「Les règles du Jeu」

Lilith

Kalan avait insisté… La réunion à Sceptilinôst était inévitable… Et pourtant, l’état du Libertad n’était pas fameux… Si en temps normal, les relations entre le capitaine, Rack, et ses semblables lui avait permis après toutes ses années en mer d’acquérir suffisamment de relations pour prendre ses habitudes et avoir un renom certain, sa mort ainsi que celle de son second impactait plus que lourdement l’équipage, bien peu nombreux désormais pour gérer un galion de cette taille.

-          Quand je vois Sceptilinôst… J’ai pas tellement de difficultés à imaginer dans quelles circonstances tu as pu rencontrer Rack, en fait, Az… T’aurais pu m’en parler plus tôt.

Le réprouvé était d’humeur maussade, il avait déjà assisté à ce type de grand rassemblement dans le passé, mais en tant qu’habitant de la ville et non comme invité. Jamais il ne s’était projeté de ce côté-là de la barrière, et si, rien ne le dérangeait à l’idée d’être devenu pirate, un peu contraint par l’orisha, il n’avait désormais le contrôle sur rien, et craignait que les nouvelles fonctions de son amie ne la poussent à provoquer davantage les ennuis. Il préféra ne pas répondre, et s’apprêta à descendre sur le pont lorsque Lilith l’arrêta.

-          T’es le mieux à même de connaître les traditions ici, c’est vrai… Mais tu restes le seul qui peut protéger l’Orine à bord. Je ne sais pas pourquoi… Mais je ne la sens pas vraiment à son aise dans ce type de rassemblement.

Depuis leur lien, Orchidée avait pris la place de coq au sein du Libertad et jouissait d’un statut particulier. La pirate refusait évidemment que n’importe quel membre de l’équipage s’approche d’elle. Or, son allure attirait déjà l’œil à bord, et si, sur son bâtiment, elle pouvait se faire respecter, sur la terre ferme… Les éloges qu’elle entendait d’ici de certains de ses « rivaux », à considérer est qu’elle puisse les nommer ainsi tant la différence de monde était importante, indiquaient clairement qu’il serait difficile de faire de même en ville. Le réprouvé serra les mâchoires à la demande de la rouquine, avant de se plier à sa requête. Il n’ignorait pas qu’il s’agissait d’une preuve de confiance de sa part, mais pour autant, il eut beaucoup de mal à percevoir les choses ainsi.. S’éloigner de son but premier ne l’arrangeait pas. Lilith lui adressa un léger sourire avant de s’engager sur la planche, suivie de près par Tsakiel, son second.
L’Alfar, de son côté, regardait la ville et son animation avec un sourire lubrique sur les lèvres. Que le Libertad ne soit pas l’un des bateaux acclamés, loin de là, ne le dérangeait pas. Du moins… Pour l’instant. Il ne comptait pas une seconde que cela reste ainsi, et le poste récent qu’il avait pris sans regret à Rain l’incitait à se projeter dans tout rêve de grandeur. Pour autant, quelques soient ses objectifs sur du plus ou moins long terme, à court terme, seules les jupes des habitantes présentes avaient un quelconque intérêt à ses yeux.

-          Tu m’excuseras, capitaine…

Il avait prononcé ce mot d’une façon suffisamment particulière qui permettait de déceler toute l’horreur qu’il pouvait avoir dans une telle hiérarchie. Pour autant, loin de s’en offusquer, cette attitude fit rire la rouquine. En effet, malgré cette aversion, il se pliait aux règles et c’était bien là l’essentiel.. Sur le même ton, il reprit alors.

-          Mais je suis un grand partisan du charisme du chef, et tout ça… Donc j’imagines que c’est pas plus mal que tu fasses tes premiers pas dans la cours des grands toute seule…
-          Ah oui ? L’ambiance des tavernes animées te déplait à ce point pour préférer chercher à t’isoler. Je me doutais que tu préférais les expériences solitaires.

Le second se mit à rire.

