" Une étrange histoire ? Répéta-t-elle mécaniquement, une demande indirecte d'approfondir ce scénario. A dire vrai, s'il ne souhaitait pas préciser, grand bien lui en fasse ; Léto ne voulait savoir qu'une chose de par ses questions : la naissance de leurs sentiments mutuels. Mais comment demander une chose pareille ? Son langage était bavard, pas cru. C'est pour cela, en plus, qu'elle se permit de raconter sa propre version. Moi c'était à Drosera. J'avais pris un bateau pour le continent Dévasté, mais je me suis trompée d'itinéraire. Du coup, j'avais besoin d'argent, alors je me suis mise aux services d'un noble qui voulait qu'on éduque son fils, Aëran avait répondu à l'annonce aussi. On a travaillé ensemble, il m'a aussi sauvée la vie, et le soir d'après il m'invitait à dîner. " Un sourire trôna sur ses lèvres en y repensant, c'était déjà si loin, mais si exquis comme souvenirs…

" Un jardin ? " S'étonna-t-elle, seule Shi serait à même de lui expliquer que ce n'était pas un jardin ordinaire.

" Des esprits sont là, comme ceux de tout à l'heure. On dirait qu'ils parlaient avec une personne, avant que cette dernière ne les attaque, ou qu'ils attaquent. En fait je ne sais pas, je ne vois pas leur adversaire, je ne sais même pas si c'est une fae aussi. Elle regarda brièvement de nouveau le massacre qui se déroulait autour d'eux. Certains meurent, d'autres fuient… Et cela ne les avançait pas plus. Léto était encore brouillée par tout ce qu'il lui arrivait, elle observa de nouveau l'alfar, sa question lui brûlait vraiment la langue, malgré que la situation ne s'y prêtait pas. Après quelques secondes d'hésitation, elle tenta quand même : Et toi et Aëran, vous aviez continué de vous voir après votre rencontre ? C'était à la fois bête et stupide ; bête parce qu'elle reprenait la conversation comme si de rien n'était, et stupide parce qu'ils avaient bien dû se revoir pour approfondir leur lien, donc ça tombait sous le sens. Léto était réellement paumée, ce n'est que l'hurlement soudain et animal qui résonna dans la salle qui la tira de ses tourments. Un bélua monstre, mi-félin mi-cervidé, tomba des ténèbres du plafond, juste sous leur nez. Il était énorme et son attitude ne trahissait pas son envie de les mettre en pièces. C'est quoi ce truc trop moche ?! " S'exclama la chamane en dégainant son épée sous la panique. Le jardin de fae, ce n'était plus ce que c'était.

« Il y avait une rumeur selon laquelle il existait une épée très puissante. Une démone était derrière tout ça. Malgré nous nous étions impliqués dans l’affaire. » Il restait concis, mais toujours pas clair. Enfin, ces quelques informations suffisaient à faire comprendre à la Chamane que cette fameuse histoire n’était le fruit que d’une tierce personne et qu’elle n’avait aucun rapport avec leur relation si cela n’avait fait que les rapprocher, eux qui s’étaient vu par hasard dans l’au-delà. Finalement, elle avait bien demandé les détails. Il était clair que si Kohei voulait limiter le nombre de questions histoire de ne pas la fatiguer, il devait répondre le moins court possible… Sa rencontre à elle en revanche révélait plus de la maladresse qu’autre chose. C’était bien une aubaine d’ailleurs, puisqu’autrement elle n’aurait jamais pu voir Aëran. Quelle chance. « Drôle d’histoire ! Le hasard fait bien les choses ! » Shi s’était à peu près calmée, même si son ton restait grave. A Léto, elle s’efforçait de lui montrer son meilleur caractère. A elle, elle n’avait rien à reprocher. C’était bien le contraire, puisqu’elle l’aimait plutôt bien.

« Et il n’est clairement pas normal. » Répondit-elle à l’intonation de la Chamane. Il était claire que s’il s’agissait d’un jardin tout ce qu’il y a d’ordinaire, il ne se serait pas retrouvé six pied sous terre. « Y a-t-il des fantômes de Fae ici aussi ? » Peut-être y en avait-il ? Cela lui paraissait même évident, mais la surprise était toujours de mise… Shi écouta alors ses explications, curieuse quant au fait qu’il y ait cet étrange jardin sur les lieux. « Tout d’abord, il n’y a que très peu de terre, et toutes les fleurs prennent toute sa surface. En plus, ça m’étonnerais que beaucoup de Fae ne viennent s’en occuper, et il semble très peu naturel. Je ne sais pas trop quelle source de lumière peuvent avoir ces fleures… En somme elles sont très bizarres. » Elle se livra à une réflexion silencieuse avant de remarquer : « Mais peut-être que… » Cela avait un rapport avec la pierre ? Mais elle se contenta de le penser, par peur de dire des bêtises. En même temps, peut-être que c’était de cela que la pierre d’avant manquait. D’une source de vie, et des sources de vie, il devait forcément en avoir une cachée dans les fleurs. Elle y fonça alors, sachant pertinemment qu’elle n’avait aucun don pour ce qui est de communiquer avec ou de la contrôler. Alors elle se contenta de chercher à travers les hautes tiges.

