-23%
Le deal à ne pas rater :
(Adhérents Fnac) Kit de démarrage 3 ampoules connectées Philips ...
99.99 € 129.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Meurtre en pleine mer [ft. Reddas | Lilith A.]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Dim 18 Sep 2016, 17:36


Meurtre en pleine mer

La fuite de Pabamiel s’était déroulée dans des conditions catastrophiques… Cette halte imprévue n’avait finalement été qu’une source de déceptions et d’horreurs. D’une escale destinée à une transaction, cette dernière avait abouti tout d’abord à la découverte d’une île en pleine festivité. Tout était alors de bon augure… Quoique les premiers pas au sein de la cité ne furent pas les plus heureux… Accompagnée de Reddas, la rencontre avec Wriir fut explosive… Loin de ce qu’elle aurait pu imaginer, la rouquine tentait d’évacuer ce souvenir qui demeurait encore maintenant plus qu’amer. Ce n’était pourtant que le début des réjouissances… La rencontre du fameux Miles avec lequel elle entretenait une correspondance n’avait pu être que furtive.. Une guerre de religion s’était alors imposée au sein même de la cité, décimant les pro-aetheri à tour de bras. Si, l’élimination de tels partisans ne la dérangeait pas… Perdre ses hommes qui ne soutenaient pas ses propres croyances dans de telles circonstances ne faisaient évidemment pas parti de ses projets…

La route reprenait vers le continent dévasté. Cette fois, aucune halte n’était prévue… L’humeur à bord du Libertad demeurait exécrable… Beaucoup de pertes étaient à nouveau à dénombrer.
Assise sur le bastingage, la capitaine regardait le large, la mâchoire serrée. Le second, Tsakiel, vient alors à ses côtés.

- Eh bien alors, tu t’isoles ?

- Je suis sur le pont, pas dans ma cabine, non ? Tu parles d’un isolement..
- Ouais… t’es pas non plus au milieu des hommes.

Exaspérée, la rouquine poussa un soupir significatif.

- Tu ferais mieux d’aller rejoindre Kalan et Az pour soigner les blessés… Ca t’évitera de dire des c*nn*ries.
- Ca, je ne sais pas gérer. Ce n’est pas dans mes attributions.

La rouquine leva la tête vers lui, le regard sombre.

- Ca va, je plaisante. Je pensais que tu avais un meilleur sens de l’humour.
- C’est fou ce que tu te sens concerné par les pertes du Libertad… C’est… désespérant…

Un léger sourire se dessina sur les traits de la rouquine. Ces derniers temps devenaient particulièrement dur pour l’équipage.. Depuis la mutinerie… Reprendre le dessus et traverser cette épreuve s’avérait de plus en plus complexe.. Ce n’était sans doute plus que la haine qu’elle attisait contre Rain qui permettait de maintenir une unité dans les rangs… Ce nouvel écrémage risquait de les fragiliser davantage.

- Will est toujours dans un état critique, mais il devrait s’en sortir. Le décompte devrait donc aboutir à la perte de neuf hommes…

Après un nouveau coup d’œil sur les ondes, Lilith acquiesça d’un signe de tête.

- Ouais… Je sais… J’ai pas attendu que tu viennes me faire un rapport pour savoir.
- D’ailleurs, en parlant de rapport… Tu sais que ton invité est toujours là ?

La rouquine arqua un sourcil en l’écoutant, et lui adressa un sourire, légèrement moqueur.

- Mon invité…

Le vampire s’en était donc sorti également… La purge qui avait eu lieu ne lui avait laissé que peu de temps pour se poser à froid, et la rouquine n’avait pas eu l’occasion de le revoir depuis.

- Il s’est passé quoi ? Tu es revenu avec ?
- Il n’a pas la langue coupée, je pense qu’il pourra t’expliquer mieux que moi comment il a fait pour être regagner le Libertad.

Blasée, Lilith haussa les épaules.

- T’as vraiment un humour de m*rde…

Tsakiel se mit à sourire, amusé et assumant pleinement ses propos.

- Quoiqu’il en soit, il est dans ta cabine.
- Mouais.. Mêle-toi de tes affaires… Et va t’occuper des blessés. Maintenant c’est dans tes attributions..

Après un sourire légèrement moqueur, la capitaine quitta le pont pour se diriger vers sa cabine, non sans faire un large détour par les cales et s’assurer de l’état de santé de son équipage, n’ignorant pas qu’il aurait été malvenu qu’elle ne leur accorde pas la priorité avant de rendre visite à leur compagnon temporaire. L’expérience traumatisante qu’ils venaient tous de vivre pour la plupart restait dans les esprits, et l’ambiance demeurait lourde. Les abordages étaient fréquents, les hécatombes régulières… L’excitation de tirer profit de la situation aurait pu naître au sein de chacun des pirates… Pourtant, rapidement même les partisans du dieu-roi du Libertad avaient dû reconnaître leurs limites et se ruer vers le galion pour ne pas perdre tous leurs acolytes.
La mise au point effectuée, la rouquine rejoignit enfin sa cabine. Celle-ci n’était que faiblement éclairée, et la curiosité de revoir le vampire depuis leur dernier échange plus ou moins virulent se manifestait.

- Reddas ?


©gotheim pour epicode


Post 1 | 854 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 20 Sep 2016, 22:54

Damné soit cet interlude à Pabamiel. Moi qui me targuais d'être un fier chasseur, je n'avais guère endossé meilleur rôle que celui de la proie fugitive. Acculé et blessé, j'avais survécu inopinément, de la bonne grâce des Aetheri, en procédant à une percée jusqu'au port. Dans la précipitation et l'agitation, j'avais estimé instinctivement que mon unique espoir de salut résidait au travers d'une fuite maritime. L'intervention de Tsakiel sur les quais s'était révélée aussi fortuite qu'inespérée : un embarquement en vitesse, en toute discrétion, m'avait permis de m'éclipser des yeux de mes bourreaux. Je m'étais alors hâté en direction de la cabine de mon hôte présumée ; le lit devint témoin de mon écroulement de fatigue cumulé à mes multiples blessures et contusions. Je n'avais souvenance de l'écoulement des événements qui s'ensuivirent : mes sens se brouillèrent, le vertige eut raison de ma conscience, et je m'étais évanoui sans crier gare. Bénédiction ou infortune : à mon émergence, le navire avait pris le large. Le remous des vagues ne trompait guère, tout comme l'agitation émanant du pont. Doucement, je me relevai, constatant être encore en vie. Affaibli, mais vivant, du moins, autant que la condition de vampire le permettait.

Je me redressai et m'étirai machinalement. Une vive crampe à proximité de l'estomac m'envahit. Mes blessures à l'abdomen demeuraient fraîches. Découvrant mon torse, une vague et lointaine réminiscence ressurgit dans mon esprit. Dans l'urgence et sous l'effet de l'adrénaline, j'étais parvenu à improviser un garrot bancal, me prémunissant de toute hémorragie. J'avais ainsi échappé de justesse au trépas, mais m'en retrouvai néanmoins infirmé. Point de pavane, point d’extravagante exhibition, la commotion abdominale me lancinait désagréablement. Assurément, il me fallait récupérer. La traversée – si elle était toujours de mise – tombait telle une aubaine. Nul déplacement nécessité, nul effort particulier à soumettre… à la condition cependant que Lilith m'épargnât de ses lubies d'abordage. Au vue de ce que je venais de subir, toute participation à de tels arraisonnages s'ancrait aux confins des possibles concevables de mon esprit. Naturellement, cette évocation suffit à donner naissance à de déplaisantes pensées. Se pouvait-il qu'elle cherchât à m'évincer si elle réalisait que j'étais toujours à bord ? Si tel était le cas, je devais élire quelque cachette en prévention de son retour.

Quelles opportunités s'offraient à un infirme de mon acabit ? Je regrettais presque de m'être raillé de l'aveugle de tantôt. Ma condition n'était guère plus enviable que celle du boiteux. Je le constatai à la peine que j'eus pour m'ôter du lit. Le moindre pas se révélait insupportable. Je dus me rendre à l'évidence : si l'Orisha décidait de me pourchasser, la course-poursuite tiendrait principalement du simulacre. Je retournai subséquemment sur la couche. Hormis un ménagement de mes ressources, nul choix ne m'apparut raisonnable.

Le temps s'écoula quelque peu. En dépit de ma frustration, je parvins à refouler et calmer mon exaspération. On vint alors troubler mon semblant de quiétude : une voix familière m'interpella. La capitaine était de retour, ayant vraisemblablement pris conscience de mon existence. Le constat demeurait inchangé : quoique je pusse espérer, la conclusion s'avérait inéluctable. J'abhorrai ce fatalisme, mais dus m'y résoudre, du moins partiellement. Ma chaîne cloutée était toujours là, sur le lit, à mes côtés. Assis sur la couverture, je la glissai soigneusement derrière mon dos. Qu'espérais-je exactement ? Rien de bien précis. Sans doute cela me rassurait-il de ne point me sentir dépourvu d'options. Il n'y avait rien de plus incommode que de s'apparenter au lapin tapis au fond d'un terrier investi par le renard. Je voulus grincer des dents mais m'en abstins, préférant claquer ma langue afin d'initier ma réponse.

 « Oui, entre. »

J'étais invité, mais mandai l'ordre. L'ironie. Je ne tolérais que difficilement qu'une situation échappât à mon contrôle sans mon consentement. Ce cas de figure en faisait partie. J'observai attentivement l'Orisha pénétrant dans la pièce, non sans une certaine défiance. Qu'elle constatât d'elle-même les conséquences de sa halte – j'établirais ainsi si elles étaient voulues ou malheureuses. J'assumai difficilement le jeu de la complaisance, eût égard de ma blessure. Brisant la glace, j'attaquai d'emblée pour statuer.