-          Pas vraiment, ma jolie, mais disons qu’entre une taverne remplies d’hommes prêts à se remplir la panse, et une chambre en charmante compagnie, j’ai pas vraiment le temps d’hésiter..
-          Je vois.. C’est vrai que j’en imagine immédiatement les retombées pour le Libertad… Un carnet d’adresse avec le nom des meilleures prostituées de la ville… Tout de suite, en termes de renommée, ça en jette…

L’ironie de la rouquine fit sourire l’Alfar, elle n’ignorait pas ses rêves de grandeur et ce n’était pas ses futures ambitions qui pourraient l’amener à ce but. Conscient, de cela, sa fierté l’empêcha néanmoins de revoir ses projets.

-       On pourra parler d’une renommée personnelle. A toi de voir pour le Libertad. C’est bien ton rôle, non.. ?
-       Parce que j’ai l’air d’en douter.. ?

Lilith lui adressa un sourire moqueur et se rendit alors sur le port, accompagné de quelques uns de ses membres. Seul Kalan restait à ses côtés, il guidait comme il pouvait la rouquine à travers le port et finit par s’arrêter à l’un des hauts lieux de rassemblement. Enfumé par des volutes qui ne s’apparentaient pas uniquement à du tabac, la capitaine avança d’une démarche sûre jusqu’au comptoir, le chirurgien toujours à ses côtés. Noire de monde, l’agitation ambiante trahissait de toute part ce qu’il en était, les pirates étaient là, et s’imposaient. L’alcool, les femmes et les jeux de toutes sortes étaient omniprésents. Alors qu’elle portait un verre à ses lèvres, un homme brun, d’une large stature et barbu s’imposa à ses côtés. Près de lui, son comparse se faisait bien plus discret. Très jeune visiblement, il ne devait sans doute pas être doté d’une grande expérience maritime, et son regard un peu fuyant trahissait aisément son manque d’assurance. D’une voix tonitruante, l’homme d’âge mûr l’aborda.

- Eh bien, une femme qui n’est pas là que pour la bagatelle.. Du moins, je le suppose.
- Charmante accroche… Je crois qu’on pouvait difficilement faire plus galant. Mais peut-être qu’une dague dans les parties pourraient t’ôter les derniers doutes qui t’assaillent.. Je dis ça pour rendre service…

La rouquine avait conservé son calme et son sourire apparemment moqueur malgré l’approche outrancière. Peu choquée par ce type de propos, son récent statut pouvait la conduire à se retrouver dans des milieux de ce type.. L’homme se mit à rire, peu impressionné.

- Des menaces, tout de suite… Je suis Sin, le grand, capitaine de l’Armada. Et voici un de mes derniers moussaillons, Will. Un gosse que nous avons capturé lors d’un récent abordage.

A ses côtés, le dénommé Will fit un signe de main qu’il porta à son visage en guise de salutation. S’il paraissait ne pas dépasser les dix-sept ans, Lilith avait quelques doutes quant au fait qu’il ne soit pas plus jeune encore.

- Will, Sin… Voici Kalan, le chirurgien de mon équipage, et je suis Lilith, capitaine du Libertad.

Le pirate barbu éclata alors de rire.

-       Le libertad… C’est qu’il existe encore ce raffiot ?

Vexée au plus haut point, l’orisha garda un sourire de façade.

- Ouais… Bah au moins, t’en a entendu parlé, l’Armada tu vois… ça me dit rien…  
- Juste parce que pour une capitaine, tu n’as sans doute pas le moindre bagage ni la plus petite expérience…

Piquée au vif, la rouquine ne se démonta pas et conserva son éternel sourire railleur.

- Peut-être que je n’ai pas besoin d’avoir une cinquantaine d’années avant d’arriver à mes fins. Je sais ce que je veux, et je l’obtiens. D’ailleurs, je suis prête à te le prouver… Que dirais-tu d’un petit défi, juste une partie de manchot ?

Sin haussa un sourcil, intéressé.

