur voulait que du bien et souhaitait un sacrifice pour sauver le monde et tout ce qui s’en suivait. Alors qu’ils marchaient d’un pas décidé, Layne commençait également à paniquer :

- Honnêtement j’en sais rien. Mais…je lui fais pas confiance, s’il le veut, il nous tue en un coup de poing.


Le gamin qui était juste devant son ami commençait également à paniquer, il tentait de ne pas le montrer, mais son raisonnement devenait moins intelligible. Il maintenait à garder un peu de son attention autour de lui, or il était prêt, à n’importe quel moment, à fuir s’il le fallait. Il ne se rendit d’ailleurs pas compte que la réponse venait d’être donnée dans une immense salle à la chaleur atroce. Le vieux ne transpirait quasiment pas, il riait légèrement parfois lorsque les deux hommes disaient des choses concernant leur potentielle fuite.

Le visage de l’homme était inquiétant, les sept disciples s’avancèrent et formèrent, dos à nous, un arc de cercle qui regardait la bouche de l’enfer. Tous se mirent à s’élever légèrement du sol et leurs habits prirent feu alors que le vieux s’était agenouillé et attendait, tenant à bout de bras l’enfant qui avait été amené. Les habits brûlés révélèrent le corps de sept personnes, Mwayer n’arrivait pas à dire s’ils étaient hommes, femmes ou autre chose. Au fur et à mesure que les sept s’élevaient dans la grotte, une clameur semblait monter des enfers et la lave faisait parfois jaillir des gouttes de son sang sur le corps du géant qui ne bronchait pas. Chaque goutte semblait pénétrer en lui et le rendre plus grand de quelques centimètres. Après plusieurs minutes pendant lesquelles il ne se passa rien de plus, les sept étaient alors à plus de vingt centimètres du sol, le presque-cadavre fut jeté d’un coup sec dans le volcan. Il n’eut pas le temps de crier ou de comprendre. Depuis quelques heures, il devait être dans un état léthargique dû à ses yeux. Une fois que le volcan avait avalé son sacrifice sans un bruit, les sept se retournèrent d’un seul mouvement vers les Alfars. Ils étaient tous androgynes et avaient la peau marquée de cicatrices de brûlures. Leur peau était rougies, ils ne transpiraient pas non plus. Leurs yeux étaient, littéralement, composés de flammes. Le vieux se releva tranquillement et se mit derrière le groupe qui volait encore. Il sourit. Son sourire était inquiétant, des flammes apparaissaient et disparaissaient sur sa peau qui luisait sous la lumière rougeâtre de la caverne. Il ne fit rien, du moins, il ne sembla rien faire, mais sans crier gare, les sept disciples avancèrent vers eux tout en prenant feu. Ils ne semblaient pas sentir la douleur.

Sans prendre le temps de réfléchir plus, Mwayer fit sortir des fentes du sol de longues fleurs qui semblaient déjà fânées. Elles avaient plusieurs épines sur leur tige et semblait vivantes dans la manière par laquelle elle ondulait. Un des encapuchonné qui leur arrivait dessus ne put l’empêcher et s’empala sur une des épines, mais le feu qu’il véhiculait ne tarda pas à avoir raison de lui. Mwayer sourit, ils saignaient. Il fit se lever le sang et il le fit aller aléatoirement entre les disciples pour les perturber. Derrière, le vieux semblait les considérer.

- Layne, il va falloir qu’on se taille !


Il ne regarda pas son ami qui était dans son dos, il devait sûrement avoir commencé lui aussi son travail. Ils jouaient maintenant leur vie.

- On s’est promis de se retrouver à Drosera, on doit survivre !


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Mauvais présage [Quête - Mwayer Leït]

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