 « Je ne puis affirmer qu'il s'agissait-là d'une fort plaisante halte. Ce genre d'inconvenances faisait-il partie du programme escompté des festivités, ou étais-tu totalement étrangère à ces manigances ? »

La raison peinait à me faire croire que la pirate s'adonnerait à tant de mal pour m'exécuter. En contrepartie, je ne pouvais refréner l'expression corporelle de la douleur. Celle-ci ne se contentait point d'embrouiller mes sens ; elle affectait ma sympathie. Mes yeux croisèrent les siens sans se dérober.
832 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 22 Sep 2016, 22:23


Meurtre en pleine mer

« Oui, entre ».
Lilith arqua un sourcil et pénétra dans sa cabine. Le vampire se croyait-il à ce point chez lui pour se permettre de se présenter comme le maître à bord ? La plaisanterie, s’il s’avérait qu’elle en était bien une, ne rencontrait qu’un succès modéré voire nul auprès de la capitaine. Elle n’eut cependant l’occasion de répliquer quoi que ce soit que d’ores et déjà, Reddas entreprit de la prendre à partie sur l’aventure fort déplaisante qu’ils venaient de vivre. Les blessures apparentes de ce dernier, la mimique qu’il affichait à présent traduisait sans doute une partie des dégâts subis par ce dernier.
Si Lilith fut vexée dans un premier temps par l’arrogance déplacée de son invité, un sourire moqueur se ficha sur son visage bien rapidement. D’un pas souple, la pirate se dirigea vers la couche du chasseur, les bras croisés contre sa poitrine.

- Eh bien, mon lapin ? On a mal dormi ? Tu nous fais un caprice sur tes conditions de voyage ?

A peine arrivée à sa proximité, les chaines refirent leur apparition pour clouer le vampire sur son lit et l’empêcher de bouger, si l’idée aussi hasardeuse que mauvaise lui prenait de tenter de récupérer son arme.

- A moins que tu ne te sentes si bien que tu te considères ici chez toi pour m’offrir ainsi l’hospitalité dans ma propre cabine ? Peut-être souhaites-tu que je te rafraîchisse la mémoire et que nous descendions aux cales…

Naturellement, elle usait de son charme alors qu’elle se mit à califourchon sur ce dernier, profitant de son immobilité temporaire, et laissa sa main effleurer son torse dénudé, longeant le bandage hasardeux. Ses yeux vairons demeuraient plantés dans ceux du vampire tandis qu’elle continuait son argumentaire en se penchant lascivement sur son invité pour se plaquer contre lui.

- D’ailleurs… ce ne serait pas une si mauvaise idée en soit… Tu pourras faire connaissance avec certains de mes hommes qui sont descendus également à Pabamiel… Et constater que tu jouis nettement d’un traitement de faveur en bénéficiant de soins dans un lit confortable, à l’abri de toute trace d’humidité et d’infection.


Quoiqu’il en soit… Un vampire… Quelle maladie pouvait-il craindre ? peut-être simplement cela aurait pu prolonger un état de souffrance inutile. Et puis, s’il souhaitait vraiment quitter son giron… Qu’il profite dans ce cas d’une compagnie bien plus virile à sa convenance, et qu’il constate surtout de ses yeux l’ineptie de ses propos. Les caresses sur torse devinrent plus prononcées alors qu’elle se pencha à son oreille pour juste souffler quelques mots.

- Au risque de te décevoir, mon très cher ami… Tu n’as pas encore suffisamment d’importance pour que je risque la vie de mes hommes dans le seul but de te toucher, toi.

Son sourire taquin s’accentua sur ses lèvres alors qu’elle se pressa davantage contre lui.

- Surtout que ça … Je sais parfaitement le faire moi-même… Et je vais même t’avouer une chose…

Ses doigts descendirent sur son pansement et pressèrent légèrement sa plaie afin d’attiser un peu sa douleur, sans doute pour rappeler la position supérieure qu’elle occupait à cet instant.

- Je n’aurais pas délégué une telle tâche….

Ses crocs se plantèrent dans son cou inversant les rôles à son tour. Si Reddas se prenait pour son hôte, elle agissait alors en vampire. Satisfaite, la rouquine se redressa alors, mettant un terme à cette proximité soudaine qu’elle avait instaurée.

- Alors, chaton, tu as encore des remontrances à me faire à ce sujet ou nous pouvons clore le débat ? C’est pas que je sois susceptible, mais nous risquons d’avoir un nouveau sujet de discorde..

Le premier n’en était pas tout à fait un, mais pour autant, l’Orisha ne pouvait ignorer les réflexions de Wriir à l’égard de Reddas, et ce dernier aurait pu éventuellement y trouver quelque chose à y redire. Quoiqu’au milieu des mers, une objection virulente aurait été particulièrement stupide. Ses yeux se portèrent sur la blessure pansée à son abdomen.

- Mais je te déconseille de me demander de te soigner… Ma délicatesse est loin d’être légendaire…




©gotheim pour epicode


Post 2 | 790 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Sam 24 Sep 2016, 14:35

La douleur et le ressentiment embrumèrent mes pensées. Comment avais-je pu espérer dompter une capitaine pirate sur son propre navire, de surcroît dans ma condition précaire ? L’heure se révéla malheureusement tardive pour toute rétraction. A peine après avoir pénétré dans sa cabine, Lilith me cloua littéralement sur place non sans afficher un sourire moqueur. Le caractère railleur qu’elle adopta revêtit bien prestement une importance secondaire à mes yeux ; les chaînes qu’elle déploya comme pour souligner que je demeurais son captif si elle le désirait retinrent quant à elles toute mon attention. Damnées fût cette magie qui conférait un ascendant modulable à souhait au bon vouloir de mon « hôte » ! Mes réflexes m’incitèrent naturellement à me débattre pour me défaire de mes liens tout en sachant que l’entreprise se révélât vaine. Non sans afficher un regard aussi furieux qu’insulté, j’observai l’Orisha me chevaucher à son aisance, scandant une répartie aussi caustique que sarcastique. Subir son récital sans le moindre levier pour la contrer s’avéra fort contrariant. La pirate ne manqua point de souligner la « chance » que je possédais à loger dans pareils quartiers, pour subséquemment m’inviter à ne point en abuser sous le joug de la menace. Pire encore, elle me fit remarquer, à juste titre, ne disposer de nul intérêt à sacrifier ses hommes pour m’assassiner. De sa possessivité, elle m’assura ne léguer cet acte à personne, accentuant ma douleur au travers d’une morsure ou d’une compression de ma plaie.

Je me cambrai. L’exercice malsain de sa domination m’arracha une grimace et un cri étouffé. J’eus beau chercher à gesticuler – rien n’y fit. D’une part, j’aggravais mon état en sollicitant inutilement mon corps endolori. D’autre part, qu’adviendrait-il quand bien même parviendrais-je miraculeusement à briser mon entrave ? L’art du combat n’était guère inconnu à la pirate – j’en avais témoigné fort récemment – et ma forme actuelle me pénaliserait immanquablement dans un duel. Frustré et contrit, j’expectorai un soupir d’abandon tout en me rendant à l’évidence : toute lutte se révélait futile et inadéquate. La maigre once de fierté qui subsistait me poussa à l’affronter du regard. Et ensuite ? Ensuite vint le temps de l’acceptation, de l’admission de ma soumission, une tâche fort désagréable mais néanmoins nécessaire à ma libération. Que répliquer après pareille humiliation ? Je ne comptais assurément point m’excuser. Mes blessures lui étaient, quoiqu’elle pût avancer, imputées à sa décision, son escale. L’absence de toute sincérité dans mes propos serait source de préjudice. J’optai cependant pour une pointe d’ironie que je jugeai appropriée pour conférer un nouvel angle à la discussion sans m’embourber dans l’embarras du regret.  « A minima, je trépasserai entre de plaisantes mains. » J’hésitai à employer le terme « délicate », mais mon abdomen contesta vivement ce qualificatif. Du reste, je n’envisageais nullement, quand bien même l’aurait-elle proposé, d’accepter de quelconques soins en provenance de Lilith. Je surenchéris à ce sujet sur un ton équivalent.  « Tout soin que tu proposerais serait suspicieux. J’y verrais-là un signe précurseur d’empoisonnement. » Parvenais-je de la sorte à remonter la pente ? Seule Lilith le savait et en jugeait. Je demeurais, pour l’heure, un pion sur lequel elle exerçait le contrôle qui lui seyait.

En outre, j’ignorais toujours l’objet de sa visite. Était-elle venue s’enquérir de mon état ou possédait-elle un objectif distinct, perturbé par ma contrariété ? Mon statut de prisonnier se faisait graduellement irritant. Peut-être devais-je lui demander d’en venir au fait ? Elle me reprocherait assurément de ne pas savoir où se situait ma place, mais qu’importait ? Une réprimande supplémentaire m’était bien égal.  « Cependant, si tu n’es point venue ici dans l’optique de m’administrer des soins, puis-je en connaître la raison ? » Je me gardais de surenchérir outrancièrement. Ma vexation perdurait indéniablement et risquait de résonner dans mon discours si celui-ci se prolongeait. Un air faux m’était tout sauf profitable. Je me languissais cependant d’une perspective de libération. Mon impatience se manifesta doucement. J’en vins à admettre ce que Lilith souhaitait supposément entendre, espérant en tirer les bénéfices.  « J’ai retenu la leçon. Pourrais-tu, s’il te plaît me laisser jouir de la liberté de mes poignets ? J’ai bien peur que mon corps ne se soit point totalement remis de notre escale. » En témoignait ma blessure non cicatrisée que la pirate avait pris plaisir à titiller. Je n’avais nul besoin de le lui rappeler plus expressément. L’accent mis sur la formule de politesse traduisait toutefois, envers et contre tout, mon présent état d’esprit.
738 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 28 Sep 2016, 19:27


Meurtre en pleine mer

Si elle s’était bien rendue dans sa cabine dans l’optique de se changer les idées, et d’échanger avec le vampire dans un climat plus serein qu’à Pabamiel, pour rien au monde Lilith ne l’aurait à présent reconnu. Ce dernier semblait plus que fier, et, en termes d’arrogance, la rouquine ne comptait pas mettre ce travers présent chez elle également de côté. Aussi, elle s’amusa ouvertement de la domination qu’elle ne manquait d’exercer sur son invité désormais prisonnier, et, lorsqu’il s’enquit de la raison de sa présence, énoncer la véritable raison ne lui traversa pas l’esprit. Sur le même ton railleur, elle l’observa, arrêtant son regard sur sa panse blessée, regrettant de ne pas avoir accentué davantage la douleur qu’elle aurait pu générer chez le chasseur.

- Ah oui ? Je ne pourrais pas être particulièrement inquiète de l’état de santé de mon invité préféré… ?