-       Mmmh, une partie de manchot… Ecoute.. On m’appelle le Pourfendeur.. Et pas qu’à cause de mon épée, si tu vois ce que je veux dire…

La rouquine le regarda de haut en bas en l’invitant à s’installer à l’une des tables libres pour initier le jeu et lui adressa un sourire moqueur.

-       Ouais… Je vois.. Mais je crois pas que ce soit le genre d’images que j’aime garder en tête… Ou alors, juste pour me rappeler pourquoi finir bourrée dans une taverne comme celle-ci ne peut amener qu’à de cruelles déceptions.
-       C’est ça… Et c’est pour ça que tu réclames une partie de manchot, gamine… Mais, un défi n’en est pas un s’il n’y a pas d’enjeu.
- Cette fois… Nous parlons bien la même langue… fit l’Orisha, espiègle.

Kalan poussa un soupir à ses côtés.

- Je suppose que je soigne à la première goutte de sang.

Lilith fit un signe négatif de tête.

- Hors de question, à la première capitulation. Mais j’attends de savoir le prix à payer.

Son rival reprit alors la parole.

- Très bien… Ca me semble plutôt évident pour ma part..  Te prouver en quoi mon titre est justifié, et plutôt à l’étage de l’auberge.

Le regard lubrique de ce dernier paraissait évident quant à ses intentions. La rouquine haussa alors les épaules, indifférente.

- Mouais… Tu me demandes un gros sacrifice là..

Elle le dévisagea alors comme pour le jauger sans y trouver un réel intérêt.

- Mais soit, Will intègrera mon équipage en cas de victoire de ma part..

Le capitaine de l’Armada manqua de s’étouffer face à la requête, Lilith reprit aussi calmement que possible, sans quitter son expression narquoise.

- Si tu es si certain de mon manque d’expérience… Mon prix ne devrait pas t’inquiéter, n’est ce pas ?
- En effet… j’ai pas vraiment de doutes…

Il sortit sa lame et commença à jouer avec.

- Très bien… On commence à dix secondes alors ?

Lilith acquiesça d’un signe de tête.

- Ca me parait large… Mais on y va..

L’objectif était de planter le couteau entre chaque doigt de la main de droite à gauche pour les droitiers, et de faire un aller retour dans le temps imparti, sans se blesser. A chaque réussite, le temps était divisé par deux. En cas de blessure, le perdant devait prendre un verre cul-sec de l’alcool le plus fort servi dans la taverne et recommencer jusqu’à réussite de l’épreuve. La présence d’un soigneur était souvent plus que recommandée, celle de Kalan au cas particulier pouvait s’avérer indispensable. Lilith demeurait confiante. Son collier autour du cou faisait apparaître un fin bijou. Elle avait pu le gagner en tant que récompense récente d’une escorte qui avait mal tournée. Et pourtant, à l’heure actuelle, ce petit bijou pouvait lui assurer une victoire... En effet, ce dernier avait la capacité d’annihiler toutes les conséquences de l’alcool sur son organisme… Ce qui ne ferait donc perdre en rien l’agilité et la lucidité de l’Orisha.

Les parties de manchot enchaînèrent. Le temps diminua peu à peu.. Dix secondes, cinq, deux.. Là.. Lilith marqua un fois une courte entaille à son annuaire et dût recommencer l’épreuve après avoir vidé son verre. Comme prévu, l’alcool ne lui avait donc rien fait. A une seconde, elle se blessa une fois encore, avec la même punition et les mêmes effets. En revanche.. Sin marqua des signes de faiblesse.. Il se coupa une fois… Puis une autre, et encore une autre… Son rythme devenait plus lent et moins précis à mesure des verres, tandis que le sang coulait de plus en plus sur la table. La rouquine le regardait se blesser, un air faussement compatissant sur le visage. Au fur et à mesure, les coups des lames qui s’enfonçaient dans le bois s’enchainaient… Et les coupures également… S’il ne s’agissait que d’égratignures chez l’Orisha, Sin, souffrait beaucoup plus, manquant par deux fois de se couper totalement un doigt. Il serrait les mâchoires

- Alors Sin ? Un souci ? Où tu veux illustrer à la perfection le nom du jeu ?

