«
Pourquoi demeures-tu aussi calme et impassible ? Pardonne ma curiosité mais je ne comprends pas ta tranquillité. Cette idée me révulse et toi aussi, tu devrais t’insurger. » La douce Mælodya tournait en rond, le pas nerveux. L’anxiété tordait ses traits délicats et sa contrariété était évidente. «
Yun non plus ne paraît pas se révolter. » continua-t-elle, agacée par le silence persistant de son frère. Galaad eut un léger sourire. Songeur, il porta sa coupe de vin à ses lèvres pour en boire quelques gorgées. Il n’était pas aussi tourmenté que sa sœur qui ne parvenait pas à s’apaiser. Au contraire, il était serein, assis sur un divan, face à une table garnie de fruits et d’alcool. «
Ce sont les volontés de notre mère. » répondit-elle tout bas. Mælodya se permit un hoquet de mépris. «
Nous ne devrions pas être aussi dociles. » - «
Je crois me rappeler de tes rebellions passées. Elles se sont toutes très mal terminées. Tu as sacrifié ta puissance pour un trait d’arrogance. Que cette vérité te plaise ou non, elle est la Matriarche de la Famille. Nous lui devons respect. » Il n’ajouta rien. Etait-il nécessaire de préciser que nul n’avait la force suffisante pour dire
non à une femme comme la Khæleesi ? Mælodya baissa les yeux, la mine boudeuse. Autrefois, elle avait été une créature crainte. Elle avait eu l’audace de défier sa mère. Elle avait payé le prix fort. Personne ne pouvait rivaliser avec l’Ange des Abysses. Elle ordonnait, ils obtempéraient. «
Cesse de faire la moue. Cette nouvelle n’est pas le désastre que tu imagines. Penses-tu qu’un époux empêche notre mère d’agir à sa guise ? Crois-tu que je vais délaisser mes bien-aimées parce qu’elle a choisi une fiancée digne d’une alliance officielle ? Arrête donc de faire l’enfant. Tu ne supportes simplement pas les ordres qui émanent d’elle. Le mariage ne changera rien à ton existence, si ce n’est qu’il y a un homme qui mettra un anneau dans ton doigt et un descendant dans ton ventre. » L’instant d’après, la porte claqua. Galaad haussa un sourcil avant de vider son verre d’une traite. Une fois n’est pas coutume, il gardait un bien piètre avis de sa sœur, dont les réactions le laissaient pantois. Elle était irréfléchie et irrespectueuse. Il ne pouvait décemment pas s’offusquer d’un bon mariage. Il se surprenait tout de même à espérer que sa promise soit belle. Dans son orgueil et sa vanité, il savait qu’il supporterait mal la vue d’une femme qui ne le serait pas. Il chassa rapidement ses pensées, conscient qu’il importait peu qu’elle lui plaise ou non. Ce n’était qu’un arrangement, un contrat. Il aurait toujours ses maîtresses. «
Il est temps, Galaad. » murmura Vanille, apparue au détour d’une porte sans crier gare. Il acquiesça et se leva. Il allait rencontrer sa future moitié, sans qu’elle ne se doute encore de qui il était vraiment.
«
Lady Mynceria. » L’Ondin esquissa un salut respectueux, un léger sourire aux lèvres. Les mèches céruléennes de sa chevelure sombre tombèrent doucement près de son nez, avant qu’il ne relève la tête. «
Je vous transmets les hommages de ma mère. » Il posa ensuite ses yeux bleus sur la jeune Sirène qui patientait, en retrait. «
Lady Maelosthène. » continua-t-il avec courtoisie. Lava, un petit brin de femme à la crinière blonde et aux orbes pâles. Elle dégageait une fragilité à fleur de peau et Galaad se doutait que ce n’était pas qu’une question d’apparence. Partagé entre la déception et la curiosité, il tâchait de ne rien laisser transparaitre. «
Laissez-moi me présenter. Je suis Lord Galaad caël Deslyce. » Par les simples politesses de la présentation, il divulguait la prestance de son rang. Il était un Prince de la Cité Engloutie, le fils de la Khæleesi. Ses interlocutrices ne pouvaient l’ignorer. «
Ne perdons pas de temps en banalité, si vous le voulez bien. Je crains que ce temps soit la denrée la plus précieuse dans notre affaire. » En réalité, il se souciait peu du bien-être des jeunes enfants des eaux. Sa mère lui avait intimé de se charger de ce problème. C’était donc de son devoir de se préoccuper des victimes. Sa sensibilité s’arrêtait là. «
Néanmoins, si je puis me permettre … » Il joignit les mains. Il avait entendu la conversation et ne pouvait que rebondir sur les dires de la Sirène. «
Nous n’allons pas nous rendre sur les Terres des Gælyan. » Quelle idée étrange. «
Ce n’est pas parce que ce sont les gens d’en haut les supposés responsables que nous devons aller en haut. » C’était bel et bien dans la Capitale qu’ils allaient devoir procéder aux recherches. «
Maintenant, si vous le voulez bien … Nous avons à faire. » Il tourna les talons et se mit en marche. «
Navré que cela vous attriste, si vous étiez attirée par l’idée de visiter les contrées ensoleillées. » dit-il à Lava, en glissant ses mains dans les poches de sa veste noire et fermée, qui dissimulait une chemise blanche. «
Ces gens sont tellement mal renseignés. » Lui avait bénéficier des conseils de la meilleure espionne qu'il connaissait : Vanille.
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