Préféré peut-être parce qu’il en était le seul, mais au moins, cette dénomination ne pouvait être contestée sur sa véracité. Elle s’installa à ses côtés, dénouant le bandage pour jauger de la gravité de la plaie. Après tout, ne venait-il pas de l’inviter à ne pas s’en occuper ? La raison était suffisante pour y trouver un intérêt soudain. Lilith passa son doigt le long de la blessure et observa un instant ses doigts imbibés du sang de l’aristocrate avant de planter son regard dans le sien.

- Ou peut-être que l’optique de l’empoisonnement était en effet une option que j’envisageais sérieusement…

La rouquine lécha son doigt, et lui adressa un sourire cette fois plus taquin.

- Pourtant, tu pourrais reconnaître que mes soins, à l’image de mes mains, auraient au moins le mérite d’être les plus plaisants qui soit. Quel qu’en soit l’issue..

Face à ce qui devait ressembler au mieux à des excuses pour l’aristocrate, la capitaine haussa un sourcil, et retrouva son faciès moqueur.

- « S’il te plait » ? Tant de politesse entre nous… J’ai presque du mal à y croire…

L’ironie dont il avait fait preuve en prononçant ses mots ne cachaient aucunement l’état d’esprit de Reddas. Etrangement, sans doute le fait qu’il exécute cette demande à contrecœur enorgueillit davantage la jeune orisha. A défaut que ses propos soient sincères, ils ne reflétaient que l’état de la relation qu’ils établissaient à cet instant. Lui être supérieure, compte-tenu de l’accueil que ce dernier lui avait réservé, ne pouvait que la combler.

- Ton corps est bien meurtri… Quelle étrange idée tu as pu avoir de jouer à une chasse à l’homme en plein Pabamiel.. railla une nouvelle fois la jeune pirate.

Néanmoins, celle-ci estompa alors les chaines et libéra le vampire de ses liens. L’état de son abdomen lui avait donné suffisamment d’informations quant à son état de santé, et donc aux ressources auxquelles elle-même devrait faire appel si ce dernier venait à tenter de se rebeller contre ce traitement jugé inadapté à sa condition. Or, si sa musculature traduisait une force bien supérieure à la sienne, il ne pourrait en avoir l’endurance. Sans compter que l’absence de réaction face à ses chaines lui permettrait donc de réitérer l’entrave en cas de besoin.

- Toutefois… Es-tu sûr que ta liberté retrouvée changera quoi que ce soit à ta condition ? Tu m’excuseras, mais ce n’est pas parce que tu pourras baisser les bras que tu seras capable de mettre un pied devant l’autre.

A nouveau, elle s’avançait face à une telle affirmation, mais après tout… Il la corrigerait bien assez rapidement si ce n’était pas le cas…

- Quel dommage que tu mettes une telle méfiance envers moi… Y a-t-il vraiment une raison d’attiser un quelconque ressenti de ta part, mon lapin ?

Les surnoms ridicules n’avaient pas fait l’objet d’une objection, ce qui avait eu le don de la surprendre énormément. Une seconde piqûre de rappel le pousserait sans doute à réagir un peu plus. Peut-être qu’elle souhaitait qu’il tente de se rebeller, étant davantage d’humeur à sévir, sa rancœur n’ayant toujours pas diminuée. Enfin, la rouquine se releva, non sans effleurer son torse et l’embrassa à la commissure des lèvres arborant, cette fois, un sourire plus charmeur. La capitaine se dirigea vers son bureau sur lequel elle s’installa rapidement, et croisa les jambes sans quitter des yeux son ex-captif, prête à agir au moindre débordement de ce dernier. Elle poussa un soupir exagéré en jouant avec l’une de ses mèches de cheveux.

- Peut-être souhaites tu que nous reprenons sur de meilleures bases ? Celles que nous avions avant ta mauvaise humeur soudaine, mon grand ?




©gotheim pour epicode


Post 3 | 869 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 30 Sep 2016, 19:59

Des remontrances à la défiance découla une hégémonie du sarcasme. La mièvre provocation de Lilith dédoublée de son simulacre de menace constituèrent le corps de sa réponse à l'égard de mon changement de paradigme verbal. S'y greffa en outre une occultation totale de ma question, révélatrice des desseins de mon interlocutrice. Elle cherchait immanquablement à asseoir une forme de domination et de provocation, grandement facilitée par ma faiblesse passagère. Un fâcheux dilemme s'offrit à moi tant ses irritantes palabres poussaient à la réplique. Valait-il mieux céder à cette pulsion, puisqu'il s'agissait de la réaction escomptée de l'Orisha, ou, au contraire, devais-je jouer la carte de l'impassibilité et ignorer ces insignifiantes billevesées ? La question demeurait en suspens, mais n'autorisait point un temps infini pour trancher en faveur d'une alternative. Si une réponse était attendue, le mutisme ne constituait guère une option. Une grimace s'apparentant vaguement à un sourire se dressa sur mon faciès tandis que ma vis-à-vis se délectait de ma plaie.  « Assurément. Je n'ai nullement remis en cause ton doigté, et cette idée s'avère fort éloignée de ma pensée. Je ne fais que souligner ton caractère pernicieux, ton penchant pour le risque... » Une tirade interrompue à sa mention de Pabamiel. Je ne pus retenir un relent de consternation devant le ressurgissement de cet épisode, fronçant davantage des sourcils tandis que mon expression s'aggrava.  « … Dois-je rappeler qui m'a fourni pareille invitation ? Si tu te targues d'une promesse de mort douce et plaisante, aie au moins la décence de te tenir à cette ligne de conduite. » Cette désagréable évocation m'avait offusqué. Ma réplique avait fustigé sans crier gare ; il était trop tard pour en éprouver des regrets. J'espérai cependant qu'une telle manifestation ne s'avérât guère préjudiciable. Je m'étais efforcé jusqu'alors de ne point céder aux provocations. Cet écart de conduite pouvait se qualifier d'erreur incommode dépendant de ses potentielles répercussions.

Déterminer si cet excès encouragea l'Orisha à se railler de ma condition se révélait aussi insipide qu'inutile – la finalité ne s'en retrouvait nullement inchangée. Lilith souligna ô combien il était vain de lutter dans mon état ; un apophtegme qui ne manqua point de me courroucer. Elle acheva la démonstration de sa prépotence en m'affublant d'un surnom grotesque combiné à une illustration corporelle de son pouvoir. Il me fallut attendre son prétendu baiser pour qu'elle me libérât de mes chaînes tandis qu'elle s'écarta nonchalamment de la couche. Incertain encore de l'attitude à adopter, je me massai les poignets en contemplant son air supérieur. Enchaîner successivement les déboires d'une chasse à l'homme, d'une soumission non consentie et d'une exposition cinglante à la pénible réalité affligeait inéluctablement ma fierté. Je m'en retrouvai muet, presque interdit pendant quelques secondes. Les multiples railleries scandées par Lilith ne faisaient que seconder cette réalisation de ma faiblesse. L'amertume m'anima, et il devint complexe de m'adapter à la prise de position légère de la capitaine. Non sans un effort soutenu pour l'outrepasser, je lui répondis, d'abord sur un ton neutre, puis adoptant progressivement une expression se voulant diplomatique.  « Gageons que la douleur embrouille les esprits. Je préfère, comme je l'ai énoncé, jouir d'un traitement favorable de ta part que de céder au ressentiment. » Une sensation dont je ne parvenais pourtant à me défaire aisément – les conséquences de cette halte pesaient invariablement. Je tentai, en dépit de ces déboires, d'esquisser un vague sourire.  « Il va de soi que j'approuve cette démarche. » Je me saisis alors délicatement de ma chaîne, afin de ne point démontrer une quelconque once d'hostilité. J'accompagnai ce geste d'un signe caractéristique invitant l'Orisha à se préparer à la réception, pour lui lancer adroitement l'arme. Suite à cela je désignai la place vacante sur la couche.  « Aussi grossier cela puisse paraître, je me permets de t'inviter sur ton lit. Ta présence y est fortement appréciée en comparaison à une arme. Ne me remercie point pour ce compliment. » Je visai la légèreté, quelque peu à tâtons. S'affranchir de toute forme d'inimités constituait irréductiblement le choix le plus raisonnable.

J'en profitai pour rétablir mes bandages improvisés défaits. Nul besoin de raviver une plaie aussi béante pour un agrégat de sottises. Mon approche porterait-elle ses fruits ? Je décidai de la jauger par le biais d'une question simple, déterminant par sa nature l'état d'esprit de mon interlocutrice.  « Puis-je réitérer ma question ? Quelle est la raison de ta venue, si tant est qu'elle existe ? » Ravir un élément délibérément occulté ne pouvait qu'indiquer sa disposition à converser… Au contraire, elle pouvait également perdurer dans les railleries. J'attendis d'être fixé.
815 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 27 Oct 2016, 22:49


Meurtre en pleine mer

Le vampire gardait une forme de stoïcisme qui lui seyait à merveille… Quelle que soit la nature de la provocation de l’orisha, son invité restait maître de ses réactions, ce qui avait le don d’agacer un peu plus la capitaine, et de la pousser à mener un peu plus loin chacune de ses actions, ainsi que d’accentuer chacun de ses gestes. Inévitablement amusée par sa remarque relative à son doigté, Lilith le fut peut-être plus encore lorsque le sujet épineux de Pabamiel fut remis sur la table.

- Dois-je te rappeler que les desseins de l’organisatrice de cette fête m’étaient totalement inconnus, ou continues-tu de remettre en cause chacune de mes intentions ? Nous finirons presque par avoir quelques difficultés à nous exprimer, mon très cher ami…


Son éternel sourire moqueur figurait toujours sur son visage, plus satisfaite qu’autre chose d’avoir obtenu une réaction à au moins l’un de ses propos. En effet, sa déception aurait presque pu se faire sentir lorsqu’une nouvelle fois, la Capitaine le désigna comme un adorable rongeur affectueux et que l’aristocrate n’y trouva toujours rien à redire. Ignorant cette absence d’intervention, elle confirma donc ce surnom définitivement acquis puisque le chasseur s’y soumettait visiblement volontiers. Sans doute par excès de flegme.

