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 Les voleurs [Quête – Primrose]

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Jeu 02 Avr 2015, 16:47

Je marchais, je marchais encore et toujours dans ce couloir obscur sans croiser d’autres êtres vivants que ces maudites bestioles qui se faufilaient entre mes jambes. Je gardais les yeux grands ouverts, tentant désespérément de vaincre cette obscurité qui m’oppressait. Peine perdue. J’avais beau essayer de percer les ténèbres, j’avais beau mettre toute ma volonté pour améliorer ma vision nocturne, rien ne changeait. Je maudissais ma faiblesse. J’aurais tant voulu pouvoir me repérer plus facilement dans ce souterrain lugubre. Mais rien n’y faisait, les ténèbres étaient impénétrables et seule ma torche m’apportait un peu de réconfort, à défaut d’améliorer significativement ma visibilité. Quoique, si je ne voyais rien, même en me concentrant de toutes mes forces sur mon faible pouvoir, c’était peut-être parce qu’il n’y avait rien à voir. La vérité me frappa soudain, depuis que j’avais séché mes larmes et dompté ma peur, depuis que je m’étais relevée et que j’avais choisie d’arpenter ce couloir, depuis que je marchais je n’avais croisé aucune intersection. Et pourtant, depuis le début de notre aventure souterraine nous avions du régulièrement nous arrêter pour choisir et marquer notre chemin aux croisements, mais désormais plus rien. Seulement cet interminable couloir qui semblait ne jamais devoir s’achever.

Plus je marchais et plus j’avais la sensation étrange de tourner en rond. Le couloir n’était pourtant pas droit, loin de là. Tantôt un virage à droite, tantôt un virage à gauche, et à chaque fois je manquais de peu de continuer mon chemin droit dans le mur tellement ma torche arrivait difficilement à percer l’obscurité. J’avais l’impression confuse que quelque chose clochait. L’absence d’intersection depuis de longues minutes m’inquiétait. Et si j’étais en train de m’enfoncer profondément dans ce labyrinthe ? Qui viendrait me chercher si je ne retrouvais plus mon chemin maintenant que Miles m’avait abandonnée ? La panique menaçait de m’envahir à nouveau aussi je m’arrêtais un instant, respirais un grand coup et finis par reprendre le contrôle de mes nerfs. Après tout, sans intersection j’avais finalement beaucoup moins de risques de me perdre. A bien y réfléchir c’était plutôt une bonne chose non ? Après quelques instants je repris à nouveau ma route, tendant ma torche à bout de bras pour tenter de m’éclairer au mieux. C’était sans espoir mais j’espérais quand même toujours réussir à distinguer quelque chose. N’importe quoi, je n’étais pas difficile, j’avais seulement terriblement besoin de sentir qu’il y avait autre chose que moi et ces rats dans ce tunnel.

Un génie se cacherait-il dans les parages ? Aurait-il un sens de l’humour particulièrement étrange ? Toujours est-il que mon souhait ne tarda pas à devenir réalité. Je n’étais définitivement pas seule dans ce tunnel, sauf que mon camarade de jeu ne semblait pas particulièrement sympathique. Alors que j’avançais, scrutant l’obscurité, une ombre me sauta brusquement dessus et je sentit une lame se presser sur mon menton. Surprise je ne pu retenir un cri et il s’en fallu de peu que le choc ne me fasse tomber contre le mur.

« Tu ne bouges plus… »

Ma torche était tombée sous l’impact et avait roulée quelques pas plus loin. Sous la faible lueur je remarquais alors que nous étions à une intersection. Moi qui étais si pressée de retrouver quelqu’un et de ne plus suivre indéfiniment ce long couloir, j’étais servie. Je n’avais par contre pas vraiment prévue que les choses se passeraient ainsi. Pour le moment j’obéissais sagement et restais relativement immobile. Cela ne voulait cependant pas dire que je ne comptais pas me défendre, doucement, je laissais la magie noire affluer en moi et je me mis à concentrer mon pouvoir sur la main de mon agresseur. Je ne savais pas vraiment ce que j’étais capable de faire, si cela serait rapide ou non, j’essayais en tout cas de lui provoquer une douleur suffisante pour qu’il ne parvienne plus à tenir sa lame.

« Prim ? »

En entendant mon nom ma concentration vola en éclat « Miles, mais qu’est-ce que », « Est-ce que c’est vraiment toi ? ». Visiblement il n’avait pas encore assez mal à la main puisque la lame venait de se retrouver plaquée sur ma gorge. Mais qu’est-ce qu’il lui prenait ? Bien sûr que c’était moi, qui voulait-il que ce soit d’autre ? « Qu’est-ce qui te prend ? » ma voix n’était qu’un murmure, je n’osais pas parler trop fort de peur qu’une réaction incontrôlée de sa part ne vienne me couper la gorge. J’avalais difficilement ma salive et réfléchissais à toute allure. Le jeune homme ne semblait pas disposer à me faire confiance, je ne savais vraiment pas quelle moucha l’avait piquée, mais il semblait totalement dérangé. Sortir ma dague et le poignardait était une solution envisageable mais vu ma position particulièrement délicate cela pouvait aussi se révéler très dangereux pour moi.

« Miles, c’est vraiment moi c’est Prim. On est venu dans ce souterrain pour aider Marianne… » mon plan semblait fonctionner, je sentis son bras fléchir légèrement. Il ne m’en fallait pas plus, sans attendre qu’il se décide à me croire ou qu’au contraire il réajuste sa prise, je balançais dans un mouvement rapide mon coude dans son estomac. Dans un même temps mon deuxième bras s’était porté au niveau de la main qui tenait la dague pour l’écarter de moi. La manœuvre me permis de me libérer de son emprise et je me retrouvais désormais face à lui. Il faisait trop sombre pour que je puisse distinguer correctement son visage mais moi, contrairement à lui, je n’avais aucun doute sur son identité. Qui d’autre que lui aurait pu m’appeler par mon nom ?

« Je suis désolée je ne voulais pas te faire mal », j’avais sorti ma dague et attendait de voir ce qu’il allait faire. J’espérais qu’il allait revenir à la raison, je n’avais aucune envie que tout cela finisse dans un bain de sang. D’autant plus que je l’avais eu une fois par surprise, il y avait fort à parier qu’il ne se laisserait plus aussi facilement berner.

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Ven 03 Avr 2015, 10:14

Les Voleurs
« It was the story of a man and forty thieves… »

« Qu’est-ce qui te prend? »

Qu’est-ce qui me prenait? Qu’est-ce qui me prenait? Il me prenait que cela faisait plusieurs minutes que je ne voyais que des rats sur mon chemin, que la flamme de ma torche était devenue ma meilleure amie dans ce monde gouverné par les ombres, et qu’après tout ce temps à marcher dans un tunnel sans fin, sans début, sans âme qui vive, une personne apparaissait soudainement devant moi, comme par magie. Et la Magie, j’en étais plus que persuadé, devait être la cause de notre séparation, à Prim et à moi, ainsi que de nos malheurs à devoir retrouver notre chemin dans ce dédale. Alors je ne reculais pas ma la lame de mon épée, la conservant sur la gorge de la jeune fille, malgré le picotement dérangeant que je sentais courir sous ma peau. Mais je ne m’en préoccupais à peine, mes yeux rivés dans ceux, mordorés, de «ma partenaire». Est-ce que c’était vraiment Primrose? Est-ce que c’était un nouveau piège tendu par les voleurs? Tant et aussi longtemps que ces questionnements persisteront dans mon esprit, alors je ne baisserais pas mon arme, croyez-moi.

« Miles, c’est vraiment moi. C’est Prim. On est venu dans ce souterrain pour aider Marianne… »

Instantanément, mon expression changea. Si méfiance et soupçon avaient voilé la couleur de mes iris, maintenant, c’était comme s’ils s’étaient envolés, laissant plutôt place à un doute certain. Qui d’autre, excepté la jeune fille, aurait pu connaitre ces informations? La réponse que j’allais fournir était un peu plus évidente. Et, lentement, la pression que j’exerçais contre la gorge de Primrose diminua. Ça ne pouvait qu’être elle… Je ne voyais pas comment les voleurs auraient pu connaître le nom de la jeune aubergiste en plus de savoir que nous lui prêtions main forte… Non, c’était impossible. Ma prise se relâcha encore un peu.
Cependant, je n’aurais jamais soupçonné que cela aurait été une erreur. Car, à peine avais-je retiré la lame de sur sa gorge, qu’un coude rencontra violemment mon estomac et que mon arme partit un peu plus loin dans le couloir, rapidement avalée par les ténèbres qui nous entouraient. La manœuvre m’obligea à reculer de quelques pas m’entourant la taille à l’aide d’un bras. Une grimace défigurait ma face. Alors que mon esprit avait cessé, durant quelques secondes, de nourrir des soupçons, voilà qu’il remettait les rouages en marche, cherchant des explications à ce qu’il venait de se produire à l’instant même.

« Je suis désolée, je ne voulais pas te faire mal. »

Mon visage se tourna lentement dans sa direction, le mal s’atténuant assez rapidement. Toutefois, un nouveau doute s’insinua dans mon esprit. Je me mis à la dévisager, à me questionner tandis que mes yeux se plissèrent pour mieux pouvoir la distinguer dans l’ombre. Oui, je parvenais à voir le cuivre de ses cheveux, même l’ambre de son regard, mais ce qui attira plus mon attention qu’autre chose fut l’éclat de sa lame, pointée vers moi. Ce qui m’amenait à de nouvelles réflexions: est-ce qu’elle avait agi pour se défendre ou parce qu’elle n’était qu’une illusion créée par l’ennemi? En tout cas, si c’était une illusion, c’était franchement bien réussi… Mais c’était le but d’une illusion, non? D’altérer la réalité, les perceptions, pour cacher au monde entier la petite mascarade qui se jouait dans l’ombre. Mais d’un autre côté, si c’était vraiment Prim, alors je comprenais son geste, car j’aurais exactement réagi de la même façon, voire pire encore.
Alors qui croire, quoi croire? Ce que je voyais ou mon instinct?

Je me mordais vigoureusement les lèvres devant ce dilemme, alors que la dague, dirigée dans ma direction, ne me quittait pas d’un centimètre, comme si elle attendait patiemment de me foncer dessus, à vive allure. Sans quitter le regard, plongé dans l’ombre, de la jeune fille, je débitais avec lenteur ces quelques mots, comme si une certaine prudence m’empêchait encore de croire que cette personne qui se tenait devant moi pouvait être Primrose.  

« C’est à moi de m’excuser de t’avoir attaqué. Mais, je ne pouvais tout simplement pas faire autrement, vu la situation dans laquelle nous nous trouvons… Alors, hum… Désolé pour cet accueil plutôt brutal. Mais y’a pas à dire, t’as un sacré coup, toi », rajoutais-je avec un petit sourire, histoire d’apaiser un peu la tension oppressante qui régnait dans ce tunnel.

Je me redressais doucement, jetant quelques regards dans la noirceur dans l’espoir de retrouver mon arme égarée. Mais tout ce que mon regard croisait se résumait aux yeux jaunâtres des gros rongeurs et à l’absence presque totale de lumière, nos torches respectives se trouvant à quelques mètres de notre position actuelle, ne renvoyant qu’un faible halo de clarté dans un périmètre restreint.

« En plus, je dois t’avouer que je suis devenu plutôt méfiant après ce qui m’est arrivé…, marmonnais-je en fouillant les environs du regard, de plus en plus intensivement. Mais où était passé cette épée? On nous a séparés volontairement tout à l’heure, je ne vois pas d’autre explication. Je ne sais toujours pas dans quel but, mais je soupçonne les voleurs d’être la source de tout ce remue-ménage. »

Cette fois-ci, je me mis à longer les murs du tunnel, avançant mon pied prudemment vers l’avant, histoire de pouvoir toucher l’arme du bout du pied si cette dernière se trouvait sur mon passage. Mais encore rien du tout. Je fronçais les sourcils, suspicieux. Je me rapprochais un peu plus de ma propre torche, restée par terre, et de sa faible lueur et je n’avais toujours pas retrouvé mon arme. Pourtant, j’étais sûr que Primrose ne l’avait pas jeté aussi loin.

« Tu vois! Encore un truc incroyable! Elle est passée où mon épée? »

Un peu plus, et je me mettais à quatre pattes, mais j’avais encore ma dignité à préserver, non mais oh!

« Je me demande si… »

Mes doigts se déposèrent sur la surface des parois, longeant quelques mètres du tunnel avant de ne rien sentir d’anormal. Alors, je m’essayais de l’autre côté. Je devais paraître complètement dérangé aux yeux de Prim, mais j’avais mes raisons figurez-vous et elle comprendrait assez vite pourquoi je me mettais à faire ces choses si étranges et inusitées. Mes mains glissaient sur la surface lisse mais légèrement humide du tunnel. Quand je ne sentis plus rien sous mes paumes. Un sourire victorieux se dessina sur mes lèvres tandis que j’enfonçais, sans aucune difficulté, mon bras dans la paroi. Un nouveau couloir. Caché de nos yeux pas une illusion. Encore des illusions. Toujours des illusions. Ce que ça pouvait être chiant.

