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 ~ Coupe des Nations : Épreuve de force ~

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Mitsu
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Mitsu
Mar 18 Nov 2014, 19:03

Force

~ Coupe des Nations : Épreuve de force ~ 198880cascade

L'on dit souvent des cascades cristallines qu'elles sont un lieu de paix, un lieu où la magnificence règne. Pourtant, le petit sourire trônant délicieusement sur les lèvres d'Haroûn, l'un des esprits du temple, n'annonçait rien de bon. A ces côtés, se tenait un autre Ætheri, n'appartenant pas à ce temps – si l'on pouvait au moins penser qu'un Æther ne puisse faire siens tous les temps. Les cheveux de ce dernier descendaient jusqu'à ses cuisses, noirs de jais, un corbeau trônant fièrement sur son épaule. « Ceci sera l'une des dernières étapes. ». « A ton élévation. ». « Oui. Si les choses se passent correctement, après cette coupe, les Chamans prendront la place qui leur est due au sein même de l'Au Delà, le vieux phare trouvera utilité et une troisième tribu sera créée. Puis, ensuite, ce sera mon heure. ». Le silence s'installa. Ezechiel sourit, amusé de ce destin tout tracé. Mais ce serait bientôt la fin, le commencement d'autre chose. Les serpents de la chevelure d'Haroûn semblaient approuver les pensées de l'Æther de la mort. Demain serait un autre jour.

« En ce jour, l'eau des cascades s’abat furieusement sur les roches vous ne trouvez pas ? Il serait de la folie de tenter d'escalader... les pierres mouillées glissant entre vos doigts, l'eau vous assommant et vous étouffant un peu plus à chaque minute. ». Ezechiel sourit, amusé. « C'est comme si la mort semblait au rendez-vous en ce jour. Pourquoi ? Hé bien parce qu'il sera de votre devoir, afin de réussir l'épreuve, d'escalader, puisant dans votre force mentale, dans votre patience, dans votre détermination pour atteindre le sommet. ». L'un des serpents de la chevelure d'Haroûn attaqua l'un de ses compatriotes, le mordant avec ardeur, l'autre se défendant avec hargne sans qu'aucun des deux ne semblent pouvoir blesser son compair. Un combat, c'était ce que les individus présents devant eux devraient livrer. L'esprit du temple était calme malgré l'agitation de sa chevelure, écoutant le discours de l'autre Æther en profitant de pouvoir sortir du temple. Cela ne se produisait que très rarement. « Pourtant, une fois que vous aurez gravi ces cascades comme l'on pourrait grimper une hiérarchie raciale, vous devrez vous rappeler qu'aussi grand que vous puissiez être, chaque Homme possède une peur. Je parle de la peur la plus profonde, la plus viscérale qui puisse exister. Pire qu'une phobie, une véritable peur, celle qui vous prend aux tripes, celle à laquelle vous n'aimeriez jamais être confrontés. ». Il sourit, faisant apparaître des illustrations de ce qu'il avançait à ses côtés. « La peur de voir l'être chère vous quitter, la peur de la mort... Il y a tellement de peurs différentes. La maladie, l'absence, l'abandon... ». Il marqua une pause. « Souvent, ces peurs sont inconscientes, enfouies en votre esprit. Mais quelle que soit la votre, vous la trouverez en haut de ces cascades, aussi vraie qu'elle puisse l'être. Vous devrez trouver un moyen de la combattre, de la combattre, quel que soit le moyen. La fuite ne marchera pas. ». « J'ajouterai que ceux qui tomberont de la cascade ne se verront pas éliminer. Seul l'abandon ou la fuite vous disqualifie. ».

Haroûn leva son bras en l'air, poing serré qu'il étendit. La cascade se multiplia en autant de candidats présents. « Vous êtes ici pour représenter vos races respectives, ou des races que vous aurez choisi d'ignorer. Néanmoins, cette épreuve, vous devrez la faire avant tout pour vous car vous en ressortirez grandis. Peut-être qu'à la fin, après avoir risqué votre vie, après avoir affronté votre peur, vous saurez quel chemin emprunter dans votre existence, peut-être que vous prendrez conscience de nouveau de certaines valeurs perdues. ». « Qui sait ? » rit l'Aether de la mort.

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Lun 24 Nov 2014, 16:26

Erza fixait la cascade comme elle l'aurait fait avec un ivrogne un peu trop entreprenant qu'elle aurait frappé pour calmer ses ardeurs. Sauf qu'à présent, quand elle s'en prenait à un individu, celui-ci finissait en miettes. Presque tous, à l'exception de Volen. Ce sale fils de... Elle serra les dents, toujours couverte des égratignures, fruits de leur dernière rencontre. Quelle sale vermine, même pas capable de se battre à la loyal, au corps à corps. Elle l'aurait brisé en deux. C'était certain. Mais ce roi était aussi lâche que l'étaient ses parents. C'était pour ça qu'elle était là. Le fait qu'il la rejette, qu'il use sa magie contre elle... elle ne pouvait pas le supporter. C'était surtout le fait qu'il puisse être supérieur à elle et qu'il ait pris un malin plaisir à lui montrer la vérité. Elle n'avait pas envie qu'on lui rappelle qu'elle n'était rien, ou, sinon, pas grand chose. Elle n'avait pas envie qu'on mette le doigt sur un point sensible : elle parlait beaucoup, crachait beaucoup, mais ne faisait rien, jamais, pour améliorer sa situation. Elle restait au fond du gouffre de la médiocrité comme si elle avait décidé de faire perdurer indéfiniment sa crise d'adolescence. Sa mère était puissante, son père était puissant ; C'était comme si elle avait décidé d'être tout le contraire. Elle critiquait la politique, elle critiquait les grands, mais ne faisait rien pour changer les choses, pour imposer son point de vue qui n'était entendu, au fond, que par les ivrognes qu'elle croisait ou son frère qui possédait une patience à toute épreuve – ou la faculté à l'entendre sans l'écouter. Aussi, depuis qu'elle avait vu Volen, depuis leur échange aussi bref que déshonorant pour elle, elle avait décidé de foutre ce chien dehors. Il était sur le trône de son père et puisque celui-ci avait préféré disparaître plutôt que de reprendre ce qui lui appartenait, alors elle se chargerait de dégager les parasites pour lui. Et ensuite elle verrait. Aussi, elle n'était pas le candidat officiel des Réprouvés. Le pauvre avait fini assommé – ou mort, elle ne savait pas trop – à la suite de sa rencontre avec elle. Un candidat pour l'épreuve de force qui avait succombé à celle de la jeune femme. Mais ce qu'Erza ignorait, c'est que l'épreuve ne se limitait pas à la force brute. Aussi, quand elle entendit le discours des deux hommes, elle finit par ricaner. Elle n'avait peur de rien ou, du moins, elle le croyait.

Seule devant sa cascade, elle fit craquer ses doigts, un par un, puis sa nuque, avançant dans l'eau pour agripper la roche. Elle n'aimait pas l'eau, du moins, pas être trempée de la tête aux pieds tout en étant habillée. C'était énervant. La sensation de tissu collant à sa peau la débectait. Elle retira sa main du rocher, ôtant son haut et son pantalon pour se retrouver en sous-vêtements, pas gênée le moins du monde de ce que pourraient voir les spectateurs se tenant à Avalon. Puis, elle entreprit de nouveau de monter, prenant appui sur la roche qui la supporta au début avant de céder, la faisant chuter dans l'eau. Le visage d'Erza se crispa. Elle réessaya, glissant à cause de l'état vaseux du support. Ah oui ? C'était comme ça ? Cette foutue cascade n'était pas capable de la supporter ? Elle plissa les yeux, reculant. « Tu vas manger... ». Elle se baissa, attrapant une pierre qu'elle fit rebondir plusieurs fois dans sa paume avant de prendre un élan suffisant, l'envoyant de toutes ses forces contre la paroi. Le bruit de l'impact, quoi que la course freinée par l'eau, lui apprit qu'elle faisait quelques dégâts au sein même de ce qui lui avait résisté. On ne lui résistait pas. Personne, jamais. Elle allait éjecter ce crétin de son trône pour lui apprendre cette règle. Elle répéta la chose plusieurs fois, brisant la paroi à des endroits plus ou moins approximatifs – on ne lui avait jamais appris à viser. Puis, elle s'approcha, bien heureuse de voir que des trous avaient été formés dans la paroi, suffisamment pour lui permettre de se hisser. Il fallait juste qu'elle ne glisse pas. Elle retomba plusieurs fois, l'énervement scintillant dans son regard à chaque fois. Mais, finalement, elle réussit à se hisser au sommet, trempée, quelques rougeurs habillant ses mains. Elle se consola, imaginant la tête du Seigneur des Deux Rives quand il verrait qu'elle avait pris la place de son champion. Elle ricana de plus belle. Quel bouseux, ça lui apprendra.

