Mon fils. C'était lui. Mon plus grand rêve et le responsable de tous mes malheurs. Il était ce que je désirais, un fils digne de porter ma magie, mais il a réveillé en moi une envie, un désir. Maintenant je ne peux plus regarder ma femme dans les yeux, maintenant je ne peux plus me leurrer, mon propre fils m'a ouvert les yeux sur la vérité que j'aurais voulu oublier. Oui, j'étais un sorcier. J'ai longtemps voulu me racheter, pour devenir un mari digne d'elle. Je suis devenu un magicien par amour, je me sentais pur, libre... Mais ce jour arriva, il était venu me voir dans mon bureau, pour me poser une question dont je me souviendrais toujours : "Qu'est-ce que la magie noire ? Pourrais-je l'apprendre à la place de la Transmutation ?" . Je donnais des cours sur la magie à mon fils, et il m'avait déjà posé cette question à laquelle j'avais répondu par une remontrance, une réponse plus officielle. Mais là je ne savais quoi dire. Sa curiosité se lisait sur son regard et je n'étais pas contre la magie noire que je maîtrisais toujours légèrement, héritage de mon passé sorcier. Je fit alors une erreur. J'apprenais à mon fils la magie noire, mentant à tout le monde et disant que je l'avais remis à sa place. Il fit par la suite de plus en plus d'actes un peu barbares au goût des magiciens, ce qui me rendait triste, ou heureux, je ne sais pas.

Mots:

Je l'aimais et je l'aime toujours. Ses yeux respirent le savoir, il est voué à un avenir grand, j'en suis sûr. Mais le regard des gens avait autant d'effet sur moi que le sien, peut-être que j'étais influençable. En tout cas, leur regard m'a poussé du mauvais côté. Je me liguais contre mon propre fils, et ce qui devait arriver arriva. Je ne voulais pas de tout cela, je le jure, mais leur regard méprisant... Ils n'acceptaient pas qu'un ancien sorcier puisse mener une vie paisible et j'ai rejeté la faute sur mon enfant. Mon pauvre enfant. Il ne devait pas souffrir. Il ne le méritait pas. Ces magiciens, eux, devaient souffrir. Ces Malyssia, Uberlto, Jeuski et Laup, Ce sont des noms de familles réputés dans ce village. Ce sont des tyrans qui n'acceptent pas d'autres opinions que la leur. J'espère que Sir Juuka lira ceci, si il se fait encore appeler ainsi, et j'espère qu'il me pardonnera, avant que la mort ne m'emporte. Dans tout les cas, j'ai fait ce que je devais faire pour me faire pardonner. Je les ai tués. J'ai pris leur vies et il n'en reste plus rien.
Si quelqu'un peut lire ceci, et c'est ce que j'espère, il doit en parler à mon fils. J'ai envie de lui parler, même si c'est pour mourir après. J'ai envie de lui expliquer à quel point ces imbéciles ne doivent pas influencer sa vie. Mais avant tout cela, je dois vous expliquer le reste de l'histoire. Je continuais à donner en secret des cours sur la magie noire à mon fils, lui prêtant même certains livres comme "L'histoire des poisons" par Nelvira ou  "Tout savoir sur les Malédictions" de Brav-Nael. Cela remonte à loin et ceux-ci ne sont peut-être plus à jour. Mais, en tout cas, mon fils devenait doué en magie noire et, être aussi bon a cet âge n'est qu'un signe d'une prochaine évolution en Lux In Tenebris, magie primaire des sorciers. Que faire ? J'ai encore une fois fait le mauvais choix. J'ai confisqué à mon fils tout ce qu'il avait de lié à la sorcellerie et lui fit arrêter les cours de magie, m'isolant le plus possible de lui. Je préférais que mon fils soit un mauvais magicien peu cultivé à un sorcier ayant une soif de savoir énorme.
Puis ce jour vint.

Mots:

La suite de cette histoire est tout aussi déprimante : mon fils nous appela, un beau jour, pour nous soumettre une requête : il voulait voyager. Ce n'est pas quelque chose de grave de voyager, du moins en temps normal. Sauf que là les circonstances étaient différentes : nous avions peur qu'il devienne sorcier. J'ai failli accepter, mais ma femme refusait catégoriquement et je la suivais dans son choix.
Ce jour là il n'a pas pleuré, et ne nous a pas supplié. Il a simplement accepté. Il est juste reparti dans sa chambre, nous avions fait le choix qu'il attendait, nous nous étions trompés. Car oui, ce jour-là, il n'est plus jamais revenu. Il a fui sa vie de magicien, volant au passage mes livres. Je n'étais moi non plus pas triste. J'étais calme, et je fit ce que je devais faire : ma magie était instable depuis qu"il m'avait confié ses envies de magie noire. Même en refoulant ces pulsions sorcières qui sommeillaient en moi, je pus aisément remarquer que ma transmutation s'affaiblissait, et que ma magie perdait de sa teinte.
Je redevenais sorcier. Je pus même regarder à nouveau l'aura de mon Lux In Tenebris.