Jeu dangereux

La fatigue, l’épuisement, la douleur, son monde actuel lui semblèrent bien sombres après cet étrange combat. Elle se sentait complètement épuisée, vidé de toute force et énergie. C’était si puisant de combattre, de savoir que sa vie était en danger et qu’elle pouvait vous être retiré à n’importer quel moment, elle se sentait si… Vivante ! La peur avait été comme une drogue, frappante et exaltante, sans parler de l’adrénaline qui avait glissé dans ses veines tel le feu pour lui montrer qu’elle était bien vivante. Le cœur battant la chamade, un rythme endiablé comme jamais elle ne, c’était sentit, elle posait des yeux dociles et brillants sur le démon. La pression sur son épaule avait été la confirmation qu’elle avait réussie, qu’elle avait vaincu son ennemi et qu’elle pourrait continuer à avancer. Mais ce qui réchauffa encore plus son cœur, fut ses paroles, elle les sentait si sincères et véridiques, elle laissa son plus beau sourire s’étirer sur ses lèvres rosées, illuminant d’une nouvelle force son visage et son regard pâle.

-Merci beaucoup, lui souffla-t-elle.

Mais elle devait avouer être bien heureuse de retrouver la sécurité du village, elle voulait mettre une certaine distance entre elle et cette forêt aux perpétuels murmures, elle ne voulait plus en être hanté, elle ne voulait plus entendre les rires, les murmures, les cris et les grognements, elle ne voulait plus sentir sur sa nuque les regards et surtout ce regard, si sombre, si avide de tout posséder… Elle désirait simplement retrouver un peu de tranquillité d’esprit et se reposer pour reprendre des forces pour repartir à l’aventure une autre fois. Une fois en ville, les hommes reprirent une joie de vivre surprenante, laissant les peurs qu’ils avaient eues plutôt pour se réjouir de leurs sécurités. Malgré les blagues et les sous-entendus que ne comprenait pas très bien, parce qu’elle ne le désirait pas. L’Orine sembla bien plus populaire que le démon et le dernier à venir la remercier furent le jeune homme qui l’avait suivi un bon parti de la soirée, dans un échange de sourire presque timide et de rares paroles, il finit par quitter en la remerciant une nouvelle fois. Il fut le plus calme tandis que les autres la serraient relativement fort ou lui serait la main avec une certaine force. Elle tient bon, mais l’envie de trouve un coin sombre où elle pourrait se reposer lui pesait de plus en plus.

Quand son compagnon fit savoir qu’ils étaient bien pressés de quitter, Aube ne renchérit pas, hochant doucement la tête pour appuyer ses dires doucement. Il était bien agréable de voir qu’ils étaient heureux, mais Zane semblait avoir d’autres chats à fouetter et elle rêvait follement d’un lit chaud pour la nuit. Une fois que Zane reçu la bourse, les hommes quittèrent pour retrouver la chaleur de la taverne pour imbiber une nouvelle tournée de bière. Lentement, L’Orine se tourner vers le démon, offrant un petit sourire prêt à partir de son côté pour l’auberge du village, ne s’attendant à recevoir aucune prime. Vidant une partie de la bourse dans son sac, il lui offrit l’autre moitié, qu’elle attrapa entre ses mains, retenant le cri de douleur que lui avait fait subir le mouvement.

-Merci, je me suis moi-même bien amusée, je ne l’oublierais pas de sitôt ! Répliqua-t-elle en avec entrain malgré la douleur, heureuse par la chaleur de sa voix.

Elle glissa la bourse de pièce dans son sac de cuir et était à deux doigts de lui tendre la dague qu’il lui avait prêtée et servit à tuer la bête quand un déchirement se fit entendre, surprenant la jeune femme. Les ailes de l’homme dégageaient une certaine beauté aux yeux de l’Orine. Elles étaient belles et majestueuses, offrant un halo de ténèbres autour du démon, le tut lui allait très bien. Un doux et tendre sourire se dessinant sur son visage de porcelaine. Elle serra contre elle la dague que Zane lui offrait. Elle hocha doucement la tête, et laissa quelques mots s’échapper :

-Merci beaucoup Zane, je lui ferais attention et la prochaine fois que nos chemins se recroiseront, j’espère avoir fait des progrès pour vous prouver que votre temps n’aura pas été en vain !

Mais à peine avait-elle terminé et le saluait qu’il quittait par la voie des airs, fendant rapidement le ciel et les nuages pour disparaitre. Elle sembla observer le ciel un moment, respirant plus calmement l’air de l’extérieur. Sans le réaliser, elle vit le soleil commencé à percer, brisant les ténèbres pour apporter qu’une faible lueur et cette vision lui offrirent l’idée d’un poème :

‘’ Plus d’ardentes lueurs sur le ciel alourdi,
Qui semble tristement rêver.
Les arbres, sans mouvement,
Mettent dans le loin une dentelle grise.
Sur le ciel qui semble tristement rêver,
Plus d’ardentes lueurs.

Dans l’air gris flottent les apaisements,
Les résignations et les inquiétudes.
Du sol consterné monte une rumeur étrange, surhumaine.
Cabalistique langage entendu seulement
Des âmes attentives.
Les apaisements, les résignations, et les inquiétudes
Flottent dans l’air gris.

Les silhouettes vagues ont le geste de la folie.
Les maisons sont assises disgracieusement
Comme de vieilles femmes
Les silhouettes vagues ont le geste de la folie… ‘’

Elle ne termina son poème, la froideur de l’extérieur lui rappelant qu’elle n’était qu’une frêle femme qui avait besoin de chaleur et de soin. Délaissant le lever de soleil, elle traîna sa carcasse jusqu’à l’auberge pour demande une chambre et une guérisseuse.