« Ils ne sont pas bêtes, ces voleurs finalement… »

Je me tournais vers Primrose, lui adressant un signe de la tête pour l’inciter à approcher et voir de ses propres yeux l’illusion. Une fois la jeune fille à ma hauteur, je passais mon bras à travers le faux mur, puis la moitié de mon corps.

« Reprenons nos torches et essayons de passer par ce chemin maintenant. J’ai hâte de savoir où ce qu’il nous amène… »

Mon regard se tournant vers nos deux torches, je remarquais finalement les yeux lumineux de quelques rongeurs posés sur nos personnes. Encore ces bêtes… Ils ne pouvaient donc pas nous lâcher les semelles, hein?


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Les voleurs [Quête – Primrose] - Page 2 Signat16
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Ven 10 Avr 2015, 21:22

Oups, j'avais peut être frappé le pauvre Miles un peu trop fort. C'est en tout cas l'impression que j'eus en voyant le jeune homme plié en deux un bras sur le ventre, son épée avalée par les ténèbres qui nous entouraient. Je ne distinguais pas son visage mais j'étais à peu près certaine qu'il grimaçait de douleur. Les remords ne durèrent cependant pas bien longtemps, que pouvais-je faire d'autre alors qu'il me menaçait, une lame appuyée sur ma gorge. D'un haussement d'épaule je chassais les doutes de mon esprit, je n'avais pas eu l'intention de lui faire vraiment mal, cela me suffisait pour ne pas me sentir coupable. De toute façon le coup ne devait pas être si méchant que ça puisque, le premier choc passé, Miles semblait déjà avoir retrouvé la forme. J'allais peut-être enfin comprendre pourquoi diable il avait agi de cette manière.

Un long silence s'installa pourtant, le jeune homme ne semblait pas savoir quelle attitude adopter. Je le sentais hésitant bien qu'il me soit difficile d'observer ses traits pour en apprendre d’avantage. Était-il encore en train de se demander si j'étais bien Primrose ? Ce petit jeu commençait à devenir lassant. Ne pouvait-il pas juste se rendre à l'évidence ? Nous étions seuls dans ses souterrains, et puis franchement, sans vouloir me mettre en avant, j'étais quand même plutôt facilement reconnaissable non ? Même avec le peu de lumière il devait bien distinguer la couleur de mes cheveux ainsi que l'éclat de mes yeux, somme toute deux attributs physique que je n'avais encore rencontré chez personne d'autre. J'attendais patiemment qu'il se décide à parler, pratiquement immobile ma dague à la main. Tant que je ne serais pas certaine qu'il me faisait à nouveau confiance je ne baisserait pas les armes. Certes ce n'était peut-être pas le meilleur moyen de le mettre en confiance, de même que l'on coup de coude précédent, mais il faudrait qu'il s'en contente. Même s'il était désarmé je ne voulais pas prendre de risque, je me souvenais trop bien de son explication sur la besace magique. Qui sait quelle arme il pouvait faire apparaître dans ses mains rien qu'en y pensant.

Enfin il sembla se décider à parler bien que le ton ne soit pas vraiment engageant. Il avait visiblement décidé que j'étais Prim, sans pour autant parvenir à s'en convaincre vraiment. Bah, je m'en contenterais pour le moment. Je décidais de rester sur mes gardes mais je remis ma dague dans son fourreau en signe d'apaisement. Il s’excuse pour ces retrouvailles un peu brutales - c'était le moins que l'on puisse dire – et tenta même de détendre l'atmosphère par une petite plaisanterie sur mes talents au combat. Je souris.

«Merci, on va dire que j'ai appris à me défendre ! Et encore désolée, mais je n'apprécie pas vraiment de sentir une lame sur ma gorge, je pense que tu t'en doute »

La hache de guerre semblait définitivement enterrée aussi je me permis de me détendre et de regarder autour de moi. Ma torche diffusait une faible lueur à quelques pas de là, heureusement elle ne s'était pas éteinte lorsque je l'avais laissée tomber. Je fis quelques pas dans sa direction pour la ramasser tandis que Miles m'exposait sa théorie. Selon lui quelqu'un, probablement les voleurs que nous cherchions, nous avait volontairement séparés. Je haussais un sourcil interrogateur, j'avais un peu du mal à admettre qu'il avait raison. Pour moi la raison de notre séparation était on ne peut plus simple, Miles était parti en courant droit devant lui sans s'inquiéter de savoir si je le suivais. Ne voulant pas qu'il se pose encore des questions sur mon identité je laissais faire et ne répondit rien, me contentant de hocher la tête, s'il voulait croire en l'intervention d'une force extérieure…
Cependant, il n'avait pas tord, son épée semblait avoir disparue. Cela commençait à faire un moment qu'il la cherchait sans succès, je ne pouvais pourtant pas l'avoir envoyée bien loin. J'avais peut-êtrelus un peu plus de force que prévu dans mon coup mais je n'étais quand même qu'une gamine de quinze ans.

«  Elle ne peut pas revenir seule dans ta besace magique ? »

Même moi je n'y crois pas en posant la question, et cela devait être on ne peut plus perceptible par le ton employé. Mais cela me laissait encore une chance de résoudre ce mystère d'une manière logique – si l'on peut considérer qu'une besace magique soit quelque chose de logique... Ma théorie ne tarda cependant pas à être mise à mal par le perspicace jeune homme. Alors que je le regardais avec de grands yeux étonnés se livrer à un étrange manège, il s’avança vers le mur et sans difficulté apparente passa le bas au travers. Un petit sifflement admiratif s'échappa de mes lèvres.

«Toi non plus t'es pas bête !»

Franchement j'étais impressionnée. Jamais je n'aurais pensé à essayer de traverser les murs. Je m’approchais et passais à mon tour timidement la main à travers le faux mur. Maintenant que Miles avait percé à jour ce secret je devais bien admettre que les événements précédents m’apparaissaient sous un jour nouveau. Il devait également avoir raison sur le fait que les voleurs cherchaient volontairement à nous séparer. Ils ne devaient cependant pas être des mages très puissants, ou alors Miles avait plus de pouvoirs que ce que je pensais pour avoir réussi à déterminer qu’il s'agissait d'illusions. Il est vrai que personnellement je n'avais rien vu venir... Quoi qu'il en soit une partie du mystère était résolue, et comme Miles il me tardait désormais de découvrir ce qu'on avait voulu nous cacher.

«  J'ai peur que ce soit raté pour la discrétion ! Mais tu as raison, allons découvrir ce que ce couloir nous réserve ! »

J'étais à nouveau de bonne humeur, excitée par cette découverte. Notre petite ballade dans les souterrains était décidément riche en rebondissements. Pour une fois j’ouvris la marche, traversant le mur pendant que Miles ramassait sa torche. Je fis un pas en avant et entendis un gling caractéristique. J'abaissais ma torche vers le sol et ramassait l'épée de mon compagnon. Alors qu'il venait de me rejoindre je lui tendis l’arme en souriant.

«  Je crois que ceci t'appartient ! »

Je repris alors ma marche en avant. De ce côté aussi il y avait des rats, qui nous fixaient inlassablement de leurs yeux jaunes. Le faux mur n'était visiblement pas un problème pour eux, c'était étrange. A moins que le sort utilisé par les voleurs nous soit personnellement destiné. Dans ce cas ils avaient probablement constaté que nous n’étions plus dupes, et ils devaient nous attendre de pied ferme, il fallait rester prudent. J’avançais assez rapidement, la torche dans la main droite et la main gauche courant le long du mur.

« Je suppose que le plus simple est de suivre les couloirs secrets »

Et justement, ma main venait de m’avertir de ce que mes yeux ne pouvaient voir. Un nouveau couloir s’ouvrait sur notre gauche, aussi invisible que celui que nous venons d'emprunter. Je passais prudemment un bras puis, ne sentant rien de particulier, le corps tout entier. Encore un couloir, pas vraiment différent du précédent bien que les rats semblent un peu plus excités. Il me semblait qu'ils avançaient plus vite et que leurs couinements se faisaient plus nombreux. Soudain le bruit de pièces roulant sur le sol se fit à nouveau entendre, plus fort que précédemment, j'en étais persuadée. Le son semblait provenir de droit devant aussi je continuais d'avancer, pressant l’allure, sans cesser de toucher le mur à ma gauche.

« Ils sont tout près… »

Un dernier virage et je m’arrêtais net dans ce qui semblait ressembler à un cul de sac. Devant nous le couloir s'élargissait pour former une sorte de salle ronde. Je fis un pas supplémentaire attendant que Miles je rejoigne et puisse à son tour étudier les lieux.

«  Tu crois qu'il s'agit encore d'une illusion ? »

Vu le nombre de rats et vu leurs mouvements il y avait fort à parier qu’il y avait un passage quelque part, cependant je ne parvenais pas à déterminer par où ils passaient. J'avais du mal à croire qu'ils se contentent de tourner en rond dans cette salle. Je laissais Miles observer les lieux, après tout c'était lui le spécialiste des illusions. Je restais à l'entrée de la salle, guettant le moindre mouvement suspect, la main sur ma dague, prête à bondir à l'attaque.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Mar 14 Avr 2015, 05:07

Les Voleurs
« It was the story of a man and forty thieves… »

De faux couloirs… De faux passages… Décidément, y avait-il seulement quelque chose de vrai entre ces murs? Est-ce que les voleurs avaient employé le même stratagème pour m’éloigner de Prim? Je me le demandais sincèrement. Mais dans quel but? Ils ne nous avaient pas attaqués, à ce que je sache. Jamais, ils ne nous avaient agressés, malgré les occasions, très nombreuses, où ils auraient pu prendre leur chance et foncer. Alors comment expliquer notre séparation, concrètement? Je devais vous avouer qu’il me manquait quelques pièces au casse-tête pour pouvoir vous répondre. Mais nous venions déjà de faire un pas de géant grâce à notre découverte: s’il existait un faux passage, cela voulait sûrement dire qu’il y en avait d’autres, dissimulés à nos yeux par un sort. Cette perspective était engageante. Tandis que je faisais demi-tour pour reprendre ma torche, dont la flamme s’était considérablement réduite, je perçus l’enthousiasme retrouvé de la jeune fille au plus profond de ses paroles, et un sourire discret s’esquissa sur mes lèvres. J’avais vraiment déconné, mais la prudence me rendait souvent paranoïaque; je n’y pouvais rien. Enfin, plus de peur que de mal pour ce coup: je retiendrais la leçon. Alors que je me rapprochais du faux mur, un mouvement sur le côté attira mon œil et ma tête pivota instinctivement dans cette direction, remarquant une nouvelle silhouette menue se faufiler dans les souterrains, accompagnée de plusieurs autres petits corps qui se mirent à couiner en chœur. Ces fichus rongeurs… Vraiment, nous devrions conseiller à Marianne d’appeler un spécialiste pour nettoyer le réseau. Je repris ma marche et pénétrais dans le mur, rejoignant Prim qui s’y trouvait déjà. Dans le creux de ses mains, j’aperçus un objet particulièrement familier et un sourire s’étira sur le pan de mes lèvres.

« Merci. »

Immédiatement, je fourrais l’arme dans ma besace: si j’avais besoin d’elle, je n’avais qu’à y penser et l’épée apparaîtrait instantanément dans ma paume, alors je n’étais pas obligé de prendre le risque de l’égarer une seconde fois. Relevant la tête, j’aperçus la jeune fille balader ses mains contre la surface des parois du tunnel. Bonne initiative: nous ne pouvions plus nos permettre d’être surpris par un autre traquenard. Calquant mes gestes sur ceux de Primrose, qui longeait le mur opposé à l’aide de sa main, mon attention était plutôt tournée vers les habitants de ces souterrains, qui nous dévisageaient plus que nécessaire avec leurs petits yeux sournois, lumineux dans la noirceur opaque des lieux. Je ralentis quelque peu la cadence de ma marche pour mieux les dévisager. Cela faisait quelques minutes que je songeais à…

« Je suppose que le plus simple est de suivre les couloirs secrets »

Mes réflexions s’envolèrent et mon attention se reposa sur la jeune fille aux yeux ambrés. Je me tournais dans sa direction, acquiesçant d’un hochement de la tête et au même instant, je remarquais que sa main venait de s’enfoncer dans le mur, sans aucun effort apparent. J’avais comme le pressentiment que nous touchions au but. Aussitôt, je me détachais de mon propre mur, avançant d’une démarche déterminée, repoussant les quelques rats qui se mettaient sur mon chemin, pour traverser le mur et rejoindre Prim de l’autre côté. À peine avais-je passé l’intégralité de mon corps qu’un son, très distinctif, se fit entendre au bout du tunnel. Nos sens se mirent immédiatement en alerte, tandis que nos pas s’allongeaient considérablement. Cette fois-ci, nous n’allions pas les laisser nous échapper. Suivant le couloir à la marche rapide, nous remarquâmes rapidement que nous étions obligés d’engager le chemin vers un nouveau virage. Évidemment, nous prîmes le tournant. Et notre pas s’arrêta brusquement face ce qui se dressait devant nous.

« Tu crois qu'il s'agit encore d'une illusion? »

Un soupir fut relâché et j’avançais de quelques pas, histoire d’être à la même hauteur que la jeune fille. Mon regard se promena sur la surface des murs qui composaient cette demi-sphère. Malgré l’élargissement, l’expansion du tunnel, il restait quelque chose d’oppressant dans cette salle, malgré sa taille impressionnante.

« Si ce n’est pas le cas, tu as une autre idée? »

Pour ma part, j’étais persuadé qu’il s’agissait bien là d’une nouvelle illusion. Les voleurs n’avaient tout de même pas caché ces couloirs secrets pour rien, uniquement pour aller dans la fantaisie et nous faire bien chier en nous confrontant à un cul-de-sac!

Je fis un pas, déterminé à percer au grand jour les mystères de ce souterrain, quand je remarquais finalement l’énergie qui agitait les rats autour de nous. Leurs bruits s’étaient amplifiés et, dans l’obscurité caractéristique de ce labyrinthe, je ne pouvais clairement pas dénombrer les animaux qui foisonnaient là-dedans. Mais, à l’atmosphère qui s’emplissait de leurs couinements, aux sons de leurs pas, de leurs griffes qui raclaient le sol, j’étais en mesure de supposer qu’il y avait dans cette salle un nombre conséquent de ces rongeurs.

« Tu ne trouves pas qu’ils sont particulièrement agités?, fis-je remarquer à Primrose, à un mètre à peine de ma position. De plus, ils nous suivent comme nos ombres depuis que nous avons descendu ici. »

Je marquais une pause, songeant aux réflexions que je m’étais fait depuis un certain temps maintenant. Des rats, certes, il y en avait beaucoup dans les souterrains. C’était leur habitation, leur milieu de vie, alors pourquoi ils attiraient autant notre attention? Je ne savais pas pour Primrose, mais ces rongeurs, la manière dont ils nous observaient, dont leurs yeux nous dévisageaient… Au début, cela ne me mis pas la puce à l’oreille, mais après un certain temps, une certaine observation, il était clair que les rats nous suivaient. Qui nous épiaient… Prenez moi pour un fou si l’envie vous plaisait, cela dit, j’avais droit à mes réflexions et, dans ce monde, ce scénario n’était pas à mettre de côté.

« Et si les voleurs se servaient de ces rongeurs pour nous surveiller? Pour être sûrs que nous ne nous approchions pas de leur butin…? »

Ceci restait encore qu’une hypothèse… Je ne savais pas ce qu’en pensait Prim et puis, de mon côté, je n’avais pas les preuves nécessaires pour appuyer mes propos, mais le comportement de ces bêtes n’était définitivement pas net et cela avait éveillé mes soupçons.

« Quoi qu’il en soit, on va découvrir ce qui se cache véritablement ici. »

Attrapant le poignet de la jeune fille, apportant ma torche devant moi, je m’avançais avec de grandes enjambées dans la salle, me dirigeant aussitôt vers le fond de celle-ci. Les voleurs ne pouvaient être bien loin…

Un son de pièce qui tombe par terre, un cul-de-sac qui était supposé mené nulle part.
Ça ne tenait pas la route. Nous n’étions pas aussi cons…

Autour de nous, les rats se mouvaient encore plus rapidement, le jaunâtre de leurs pupilles ne nous lâchant plus. L’atmosphère se faisait de plus en plus écrasante, non pas seulement à cause du fond sonore qui nous écorchait les oreilles, avec les cris des rongeurs, de leurs pattes qui griffaient la pierre du sol, ainsi que leur présence, de plus en plus importante, dans la salle circulaire. Je finis par freiner mon pas, doucement, prenant conscience de l’agitation qui secouait les animaux.

« Ouais, ça doit être dans les environs… Pas question de faire cavalier seul cette fois. On y va tous les deux. »

J’étais persuadé que les voleurs, où qu’ils soient, tentent à nouveau de nous arrêter avec des illusions. Nous approchions de quelque chose, c’était certain, et j’avais l’impression qu’ils essayeraient de nous mettre des bâtons dans les roues. Encore.

Et effectivement, comme je l’avais supposé, l’éclat dans le regard des rongeurs se fit plus intense. Presque menaçant. Et l’air autour de nous se troubla quelques secondes. Je restais concentré, me remettant à marcher, alors que la couleur de l’environnement qui nous entourait s’altérait progressivement, se mélangeant de gris, de blanc, de noir, du rouge de nos flammes…

Une nouvelle illusion…
Ils ne nous auront pas cette fois.

« Reste concentrée, Prim… Ils essaient encore de nous entourlouper…

Les couinements étaient tonitruants, grâce à l’écho. Le vague de rats me semblait plus épaisse qu’il y a quelques secondes à peine. Illusion? Réalité? Bordel, fallait que je reste concentré. Je plissais des yeux pour pouvoir mieux me guider à travers les illustrations inusitées, floues, bordéliques, qui passaient devant mes yeux. Je distinguais encore le mur devant nous. Et plus je nous forçais à avancer, plus l’illusion semblait s’étoffer, exercer une certaine influence sur notre environnement, prendre possession de nos sens. En plus, le regard des rongeurs devenaient lumineux… Aussitôt, je pressais le pas, nous frayant un passage dans la masse de poils drus qui nous bloquait le chemin.

Là, c’était évident, ils nous empêchaient clairement de traverser la salle pour passer de l’autre côté. Je jurais dans ma langue maternelle, avant de tirer légèrement sur le bras de Prim, que je tenais toujours, pour l’inciter à courir. Le mur n’était plus très loin. Je pouvais le voir, à travers l’illusion qui se matérialisait, qui tentait du moins, car mon esprit bloquait du mieux qu’il le pouvait l’influence de ce pouvoir.

Le mur était à quelques mètres. Les iris posés sur nous se faisaient encore plus intenses.
J’étais en mesure de toucher le mur. J’avançais mon bras. Il passa au travers.
Et immédiatement, j’entraînais Primrose et le reste de mon corps de l’autre côté.
Les rats nous suivirent, bien sûr. Mais quelque chose clochait. Ils étaient encore énervés, mais je dirais plutôt énervés-ordonnés, alors que depuis le début, ils étaient des énervés-désordonnés – ce n’était pas très clair, mais moi, je me comprenais.

« Je suis quand même impressionné. Vous êtes parvenus à vous rendre jusqu’ici malgré les mesures de sécurité mises en place par mes compagnons… »

Devant nous, la noirceur. Je tendis ma torche vers les ténèbres, mon regard encore troublé par les illusions qui avaient tenté de s’imposer.

« Qu’est-ce que vous nous voulez? »

J’entendais une voix, mais je ne voyais personne.

« Vous voulez notre trésor? »

Un bruit de pièce se fit entendre. Quelqu’un – ou quelque chose – s’approchait de notre position.

« Nous voulons simplement discuter avec vous… Montrez-vous.

- Mais je suis déjà devant toi, mon garçon. »

Je sursautais, faisant un léger bon vers l’arrière. Je baissais ma torche vers l’avant, distinguant un petit corps, postés sur ses deux pattes inférieures. J’ouvris de grands yeux ronds, alors que, sous une paire de moustaches fourchues, un sourire s’étira sur les lèvres du rongeur.

« Vous ne vous attendiez pas à ça… »


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Ven 17 Avr 2015, 17:54

Je haussais les épaules sans cesser d’observer la pièce autour de nous. Non je n’avais pas franchement d’autre idée. Ma question était pratiquement rhétorique en fait, et surtout c'était une invitation pour que Miles reprenne le contrôle des opérations. Il me semblait plus à l’aise que moi avec ces illusions. A vrai dire, sans lui je serais sans doute en train de parcourir ses sombres tunnels en pestant après ‘’l'abruti qui m'avait abandonnée''. Et puis s'il ne s'agissait pas d'une énième illusion qui nous cachait ce que nous étions venu chercher, pourquoi diable les voleurs se seraient-ils donnés tant de mal pour que nous n'arrivions pas jusque-là ? Je laissais Miles avancer dans la pièce et baissais les yeux vers le sol lorsque j'entendis sa remarque sur les rats. Il n'avait pas tort, ces affreuses bestioles semblaient particulièrement énervées.

« Tu as raison, ils ne semblent pas ravis par notre présence »

J'avais fini par ne plus leur prêter une attention continuelle à mesure que nous progressions dans les souterrains mais en y réfléchissant leur comportement était quand même plutôt étrange. Peu après notre entrée dans l'obscurité humide des sous-sols, nous avions fait la rencontre des premiers spécimens. Et depuis, pas un de nos pas n'avait été fait sans qu'une de ces bestioles ne menace à tout instant de se faufiler sous nos pieds. A bien y repenser il me semblait désormais que leur nombre n'avait eu de cesse de grossir, mais peut-être n’était-ce que mon imagination. Une chose était néanmoins certaine, ils paraissaient plus nombreux et plus bruyants dans cette salle que partout ailleurs. Peut-être étaient-ils liés aux voleurs d'une manière ou d'une autre ?
Héhéhé j'étais fière de moi ! Comme en écho à mes pensées et avant que j'ai eu le temps de les formuler Miles venait de penser à la même chose que moi. Je progressais ! Et comme lui j'étais on ne peut plus impatiente de découvrir ou tout cela allait finalement nous mener.

« J'étais en train de me faire la même réflexion… Allons voir ce qu’il en est ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Miles m'attrapa par le bas et nous nous dirigeâmes avec empressement vers le fond de la pièce. Mais c’était sans compter ces maudits rats. Le bruit qu'ils faisaient sur le sol et par leurs petits cris aigus me paraissait désormais assourdissant. Le jeune homme ralentit bientôt l'allure, nous ne pouvions pas avancer plus vite tant les rats nous bloquaient le passage. Si nous avions raison et que ces animaux étaient effectivement liés aux voleurs alors le doute n’était plus permis, comme Miles le supposait, nous ne devions plus être loin du but. Je hochais la tête et me rapprochais de lui, pas question de le laisser partir devant. Me retrouver seule une fois m’avait largement suffit, hors de question que l’on se sépare à nouveau.

Alors que nous reprenions notre marche en avant je me sentais de plus en plus oppressée dans cette pièce. L’atmosphère changeait, les murs semblaient se rapprocher et je commençais à avoir mal à la tête à essayer de fixer mon regard sur cette salle qui semblait être un mouvement perpétuel. Rester concentrée n’était pas chose aisée, pourtant je l’avais bien compris, c’était notre seule chance de percer ce mystère. J’étais contente d’avoir Miles à mes côtés, il paraissait réussir à percer les illusions mieux que moi. Parfois j’avais la nette impression qu’il fallait s’arrêter, que nous allions nous prendre le mur de plein fouet, quoique nous n’avancions pas très vite. Et pourtant, à chaque fois que j’étais sur le point de m’arrêter dans un obstacle celui-ci était repoussé quelques mètres plus loin. Il ne fallait pas cesser d’avancer bien que cela soit de plus difficile. Je gardais les yeux rivés sur le dos de Miles, le suivant le plus près possible sans lui marcher sur les pieds, je ne voulais pas le perdre, je ne voulais pas être à nouveau seule dans cet univers oppressant. Je ne me sentais pas bien, ma tête tournait et je commençais à avoir la nausée, et pourtant je ne pouvais m’arrêter. Enfin, nous traversâmes le mur, enfin, Miles traversa le mur et m’entraîna derrière lui, j’avançais mécaniquement, lui faisant aveuglément confiance, quand soudain Miles s’arrêta, visiblement à la recherche de quelque chose.

Après quelques instants un bruit de pièces se fit entendre et la voix de Miles s’éleva, demandant aux intrus de se montrer. Quelque chose dans son intonation me parut étrange, on aurait dit qu’il parlait réellement à quelqu’un, comme s’il répondait à une interrogation. J’allais lui poser la question quand il fit un bond en arrière, manquant de peu de me renverser. C’est alors qu’il baissa sa torche et que je compris la raison de sa surprise, un rat nous observait, assis sur ses pattes arrières.

« Vous ne vous attendiez pas à ça… »

A mon tour, je sursautais en entendant la voix du rongeur.

« Il parle… Tu entends ça Miles ?»

Comment aurais-je pu me douter que le jeune home et la bestiole entretenait une conversation depuis quelques minutes déjà. Ce n’est que quand j’avais finalement vu le rat que j’avais enfin pu entendre ses paroles. Pas de doutes, la capacité de Miles à se jouer des illusions était plus développée que la mienne. Si j’étais descendue seule dans ses souterrains je serais encore bien loin de cette cachette, sans doute perdue dans les couloirs sombres sans me douter le moins du monde du jeu mesquin des rongeurs. J’aurais peut-être bien fini par percer à jour leurs manipulations, mais cela m’aurait sans doute prit beaucoup plus de temps.

Reportant mon attention sur le rat j’observais un instant ses grands yeux jaunes fixés sur nous, un sourire semblait s’étirer sur ses lèvres. Il s’était bien amusé visiblement, mais son petit jeu était désormais terminé, nous avions réussi à venir jusqu’à lui. Et puisque nous ne risquions rien, quoique avec la quantité de rats, rien n’était moins sûr, nous pouvions prendre quelques minutes pour discuter avec l’intriguante créature.

« A vrai dire non, nous n’imaginions pas que nos voleurs étaient des rats. »

A moins qu’il existe réellement des voleurs humanoïdes et que ce rat qui parle ne soit qu’une dernière illusion parfaitement réussie. Mais évitons de provoquer l’animal tout de suite, avec la quantité de rats qui grouillait dans le coin il n’était peut-être pas souhaitable de les mettre en colère. J’avais l’impression qu’il régnait une sorte de hiérarchie parmi eux. Depuis que le chef s’était mis à nous parler, la multitude de rats jusqu’alors particulièrement énervés semblaient avoir changé de comportement. Ils paraissaient attendre impatiemment la suite des évènements, prêts à bondir sur un simple claquement de doigts de celui qui commandait tout ce petit monde.

« Je dois dire que je suis impressionnée par le dispositif déployé pour nous empêcher de venir jusqu’à vous »

Un peu de flatterie ne pouvait pas faire de mal avant d’aborder la partie la moins plaisante

« Vous ne pouvez pas continuer à dévaliser ainsi la population »

Si le rat avait été humain, nul doute qu’il aurait ri considéré la réponse qu’il nous accorda

« Et ces braves gens n’ont rien trouvé de mieux que deux jeunes vermisseaux pour les défendre ? »

C’était assez bizarre d’essayer de parlementer avec un rat, je ne savais pas trop de quelle manière je devais agir. Fallait-il que je le considère comme un humain ? Je n’avais aucune idée de ce que pourraient être ses réactions face à mes propos. Je fis quelques pas dans sa direction, passant devant Miles, puis je me baissais, m’accroupissant sur mes talons pour me rapprocher de sa hauteur. J’avais choisi d’ignorer la pique qu’il venait de lancer.

« Que faites-vous de tout cet argent de toute manière ? Pour qui travaillez-vous ? »

Le petit rat sembla quelque peu vexé par la question, et c’était bien là l’effet que j’avais escompter. En espérant qu’il n’envoie pas déjà son armée de rats sur nous, sa réaction face à cette question nous permettrait de mieux le cerner.

« Il n’y a personne d’autre que moi comme chef ici. Et maintenant répondez-moi, que nous voulez-vous ? »

Je soupirais bruyamment, la réaction de la bestiole était réellement proche de celle que pourrait avoir n’importe quel humain. Il me paraissait bien trop intelligent pour un rat, je n’avais encore jamais entendu parler d’une situation semblable. Je choisis de lui dire la vérité

« Nous sommes venus rétablir la tranquillité du quartier résidentiel que vous pillez. Les gens vivent dans la peur, sachant que des voleurs s’introduisent chez eux quand ils sont endormis. Nous ne vous voulons pas de mal mais il vous faut quitter ces lieux dès maintenant. »

Une occasion pour ces rats de s’en tirer à bon compte. Je n’avais pas forcément envie d’être responsable d’un génocide dans ces sous-sols. Pour le trésor, c’était une autre question que j’avais volontairement éludée, je comptais néanmoins bien toucher ma part du pactole.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Ven 24 Avr 2015, 06:40

Les Voleurs
« It was the story of a man and forty thieves… »

Posté sur ses pattes arrières, le regard droit, l’air digne, autant que pouvait l’être un rongeur hirsute aux poils drus, le rat avait des allures d’être humain qui nous désarçonnaient plus que nous pouvions le croire. Mettez-vous à notre place: imaginez-vous contraint de devoir converser avec un animal comme s’il s’agissait d’un homme, d’un confrère. Si pour certains, l’idée pourrait paraître plaisante, voire carrément possible, dans mon cas, c’était chose pratiquement impensable. Je ne pensais pas par-là que les animaux n’étaient que des bêtes sans cervelle, bons qu’à nous servir de moyens de transport ou simplement qu’à aller chercher le bâton lorsqu’on leur lançait: loin de moi cette pensée, car je côtoyais certaines bêtes un peu plus intelligentes au cours de mes voyages à travers les continents. Seulement, je n’avais jamais discuté de cette manière – de vive voix – avec une bête, de telle sorte que je me mis à le dévisager plus que nécessaire, avec des yeux ronds qui exprimaient clairement ma surprise vis-à-vis de la situation.

« À vrai dire non, nous n’imaginions pas que nos voleurs étaient des rats. »

Et comment…
Je voulus dire quelque chose d’intelligent, mais rien ne semblait vouloir sortir de ma bouche, cette dernière se refermant, néanmoins, très lentement. Je voulais m’éviter les moqueries de cette créature et puis, refaire bonne figure devant tous ces regards posés sur ma partenaire et moi. Mais je ne pouvais m’empêcher de le fixer étrangement, peinant à croire que nous discutions véritablement avec un animal. Lorsqu’il s’adressait à nous, de sa voix nasillarde, c’était comme si on tentait de raisonner un homme entêté: c’était très déroutant, et je remerciais Primrose d’avoir pris les devants pour ce coup. Si j’avais parlé, tout serait sorti de travers, allant du bavardage incompréhensible jusqu’aux vaines tentatives de communication adéquate à entretenir avec… un rat. Je me serais mis à le traiter comme n’importe quel animal, en parlant très lentement, en détachant chacune de mes syllabes pour qu’il puisse bien me comprendre, comme s’il ne parlait pas ma langue, comme si j’essayais d’engager la conversation avec un sourd. De un, j’aurais eu l’air stupide et de deux, je l’aurais certainement vexé et la situation n’aurait sûrement pas tourné à notre avantage, vu le nombre surprenant de rongeurs qui nous entouraient.

Me rapprochant d’un pas de l’étrange conversation qui s’était engagée entre la jeune fille et l’animal aux énormes incisives, je tendais l’oreille à la moindre parole, tout en guettant les autres rongeurs qui nous observaient, attentifs, non sans être surexcités, comme si, au premier signal donné, ils pouvaient nous bondir dessus. Ce n’était pas très rassurant et cette position était sans nous rappeler, avec une certaine appréhension, que nous étions en très forte infériorité numérique comparativement à eux. Dans tous les cas, la partie était loin d’être gagnée. Oui, nous étions parvenus à mettre la main sur les fameux voleurs des souterrains, mais encore, il fallait les raisonner pour les empêcher de commettre d’autres méfaits au nez et à la barbe des habitants du quartier.

Primrose essaya quelques approches, sans trop brusquer l’animal, même si la dernière question qu’elle lui posa sembla le crisper légèrement, lorsqu’elle aborda la question sur la légitimité du rôle de chef: était-ce lui le cerveau de toutes ces opérations ou l’œuvre d’un être humanoïde? Enfin, l’animal nous assura qu’il était le seul en autorité ici-bas – et c’était peu le dire – et nous ne pouvions que le croire, au ton de sa voix, à la façon dont ses yeux jaunes s’étaient brusquement illuminés. Jusqu’à ce que la jeune fille choisisse de jouer franc-jeu, lui révélant le pourquoi de notre venue jusque dans les profondeurs de ce labyrinthe. Suite à ses propos, il eut un silence suffisamment palpable pour comprendre que quelque chose clochait. Je déglutis, croyant qu’elle venait de dire le mot de trop, celui qui allait faire tourner les choses au vinaigre. Pourtant, au lieu de l’attaque que j’avais escompté, ce fut un grand et franc rire que nous percevions et qui résonna sur les murs du tunnel.

« Vous voulez nous faire partir? »

L’avertissement semblait l’amuser plus que le terroriser en tout cas.

« Et peux-tu me dire de quelle manière tu t’y prendras? J’aimerais bien voir ça, tiens!

- On ne cherche pas la bagarre!, intervenais-je rapidement pour qu’il cesse de se faire des idées. Seulement, vous ne pouvez pas rester ici et continuez de voler ainsi la population. »

La paire d’yeux jaunes se posa sur ma personne cette fois-ci, suspicieuses pupilles qui se mirent à m’examiner de haut en bas, de me jauger comme si le rongeur pouvait se permettre de me regarder de haut – alors qu’il était nullement en position de le faire, vu notre différence de taille…

« Et pourquoi ça?

- Qu’est-ce que vous y gagnez? Ma camarade vous a posé la question et vous n’avez pas vraiment répondu… »

Répondre en relançant une question, ce n’est pas ce que j’appelais véritablement «répondre». Il eut comme un petit bruit, semblable à un soupir puis, il pivota pour nous tourner le dos. Je lui adressais un sourire volontairement insolent, mais l’animal me tournait déjà le dos et c’était pour le mieux: sachant qu’il se comportait pratiquement comme un homme, il ne l’aurait sûrement pas pris au mieux.

« Pour quoi d’autre croyez-vous que nous prenons cet or? »

J’avais beau réfléchir, pas grand-chose ne traversait mon esprit. Est-ce que des rats pouvaient vraiment s’acheter des vêtements…?

« L’éclat de la richesse. La beauté des reflets lorsque nous les faisons miroiter sous les rayons du Soleil… »

Il se retourna vers nous, une pièce d’or entre les pattes, son regard tourné vers la monnaie, qu’il dévorait presque des yeux, fasciné.

« N’est-ce pas magnifique? Tout cet or, cette brillance… »

Sans que le rongeur ne me remarqua, mon regard glissa jusqu’à ma camarade aux cheveux acajou, que je me mis à scruter avec un sourire discret sur le coin des lèvres. Intelligence d’homme ou non, don de la parole ou non, ces rats n’en restaient pas moins des rats, avec leur propre mentalité animale. L’or, disait-on, fascinait pas mal ces petits êtres qui, à l’interception d’un seul éclat, peinait à détacher leur regard. Alors tous ces vols, toutes ces inquiétudes, ce n’était pas une question de s’enrichir au détriment des autres, mais bien une simple quête d’admiration, de fascination.

« Ça? Une brillance? Un éclat de richesse? Vous plaisantez j’espère! »

Immédiatement, un nombre incalculable d’yeux jaunâtres se tournèrent dans ma direction, alors que je me penchais à mon tour vers le petit animal gris.

« Vous ne pourrez pas les cacher ici indéfiniment, vous savez? Ils vont finir par se rouiller, à perdre de leur éclat. Regardez, simplement… »

Je pensais alors aux quelques pièces qui me restaient dans ma besace magique et, aussitôt, l’une d’entre elles tomba dans ma main et je la présentais au rongeur, accentuant l’éclat de son dorure sous le faisceau lumineux de ma torche. On pouvait remarquer, effectivement, que celle que je tenais en main semblait être plus neuve que celle tenue entre les pattes du quadrupède.

« Vous le constaterez par vous-mêmes: votre trésor que vous chérissez tant n’en sera plus un dans très longtemps. Il pourrira. Il vieillira. Comme la pièce d’or que vous tenez en main. Elles deviendront ternes, brunes, sales. »

Si on ne pouvait pas les déloger d’ici ni par la force ni par la menace, pourquoi ne pas les faire chanter? D’accord, j’en profitais, puisqu’ils restaient des animaux dans l’âme, mais je ne pouvais faire autrement pour balayer les inquiétudes de Marianne.

« Mais je connais un endroit où tous vos rêves pourront se réaliser. Je me tournais vers Primrose, l’incitant à jouer la comédie. On aurait dû leur en parler plus tôt.

- Quoi donc? »

La curiosité du rat était donc piquée. Parfait. La manipulation ne pourrait qu’être meilleure.

« C’est l’éclat doré que vous recherchez, pas vrai? C’est l’or le plus brillant, le plus éclatant, le plus aveuglant? »

Des couinements se firent entendre, que je pris comme des confirmations. Je poursuivis.

« Parce que je sais où vous pourrez trouver pareil trésor: dans le Jardin Doré. Selon les rumeurs, ce serait l’Æther de la Richesse elle-même qui aurait créé ce jardin, y renfermant ces plus belles parures: bronzes, dorées, argentées… Seulement, ce lieu légendaire n’apparaît qu’à ceux qui savent bien chercher, car juste avant sa disparition, irrévocablement entraînée par son égoïsme, l’Æther de la Richesse décida de cacher son trésor à la Terre entière grâce à un puissant sortilège qui empêche qui conque d’y pénétrer, excepté les plus braves et les plus forts, psychologiquement. Là-bas, vous y trouverez un trésor éternel que l’âge ne pourra atteindre, un trésor aux milles éclats, et c’est peu le dire. »

Je ne savais pas trop si mon histoire était crédible, mais pour le moment, il me semblait qu’il n’y avait aucune faille. D’ailleurs, le chef des rats m’observait avec de grands yeux, avides, et je sus que nous tenions peut-être quelque chose qui les inciterait sûrement à partir vers d’autres contrées, loin de ces quartiers…


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Sam 25 Avr 2015, 18:49


Mon explication laissa tout d’abord le rat sans voix, avant que finalement il ne se décide à éclater de rire. Le fait que l’on soit venu jusqu’à lui dans le but de lui faire quitter ces souterrains avec toute sa joyeuse troupe semblait l’amuser au plus haut point. Je n’étais pas loin de perdre patience, me faire ainsi rire au nez par un minuscule animal qui nous narguait depuis bien trop longtemps déjà commençait à réellement m’énerver. Heureusement pour nous Miles ne me laissa pas le temps d’asséner une réplique cinglante au roi des rats, lui assurant avant que je ne puisse ouvrir la bouche que nous ne comptions pas utiliser la force pour les faire déguerpir. Je haussais les épaules, ravalant les paroles qui me brûlaient les lèvres, et laissais le jeune homme poursuivre l’argumentation. Peut-être avait-il une idée derrière la tête, il était resté silencieux pendant quelque temps, cela lui avait possiblement donné le temps suffisant pour élaborer un plan. De toute façon, mon plan actuel étant de foncer dans le tas, mieux valait que je reste en retraits le temps de retrouver mon calme et mes esprits.

Une idée m’effleura pendant que la conversation se poursuivait devant moi, était-ce ma condition de réprouvée qui faisait que je perdais si souvent mon calme ? En y pensant ce n’était pas rare que, dès lors que je me sentais menacée ou attaquée verbalement, je perde mes moyens et n’ai plus qu’une envie : exterminer la vermine qui osait s’en prendre ainsi à moi. Pendant un instant j’avais eu une folle envie de faire souffrir ce rat, pas seulement de le tuer d’un coup de dague, plutôt de le torturer, de voir combien de temps il pouvait tenir avant d’implorer mon pardon. Une phrase de Miles me sortit finalement de mes réflexions. Bon, de toute façon, torturer un rat ne m’aurait sans doute pas apporté grand-chose, il ne serait surement pas resté vivant suffisamment longtemps pour que j’ai la chance de l’entendre implorer ma clémence.

Rattrapant le fil de la conversation, je compris que le jeune homme avait réussi à trouver un levier pour faire plier la bande de rats. Je le regardais sortir des pièces de sa besace, un sourire se formant lentement sur mon visage. Bien sûr, les rats n’avaient que faire de la valeur marchande de leur butin, comme d’autres animaux seule la brillance de tout cet or les intéressait, et Miles était en train de patiemment leur démontrer que cette brillance ne serait pas éternelle, que leur cher trésor était voué à disparaître. Lorsqu’il m’invita à prendre part à la comédie qu’il était en train d’installer je fis un pas en avant pour revenir au plus proche de la conversation, hochant la tête avec sérieux.

« Mais oui, tu as raison… où avions-nous donc la tête ! »

Je ne savais pas encore où il comptait les envoyer, je n’avais aucune idée de ce qu’il allait bien pouvoir inventer comme endroit mais je sentais qu’il savait où il voulait amener cette discussion, je n’avais donc pour le moment rien d‘autre à faire que d’appuyer ses propos en acquiesçant de la manière la plus convaincante possible. Jouer la comédie, c’était un rôle dans mes cordes, combien de fois n’avais-je pas joué à la pauvre petite fille, gentille et affamée, pour me sortir d’un mauvais pas. Bon certes, cela ne marchait pas à tous les coups et j’avais aussi passé quelques nuits en prison, mais probablement bien moins que si j’aurais dû. Mais c’est une autre histoire, pour le moment nous avions des rats à faire déguerpir des souterrains pour ramener la tranquillité dans le quartier. Aussi attentive que les animaux, j’écoutais Miles avec attention, me retenant de pouffer lorsqu’il dévoila enfin l’existence du Jardin Doré. Du coin de l’œil j’observais les animaux, ils semblaient captivés par les paroles du jeune homme et leurs yeux avides ne le quittaient pas.

Lorsqu’il se tut, il y eut un grand silence, puis le chef couina quelques fois, et ce fut la cacophonie. Nous ne comprenions rien à tous ces couinements aigus mais il était fort probable que tous les rats soient en train de commenter avec fougue l’effarante nouvelle. Nous restions silencieux, attendant que le chef reprenne la parole. L’ensemble des rats paraissaient particulièrement excités mais j’étais bien incapable de dire s’ils étaient emballés par la nouvelle ou si au contraire ils se méfiaient de notre histoire. J’essayais de me détendre au maximum, de ne pas montrer aux animaux que j’attendais avec anxiété leur réponse, les animaux ont tendance à sentir ces choses-là. Qu’ils sentent ma peur et tout serait perdu. Enfin, après quelques minutes qui me parurent durer des heures, le rat fit entendre un couinement retentissant, et le silence revint plus ou moins.

« Ou est ce Jardin Doré ? »

Ses petits yeux brillaient d’excitation et d’envie, Miles avait vu juste, aussi intelligents qu’ils puissent paraître ce n’était que des animaux. Je décidais de prendre la relève du mensonge, pour garder notre crédibilité il ne fallait pas que Miles semble le seul au courant de cette information, je devais moi aussi être capable de leur fournir des renseignements utiles.

« Nul ne connaît son emplacement exact, il est également dit que même ceux qui parviendraient à y pénétrer seraient incapables de divulguer son emplacement par la suite. Mais nous pouvons vous indiquer un moyen de vous y rendre… »

Une idée venait de germer dans mon esprit. J’avais entendu raconter, dans une taverne bien moins réputée que l’auberge de Marianne, des rumeurs sur un bateau fantôme qui apparaitrait tous les mois dans le port. Un bateau désert, sans capitaine et sans équipage, qui de ses grandes voiles noires vient jeter la peur sur les environs du port. Je n’avais jamais vu ce bateau de mes propres yeux mais la conversation m’avait intriguée et j’avais tendu l’oreille. Bien que cela me paraisse difficile à croire, tout le monde semblait s’accorder sur le fait que durant la journée de présence du bateau dans le port, meurtres et viols augmentaient considérablement. Certains juraient même avoir aperçu à plusieurs reprises des ombres se faufiler furtivement hors du navire et s’enfuir vers la ville. Si ma mémoire était bonne, le bateau devrait être à quai très bientôt.

« Il existe un bateau, un bateau avec de grandes voiles noires qui ne jette l’ancre dans le port qu’une journée par mois. Ce bateau semble désert, pourtant, lui seul vous conduira jusqu’au jardin doré »

Cela valait la peine de tenter le coup. Dans le pire des cas, cela ne ferait qu’augmenter le nombre de rats dans le port, mais après tout ces maudites bestioles pullulaient déjà dans cette zone de la ville, il faudrait recourir à une dératisation un peu plus intense voilà tout. C’était peut-être un simple déplacement du problème mais à vrai dire, je n’avais pas de meilleures idées.

« Comment reconnaîtrons-nous ce bateau ? Et pourquoi personne n’essaye-t-il de découvrir ce jardin ? »

Mince, il ne fallait pas non plus qu’ils posent trop de questions, je n’avais pas réponse à tout.

« Comme mon partenaire vous l’a dit le Jardin Doré est bien gardé, et seul les plus forts et les plus courageux psychologiquement peuvent gagner le droit d’y pénétrer. Pour ceux qui échouent, ceux que l’Æther de la Richesse ne juge pas digne, la destinée est bien moins dorée. Les rumeurs prétendent qu’ils finissent au fond des eaux après avoir subits d’horribles tortures. Mais nul doute que cela ne sera pas votre cas, nul ne saurait désirer ce trésor autant que vous… »

Un petit sifflement de dédain traversa les lèvres entrouvertes du rat.

« Des amateurs… Continuez ! »

« Vous reconnaîtrez sans peine le bateau. Il s’agit d’un bateau aux voiles noires qui arrivera dès demain au lever du soleil dans le port. Vous sentirez la peur se répandre comme une trainée de poudre à son approche, sa vision terrorise la population. Vous ne pouvez pas le manquer. »

Je n’étais pas vraiment sure de la date mais si nous voulions que les rats quittent le souterrain rapidement il fallait les obliger à se décider vite. J’avais terminé mes explications, j’espérais avoir été convaincante, il ne restait plus désormais qu’à attendre la décision de messieurs les rats.
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Miles Köerta
Mer 29 Avr 2015, 00:35

Les Voleurs
« It was the story of a man and forty thieves… »

Je n’étais pas trop sûr de ma prestation, me questionnant sur mon habilité à manipuler ces animaux et aux mensonges que j’étais en mesurer de raconter avec autant de facilité et de fluidité. Est-ce qu’ils avaient senti le piège ou s’étaient-ils laisser entraîner par les promesses qu’offraient cette histoire, en tout insouciance? Je n’en savais rien, le rythme des battements de mon cœur s’affolant soudainement au fond de ma poitrine, tandis que les rats commençaient à s’agiter de nouveau autour de nous. À l’intérieur de ces bruits, de ces couinements, de tout ce qu’il y avait de plus animal en eux, nous pouvions deviner qu’ils se consultaient, sans aucun doute, mais nous n’étions pas en mesure, Primrose et moi, de comprendre un traite mot de ce qu’ils se disaient entre eux. Cherchaient-ils à savoir si nous disions la vérité? Cherchaient-ils à avoir l’appui de tous leurs semblables pour entreprendre cette quête? Je croisais les doigts pour que ce soit la seconde option, car s’ils commençaient à se douter de la véracité de nos propos, les emmener hors de ces souterrains serait une autre paire de manches, plus difficile à enrouler. Il fallait attendre l’avis de celui qui se disait être le chef de tout ce troupeau. Et si mon estomac se tordait dans mon ventre, nerveux de connaître la suite, j’essayais de reprendre le contrôle de moi-même, garder un air assuré et ne pas m’angoisser.

J’avais bien fait, car seulement après un certain temps, le chef des rats réclama le silence, avant de pivoter sa tête triangulaire dans notre direction pour nous demander où se trouvait ce fameux jardin. Intérieurement, je relâchais un profond soupir de soulagement; tous mes muscles se détendaient par la même occasion. Le piège se refermait avec brio sur leurs esprits, à notre chance. Je croisais le regard de ma camarade lorsque cette dernière choisit de prendre la relève, peaufinant encore plus l’histoire du Jardin Doré, y apportant des informations supplémentaires qui eurent tôt fait d’attiser ma propre curiosité. Je l’écoutais parler de cet étrange bateau aux voiles noires avec attention, et surtout, avec une certaine satisfaction. C’était du bon travail. Cette histoire n’était pas inconnue de tous, car tout le monde – ou presque alors – avait déjà entendu parler de cette étrange rumeur qui circulait dans les environs du Port, ce qui rajouterait sûrement un peu plus de crédibilité à notre bobard. Ce bateau aux voiles noires, vaisseau fantôme porté par la peur, par les ténèbres qui l’entoure, appareillait une fois tous les mois sur les quais et pourtant, rien n’y entrait et rien, à priori, ne semblait en sortir durant cette journée. Je précisais ceci, car d’après certains racontars, des ombres furtives auraient été aperçu quittant le pont, rodant dans les environs et de plus, les crimes de chair et les meurtres doubleraient en sa funeste présence. Mais personne, à ce jour, n’avait jamais pu apercevoir qui que ce soit.

Ou tout simplement percer le mystère entourant cette sinistre embarcation.

Mais Primrose, avec un langage qui ne pouvait nous laisser indifférent, parvenait à esquisser une histoire des plus intrépides, excitantes, autour de cette dernière rumeur, amenant les rats à l’écouter avec plus d’intérêt encore, suite aux défis qu’elle leur exposait calmement. Même si l’expédition semblait dangereuse, à la limite du suicide, le rat continuait de poser des questions à ma partenaire, cherchant à récolter un peu plus de renseignements. La jeune fille restait en surface, ne manquant pas de rajouter quelques informations ici et là, saupoudrant l’histoire d’imagination qui m’aurait sûrement peiné de trouver. Cependant, elle s’en sortait à merveille, incitant, par après, les rats à se décider rapidement sur leur choix: étaient-ils prêts à laisser passer une telle opportunité, alors que cette dernière se présentera le lendemain? Pour Marianne, pour tous les habitants du quartier qui avait déjà connu leurs vols, sans peut-être même en être conscients, j’espérais qu’ils choisiraient de se jeter dans cette folle aventure sans trop se poser de questions.

Une fois de plus, il eut consultation entre les rongeurs, que nous ne comprenions encore moins. Cela dit, l’angoisse qui avait, précédemment, nouée mon estomac s’en voyait moins étouffante. J’avais confiance en notre plan; il était presque infaillible. Presque, car rien ne pouvait être parfait. Parce que si les rats percevaient ne serait-ce qu’une hésitation dans notre timbre, une seule faille dans notre mensonge, je ne payais pas cher de notre peau pour leur avoir joué un si mauvais tour. Mais je ne voyais rien, à ce stade, qui pouvait nous trahir. Alors je restais droit comme un garde, me redressant pour avoir une vue d’ensemble de la communauté bruyante de rats, essayant de comprendre ce que le ton de leurs couinements pouvait bien insinuer, s’ils étaient réceptifs ou non à notre proposition.

Puis, le chef des rats poussa un cri aigu pour se faire entendre ou bien pour calmer l’agitation de l’auditoire. Mais ses tentatives se virent rapidement ensevelies sous les bruits surexcités, déjantés, des autres rats. Je le vis gonfler sa poitrine et relâcher, plus fort encore:

« SILENCE! »

D’un coup, tous se turent, tournant leur petite tête en direction de leur chef. Malgré leur posture, qui tentait de rester immobile, nous pouvions observer quelques frissons agiter leurs pattes et leurs queues fouetter énergiquement le sol. Quant à leurs regards, ils ne reflétaient plus ce malaise dérangeant que j’avais perçu depuis le début de notre descente dans les sous-sols, au fond de leurs pupilles, mais bien une lueur avide et envieuse de ce qui les attendait. Refoulant un sourire, je posais mon regard sur le rongeur.

« C’est excitant, n’est-ce pas? »

Il acquiesça vivement d’un hochement de la tête, mais redevint rapidement stoïque, comme s’il regrettait de s’être montré aussi consentant à cette offre.

« Je dois avouer que vous avez su attiser ma curiosité, les jeunes. Qui aurait cru qu’un tel trésor pouvait exister? »

Ses pupilles se mirent à briller.

« Et il sera à nous. Pas vrai les gars?! »

Des couinements suraiguës répondirent à cet appel et je dû prendre sur moi-même pour ne pas me boucher les oreilles en mode Vous-venez-de-faire-éclater-mes-tympans. Le chef éclata de rire devant cette énergie, qui le galvanisa.

« Oh! Mes amis! Ce sera merveilleux! Préparez-vous! Demain matin, un bateau fantôme nous prendra sur son pont! »

Si j’aperçus quelques échanges inquiets du regard, la majorité exclamait leur joie en s’activant soudainement, partant de tout bord et de tout côté pour se préparer à leur départ. Bon sang! Je n’arrivais pas à y croire… Ils allaient vraiment foutre le camp! Merci Ætheri d’avoir créé les rats aussi affamés et si peu vigilants.

« Vous savez, le bateau ne viendra qu’au lever du jour. D’ici là, il n’apparaîtra pas…

- Qu’est-ce que tu veux, par tous les Dieux! Que nous manquons ce navire? », cracha-t-il avec véhémence, abandonnant quelques secondes son air ravi et excité pour reprendre les traits désagréables et peu amicaux que nous avions eu droit pour notre accueil en ce lieu.

Aussitôt, j’arborais une mine déconfite, confuse, secouant avec énergie mes mains devant moi, pour lui faire comprendre qu’il y avait méprise.

« Non, non! Pas du tout! Je croyais seulement qu’avec le froid de la nuit, il serait sûrement préférable de rester ici, le temps que le jour se lève et… »

Il me coupa encore.

« Tss! C’est bien vous, ça, les hommes! Un rien vous terrifie et vous abandonnez au premier obstacle! Mais nous sommes bien plus coriaces que vous. »

Je soulevais mes épaules avant de murmurer un faible « Si vous le dîtes… » Dans d’autres circonstances, me faire ainsi insulter par un rat m’aurait énervé, mais sachant que c’était nous qui menions la danse, je prenais plutôt sur moi pour ne pas leur rire au nez. Je me surprenais de leur naïveté, me réjouissant néanmoins, car ils ne nous avaient à peine opposé de résistance. Comme ça, dans un désordre sans nom, ils quittèrent rapidement la salle dans laquelle nous nous trouvions, laissant bientôt Primrose et moi complètement seuls avec nos torches et leur faible éclat.

Quand les derniers couinements, les derniers bruits de griffes et de pas disparurent au loin, je me permis de lâcher un rire, amenant ma main à ma bouche pour atténuer les sons de mes éclats.

« Est-ce que t’as vu comment ils se sont empressés de partir? Par Antarès! Ils se sont fait avoir comme des bleus! »

Le soulagement, mêlé à un plaisir évident, s’échappait de ces rires alors que je faisais quelques pas dans la salle, souriant de toutes mes dents. Je balayais les environs grâce à ma torche, cherchant du regard le butin que les animaux avaient tenté de préserver et qu’à présent, ils venaient d’abandonner. Le trésor ne pouvait être bien loin.

Quand je le vis, dans un coin de la pièce circulaire, entassé sans aucune élégance, tout simplement, dans ce petit coin. Je fis un tour sur moi-même pour me retrouver face à face à la jeune fille, non loin.

« Viens voir ce que je viens de trouver. Ce n’est pas aussi énorme que je l’avais pensé, mais ils ont quand même ramassé un sacré pactole. »

Tendant mon bras sur le côté, je pointais la tête de ma torche en direction de l’amas de pièce qui traînait négligemment sur le sol.

« Qu’est-ce qu’on en fait? »


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Jeu 30 Avr 2015, 19:38


Encore des couinements incompréhensibles, signe que les rats avaient bien pris note de mes paroles et débattaient maintenant entre eux de la conduite à tenir. J’espérais avoir été suffisamment convaincante, j’espérais que je n’en avais pas trop rajouté à l’histoire de Miles. Même si la rumeur du bateau fantôme ne devait pas être inconnue dans la région, les rats eux n’étaient probablement pas au courant, ne penseraient-ils pas que je leur racontais des fables pour les embrouiller ? Je jetais un regard inquiet vers mon compagnon, il avait l’air plutôt serein et attendait que le conciliabule se termine. Soudain, la voix du chef résonna dans toute la salle lorsqu’il réclama le silence à ses congénères. Moi-même je retenais mon souffle, ne faisant aucun bruit, impatiente de connaître le verdict. Le rat eut l’amabilité de ne pas jouer avec nos nerfs plus longtemps, avouant avec empressement son intérêt pour notre histoire. Motivant ses troupes, il déclencha des mouvements de joie du côté de la majeure partie des habitants du sous-sol, et même si certains ne semblaient pas particulièrement emballés, nul doute qu’ils suivraient le mouvement général. Et tandis que les rats s’éparpillaient de tous côtés afin de préparer leur départ, Miles se permis même d’en rajouter un peu, les poussant à partir le plus tôt possible en leur suggérant le contraire. C’était malin, vu la façon dont avait fonctionné les rats jusque-là il était à peu près certain qu’ils allaient tomber dans le panneau. La réponse ne se fit pas attendre, outré que l’on puisse penser qu’ils ne soient pas suffisamment forts ou courageux les rats ne tardèrent pas à se mettre en route vers la sortie, nous laissant seuls dans la salle au trésor.

Je souriais, heureuse que nous ayons pu les berner finalement aussi facilement. Nous touchions au but et cela faisait plaisir, j’étais fière. Même si j’étais consciente que sans Miles je n’aurais sans doute jamais trouvé cette salle, j’étais contente d’avoir pu participer à l’argumentation finale. Nous nous en étions bien sorti et désormais le trésor était à nous. Une fois les derniers bruits éteints Miles laissa lui aussi éclater sa joie, à laquelle je m’empressais de donner un écho tout aussi enthousiaste.

« C’est génial ! Super ton idée d’un Jardin Doré en tout cas ! » je laissais éclater un petit rire joyeux « Heureusement qu’ils ne sont pas trop intelligents ! On s’en est bien tirés, on forme une bonne équipe. »

Mais l’aventure n’était pas encore terminée, restait encore le plus important. Nous avions débarrassé ce souterrain de ces occupants malhonnêtes, à nous maintenant la récompense, nous l’avions bien mérité. A la suite de Miles, je parcouru rapidement la salle des yeux à la recherche de l’or amassé par les rats. Il mit rapidement la main dessus, m’invitant à m’approcher pour observer le tas de pièces entassées dans un coin de la salle.

« Il y en a déjà pas mal… »

Certes ce n’était pas une fortune colossale, mais pour une pauvre petite réprouvée cela représentait quand même beaucoup d’argent. Cela me permettrait de prendre un bateau pour quitter ce continent et continuer mes recherches ailleurs, cela me permettrait de dormir et de manger correctement pendant un certain temps. De renouveler ma garde-robe peut-être… Je me mettais à rêver quand la voix de Miles me ramena à la réalité.

« Je pense que nous avons bien mérité une petite récompense… »

Je réfléchis un instant, nous pouvions partager le butin en deux, dire à Marianne que ces problèmes étaient résolus mais que nous n’avions rien trouvé et partir les poches pleines… Nous pouvions aussi, à l’inverse, ramener la totalité du trésor à l’air libre et le répartir entre tous les habitants du quartier résidentiel ayant été volés… Cette deuxième solution me plaisait beaucoup moins, cependant…

« Nous pourrions peut-être donner quelque chose à Marianne…  Après tout sans elle nous ne serions jamais tombés sur ce trésor… » un instant je me tus avant de poursuivre, j’essayais autant de me convaincre que d’expliquer mes raisons à Miles « Et puis elle m’a semblé sympathique, et vraiment touchée par ces vols… »

Sans trop savoir pourquoi j’avais envie d’aider la jeune femme, j’avais l’occasion de faire une bonne action, c’était peut-être le moment d’en profiter, et puis se faire un ami dans cette ville n’était peut-être pas la pire des idées, quoique le simple fait d’avoir débarrassé Marianne de ses voleurs suffirait sans doute à nous attirer son amitié. Laissant le temps à Miles d’étudier à son tour la question, et de prendre en compte mes réponses je m’avançais vers le tas de pièces. Je commençais alors à étaler notre fortune, partageant le tas en deux parts à peu près égales. Quoi que Miles décide se serait déjà ça de fait, de toute façon je comptais bien tout faire pour qu’il ne décide pas de jouer au chevalier au grand cœur et de rendre cet argent à tout le quartier. Quelque chose me disait que ce n’était cependant pas dans ses intentions, il me semblait me souvenir de notre brève conversation à l’auberge qu’il ne roulait pas forcément sur l’or non plus. Quoiqu’il en soit, nous avions pris tous les deux le risque de venir dans ces sous-sols alors que nous n’étions pas concernés par ces vols, ce n’était que justice que nous en tirions une récompense.

Regardant le tas d’or je repensais à la besace magique de mon compagnon, et une nouvelle fois je dû reconnaître qu’un tel objet était des plus pratiques. Le jeune homme n’aurait aucune peine à ranger sa part du butin contrairement à moi qui était descendue jusqu’ici les mains vides. J’allais devoir faire confiance à Miles jusqu’à ce que nous soyons sortis d’ici. Je ne risquais pas de tout mettre dans mes poches, sans compter que niveau discrétion ce n’était quand même pas optimal. Enfin, de toute façon il nous fallait encore retrouver le chemin de l’auberge, l’excursion n’était pas encore totalement terminée.
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Ven 01 Mai 2015, 06:28

Les Voleurs
« It was the story of a man and forty thieves… »

« Je pense que nous avons mérité une petite récompense… »

Discrètement, mon regard se tourna en direction des pièces d’or, entassées pour former un vulgaire monticule. Je devais reconnaître que le butin était alléchant, et le fait de nous être engagés dans ces souterrains méritait, effectivement, une récompense digne de ce nom, vous ne croyez pas? Au départ, même si mes intentions ne requéraient aucune rétribution de la part de qui que ce soit, j’étais tout de même d’accord avec Prim, mon instinct revenant à la charge au triple galop. L’or était à nous désormais, les rats ayant délaissé tout le pactole pour une utopie lointaine, alors pourquoi ne pas en profiter? De plus, j’avais beau réfléchir, je me demandais comment nous pouvions savoir exactement à qui pouvait appartenir tout cet or? En le distribuant aux citoyens qui avaient été volé, je m’imaginais sans peine un malhonnête, aux oreilles peut-être un peu trop tendues, à l’œil peut-être un peu trop observateur, à l’avarice peut-être un peu trop gourmand, qui pourrait parvenir à se glisser au milieu des victimes pour venir clamer la légitimité de sa part du trésor, laquelle devait, en toute logique, appartenir à un autre. On ne pouvait pas risquer qu’un tel événement se produise; ce serait fâcheux, et c’était sans compter les habitants furieux qui réclameraient leur dû, celui-ci malencontreusement passée entre les mains d’un sale escroc. La théorie semblait être tirée par les cheveux? Dîtes-vous qu’il fallait de tout pour faire un monde, et que ce type d’individus était plus nombreux que nous pouvions le soupçonner. Alors je me disais, comme pour me consoler, que nous ne pouvions pas toujours être honnêtes les uns envers les autres et encore moins plaire à tous.
Surtout lorsqu’on parlait d’argent.

Je soupirais à ce dilemme, songeant à tous ces pauvres gens, victimes inconnues des rats voleurs, avant de regarder Primrose s’approcher du monticule pour séparer le butin en deux parts.

« Nous pourrions peut-être donner quelque chose à Marianne… Après tout, sans elle, nous ne serions jamais tombés sur ce trésor… Et puis, elle m’a semblé sympathique et vraiment touchée par ces vols… »

Mes yeux se plissèrent alors que j’étudiais cette dernière suggestion, indécis. Je ne savais pas tellement comment prendre cette dernière remarque, mais cela me chicotait et, d’une voix hésitante, je me décidais à avancer ma pensée pour la dévoiler tout haut.

« Mais… Si nous lui offrons une partie du trésor, tu ne penses pas qu’elle se posera des questions? Qu’elle se demandera pourquoi nous ne restituions pas la fortune des victimes? »

Je me raclais la gorge, tentant de reprendre un ton plus assuré.

« Comprends-moi: elle est gentille, douce et dotée d’une empathie qui fait vraiment chaud au cœur. Cependant, je crains, justement à cause de tout cela, qu’elle veuille nous obliger à redonner l’or volé aux citoyens… »

Je posais mes yeux dans le regard ambré de la jeune fille, me mordant l’intérieur de la joue avec anxiété. Peut-être que tout ceci n’était qu’un simple caprice égoïste de ma part, à savoir de garder pour nous deux seulement l’existence – et les avantages qui s’y rattachait – du trésor, mais d’un autre côté, je n’avais pas envie que le regard que nous portait Marianne ne change. Qu’elle nous aperçoit comme de simples bandits qui avaient profité de son inquiétude pour se remplir les poches avec autant, voire moins, d’humanité que les voleurs qui avaient dérobé cet or aux habitants du quartier. Déjà que je n’appréciais pas complètement ces méthodes – le vol, tout ça, au détriment d’autrui – qui, dans ma jeunesse, avaient souvent été dépeintes par ma mère comme étant des actes terribles et bas, aujourd’hui, j’étais confronté à la dure réalité de la vie. Et la réalité était telle que je n’avais pas le choix d’arriver à ce genre de méthodes pour subvenir à mes besoins dans certaines circonstances: tout n’était qu’une question de survie. Rien que de survie. Il nous fallait nager ou bien couler, et je n’étais pas prêt à me laisser entraîner dans des profondeurs qui me peineraient à remonter; pour le moment, je réussissais à garder ma tête hors de l’eau, pour le mieux.

Seulement, voilà, je n’étais pas trop sûr que Marianne pense de cette manière. Elle était honnête et de telles actions, surtout en sachant le métier qu’elle exerçait, devaient l’irriter plus que tout. Une seconde fois, un soupir franchit mes lèvres, alors que je me penchais vers le pactole, pour laisser mes doigts glisser sur la surface froide des pièces. Je me mordillais légèrement la lèvre inférieure.

« En tout cas, emmenons ce butin hors de ces souterrains. Ce sera déjà ça de fait… »

Je marquais une nouvelle pause, un malaise dans le creux de la gorge perceptible dans ma voix. Je ne voulais pas faire croire que je doutais de Marianne, seulement, j’étais prudent. Opportuniste, certes, mais pas imprudent: il fallait avouer que ce n’était pas moi qui perdais grand-chose dans cette histoire aussi…

« Pour ce qui est de Marianne, on pourra y penser en chemin? »

Déjà, mes mains fourraient les dizaines et les dizaines de pièces qu’elles agrippaient dans ma besace magique, jusqu’à ce que mon attention soit attirée vers ma partenaire et sa part du trésor. Je remarquais rapidement ce qui n’allait pas.

« Ah? Tu n’as pas de besace ou de bourse avec toi? »

Je l’examinais rapidement et de ce que je voyais, je ne trouvais rien qui puisse ressembler à l’un ou à l’autre sur elle. Après quoi, je fixais ma propre sacoche de cuir, esquissant un sourire gêné. En parlant d’honnêteté et de loyauté…

« Tu… me fais confiance? », posais-je, interrogateur.

Assez ironique comme situation, pas vrai? Attendant sa réponse, je continuais de remplir – d’une certaine manière – ma besace magique à l’aide de mes deux mains, ma torche reposant à côté de moi, au sol, puisque je l’avais déposé pour me permettre d’utiliser mes deux bras.

Après une minute ou deux, nous ramassions les dernières pièces qui se trouvaient au sol et, songeant à une question, je me permis de tourner mon regard vers la charmante fille à la chevelure de cuivre.

« T’en as besoin, toi aussi, de cet argent, hein? »


1 034 mots



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Lun 11 Mai 2015, 12:11



Miles ne partageait pas mon avis de donner une part du butin à Marianne, ou en tout cas, il voyait un peu plus loin que mon simple acte de générosité. Relevant les yeux du tas de pièces que j’étais en train de séparer en deux je regardais le jeune homme tandis qu’il me présentait son point de vue. Il ne semblait pas très à l’aise avec son explication, je suppose qu’il ne voulait pas que je pense qu’il préférait tout garder pour lui plutôt que d’aider la sympathique aubergiste. Mais, maintenant qu’il pointait du doigt le problème, je ne pouvais que lui donner raison. Pour le peu que nous la connaissions Marianne semblait être une personne honnête, trop probablement pour accepter de garder le secret sur la provenance de cet argent. Maintenant que Miles m’avait mis cette idée en tête je m’imaginais sans peine la réaction de la jeune femme lorsque nous lui donnerions sa part du butin. Elle s’étonnerait qu’il n’y en ait pas plus, et insisterait pour aller voir ses voisins qu’elle savait avoir été victimes de vol. En y réfléchissant, elle-même avait uniquement été terrorisée par les bruits qu’elle entendait dans les sous-sols, elle n’était même pas une victime de la cupidité de ces animaux.

“Je comprends… Je n’avais pas vu les choses sous cet angle... Et puis finalement Marianne n’a pas été volée, il y a fort à parier qu’elle refusera de s’enrichir avec de l’argent appartenant à d’autres habitants du quartier.”

Miles n’avait pas à s’en faire, je ne le voyais pas comme un bandit sans cœur, le simple fait qu’il puisse s’en inquiéter prouvait qu’il n’était pas vraiment à l’aise à l’idée de profiter du butin pour notre propre compte. J’avais souvent volé pour survivre, et parfois même pour avoir le plaisir de vivre un peu plus correctement sans réel besoin vital, mais j’avais encore je n’avais eu une telle somme à ma portée. La perspective de disposer d’une telle quantité de pièces aurait pu me pousser à commettre des actes répréhensibles dont je ne serais probablement pas fière, mais là… les pièces étaient à portée de main, nous n’avions rien d’autre à faire que de nous baisser pour les ramasser, et sortir des souterrains en annonçant n’avoir rien trouvé du butin. Un tout petit mensonge en somme, nous ne risquions pas grand-chose.

Le jeune homme s’était avancé vers le tas de pièce, négligemment abandonné dans un coin par nos amis les rats, et remplissait sa besace magique à pleines poignées. Je le regardais agir sans bouger, ce qui lui mit rapidement la puce à l’oreille. Mon air dépité devait d’ailleurs être un assez bon indicateur du problème. Je hochais la tête en réponse à sa question.

“Mon sac est resté dans ma chambre… je n’avais pas vraiment prévue de partir en expédition lorsque je suis descendue manger…”

J’étais en effet bien loin de m’imaginer que sortir de ma chambre pour demander à l’aubergiste un repas allait m’emmener dans une telle aventure. Encore une chance que je ne sois pas descendue habillée trop légèrement, sans quoi j’aurais eu bien froid dans ces souterrains humides. Et finalement, même lorsque Marianne nous avait parlé de voleurs dans les souterrains, l’idée de remonter chercher mon sac ne m’avait pas traversé l’esprit. J’avais toujours mes dagues sur moi, et c’est tout ce dont je pensais avoir besoin. A vrai dire toute cette histoire m’avait paru tellement surréaliste sur le moment que je m’étais aventurée dans les sous-sols sans vraiment penser que nous allions réellement trouver quelque chose. Force était de constater que je m’étais lourdement trompée sur ce point, pour mon plus grand bonheur, mais… remonter tout cet or me posait des problèmes. Miles me proposa alors de prendre ma part dans sa besace magique, enfin, c’était sous-entendu lorsqu’il me demandait si je lui faisais confiance. Je haussais les épaules en lui adressant un grand sourire amusé.

“Ais-je réellement le choix ?”

La situation avait de quoi faire rire, nous étions en train de récupérer de l’argent volé pour le garder pour nous, nous venions d’établir qu’en offrir une part à Marianne n’était pas une bonne idée vu qu’elle risquait de vouloir rendre la totalité… Miles semblait tenir à cet argent à peu près autant que moi, et j’allais lui laisser la totalité du butin uniquement parce qu’il avait de quoi le transporter et pas moi… Je ne savais pas si confiance était le mot juste, mais j’avais l’impression que dans le fond, le jeune homme était une personne honnête et qu’il ne s’enfuirait pas avant de m’avoir redonné ma part du trésor. Encore une fois, je n’avais de toute façon pas beaucoup d’autres alternatives. Sa dernière remarque acheva de me convaincre, pourquoi se soucierait-il de savoir si j’avais besoin de cet argent si c’était dans le but de s’enfuir avec ? A moins d’être particulièrement cruel, ce dont je doutais, je ne voyais pas.

“Plutôt oui… clairement cet argent améliorerait grandement mon quotidien… ”

Sur ce point-là je comprenais que Miles et moi étions semblables, je ne connaissais pas son histoire et les raisons qui faisaient qu’aujourd’hui il avait besoin de cet argent, mais je l’imaginais assez facilement dans une situation similaire à la mienne. Vivant au jour le jour, obligés de chaparder de la nourriture à droite à gauche, parfois même des armes, des objets pour pouvoir les revendre, voire de temps en temps la bourse bien remplie d’un riche marchant passant un peu trop prêt de nos mains habiles.

En attendant, la dernière pièce avait été ramassée et  avait disparue dans la besace sans fond du jeune homme. Il était désormais plus que temps de quitter ces lieux et de rejoindre l’auberge.

“Allons-y, j’ai hâte de respirer à nouveau un peu d’air frais ”

Bien que l’atmosphère soit beaucoup plus respirable depuis que nous avions fait déguerpir nos fameux voleurs, l’air des souterrains n’en restait pas moins lourd et particulièrement humide. L’odeur qui régnait sous terre n’était pas non plus des plus agréables, et puisque notre mission était terminée je ne voyais pas de raisons de nous attarder sous terre. Ramassant ma torche à côté de l’ancien tas de pièces je pris les devants et me dirigeais vers la sortie de la salle. J’étais un peu inquiète, nous avions tourné tellement longtemps et dans tant de directions différentes que je n’étais pas certaine qu’il soit aisé de retrouver la sortie. La réalité était tout autre, débarrassé des illusions créées par les rats le souterrain n’était finalement pas si tortueux que ça, reprenant le couloir en sens inverse je retrouvais assez rapidement une intersection à laquelle nous avions pris la peine de marquer notre chemin. Poussant un soupir je me retournais vers mon coéquipier en souriant

“Et dire que nous avons tourné si longtemps pour trouver une salle qui était à deux pas d’ici… ”

Les rats pouvaient être fiers d’eux, ils nous avaient bien baladés. Enfin, pas trop fiers quand même, à la fin c’est nous qui avions gagné, nous avions l’or et les rats étaient probablement en train d’embarquer sur un navire fantôme ou de se faire exterminer dans le port. Leur sort m’importait assez peu à vrai dire, ils avaient voulu jouer et fort heureusement nous avions été les plus malins. Continuant à avancer, retrouvant facilement notre chemin grâce aux marques laissées sur les murs à l’aller nous finîmes par arriver devant la porte donnant accès au sous-sol de Marianne. Me souvenant de la difficulté que nous avions, ou plutôt que Miles avait, eu à l’ouvrir je me décalais légèrement sur le côté pour lui laisser la place d’avancer et tandis la main pour lui proposer de tenir sa torche le temps qu’il nous ouvre la voie.

“A toi l’honneur !”

Bon d’accord, ce n’était pas très sympa de ma part, mais après tout il fallait bien parfois savoir profiter des avantages d’être une pauvre jeune fille, c’est donc avec un grand sourire plein de malice que je le laissais s’avancer.
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Ven 15 Mai 2015, 14:58

Les Voleurs
« It was the story of a man and forty thieves… »

Améliorer notre quotidien…
À l’entente de cette phrase, un sourire furtif apparut sur la commissure de mes lèvres.
Et si cela se pouvait vraiment! Peut-être, alors, qu’Ardwick parviendrait à dénicher l’ingrédient qui lui manquait pour trouver et finaliser un antidote contre le Kurbus. Peut-être que mon père pourrait survivre et pouvoir vivre l’existence qu’il avait toujours rêvé. Peut-être, dans ces conditions, que je n’aurais plus à m’en faire pour son état, que je pourrais encore apprendre de lui. Peut-être que je ne serais plus terrorisé par des visions de son cadavre ambulant, qui semblait hanté les murs de la maison. Peut-être que je n’aurais plus à passer des nuits blanches, à tourner dans mon lit, à entendre ses râles, la toux qui étouffait sa respiration, qui coinçait sa gorge…

Je pris une grande inspiration.
L’argent pouvait grandement améliorer notre quotidien, certes, mais jusqu’à quel point? Pendant combien de temps? Pour m’y connaître, je savais que l’euphorie pouvait être vive et folle, mais toujours – plus vite que nous pouvions le soupçonner – la réalité nous rattrapait, nous faisait voir le vrai visage qui se cachait sous le masque; tout était à recommencer. L’illusion en était plus que douloureuse, lorsqu’on y repensait. Toutefois, elle méritait d’être agréable: un peu de plaisir dans cette vie ne faisait pas de mal. Même s’il était bref, idyllique pour certains, reposant pour d’autres, il restait un plaisir qui détendait notre esprit, nous faisait vivre des expériences qui, d’ordinaire, ne pourrait nous être permis. Si l’argent n’offrait pas tout, pas même le bonheur, il était, néanmoins, la voie la plus simple pour s’y rendre et être assuré que ce dernier pourrait subsister. Je savais que nous pouvions acheter le bonheur uniquement en se payant du bon temps, à faire des heures supplémentaires sur les routes de terre ou en rencontrant l’élu de son cœur au croisement d’un carrefour, mais les chemins vers le bonheur étaient aussi nombreux et variés que les peuples qui habitaient ces Terres. Alors, dire que l’argent était la voie la plus simple était peut-être une erreur si je généralisais la chose, mais dans mon cas, j’étais certain que l’argent m’emmènerait plus rapidement vers ce bonheur que j’espérais – que j’avais toujours espéré. Donc, à la question si je tenais à cet argent, la réponse ne pouvait plus vous surprendre.

Primrose annonça le signal de départ lorsque j’eus terminé de ramasser toutes les pièces et à ses paroles, je ne pus m’empêcher de respirer l’air autour de nous, fronçant légèrement le nez au parfum. À force de tourner en rond dans ces souterrains, mon odorat s’était accommodé à l’odeur, mais c’était vrai qu’un peu d’air frais ne pourrait nous faire du mal, à nous et à nos poumons.

« Nous sommes deux alors. »

Nous reprenions nos torches et je suivis le pas de ma coéquipière, qui s’enfonçait de nouveau dans les ténèbres du réseau. Je m’attendais à une excursion encore plus longue que celle que nous venions de vivre, car malgré le départ des rats, le souterrain restait un labyrinthe selon moi. Juste à cette pensée, je me sentais déjà fatigué. Mais, une surprise nous attendait à l’intersection de deux tunnels et nous nous arrêtions quelques secondes pour observer une marque laissée dans la surface du mur par Primrose à notre arrivée. Je relevais un sourcil à cette vue, tandis qu’un sourire s’esquissait sur le visage de ma partenaire.

« Et dire que nous avons tourné si longtemps pour trouver une salle qui était à deux pas d’ici…

- Ils se sont bien foutus de nous », dis-je d’un ton méprisant.

Néanmoins, subsistait une certaine satisfaction dans le timbre de ma voix. Ces rongeurs s’étaient moqués de nous jusqu’à la fin, mais nous étions parvenus à nous montrer plus malin qu’eux sur le dernier jeu: rira bien qui rira le dernier, comme on dit, cette dernière pensée m’étirant un plus grand sourire encore, alors que nous reprenions notre chemin vers la sortie.

Quelques minutes nous suffirent pour que nous puissions retrouver notre route à travers l’amalgame de couloirs qui constituait le réseau souterrain et, c’était avec ravissement, que j’aperçus la porte qui menait à l’auberge de Marianne. Soulagé, je m’avançais de quelques pas, lorsque je notais que Primrose venait de se pousser légèrement sur le côté, comme pour m’inviter à passer en premier. Je me tournais vers elle, analysant son sourire moqueur, pendant que sa main s’était allongée vers moi: une proposition silencieuse de prendre ma torche. Durant ce temps-là, je devrais ouvrir de nouveau la porte. Décidément… Je roulais des yeux, non sans un sourire, avant de m’avancer jusqu’à la porte et de plaquer mes mains dessus. Je jetais un regard à la dérobée vers Primrose, un rictus narquois aux lèvres.

« Qu’est-ce que je gagne? Un p’tit bisou? »

À son expression, je me mis à rigoler, tournant mon attention sur la porte.

« Hahaha! J’plaisante! Aller, sortons d’ici. »

Je pris une grande respiration avant de pousser de toutes mes forces. Les gonds grinçaient à s’en écorcher les oreilles: le bruit était tout simplement horrible. L’effort était certain, mes jambes repoussant le sol et mes bras exerçant toute la force contenue dans leurs muscles pour faire bouger le battant. Cela prit quelques secondes avant que le premier centimètre ne soit atteint et une à deux minutes avant qu’un entrebâillement suffisant ne soit créé. Je me reculais un peu, soufflant un bon coup, avant de pénétrer dans le sous-sol de l’auberge, suivi de près par la jeune fille aux cheveux de cuivre. Non loin, nous pouvions déjà entendre des bruits de pas affolés nous rejoindre en bas. C’était Marianne, l’œil alerte et le visage angoissé, ses cheveux se soulevant dans son dos à cause de sa course.

« J’ai entendu la porte s’ouvrir…

- Oui, c’est nous Marianne. »

Elle s’arrêta devant nous, silencieuse mais aussi agitée qu’une puce sur le dos d’un chien. En la voyant, un sourire se profila sur mon visage, victorieux, et aussitôt, il me semblait que l’inquiétude qui maquillait ses traits s’estompa un peu.

« Vous…

- Vous n’avez plus à vous en faire. Ils sont partis et je ne pense pas qu’ils reviendront. »

Je jetais un regard complice à Primrose.

« Et… Et pour les vols?

- Nous n’avons rien trouvé, malheureusement, soupirais-je en feignant à la perfection un air débité. Nous avons cherché durant quelques minutes, mais ce souterrain est un véritable labyrinthe et nous ne voulions pas nous enfoncer trop loin dans les tunnels, au risque de nous perdre. »

Marianne parut déçue, très déçue, avant de soupirer et de marmonner que ce n’était pas très grave, étant donné les circonstances. Ça me faisait mal de lui cacher la vérité, mais si nous voulions notre part du magot…

« On a…

- Pas la peine de vous excusez. Vous avez fait votre possible et l’important, c’est qu’il n’y ait plus de voleurs dans nos souterrains. Nous pouvons dormir tranquille maintenant.

- Justement, Marianne, en parlant des voleurs… »

Ma coéquipière et moi lui racontions notre étrange excursion à travers les tunnels des souterrains, les illusions avec lesquelles les rats s’étaient joués de nous, toute notre aventure en omettant, bien évidemment, la présence du trésor que nous avions dérobé aux voleurs, pendant que nous montions les marches qui nous menaient à l’auberge. Le mensonge n’était pas vilain, mais le secret devrait rester entre Primrose et moi, histoire de ne pas faire trop de sienne.

Une fois en haut, de retour aux tables à manger, Marianne s’excusa encore une fois de nous avoir dérangé avec ses inquiétudes et nous lui avons assuré qu’il n’y avait aucun problème et que cela nous avait fait plaisir de lui venir en aide. Elle nous sourit, largement.

« Vous devriez aller vous coucher. Après la nuit folle que vous avez passé, vous méritez du repos. »

Nous la remercions avant de nous diriger vers les escaliers qui montaient jusqu’aux chambres. Si l’adrénaline m’avait masqué quelques signes durant notre expédition, maintenant, je me rendais compte que j’avais sommeille et que mon corps ne réclamait qu’une seule chose: s’étendre sur le matelas confortable d’un bon lit chaud. Mais avant, il fallait que je m’occupe d’une dernière chose…

« Prim… »

Je pensais aux pièces d’or qui reposaient dans ma sacoche en cuir et aussitôt, la moitié du pactole apparut dans le creux de mes mains, que je tendis à la jeune fille avec un grand sourire.

« J’espère que cet argent t’aidera. »


[HRP – Ça marche ^^]
1 410 mots



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Lun 25 Mai 2015, 18:43


Enfin nous étions sortis de ce labyrinthe. J’étais forcée de reconnaître que revenir enfin sur la terre ferme me faisait immensément plaisir. L’aventure dans les sous-terrains avait été intéressante, palpitante même à certains moments, nous avions erré longtemps dans les couloirs sombres, les rats se jouant de nous avec leurs sortilèges. Mais nous revenions victorieux, les rats étaient partis, à la poursuite d’un rêve inateignable, et nous avions mis la main sur un joli tas d’or. Mais chut, Marianna approchait et il ne fallait pas qu’elle apprenne que nous avions trouvé un peu plus que de l’humidité et de la poussière dans les sous-sols.

Je laissais Miles mener la discussion, ajoutant parfois quelques points lorsqu’il entreprit de compter à la jeune aubergiste notre aventure, acquiessant souvent, mentant effrontément lorsqu’il fut question d’argent. Aussi étrange que cela puisse paraître, j’avais été celle qui souhaitait donner une partie du butin à Marianne en premier lieu, pourtant, maintenant que nous étions en face d’elle, sa réaction me prouvait que Miles avait eut raison. Les remords s’étaient envolés bien vite et je n’avais pas la moindre difficulté à mentir à la jeune femme. Il est vrai que le mensonge à toujours été une seconde nature chez moi, mais mentir ainsi à une personne aussi sympathique que Marianne sans ressentir la moindre trace de culpabilité m’intriguait.

Bref, quoi qu’il en soit, lorsque nous eumes terminé de lui conter nos péripéties, Marianne suggéra que nous retournions nous coucher, ce qui me fit l’effet d’un coup de massue. Etre enfin de retour à l’auberge, et avoir à portée de main la perspective d’un bon lit douillet me faisait ressentir asses violemment la fatigue accuulée. Je ne pu d’ailleurs retenir un baillement en essayant de lui répondre

« Merci, je crois que vous avez bien raison. A demain Marianne, dormez sur vos deux oreilles. »

Arrivés en haut des escaliers, je pris à droite pour me diriger vers ma chambre quand Miles m’interpela, et me tendis la moitié du butin, comme promis. J’étais tellement épuisée que j’avais faillit en oublier de récupérer ma part du butin, au moins je savais désormais que je pouvais faire confiance à Miles. Nul doute que je me serais souvenue assez vite qu’il avait ma part du butin, mais le fait qu’il y pense de lui-même était tout à son honneur. Je ne m’étais pas trompé sur son compte, Miles était une personne sur qui on pouvait compter, j’étais heureuse de l’avoir rencontré et d’avoir partagé cette aventure avec lui. Même si nous n’étions pas amenés à nous revoir j’avais apprécié sa compagnie le temps de cette expédition souterraine. Mais pour l’heure, il était surtout temps de prendre l’or qu’il me tendait et de vite rejoindre nos lits respectifs, il était probablement aussi fatigué que je l’étais. Je le remerciais d’un sourire et hochais la tête.

« Merci Miles. Je ne sais pas si l’on se recroisera demain, mais en tout cas je te souhaite une bonne continuation. J’ai été ravie de partager cette escapade nocturne avec toi, c’était… enrichissant ! »

Et sur un dernier sourire à l’adresse du jeune homme je me retournais pour franchir les quelques mètres qui me séparaient encore de ma chambre, les bras chargés de pièces d’or. Lentement je poussais la porte, acceuillit par un chat visiblement impatient. Pauvre Coal, j’étais initialement partie quelques minutes pour manger, et voilà que je revenais des heures plus tard, certainement porteuse d’une odeur qu’il n’apprécierait guère. Un grand sourire aux lèvres je déposais délicatement le magot sur mon lit et caressais l’animal qui se mit instantanément à ronronner. Je m’assit sur le matelas, appuyant mon dos contre le mur et Coal sauta immédiatement sur mes genoux, demandeur d’un calin et d’attention. Après plusieurs minutes ainsi, au cours desquelles je racontais à l’animal satisfait notre aventure, je finis par me redresser pour attraper mon sac qui trainait à côté du lit. Le chat ronronnait toujours et n’avait visiblement pas eut son côta de caresses mais il fallait que je m’occupes de cet argent. Ouvrant le sac, j’en sortis mes quelques effets personnels et le remplit des pièces d’or, soigneusement enroulées dans les vêtement, afin d’éviter que leur tintement ne soit trop audible, ce qui ne manquerait certainement pas d’attirer l’attention sur moi, ce que je ne tenais pas particulièrement à faire. Après quoi, une fois le lit débarrassé des pièces, et sans même prendre le temps de me déshabiller, je me laissais tomber sur le matelas et sombrais presque instantanément dans un profond sommeil, Coal blottit contre moi, me berçant de ses ronronnements sonores.
766 mots
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