Il leva son regard embrumé par l’alcool, ahuri de la voir si bien en forme.. Il fit un signe négatif de tête et reprit, poussant alors un juron plus fort que les autres.. Lilith retint alors Kalan qui s’avançait pour le soigner. La main couverte d’hémoglobine, et la vue d’un nouveau verre révulsa Sin qui se leva de rage, manquant de retomber directement, par la même occasion. Il fit un signe de sa main valide, pour annoncer qu’il laissait tomber, l’état de fraîcheur dans lequel se trouvait son adversaire le décourageait. Lilith porta sa main à son oreille.

- Pardon, Sin, Le Pourfendeur ? Je crois ne pas avoir compris tes paroles, tu t’avoues vaincu ?

Le capitaine la regarda d’un œil vitreux.

- Lâche l’affaire, c’est bon, t’as gagné… Will… Dégage de ma vue…

Lilith se releva, sans cacher aucunement son arrogance, et fit un signe de main pour autoriser le discret Kalan à s’occuper de son adversaire.

- Je t’avais dit que je ne perdais pas de temps… Will.. Bienvenue à bord !

La rouquine lui adressa alors un sourire majestueux, convaincue que, finalement, ce grand rassemblement lui avait au moins apporté quelque chose de positif.

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2095 Mots | Post 1

Gains:

Règles du jeu:

« Terre en vue mon capitaine ! » reporta la vigie.
« Vraiment ? Zun. Carte. »
Le navigateur se rua sur ses cartes afin d’observer où ils avaient finit par mettre les pieds.
« Sceptelinôst mon capitaine. »

Bon… Ils avaient encore du chemin à faire, mais Vylker devient bien admettre que de passer des jours et des jours enfermé dans cette boite qu’était le Geobukseon finissait pas être difficile à supporter. L’intérieur puait la sueur, on ne voyait pas d’autres paysages, on n’était pas stimulé. Et puis, tôt ou tard, les hommes commençaient à s’ennuyer et à stresser. Ces derniers temps, la plupart de l’équipage avait manifesté des signes de fatigue. Sans doute était-il temps de prendre une pause.
Vylker frappa dans ses mains.

« Très bien tout le monde. On va faire escale pour la nuit. Je vous veux à bord demain matin à l’aube. »

Une jubilation générale s’installa en même temps que quelques soupirs de soulagement et quelques rires réjouis. Visiblement, c’était tout ce qu’attendait l’équipage. Encore une fois, tous ne seraient pas frais demain matin. Certains allaient dépenser l’intégralité de leur part pour boire, d’autres pour profiter d’une aventure d’un soir. D’autre encore allaient sans doute jouer. Certains perdront, certains gagneront. Mais c’était aussi ce qui faisait le charme de ce genre d’escale. On ne savait jamais comment on se réveillerait le lendemain, ni avec qui ou quoi.
On mouilla le Geobukseon a un emplacement libre avant de jeter l’arrimer. Ce genre de navire ne possédait pas d’ancres, en conséquence, il fallait l’attacher à l’aide de chaînes et de cordes aux bittes d’amarrage.  
Une fois le tout bien sécurisé et mit en place, on commença a débarquer tranquillement, puis, bien vite, l’intégralité de l’équipage se dispersa. Laissant Vylker seul maître à bord, pensif sur ce qu’il allait bien pouvoir faire par la suite. Finalement, il se décida à rejoindre à son tour une taverne afin de passer du bon temps. Après tout, ce n’était pas parce que l’on était responsable d’un équipage pire que des gamins avec de l’alcool dans le sang qu’on ne pouvait pas s’amuser, non ?
Pénétrant dans un lieu un peu mal éclairé et fréquenté par toute sorte d’étranges individu, Vylker inspecta le coin.