La question de Léto fut soudaient et abrupte, à tel point que Kohei s’arrêta dans son mouvement pour y répondre après un drôle de silence. « Oui. » C’était… Même évident. Et il savait que ça l’était pour la Chamane aussi. Alors il parut évident qu’il poursuive encore la communication, simplement pour ne pas l’obliger à pousser elle-même le questionnement plus loin. Alors il reprit la parole avant que son silence après son ridicule « oui » ne s’éternise. « A Drosera aussi. Il y avait une fête, Shi a été attirée par elle. J’y suis allé, et j’y ai retrouvé Aëran. Il s’y est passé tant de chose… En seulement un jour. C’est là que l’on s’est rapproché. Il est vrai que c’était quelque peu rapide. Nous avons presque vu la mort ensemble. La fête a très mal tourné. Ce qui n’est pas étonnant si l’on sait qu’il y avait un bon nombre d’étranger. Des assassins nous ont attaqués, ainsi que des bandits, et même des Alfars rebelles. Indignés, Aëran et moi avons engagé le combat. » Soudainement, Kohei s’était emballé. C’était là, l’effet du sujet. Il avait envie de dire tant de chose, dire tout ce qu’il avait ressenti, tout ce qu’il avait entrevu en Aëran, tout ce qui avait fait que les deux s’étaient rapprochés si rapidement. Mais peut-être, en effet, que les deux entités se terrant en chacun d’eux avaient beaucoup joué dedans. « Mais je pense que si tout a été si vite, c’est peut-être bien parce que nous partageons des points communs peu banals. » Il cessa alors de parler, pensant en avoir déjà pas mal dit. Quelques éléments de cette réponse restaient quelque peu flous, et il y répondrait s’il le fallait, mais rien n’était sûr quant à l’envie de la chamane d’écouter pendant cent-sept ans l’amant de son amant raconter en quoi il avait pu tomber amoureux. Elle voulait sûrement savoir, mais il ne fallait pas oublier que ce genre d’informations pouvaient être dures à écouter, vu la place que Léto occupait dans l’histoire.

« Shi ! » Fit-il dans la stupeur. Un Bélua avait atterrit entre elle et l’Alfar et la Chamane, ce qui poussa ses craintes. Il ne fallait absolument pas qu’il se retourne, absolument pas qu’il aille vers elle. « Reste cachée. » Lui ordonna-t-il fermement. Il fallait se battre. Il était clair qu’il était dans les attentions du bélua monstre de repousser les visiteurs. Mais qu’est-ce qu’un Bélua faisait ici ? Kohei dégaina sa lame noire, prêt à combattre la bête qui s’approchait dangereusement des deux voyageurs. Avec suffisamment de réflexions, il prit l’initiative d’attaquer avant que ses griffes ne s’abattent sur eux, se tenant prêt à l’empaler. Mais tout n’était pas si simple. Le monstre esquiva tandis que le geste vif, Kohei érigea son épée de sorte à parer un coup qui aurait pu lui être fatal. Il riposta, le touchant enfin, et sentit son ventre bouillir au contact de la peau du Bélua. Mais pas la moindre goutte de sang. Il avait la peau dure, il était une endurance de fer. Et la force de Kohei insuffisante. Pourtant… Pourtant, il avait envie de le pourfendre, et cela avait eu l’air bien impossible. Plus de force. Pourquoi se limiter ?

« Hm. » Souffla-t-il. Ce bout de rire était bien suffisant pour comprendre qu’il était prêt à combler sa frustration. Un sourire s’esquissa. Y aller à fond. C’était tout ce qu’il souhaitait. « Tu ne vas pas nous laisser tranquille ? Dans ce cas… » L’assommer ? Le laisser dans ses blessures pas mortelles ? Le faire fuir ? Oh mais quelle bonne blague. S’il pouvait tuer, détruire, se défouler… Pourquoi se retenir ? Kohei s’élança, avec sa lame. Il donnait plusieurs coups, frénétiques, gardant sa force pour lui, contentant de le faire reculer un peu, juste pour rire de la situation. Il riait aux éclats, d’une manière effrayante. De son côté Shi souffla, tandis qu’elle continuait de chercher ce qui pouvait s’apparenter à la solution de l’énigme. Elle savait très bien que Kohei n’était pas tout puissant, mais il était suffisamment inconscient pour se dresser à en mourir entre elle et le monstre pour qu’elle reste sauve suffisamment de temps. Il ne fallait pas qu’elle oublie qu’ils devaient sortir d’ici avant tout, et la moindre des choses à faire pour elle était de chercher, chercher, chercher. Kohei dansait presque, bougeant son épée dans tous les sens, dans une agilité fragile mais travaillée, et finit par lui couper bien profondément dans le ventre y mettant toute la force que son hôte n’avait pas. Il observait le sang s’écouler à terre un instant, contemplant le liquide appétissant, oubliant presque la menace imminente. L’idiot, perdu dans ses réflexions, oublia presque que le Bélua n’était pas obligé de rester figé dans la douleur, mais qu’il pouvait tout aussi bien riposter de rage. Ce sang l’appelait, il voulait y gouter, histoire de voir, tout simplement, la différence entre un Bélua et un Bélua monstre… Mais il y avait Léto… Il était en train de lui montrer toute la folie qui siégeait en lui. Incontrôlable qu’elle était par moment. Il voulait quoi ? La dégoûter en plus de susciter de la colère en elle ? Mais ça l’étonnerait. Déjà, simplement, parce qu’elle était avec Aëran. Alors ce n’était pas un simple petit découpage de membre qui allait poser problème. L’ennemi balança lourdement ses griffes sur lui, qu’il esquiva de peu, éveillé de ses pensées par le courant d’air violent qui arrivait, et sa seule réaction fut de rire voyant qu’il avait échappé de peu à la mort.

