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 [Quête - Terminée] Chasse à l'homme - Ft Callidora

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Sam 10 Sep 2016, 18:56

Sans la moindre raison apparente, la situation lassait Callidora. En ayant cru voir en un meurtrier sanguinaire la possibilité de tromper l'ennui, en ayant voulu jouer avec le feu pour qu'il fasse grésiller ses ailes, elle se retrouvait clouée au sol. Ses explications ne parvenaient pas à la convaincre. Peut-être était-ce dû à l’innocence qu’il avait feint tout ce temps, mais elle ne lui accordait aucune confiance. Après tout, malgré son errance dans les bois, il restait un être qui aimait planter une flèche dans le coeur de ses victimes. « Et ne pensez-vous pas que cet Alfar aurait pu vous droguer ? Je n’ai pas d’autre idée pour cette fameuse sensation dont vous parlez. » L'hypothèse d'une substance peu recommandable expliquait les pulsions destructrices du jeune homme, et elle ne voyait pas ce qui aurait pu le mettre dans un tel état. À moins qu’il ne soit épris de mort depuis toujours, rien d’autre n’avait de sens. Épuisée par la blessure de sa cheville, elle préféra arrêter de marcher quelques instants. « Les créatures sont loin. Reposons-nous une minute. » Un peu de repos ne lui serait que bénéfique, et elle supposait que son camarade d’exploration ne devait pas être en meilleure forme. Le sang collait autour de la plaie, elle le sentait. Ce ne devait pas être vraiment beau à voir. La brune se morigéna de n’avoir jamais écouté les recommandations de Syveth lors de leurs promenades sylvestres. Trouver une plante à même d’apaiser sa douleur sans l’empoisonner lui était impossible, d’autant que peu de végétation poussait dans les environs. En revanche, elle n’avait pas besoin de posséder de grandes compétences de soin pour savoir qu’une fièvre courrait sur son front.

La lassitude cédait la place à l’inquiétude, peu à peu. Les incompréhensibles murmures qu’elle croyait entendre s’intensifiaient par moments, lui laissant de sérieux doutes sur sa santé mentale. Le Vampire ne paraissait pas vraiment perturbé. « Je suis navrée si vous avez mal pris mon petit jeu. Je pensais simplement que vous pourriez me donner davantage de fil à retordre. Ce n’est pas le cas, mais je suis sûre que vous serez en mesure de le faire d’ici peu. » Un aveu à peine dissimulé de ce qu’elle avait vu sur lui. Personne ne devait connaître les visions qui lui ravageaient la tête, et pourtant, offrir des indices n’était pas interdit. Qu’il soit vexé de sa tentative de manipulation se révéla plus amusant que prévu. Être trompé ne devait pas être agréable. Et s’excuser face à un assassin sans scrupule avait quelque chose de délicieux. Quelque chose ne tournait pas rond, chez elle. « Je n’attends rien de vous, à vrai dire. Vous savez, je m’ennuie, et je n’aime pas m’ennuyer. Il y a peu, j’ai décidé de traquer les meurtriers pour comprendre ce qui les poussait à passer à l’action. Empêcher les massacres ou rendre la justice ne m’intéresse pas. Ce que je veux, c’est comprendre. » Un désir insatiable qui la menait à de curieuses aventures où le danger rôdait toujours. Sa mère lui avait toujours répété que la curiosité était un vilain défaut. La Rehla ne pouvait s’empêcher de constater à quel point elle avait eu raison, avec le temps.

Soudain, un chuchotement plus brutal que les autres la fit tourner la tête sur le côté. Le silence revint sans qu’elle ne puisse percevoir ce dont il s’agissait. La frustration ne tarderait pas à la gagner, et elle ne supportait pas de ne pas avoir ce qu’elle voulait. Le temps de réaliser l’un de ses souhaits ne comptait pas. L’échec, cependant, était intolérable. « Est-ce que vous entendez les voix, vous aussi ? » La brune ne parvenait pas à croire que cela venait d’elle. Jamais elle n’avait éprouvé pareille sensation. Malgré la fièvre qui montait peu à peu en elle, elle savait que les étranges murmures venaient d’ailleurs, un ailleurs bien plus effrayant que son esprit. Sa tête bascula doucement sur le côté alors qu’elle dévisageait le jeune homme. La faim commençait à tirailler son ventre. Cela n’avait pas d’importance. Avec précaution, elle se pencha en avant pour appuyer doucement sur sa cheville blessée. Par petites pressions, elle tentait de prendre conscience de son état. Desserrer le bandage lui ferait le plus grand bien. Une fois que tout fut à l’air libre, elle inspira longuement, appuyée contre le tronc de l’arbre. « Dites-moi, Reddas. Est-ce que vous aimez tuer ? Enfin, je veux dire, qu’est-ce qui vous donne du plaisir à achever l’existence d’un inconnu ? Qui y-a-t-il d’agréable là-dedans ? » Retourner le problème sous tous ses angles ne servait à rien. Par ses petits interrogatoires et ses vaines poursuites, Callidora ne cherchait qu’à retarder l’échéance. Un jour ou l’autre, il faudrait qu’elle y goûte, elle aussi. Quel qu’en soit le prix, il faudrait qu’elle sache ce que cela faisait de sentir la vie s’échapper d’un corps pour filer entre de coupables phalanges. Portant une main à ses tempes, elle ferma les yeux. La caresse du sommeil ne tarda pas à l’emporter vers un royaume où le calme s'imposa face au tumulte agité qui régnait en elle.


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Mar 13 Sep 2016, 17:00

Admettre mon infériorité se révélait bien assez pénible pour que se supplémentassent de vifs reproches. Guère de cet avis, mon interlocutrice scanda une hypothèse qui ne manqua point de véhiculer mépris et condescendance à mon égard. Si l'explication de la drogue faisait sens, jamais elle ne me serait venue à l'esprit. Confronté à mon ignorance, je grinçai des dents silencieusement. Sueurs froides et crispations dans mon échine n'étaient qu'à leurs prémices annonciatrices de mon dialogue avec Callidora. J'acquiesçai toutefois à sa supposition en me retenant de tiquer.  « Ce… cela fait sens, en effet. » L'incompréhension persistait. Si elle détenait les clefs de la vérité, pourquoi s'attardait-elle sur ma personne ? Incapable de dresser ses ambitions, je me massai le cou de nervosité. Je ne me considérais point couard, mais comment expliquer ce malaise persistant quant à incarner un pion dont elle usait pour son amusement ? La lourdeur de mon épaule décuplait vraisemblablement mes troubles. Tantôt s'excusant, tantôt annonçant chercher distraction, la personnalité de cette femme se dressait telle la brume environnante. Imprévisible et inquiétante, je peinai à saisir les rouages de son raisonnement, ce qui accentuait mon appréhension. Qu'y avait-il à élucider chez un individu qu'elle avait cerné au premier regard ? Je ne le saisissais définitivement point. J'étais perdu.

Comprendre, disait-elle. Ce n’était guère un mot adapté pour dépeindre mon état d’esprit. Elle évoqua des voix ; s’agissait-il d’une démente ?  « Non. Seules des pulsions m’animent, ce qui s’avère déjà fort pénible. » Un intellect situé hors de ma portée. La folie expliquait-elle le génie de cette femme, ainsi que mon effroi subséquent ? La tension gravit un pallier. Les basculements répétés du visage de Callidora n’auguraient rien de bon. Le délire mutait-il en paranoïa ? Ou le danger marquait irrémédiablement sa présence ? Je ne pus statuer ce qui, de ses réactions ou avertissements, était le plus à craindre. La teneur de ses questions alimenta mon anxiété. Pourquoi s’enquérait-elle de la mort et du plaisir éprouvé en la donnant ? Il était vrai que j’appréciais la chasse, cependant, cette prédisposition à la prédation ne m’avait guère préparé à une transposition sur mes pairs. Les sensations découvertes au cours de cette chasse à l’homme demeuraient fraîches et floues. Mon esprit embrumé ne m’accordait le luxe d’une explication ponctuée de certitude. Le socle demeurait figé, cependant. La spécificité nébuleuse.  « Si vous référez à mes actes de tantôt, je ne saurais me prononcer avec assurance... J’apprécie la chasse pour l’adrénaline, l’incertitude que génère son caractère pernicieux. L’achèvement d’une proie n’est qu’une finalité, un triomphe accompli concluant avec panache la tension ainsi créée... » Je m’interrompis un instant. Cette assertion concernait la traque animale. Les enjeux d’une chasse à l’homme demeuraient différents. Intimement, je savais qu’une autre composante régissait le plaisir qu’engendrait cet acte. Procéder à une introspection relative à un événement récent s’avérait ardu. J’ajoutai, non sans hésitation, l’hypothèse qui se dressa à mes yeux.  « … Mais il me semble qu’au cours de ma transe, j’affectionnais… l’effroi dans le regard de mes victimes... ? »

Je me tus. Cette conversation revêtait des relents malsains. Je ne désirais point solliciter mes pulsions en les évoquant pour qu’elle me poussassent par mégarde à attaquer Callidora. Il s’agirait-là d’une erreur hautement regrettable, payée au prix fort. Mon inconstance émotionnelle me hantait, me tourmentait. Paradoxalement, l’atmosphère sinistre dans laquelle nous baignions ne parut nullement importuner mon interlocutrice. Pour cause, elle s’assoupit sans crier gare, totalement indifférente au cadre instable de la forêt. Cette réponse me stupéfia, marquant une nouvelle strate d’incompréhension et d’anxiété. Elle ne redoutait définitivement rien pour se permettre pareil manquement de vigilance ? Ou était-ce un leurre qu’elle me tendait pour que je cédasse à l’acte ? Pression. Je sentis le doute m’envahir une énième fois. Lui porter atteinte alors qu’elle baissait sa garde ? Insensé, inconcevable… Mais elle demeurait sans défense… Qu’importait ? Cette femme était… effrayante. Omnisciente et redoutable. Je me mordis les lèvres, en proie à l’hésitation. Les environs ? Ils paraissaient déserts, dénués de toute présence. D’un côté, je ne pouvais nier son sauvetage. De l’autre, elle m’apparaissait comme un danger égal à l’environnement mortifère. L’abandon se dressait comme solution viable. Lâche certes, mais que perdais-je à déserter une inconnue hautement capable d’assurer sa propre survie ? Il n’y avait nul honneur à m’être fait surprendre. La dignité secondait la survivance.

Aussi lentement et discrètement que possible, je reculai, m’éloignant de Callidora. Remarquerait-elle ma dérobade inopinée ? Je retins mon souffle. Puissé-je m’en sortir...

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Jeu 20 Oct 2016, 12:19

La tendresse des bras du sommeil se refermait autour d’elle, et cette douce emprise faisait vaciller sa vigilance. Incapable de résister à l’envie de fermer les yeux, Callidora ne cherchait qu’à faire taire la désagréable douleur de sa cheville blessée. Toute cette histoire lui paraissait se fondre en un cauchemar sanglant sous ses paupières closes, et les sursauts de sa raison ne suffisaient pas à la ramener à la réalité. S’endormir en de telles circonstances pouvait entraîner de catastrophiques conséquences. Soudain, quelque chose changea autour d’elle. La température chuta brutalement. La jeune femme s’arracha à sa somnolence une seconde pour observer les alentours. Le calme régnait. Seule sa dague vierge reposait entre ses doigts. Reddas avait disparu, renonçant à son envie de meurtre pour assurer sa survie. Au moins n’était-il pas imbécile, même si elle doutait de pouvoir se défendre dans un tel état. Alors qu’une impression diffuse de danger s’insinuait en elle, elle vit une masse sombre se jeter sur elle. Il s’agissait en réalité d’une jeune femme dont la colère et la détresse déformaient les traits, transformant son visage en un masque animal. « C’est toi qui les as tués ! Monstre ! » Se livrant à une indéniable bestialité, elle frappa la Rehla à plusieurs reprises sans qu’elle ne puisse réagir et lui écrasa même la cheville. La brune hurla. Qu’on la prenne pour l’assassin ne l’étonnait pas, mais son absence de méfiance la mettait dans une situation périlleuse.

Faisant appel à ses dernières forces, la brune tenta de repousser son assaillante, en vain. Se servir de sa dague aurait été prendre le risque de la voir se retourner contre elle, ou pire, de blesser mortellement la jeune femme visiblement en proie à une confusion folle. S’efforçant de se défendre face aux coups acharnés, elle reçut un coude dans la mâchoire. Ses dents se refermèrent sur sa langue. Ce fut cette nouvelle douleur qui la poussa à réagir. Attrapant la première chose qui tombait sous ses phalanges fatiguées, elle saisit une pierre qu’elle abattit sur le crâne de son attaquante. L’assommer représentait une alternative tout à fait convenable. Le corps glissa sur le côté, s’effondrant au milieu des épines mortes. Callidora se pencha vers elle pour s’assurer qu’elle ne pouvait plus lui nuire. Il fallait qu’elle se relève et qu’elle trouve la sortie de ces satanés bois. Seulement, elle n’entendait pas le soufflement régulier de la respiration de sa victime. Son sang se glaça. Avec maladresse, ses doigts se posèrent sur sa gorge à la recherche d’un signe salvateur. Au début, elle n’entendit rien. Une panique indicible s’empara d’elle. Briser les interdits de son peuple était une chose. Violer les commandements célestes était autrement plus grave. Allait-elle mourir ? La Rehla n’eut que le temps de percevoir un faible battement qui s’amenuisait avant que quelque chose ne la tire en arrière.

La lumière l’empêcha d’abord d’ouvrir les yeux. Lorsque ses pupilles s’habituèrent à la différence saisissante d’éclairage, Callidora eut la surprise de voir Reddas debout à ses côtés. Que faisait-il là, et où étaient-ils ? La surprise se prolongea dès qu’elle remarqua un troisième individu qui se tenait à la lisière des bois, un sourire torve sur le visage. Son apparence décharnée ne laissait pas présumer de sa force, et pourtant, les ténèbres semblaient s’échapper de lui. « Voilà donc les heureux élus. Vous m’avez suffisamment amusés pour rester en vie. J’espère que vous avez apprécié votre petit séjour. » Un ricanement sinistre retentit. La brune voulut se jeter sur l’odieuse silhouette pour la retenir et ne saisit que du vent. Une moue boudeuse se forma sur ses lèvres. Jamais elle ne retrouverait l’étrange créature. Tout ce qu’elle avait pu en percevoir était qu’il s’agissait d’un Démon. Décidément, alors qu’elle aurait voulu oublier leur maudite existence, le Destin s’amusait à placer sur son chemin les enfants de l’Enfer. La situation nécessitait sans doute qu’elle fasse preuve de davantage de sociabilité. Se tournant vers le Vampire, elle lui lança un sourire amusé. « Quelle aventure étrange ! Cette forêt est formidablement intéressante. C’est un endroit excitant, vous ne trouvez pas ? » Tâchant de se montrer agréable à présent qu’elle avait obtenu ce qu’elle voulait, la jeune femme ne remarqua pas l’objet que l’inconnu avait laissé sur le sol en partant. « Excusez-moi pour mon attitude pour le moins… Troublante. Je ne voulais pas vous effrayer. Quand je veux savoir quelque chose, je finis toujours par le découvrir. Peut-être me suis-je montrée un peu trop insistante, mais voilà l’énigme résolue. » La compréhension lui offrait une satisfaction indicible. Son camarade de survie avait sans doute été victime de la magie démoniaque. La solution était d’une simplicité enfantine. Cela la fit sourire. Seulement, sa cheville la faisait terriblement souffrir, et elle ne pensait plus qu’à régler le problème. « Il va falloir que je trouve un guérisseur. Voulez-vous venir ? » Callidora désigna le village en contrebas. Le Vampire pouvait très bien la laisser ici, mais elle doutait qu’il veuille repartir dans les bois à la recherche de Drosera.


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Jeu 27 Oct 2016, 18:24

Lenteur et précaution animaient d'ordinaire mes pas et gestes lorsque je souhaitais m'approcher silencieusement de l'objet de ma traque. L'ironie de la situation me poussait à appliquer ces mesures dans une finalité diamétralement opposée. Ma démarche feutrée n'eut de cesse qu'au sortir du champ visuel présumé de Callidora – je cherchai à m'assurer qu'elle ne distinguât point la direction que j'avais adoptée pour m'éclipser. Par chance ou par tromperie, elle ne sembla point réagir, abandonnée à l'assoupissement. Mon pas de velours muta alors graduellement en marche prudente avant que celle-ci ne laissât elle-même place à l'accélération, dans la mesure de ce qui était permis par mes blessures. Une course périlleuse n'était point envisageable ; seule une démarche rapide demeurait praticable.

M'extraire du joug de cette femme singulière ne garantissait point mon salut pour autant. Au contraire : je m'exposais à davantage de risques ce faisant. La forêt ne m'apparut guère davantage éclaircie et nul indice convergeant vers la sortie ne me fut offert pour m'assister dans mon escapade. Avais-je souscrit au meilleur choix en optant pour la dérobade ? Il était trop tard pour m'assujettir aux regrets. Je priai silencieusement les Aetheri pour qu'ils me guidassent dans le bois sombre, me léguant quelque illumination pour me soustraire à cet environnement délétère. Ma prière fut-elle exaucée ou me retrouvai-je puni pour ce blasphème ? Je ne sus le déterminer ; des voix se mirent à siffler dans mes oreilles. Conductrices ou sources de leurres ? Elles murmuraient, susurraient d'incompréhensibles palabres avec une frénésie croissante à mesure que j'avançais. En rien elles ne me confortaient, n’adoucissaient le cadre lugubre. Je ne parvins à appréhender le mysticisme de leur souffle – tout chemin qu'elles semblaient me recommander m'apparut flou ou hasardeux. Jugulées à ma tension et mon état, elles m'éprouvaient significativement sur le plan mental, me plongeant dans une détresse permanente. Nerveusement, j'observai les alentours comme pour établir leur présence ou déterminer leurs directives. Rien n'y fit ; elles demeuraient irréductiblement fuyantes et pourtant si proches… Les sueurs froides n'eurent de cesse de couler le long de mon échine à l'image de ce bourdonnement ambiant continu, vecteur d'asphyxie. Où étaient-elles ? Qu'étaient-elles ? Pourquoi existaient-elles ? Où me situais-je ? Où m'emmenaient-elles ? Que… ?

Le néant. Je découvris bientôt le néant, telle une forme d'absolution libératrice. Le vide rompit l'exercice oppressant des voix ; l'obscurité me gagna. Étais-je mort ? Ezechyel m'avait-il rattrapé et prononcé son jugement ? Telle fut la première idée qui me vint, lorsque je me retrouvai en mesure d'émettre quelque hypothèse intelligible. Il me sembla marcher, avancer – j'étais guidé par une force invisible. Un exode aveugle. Celle-ci me menait-elle vers le royaume des défunts ? Je ne tardai point à découvrir la réponse.

Non.

La fugace dispersion de mon esprit s'envola à l'image d'une brume dissipée. J'étais toujours dans la forêt, quoique j'avais regagné sa lisière par je ne savais quelle sorcellerie. Un geste vif me tira de ma stupeur apparente pour que je découvrisse une surprise plus grande encore. Callidora se tenait à mes côtés, ou plutôt entreprit de se relever. Conforme à son caractère dérangeant, elle souriait. Comment parvenait-elle à afficher tant d'amusement ? Était-elle responsable de ma détresse de tantôt ? Je demeurai interdit en la contemplant et en l'écoutant décrire notre aventure avec autant de légèreté. Je ne pouvais m'accommoder à ses lubies, à ses déclamations sans m'en retrouver perturbé. Les mots m'échappaient pour qualifier l'étrange sensation que j'éprouvais à son égard. Un brin de crainte, entremêlé avec une étrange forme de respect… et de gêne constituait la description la plus juste que je pouvais dresser en l'état actuel. Sous l'emprise du trouble, je répliquai prudemment.  « Excitante sans doute, quoique j'aurais davantage employé le terme « effarante ». » Tel était mon ressenti de cette aventure.  « Vous me voyez… ravi que vous ayez triomphé du mystère. J'ai hélas bien peur de ne point égaler votre intellect et de n'avoir guère saisi les tenants et aboutissants de l'affaire... »[/b] En aucun cas, je ne devais la provoquer. J'avais été témoin de sa magie, et ne désirai nullement m'y confronter.  « … Mais je ne suis point certain de vouloir chercher à démystifier ces derniers. A moins que vous ne désiriez me les expliquer, cela va de soi. » J'esquissai un sourire, ou tentai d'afficher pareille mine, certain qu'elle me confondrait immanquablement. Mon interlocutrice proposa alors que nous cherchassions quelque guérisseur. Au vue des conséquences de ma précédente tentative de fuite, j'optai pour une approbation sans autre forme de contestation.  « Je vous emboîte le pas. » Même si nous venions de quitter la forêt, je ne me sentais nullement serein en présence de Callidora. J'attendais qu'elle me congédiât d'elle-même plutôt que d'écarter ses invitations. Satisfaire ses désirs constituait un modeste prix pour échapper aux tourments des murmures acerbes.
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Sam 29 Oct 2016, 22:48

Il fallait avouer que cette curieuse aventure avait de quoi en décontenancer plus d’elle. Fidèle à son affection envers les situations les plus rocambolesques, la jeune femme ne se rendit pas tout de suite compte de la gêne que semblait éprouver son camarade de jeu. La survie avait sans douté représenté pour lui une véritable épreuve, et elle devait reconnaître qu’en dehors du moment où elle l’avait tiré des griffes des hideuses créatures qui peuplaient le sous-bois, elle ne s’était pas montrée des plus cordiales. C’était ainsi : certains jours, sa curiosité devenait tellement insoutenable qu’elle la poussait à commettre des actes insensés. La Rehla savait que cela finirait par lui nuire, et pourtant, elle ne parvenait pas à s’en empêcher. Comme une soif inextinguible, le désir de savoir palpitait sous sa peau avec une ardeur amoureuse. Lorsqu’il fit mention de ses doutes à propos de sa compréhension des derniers événements, elle balaya la question d’un revers de la main. Cela lui semblait d’une simplicité familière, et elle en vint à se demander si cette facilité récurrente n’annonçait pas une future catastrophe. Ses lèvres se pincèrent légèrement. « Il se trouve qu’un Démon s’ennuyait, et il a eu la charmante idée de se servir de la magie ou d’une drogue quelconque pour aiguiser certains de vos… Penchants, si je puis dire. Il vous a sans doute manipulé pour que vous nous ameniez dans la forêt et que vous nous traquiez ensuite. Une chasse à l’homme, en somme. Ces créatures-là ne savent plus quoi inventer pour se distraire. » Levant les yeux au ciel d’un air exaspéré, elle s’empressa de prendre le chemin du village.

Sa cheville blessée lançait de petits éclairs douloureux à chaque pas, rendant sa démarche hésitante et le trajet pour le moins difficile. Une fois arrivée en bas du sentier, elle s’arrêta quelques secondes pour reprendre son souffle. Formuler des excuses ne faisait pas partie de ses habitudes. Serrant les dents, elle prit une légère inspiration avant de se lancer. Après tout, il fallait bien commencer quelque part, et elle doutait qu’il lui en tienne rigueur bien longtemps. « Je suis navrée de mon attitude envers vous, dans la forêt. Je pense parfois un peu trop à ce que je veux savoir, et la manière que j’emploie pour l’apprendre a tendance à m’indifférer. Ce n’était pas très correct de ma part. » Puisqu’il s’agissait d’un Vampire, nul doute que quelques jours baignés de sang suffiraient à lui faire oublier cette mésaventure. La brune reprit sa marche à la recherche d’un guérisseur en mesure de lui venir en aide. Seulement, elle ne voyait pas vraiment ce qu’elle pouvait faire de plus à ses côtés. Sa compagnie ne lui déplaisait pas particulièrement et ne lui plaisait pas davantage. Les présentations n’avaient pas franchement été réalisées dans les meilleures circonstances, et elle n’envisageait pas un seul instant qu’une autre relation puisse s’établir entre eux. Comme tout étranger qui croisait son chemin, elle n’hésitait pas à le laisser filer, quitte à s’assurer qu’il ne s’attarde pas auprès d’elle.

L’arrivée à l’auberge ne présenta pas de problème majeur. La brune ignorait combien de temps ils avaient passé dans les bois. La tenancière sembla ne pas la reconnaître, pas plus qu’elle ne put mettre un nom sur le visage de Reddas. Soulagée, la jeune femme apprit cependant que sa chambre était toujours réservée et que personne ne s’y était rendue. Prendre ses précautions présentait parfois quelques avantages non négligeables. Prétextant une visite de courtoisie, elle se dirigea vers l’escalier. L’ascension des marches se révéla périlleuse, mais elle y parvint au prix d’un effort considérable. Dès qu’elle poussa la porte de la chambre, elle vérifia que ses affaires étaient intactes. Rien n’avait bougé. Ravie de savoir qu’elle pouvait récupérer ses biens, elle noua le paquetage autour de sa taille. « Je vais devoir vous laisser. Le soin de ma cheville ne peut plus attendre, et je doute que vous ayez envie de subir les égarements d’une convalescente. Cet endroit est payé pour quatre nuits, alors si vous souhaitez rester un peu, ne vous gênez pas. Peut-être nous reverrons-nous un jour. Je vous suggère une bonne nuit de sommeil. On ne peut pas dire que cette histoire ait été de tout repos ! Au revoir, je suppose. » Sans lui offrir l’occasion de la retenir _ ce dont il n’avait de toute manière manifestement pas l’intention, elle disparut derrière le cadre de bois et s’empressa de retourner au rez-de-chaussée. La patronne lui fournit l’adresse d’un guérisseur en grommelant contre les jeunes insouciants qui s’échouaient au village. Callidora sortit de l’établissement avant de s’engager dans les ruelles en boitant légèrement. Perdue dans ses pensées, la jeune femme faillit rater la maison de l’homme qu’elle cherchait. Le temps du repos était enfin venu.


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[Quête - Terminée] Chasse à l'homme - Ft Callidora

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