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 Le Kraken [Pv: Létouille][-18]

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Latone
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Latone
Ven 15 Juil 2016, 01:49

Latone était restée debout, au milieu de la pièce, tandis qu'Aëran revint à elle. Les ennuis commençaient à pointer le bout de leur nez, cela devenait intéressant, mais également dangereux pour tout le monde. Il n'y avait pas de quoi trouver cela amusant, il n'y avait concrètement rien de bien folichon à se mettre sous la dent dans une telle situation. Léto aimait le challenge, pas tenter s'extirper d'une complication trop décousue pour elle. La bleue croisa les bras devant l'efficacité de l'Alfar à brouiller les pistes derrière eux. Je comprends maintenant pourquoi c'est toujours aussi bien rangé chez lui. Surtout après mes visites. Mais ce n'était pas suffisant, elle le sentait, Aëran le savait aussi. Elle sourit bien avant qu'il n'ouvre la bouche, les choses allaient commencer à se gâter. Bien évidemment, elle fit abstraction de ses conseils : Léto n'avait pas besoin de Latone dans l'immédiat, sinon elle se serait déjà volatilisée. L'Esprit le suivit et se retint de rigoler alors qu'ils s'enfonçaient dans les profondeurs de la coque ; elle était trop enfantine, facilement distraite par l'ironie de la situation.

" On va aller voir le petit ? " Demanda-t-elle avec un ton si naturel qu'elle se trahissait volontairement : elle savait que l'Alfar avait un Vedelea sous le coude depuis son arrivée, du moins depuis qu'ils s'étaient assoupis la veille.

Latone ne rajouta rien, elle n'offrit que des coups d'œil mystérieux, rien qui démontrait un quelconque reproche ou une malheureuse résignation. Elle était la guerrière, celle qui n'en démordait plus. Elle suivit le nouveau papa et son fiston jusqu'à la cabine, elle ressentait que le début du festival était proche. Elle demeura discrète, se contentant de le regarder préparer leur couverture, avant de finalement de disparaître sur une dernière parole.

" On va bien s'amuser ! "

~~~

Léto perdit rapidement le contrôle de la situation. C'était risqué, elle le savait déjà, mais elle ne s'était pas attendue à ce que les choses s'accélèrent autant. Elle n'était pas encore habituée à contrôler les foules d'une main de fer dès le début ; peut-être qu'elle en imposant à première vue, mais ce n'était pas suffisant pour mener les gens par le bout du nez. La Chamane n'avait guère la prestance d'un sang bleu, ces notions lui filaient encore entre les doigts. Ce n'était pas plus mal de se cantonner au rang de roturière, mais les désespérés n'accepteront d'écouter que ceux qui ne se laisseront pas marcher sur les pieds. Ces personnes ont déjà semé la zizanie sur le navire… Il n'était néanmoins pas encore trop tard, sa persévérance demeurait vorace.

" Que vous croyez en Sympan ou aux Ætheri n'a aucune importance ! Elle s'adressa uniquement à ceux qui tournaient les yeux vers elles, il ne serait guère avisé de s'en prendre à ceux qui refusaient de tendre l'oreille. Ce que vous ne pouvez pas nier, c'est que les Ætheri sont là, que votre foi soit tournée vers eux ou non. Je suis une Chamane, mais je ne prétends pas parler en leur nom. Cependant ! Elle tourna autour d'elle, afin de capter le plus d'attention possible. Je sais reconnaître un problème lorsqu'il est de l'ordre divin ! Cette Marque – elle la pointa du doigt – n'est que tromperie ! Vous avez entendu des histoires, mais avez-vous vraiment vu le Kraken à l'œuvre lorsqu'il vous alerte de la sorte ? Avez-vous ne serait-ce qu'une connaissance qui peut vous confirmer que ce qu'on raconte est vrai ? Non, évidemment, personne ne le pouvait ; soit personne ne survivait, soit ils étaient chanceux de ne pas encore avoir eu affaire au monstre marin. Mais le fait était qu'ils se basaient sur des on-dit, et non des faits, là visait la stratégie de Léto. Croyez-moi, ce phénomène n'est pas… naturel, il est de l'ordre du mystique. Et en tant que Chamane, je peux vous aider, si vous m'aidez à stopper cette folie ! Ne les laissez pas engendre plus de mal en nourrissant le Mal ! "

Des cris de détresse retentissaient sans cesse sur le pont, l'entrepont était sans dessus dessous avec l'intervention des soi-disant justiciers. Ces débordements, ce trouble qui s'installait sur le navire, tout cela eut pour effet de rendre confus les passagers qui avaient encore une étincelle de bon sens. En se fiant à l'apparence sauvage, quelque peu mystérieuse de Léto, ils finirent par hocher de la tête, quelques uns d'entre eux. Ils se dispersèrent, soit pour se réfugier, soit pour arrêter les détracteurs qui osaient mettre à mal leur traversée ; plus tard, ils voudront s'en remettre à elle pour chasser une bonne fois pour toute le maléfice, ce qu'il lui laissait un peu de temps. Le souci primaire étant que le capitaine en personne faisait parti de ces fous… La blonde voulait trouver une solution, mais dans l'immédiat il était plus urgent d'assurer sa propre sécurité et celle de son fiancé.