Assise sur son bureau, les jambes croisées, la rouquine observait à présent le jeune homme profiter de sa liberté fraîchement recouvrée en se mordillant la lèvre inférieure. Consciente que l’orgueil de ce dernier devait être réellement bousculé par la situation de fait qui s’imposait, la pirate n’en retirait donc qu’une satisfaction grandissante qui lui convenait parfaitement. Aussi rien dans son attitude ne traduisait une main tendue destinée à rétablir un quelconque équilibre dans leur relation.

Reddas l’avait visiblement saisi puisqu’enfin, ses paroles eurent pour objectif de calmer la tension qui s’installait entre eux. Victorieuse de cet échange, bien que les conditions étaient toutes réunies pour que la rouquine le soit, Lilith n’en fut pas moins réjouie. Toujours espiègle et sans bouger de sa place, elle acquiesça d’un signe de tête.

- Nous arrivons enfin à trouver un terrain d’entente. Il serait dommage qu’au-delà d’un simple traitement de faveur, nous ne parvenions pas à jouir de nos présences respectives. Il me semble que nous avons tous deux assez de savoir-vivre pour cela..


A peine eut-elle terminée sa phrase que le vampire dégagea son arme, dissimulé derrière son oreiller. Arquant un sourcil, et curieuse de ses intentions, la Capitaine ne lâcha plus son interlocuteur du regard. Un comportement proche du suicidaire consistant à l’attaquer à présent serait sans doute vain, mais pour autant, Lilith n’était pas prête à baisser la garde si facilement. Aussi, malgré une détente apparente, la bonne foi qu’il mit en lui indiquant son intention consistant à la lui remettre lui parut être la meilleure chose que l’aristocrate pouvait faire. Elle l’attrapa au vol afin de déposer la chaîne sur le bureau tandis que Reddas réitérait l’invitation en se présentant à domicile. L’intention n’y étant pas la même et, cette fois, accompagnée d’une pointe d’humour qui n’était sans doute pas tout à fait respectueuse, eut le mérite de la faire sourire plus franchement. D’un bond, Lilith se releva pour regagner le lit et s’asseoir aux côtés du vampire.

- Cette fois, j’accepte comme tu le constates.

Elle posa la main sur la cuisse du jeune homme en lui adressant un sourire moqueur.

- J’apprécie le compliment, une comparaison à une arme venant de ta part, ça ne peut être que positif.. Et je suis certaine de t’y faire gagner au change, n’est-ce pas ?  

Après l’avoir observé par-delà ses mèches de cheveux, la Capitaine finit par reprendre plus sérieusement cette fois, faisant à son tour un effort pour calmer le jeu.

- Tsakiel venait de me dire que tu étais là. On a pas vraiment eu l’occasion de partager les festivités ensembles. Je me demandais ce qu’il s’était passé. Tu vois à quel point je suis adorable ? Comment peux-tu oser me prêter de si vilaines attentions…

Le sourire de la rouquine se faisait moqueur alors qu’elle joua avec les longues mèches argentées de son invité. Le regard de Lilith se porta sur la panse blessée de son invité en arquant un sourcil.

- Au moins… Tu as pu t’en sortir..

C’était sans doute là toute la compassion qu’elle pouvait avoir à l’instant actuel compte-tenu de leur précédente conversation. Elle tenta une moue désolée qu’elle savait absolument pas convaincante et le poussa pour qu’il se rallonge.

- Mais tu ferais mieux de t’économiser encore un peu. Tu me sembles un peu… Faible..

L’espièglerie de la Capitaine se lisait facilement sur son faciès, définitivement, ravie de dominer ainsi le vampire.



©gotheim pour epicode


Post 4 | 893 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 27 Oct 2016, 23:50


A l'instar de la lâcheté et de la diplomatie, la provocation et l'agression constituaient des notions voisines mais néanmoins distinctes. Le sot guerroie sans arrière-pensée ; le rusé défie sur son terrain de prédilection. Nul gain ne découlait d'une altercation aveugle avec Lilith quand bien même ma consternation persistait tandis que les pourparlers bénéficiaient aux deux partis. Seul l'animal cédait à la bestialité, aux instincts primitifs sitôt ébranlé dans ses acquis, éjecté hors de sa zone de confort, et une pareille disgrâce caractérisait le propre des ruffians, des gueux et des Béluas. Tout écart ou oubli de cette séparation fondamentale entre ma personne et la plèbe nauséabonde constituait une honte : la remémoration de cet inviolable fil directeur fut d'une grande aide pour calmer mes ardeurs. L'emploi du verbe se devait de transcender les fâcheuses remontrances qui m'animaient pour, sinon les calmer, dissimuler leur existence. Une nouvelle orientation de la conversation s'accordait immanquablement à un tel paradigme.

Lilith affirmait être étrangère aux funestes desseins érigés en cette ville. Il m'apparut aussi vain qu'impossible de chercher à la confondre sur pareille affirmation. Je l'observai un instant avant d'effectuer un signe de la main pour décréter ce sujet clos et me focaliser sur quelque élément où la réponse s'avérait accessible. Il s'agissait alors d'offrir à mon interlocutrice satisfaction et suffisance, de telle sorte à ce qu'elle consentît naturellement à se montrer expansive quant à ses objectifs et attentes. En ce sens, je l'accompagnai par la voie de l'exagération sur la description méliorative dont elle s'affublait avec un sourire davantage prononcé.  « Il est vrai. Veillez à m'excuser, ma très chère Capitaine : vous incarnez l'avatar de l'attention. » Ma réplique se voulait davantage hilare que sarcastique puisque je la nuançai par un humble rajout.  « Et je ne suis qu'un modeste passager qui bénéficie du meilleur de vos services. » Le jeu du discours occupait la pensée, tant la sienne que la mienne. J'occultais ainsi mes blessures et contribuais à lui fournir une plaisante distraction, idéale à la réhabilitation d'une entente cordiale. Cet effort magnanime demeurait cependant inégal : l'évocation persistante de mes blessures brimait, aux premiers abords, ma diversion verbale. Pour autant, elle entreprit d'incarner une surprenante transition à mesure que la pirate m'allongeait sur le lit. Si le sujet était voué à muter, l'Orisha décida de s'accaparer d'un moule fort audacieux pour forger sa nature. Éternelle source d'intérêt chez l'intrépide jeune femme, la promiscuité charnelle devenait presque un motif caractéristique de nos échanges. L'absence de sensibilité tactile ne devait guère me perturber : je connaissais les tenants et aboutissants d'une pareille décision. Si elle était usuellement soldée par un étanchement de ma soif, cette directive ne manqua point de me prendre de court par sa spontanéité, tant et si bien que je rétorquai à l'improviste pour temporiser.  « Te voilà si désireuse de m'exposer ton caractère attentionné ? Tu fais fi de mes remarques pour m'offrir irrémédiablement tes soins en dépit de mes paroles ? » La teinte était celle de la provocation, de la bifurcation vers un sentier qui m'était connu. Incontestable distraction, accorder à Lilith l'expression de telles pulsions remplissait mes objectifs. Bien qu'une telle approbation ne fût exempte de prématurité, la familiarisation avec le caractère de mon interlocutrice facilitait une telle mise en condition.

Il demeurait d'usage, au grand dam de la pirate, que l'histoire se répétât : on toqua à la porte de sa cabine sitôt cette décision prise. Je ne pus m'empêcher d'anticiper la moue immanquable qu'adopterait la capitaine suite à cette perturbation, mais me gardai bien évidemment d'en dire mot ou de l'exprimer de quelque façon qui fût. Une remarque déplacée courroucerait mon hôte, un constat qui muterait bien vite en euphémisme lorsque nous apprîmes la teneur de l'intervention. Une voix familière marquée d'un flegme singulier se manifesta derrière la séparation. Le décalage entre la forme et le fond révélé étaient empreints d'un membre précis de l'équipage.

 « Je dérange, je sais, mais il y a une surprise sur le pont. Et ça peut vous intéresser tous les deux. »

Les figures de Tsakiel ne pouvaient être confondues. Une « surprise » annoncée sur pareil ton dissimulait quelque vice, quelque déplaisante découverte sous-jacente. La suite me donna raison. Je n'étais guère loin de la vérité.
748 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 03 Nov 2016, 00:07


Meurtre en pleine mer


A peine installée aux côtés du vampire, Lilith ne manqua pas d’esquisser un léger sourire. L’éloquence de son hôte n’avait pas d’égal, que ce soit bien évidemment à bord du Libertad où les rustres demeuraient légion, ou bien même sur terre, ses fréquentations n’appartenaient pas à la même strate sociale, et chaque mot prononcé par l’aristocrate n’appuyait que davantage cette sensation. Opinant du chef, la rouquine ne détacha pas son regard vairon de son interlocuteur.

- Vous êtes tout excusé, mon très cher ami. Sans doute grâce à la lucidité dont tu fais preuve. Il est vrai que j’aurais été peinée que tu ne sois pas en mesure de reconnaître la qualité du traitement exceptionnel dont tu bénéficies. Ce n’était pas sérieux de te plaindre alors que tu pouvais te prélasser dans de si beaux draps… Si je ne te connaissais pas, je jurerais y voir de la mauvaise foi…

L’éternel sourire de la pirate devint faussement naïf, singeant par la même l’attitude de son interlocuteur, flirtant librement avec l’ironie et le sarcasme, tout en conservant le ton badin de leur conversation. Dire que la Capitaine buvait les paroles du vampire ne serait qu’inepties. En revanche, le ton de leurs échanges, plein de cette fausseté hypocrite la divertissait plus qu’elle ne l’aurait avoué. Sans en être certaine, la pirate aurait affirmé que son invité était dans le même état d’esprit et qu’il appréciait autant qu’elle ces non-dits et provocations qui s’apparentaient à un étrange jeu dont les règles demeuraient bien obscures. Toutefois, qu’il le partage ou non, cela ne lui importait que peu. Son propre plaisir primait. C’était bien là l’intérêt d’être le maître des lieux…
Alors qu’à peine le vampire s’allongeait sous son impulsion, le faciès taquin de la rouquine reprit le dessus à ses paroles.

- Mmmh… Je sais simplement que tes refus ne sont là que des formules de politesse qui ne traduisent absolument pas le fond de ta pensée. Je gage au contraire que tu n’attends qu’avec impatience que je manifeste un intérêt marqué pour ta personne…

Usant une nouvelle fois de sa magie pour accentuer son charme, la rouquine se rapprocha de l’aristocrate, troquant l’espièglerie pour plus de sensualité.