Il y avait vraiment de tout. Des individus louches, certains au regard agressif, d’autres étaient au contraire fuyant, quelques uns semblaient vouloir cacher certaines de leurs affaires. Boh, la pègre habituelle.
Vylker alla ainsi s’installer à une table où deux personnes semblaient occupées à jouer aux dés.

« Messieurs, je me permets de m’inviter. »
Le premier était un simple marin en guenilles, le second, en revanche, semblait se cacher sous un tricorne et une redingote noire épaisse.
« Mais bien entendu. Installez vous, gentleman. » dit-il.
Vylker tira la chaise et s’installa, un peu intrigué par cet intrus dans ce lieu de débauche. Il semblait plutôt bien habillé. On lui fournit cinq dès.
 « Votre mise, messire ? »
Le béluas monstre alla piocher dans un revers de la fourrure de son pagne long, pour poser une poignée de pièces sur la table.
« Ça ira ? »
« Ça ira. Maintenant… Et bien… Que le meilleur gagne, messieurs. »
Chacun attrape ses dés, les mélangea dans sa main et les reposa sur les tables, conservant leur paume dessus afin de ne pas les révéler aux autres. Chacun commença alors  à calculer ses chances.
« Quel est votre nom, étranger ? »
« Vylker. »
« Votre annonce, Vylker ? »
Le capitaine réfléchit un instant et inspecta ses cinq dès. Deux trois, un quatre, un cinq et un six.
« J’annonce qu’il y aura au moins trois dés de trois sur la table. »
Le tour passa alors au marin en guenille, forcé d’annoncer une valeur supérieure. Ce dernier annonça trois dès de quatre.
« Mon cher ami, je crains que votre annonce ne soit fausse. » déclara alors l’homme en noir.

On révéla les dès et leurs faces. Il n’y avait que deux dés affichant une face de quatre. Le marin frappa du poing sur la table et fut contraint de donner un dé à l’homme en noir, qui en avait maintenant six. Les tours de jeu s’enchaînèrent jusqu’à ce que finalement, le marin soit éliminé. Vylker avait alors perdu un dès, tout comme l’homme en noir. Le marin quitta alors la table, dégoûté d’avoir perdu.

« Il semblerait que cela se joue entre nous, mon cher ami. »

Vylker eut beau y réfléchir à deux fois, tenter de faire des stratégies ou même de bluffer, il ne parvint pas une seule fois à mettre un point contre l’homme en noir. Soit il était très doué, soit il y avait quelque chose qui clochait.

« Un instant. C’est quoi votre nom ? »
« Pourquoi donc ? »

Vylker se leva et bouscula la main de l’homme de ses dés. Il s’en empara aussitôt, prit également les siens et les lança tous. Une fois, deux fois, trois fois. Les dés produisaient à chaque fois les même résultats.

« Ces dés sont pipés ! »
« Oh. J’aurais dû vous le préciser avant. Mes excuses. Pouvons nous nous arranger ? »
« Vous n’êtes pas un joueur franc. »
« Je n’ai jamais perdu une partie. Il faut dire que je n’ai jamais utilisé d’autres dés. »

Un sourire naquit sur le visage de Vylker.
« Vous êtes un escroc. J’aime ça. »
« Merci, mon ami. On me le dit souvent. »
« Votre nom ? »
« On m’appelle Vidoc. »
Ils échangèrent quelques formalités, se serrèrent la main et troquèrent dés contre bières.