Sans prendre en compte l'injustice – pas encore – dont elle était témoin sur son chemin, elle déambula sous le pont, droit jusqu'à sa cabine personnelle, dans l'espoir de la retrouver propre et écartée de tout soupçon. Sa route fut quelque peu bloquée, un attroupement de mauvaise graine s'était formé devant sa porte, l'empêchant d'avancer davantage. Elle entendit Aëran se défendre, puis, dans un angle mort, Léto croisa le regard de Latone, qui se montra exacerbée ; elle comprit. Elle souhaitait tout de même voir de ses propres yeux, alors elle joua un peu des coudes pour se frayer un chemin et découvrit sa chambre dans un bordel sans nom, certes, mais sans trace de sang. Ses yeux vairons dardèrent le capitaine et ses acolytes, elle allait malgré elle rentrer dans le jeu de l'Alfar, pour l'instant.

" Madame, vous ne m'aviez pas prévenu que vous aviez de la famille avec vous… Elle sourit, tel un ange.
- Cette cabine nous suffit amplement à tous les trois ; enfin, hormis le nouveau désordre. Ils restèrent silencieux quelques secondes, s'échangeant des regards suspicieux. Léto se tut, croisant les doigts pour que tout aille bien : au final, le capitaine retira son chapeau et fit une brève révérence en guise d'excuse.
- Pardonnez notre intrusion. Je vous laisserais bien quelques hommes pour vous aider à faire le ménage, mais nous avons encore quelques chambres à fouiller. Excusez-nous. " Il sortit, presque de force, sans réellement se confronter à la carrure de Léto forcément.

Elle attendit qu'ils daignent tous se retirer, puis qu'elle entende de nouveau un bordel se mettre en place plus loin, avant de fermer la porte. Léto prit une légère inspiration avant de se retourner. Elle découvrit son homme, en compagnie du fameux Vedelea. Ces gamins-là, elle pourrait les reconnaître entre mille, tellement ils avaient tous ce regard si reconnaissable, presque aussi ressemblant que celui d'Aglakh lorsqu'il se manifeste sous les traits de l'Alfar. Enfin, elle se confronta au regard d'Aëran. Contrairement à ce qu'elle aurait pu faire, elle se contenta de sourire, sans rien dire, mais ses yeux trahissaient une profonde blessure. Puis elle remarqua le bureau saccagé, les tiroirs ouverts. Elle se précipita dessus et fouilla celui de son intérêt : le médaillon n'était plus là.

" Ils me l'ont pris… C'était une catastrophe. Il y en a un qui m'a volé le médaillon, lequel ?! S'écria-t-elle vers les deux autres. Elle fit les cent pas dans la pièce, toute excitée, paniquée comme jamais, elle murmurait à bas mots des pensées instables, en se mordant les pouces. Soudainement, elle se retourna d'un coup vers eux. Un voleur a profité de ce chaos, évidemment ! J'ai réussi à convaincre quelques uns de les arrêter, si on s'allie à eux pour… Elle braqua son regard dans celui d'Aëran. Je dois récupérer ce médaillon. Comment faire ? " Léto s'en remettait à lui, sa confiance n'était pas plus ébranlée qu'auparavant.


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Mar 02 Aoû 2016, 16:19


La tête de l’enfant était toujours collée à ma poitrine, mes doigts enfouis dans les cheveux du garçon. Qu’importait l’instant où il serait contraint de se briser sur les ordres des Númendil, il jouait le rôle qu’on lui avait ordonné de faire. Un gosse bien dressé, qui ne s’occupait que de survivre à l’instant présent. Son tatouage était caché par mes vêtements, ses mains me serrant comme un fils enlacerait un père. Léto joua le rôle qui lui avait été silencieusement assigné, surement avec une pointe d’amertume, un autre obstacle qu’il faudra franchir dans les jours à venir avant de se briser dessus. Le garçon ne déposa un regard sur sa prétendue mère, que lorsque la porte se referma derrière elle. Ses doigts lâchèrent mes vêtements, toute once d’émotion ayant disparu. Un regard sombre scrutait la femme, cherchant les failles qu’elle serait amène de lui donner. « C’est inutile. » Fis-je, sachant pertinemment ses intentions. « Nous te briserions bien avant. » La profondeur de mon regard s’était tout autant assombrie et il baissa les yeux vers le sol. Tandis que je gardais un œil sur l’enfant, je vis Léto s’exaspérer de la perte de ce fameux médaillon. Le même médaillon qui avait attiré mon attention tantôt. Le Vedelea eut tant fait de tiquer, il avait cerné une faille qu’il pouvait dorénavant utiliser à bon escient. Lorsque son regard se braqua sur moi, je sus que c’était l’une des issues afin de dépasser l’obstacle qui venait tout bonnement d’en renforcer d’autres. Un secret pour un secret, un chantage affectif qui n’avait pourtant pas lieu d’être, mais qui confortait Aglakh dans ce désir de domination. Sans un mot, je sortis de la cabine. Le groupe qui avait saccagé l’endroit était à quelques mètres, attrapant l’un des passagers qui étaient, pour eux, le Mal de tous. « Vous vous permettez de vider nos logis, de nous fouiller au corps, de nous juger… cependant, personne ici n’est venu vous juger vous. Qui nous dit que vous n’êtes pas le Mal qui secoue le navire ? Qui nous dit que le Mal n’est pas caché en l’un de vous, infiltrant les plus pures afin de survivre ? D’échapper au jugement ? » Les doutes sinisèrent dans les esprits et rapidement, les mains lâchèrent les épaules du frêle gringalet. « Tu nous accuses, nous, Elfe ? » un homme leva le doigt vers moi, le regard haineux. « Je n’accuse personne, vous avez fouillé mes affaires, terrorisé mon fil et retourné ma cabine, vous savez maintenant que je ne suis pas le Mal que vous chassez, cependant, moi, je ne sais pas si vous faites partie du bon bord. » Il vida frénétiquement ses poches, ne sortant que quelques babioles sans valeurs. « Allez-y ! Fouillez-nous si le cœur vous en dit, mais sachez que le Mal n’est pas parmi nous. » Je souris, tandis que sans un mot, je passais mes mains à tâtons, cherchant ce médaillon. Rapidement, je décelais un jeune homme au regard fuyant et je me dirigeais vers lui. Dès que mes mains s’approchèrent, il eut un mouvement de recul, les sourcils froncés. « Si tu n’as rien à cacher, tu n’as rien à craindre. » Les regards pesants de l’entourage eurent raison de lui et il se laissa approcher. Mes doigts glissèrent dans une poche intérieure et le médaillon glissa de celle-ci. « Tiens, mon médaillon. » Fis-je sans poser un regard sur l’homme. Je me retournai alors vers le capitaine du navire. « Est-ce que les voleurs font partie de ce Mal que vous chassez ? » Sans attendre la moindre réponse, je parcourais le couloir menant à la cabine, sachant pertinemment que le prochain plongeon que nous entendrions sera celui du jeune voleur.

« Vous ne devriez pas faire confiance à ceux qui veulent votre tête. » Le garçon resta droit au milieu de la cabine, tandis qu’il savait pertinemment où mettre le doigt pour briser le couple qui le retenait prisonnier. « Vous ne devriez pas faire confiance à un homme qui vous ment. » Son regard devint plus sombre, mais son visage ne se déforma pas sous la colère. « Vous ne savez pas ce qu’il fait à ceux d’entre nous. Vous ne savez pas ce dont il est capable. Vous ne savez rien de lui et vous lui vouez une confiance aveugle. Il le sait, il a été entraîné pour repérer ces choses-là. » Sa tête se pencha légèrement sur le côté. « Sauvez-moi. » Il savait ce qu’elle voulait. « Aidez-moi à être… » Cependant, il eut du mal à dire ce mot qui n’avait aucun sens à ses yeux, et balbutia. « Aidez-moi à être… libre. » Tandis qu’un silence s’était installé, la porte de la cabine claqua, faisant se replacer l’enfant dans sa position de Vedelea. Entrant dans la pièce, je sus que quelque chose n’allait pas, cependant, je préférai l’ignorer, pensant que le malaise ne venait que du mensonge de tantôt. « Ton médaillon. » Fis-je sans pour autant lui donner, le gardant entre mes doigts. « Je ne sais pas ce que c’est, ni à qui c'est… » Surtout à qui, Aglakh n’appréciant aucunement que sa proie s’aguiche d’un objet ne nous appartenant pas. « Mais s’il est si précieux à tes yeux et qu’il risque de nous causer des ennuis, peut être devrais-je en être informé ? » une marque de possession, encore. Cependant, je décidais d’être honnête sur certains points. Gardant le médaillon entre mes doigts, je me postai près du garçon afin de le faire sortir d’un murmure, l’intimant de rester dans le couloir. Je me rapprochais alors de Léto, parlant plus bas afin que l’on ne nous entende pas. « Je dois le ramener à la bâtisse. Il a assassiné son maître, surement dirigé par les pulsions d’un monstre qui est né en lui. Je m’occupe des enfants dont le monstre est présent en eux et qu’ils ne maîtrisent pas encore. » Je laissai une pause, rassemblant mes idées. « Tu n’aurais pas dû le savoir, parce que la traversée aurait dû bien se passer et que cela n’avait rien à voir avec nous. Ce que je fais, ce que tu fais quand je ne suis pas là… ne regarde que nous. Cependant, les choses sont différentes aujourd’hui, il aurait pu nous mettre à mal et ce médaillon le peut aussi… tu lui accordes trop d’importance pour qu’il soit sans danger. Tu serais surement prête à mettre le navire à sac pour le récupérer, à briser notre couverture, je me trompe ? »
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Latone
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Latone
Mer 03 Aoû 2016, 23:33

A peine eut-elle formulé sa requête indirecte que son preux chevalier s'évapora dans le couloir. Léto fixa la porte entrouverte, quelque peu incrédule devant cette soudaine prise d'initiative de la part d'Aëran. En réalité, elle aurait bien récupérer ce médaillon, mais en sa compagnie, pas juste en l'attendant ainsi. Cela cachait quelque chose, elle connaissait trop bien l'Alfar pour ne pas s'en douter. Elle entendait l'altercation prendre de l'ampleur quelques murs plus loin, sans pour autant en discerner les échanges précis. La Chamane posa les mains sur ses hanches, le regard perdu sur l'interstice de l'entrée ; elle le ressentait, que toute traversée allait de mal en pis. Pourtant, au fond, tout ce qu'elle souhaitait, c'était de rendre ces retrouvailles avec Aëran moins chaotiques qu'escompter.

Soudain, le Vedelea prit la parole, ce qui surprit bien la Chamane, habituée à connaître ces enfants comme réservés, sur leurs gardes en toute circonstance. Surtout que celui-ci savait ce qu'elle pensait d'eux, ce qu'elle était capable d'accomplir pour eux. Les yeux vairons de la jeune femme se perdirent dans le regard sombre du gamin ; elle était tellement habituée à affronter cette noirceur, il n'en avait qu'une vague idée. Les Númendil en avait après elle, forcément, depuis ses derniers agissements… Comme les Gandr, en outre. Le reste de ses propos néanmoins ne l'atteignirent guère, à vrai dire c'était même le contraire qui se produisit : étant donné le silence d'Aëran au sujet de son implication précise au sein de la secte, toute information supplémentaire à son sujet était bonne à prendre. Ainsi donc, il avait pour rôle de s'occuper des enfants et de leur monstre intérieur… Une image subliminale de Mozaga et Prune lui traversa l'esprit. Léto retrouvait son fiancé dans les propos "accusateurs" du Vedelea, c'était réconfortant pour elle. Puis il en vint à évoquer son aide potentielle. Elle devait l'avouer : le mot insensé qui sortait difficilement de ses lèvres lui fendit le cœur. Cela lui rappelait sa dernière altercation avec l'un des siens.

" Tu n'as pas la même vision de la Liberté que moi… " La scène de la libération du Vedelea hanta son esprit, une nouvelle fois. Horrible… Pénible…

Aëran rentra juste après, le médaillon en main. Le visage de Léto s'éclaira, soulagée de retrouver l'objet de convoitise de sa grand-mère. Un poids se libérait de ses épaules, elle sourit de plus belle à l'Alfar pour lui démontrer sa gratitude. Tu es mon héros. Il était si rapide, si rusé, tout ce qui lui faisait défaut en cette situation bien embarrassante… La blonde tendit la main, mais Aëran attendait quelque chose en retour, forcément. Elle fut toute attentive à son égard et fut en quelque sorte libérée lorsque le Vedelea fut mis dehors ; au cas où, Latone veillait sur cette petite teigne au cas où il tente quoi que ce soit. Ainsi donc, ce que celui-ci avait informé sur Aëran était vrai, c'était assez apaisant de constater que la vérité sortait encore de la bouche des enfants. Enfin, ils en étaient arrivés à ce stade. Léto ne voulait pas en arriver là, elle aurait fait n'importe quoi pour éviter cela, mais l'Alfar était doué pour la mettre au pied du gouffre, par de simples paroles bien placées. La Chamane détourna le regard, elle s'agitait un peu comme si elle cherchait à trouver une occupation pour ses mains. Mais il était inutile de lutter…

" Il y a des choses qu'on doit se dire, et d'autres qu'on ne doit pas… Elle fixa le médaillon, cette croisière était censée se dérouler comme sur des roulettes ! Ce médaillon est un habitacle, il y a un Génie là-dedans. Et ce Génie est ma tante… Rosalie Deslyce, mais il ne devait surtout pas connaître son nom, pas encore. Je dois la ramener chez elle, ce qui est en quelque sorte contre son gré. Elle marqua une petite pause, elle ne voulait pas que sa langue dérape. J'aimerais… tant t'en dire plus, mais je ne veux pas que tu meurs par ma faute. Il ne faut pas que tu le saches comme ça, pas tout de suite, pas tant que… que je sois sûre que tu survivras… Tu dois me croire, je fais ça pour notre famille ! Une Deslyce de ce nom ne s'attachait point autant à un homme, quel qu'il soit ; pourtant, Léto en était une sorte d'antithèse, et c'était bien pour ça qu'elle se démenait pour équilibrer tout ce chaos familial. Puis c'était pour le mieux, qu'elle ne soit aucunement reconnue comme une Deslyce officiellement parlant. Ce sera toujours pour notre famille. "

Éprise d'une envie de solidifier de nouveau leur lien, et d'écourter sa peur, elle s'approcha de lui pour l'embrasser, doucement et succinctement. Léto lui sourit et lui reprit le médaillon lorsqu'il lui en laissa l'occasion. Il était intact et elle comptait bien faire en sorte qu'il le reste jusqu'à la fin du voyage. Des bruits plus importants s'élevèrent sur le pont, apparemment les tensions ont fini par éclater de plus belle. La Chamane enfila l'habitacle autour de son cou, là elle sera plus à même de veiller sur lui directement, même si elle redoutait toujours le risque de l'exposer directement au danger. Enfin, elles étaient deux sur le coup, cela devrait bien se passer. La blonde regarda son fiancé, avec Latone qui obligeait le Vedelea à rentrer dans la cabine avec eux.

" Ce navire est trop dangereux, il faut se débarrasser d'eux au plus vite. Elle savait se téléporter, mais sa magie ne serait pas assez puissante pour les amener tous les trois à leur destination bien éloigné. Et de la Marque aussi…
- Je pourrais peut-être tenter quelque chose, mais je n'y arriverai pas tant qu'ils ne seront pas tous calmés. Un sourire équivoque de sa part fut adressé à l'Alfar. Prêt à rejouer le papa Elfe ? Ta rhétorique devrait avoir une nouvelle fois raison d'eux.
- Sinon… " Ils emploieront la manière forte s'il le fallait, mais cette Marque devait disparaître ; sans quoi, les ennuis continueront d'affluer sur ce navire.


1004 mots ~



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Ven 02 Sep 2016, 16:43


Les palabres de la Chamane me firent esquisser un sourire. Il y avait des choses  que l’on devait ce dire, d’autre que l’on ne devait pas. C’était un mensonge qui n’appartenait qu’à nous, une phrase qui n’avait aucun sens, surtout venant d’une femme qui savait à peu près tout de mon emploi du temps via les esprits. « Bien sûr. » Fis-je sans une once d’émotion et manquant de crédibilité. Je la laissais reprendre le médaillon sans demander plus, de toute évidence, il était inutile de s’épuiser dans un discours stérile puisque tout ce que nous faisions, nous l’apprendrions mutuellement bien assez tôt et à la fois, bien trop tard pour pouvoir intervenir.

Les bruits se firent plus intenses, l’appel au conflit plus fort. Il y avait, là, dehors, tout un monde à faire taire. Ce fut dans un semblant de calme que je montais sur le pont, la main de l’enfant dans la mienne. J’avais par le passé la facilité à embrouiller les esprits, à les faire douter avant de pouvoir les calmer, parfois pour mieux frapper. Cependant, aujourd’hui ce n’était plus à moi de décider seul, Aglakh était également là pour veiller à ce que tout se passe comme il l’avait décidé. Il regardait à travers moi, cherchant à dissoudre le conflit installé, que ce soit par la manière forte ou autre, afin de savoir son habitacle en sécurité. Les voyageurs avaient été fouillés, jusqu’à laisser au sol les affaires des uns et des autres. « Avez-vous fouillé ceux qui vous ont fouillé ? » lançais-je en m’avançant vers eux. Encerclés par ceux qui prônaient le Bien, les prisonniers s’agitèrent.  « De quel droit pensez-vous avoir été choisis ? » Lâchant la main de l’enfant, je saisis les poignets de deux perturbateurs afin de briser le cercle. Les protestations s’élevèrent jusqu’à ce qu’ils ne décident de se laisser fouiller pour prouver leur bonne foi. Un homme posa son regard sur le Vedelea, ainsi que sur les quelques enfants à bord. « Et eux ? » Une femme suivit son regard. « On ne va pas fouiller des enfants tout de même ! » L’homme sourit. « Combien d’enfants avons crus nous pure avant qu’ils ne montrent leur vraie nature ? » Le petit attroupement acquiesça en une symphonie de palabres et lorsqu’ils s’avancèrent, je posais ma main sur l’épaule de mon soi-disant fils. « Laisse les faire. » Soufflais-je. Cependant, l’enfant fit rouler son épaule et se dégagea de mon emprise, reculant. Mon regard croisa le sien, interdit. « Ne me touchez pas ! » cria-t-il alors que l’un avait posé sa main sur son épaule, persuadé de pouvoir le rassurer. « Ça va aller petit, on ne va ri…. » Ses derniers mots se perdirent dans sa propre agonie, étouffée dans son sang. Dans son coup était logé un petit couteau, ceux destinés à être caché de la vue de tous. Je savais qu’à partir de cet instant, plus rien ne pouvait le sauver, et pourtant, j’avais une mission à mener à bien. Rapidement, je poussais des coudes les autres voyageurs qui étaient restés immobiles. Je me frayais un chemin afin de pouvoir presque atteindre le garçon, mais je me sentis tirer en arrière, maintenu par les épaules. Sans un mot, je me débattais. Sans doute avais-je dorénavant l’apparence de l’un de ces parents éperdus, ne comprenant pas l’attitude de leurs enfants, mais près à tout pour lui. Je les entendais gémir que le Mal était encore à bord, qu’il était dans cette enfant, et à peu de choses vraies, c’était la vérité. « Lâchez-moi ! » Me mis-je à crier lorsque le Vedelea commença sa danse meurtrière. Rien ne pouvait à présent l’arrêter, il était prêt à tout pour survivre. Il avait été formé pour ça. Conscient que les mouvements effectués n’étaient qu’un enseignement que j’avais moi-même appris, je me débarrassais des deux autres en les renversant d’un jeu de jambes. Me frayant un chemin, une nouvelle fois, je me postais devant l’enfant, parant les coups que j’avais moi-même appris gamin. Le couteau vola au-delà de la barrière de bois, et j’attrapais l’enfant par le col, bloquant sa mâchoire et le collant à moi. « Je ne les laisserai pas faire. J’ai pour mission de te ramener, je le ferai. » Ce fut sans compter le coup sur la tête qui m’envoya valser à terre. L’enfant fut maîtrisé en lui tordant les bras derrière le dos. J’entendis le bruit de ses épaules se disloquer, tant son instinct de survie criait en lui. Je discernai au loin ses cris, une promesse vaine qui n’avait eu pour seul but que de calmer l’enfant, lui faire baisser sa garde. Mon bras se leva vers la rambarde en bois, là où l’enfant fut jeté dans quelque palabre sacrificiel. Ma mâchoire se serra, ma tête me lançait et l’adrénaline tournait dans mes veines à en rendre ma respiration difficile. Je me levais, portant ma main à la plaie qui n’avait pas cessé de saigner. Une main se posa sur moi, j’entendis à peine les excuses sortir d’entre ses lèvres que j’ôtai ses doigts de mon épaule. Les épaules déboitées, il n’avait eu aucune chance de survie. Rapidement, mon regard devint sombre, ma respiration plus difficile que jamais. Mon visage se tordit d’une douleur caractéristique avant que mon ventre ne se déchire en laissant Aglakh sortir. Mes mains se portèrent sur la rambarde, regardant l’horizon afin de n’y voir que le bleu de la mer et non pas le moindre enfant. « Vous pensez agir au nom du Bien ? » demandais-je sans attendre de réponse. Je me retournais devant quelques regards terrifiés devant le monstre. « Laissez-moi également procéder au nom de celui-ci.  » Ma main se posa sur les écailles d’Aglakh. Il se faufila dangereusement entre les voyageurs, attrapant de plein fouet celui qui avait envoyé le garçon par-dessus bord. Je m’avançai lentement vers lui, le regard toujours aussi noir. « Je décrète que cet homme est un suppôt du Mal. » Son corps était piégé dans la gueule du serpent, son sang dégoulinant sur le bois. « Son crime est d’avoir jeté un gamin effrayé par-dessus bord. Un enfant qui aurait pu être calmé. Un enfant qui n’aurait pas été forcé de tuer si tout avait été fait dans les règles. Ses mêmes règles que vous glorifiez, vous qui avez une idée toute faite de ce qu’est le Bien. » Je m’arrêtai près de lui. « Par-dessus bord. » Dis-je à l’intention d’Aglakh.  


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Latone
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Latone
Jeu 06 Oct 2016, 14:32

Le pont du navire était baigné dans un brouillard cauchemardesque, dans lequel toute âme était écrasée par la peur de l'autre, en quête d'un moyen de se dédouaner à la prédation de l'autre. Leur esprit hurlait dans une cacophonie silencieuse mais palpable pour la Chamane qui peinait à se concentrer sur les vivants, alors que les défunts s'agitaient dans la stupeur, l'hilarité, ou le dédain. Ce qui n'était censé être qu'un simple aller s'était métamorphosé en un jugement quasi-divin. Mais qui pouvait se targuer d'être le juge, qui seront les avocats du "Bien" ? Au-dessus d'eux, Léto pouvait faire croire qu'elle les méprisait, mais elle demeurait aussi éperdue qu'eux, dans ce cercle vicieux qu'elle souhaitait briser.

Tel que consenti, Aëran fut celui qui initia le dialogue. Léto le suivit assez de près, mais guère trop pour ne pas avoir à bousculer les innocents. Les instigateurs de cette mascarade furent fouillés publiquement, sans qu'on ne parvienne à les discréditer aux yeux d'autrui. La blonde se satisfaisait de ce résultat : avec un peu de chance, la tension retombera au point mort… Mais les fous étaient tenaces et ce fut le Vedelea qui fut alors pointé du doigt. Elle subit un haut-le-cœur, avant de relativiser : ce n'était pas un enfant mais une bête sauvage, qu'elle ne pourra plus jamais sauver, si ce n'était dans la mort. Léto resta alors passive devant l'horreur de la scène, elle se retrouva malgré elle en retrait et suivit tout le long, dubitative, tiraillée par son devoir et ses souhaits. La jeune femme aurait très pu tenter de maîtriser le garçon, mais Aëran se montra beaucoup plus motivé de ce côté-là ; puis elle aurait irrémédiablement fini par se battre contre lui, ce qui n'aurait rien arranger à l'affaire. Tout en gardant un œil avisé sur l'Alfar, elle se convainquit que tout allait de mal en pis… jusqu'à ce qu'elle vît le Vedelea passer par-dessus bord. Ses yeux vairons s'écarquillèrent devant l'impensable : ils avaient osé s'en prendre à un enfant, dans l'unique but de sauver leur peau. Et pourtant, au fond d'elle, Léto jubila. Latone sourit grandement face à ce résultat, sûrement riait-elle intérieurement, elle exprimait par le biais de son simple faciès le ressenti de Léto. Tu es libre maintenant. Lorsque cela lui sera possible, elle tentera de retrouver l'esprit de ce garçon, pour s'assurer qu'il soit définitivement apaisé, dans ce monde meilleur qu'était l'Au-delà.

Crier victoire trop vite était dans ses habitudes. C'était sans compter Aëran qui reprit le flambeau de la discorde, avec l'entrée redoutée d'Aglakh sur le bateau. Léto grinça des dents et ses pensées se mirent en ébullition : elle devait agir et vite. Latone assista, dans l'ombre, aux palabres de l'Alfar, qui s'en prit sans ménagement au promoteur de ce sacrifice. Occupée à désarmer une bonne fois pour toute la situation, la blonde tenta de faire fi des hurlements abominables et de l'écoulement du sang sur les planches en bois. Aëran était on peut plus prêt à commettre l'irréparable : cela n'allait pas se passer ainsi.

La foule s'écarta rapidement, effrayée par la venue du serpent qui leur rappelait, indirectement, que le Kraken les menaçait toujours. Mais avant qu'Aglakh n'ait eu le temps d'offrir l'homme aux créatures sous-marines, Léto se dressa entre lui et la rambarde. Elle logea sa botte sur la mâchoire inférieure de la Bête et se servit de son bras gauche pour soulever le maxillaire. Grâce à la force de ses membres, Léto put obliger le monstre à ouvrir de plus en plus sa bouche. Lorsque l'occasion se présenta, elle s'empara de la victime logée entre ses crocs pour la tirer hors du danger ; elle s'écarta au même moment pour éviter toute morsure sur sa propre personne. La Chamane focalisa son regard sur les yeux noirs d'Aglakh, tel un avertissement. L'air grave de la blonde était rare, mais pas moins présent et bien exprimé dans l'immédiat. Malgré tout, elle sourit fugacement, peut-être par acquis de conscience, rien n'était moins sûr depuis que l'on avait terni son sourire d'antan. La guerrière se posta entre le monstre filiforme – sa main apposée sur la robe écailleuse, histoire d'au moins le maintenir sur place – et les passagers, ces derniers avaient clairement besoin qu'on leur tende la main…

" Arrêtez de tuer, encore et encore, à cause du Kraken. Cessez de faire croire que vous connaissez les Sirènes et les désirs de leurs bêtes monstrueuses. Elle ignorait une bonne partie de ce peuple auquel elle était rattaché, mais elle était très au fait lorsqu'il était question de leur côté le plus sombre, le plus abyssal. Elle força un sourire chaleureux. C'est terminé : le Mal n'est plus. Elle pointa du doigt les voiles du navire, vierges de toute Marque annonçant la fin pour eux ; lorsqu'il était question de manipuler les couleurs, Léto était une experte, c'était clairement la magie qu'elle maîtrisait le mieux, et dont elle était le plus fier. Maintenant… S'il vous plait, retournez à vos occupations, au lieu de raviver à nouveau ce maléfice. " Elle adressa autant ce message à tous ces âmes égarés qu'à Aëran, comptant sur son naturel charisme pour mettre fin à leur démence. Trop de sang avait été versé depuis qu'ils voguent sur ces eaux jonchées de mystères.


944 mots ~



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Mar 15 Nov 2016, 15:39


Tout était fini, semblait-il. Mes mains se serraient autour de la rambarde, laissant mon regard vaguer au loin. J’avais perdu l’esclave dans l’immensité de l’Océan, et même si son instinct de survie lui avait ordonné d’oublier la douleur de son épaule, il était bien trop loin de toute terre pour s’en sortir vivant. Je passais une main sur mon visage, cherchant un prétexte pour revenir les mains vide à l’Édifice. Mon regard se perdit vers ce mât qui avait abrité ce signe, causant tant de folie. Les regards se perdaient sur le monstre et sa bête, et je me rapprochai de Léto. « Je ne sais pas comment tu as fait, mais tu aurais pu commencer par ça. » Je lui souris brièvement, un brin moqueur. « Le mal n’est plus ? Le crois-tu réellement ? » Je portais le regard autour de moi. « Quoi qu’ils se racontent plus tard, ils auront tous fait quelque chose de "Mal" aujourd’hui. Mais ils croiront l’avoir fait pour le Bien de tous. » Je ris une nouvelle fois, cette fois, il fut empli d’incompréhension. « Faire le Mal pour le Bien. C’est un drôle de paradoxe. »

Je m’éloignais d’elle, rappelant Aglakh à moi. Nous faisions tous quelque chose de Mal, que cela soit volontaire ou non. Le plus souvent, c’était égoïste, nous voulions survivre ou encore garder la femme que nous aimions. Je saisis en soufflant la rambarde. Un mensonge était-il mal quand il nous préservait d’une énième blessure ? Je savais notre couple fragile, nos idées étaient trop divergentes pour que nous nous entendions parfaitement. Il y avait notre race, notre histoire, tout semblait vouloir nous séparer, et pourtant, nous nous accrochions l’un à l’autre, en dépit de tout. Faire le Mal pour le Bien, mentir pour garder… si j’avais rejoint l’Edifice d’Eluvies ce n’était pas pour la famille que nous avions construit. Mes doigts serrèrent un peu plus fort la rambarde. Peu importait les mensonges qui se tissaient au sein de notre relation, tous y étaient afin de nous préserver. Mon regard se perdit vers l’horizon. Il fallait cependant que celui-ci passe, pour que dans sa suite, il n’y ait plus besoin de mentir, mais juste de laisser libre d’interprétation mes actes au sein de celle-ci. Je n’étais pas l’homme qui allait la combler, mais le but était seulement de la laisser croire pour que l’espoir qu’elle y place la fasse rester. Une relation qui se devait d’être contenue dans une illusion de Bien, ce en quoi Léto croyait.  Cependant, Léto n’était pas le problème, mais bien Latone. En ce moment même, je ne savais pas si elle tentait de deviner mes pensées via les traits de mon visage. Son changement de race avait été le problème, tout comme mes changements d’objectifs. J’avais trop de fois trahies Léto pour qu’elle accepte une énième fourberie, mais dans un sens, la haine et l’amour que nous nous portions était ce pour quoi nous restions ensemble. En revanche, Latone me briserait encore quelques cotes en pensant que c’est par amour qu’elle le fait. Il y avait bien trop de zones d’ombre et nous n’étions pas égales dans cette recherche de vérité ou d’omission. Elle possédait une ribambelle d’esprits prêts à me tomber dessus en plus d’une acolyte qui ne pensait qu’avec ses poings. Ce n’était pas pour me déplaire, mais un jour ou l’autre, il y avait des chances pour que je finisse ennemi de cette femme, et que je me retrouve à devoir gérer une force qui me dépasse totalement. Je n’aurai comme aide que la sauvagerie à l’état brute, et même si nous étions prêts à la dévorer entièrement, nous n’étions pas prêts à la perdre pour un plaisir aussi court. Non, si nous la dévorerions, se serait vivante et par petit bout, afin qu’elle ne périsse pas dans l’entreprise de mes désirs et qu’elle perdure dans le temps. J’étais une bête sans aucun doute, mais j’avais au moins l’esprit de celui qui voulait posséder jusqu’à ce que la mort nous sépare, et non de ce monstre qui dévorerait et passerait à une autre. Si la mort devait cependant nous séparer, j’espérai que le coup de grâce lui soit porté de mes mains, en priant pour que le plaisir que nous puissions prendre tous quatre soit le plus grand de tous les temps.

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Sam 12 Mai 2018, 23:31

Les moqueries d'Aëran n'avaient plus cette saveur qu'elle appréciait autrefois. Peut-être avait-elle été aveugle durant tout ce temps, mais Léto ne pouvait pas s'empêcher de penser que l'Alfar avait changé, en mal. La mort de Kohei et son arrangement avec les Númendil démontraient ce processus qu'elle n'aura pas réussi à stopper. Il était alors évident que leur couple était redevenu dans ses fondements les plus instables, avec un futur incertain. La Chamane ne pouvait pas se convaincre qu'ils devaient en finir ; il ne lui en laisserait pas le loisir et elle n'en aurait même pas la force. Du moins, pas dans l'immédiat.

Son regard vairon se leva sur le dos de l'Alfar, en train de se lamenter sur la perte du Vedelea, supposa-t-elle. Latone tourna autour de son réceptacle, sans lui adresser un regard, Léto captait pourtant une basse mélodie sortir des lèvres de la bleue. Nul besoin de mots après tout, elles étaient qu'une, elles étaient en parfaite harmonie. N'est-ce pas ? La Descente ne jugea pas l'utilité de rester ici et préféra disparaître quelque part dans la carcasse en bois du navire. Elle était une femme d'action, tandis que Léto était une femme plus sensible aux interludes séparant leurs péripéties. Latone avait la force dans ses poings, et Léto la douceur dans ses doigts. Des deux, elle n'était pourtant pas celle qui avait assez de volonté pour affronter la répartie d'Aëran, mais ce dernier ne s'intéresserait qu'à la Chamane en particulier, et non pas à son Esprit-Compagnon. Bien qu'indissociables, les gens voyaient pourtant bien deux femmes distinctes.


" Ce Mal-ci n'est plus. Insista-t-elle en se rapprochant de l'Alfar, elle prit place à ses côtés, les mains posées sur la rambarde. Et j'imagine qu'il n'avait jamais été là, depuis le début. La venue du Kraken n'était pas censée arriver, elle n'avait rien fait de mal pour contrarier les puissants des abysses. À priori, ils n'avaient aucune raison de s'en prendre à elle ; surtout étant donné son affiliation avec la Dévoreuse, qui était en possession de ce Kraken-là en particulier. La Chamane ignorait encore comment une telle tragédie avait pu se produire, elle aura de quoi longuement en discuter avec sa famille pour enfin comprendre. D'ici-là, elle devait encore rentrer au bercail ; un foyer où Aëran n'y avait pas sa place. Faire le Bien pour le Mal… Commença-t-elle à lui souffler. Est-ce aussi un paradoxe ? Ses pupilles disparates se perdaient dans l'horizon, plus chatoyant qu'il y a quelques minutes. Ce ne sont que des mots. On sait tous les deux qu'il n'y a pas de "Bien" ou de "Mal". On fait ce que l'on fait parce que… ce n'est ni bien, ni mal. Les mots lui manquaient de ce côté-là : elle ramenait de force sa tante auprès de sa famille, mais Léto n'avait pourtant pas l'impression de faire quelque chose de foncièrement mal. Le Yin et le Yang. Pensa-t-elle soudainement ; est-ce que ce monde était condamné à être teinté de nuances blanches et noires, de frontières absolues ? Le gris n'était-il qu'illusion ? Mais… Son regard finit par affronter les pupilles de jais du monstre. Je n'aime pas ta notion du Bien. " Et il le savait pertinemment.

Elle demeura muette quelques secondes ainsi, à le jauger après tout ce qu'il venait de se passer et de se dire sur ce navire. Léto savait que la traversée ne serait pas de tout repos avec lui comme compagnie, mais pouvait-elle réellement y échapper ? Leur destin était lié par des attaches trop puissantes, c'en était parfois comiques comment ils arrivaient à toujours se retrouver dans les pires moments possibles et imaginables. Elle se convainquait parfois que leur amour bombé de haine n'était catalysé que par le danger qui les menaçait tous les deux. Voire tous les quatre.

Fatiguée de toutes ces vives émotions, la blonde tourna les talons pour s'éclipser de ce pont. Elle ne comptait y remonter que lorsqu'ils seront enfin arrivés à bon port ; les fragrances marines commençaient à la lasser. En poussant la porte de la cabine, la vision du bordel intérieur lui fit rappeler comment les soi-disant justiciers s'étaient déchaînés sur leurs affaires. Ils auraient mieux fait de scalper leur corps pour trouver la source du péché, rien dans leur paquetage ne trahirait leurs petits secrets. Latone gambadait gaiement entre les vêtements dont le sol était jonché un peu partout. La Chamane soupira, elle n'avait plus la force de rivaliser avec l'énergie de son second nom. Elle aurait tout aussi bien pu rappeler les auteurs du "crime" pour les obliger à réparer le foutoir, mais là encore elle était éreintée. Au final, elle céda à l'envie de se reposer, là tout de suite. Elle s'écrasa de tout son poids sur le lit en vrac, préférant laisser son flot de pensées couler sur les mains des esprits oniriques.



807 mots ~



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Le Kraken [Pv: Létouille][-18]

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