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" Hé. " Un bref rire accompagna ce grand sourire boute-en-train, ses yeux bleus luisaient de nouveau. L'imitation était voulue, évidemment.

" Allez, va mourir plus loin toi. Elle fixa l'alfar tandis que le monstre se faisait plus petit en se tortillant sur lui-même, sans pour autant s'éloigner réellement. Et toi, franchement, tu n'es pas discret. Je t'en prie, lape son sang ! Sans crier gare, elle lui choppa la chevelure et posa de force sa face contre terre. En fait, elle ne savait pas réellement s'il allait le faire mais cette idée l'amusait beaucoup. Enfin, elle cessa de malmener Kohei en lui remontant la tête, sans le lâcher. Sinon, quelque chose d'extrêmement intelligent de ta part serait de répondre à la véritable question de la blondinette – pas moi, hein – qui est donc, si tu n'as toujours pas compris : es-tu vraiment amoureux de son amoureux ? Voilà, question débile, réponse débile attendue ! Sur ce, je me casse, bisous ! " En un clin d'œil, le bleu disparut de la moindre parcelle de son corps ; les descentes rapides, c'était la spécialité de la dégénérée.

Le combat de Kohei contre l’appétissant ennemi semblait faire rage, alors qu’il se plaisait toujours autant à lui faire gouter de temps à autre au tranchant de sa lame. Sa peau, dure à en faire pâlir plus d’un n’était à ses yeux qu’un vague obstacle dur à franchir mais à l’exquise récompense. Ses yeux, illuminés face à tant de chalenge se tournaient partout sur la scène. Heiko ne prêtait même pas son attention uniquement au Bélua, mais à toute la scène entière. Il n’y avait rien de bien précis à observer, si ce n’est que la posture de la jeune chamane restée quelques temps en retrait. Mais ce qui le faisait trépigner dans ces regards compulsifs, c’était l’idée que d’autres Béluas monstres ne pût venir en renfort. Visiblement, l’idée restait bien trop saugrenue, dérangeante, suicidaire. Mais Kohei n’en avait que faire. Actuellement, il n’écoutait que ses pulsion, à tel point qu’il ne parvenait même plus à écouter la voix de la Fae s’exclamer qu’elle avait peut-être la réponse à l’énigme. Il aurait presque eu envie de lui hurler qu’il s’en fichait comme du plus petit insecte qui pouvait bien ramper sur le sol de la grotte, mais il était bien trop occupé à rire comme un dérangé.

Un agréable courant d’air passait sur son flanc, faisant voler quelque peu ses cheveux. Un courant d’air qui n’avait rien de naturel, et qui était d’ailleurs devenu le centre de son attention. Alors, naturellement, son visage pivota lentement, dévoilant le bras de Léto s’engouffrer avec tant de ferveur dans le ventre de la bête. Son sourire s’accentua alors, voyant que les choses prenaient une tournure à laquelle il n’aurait cru. Dans un sens, s’il détestait bien une chose, c’était que l’on ne vînt lui ôter sa proie. Pourtant, dans ce cas précis, il s’en fichait complétement, ne manquant pas de pouffer un rire, amusé par cet étrange changement de personnalité de la jeune femme. Etait-elle comme lui ? Ses yeux bleutés témoignaient pourtant d’une différence bien notable. C’était plus de magie dont il était question, là. Le dément commençait sérieusement à se demander s’il n’y avait pas là un sérieux problème. Aëran, Léto, et lui-même semblaient tous être doués du même problème de personnalité, tous de façons bien différentes. Un trio bien étrange que voilà.

« Voilà un traitement bien amusant que tu lui as réservé ! Je ne t’aurais pas pensé comme ça. » Il parlait délibérément comme si pour elle ce changement de personnalité n’avait profondément rien d’anormale. Mais c’était tout simplement parce que sous son point de vue, l’existence entière de Heiko lui semblait naturelle. Loin de la Léto aux ères un peu maladroite mais farouche, Kohei découvrait cet être aux traits plaisants, qui semblait avoir lu avec une facilité démesurée ce pour quoi Kohei rêvassait en observant le sol. Il voulut réagir à cette phrase qu’il trouva amusante, mais dans une surprise déconcertante, il se retrouva la tête sur le sol, incapable de prendre le temps d’arrêter sa course folle par sa simple force. Son sourire s’effaça bien vite, laissant place à des yeux écarquillé alors qu’il tâtait de sa joue le contacte envoûtant du liquide collant. Il n’allait pas… le laper pour autant, pas si abruptement. Qu’est-ce qu’il lui prenait ? Si Kohei voulait gouter ce sang, il le ferait, mais pas d’une manière aussi ridicule. Sentant sa tête remonter, sans pour autant prendre la peine de se dégager – aussi, il préférait observer ce qui allait se passer – un nouveau sourire naquit sur ses lèvres alors qu’il écoutait cette question aussi directe que spontanée, tout en regardant droit dans les yeux celle, ou peut-être celui, qui la posait à la place de son hôte.