« Dites moi, mon cher ami. Voyez vous, je suis capitaine de navire. Et figurez vous que je cherche des gens... »
« Aaah… Malheureusement. Je n’ai pas le pied marin. Je n’ai jamais navigué. Avant, j’étais commissaire priseur pour une riche fortune. »
« Pourquoi : « avant ». »

Cette fois-ci, l’homme se décida enfin à retirer son tricorne et à abaisse un peu le col de sa redingote, révélant un béluas monstre. Il possédait six yeux, un visage un peu creux et pâle, de longs cheveux et des dents menaçantes.
« Parce que cela. »
« Je comprends…. Et bien… je ne vous demanderais pas forcément de vous battre ou de participer à la navigation. J’ai juste besoin d’un expert en estimation commerciale… Et pour receler des choses. »
« Mmh mmh. C’est mon domaine. Mais qu’est ce que j’y gagne ? »
« J’imagine que des espèces sonnantes et trébuchantes ne suffiront pas. »
« Vous piquez ma curiosité. »
« Bien. Qu’est ce que vous diriez si je vous parlais de fonder à long terme une véritable force économique, sur laquelle vous auriez vos droits, bien entendu. Le seul prix dans tout cela, ce sont des convictions politiques un peu… Alternatives. »

Vidoc vida sa bière.

« Vous avez gagné mon intérêt. Continuez. »
Vylker ne pût s’empêcher de sourire. Quelque chose lui disait que cela allait être le début d’une longue coopération. Ce n’était pas un marin qu’il cherchait, cela s’apprenait. Il lui fallait juste quelqu’un qui connaissait quelque chose sur le commerce et la valeur de certains objets. Sans doute avait-il trouvé une bonne carte.

Il ne lui restait plus qu’à l’ajouter à sa main...

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Mots : 1143
Gain : +1 Agilité
Ajout de Vidoc a l'équipage. C'est un novice de la navigation qui ne connait pas la vie de pirate, qui n'a jamais mit les pieds sur un bateau, mais qui possède quelques capacités d'estimation et du savoir économique. C'est toujours bien d'avoir quelqu'un qui sait compter à bord.


Règle du jeu : Dés menteur.

Spoiler:

Merci. :(GOMMETTE):

Info:

La bateau avait levé l'ancre au retrait de la marée sur les côtes de l'île, port d'attache du Yarmouth. Tout l'équipage était à bord, incluant son moussaillon, Jessy. La blondinette prenait de plus en plus plaisir à la mer, ces abordages, ces défis et ces simple balade en mer pour changer de paysage. Cette fois Edward avait une destination bien précise en tête, sachant la nature de l'événement à Sceptelinost après plus d'une décennie de piraterie. Quelques-uns de ses matelots le savaient aussi mais le silence était le mot d'ordre. Le capitaine voulait faire une surprise à ces deux matelots qui n'avaient aucune idée de ce qui allait se passer. La brume était épaisse à l'approche des côtes, comme si même le temps avait prit part à l'organisation de cette grande fête. À moitié endormi, Jessy vint faire sa ronde sur le pont mais au lieu de voir autour d'elle une mer clame et paisible où leur seul compagnon de voyage est les vagues qui viennent caresser la coque du navire, ce fut tout autre. Partout dans la brume elle voyait des ombres, des silhouettes de navire qui se comptaient par dizaine. Prise de panique, elle se rendit en courant à Edward qui restait de glace et la regarder gesticuler en riant avant de poser une main sur son épaule pour la calmer.
- Détends-toi, c'est la fête des pirates pour quelques jours, ce soir est le moment de l'arrivée massive de tout nos collègues qui écument les mers. Pas d'attaque naval, des festivités pour tous, des occasions de se remplir ou vider les poches. De prendre du bon temps avec les filles de joies. Ça devrait te plaire !

Jessy se retint de justesse de gifler son capitaine, soupirant son exaspération avant de filer à sa cabine pour enfiler une tenue adéquate. Se plaçant ensuite sur la proue du navire pour voir l'approche de la côte mais surtout cette multitude de bateaux tous plus différents les uns des autres. Petits, gros, long, court, de un à trois mâts, le choix ne manquait pas tout comme les pavillons. Pour la plupart noir avec la tête de mort mais d'autres personnalisé par des images qui représente bien souvent le capitaine à bord. C'était le cas d'Edward qui préférait la carte de la discrétion lors de ses aventures. Il était toujours amusant de croiser un navire en toute quiétude et au dernier instant en sonner l'abordage.  Il était surprenant de voir à quel point l'espace était aménagé à la perfection pour recevoir autant de bâtiments navals d'un coup. Le Yarmouth ne fit pas exception, jetant les amarres pour sécuriser la dérive du vaisseau durant le séjour qui s'annonçait être de quelques jours.