- Ne suis-je pas l’avatar de l’attention, selon tes propres propos… Autant que je fasse honneur à une description à ce point criante de véracité…

Prête à reprendre son ouvrage, dégageant avec cette fausse négligence sa nuque, la Capitaine fut contrariée lorsqu’un poing malvenu heurta la porte et mit un terme à cette entrevue. Fronçant les sourcils, la pirate se redressa, et se tourna vers son second qui, sans attendre, avait pris la liberté d’entrer.

- Bordel, Tsakiel… Qu’est-ce que tu fous ici ?

L’humeur de la jeune Orisha venait de virer soudainement pour devenir exécrable. Ce qui parut satisfaire grandement le second.

- Regarde-moi encore une fois avec ton sourire de m*rde et je t’assure que je trouverais le moyen de te le faire passer définitivement…
- Eh bien, Capitaine… j’ai pourtant presque formulé des excuses. Rétorqua ce dernier, amusé.
- Presque… Ouais…  J’espère pour toi que ça vaut la peine.

D’un mouvement brusque, la pirate saisit alors un long manteau disposé sur une chaise et l’enfila en faisant claquer le tissu par agacement.

- Tu ne risqueras pas d’être déçue.

La rouquine ne souleva pas davantage. Questionner son second pour qu’il n’y réponde pas serait lui accorder un plaisir dont ce dernier pouvait aisément se passer. Malgré ce semblant d’attitude détachée, Lilith n’ignorait pas que Tsakiel ne pouvait qu’avoir une réelle motivation pour oser une telle irruption. Aussi, elle se tourna vers son passager privilégié, retrouvant un sourire de façade bien plus agréable. Sans doute l’idée de ne pas manquer de taquiner ce dernier lui avait fait retrouver le goût de s’amuser un instant.

- J’espère que tu sauras te lever pour nous suivre, mon lapin. Il serait dommage que tu t’ennuies ici alors que tant de réjouissances nous sont promises !

Après un bref éclat de rire, la capitaine s’éloigna d’un pas leste. L’attroupement sur le pont indiquait clairement l’origine du trouble. Les hommes s’écartèrent au passage de la Pirate. Un jeune garçon, Prat, gisait sur le sol. Penchée sur le garçon, Lilith serra les mâchoires. Dans son cou, des traces suspectes s’y logeaient et étaient à l’origine de son décès. Levant les yeux vers Reddas, la Capitaine jaugea un instant de sa capacité à tuer un membre de son équipage. Il était vrai que voyager avec un membre de cette race n’excluait pas toute forme de danger. Peut-être que dans un autre contexte, le vampire aurait été son suspect premier. Néanmoins, sa faiblesse actuelle paraissait le disculper. Si le jeune garçon n’était pas un danger, la pirate ne parvenait pas à visualiser l’aristocrate se déplacer furtivement pour atteindre sa cible. En tout cas, pas dans son état. Pas avec le ventre béant.. Pour autant, les rumeurs qui enflaient parmi les rangs se tournaient avec insistance vers le passager favorisé. Et ces fameuses faveurs dont il avait bénéficié se retourneraient rapidement contre elle-même si l’auteur de l’acte n’était pas arrêté. L’état de fatigue depuis la traque de Rain et l’escale désastreuse à Pabamiel avait eue raison des nerfs de ses hommes. Une mutinerie n’était pas à écarter…

- C’était l’un des nôtres, il n’y a qu’un inconnu qui aurait pu faire ça.. scanda l’un des marins d’une voix affirmée.
- C’est lui-là..
- Il n’y a qu’un monstre pour tuer comme ça..

Levant les yeux au ciel, la rouquine esquissa un fin sourire légèrement sadique en écoutant cette dernière phrase.

- Un monstre ? Non, mais sérieusement.. Fallait me le dire qu’à bord, il n’y avait que des pucelles effrayées par la moindre goutte de sang. Retournez tous à vos postes. Immédiatement. Le coupable, quel qu’il soit, aura une exécution exemplaire.

Autoritaire et froide, la Capitaine suivit les différents mouvements initiés par Tsakiel pour les inviter à se dispercer, tandis que le corps était emmené. Quelques un restaient face à eux, les défiant du regard.

- S’il y a des protestations… Je suis tout ouïe pour les entendre..

Caressant une de ses lames, la Capitaine fixait les derniers récalcitrants arborant cette même expression, ce qui acheva d’éloigner les derniers hommes. Le visage fermé, Azraël en profita pour se positionner près de l’orisha.

- Ouais, enfin, ils ont pas torts, tu le protèges un peu trop là. Tu sais ce que tu risques en ne le condamnant pas.

Lilith se tourna vers son ami en haussant un sourcil.

- Je ne pense pas avoir de compte à te rendre, mon grand. Ni à toi, ni à personne. Si ce n’est pas Reddas, c’est qu’il y a une enflure sur le pont.

Sans attendre, la rouquine saisit alors le bras du vampire pour l’éloigner et lui parlait en dehors de la présence du réprouvé, toujours hostile envers l’aristocrate..

- Je crois que tu as compris qu’il est impératif pour tous les deux que nous sachions qui est à l’origine de ce méfait.  

L’issue pour la rouquine était plutôt simple, il suffisait qu’elle juge sans attendre son allié, ce qui lui éviterait toute discussion avec ses hommes. L’idée pour autant de laisser un des marins s’en tirait si facilement la mettait dans une colère froide. Et puis, quelque part, la pirate n’avait pas non plus envie de mettre un terme aux liens qu’elle commençait à tisser avec le vampire. Casser son nouveau jouet n’était pas dans ses habitudes.

©gotheim pour epicode


Post 5 | 1346 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 04 Nov 2016, 14:28

Le charme trompeur de l'éloquence nous éloignait des inconvenances de tantôt. Quelques accès discrets de douleur ventrale rappelaient sporadiquement ma condition sans pour autant porter atteinte à l'écoulement maîtrisé de la conversation. Le cadre plaisant qui nous était conféré suffisait à occulter ces taquines manifestations ; d'aucuns auraient cédé à d'aussi légères impulsions face à une telle démonstration de charme et de sensualité émanant de ma vis-à-vis. Seul un facteur externe pouvait – et parvint – à perturber cette apparente accalmie, nommément l'intervention de Tsakiel. Fidèle à sa négligence factice, il ne divulgua nul indice sur les tenants de la « surprise », ce qui eut le don d'agacer mon hôtesse. La tentation de la mesquinerie s'immisça naturellement mais n'obtint guère raison, ce qui s'avéra être une bien piètre erreur de ma part. Pour cause, l'abstinence ne figurait nullement comme axiome chez Lilith. Alors que je me délectais silencieusement de son irritation, elle m'affubla pour la troisième fois de cet odieux surnom de rongeur, peu glorifiant devant son homme de main. Patience – il me fallait écarter toute expression traduisant une quelconque contrariété et m'inspirer du flegme de l'Alfar. Ignorer les piques constituait la meilleure défense pour que la pirate se lassât de ces risibles qualificatifs. J'affichai au contraire un sourire moqueur pour lui rendre sensiblement la pareille.  « Ne dissimule point ton appétence pour ma compagnie derrière de fallacieuses invitations. Je sais que tu ne peux te passer ma personne, et te suis subséquemment de ce pas. »

En dépit de la douleur lancinante, je contrôlai mon faciès pour ne dévoiler aucune peine à exercer mes mouvements. Je me levai doucement et m'accordai à mes propos. Si je maîtrisai la traversée jusqu'au sortir de la cabine, celle-ci se compliqua à mesure que je subissais le reflux des vagues, affectant mon équilibre et de surcroît ma posture. Il me fallut quelque temps pour m'habituer à ces désagréments, prémices de tribulations plus éprouvantes encore à l'extérieur, sur le pont. Le temps était dégagé et pourtant, le climat demeurait hostile. L'absence d'intempéries ne me prémunit point de l'atmosphère mortifère qui m'accueillit. Jamais il ne m'avait semblé être assailli par une telle concentration de regards assassins sans que je n'en saisisse l'essence. La cause ne tarda point à être exposée sous nos yeux : l'un des membres de l'équipage avait trépassé, me léguant en guise de testament une offrande dont je me serais passé : la marque de l'accusation.

Quel Aether avais-je froissé pour subir aussi régulièrement l'apanage des procès spécieux ? Je pensai mécaniquement à ma mésaventure dans l'Edelweiss. M'étais-je attiré la disgrâce de Drejtësi ? Ces contentieux spirituels patienteraient. L'urgence présidait, me dictait de me réfuter ces allégations. Fort heureusement, l'Orisha me soutint d'office, en dispersant la foule pour ne point encourir le risque d'une mutinerie favorisée par le nombre. Le mécontentement grondait, cependant, et il fallait être sourd et aveugle pour ne point le dénoter. Mon passable état n'arrangeait guère la situation, quoiqu'il me fournissait un alibi. Je n'étais point dupe, cependant, pour me reposer sur ce dernier : une foule en colère n'a que faire de plaidoiries et excuses. L'important était d'agir, de confondre le véritable coupable, comme l'avançait Lilith. Je remarquai la pression que cherchait à exercer Azraël, conforme à sa jalousie. Se pouvait-il qu'il cherchât à me nuire de la sorte ? La pirate m'empêcha de m'adresser à l'envieux réprouvé. Elle semblait cependant suffisamment convaincue de mon innocence pour que je ne l'assaillisse guère d'un argumentaire inutile.  « Ravi de voir que tu prends ainsi ma défense. J'y verrais presque une forme d'attachement... » L'heure n'était toutefois point aux badinages. J'adoptai prestement un air plus sérieux et ferme.  « … Mais trêve de plaisanteries. Quelqu'un, au sein de ton équipage, semble m'en vouloir au point de laisser des traces aussi visibles qu'absurdes. Je gage que ces marques ne sont qu'un artifice, que tes hommes n'ont guère pris le temps d'examiner le corps. » La véritable cause de la mort devait être différente, si le marin n'avait point décédé d'une morsure.  « Nous devons inspecter le cadavre, établir les causes véritables de son décès. »

La perspective d'un tel examen s'accompagna d'une pensée alarmante. Pour y procéder, encore nous fallait-il un corps à disposition. « J'ai ouï dire qu'il était coutume, chez les marins, de jeter les défunts à la mer. Est-ce une tradition valable chez les pirates ? » Un dogme salvateur pour qui cherchait à dissimuler les marques de son méfait tandis qu'un autre était accusé. Il n'était d'ailleurs point exclus que l'auteur cherchât à agir au plus vite. Je me fis davantage pressant.  « Si tels sont vos us, j'espère que tes hommes ne se sont point hâtés pour les respecter... » Le temps nous faisait défaut. Il était impératif que nous agissions dans les plus brefs délais. La traîne alimenterait le ressentiment de l'équipage et le corps encourait le risque de disparition. J'occultai la douleur pour me hâter à retrouver le cadavre.

887 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 13 Nov 2016, 22:03


Meurtre en pleine mer


A peine relevée, ayant quitté le confort habituel que la Capitaine trouvait sur le corps de son prisonnier, elle haussa un sourcil à la réflexion de ce dernier. Certes, il ne relevait absolument pas son fameux surnom, indifférence réelle ou stratégie… Lilith penchait amplement pour le second point. D’autant plus qu’elle n’avait pas hésité à le déployer face à Tsakiel… Peut-être même que cette pensée fut confirmée par les propos du Vampire, lesquels ne manquèrent de lui arracher un sourire toujours entaché par la contrariété de l’irruption de Tsakiel.

- N’inverse pas les rôles, cher ami. N’est-ce pas toi, qui, à l’instant, viens de m’inviter à te rejoindre à tes côtés ? Lorsque, de bonne grâce, je me plie à un exercice afin de faciliter la convalescence d’un blessé, il n’est pas fair-play d’interpréter ma conduite selon ton bon vouloir… C’est d’ailleurs bien en remerciement de cette invitation que je tenais à ce que tu sois présent. Et ce, sous l’impulsion de mon second… N’imagines-tu pas dans mes actions le reflet de tes propres pensées ?


Sans attendre, la rouquine s’était donc dirigée sur le pont, ayant le déplaisir de constater la macabre découverte et la réaction des membres de son équipage. Ces derniers ne lui laissaient qu’une marge de manœuvre restreinte, à gérer en compagnie de son invité, lequel servirait de bouc émissaire en cas d’échec. Azraël lui-même ne paraissait pas enclin à se montrer indulgent avec l’aristocrate, sans doute en raison d’un souvenir un peu trop vivace encore dans sa mémoire. Peut-être avait-elle réagi un peu trop vivement en mettant un terme si abruptement aux arguments du réprouvé. En effet, à peine se retrouvait-elle seule avec Reddas que ce dernier sous-entendait à présent que sa seule personne avait motivé ses décisions.

- Heureuse de constater que le sang perdu ne t’a pas totalement fait perdre l’esprit, mon lapin adoré..

Lilith caressa alors la joue du chasseur en lui lançant un regard plus qu’amusé.

- De toi-même, tu n’as pu qualifier tes paroles que comme « plaisanterie ». Mais, cette insistance me pousse à croire qu’il te tient à cœur que je désire avoir ta présence à mes côtés, et même à en abuser.

Elle haussa néanmoins les épaules concernant son affirmation sur les traces.

- Il y a des chances… Je suppose que te demander si tu connais quelqu’un sur mon navire qui pourrait avoir un grief contre toi serait inutile. Tu y aurais déjà pensé. Une personne qui sait que tu es un vampire peut-être ? Aucun membre de mon équipage n’appartient à ta race. Et je ne pense pas t’avoir présenté de la sorte face à eux.

D’un signe de main, elle lui indiqua de le suivre pour en effet, se rendre près du corps. Lilith se tourna vers l’aristocrate lorsqu’il aborda les pratiques usuelles à bord avant de rire légèrement.

- C’est une pratique courante oui… Disons que conserver les cadavres en putréfaction est plutôt nocif pour ceux qui sont encore vivants. Surtout lorsque les terres ne sont pas en vue.

Rapidement pourtant, la pensée de Reddas se précisa. La Capitaine fit un signe négatif de tête.

- Tsakiel a pris les choses en main. C’est lui qui est venu me chercher, et toujours lui qui a dû gérer une partie des hommes. Il ne devrait pas avoir laissé quiconque s’approcher de Prat.

Pour autant, malgré la confiance relative que la jeune Orisha pouvait avoir en son second, elle accéléra le pas jusqu’à ce rendre dans l’une de rares cabines isolées et très étroites. Tsakiel était en effet présent et renvoyer un énième marin qui s’attardait près des lieux.

- Qu’avez-vous pensé de ma surprise ? Je vous avais bien dit que vous ne regretteriez pas mon irruption.

Un sourire narquois se dessina sur le visage de l’Alfar, visiblement peu ému par la perte subie par le Libertad.

- Un jour, faudra tout de même que tu fasses au moins semblant de t’intéresser à l’équipage, Tsakiel… En tant que second, ça peut être utile… Il y a eu des demandes particulières concernant Prat ?
- Plusieurs hommes ont demandé quand aurait lieu la cérémonie pour lui rendre hommage. Personne en tout cas qui serait complètement assommé par les regrets et où je pourrais dire « c’est lui le coupable », si c’est là ta question.

L’ironie de l’Alfar blasa la Capitaine, qui le fixa un court instant en faisant un signe négatif de tête.

- Merci… Que ferais-je sans toi ? Avec de telles précisions, il est évident que l’enquête vient de faire une avancée sans nom. Sois gentil, tu restes devant la porte et tu empêches quiconque de rentrer.

Précédent le vampire, Lilith se plaça devant le corps et observa les traces. Les premières conclusions se confirmaient… Tout s’apparentait à une morsure violente, origine apparente de la mort, peut-être simplement pas assez profondes pour que cette marque en soit la cause. Pas d’autres traces extérieures ne justifiaient le décès. Peut-être un empoisonnement pour obtenir un tel résultat. Sur le Libertad, rien ne serait certain. Quant aux poisons, les nombreuses escales, et en particulier la dernière à Pabamiel recelait de produits de ce type.

- Tu sais que si je n’avais pas vu à quel point ta panse t’handicapait, je n’aurais pas été en mesure de dire d’un coup d’œil que ce n’était pas ton œuvre. Ca et le fait que, théoriquement, je suppose que tu ne me fais pas d’infidélité pour te nourrir ailleurs..

Le sourire de la rouquine s’accentua légèrement pour appuyer ses propos.

- On retrouve donc la même problématique.. Qui à part moi et Azraël savait que tu étais un vampire ?

Et pourquoi quelqu’un aurait voulu l’accuser ? Au point d’attaquer un de ses membres en interne, Reddas en aurait subi les conséquences, mais Lilith également… Protéger un homme qui met à mort ses hommes ne lui serait pas pardonné…


©gotheim pour epicode


Post 6 | 1091 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 15 Nov 2016, 01:03

Régie par un incommensurable et ardent désir de domination, il était d'usage que Lilith rétorquât au moindre de mes tacles. Ce fut donc sans une once d'étonnement que je reçus sa réplique subséquente à ma provocation. Sitôt énoncée, je la discréditai d'un sourire narquois puis la renvoyai aussi puérilement que réceptionnée à son émettrice.  « Loin de moi l'orgueil de l'interprétation ou de la projection. Je relève simplement ta possessivité compulsive, te poussant à l'appropriation de ma personne par la multiplication d'adjectifs pronominaux s'y référant. Ta réaction est hautement compréhensible, cependant. Ne suis-je point, littéralement, ton invité vampire ? » D'une pierre deux coups, je balayai lestement le grotesque surnom qu'elle s'évertuait à m'affubler sans même lui offrir le luxe de relever son absurde nomenclature. Fier de cette tournure, je doutai même que ma vis-à-vis ne disposât de connaissances grammaticales suffisantes pour saisir la teneur de mes propos. Une détresse cognitive n'en serait que des plus délectables…

Nos enfantillages cessèrent à la confrontation du morbide, du moins jusqu'à ce que la pirate récidivât, incitée par mes badineries. J'y adressai un subreptice regard initiant défi et provocation, avant d'exhiber un faciès plus sérieux. Nous nous recentrâmes alors sur l'enquête, cadrée par les hypothèses promulguées par la pirate. J'évaluai les motifs qu'elle avançait et pesai leur part de vraisemblance. Qu'on me portât rancœur ? Deux candidats, affectés à l'entourage de Lilith, répondaient à ce critère. Si l'un était sujet à l'extrapolation, l'autre baignait dans la mare de la plausibilité. Invariablement, leur rancune justifiait une prolifération de ragots au sein de l'équipage. Conséquemment, la nature de ma race se retrouvait sujette à l'acquisition de notoriété indépendamment des omissions de la capitaine.  « Je pense hélas qu'il existe deux personnes coupables de remontrances et capables de colporter ce « secret ». Qu'Azraël ou ton cher Wriir aient informé l'équipage en leur insufflant rancœur ne m'étonnerait point. » Le réprouvé concentrait mes soupçons premiers – ce dernier ne s'était point privé pour me rendre la pareille tantôt. L'instinct me proscrit cependant de le blâmer formellement, en dépit de la tentation. Une incohérence flagrante ruinait le tableau de l'accusation : pourquoi user de stratagèmes tortueux afin de provoquer mon trépas ? Quel besoin s'assouvissait dans l'assassinat d'un membre de l'équipage, jugulé à la falsification par le biais d'atours factices, pour m'accabler du meurtre ? N'était-il point davantage aisé d'éliminer un blessé de ma condition, de disposer du corps par les vagues, et d'employer la confusion frénétique contractée à Pabamiel pour prétexter l'accident ou la tragédie ? Du corps découlerait les réponses, me susurrait l'instinct. Je fis part de mes conclusions laconiquement à Lilith.  « Je concède cependant ne point saisir le motif de la mascarade. Quiconque aspirant à mon décès posséderait davantage d'intérêt et de facilité à m'éliminer directement plutôt que d'user d'une tactique aussi insensée. » Curieuse affaire. Quelle pouvait bien être la motivation de l'assassin ?

Quelque peu rassuré que Tsakiel se chargeât du corps, je ne prononçai mot avant de le retrouver, toujours égal à lui-même. J'abandonnai les pirates à leur sordide échange pour me focaliser sur le corps, et plus spécifiquement, sur l'emplacement desdites marques de morsure. J'entrepris un examen silencieux, me rapprochant de la blessure pour évaluer ses spécificités, jusqu'à ce que mon hôte me rejoignît. A l'instar du pistage, l'observation d'un cadavre réclamait une fine acuité visuelle dont je disposais. Les bévues du maquillage se refléteraient dans la chair, semblables aux traces maladroitement dissimulées. Quelques minutes de concentration s'écoulèrent, au bout desquelles je discernai enfin le travestissement. Le sang séché, maculant le cou de la victime, incarna la preuve de cette tromperie. La conclusion était sans appel. Je m'adressai méthodiquement à Lilith pour la lui exposer par le biais d'une diction et d'un doigt professoraux.  « Les vivants sont aisément impressionnables. Cette morsure ne peut être l’œuvre d'un vampire. Une pareille effervescence sanguine le long du cou traduit un écoulement de sang indompté. Un congénère racial ne se serait point contenté d'ouvrir ses veines – il se serait abreuvé du nectar… ce qui a été soigneusement évité sur ce corps. A l'évidence, le goût du sang révulsait l'assaillant. Ergo, il n'était point ce qu'il souhaitait faire croire. » J'étais formel. Ce corps n'avait point décédé de son hémorragie. La cause véritable avait été dissimulée, sans doute ailleurs. Où se terrait-elle ? Je me penchai, apposai ma salive sur le pouce, et l'imbibai de sang séché pour lécher l'échantillon soutiré. Fort disgracieuse, cette pratique s'avérait hélas inévitable pour que nous progressassions. J'espérais en apprendre davantage sur les causes de la mort par le biais de cette approche expérimentale. Les saveurs relevées me guideraient-elles ? Possiblement. Probablement. Sûrement. J'adressai un regard moqueur à l'égard de Lilith.  « Point d'infidélité envisageable pour m'accaparer d'un limon aussi abject. Si j'arborais un élan de générosité, je soutiendrais qu'il peut concourir, au mieux, avec du sang animal. C'est fort m'avancer : le second a le mérite de ne point présenter de relents de ferraille, ou une aigreur aussi prononcée. »

Cette critique culinaire n'avait point pour vocation d'établir la – piètre – qualité du breuvage ainsi gâché. Elle était, au contraire, vectrice d'un nouvel élan pour l'enquête.  « Si je ne m'abuse, et sans mauvais jeu de mots, un à deux éléments lui sont restés en travers de la gorge. Je gage qu'un objet métallique et âpre constituera un indice décisif. » Une piste pour le moins nébuleuse s'offrit alors à nous. Je me redressai, toisai la pirate du regard.  « Une arme empoisonnée peut-être ? »

990 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 16 Nov 2016, 00:34


Meurtre en pleine mer


Lilith fut prise de court par un tel argument et marqua un temps d'arrêt face à l'étrange argumentaire. A n’en pas douter, le vampire était suffisamment fier de sa propre personne pour être le type d’individu qui prendrait plaisir à découvrir et scruter son physique dans un miroir, si tant est que cette race puissent y mirer leur reflet. Pour rien au monde, elle ne lui ferait le plaisir d'avouer ne pas comprendre l'une de ses formulations, quel qu'en soit le prix et l'importance. Aussi, à défaut d'avoir une connaissance grammaticale étendue, ce qui ne pouvait s'expliquer évidemment que par son passé d'esclave, par déduction, l'appropriation de la personne-même de l'aristocrate ne pouvait se faire que par les possessifs dont elle usait et abusait pour le désigner. L'insistance de ce dernier sur sa dernière phrase achevant de la convaincre avant d'y répondre.

- Il est vrai que nous sommes sur MON bateau, dans MA cabine, et que tu te vautrais jusqu’alors sur MON lit. Mais n’y vois pas là une déclaration de toute l’affection que j’ai pour ces objets, puisque tu as une vision plutôt extensive de l’usage que je fais de ces adjectifs pronominaux… En revanche, je te reconnais ma possessivité avec ce que je chosifie. N’est-ce pas MON lapin ?

Le regard qu’elle lui porta, toujours aussi moqueur trahissait sans ambiguïté le fond de sa pensée, reléguant ainsi le vampire à un simple objet, un jouet qu’elle aimait manipuler.

- Et ne me dis que cela te déplaît d’être ainsi malléable sous mes mains. Ne les as-tu pas toi-même qualifié d’adorables il y a à peine quelques instants ?

Elle se rapprocha une ultime fois du vampire, un sourire arrogant sur les lèvres.

- Je suis le seul Maître à bord, et tout ce qui pénètre sur le Libertad m’appartient. Tu es MON invité, ou MON prisonnier le temps du trajet, libre à toi d’avoir cette interprétation si tu le désires. Préférerais-tu être seulement « l’invité vampire du Libertad » ? Allons, Reddas… Un peu de sérieux… Tu m’as habitué à mieux en termes de répartie.

Elle fit mine de faire un signe de tête faussement dépité, tandis que l’amusement brillait bien plus que de raisons au fond de ses yeux. Si la Capitaine ne disposait pas de l’éducation nécessaire lui permettant d’user d’un vocabulaire aussi riche que son interlocuteur, jouer avec les mots, l’ironie ou le sarcasme représentaient des terrains familiers avec lesquels elle prenait plaisir à user, non sans mauvaise foi d’ailleurs.

- Et si tu le permets, je crois qu’il est grand temps que nous suivions ce pauvre Tsakiel qui doit, à l’heure actuelle, simplement se demander quel argument fallacieux tu vas désespérément de tenter de mettre en avant. Autant cesser là cette discussion maintenant, non ?

Arborant un large sourire, Lilith n’attendit pas de réponse pour retrouver le reste de son équipage.
La découverte du corps avait généré un ensemble de réactions éparses et malvenues, qui, clairement n’étaient pas celles escomptées de la part de la pirate. Ecoutant les réponses du vampire, elle ne put s’empêcher de grimacer quelque peu face aux deux noms prononcés.

- « Mon » cher Wriir. Tu vois que j’use et abuse des pronominaux sans qu’ils ne veulent dire grand-chose.

Toujours amère à propos de l’échange qu’elle avait eu avec ce dernier, Lilith avait du mal à digérer ce qu’il s’était produit à Pabamiel et tentait d’évacuer ce souvenir désastreux, peut-être autant que le massacre qui avait suivi. D’un signe négatif de tête, elle évacua les deux propositions.

- Wriir voulait t’éliminer directement. Et j’ai plus eu l’impression que c’était ta race qu’il exécrait que ta personne. Je ne le vois pas chercher à te tuer de façon si indirecte plus tardivement. Il n’aurait simplement pas attendu. Quant à Az… Il ne t’apprécie pas beaucoup et ne le cache pas. Mais surtout, il n’aurait pas pris le risque de me mettre en fâcheuse posture avec mes hommes. Quel qu’en soit le prix pour lui.

Ils arrivaient donc tous deux à la même réponse : personne à bord du Libertad n’avait intérêt à la mort de Reddas. Et pourtant, les faits étaient bien là. Face au corps, le cadavre n’apprit pas grand-chose de nouveau à la rouquine. L’œil de l’aristocrate en la matière se faisait expert. Il devinait l’état des blessures, et donnait des précisions d’une logique implacable qui ne lui avait pourtant pas effleuré l’esprit. La perte de sang était trop importante, oui… Pour rien au monde, Lilith n’aurait avoué son ignorance en la matière, ce qui la plongea alors dans un mutisme rare chez elle. La rouquine suivit du regard le doigt du vampire et étira un sourire amusé à la réplique de l’aristocrate après qu’il eut goûté la substance litigieuse.

- Je n’imaginais même pas une concurrence potentielle.

Massant doucement sa nuque douloureuse, la Capitaine continua sur sa lancée.

- Ne soit donc pas si généreux au cas présent, rien ne t’y oblige. Je te prie de croire que je peux comprendre ton aversion pour le sang bélua. Ou animal. Mais n’est-ce pas synonyme après tout ?

Pour autant, l’analyse de Reddas apportait bien un nouvel éclairage. Un objet métallique capable d’un tel effet était surprenant… Qui aurait bien pu posséder ce type d’arme ?

- Le poison a dû être ingurgité avant. Je suppose en tout cas. Les « crocs » constituent une sorte de morsure unique, le temps de diffusion du poison aurait permis à Prat de réagir. Soit en se débattant, ce qui aurait dû causer des dégâts supplémentaires, soit en réclamant de l’aide. Ce qui n’a pas été le cas. La plaie a vraiment pour unique but de t’incriminer.

Lilith s’adossa un instant contre l’un des murs de la cabine, rassemblant le peu de données en leur possession. L’heure était grave et l’assassinat minutieusement préparé par le biais d’une arme à la forme particulière qui ne pourrait qu’exposer le cadavre. Pourquoi prendre le risque de laisser une victime exposée de la sorte ? Si le vampire avait dû faire une infidélité à l’orisha en se nourrissant au sein même de son équipage, la rouquine supposait que ce dernier aurait au moins eu le bon goût de faire disparaître les preuves… Tout tournait toujours autour de ce même pivot. Quelqu’un voulait que le corps soit découvert, et que ce dernier soit reconnu comme une victime de son invité.

- Reddas… Si nous trouvons l’arme, nous trouverons le coupable. Toutefois, prendre le temps de fouiller tous les recoins du Libertad serait inutile. A bâbord et tribord, nous avons la meilleure cache possible au milieu des ondes. Et si l’assassin n’est pas trop stupide, l’arme et le poison s’y trouve déjà. En revanche, le sang de la victime imprègne peut être toujours ce gars. Même en faible quantité, peut-être que, compte-tenu des caractéristiques que tu as énoncées, tu pourrais l’identifier avec la même facilité qu’une empreinte laissée par une de tes proies.

Etait-ce possible ? La démonstration de l’aristocrate l’invitait à le croire. Pour autant, un premier filtre sur les suspects potentiels était préférable.

- Si ni Wriir ni Az n’ont divulgué ta race à personne. Quelqu’un a pu en avoir la preuve. Disons que vu le temps passé dans ma cabine à assouvir tes besoins a pu manquer de discrétions. Certains mousses affectés au nettoyage ont peut-être pu voir quelque chose. Autant commencer par eux ?


©gotheim pour epicode


Post 7 | 1247 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 16 Nov 2016, 18:18


La réaction suscitée par ma répartie ne se dispensa point… d'originalité. Une simple réplique capable de soutirer une tirade aussi expansive de la part de Lilith valait son pesant d'or. Il était vrai : mes expectations me poussaient à croire que ma vis-à-vis ne disposât guère d'un savoir suffisant pour appréhender la nomenclature grammaticale. Elle m'en démontra le contraire cependant, et j'arquai un sourcil devant l'étendue de son plaidoyer, revêtant des relents de monologue tant elle exerça un monopole unilatéral de la parole. Si la pertinence se noyait dans l'étendue de ses miasmes locutionnaires, ce contrôle sans partage n'était point dépourvu de stratégie. Frileuse vis-à-vis de mes contre-arguments et mes talents oratoires, l'Orisha accusa, d'une mauvaise foi qui lui était caractéristique, la longueur de nos pérégrinations verbales pour me priver de toute péroraison, soulignant l'impatience de son second. Principale responsable de l'attente, je souhaitai rire de son exercice puéril, mais me retins et privilégiai, en substitution, l'expression d'une réaction capable d'exploiter l'agacement de mon interlocutrice. Je feignis un bâillement, illustrant un désintérêt factice de son discours, pour m'aligner à sa proposition.  « Tant de mots pour une aussi simple conclusion. J'approuve cependant : tout monologue doit trouver une juste fin. L'audience s'assomme, autrement. » Je patientai un instant, arborant les traits de la lassitude pour me réjouir d'une quelconque forme d'exaspération de Lilith. Ses mots ne suffirent point à me brimer. Je me délectai de lui ôter cette satisfaction, bien que j'éprouvasse une déception, sinon un zeste d'irritation que je dissimulais placidement, de ne point avoir triomphé de notre joute verbale.

Cet interlude mis à part, nous confrontâmes les hypothèses de suspicion que j'avançais pour converger vers une unique conclusion. Ni Wriir, ni Azraël ne pouvaient sciemment opter pour un tel mode d'opération afin de m'incriminer, point plus qu'ils ne l'avaient délégué. Nous nous retrouvâmes au pied du mur, tant sur le plan du motif que des coupables potentiels. Le goût du sang nous offrit une éclaircie, sans pour autant dissiper les ombres planant autour des inconnues annoncées. Focalisé sur les possibles sous-jacents à l'examen que je venais de conduire, je n'offris qu'un bref sourire couplé d'une silencieuse approbation à la boutade de Lilith relative aux Béluas. J'écoutai plus attentivement les suppositions avancées par la capitaine. La mort, selon ses dires, avait été administrée par ingestion d'un poison plutôt que par incision cutanée. Elle justifia ses arguments en accusant le simulacre de morsure, dépeint comme résultant d'un maquillage post-mortem au vue de la précision des marques. S'il écarta la seconde hypothèse, le raisonnement fit sens et je l'approuvai.  « A n'en point douter, bien que je ne saisisse toujours point le motif. Quel intérêt y aurait-il de m'incriminer ? Certains de tes hommes éprouvaient-ils des remontrances envers le défunt, voyant en ma personne le bouc émissaire parfait pour l'éliminer ? Si tel est le cas, nous devons nous enquérir des rapports entretenus par la victime. » Ou bien la raison se localisait-elle à des lieues de ce que j'avançais ?

L'arme se révélait tout aussi ardue à établir. Comme le justifiait Lilith, elle devait vraisemblablement se terrer au fond de l'océan à l'heure actuelle, inaccessible à jamais. Son impénétrabilité ne rompit point les pistes pour autant. En dépit du caractère peu flatteur conféré par l'image dressée, l'Orisha soulignait ma capacité, à l'instar d'un chien de chasse, de confondre la cache de cette dernière par le biais de mon flair. L'idée ne manquait point d'audace – probablement d'un potentiel de réussite – à laquelle je devais cependant rétorquer par nécessité. J'affichai une mine contrite et outrée.  « Un lapin, un canidé… Que me réserve la suite ? Un rat ? Tu m’écœures, à me comparer aussi sordidement aux Béluas. Je me sens offensé. J'espère ne point revêtir un corps animalier dans tes fantasmes. Ce serait d'un blessant… » Peut-être dénierait-elle enfin à renoncer à ces stupides surnoms ? J'en doutais. Mes espérances étaient loin d'être fondées, mais je ne perdais rien à essayer de l'en dissuader par des biais détournés. Toute considération secondaire qu'elle fût aux côtés de l'enquête, je surenchéris pour me recentrer.  « Nous ne perdons rien à essayer, je te l'accorde. Rassemble tes mousses dans une cabine affranchie de toute exhalaison sanguine. » Je soupirai.  «  Ne me reste qu'à m'imprégner de l'odeur du cadavre et te rejoindre, j'imagine... »

Je m'exécutai, me préparai à l'interrogatoire ainsi planifié. Qu'il serait cocasse de renifler ces forbans suintant de sel, de sueur, et vraisemblablement de germes. L'innocence affichait un prix dispendieux à payer…
816 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 24 Nov 2016, 17:07


Meurtre en pleine mer


Face à la tirade ô combien justifiée que la Capitaine s’était fendue de faire, le vampire ne répondit que par un bâillement qui eut le don de mettre la rouquine hors d’elle. Tant et si bien qu’elle dût user du contrôle de ses propres émotions pour conserver un faciès aussi souriant et indifférent face à la goujaterie et l’ultime provocation de son interlocuteur, trop certaine qu’un éclat serait un aveu de la victoire de la petite passe verbale qu’ils venaient d’échanger. Etait-ce toujours la continuité des défis de leur première rencontre ou simplement un trait de caractère exaspérant qui la poussait ainsi à persévérer au-delà du raisonnable ? La pirate n’aurait su le dire. Et, à l’heure actuelle, si tant est qu’elle se posât sérieusement la question, un reste de comportement puéril l’aurait poussé à nier en bloc toute implication de sa part dans la continuité de cette joute.

- Moi qui pensais que ton éducation incluait également la patience et la galanterie. Je suis déçue. Profondément.

Le sourire qu’elle lui adressa fut un peu plus froid qu’à son accoutumée, mais pour autant, elle usa de ce même contrôle pour lui inspirer un sentiment inconnu à ce dernier : la compassion.

Ne s’attardant pas plus que de raison sur cet épisode déjà bien trop chronophage, il fallait désormais s’atteler à une tâche plus complexe : retrouver le meurtrier de Prat. Si des hypothèses furent avancées, aucune d’entre elles ne parut convaincante. Et cette même interrogation revenait en boucle, pourquoi prendre la peine d’incriminer Reddas ? Que ce dernier soit à même de susciter la jalousie pour avoir partagé la cabine de la Capitaine demeurait une hypothèse qui amusait la rouquine, mais pas au point de la rendre crédible.

- Prat était un nouveau venu. Une des dernières recrues. Il n’avait que des liens superficiels avec l’équipage, et si on dit qu’il faut attendre les années pour reconnaître la valeur d’un homme, lui avait bien besoin de davantage de temps, si je me fie à son travail approximatif. Pas de quoi éveiller une jalousie, une envie ou une colère soudaine de la part de qui que ce soit à bord.

Finalement, ce fut l’expertise sanguine du vampire qui permit d’avancer au mieux leur enquête. Si, au contraire, Lilith avait davantage eu l’impression de vanter les qualités de limier de son partenaire, elle ne put s’empêcher d’éclater de rire alors qu’elle passa ses doigts le long du bras de l’aristocrate.

- Quel cri du cœur, mon cher ami… Je vois que tu ne doutes déjà pas d’alimenter mes fantasmes, je ne sais pas si je dois t’y encourager ou, au contraire, y mettre un frein. Toi qui es l’humilité incarnée… Je vais prendre ça pour une tentative de prise d’assurance…

La pirate l’embrassa alors sur la joue sans quitter son sourire moqueur, avant de souffler à son oreille.

- Quant à te comparer à un animal… Loin de moi cette idée… Mais si tu consens à ces charmants surnoms, comment veux-tu que je devine qu’ils te déplaisent ?

Usant à nouveau parfaitement de sa mauvaise foi, la Capitaine n’hésitait pas à reprocher l’absence de manifestation pour la qualification de rongeur dont elle l’avait affublée, ravie de constater que cette simple phrase signifiait qu’il avait dû prendre sur lui les instants précédents.

Ce léger interlude ne lui permit néanmoins pas d’accepter si facilement le ton impératif dont usa le chasseur.

- N’inverse pas les rôles, mon chou. Ici, j’ordonne, tu obéis. Tu t’installes dans la cabine adjacente, et tu… renifles mes hommes ?

Un large sourire s’afficha sur les traits de la jeune orisha en prononçant cette phrase.

- Pour rien au monde je ne voudrais rater cette scène…

Sans attendre, la pirate s’élança hors de la pièce pour ouvrir la salle désignée, et laisser le chasseur s’installer. Il ne fallut sans doute que quelques minutes pour que Lilith puisse rassembler les hommes qu’elle avait préalablement précités. Une dizaine tout au plus, afin de ne pas surcharger le « nez » de Reddas. Beaucoup d’entre eux étaient dans un état lamentable, et si, l’odorat n’était pas le sens le plus développé chez la rouquine, il n’y en avait pas besoin pour deviner l’importance accordée à l’alcool chez eux.

- Messieurs, vous reconnaissez tous notre cher invité…
- C’est le mec qui a tué Prat, oui… Je reste pas ici… grommela l’un des matelots.

Lilith haussa les épaules.

- Tu sors, tu me désobéis. Tu connais les règles.

Ses bras s’étaient croisés tandis qu’un fin sourire figea ses traits, presqu’avide de constater une nouvelle remontrance.

- Non… Mais… On va pas rester avec lui, c’est un assassin.
- Autant que nous tous ici, je n’en doute pas. Concernant Prat, la question va être tranchée prochainement. Il y a simplement quelques points de détails à voir… Reddas, je te laisse mener ton interrogatoire ?  


©gotheim pour epicode


Post 8 | 909 mots
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Meurtre en pleine mer [ft. Reddas | Lilith A.]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

 Sujets similaires

-
» Dix petits invités [quête ft. Reddas | Lilith A.]
» Pillons la plage ! [Reddas & Lilith Arkendar]
» Meurtre en pleine mer [Ft - Dante]
» Meurtre en pleine mer - Quête avec judith
» Paris débiles [PV Reddas]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Terres de Sympan :: Zone RP - Mers :: Mers - Ouest-