L’Alfar attendit, dans un calme olympien qu’elle ne revienne à elle, remarquant que la couleur bleutée de ses yeux s’estompaient. Il se redressa, s’épousseta, toujours se sourire sadique aux lèvres. Du bout des doigts, il préleva un peu de ce sang toujours pas coagulé de sa joue, et se décidait enfin à le goûter. « Eh bien… Je ne suis malheureusement pas un expert. Je ne décèle aucune différence entre le goût de celui-là et d’un autre Bélua. Ceci dit… » Ses yeux s’illuminèrent de démence alors qu’il marquait une courte pause. « C’est délicieux. » Il se calma bien vite, fermant un instant ses paupières, penchant la tête, se croisant les bras. Il aurait bien voulu d’un miroir, simplement pour voir quelle dégaine hilarante ce sourire déformé et ce sang sur le visage devait lui faire. Un rire lui échappait alors qu’une question lui brûlait les lèvres. « Serait-ce donc une de vos caractéristiques de chamane ? Vous vous êtes fait possédée ? » Cependant, ce n’était guère à lui de poser les questions. Son sourire s’effaça alors bien vite. Son sérieux, il le gardait toujours lorsqu’il devait traiter de quelque chose qu’il jugeait de si important. « Mais c’est d’abord à moi de répondre aux questions. » Le regard ferme et résolue, portant en eux toujours ce soupçon de folie qu’il lui était impossible de faire disparaître, il répondit, sans tourner autour du pot. « Oui, je l’aime. » C’était la réalité. Et elle devait être compliquée à avaler. Cet amour, Kohei en avait bien pris conscience, dans une lenteur presque accablante. Mais il ne pouvait l’ignorer, il n’en avait pas le droit. « Mais ce n’est pas à vous de faire avec. Plutôt à moi. La question ne se pose même pas » Tout simplement parce qu’il n’avait pas à prendre ses aises comme cela. Léto n’avait pas à subir cette situation. Mais malheureusement, c’est ce qui arrivait…

Derrière lui, il entendait pourtant le monstre continuer son vacarme assourdissant, prêt à passer de nouveau à l’offensive. Son regard ne fut pas détourné de la conversation qui lui semblant réellement importante. Toutefois, il n’allait pas non plus risquer de les faire tuer tous les deux pour cela. Son épée, tenue à main ferme d’un côté, et une flamme noire et gelée de l’autre, il ne prit à premier abord pas la peine de se retourner et balançait le feu sombre sur la bête et se mettait de nouveau à sourire voyant cette atmosphère glaciale pénétrer dans la salle. Sa magie était faible, mais suffisante à être utilisée. Il se jetait de nouveau sur le monstre, avec une détermination sans borne, appuyant sur l’attaque de Léto. Sa lame plongea proche de son cœur, et d’un sourire malsain, il reprit la parole sur de bien dérangeantes idées. « Moi aussi, je souhaiterais l’amputer. » dégageant sa lame ensanglantée de la plaie, il enfonça ensuite sa main, sans prendre la peine de retrousser sa manche, aussi violement que brutalement. Sa main se resserra sur ce qu’il pouvait trouver. Il aurait trouvé bien drôle l’idée de lui retirer le cœur, mais… Il ne savait même pas ce qu’il touchait. Et cette sensation… Elle était jouissive. Sa main était à proprement parlé dans ses entrailles. Du feu jailli d’ailleurs d’elle, invisible de l’extérieur, mais l’on sentit bien l’ennemi se tordre de douleur face à cette infâme brûlure gelée. Lui qui n’aimait pas user de la magie, il s’était trouvé une façon bien amusante de la consommer.

Il retira son bras ensanglanté aussi sèchement qu’il lui était permit, emportant au passage ce qu’il pouvait. Du sang jaillit instantanément, le salissant d’une manière bien peu élégante. Il lâcha ensuite plus loin ce qu’il avait extrait de son anatomie, et riait alors qu’il s’écroulait par terre. Se calmer. Se calmer. Il fallait se calmer. D’un coup, Kohei s’était lâché sur le Bélua, sans raison apparente. Il aurait pu le tuer, tout simplement, mais non, il avait été jusqu’au bout des choses. Et maintenant ? Il était recouvert de sang. C’était agréable dans un sens, mais jamais de la vie il n’irait cracher sur un bon bain. Un bon bain ouais… « Il faudrait retourner à cette pierre… » Il était revenue à lui, ce Kohei parfaitement résonné. Il voulait simplement poursuivre la discussion sans garder en tête la frénésie de leur meurtre à la chamane et à lui. Sa soif de sang avait pris le dessus, et il s’était décidé à la refouler au fond de lui pour ne pas se retrouver avec le regard pris d’une frénésie compulsive de psychopathe alors qu’ils parlaient d’amour.