La bélua ne se fit pas prier pour mettre pied à terre et se diriger vers la grande taverne où nombre de pirates étaient déjà présent. Curieuse, elle écoutait, percevant des rumeurs que ce n'était pas une simple fête mais bien une occasion pour les grands du métier de se réunir en toute discrétion pour des projets. Jessy trouvait ça étrange mais haussa simplement les épaules pour se concentrer sur l'ambiance. Aussitôt accoudée au comptoir, il ne fut pas long pour qu'elle reçoive des avances, comme si elle était une des filles qui travaillait pour l'établissement.
- Je vous arrête les mecs, arrêtez de pensez avec le cerveau que vous avez dans le pantalon et essayer de mettre autant d'énergie dans vos crânes.
Elle en avait assurément vexé plus d'un, certains se plaignant de ses manières peu courtoise.
- Je reprend pour les pas très brillant... je suis une pirate, pas un morceau de viande que l'on se paye !
Sans attendre quelconque forme de réponses, la bélua attrapa son verre qu'elle avait tout juste eu le temps de commander avant que n'arrive les brutes sans cervelles en manque de chair à ramollir à coup de bassin. Il ne fallait pas s'attendre à grand chose de plus devant des bougres toujours entre hommes sur un navire. Vive les équipages mixtes, source de respect et de cohésion. Jessy se cherchant une distraction, trouvant une table où se jouait un jeu à la fois simple mais prolifique pour quiconque avait un bon sens de l'observation. Le joueur actuel venait de se faire lessiver ses dernières pièces, la bélua avait peut-être sous estimé la facilité du jeu. Hésitante à miser le peu qu'elle possède mais se disant ainsi qu'elle n'avait pas beaucoup à perdre. Elle senti une main sur ses reins mais au lieu de se crisper, ce fut un frisson de réconfort qui la parcouru, reconnaissant son capitaine derrière elle qui la poussait à prendre place, lui glissant une poignée de pièces supplémentaires dans la bourse.

- B'soir ma ptite dame. Tu vois c'te perle noire, je la mets sous un des quatre verre, je bouge le tout et tu m'indiques elle est où. Fastoche. Tu mises. Tu gagnes je te donne l'équivalent de ta mise. Tu perds, bah tu perd. Du quitte ou double en somme. Prête ?
- Euh oui !

Pas encore tout à fait convaincue, les verres défilaient trop vite, perdant à plusieurs reprises, ne remportant que de faibles gains. Coup de chance probablement. Puis elle senti la pression des doigts de son capitaine sur son flanc gauche. La bélua pointa alors le verre correspondant, sautillant de joie en voyant que la perle noire si trouve. Enchainant quelques profits, suivant les doigts sur ses reins à la perfection. Oui c'était de la tricherie mais personne ne se doutaient de rien car elle perdait aussi. Son capitaine alternant gain et pertes pour atténuer tout soupçon, il maniait le jeu aussi bien que la barre du Yarmouth. Jessy, heureuse de la grosseur de sa bourse quitta la table alors que le maître du jeu fulminait de plus en plus. Nul doute il jouerai de ruse pour reprendre sa part de profit perdu.

S'éloignant du jeu avec Edward, Jessy le remercia discrètement pour son aide. Lui rendant le prêt qu'il avait effectué et en y ajoutant un bonus bien mérité. La bélua offrant une tournée à l'équipage complet du Yarmouth pour célébrer ces jours de festivités entre pirates, savourant pleinement cette immersion dans le milieu. S'offrant une chambre à l'étage pour aller savourer les bienfaits de l'alcool et sortir les griffes avec une bélua pirate tout aussi féline qu'elle...

Jeu : La Perle Noire: