Aujourd’hui était un jour spécial. J’allais enfin aller visiter le Jardin des animaux avec Crapule et mon père dans le cadre de l’exposition sur les animaux du monde. J’allais rencontrer toutes sortes de nouvelles espèces passionnantes. Je préparais mes affaires, prenant soin de glisser un carnet de note accompagné d’un stylo dans mon sac afin de pouvoir répertorier autant d’espèces possibles. Cette visite pouvait me donner des idées quant au choix d’animaux de mon futur élevage. Je m’empressais de terminer d’empaqueter mes affaires quand on père surgit à l’entrée de ma chambre.
« Tout le monde est prêt ? Il ne faudrait pas qu’on arrive à midi ».J’acquiesçais, attrapant ma paire de chaussure avant de descendre les marches deux à deux jusqu’au rez-de-chaussée. Crapule m’y attendait tranquillement, elle aussi était excitée à l’idée de rencontrer de nouvelles personnes.
Le chemin jusqu’à l’exposition me paraissait durer une éternité, alors qu’en réalité il n’avais pas excédé la demie heure. Devant la porte se tenait déjà une queue assez conséquente de personnes. Nous attendîmes patiemment notre tour, ce qui me paraissait une fois de plus une éternité.
« Bonjour, bienvenue à vous chers visiteurs ! Je me présente, je me nomme Shiro et j’ai l’honneur d’être le propriétaire de ce petit paradis. L’exposition prendra place dans le hall situé derrière moi, dans les Etendues Verdoyantes à l’arrière du bâtiment, dans la Forêt Zen, dans la Grotte aux Cristaux, dans la Plaine Sablonneuse et enfin dans le Bassin Cristallin. Vous pouvez cependant vous promener où bon vous semble, mais dans les autres lieux spécifiques au Jardin, vous ne trouverez pas de nouvelles espèces. Je vous souhaite une bonne visite ! ».Mon père remerciait chaleureusement Shiro pendant que Crapule et moi nous glissions dans le hall. Il était immense, lumineux à souhait et remplie de nourriture. La majesté du lieu me perturbait tellement que j’en oubliais de constater la présence d’animaux à mes pieds.
« Des petits chats ! » m’écriais-je ravie.
Mes yeux se portèrent plus loin vers le fond de la salle, et se posèrent sur des petits dragons postés royalement sur un trône. Je saisissais un bout de viande quelconque présente sur la table et m’approchais à pas léger des petits animaux ailés bien décidée à en caresser un. De plus en plus proche, mon cœur battait à tout rompre, ma respiration s’accélérait, trop sûrement puisque le dragon que j’espérais toucher reculait brusquement probablement affolé par mon attitude. Déçue, je m’asseyais au sol, me satisfaisant finalement des ronronnements d’un chaton. Hypnotisée par le petit rouquin qui se dandinait sous mes grattouilles, je ne remarquais pas la présence de mon père derrière moi.
« Arwen, je te laisse faire la visite de ton côté, j’ai rencontré des amis devant le hall. On se donne rendez-vous à la fermeture ».Doublement satisfaite, je lui bredouillais que j’avais grosso modo compris ce qu’il avait dit. Ce n’était pas ma préoccupation principale dans l’immédiat. Les minutes s’écoulèrent, je décidais d’aller prendre l’air dans les Etendues Verdoyantes afin d’allier l’utile à l’agréable. Une légère brise soufflait doucement, faisant onduler les herbes selon sa volonté.
« Arwen, lève la tête ! Des griffons sous surplombent ! ». Crapule, qui virevoltait autour de moi me tirait la manche afin de maintenir mon attention sur ses dires. Je m’exécutais. C’était la première fois que je rencontrais ce genre d’animal. J’avançais, la tête en l’air, essayant de suivre le vol d’un griffon lorsque je chutais lourdement. Moi qui étais agile, j’étais littéralement sur les fesses. Plus étonnée que meurtrie, je regardais autour de moi en entendant des petits rires espiègles.
« Je t’ai bien eu ! Quelle bleue ! C’est ce qui arrive quand on ne regarde pas où on pose ses pieds ! », une étrange créature s’approchais de moi, visiblement morte de rire.
« Qui es-tu ? » demandais-je à l’individu qui m’avait volontairement fais tomber.
« Je m’appelle Viky ! Je suis le cauchemar ambulant du Jardin Animalier ! » il rigolait toujours, à s’en tordre en deux
« Je m’ennuyais, et moi quand je m’ennuie, j’embête les visiteurs ! ». Voyant que je ne partageais pas son amusement, son visage s’assombrit.
« Je ne t’ai pas fais mal au moins ? Je voulais juste rigoler avec quelqu’un. Les visiteurs n’en n’ont que pour les griffons et dragons, mais personne ne me prête aucune attention. Pourtant, moi aussi je suis là… ». Désormais, c’est un air triste qui marquait son visage. Coupable, je m’empressais de rire le plus sincèrement possible.
« Non je n’ai pas mal ! Excuse-moi de ne pas t’avoir remarqué. Si tu t’ennuis, tu peux te joindre à nous le temps de la visite ? ».A présent il souriait. J’en conclue qu’il allait nous suivre. Je me relevais tranquillement, prétendant m’être seulement assise, j’espérais que personne ne m’ait vu. Je poursuivais mon chemin, cette fois-ci, les yeux soigneusement dirigés vers le sol. C’est à ce moment là que j’aperçu un elfe discuter tout seul. Intriguée, je me rapprochais discrètement de lui. Je tendais l’oreille, mais n’entendais que des bribes de paroles :
« Oui je sais, mais ne t’en fais pas … Ca va s’arranger … Quoi ? Tu es sur ? », l’elfe se tournait brusquement vers moi.
« Je peux vous aider ? » il était manifestement agacé par mon comportement, et je comprenais mon erreur.
« Excusez-moi, je ne désirais pas vous épier, en réalité j’étais intriguée. Vous parliez à qui ? ». Voilà que je devenais sans gêne.
« Ca vous intéresse de savoir avec qui je m’entretenais ? » questionnait l’elfe avec grand étonnement.
« Eh bien … C’est mal élevé, mais oui ! Vous étiez tout seul, enfin avec un dragon près de vous, mais vous aviez l’air de répondre à quelqu’un… ».« Et qu’est ce que vous en concluez ? »J’hésitais. J’avais bien une hypothèse, mais elle était peu probable.
« Vous parliez avec le dragon ? » osais-je en retenant mon souffle.
L’elfe sourit, visiblement satisfait.
« Ca vous fait quelque chose hein ? Je sens votre envie d’apprendre. Suivez-moi je vais vous apprendre quelques petites choses dans un lieu plus calme, plus adéquate ». J’étais béate devant l’offre de l’elfe qui ne me connaissait pas le moins du monde. Je m’empressais naïvement de le suivre.
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