Heureusement pour elle, Shi n’avait pas regardé la scène. Habituellement, quand Kohei se battait, elle ne regardait même pas. Car elle savait très bien à quel point cela pouvait la choquer, dans son regard d’enfant. De son côté, elle avait bien comprit pourquoi ce jardin était là. C’était cette fameuse chose qu’ils cherchaient qui le maintenait dans cet état. Et c’était le Bélua qui le portait en lui. Mais ce qui était bien étrange, c’était bien cela. Comment le Bélua pouvait le posséder dans son corps ? Il aurait voulu le manger ? Mais comme cette chose était immatérielle, il n’avait su la digérer. Peut-être que ça l’avait rendu complétement fou ? Dans tous les cas, ça expliquait drôlement bien son comportement incontrôlé. « C’était cette pierre qui maintenait le jardin en vie. J’ai vu des traces dans le jardin de destruction datant de plusieurs semaines. Je pense que le Bélua avait dû détruire une partie du jardin et a avalé ça. Mais une fois éloignés, je pense que ce jardin va mourir. » Son regard améthyste balaya une dernière fois ces si belles fleurs. Une larme ruissela sur ses joues. Pour Shi, la destruction d’un jardin, c’était une des pires choses qui pouvait exister. « Mais je pense qu’une fois cette pierre là et l’autre réunie, leur éclat seront suffisamment fort pour ne pas laisser ces si belles fleurs faner. » Sa voix tremblait, mais elle conservait cet infime espoir.

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" Oui, j'ai accepté un esprit parasite comme compagnon, j'ai alors fini possédée, plus ou moins. Elle s'appelle Latone, au fait. Je crois qu'elle t'aime bien. " Expliquer le phénomène qu'était Latone était difficilement à sa portée et ils n'avaient pas encore le loisir de s'y livrer.

" Je pourrais tenter de fusionner avec un de ces esprits… Tenta-t-elle en fixant les souvenirs rémanents qui continuaient de se balader comme si de rien n'était. Comme ça, je verrais à travers leurs yeux ce qu'ils ont vu et… c'est trop dangereux, n'est-ce pas ? Oui, c'est vrai, je ne devrais pas. Mon maître-chaman m'aurait dit non, je pense. On a ce que veut la pierre de toute façon ! " Inutile de s'enfoncer davantage dans les profondeurs, le but était de reconquérir la lumière extérieure après tout.

" Merci. C'était une voix féminine, claire comme de l'eau de roche, avec un ton mélodieux. C'était mon jardin, il était paisible et magnifique. Un jour, un bélua est venu me rendre visite. J'ai compris sa nature monstrueuse et ait décidé de le garder à mes côtés, afin de l'aider à prendre l'ascendant sur ses pulsions. Mais mes collègues ne le virent pas d'un très bon œil : pour se calmer, mon ami bélua dut saccager plusieurs jardins qui ne m'appartenaient pas, plusieurs faes sont venues se venger. Entre mon peuple et mon ami, j'ai choisi l'irréparable : en scellant mon jardin et mon corps dans cette pierre, je les ai maudit en les enfermant ici-bas, avec comme ultime gardien mon ami bélua. J'espérais que cette tâche lui permette de trouver la paix, mais j'ai subi mon erreur si longtemps, sans rien pouvoir faire. Une courte pause, cela avait un certain goût amer qu'ils aient combattu une connaissance de cette fae. Grâce à vous, nous pouvons enfin reposer en paix et mon jardin sera à jamais protégé. Un léger tremblement se fit entendre, un grondement au loin, avec un léger éboulement. Vous pouvez partir. Que Phoebe vous bénisse. Et la pierre perdit son éclat. Face à tout cela, Léto ne cacha pas qu'elle était impressionnée, voire même assez fière d'avoir rendu service malgré elle ; c'était tout elle, ça.
- ... D'accord, mais où est la sortie en fait ? "

Latone et Léto… Voilà un bien curieux duo. Tout comme celui de Kohei et Heiko d’ailleurs… La folie semblait guider leur quotidien à tous les trois, voilà pourquoi tous avaient fini par se croiser dans leurs chemins respectifs. De son côté, Kohei aussi comprenait mieux pourquoi la chamane et Aëran formaient un tel couple. Tout paraissait plus clair, pourtant la curiosité semblait tout de même le guider dans sa réflexion. Dans un sens, Kohei aussi voulait lui poser quelques questions, mais il ne savait même pas par où commencer. Ainsi cette fameuse Latone semblait bien aimer Kohei ? A y réfléchir, ce n’était pas vraiment bizarre. Son autre versant lui-même avait éprouvé de l’intérêt pour elle, sans pour autant parvenir encore à mettre le doigt sur le sentiment exact qu’il entretenait à son égard. Mais il s’en doutait, à la longue, il pensait qu’il allait beaucoup l’apprécier. Dans d’autres circonstances, ils auraient sans aucun doute bien pu faire la paire. Mais qui sait ? Tout ne semblait pas non plus… catastrophique. Du moins, beaucoup moins que ce qu’il aurait pu penser en entendant son nom.

L’Alfar et Shi avaient écouté la proposition faite par la chamane, et bien qu’elle se fût finalement retenue pour une raison qui – ils devaient bien l’avouer – leur échappait, la petite Fae lui lança un sourire. Léto avait raison après tout, ils avaient l’objet de leur quête, et bien que la curiosité lui faisait tout de même se poser un bon nombre de questions quant à l’origine de ce souterrain, elle préférait ne pas forcer la chamane à donner ces quelques réponses superflues. Puis, finalement, sur la délicate intention de Léto, Shi prit l’objet peut-être un peu lourd pour elle malgré tout. Elle le dirigea vers l’autre pierre avec laquelle tout avait commencé. Si elle se posait bien une question, c’était celle de savoir en quoi allait-elle bien les aider ; ou tout simplement qu’est-ce qui allait se passer. Des révélations. Et elles lui parurent assez étranges, d’ailleurs. Mais un sourire s’illumina tout de même sur ses lèvres. La Fae était vraiment heureuse de ce qu’ils avaient accompli même si l’intention n’y était pas vraiment. « Les pauvres… C’est horrible tout ce qui a dû leur arriver tout de même… quand je pense que ça à dû finir comme ça… en tuant le Bélua… Il n’était peut-être pas si méchant, non ? Enfin, avant je veux dire. » Shi avait bien du mal à cacher que le monstre lui avait fait plutôt… peur. Il était bien vrai qu’elle n’était pas trop du genre courageuse, après tout.

Mais il était vrai qu’un problème de taille se dressait tout de même contre eux… La sortie ! Finalement rien n’était réglé. L’Alfar se dirigeait vers le trou d’où ils venaient, sans aucunes pensées envers le dénouement des évènements. Il s’en fichait, dans la mesure où rien n’avait pu les aider à se sortir de cet endroit. Il levait la tête vers la cavité, ne trouvant rien de mieux à faire que l’analyser. Rien de plus, rien de moins. En vérité, il n’avait aucune idée de comment sortir de là. A part Shi, personne ne pouvait réellement sortir… Celle-ci vola rapidement jusqu’en haut, jugeant rapidement la situation. « Comment on pourrait faire pour vous faire sortir de là… ? » Tout était bien compliqué… Kohei Réfléchissait à plusieurs plans possibles… Il se savait depuis peu capable de se téléporter, mais cette capacité était chez lui complétement aléatoire et incontrôlée. Pour être honnête, il n’avait pas des masses envie de se risquer à utiliser cette capacité. Finalement, il réfléchissait, réfléchissait, mais rien d’autre que les pensées divergentes ne se présentaient à lui. Rien que cette histoire de triangle amoureux, à titre d’exemple. Les questions fusaient dans son crâne… De plus en plus, il se rendait compte qu’il avait bien envie d’en savoir plus lui aussi sur la relation de Léto et d’Aëran. Mais… Il n’avait aucune idée de quoi demander. Partir dans une longue discussion, c’était pas trop son truc…

Il baissait un peu la tête, la remettant ainsi droite. Finalement, il changeait tout du sujet qu’il avait en tête. Il voulait les poser ses questions, alors il s’était apprêté à l’ouvrir, mais comme il s’était résigné, il avait peur de paraître stupide en ne disant finalement rien. « Cet autre penchant de moi que tu as pu voir aussi a son propre nom… Heiko. Ce n’était pas très inventif, mais c’est le premier qui me soit passé par la tête. » Hum… Et voilà qu’il parlait de lui le bougre. Pas très doué, lorsque l’on savait que ce n’était pas dans ses habitudes. Mais ses propres mots avaient soulevé en lui une drôle de réflexion. Les deux personnalités tendaient réellement à voir leur propre volonté diverger, et c’était comme s’ils devenaient réellement deux personnes différentes. Pourtant, dans leur tête, ils ne faisaient qu’un. C’était assez étrange, comme confusion, mais finalement, elle ne semblait pas influer plus que ça dans le cours de sa vie. Peut-être était-ce simplement parce que Kohei se voyait mal atteint de ce trouble de personnalité qui était supposément problématique. Pour lui, il n’y avait rien de bizarre à ce qu’il soit deux, alors il se considérait comme un… Voila qu’il se mettait à aborder la question sous un autre angle. Mais bref, quoi qu’il en fût, il n’oublia pas qu’il était parti sur un bien étrange sujet qu’il n’avait lui-même pas prémédité.

Il parlait, alors qu’il continuait tout de même d’observer la paroi, calmement, ne paniquant même pas à l’idée de rester coincer longtemps. « L’esprit de cette pierre a affirmé tous les avoir sceller ici… » Pensa-t-il à voix haute. Tout ce à quoi cette réflexion les avançait, c’était à se dire qu’ils étaient encore plus coincés… Mais d’un autre côté, la voix féminine leur avait annoncé être lavée de toute peine ? alors peut-être que la situation avait évoluée ? Il y avait peut-être une issue qui s’était découverte quelqu… Un courrant d’air. Qui provenait non pas d’en haut, mais sur le côté. « Vous le sentez, vous aussi ? Je pense qu’il doit y avoir une sortie par là. » Il se mit alors automatiquement en marche, vidant ses pensées de toutes prises de tête. « As-tu déjà été confronté à la bête d’Aëran ? » Comme quoi, quand on se vidait la tête, les questions sortaient plus facilement… Question qu’il posait d’ailleurs de façon tout à fait banale, comme si de rien n’était ; mais cette maladresse s’expliquait surtout par le fait que Léto devait forcément être au courant des choses si Kohei l’était, et qu’elle n’avait rien d’une femme fragile.

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" Il ne devait pas être méchant, non. Il n'a juste… pas eu de chance. " Au final c'était bien ça, juste une succession de malchances cette horrible histoire.

" Heiko… Répéta la chamane, un sourire se dessina sur son visage lorsqu'elle fit le parallèle. C'est toi qui l'as appelé comme ça ? C'est marrant, ça ressemble à Kohei, si on inverse les… euh… syllabes. Evidemment, d'où son allusion à son manque d'imagination. Son côté dispersée pouvait vraiment la ridiculiser des fois. Latone elle s'est nommée toute seule, la première fois qu'elle est apparue. Enfin, la deuxième fois plutôt. Mais seulement parce que le guerrier qu'elle combattait lui a demandé son nom, sinon je ne sais pas si elle y aurait vraiment réfléchi. " Elle ne faisait que supposer, elle ne connaissait Latone que par ses yeux, ses actes donc, elle n'a jamais eu l'occasion de converser directement avec elle.

" Plusieurs fois, oui, apparemment. Le dernier mot n'était pas là par hasard, depuis l'apparition de la bête, sa vision de son couple – passé, présent et également futur – avait changé. Au début, Aëran me disait juste qu'il avait des pulsions, un instinct sauvage. Je l'ai accepté parce que… bah, j'adore ça. Nul besoin de se livrer aux détails, c'était déjà assez gênant d'en parler si ouvertement. Ce n'était pas si douloureux que ça, c'était juste intense et je connaissais Aëran ainsi. Mais un jour, on a eu de gros ennuis et Aglakh est sorti de son corps. Le sifflement se refit brièvement entendre, elle eut également l'espace d'un instant la vision de ses énormes yeux noirs. C'était la première fois que je le voyais, et Aëran aussi en fait. On avait tous les deux compris depuis que tout ça, ce n'était pas vraiment comme ça l'était avant… La confusion de sa phrase reflétait son propre ressenti à cet égard, après tout leurs sentiments avaient évolué depuis cet incident. Elle avait déjà ressenti depuis qu'Aëran se retenait de plus en plus dans leurs moments intimes, ils tendaient de plus en plus à se rapprocher de la normalité humaine. Je n'aime pas les serpents. " Tenta-t-elle comme conclusion, sans trop savoir s'il était au courant que la bête prenait l'apparence de ce genre d'animal.

" Il faut qu'on parle à Aëran. C'était bien la seule chose qu'ils leur restaient à faire maintenant qu'ils avaient abattu toutes leurs cartes sur la table. Elle regarda à tour de rôle Kohei et Shi, Oberon n'était pas encore dans les parages ; puisqu'ils étaient proches des adieux, autant s'adresser aux deux d'un coup. Je pourrais venir vous voir à Drosera ? Ou alors j'irais chez Aëran et vous viendriez après, ou l'inverse, je ne sais pas. Elle se gratta la chevelure, dorée par les rayons solaires. Là-dessous ce n'était pas l'idéal pour parler, mais là-bas ce sera mieux, je pense. Je ne veux pas y aller tout de suite en fait, mais un autre jour ? " Proposa-t-elle, insouciante des sombres évènements qui suivront ce périple. Mais qu'importe, lorsque Léto le pourra, elle n'allait pas se gêner pour se confronter une ultime fois à cette histoire d'amour.

Discuter des circonstances qui avaient conduit à donner des noms à leur second penchant parut étranges aux longues oreilles de l’Elfe noir. Cet échange n’avait rien de bien commun, ce n’était pas tout le monde qui pouvait avoir cette bien insolite occasion. « Je ne me souviens plus vraiment de comment j’ai trouvé ce nom. Si j’étais dans cet état, ou dans l’autre… Je ne n’en sais plus rien. Nous nous étions retrouvés dans un endroit étrange en tout cas, et je ne sais pas pourquoi, j’avais l’impression que nous étions deux personnes distinctes. » En clair, il s’était parlé à lui-même… Ils s’étaient retrouvé à Okaeli, un endroit qui semblait ne rien à voir avec les terres du Yin et du Yang. Kohei en gardait un souvenir bien singulier, un bon souvenir, même, et il ne parvenait pas réellement à savoir pourquoi. C’était pourtant bien le jour où Heiko avait gagné sa propre identité, un jour ou son trouble de personnalité lui avait frappé au visage comme une réalité bien ancrée en sa propre personne.

Léto lui confiait alors ses expériences, elle lui répondait comme si la question ne faisait l’objet que d’un simple échange, banal et inoffensif. Ainsi, elle « adorait » ce côté d’Aëran ? Mais il ne pouvait pas le nier, il le comprenait parfaitement. Si le blanc n’avait pas eu un tel côté sauvage, fous, est-ce que leur relation aurait pris cette tournure ? Il ne le pensait pas. D’un côté, c’était cette similarité qui l’avait attiré, qui avait su titiller sa curiosité, qui avait réveillé en lui ce sentiment qu’il ne comprenait toujours pas entièrement. Léto comme Kohei aimaient donc cela chez Aëran, cette caractéristique qui était pourtant du genre à rebuter n’importe qui… « Aglakh ? » Répéta-t-il. Un nom ? Alors Aëran aussi avait un nom à donner à cet autre versant de lui ? Pourtant… La suite de ses explications fit grandir en lui plus d’incompréhension. Cette histoire ne s’arrêtait pas à la simple nomination de la bête… Il s’avérait qu’Aëran la qualifiait de bête au sens bel et bien propre. Un serpent, en lui ? Kohei ne le savait pas. « Je ne savais pas qu’elle prenait forme. » Il manifestait son ignorance avec un calme bien étrange. Mais en réalité, il était bien plus occupé à réfléchir à la question qu’à ouvrir la bouche. Et cela se voyait dans son regard. Kohei était plongé dans cette nouvelle, et ses pensées en étaient accaparées.

Le bruit de la cascade lui parvenait enfin. Ce qu’il voyait arriver était finalement bel et bien la sortie. C’était on ne peut plus rassurant. Cependant, la lumière l’aveuglait au point de l’agacer. Shi esquissait un grand sourire. Enfin ils sortaient ! Le petit chemin sombre remontait en pente sinueuse, et plusieurs rochers qui venaient tout juste de connaitre un éboulement leur obstruait quelque peu le passage, mais rien de bien notable à ce sujet. La petite Fae prit un peu d’altitude, elle en avait eu si marre de voler aussi bas ! Kohei, lui, se redressait un peu, pour se tenir bien plus droit, la pression du plafond trop bas avait disparu.

Kohei força lui aussi un léger sourire à l’égard de la chamane. Il ressentait bien l’envie de le faire, mais avait quelque peu du mal à se montrer aussi expressif envers quelqu’un qu’il ne connaissait finalement que très peu. L’éclairage était désormais nettement plus prompt à l’observation, et le blond laissait donc un plus long silence planer au milieu de la conversation, comme s’il redécouvrait le physique de la chamane. « Ce serait la meilleur des choses à faire en effet. » Alors une discussion avec Aëran. Maintenant que ses deux amants s’étaient rencontrés, qu’ils avaient entretenus entre eux une conversation et que le gros du mystère s’était bien mieux éclaircit, c’était ce qu’il le fallait entreprendre. Au moins, Kohei et Léto pouvaient jouir du fait qu’ils s’étaient rencontré avant que la connaissance de l’existence l’un de l’autre ne finisse par rendre une possible rencontre encore plus problématique. Il est vrai que si leur ignorance l’un de l’autre s’était éternisé, les mauvais sentiments auraient pu eux aussi grandir… Quoi qu’il en fût, y penser n’était pas utile. Les choses n’avaient pas pris cette mauvaise tournure au moins.

« Bien sûr ! On peut se revoir quand tu veux ! Je suis impatiente ! » Elle savait très bien que cette proposition visait surtout à pouvoir parler d’Aëran, mais Shi ne pouvait pas cacher sa joie à l’idée qu’ils pourraient encore la revoir. Elle l’aimait bien, et avait en quelque sorte jeté son dévolue sur elle. Léto dégageait d’une certaine manière cette aura qui la rendait si attachante aux yeux d’une petite fille qu’elle était. Kohei acquiesçait lui aussi à cette idée. Dans un sens, il appréciait l’idée qu’ils puissent en parler calmement à Aëran, et qu’ils puissent s’entendre. Si Kohei avait bien envie d’une chose, c’était que cette situation ne soit problématique pour aucun d’entre eux. L’ambiance qu’il y avait actuellement entre les trois s’était enveloppée dans une atmosphère d’adieu. Cette courte mais éprouvante aventure prenait fin et il était temps pour chacun d’eux de retourner vaquer à leurs occupations respectives. Shi ne savait pas si elle pouvait se permettre de conclure cela par un « ce fut un plaisir ». C’était clairement déplacé, mais dans un sens, elle avait était contente de rencontrée Léto. Mais ce questionnement lui rappela non sans mal qu’elle nourrissait une certaine rancœur envers Kohei à ce sujet-là, justement. « Au revoir alors, et à la prochaine. Nous nous rencontrerons à Drosera, j’en suis certain. » Il lui tendit sa main, avant de tourner le dos et de s’en aller retrouver les siens. Il était peut-être mieux pour la Fae et l’Alfar de revenir visiter les Cascades une autre fois, quand cette histoire amoureuse serait un peu plus stable. Mais c’est sans savoir que des événements bien plus complexes suivraient, et qu’aucun d’eux ne serait libre avant longtemps…

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" Super ! Je viendrai sans faute alors, à Drosera, le plus tôt possible. Promis. J'espère. Elle lâcha sa main, Léto avait fait en sorte de faire attention de ne pas lui fissurer les phalanges par mégarde ; elle ne contrôlait pas toujours sa force, ni sa langue. Au revoir, rentrez bien ! Je veux dire, sans tomber dans un trou. " Elle se tut pour ne pas alourdir l'humour, sa vivacité n'était vraiment plus à refaire.

" Ce n'est pas trop tôt. Grogna l'esprit-compagnon en apercevant la guerrière s'approcher d'entre les fourrés. Il décroisa les bras, il avait trop longuement patienté ici, à poireauter sur ce rocher ; le plus confortable qu'il avait pu trouver.
- Désolée, je suis tombée et…
- Ça je sais. Elle écarquilla légèrement les yeux.
- Même ce qu'il s'est passé en dessous ? Il soupira, toujours aussi consterné par ses lacunes intellectuelles.
- Non, et je ne suis pas sûr de vouloir savoir. Il prit un air plus sombre, pas difficile vu le personnage. Puisqu'apparemment, tu as invoqué l'autre dégénérée. Deux fois. Elle se mit à le fuir du regard, elle avait une parade mais cela n'allait pas lui plaire.
- Une fois et demie, plutôt. La réponse étonna tellement le gris qu'il ne trouva rien à redire ; il était curieux de savoir ce qu'elle cachait entre ces lignes mais il n'était pas du genre à poser les questions en premier. Il s'attendait plutôt à ce qu'elle en dise plus, ce ne fut néanmoins pas le cas, il se confronta en tout pour tout au sourire rayonnant de la blonde. Bon au moins, c'est terminé et tout va bien ! On peut continuer. " Et elle traça sa route, Oberon suivit sans masquer sa confusion.