Erza attrapa ses cheveux, les essorant d'un geste sans élégance. Élégante, elle ne l'était pas. Elle était plus ce boulet de canon que personne ne voudrait réceptionner. Non, elle était rebelle, nonchalante la plupart du temps, une femme que l'on ne calculait pas avant que son regard se pose sur un individu qui prenait alors conscience qu'il allait vivre quelques expériences douloureuses. Elle soupira, voyant que rien n'arrivait. Forcément, elle n'avait pas de peur viscérale. Peur du jugement de sa mère ? Peur que Lucain la rejette ? Peur qu'Eerah finisse par tomber d'une falaise à cause de sa cécité ? Elle était déjà au courant. Non, elle n'en avait rien à faire de ses peurs et seuls des mots de Zul'Dov auraient pu décrire ce qu'elle aurait bien fait à ces dernières, des mots non traduits dans le langage commun à cause de leur vulgarité. Pourtant, comme arrivé des limbes, une silhouette masculine se dessina devant celle qui jurait ne pas avoir de peurs viscérales. Cet homme, elle ne le connaissait pas ou, du moins, ne se rappelait pas de l'avoir connu un jour, mais il éveilla en elle un vent de panique. Il sourit, assuré, aucune peur ne se lisant dans son regard. Qui était cet homme ? Une incarnation du futur, tel un vieux souvenir depuis longtemps effacé de la mémoire de la jeune femme. Elle ne voulait pas se rappeler de ce qui avait été le futur probable de l'ère du chaos du cristal, elle ne voulait pas se rappeler du monde duquel elle venait. Mais lui, et elle ne savait pas pourquoi, il... il en faisait partie. Elle en était sûre. L'ignorance l'effraya encore plus. « Bonjour ma chère Erza. Cela fait tellement longtemps... ». Elle plissa les yeux, reculant alors qu'il avançait. Il lui faisait peur mais, en même temps, elle préférait rester dans cet état plutôt que d'ouvrir une brèche qu'elle cherchait depuis longtemps à maintenir fermée. Le déni était la meilleure solution, le refus en bloc de tout ce qu'elle avait pu faire par le passé, de tout ce qu'elle avait été, de tout le mal qu'elle avait causé, de toute la souffrance accumulée. Pourtant, son esprit ne pouvait pas la laisser reculer, comme une lutte à l'intérieur même de son corps. Il savait trouver la solution à l'avancée de cet homme, il savait comment le faire disparaître. Elle finit par s'arrêter, le laissant venir puis, d'un geste brusque, elle passa la main dans le dos de ce dernier, en retirant un miroir à main en argent. Un génie, comme Naram, comme Jun à une époque, comme sa mère lorsqu'elle posait la couronne des rêves sur sa tête. Un génie, comme ce qu'elle avait été jadis. Et ce passé qu'elle ne voulait dévoiler, jusqu'à se le cacher à elle-même, allait ressortir, petit à petit. L'épreuve de force était terminée officiellement, mais, à partir de maintenant, officieusement, elle allait continuer encore et encore, hantant ses pensées, hantant sa vie. Car le moment allait bientôt arriver, l'heure de retrouver la vue en prenant conscience de la vérité. Hénoch, fantôme du passé, silhouette du présent.

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Sam 29 Nov 2014, 06:52

Sometimes, it's all it takes

Oui, il y avait de cela. Le désir de se surpasser. L’ambition de repousser ses limites. Peut-être même celle de prouver quelque chose. Non, pas à l’audience singulière qui le jaugeait. Les pédants aux dehors classieux qui avaient pris l’habitude de toiser de haut les vies servant à leurs desseins n’auraient pu se trouver impressionnés par une quelconque démonstration de force ; ils n’étaient pas si dupes. Face à l’immense mur d’eau, les participants étaient seuls avec eux-mêmes.
Lokys avait préféré aux rictus malingres des juges la vision des remous fougueux qui s’abattaient au pied des chutes. Le cycle éternel de leur violent amerrissage avait quelque chose d’apaisant. Songer qu’il put lui-aussi s’écraser au cœur de leur folle danse et teindre d’écarlate ce tableau de soie ravit un sourire sur ses lèvres diaphanes, car cela n'en serait jamais question. De cette chute-là, peu devait prétendre pouvoir s’en sortir indemne. Mais les élucubrations macabres où vaquait son esprit furent vivement écourtées par le coup d’envoi. Ses mains s’ouvrirent, et ne remarqua-t-il qu’alors que ses poings s’étaient douloureusement refermés sur eux-mêmes tout le temps qu’avait pris le discours. Il défit sa chemise de lin, en déchira sans cérémonie deux larges bandes de tissu qu’il enroula autour de ses mains. L’eau était une ennemie bien trop insidieuse pour être sous-estimée, et aucune précaution ne pouvait être laissée de côté. Armé de sa détermination et de son inébranlable volonté, forgée par des années d’une existence durement menée, le strige s’avança jusqu’à ce que les coups répétés de la colossale structure ne s’abattissent puissamment sur l’albâtre à nu de son torse. Ses griffes acérées se plantèrent dans les couches vaseuses de la paroi, sans cesse limée par le passage des eaux. L’étreinte glacée de la cascade, de connivence avec la température de son corps, semblait vouloir l’engloutir tout entier. Ses doigts fouillèrent la mousse et autres limons à la recherche d’une prise stable et quand celle-ci fut trouvée, l’ascension put commencer.



Les premiers mètres ne présentèrent qu’une vague difficulté. Gonflé de confiance en lui et au meilleur de sa forme, le guerrier vampire, faisant fi du manque d’air, gravissait le mur d’eau comme l’on rencontre un passage ardu au détour d’une promenade, comme on monte un étalon un peu plus difficile que les autres à dompter. Une prise trouvait-elle spirituel de se dérober sous ses pieds qu’il s’appropriait sa voisine. Ses serres crochues écorchaient ce que l’érosion avait mis des années à lisser. Toujours plus haut. Se trouvait-il face a l’impossibilité de gravir a droite qu’une protubérance rocheuse l’appelait a gauche. Toujours plus loin. La notion de temps s’effilochait peu à peu dans ses pensées, occupées au seul calcul de ses prochains mouvements. Peut-être montait-il depuis des heures, ou peut-être depuis quelques instants. Mais qu’était-ce que le temps… N’avait-il pas passé sa vie à la gravir, cette falaise insurmontable ? Le vampire sentait les bras de la déesse aquatique se resserrer autour de lui. Ses muscles accusaient de plus en plus la fatigue de son propre poids. N’y avait-il donc pas de fin à ce monticule d’eau poisseuse ? « Aah… » Un premier soupir trahit une faiblesse, et ses doigts manquèrent de le suivre, emportés par les ondées. Le persévérant se rattrapa in extremis à une racine coincée entre deux rochers. Assurant sa stabilité, ses iris métal cherchèrent à gauche, puis à droite pour constater le même spectacle troublant. De l’eau, imperturbable, dévalant les chutes à perte de vue, et plus aucune trace des autres participants. Plus traces non plus de ceux qui les avaient conviés à éprouver leur force ici. L’acier de son regard s’éleva alors vers le ciel, où la cascade semblait tout droit s’ériger, comme un épieu empalé dans le cœur des aetheri. Regardant en aval, le vampire chercha le sol qu’il avait quitté plus tôt, mais le pédiluve de sa cascade où roulaient tout à l’heure les ressacs joyeux… n’était plus. Un courant glacial traversa d’une traite son corps à ce constat. Il n’y avait plus ni de haut, ni de bas. Sa nuque se redressa vivement, fouettant son dos des longs filins ébène de sa chevelure détrempée. Gorgé d’un soudain accès d’adrénaline, le vampire reprit sa course. Toujours plus vite. Que fuyait-il, il ne le savait pas encore et n’avait pas envie d’y réfléchir. Il devait atteindre le sommet, car sommet il devait y avoir. « Argh… » Une prise se perd. Dans la précipitation de se raccrocher au récif, Lokys manqua le renfoncement qu’il visait.



Ce fut la fin.
Il sombrait, voyant le ciel s’éloigner à toute vitesse de lui. Il allait s’écraser, échouer... quand soudain, il s’entendit lui-même crier. Quelqu’un à sa gauche râla, une femme dont la longue chevelure blonde faisait bien la seule beauté, qui lui décocha un regard dont le dédain même aurait rougi. Elle aussi attendait le départ face à sa cascade. Les juges étaient là, leur discours à moitié terminé. Et lui était de nouveau au sol, sa chemise déchirée enroulée autour de ses mains, prêt à se lancer. Avait-il rêvé ? Tremblant, il jeta de furtifs regards autour de lui, mais aucun ne semblait avoir remarqué ce détour dans le temps. Un nouveau départ fut engagé. Tous les participants se dirigèrent vers leur cascade respective, et commencèrent à gravir. Lokys ne comprenait plus rien... D’où lui était venue cette étrange vision ? À nouveau, il se mit à arpenter le mur d’eau comme il l’avait fait la première fois. Il se souvenait des prises, revoyait les pièges. Cette fois, il jetait des regards réguliers vers le sol comme pour vérifier qu’il était toujours là. Cette fois, il ne manquerait pas le moment où tout basculerait. Il lui sembla progresser moins vite. L’étreinte de l’eau s’était faite plus entreprenante, cherchant toujours à repousser ses téméraires ardeurs. Et pourtant, il ne décélérait pas. S’arrêter lui était proprement insupportable, quand se laisser misérablement rechuter n’était pas à l’ordre d’option. Il gravissait, perdait pied, retrouvait une prise et recommençait. Il allait l’atteindre, il voyait presque le sommet. Soudain, une violente bourrasque fouetta transversalement la cascade. Lokys s’agrippa aux racines, se répétant inlassablement qu’il ne tomberait pas, mais l’intransigeance des vents eut raison de ses forces amoindries. De nouveau, il chuta. Un hurlement, plus proche du grognement animal que de la voix humaine, déchira l’atmosphère, et une nouvelle fois, il vit apparaitre le minois déformé par la condescendance de la guerrière blonde.
Au pied de la cascade, il la contempla, incrédule. «  Qu’est-ce qu’il se passe ? » Hurla-t-il en direction des juges, qui l’ignorèrent superbement. Tremblant, de rage et de fatigue, le vampire n’attendit pas que le coup de sifflet fut donné cette fois. Son poing administra un violent coup de fureur contre le mur de roche, ne lui valant qu’une sale blessure sur les phalanges et l’hilarité polie de l’un des membres du jury. Pour la troisième fois, il reprenait l’ascension. Ses dents serrées à lui en faire mal sur une frustration qui peinait à se contenir, son esprit se tourmentait de questions. Qu’avait-il raté, était-il stupide au point de ne pas comprendre l’énonce ? Y avait-il une métaphore qu’il n’avait pas su saisir ? Saisir la saillie de cette roche coupante et s’élever. «  Argh ! » Ses mains douloureuses, où les ondées impitoyables entamaient de fines crevasses, juste contrepartie de tous les vaisseaux rocailleux qu’il leur avait ôtés, ne semblaient plus pouvoir le porter. Les tissus grossièrement enroulés autour de ses paumes étaient légèrement rosés, buvards faméliques des quelques sillons de sang que la cascade n’avait pas eu le temps de lécher avant qu’elles n’y échouent. De violents tremblements, prémisses de la rémission de ses dernières forces, désordonnaient ses gestes. L’enlacement de l’eau était à présent aussi étriqué que l’étau d’un serpent. Lourd, son corps n’avait jamais été aussi lourd à soulever. Chaque goutte échouée sur son visage était une morsure glacée, des gifles malmenant sa nuque comme désirant la décrocher de ses épaules sans la couper. Il n’allait pas pouvoir s’en sortir.



Et ce fut la chute.
La désespérante trinité fut bouclée. Lokys ouvrit les yeux, accablé. Il était de nouveau au pied de ce mur infranchissable qui labourait le bassin d’une vapeur fraîche sur son visage et ses mains lacérées. Le rire moqueur de la femme à la chevelure mordorée fut promptement ignoré. Ses bras et jambes vibraient douloureusement. Échouer... lui était intolérable. Son regard grenat, souligné de noir où une pupille reptilienne brillait d’orgueil fusilla le sommet inatteignable de la cascade, car il n’y avait pas d’autre coupable à designer. Inexorablement, le départ de l’épreuve fut une quatrième fois lancé. Lokys, prisonnier de la spirale infernale du temps, s’avança machinalement. Ses mains reprirent les prises les plus basses du mont, et lentement, tels les premiers pas d’un nouveau né, il entreprit une nouvelle ascension. L’esprit vide de tout autre sentiment que l’indicible frustration qui l’habitait, il gravissait péniblement, mais bientôt, ses forces lâchèrent. Son corps signa l’armistice avant lui, et dans l’eau rechuta.



Il avait échoué.

Curieusement, le réaliser fut plutôt de l’ordre du soulagement. Le vampire écarta les bras dans le bassin peu profond qui ourlait son corps endolori. Il n’était pas prêt à y rester pour une simple compétition, ce n’était pas ainsi qu’il devait disparaître. Peut-être était-il temps d’apprendre l’humilité. Il fallait donc se relever, annoncer aux juges sa résignation. Chaque fibre de ses membres n’était que douleur, et une fois debout, il s’accorda quelques instants à observer la gagnante, qui déversait son flot d’insouciance comme s’il l’avait à peine effleurée.
Sur un rictus résigné, Lokys se retourna. Et la stupeur le frappa de plein fouet.



Avalon était là, citadelle aux mille ailes noires déployées face à son regard incrédule, et plus aucune trace des juges. Hésitant, il voulut se retourner afin de chercher leur présence, et s’arrêta juste à temps pour ne pas tomber. Le précipice s’ouvrait face à lui, libérant les ondées de la cascade qu’il venait de gravir. Le guerrier porta ses doigts à son front, et un sourire vint souligner la beauté ensorcelante de ses traits.
Échouer... n’avait jamais autant eu le goût du succès. Lokys comprenait mieux à présent ce qu’avaient voulu dire les impitoyables arbitres. Dans son engouement pour la perfection, son entreprise d’être toujours... plus... la terreur viscérale de l’échec était son plus farouche talon d’Achille. Était-il parvenu à la surmonter ? Seul l’avenir le dirait... Mais il aurait au moins appris que parfois, renoncer demandait juste une dose de courage de plus. Un pas vers l'accomplissement de soi.




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Lun 15 Déc 2014, 20:35

Qui es-tu?

Ezrhat Ageman, sorcier de bas niveau, représentant de sa race à la Coupe des Nations. Il y a quelque temps, il  n'aurait jamais cru se retrouver là. Mais ces temps-ci il avait quelques raisons de se faire remarquer. Et à un tel événement on pouvait atteindre des sommets!
En parlant de sommet, celui de cette cascade était à peine visible. Les éclaboussures du torrent percutant la paroi et les reflets des rayons du soleil masquaient la vue. Mettant sa main au dessus des yeux, il adressa un regard à ce dernier. Haut dans le ciel, signifiant la mi-journée.

Les prises n'étaient pas facile à trouver. Il du s'y reprendre à quatre fois avant de quitter le sol. La roche, rendue polie et glissante sous l'érosion était compliquée à appréhender. Sans compter les litres d'eau se déversant sur lui. Trois mètres plus loin, il glissa et se retrouva le cul sur le sol mouillé. Sa respiration se coupa net et il se débattu dans une vaine tentative de remplir ses poumons. L'air ne lui revint qu'au bout de quelques secondes. Il se releva pour reprendre son souffle, rabattu rageusement sa capuche et s'empressa de r'escalader la paroi. Trop rapidement. Trois mètres plus haut il se retrouvait à nouveau bloqué. Refusant de réessayer la prise qui le fit glisser il en chercha une autre, mais la cascade masquait la roche en dessous. Il dut tâtonner jusqu'à pouvoir s'agripper et se hisser plus haut. Puis recommença l'opération, encore et encore. Cela prenait énormément de temps mais il ne semblait pas avoir d'autres choix que de se fier uniquement à son touché.

Si encore il avait des ailes, cet obstacle aurait été facile à franchir. Peut-être aurait-il pu même s'en fabriquer en bas. Quelques branches et tissus voir de l'argile et une touche de magie... "Pas de magie" se rappela-t-il. Quelle con*erie, il maudirait bien cette foutue épreuve qui l'inondait jusqu'à ses sous vêtements.

A plusieurs reprises il manqua de basculer et de venir s'effondrer au sol. Il arrêta de les compter pour ne pas se décourager. A présent la moindre chute lui serait sans doute fatale estima-t-il. Une crampe soudaine le prit à son bras droit. Il se colla autant qu'il le pu à la roche, assura autant que possible ses prises à ses pieds et de son autre bras afin de détendre l'autre. La pause lui fit du bien. Mais lorsqu'il reprit son avancé qu'il constata que ses muscles suivaient difficilement. Cela devait faire des heures qu'il gravissait la petite falaise, ses faibles capacités physiques l'empêchant d'avancer plus rapidement. Ses bras se mettaient parfois à trembler ce qui l'inquiéta de plus en plus. Impossible de repérer le sommet et donc la fin de l'épreuve. il doutait fortement d'y être proche. Il parvint toutefois à remarquer un gros rocher qui s'étirait au delà de la cascade, pouvant servir de plateforme pour se reposer. Il profita de la force qu'il lui restait pour l'atteindre.

Une fois dessus, il s'allongea aussitôt.  Ses muscles le tiraillait, aussi il les recroquevilla en croix sur son torse. Il resta comme ça pendant de longues minutes avant que la curiosité ne l'atteignit. Il roula et se mit au bord de la plateforme naturelle pour regarder en dessous. La hauteur pouvait donner le vertige mais il s'étonna d'avoir autant grimpé. Il se releva et jeta un regard en l'air. Cette fois-ci il pu distinctement apercevoir la fin. De grands arbres entouraient la cascade, l'attaquant de leurs racines profondes. Malgré l'effort, il sourit, estimant qu'il lui restait suffisamment de force pour y arriver.
Trempé, il se débarrassa de sa longue veste avant de reprendre. Il n'aurait d'ailleurs jamais dut la garder. Gorgée d'eau elle l'alourdissait ridiculement. La pause lui avait redonnée un peu de force, ainsi l'ascension lui fit moins mal à présent. Il reprit sa technique, lente mais sure qui consistait à tâtonner pour trouver les bonnes prises. Mais bientôt, les racines des arbres se trouvant plus haut, traversant la roche par endroit lui offrait des prises pour les mains bien plus simple à saisir. Toutefois impossible de se débarrasser de l'eau qui continuait de l'assaillir.

Proche du sommet, des pointes de douleurs vinrent réattaquer ses membres. Il essaya de les ignorer autant que faire se peut pour se concentrer sur la fin de cette partie de l'épreuve. Mais alors qu'il agrippait la dernière racine, son corps se renversa en arrière, le bois lui étant resté dans la main, n'avait pas tenu. Ses bras se débattirent frénétiquement, tentant inutilement de s'agripper à quelque chose mais il chuta inévitablement. Un court instant il réussit à s'accrocher à une pierre qui dépassait, mais son corps le trahit et un craquement dans l'épaule le fit lâcher à nouveau. Il retomba violemment sur la plateforme abandonnée plus tôt. Sa tête vint percuter la roche et tout fut recouvert d'un noir profond.

...

Ageman rouvrit les yeux difficilement. Mais il faisait tellement sombre qu'il cru un instant ne pas avoir réussi. Aucune trace du soleil dans le ciel, au mieux une faible lueur à l'horizon. Il essaya de se relever mais fut prit d'un mal soudain à l'arrière de la tête. Il y passa sa main et constata qu'un fluide collait ses cheveux. Sa vue vacilla à l'idée qu'il c'était blessé à ce point. Mais ce fut pire lorsque c'est son épaule gauche qui le lança. Il parvenait à peine à la mouvoir. Il se rappela avoir tenter de s'agripper et la manœuvre lui avait sans doute déboîtée l'épaule. Quel fou il avait été de se lancer dans cette histoire. L'idée d'abandonner l'épreuve lui vint rapidement à l'esprit mais il n'avait pas l'habitude de l'échec. Il se ravisa par défi ou la folie l'ayant atteint après son coup au crâne. Il y avait cependant un gros problème quant à sa réussite. Il lui était impossible de gravir le reste avec un seul bras. Il lui fallait réhabiliter le gauche. Il se mit en quête de chercher de quoi mordre, mais ne trouva que son couteau. Il mit la poignée dans sa bouche et la mordit si fort lorsqu'il remit l'épaule en place qu'il crut qu'il allait la sectionner en deux. La douleur le fit retomber à genoux et haleter aussitôt. Il se fit violence pour se relever, libérant la dague de sa mâchoire. Avec il déchira son haut afin d'obtenir une bande qu'il enroula autour de sa tête. Il ne pouvait définir la gravité du coup reçu à l'arrière, mais pour l'heure c'est son épaule qui lui faisait le plus mal.

La dague passa dans sa main gauche et il attaqua directement la roche avec, cherchant à l'enfoncer dans les faiblesses de la paroi. De son autre main il se remit à tâtonner en tremblotant. Quel qu’ait pu être l'état de ses muscles, il n'en ressentait plus les efforts, devancés par le mal qui suintait de ses blessures. Son bras gauche semblait s'apprêter à défaillir à tout moment. Mais étonnamment il tint bon. L'adepte refusant de faire de grands gestes, préférant se recroqueviller et avancer comme un escargot. Suant, trempé et saignant il parvint une nouvelle fois au sommet. Impossible de savoir combien de temps il avait mi, le soleil ayant définitivement quitté le ciel, remplacé par la simple pâleur de la lune. Lorsque sa main gauche tenta elle aussi d'agripper le bord elle faillit et la dague quitta ses doigts pour plonger en dessous. Mais cette fois-ci il ne chuta pas et reprit une prise afin de se hisser dans un dernier effort. Et ce qu'il vit alors lui fit oublier tout le mal de son corps.

...

- Qui es-tu?

Une silhouette sombre se trouvait devant lui sur la rivière.
- Qui je suis? Hmmm je suis changement, je suis magie, je suis une idée, je suis futur, je suis poussière, je suis mort et je suis toi.
- Quoi? Balbutia le sorcier entre deux souffles lourds, le bras gauche recroquevillé contre sa poitrine.
- Ah, j'oubliais que mon esprit n'était pas très rapide à l'époque. Alors je répète, je suis toi. Lui avoua-t-il une nouvelle fois en abaissant sa capuche, dévoilant un visage légèrement plus vieux. Mais aucun œil n'aurait raté les traits identiques entre les deux êtres.
- Impossible! Tu ne peux pas être moi!
- Et pourquoi pas? Je te l'ai dis, je suis futur. Est-ce si inconcevable dans un monde emplit de magie?
L'Adepte n'en donna pas la réponse.
- Alors c'est ça ma peur inavouable? Moi-même?
- C'est à toi de voir, mais je ne suis pas là par hasard. Dit-il en s'approchant.
Le jeune sorcier eu toutes les peines du monde à attraper sa lance dans son dos et tenter un coup sur son alter ego. Ce dernier l'esquiva avec une extrême facilité.
- Hahaha, c'est pathétique. Tu crois que tu as une chance de cette façon? N'oublie pas où tu es. N'oublie pas qui je suis.
- Tu as dis que tu étais mort? Demanda en retour le jeune apprenti.
- C'est exact. Tu es mort, ou plutôt tu le seras. Tu sais comment nous sommes, ça avait de grande chance d'arriver. Nous sommes un grand sorcier, je suis sûr que tu le pense déjà. Mais nous sommes aller trop loin, trop haut. Et nous sommes mort pour cela. Mais toi tu peux encore être sauvé. Renoncer. Ou encore mieux, mourir ici. Le monde ne s'en portera que mieux. Une petite chute en bas de la cascade et tout serais fini.
- C'est faux! Le pommeau de la lance retomba au sol et Ageman s'en servit pour soutenir son corps meurtri. Il tenait à peine debout. Renoncer est quelque chose que je ne me conseillerai jamais! Tu le saurais si tu étais vraiment ce que tu prétends!
- Je connais infiniment plus de choses que toi. J'ai vécu infiniment plus de choses que toi et j'en ai payé le prix. Je te le répète, tu échoueras comme je l'ai fais. Tu t'élèveras au dessus de tes semblables mais ce ne sera qu'éphémère. Tu n'atteindras jamais ton but. Ta chute sera à l'image de ton ambition, spectaculaire. Pourquoi ne pas changer pour le salut?
L'idée d'échouer à ce point sur la destiné qu'il se traçait lui-même glaça l'échine du sorcier.
- Je ne te ... crois pas. Souffla-t-il. Il arrivait à peine à parler à présent. Son corps était touché, mais son esprit également. Le premier le trahit une nouvelle fois aujourd'hui tandis que le second fourni un dernier effort. Menson... Et tout fut noir à nouveau.
- Alors c'est ce que tu choisis? Le déni comme ultime défense? Quelle piètre façon de vaincre. L'excuse du faible. Mais je comprends. Je n'ai pas fais mie...
A son tour, la voix de l'alter ego choisit pour transmettre la seconde épreuve s'évanouit dans l'air. Avait-il réellement existé? Quoiqu'il en soit, Ageman se réveilla plus tard, la tête à moitié dans le sable et sans souvenirs de ce qu'il c'était passé une fois le sommet de la cascade atteinte.

1802 mots:
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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
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◈ Activité : Horticultrice
Latone
Lun 22 Déc 2014, 00:14

C'est… haut. Léto ne se serait jamais vue escalader une cascade pareille pour le plaisir. Ce n'était pas totalement le cas en fait, mais elle était tout de même là, à faire face à l'ennemi le plus imposant qu'elle n'ait jamais affronté. Pas de magie, pas d'arme, rien. Juste ses muscles, juste son esprit. Néanmoins, même elle en était consciente : elle était forte, mais peut-être pas assez pour réussir cette épreuve. Non pas qu'elle complexait de nouveau sur sa crise des genres, mais elle le savait bien que ce n'était pas un travail intensif en tant que bûcheronne et quelques cours d'arts martiaux qui feront d'elle une vraie battante. Elle en avait rencontré des gens "forts" et elle se sentait si éloignée d'eux… Au final, cette épreuve, ce serait son ascension vers leur voie : le courage, la détermination, l'estime de soi ; en gros, la voie de la force. Et Léto faisait partie de ceux qui ne reculeraient devant rien pour accomplir cette tâche, qu'importent les difficultés, qu'importent les blessures. Prouver sa force devant, littéralement, tout le monde, voilà pourquoi elle se promettait de ne pas abandonner.

Une bonne inspiration et elle était partie. La blonde marcha dans l'eau, en direction de la cascade. Rien que de se rapprocher de celle-ci était épuisant, les ondes houleuses tentant péniblement, mais tout de même vainement, de la repousser. Un petit avant-goût de ce qui l'attendait, sans doute. Quand elle fut face à la paroi rocheuse partiellement masquée par les chutes, elle dut plisser fortement des yeux pour ne pas s'en prendre plein les orbites. L'eau n'était clairement pas son élément de prédilection ; grimper des arbres ou des montagnes lui aurait pleinement convenu, mais qui était-elle pour s'en plaindre ? Personne, elle n'était personne tant qu'elle ne sera pas arrivée tout en haut et qu'elle n'aura pas affronté sa plus grande peur.

Sa main, ferme et solide, alla se plaquer contre une première prise. Cette dernière était si glissante que Léto doutait pouvoir en faire quoique ce soit. Ses yeux vairons cherchèrent une prise plus propice à l'escalade : aucune ne vint à son aide. En plus de ne pas être commodes, les roches accessibles étaient rares. Je peux le faire. Cette unique phrase lui permit de passer outre ces simples détails qui lui encombraient la vie durant cette Coupe. Pas question de céder au sadisme des organisateurs. N'avait-elle pas vécu pire comme situation ? L'Orisha comptait bien leur montrer que c'était le cas.

Elle empoigna fortement la prise et prit un petit élan pour atteindre une autre plus en hauteur. Sa grande taille était au moins un avantage, même si son poids contrebalançait en échange. C'était un début, les premiers pas étaient les plus importants. Maintenant que l'Orisha se retrouvait complètement plaquée contre la paroi et que l'eau ne cessait de l'attaquer, elle comprit qu'elle ne pouvait guère traîner. Une envie d'en finir rapidement lui monta à la tête et elle accéléra donc progressivement la cadence. La montée fut effectivement vertigineuse, mais elle déchanta vite : son pied glissant maladroitement dans le vide et le reste de son corps finit par suivre. L'eau l'accueillit en bas, à l'image d'un mari macho en rentrant à la maison : froid et implacable. Le choc fut intense et remonter à la surface plus difficile qu'elle ne le croyait. Trempée jusqu'aux os, le visage complètement barbouillée par ses encres, la jeune femme reprit progressivement sa respiration, mais l'engourdissement la fit trembler comme une feuille. Rester ainsi la fit paraître faible aux yeux du monde. Un coup de fouet et Léto revint à la charge.

La blonde s'était trop empressée la première fois, elle ne pouvait se permettre de refaire la même erreur. Elle avait beau être impatiente, il fallait qu'elle fasse avec. Léto se convainquit que c'était la bonne décision et donc retenta l'ascension. Tout d'abord c'était sa prudence qui la ralentissait, mais par la suite elle comprit que son corps peinait à suivre. La chute de tout à l'heure avait déjà bien entamé ses vertèbres, le froid et l'humidité finirent le reste. A force, Léto avait l'impression que ses bras et ses jambes ne pouvaient plus la supporter, sauf qu'elle ne les sentait même plus. Il lui était donc difficile de savoir si son corps pouvait continuer ou pas, même si elle demeurait convaincue qu'elle était proche de ses limites. Néanmoins, ce n'était pas une preuve d'échec en soi, du moins pas tout de suite. Car au bout d'un moment, elle entendit les "plouf" des autres participants. Une succession d'échecs qui opéra une mélodie par-delà ses tympans. Instinctivement, Léto se nourrit de leur défaite, de leur douleur : elle était encore perchée et eux tombaient comme des mouches. Elle ignorait si ces chutes étaient réelles ou si c'était son imagination ; au final, cela n'avait pas d'importance : elle en tira une satisfaction qui vivifia ses nerfs, ses muscles, chaque fibre de son corps.

Elle leva le bras et attrapa une nouvelle prise. L'eau frappait de plus en plus fort à mesure qu'elle montait. Frappez-la avec plus d'intensité, elle en ressortira plus forte. Elle se savait être encore en haut et cela la stimulait. Elle poussa sur son pied et le déposa sur une autre prise. Son ascension démarrait de plus belle. Elle se contrefichait du froid et continua. Lentement, sûrement, ce devaient être les plus longues minutes de sa vie – et aussi celles des juges – mais au moins, elle montait avec ses propres moyens, qu'ils soient mieux ou moins développés qu'autrui. L'Orisha sentit alors que sa main ne trouva rien au-dessus, elle se contenta de s'écraser sur une surface plane. Ce fut la première victoire.

Avec le peu d'entrain qu'il lui restait, Léto poussa sur ses bras pour relever le reste de son corps en dehors de la cascade. Elle roula un peu en tonneau, toussota pour évacuer les quelques gouttes envahissantes et profita du petit répit qui lui était alloué. Et alors qu'elle peinait à croire qu'elle avait escaladé tout ça, elle ne se rappela même pas que le plus dur était à venir.

" Debout, femmelette ! "

On la tira violemment, l'obligeant à se remettre sur ses pieds, et on la bouscula devant ce qui semblait être un billot. Les cliquetis soudain lui firent prendre conscience qu'elle avait les avant-bras et les chevilles entravés. Une fatigue encore plus prononcée s'empara d'elle, comme si elle avait grimpé cette cascade cinq fois de suite. Mais le pire, c'était qu'elle ne comprenait pas ce qu'il se passait et qu'elle savait ce qu'elle devait faire, les deux à la fois ! Ce qu'il se passait : elle était l'esclave d'un homme baraqué dont elle ne parvenait même pas à voir le visage vu comment son environnement, ou sa vision, était flou. Il y avait des morts autour d'elle, tous la tête décapitée. Et d'autres esclaves pleuraient autour, bruyamment ; ils étaient liés entre eux, elle incluse, par une très longue chaîne aux chevilles. Quant à ce qu'elle devait faire, c'était l'évidence même : couper du bois, sans chercher à comprendre.

On le lui intima de toute façon : le même bourreau qui l'avait traîné ici lui plaqua sans douceur une hache dans les mains. Il tint fermement la chaîne qui bridait ses poignets, ce qui ne l'aida pas à manier la hache comme il faut. Pourtant, elle allait devoir s'en contenter, car elle était l'esclave et lui le maître, elle lui devait obéissance. L'homme déposa un premier rondin sur le billot et elle coupa net, outrepassant sa fatigue. Les pleurs redoublèrent, elle ne parvint pas à tourner son regard vers eux : elle devait couper. Deuxième rondin, deuxième coupe. Il commençait à lui être difficile de lever la hache en l'air. Le pire demeurant les esclaves qui commencèrent à la supplier d'arrêter, que ce qu'elle faisait était mal, et autres. La blonde n'arrivait pas à comprendre et ne pouvait guère se concentrer. Troisième rondin, troisième coupe. Cette fois, les plaintes étaient si assourdissantes que Léto se demandait pourquoi le maître ne s'en plaignait pas.

" Pourquoi… ? Je… je dois couper… " Répondit-elle toutefois sans quitter des yeux le billot.

Quatrième rondin, elle leva la hache et sentit ses mains la lâcher. Le maître la frappa, elle ne tomba néanmoins pas, non sans excuses. Elle ramassa son outil en continuant de se morfondre et coupa. Cette fois-ci, c'était elle qui pleurait. Le brouhaha des esclaves s'était arrêté, même s'ils continuaient de chouiner doucement. Ce silence retint sa curiosité et elle lut sur leur visage une sorte de résignation, comme s'ils acceptaient sa décision, leur échec à la convaincre. Ce spectacle la troubla, encore plus ses propres larmes : est-ce que leur tristesse s'était répercutée sur elle ? Ou venait-elle de comprendre inconsciemment quelque chose qui ne lui sautait pas encore aux yeux ?

Le maître s'énerva, c'était mauvais signe. Léto se remit au travail, face au billot. Au fur et à mesure qu'elle levait tant bien que mal sa hache, les battements de son cœur s'intensifièrent. Et avant qu'elle daigne l'abattre sur le pauvre rondin, elle sentit des gouttes lui tomber sur la tête. Un liquide coula le long de son front, puis de sa joue. Il était pourpre, c'était du sang. Elle ramena la lame de la hache dans son champ de vision et découvrit son fil gorgé de sang. Et c'est lorsqu'elle regarda de nouveau le billot qu'elle se rendit compte que ce n'était pas des rondins qu'elle coupait depuis le début, mais des têtes : l'esclave, à genoux, gardait la tête plaqué sur le billot, attendant qu'elle abatte le courroux du maître sur lui. Et ce regard que lui lançait le condamné lui rappela son épreuve. La déception. C'était décevoir, sa plus grande peur ; la peur de ne pas être assez forte pour affronter ses démons et satisfaire ses pairs.

La blonde se mit à chialer de plus belle, tirailler entre la rancune de son camarade et la rage de son maître qui lui rétorquait de continuer. Qui satisfaire et qui décevoir ? Elle en trembla longuement de ce combat intérieur, mais il finit par payer, car après tout elle était orisha. Elle bouscula le maître qui disparut, avec les chaînes entravant ses avant-bras, dans un écran de fumée. Puis elle empoigna sa hache et l'abattit des dizaines de fois sur la chaîne la liant aux autres esclaves. Lorsque le fer finit par céder sous la puissance de sa ténacité, ce fut au tour des esclaves et de leurs chaînes de se dissiper. Léto était de nouveau libre, dominant les cascades cristallines. Ce n'était plus le sang de ses illusions qui teintait l'eau de rouge, mais le sien.


1751 mots ~



By Jil ♪
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Lun 29 Déc 2014, 02:33

Coupe des nations, épreuve de force

L’eau s’écoule en torrent et soulève comme de la brume. Ça fait du bruit, c’est assourdissant. Les cascades sont si hautes, vues d’en bas… un peu comme si le ciel s’y déversait. Du bleu, de l’air et des nuages en trombe, qui fracassent et tonnent. Je ne sais pas. Je dois me hisser jusqu’en haut : ça parait impossible.
J’approche tout de même. Des épreuves, j’en ais vécu quelques unes. Des pires, c’est certain. Et pour l’heure, la seule chose dont je doute, c’est de ma capacité à atteindre le sommet. Braver un mur d’eau, escalader les cascades à contre courant, ça semble juste fou. J’ai de bons bras, mais pas à ce point… Le reste… je n’y pense pas. Pas encore.

Je regarde autour de moi. Toutes les races s’affrontent ici, mais j’ai quand même l’impression d’être seul. C’est étrange. J’abaisse mon regard. Mes jambes sont à moitié immergées, mes vêtements déjà trempés. J’ai froid. Soupir : c’est le moment d’y aller. Je fais disparaitre mes ailes et approche de la paroi rocheuse. Ma main passe à travers l’eau, je touche le mur, en cherche les prise. Tout est couvert d’une algue poisseuse : ça glisse. Sans compter la force du courant qui me laboure déjà le bras. Je lève les yeux vers le sommet, le sommet tellement haut et tellement loin, sans arriver à croire que je l’attendrais. Mais la question n’est pas là au fond.  Il faut y aller, c’est tout.
J’attrape une prise et une autre. Escalader n’a jamais été mon truc… enfin, comme tous les ailés, je suppose. Je tâtonne, sans trop savoir si je m’y prends bien. On verra. J’ai assez de force dans les bras pour me tracter, alors j’essaie. Mon corps se hisse un peu et puis retombe. Toute cette eau qui m’écrase : c’est proprement impossible. Je tousse, essuie le liquide qui coule de mes cheveux, sur mon visage, partout. Je tremble un peu et j’ai le poil qui se hérisse. Ce n’est pas très agréable... Cela dit, je ne m’attendais pas à une partie de plaisir. Je recommence alors, plus déterminé.
Une prise, une autre, une troisième et je tombe. L’eau me glace les os. Je me crispe si fort que mes muscles en souffrent. Je sens mes doigts se raidir et mes sens se diluer dans le froid qui me parcourt, s’immisce partout en amenuisant mes chances de succès. Souffle court, je cherche, tente de réfléchir. Non : ça ne sert à rien. Tout cela n’est qu’une question de force, c’est tout.
Déglutissant en un grognement sourd, je retourne à l’assaut de la paroi, animé par une détermination nouvelle, qui fait comme une sorte de chaleur dans mon ventre. Quelque chose qui me donne envie d’y arriver. C’est un peu idiot, mais ça me pousse. J’y vais sans réfléchir. Prise après prise, j’oublis l’objectif. Avancer un peu, ficher mes doigts dans les excavations glissantes, tirer, placer mes pieds et lutter contre le courant. Submergé, sans arrêt… je suffoque presque. Mais cela fait un moment que je ne sens presque plus rien. C’est curieux. Ça m’évoque le vent des hauteurs… le vieux phare : cette fois où j’ai jeté mes yeux très haut, avec une orisha dans les bras. Et le vent si fort, comme le courant de la cascade… ce n’était pas tellement différent et on s’en est tiré. On s’en est tiré plutôt heureux, je crois.

J’attrape une pierre à deux mains en craignant qu’elle ne roule. Non, la prise est bonne : je me hisse. Le sol est plat, alors je me laisse tomber la tête dans l’eau. Le sol est plat : je suis arrivé en haut.

Il y a comme une décharge qui m’envahi et je n’arrive plus à respirer. La sensation est indescriptible. J’ai l’impression que ma tête va exploser. C’est à peine si mes bras me portent encore. Mes muscles crient. Ils brulent et pourtant, j’ai froid. Je ne m’en remets pas.

A genoux, j’ai de l’eau jusqu’à la poitrine. Le courant veut m’entrainer vers l’arrière : ma posture lui résiste sans effort. Je dégouline, esquisse un sourire. Ma peau doit être toute bleue : en tout cas, mes doigts le sont. Je remarque les dégâts sur mes mains. Des écorchures, un ongle fendu et mes vêtements… peu importe. J’y suis arrivé. Le sommet : je lève les yeux. Stupeur.
Au milieu des roches à fleur d’eau, elle se tient. Une longue silhouette drapée de soie bleue, dont les voiles suivent et colorent le cours. Elle ne bouge pas, son visage est masqué d’une draperie azur, mais je vois ses yeux. Des yeux célestes. Des yeux qui cachent le monde, qui rient et pleurent en même temps, tellement beaux qu’on pourrait en mourir. C’est elle : Vénus Aelia. Mes lèvres prononcent son nom en silence, comme se porte à mon collier ma main. Elle ne bouge pas… il me semble. Je ne sais pas. La regarder, c’est comme regarder un rêve. Tout devient flou, incertain, tout s’oubli, perd sa substance, affranchi des sens. J’oubli l’eau, le froid. J’oubli tout. Elle approche, tandis que sa blanche main dégrafe le voile de son visage. M’apparaissent ses traits courbés, sa bouche au sourire énigmatique. Beauté éthérée, tellement fascinante : je n’ai jamais su qui tu étais.

~ Coupe des Nations : Épreuve de force ~ 368910coupedesnations

La femme bleue approche de l’ange, du pas lent qui la caractérise. Ce regard qu’elle a semble empli d’une tristesse infinie. Plein de choses d’un autre temps, d’un autre espace. Peut être.
Lorsqu’elle s’arrête enfin face à lui, elle sourit. Belle et enveloppante, comme au premier jour. Il se rappelle alors de leurs rêves partagés, de la tiédeur de ses doigts, du gout de sa bouche et de l’éclat pur de son rire, tandis qu’il la portait vers les étoiles. Elle s’en souvient aussi, mais ne le dit pas. Car entendre et faire parler le silence est son don.
Alors, sans un bruit, elle élève ses blanches mains vers le visage de l’ange, encore ruisselant de perles froides. Lui, cueille ses hanches d’un geste mal assuré : ses membres sont encore engourdis de froid. Et à l’instant où sa peau couvre ses joues, à l’instant où se fondent l’un dans l’autre leurs regards, il se fige. S’égrainent les secondes : un, deux, trois… Son corps se raidit, comme paralysé. Il ne bouge plus, pas même ne tressaille, la respiration morte. Elle, abaisse au dessus de lui son front. Comme un aigle fondant sur sa proie : elle le menace sans un mot, de ses prunelles brillantes d’un éclat rouge. Le feu, la chose qui dévore… il est tétanisé de peur. Cela se voit. S’égrainent les secondes…

Et puis soudain, tout se rompt. Elle l’abandonne, il se défait d’elle. L’illusion est brisée.

Lucain respire en saccade. Brulant, comme après un long effort, son corps en feu. Il fouille, d’un œil affolé, l’espace alentour. L’eau glacée même ne parvient pas à l’extirper à ce qui l’étreint. Le temps s’étire. Il se calme peu à peu, face à Vénus Aelia, spectatrice impassible de cette scène étrange. Son beau visage n’est froissé d’aucun pli. Alors, elle penche doucement la tête, tandis que s’étrécissent ses paupières. Et ses doigts glissent entre les mèches blondes qui lui collent au visage. Il ouvre la bouche, comme pour parler. Elle l’en dissuade, d’un index posé sur les lèvres.
« Un jour, mais pas encore.
Sa main trace une ligne jusqu’au collier qu’il porte. Elle l’effleure d’une caresse, sans que ne dévie, des yeux de l’ange, son regard. Et l’eau l’emporte. Le rêve se dissipe avec elle, les songes s’en vont. L’eau s’écoule. Il ne reste plus rien. Plus rien que lui, l’élu des cieux et la charge de ces images secrètes, figure d’un destin qu’il tentera de combattre, toujours. Toujours, en vain.
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Mar 30 Déc 2014, 16:20




La brise humide qui soufflait sur les cascades cristallines avait aujourd’hui une odeur de défi, de bataille. Ce n’était pas la première fois qu’Abel se retrouvait devant ces grandes chutes d’eau, mais l’effet qu’elles avaient sur lui était à chaque fois le même. Elles lui inspiraient la grandeur, la majesté et la toute-puissance d’une nature contre laquelle il était vain de lutter. L’on pouvait se dresser face aux gerbes d’eau semblant tomber du ciel autant qu’on le voudrait, les flots n’en diminueraient pas pour autant, ignorant les manœuvres dérisoires des mortels assez sots pour tenter de s’y opposer. Mais aujourd’hui, c’était précisément ce que le bélua allait devoir faire. Il se devait de représenter la nation bélua, et c’était sur cette épreuve qu’il allait devoir faire ses preuves. La gloire et la renommée lui importaient peu, mais l’honneur de son peuple valait bien qu’il jette toutes ses forces dans ce combat qui s’annonçait. Il savait que des gens l’observaient, à Avalon, qu’ils allaient épier chacun de ses gestes pour voir de quoi étaient faits les siens. Et il allait le leur montrer.
L’enfant de Phoebe s’avança vers la paroi rocheuse, tâchant de ne pas se laisser impressionner par le grondement tumultueux des torrents qui tombait tout autour de lui. Alors qu’il s’était seulement approché du rempart de pierre, il se retrouva trempé d’une eau glaciale qui annonça rien qu’à elle la difficulté de la tâche qu’il allait devoir surmonter. Otant son chemisier et ses pantalons devenus mouillés et encombrants, le bélua laissa apparaître au grand jour son torse nu et sa carrure bestiale. Sa peau était parsemée de zones sombres rugueuses, héritées de son apparence animale, et zébrée d’un nombre impressionnants de cicatrices, griffures et autres stigmates des luttes qu’il avait menée sous sa forme féline. Abel était loin d’être le plus impressionnant des hommes, mais il n’en restait pas moins robuste, la nature de son totem transcendant son apparence humaine en développant son corps au-delà de ce que la plupart des humanoïdes pouvaient atteindre. Et aujourd’hui, tout monstre qu’il pouvait être aux yeux de certains de ceux qui l’observaient, il allait leur montrer de quoi il était capable, de quoi étaient capables les béluas.

La roche était glissante sous les pieds d’Abel. L’eau avait taillé la pierre aussi habilement que l’aurait fait un sculpteur, et les formes arrondies qu’arborait le sol n’allait pas faciliter ses appuis. L’enfant de Phoebe leva les yeux une dernière fois vers le sommet des cascades, priant la lune de lui donner la force d’atteindre ce sommet qui lui paraissait si haut, et il retint sa respiration. Plongeant dans les flots qui vinrent peser sur ses épaules comme s’il supportait le monde entier, Abel, aveuglé par l’eau qui inondait son visage, attrapa la première pierre qui tomba sous sa main et, sans se risquer à marquer une pause, il se hissa à la force de ses bras vers une seconde prise qu’il ne tarda pas à trouver. Ses muscles crispés par l’effort ne tardèrent pas à devenir douloureux alors qu’il cherchait à maintenir son corps contre les flots intarissables de la cascade, et quelques prises plus haut, il commit une erreur qui ne pardonna pas. Sa main dérapa sur une pierre glissante et, tentant de se rattraper comme il put, il s’écarta du mur de roches, recevant de plein fouets les trombes qui se déversaient d’en haut. Ne comprenant pas bien ce qui lui arrivait, le bélua heurta quelque chose de dur et tranchant, et sentit de l’eau entrer dans ses poumons. Il émergea tant bien que mal un peu plus loin en toussant, et nageant d’une seule main, il put regagner la berge en se tenant l'épaule. Une éraflure, heureusement peu profonde, traversait son bras et un petit filet de sang coulait sur le sol alors que le bélua se dirigeait à nouveau vers la roche. Il n’était pas question d’abandonner tant qu’il aurait la force de grimper.

Tout comme les habitants d’Avalon, Abel savait que sa déesse avait les yeux posés sur lui. Il ne pouvait pas la décevoir, ou il s’en voudrait toute sa vie. Prenant son courage à deux mains et ignorant la douleur de sa blessure, il plongea à nouveau sous les eaux de la cascade tâchant de prendre le temps s’assurer ses prises à chaque mouvement. Petit à petit, il remonta le long de la paroi rocheuse.
L’ascension parut durer des heures, et si la première moitié lui sembla cette fois-ci plus simple, il ne put pas en dire autant de la suivante. Ses muscles engourdis par le froid et l’effort le faisaient trembler, et il avait à peine la force de rester en place face à la colère des flots. Il était épuisé, et chaque mouvement puisait un peu plus dans ses forces amoindries. Le bélua avait une pensée pour Phoebe à chaque fois qu’une de ses mains se détachait de la roche, tentant de trouver un second souffle au plus profond de son être. Dans les derniers mètres de l’ascension, il manqua de lâcher prise alors qu’il émergeait au sommet de la cascade et, retenant sa respiration, il se cramponna pour tenter de remonter le courant, s’éloignant assez pour qu’il puisse nager jusqu’à la berge.

Complètement exténué, le corps du bélua roula sur le bord de l’eau, tentant de reprendre sa respiration. Il venait sans doute d’effectuer l’effort le plus violent de sa vie, mais autant ses muscles endoloris et ses mains coupées le faisaient souffrir, autant il était heureux et fier d’être parvenu jusque-là. Tant qu’il en oublia presque la deuxième partie de l’épreuve, qu’un crépitement soudain vint lui rappeler bien vite. Abel se redressa et l’adrénaline lui fit oublier bien vite tout le reste lorsqu’il vit qu’il était entouré de flammes. Partout où il regardait, des langues de feu venaient lécher les arbres et les buissons, et une sensation étouffante envahi le corps du bélua. Ce n’était pas la première fois qu’il était confronté à ce sentiment. Abel n’avait pas peur du feu, il savait que tant qu’il restait à bonne distance, il ne risquait absolument rien. Mais la sensation de panique qui menaçait de lui faire perdre le contrôle ne venait pas de lui. Son corps s’assombrit peu à peu et ses griffes s’allongèrent avant qu’il ne parvienne à stopper la métamorphose. Un crépitement projeta une gerbe d’étincelles vers lui et le bélua se jeta au sol dans un mouvement qui n’avait rien d’humain. Il était face à une des peurs ancestrales de son totem. Toute créature noble et puissante qu’il pouvait être, il était conditionné à fuir le feu comme le pire des démons. Abel ferma les yeux, déployant des trésors de contrôle pour ne pas céder aux hurlements de son totem. L’animal en lui semblait déchaîné, comme s’il lui criait de fuir, de se jeter du haut de la cascade pour échapper aux flammes. Le bélua recula, s’approchant de plus en plus des parois rocheuses, mais il ne voulait pas céder après avoir déployé autant d’efforts pour se hisser jusqu’ici.

En regardant par-dessus son épaule, Abel aperçut le vide, et tout en bas, les eaux déchaînées qui venaient finir leur course contre la pierre. S’il sautait de cette hauteur, il avait peu de chance de s’en sortir. Devant lui, le bélua observa longuement le brasier qui approchait. Ce foyer avait quelque chose de surnaturel. Quelque chose n’allait pas. Il ne l’avait pas vu en gagnant la berge. Il ne l’avait pas entendu avant qu’il ne l’encercle. Ce feu…
Le bélua se redressa, et un grondement s’échappa de sa gueule. Son bras s’avança et il aperçut avec stupeur qu’il s’agissait d’une patte au pelage noir. Sans s’en rendre compte, il venait de revêtir son apparence animale, et son totem l’entrainait vers les flammes. Les rôles étaient inversés, et tandis que son corps massif s’élançait vers l’avant, le bélua chercha à freiner le mouvement autant qu’il put, mais en vain. La panthère à plaques sembla bondir à travers les flammes dans un geste désespéré, comme si elle espérait traverser le brasier et en ressortir indemne, mais alors que l’animal cru sa dernière heure arrivée, les flammes disparurent soudainement, et le corps lourd d’Abel s’effondra sur ses pattes, abasourdi par ce qui venait de se passer. Se relevant et tournant sur lui-même, le bélua grogna de manière sourde, observant les alentours comme s’il s’attendait à voir resurgir le feu. Mais il n’en fut rien. Il fallut un certain temps à Abel pour comprendre qu’il en avait terminé avec cette épreuve. Avait-il réussi ? Rien n’était moins sûr, mais quelle que puisse être l’issue de cette compétition, il savait que sa déesse serait fière de lui. Il n’avait pas failli, et tant que Phoebe serait à ses côtés, il savait qu'il ne faillirait jamais.


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Sam 10 Jan 2015, 09:08

Une main posée sur mon ventre, je réprime un grognement de douleur tandis que les organisateurs du machin nous expliquent à quel point il va falloir qu'on risque nos vies pour les impressionner. Une chute d'eau à escalader... Super. Exactement ce dont j'ai besoin pour m'assurer une fin de grossesse paisible – ceci dit, je ne peux m'en prendre qu'à moi. A ce stade, je ne sais pas trop si ma présence ici relève plus du défi, de la stupidité pure et simple ou de la tentative d'avortement tardif... Les yeux rivés sur les trombes d'eaux qui s'écrasent bruyamment au bas des chutes, je soupire. Ça fait un moment que le bébé me latte le bide, presque en continu ; est-ce qu'il sent que je m'apprête à peut-être le buter de manière indirecte ? Non, probablement pas. Il n'est rien de plus qu'un bout de viande sans conscience, pour l'instant... S'il meurt à cause de mes conneries, ça ne sera même pas un crime. Pas vraiment. m*rde, je crois que j'ai besoin de me déculpabiliser.

Traînant intérieurement des pieds – j'aurais du mal à le faire en vrai sans se vautrer dans la flotte - je m'avance vers la cascade lorsque le départ est donné. Même en restant à deux pas de distance, c'est insupportable : l'eau bouillonne, éclabousse les alentours de gouttes glacées grosses comme des hamsters, trempe mes vêtements et ma peau alors je n'ai même pas entamé l'escalade. Et il y a le bruit... Pas le genre auquel on s'habitue, à moins d'y être exposé assez longtemps pour devenir sourd – ou fou. Mais me lamenter ne m'avancera à rien : puisqu'il faut que je me mouille, autant me jeter à l'eau tout de suite – vous noterez que la perspective d'avoir à affronter une mort violente n'altère en rien mon humour dévastateur.

Alors j'inspire à fond, je fais trois pas en avant, et je me prends sans broncher l'équivalent du contenu du lac de la transparence sur la gueule. À tâtons, je me mets en quête d'une prise d'allure fiable. Autant chercher un ange dans un bordel : ici tout glisse, tout est couvert de ce végétal gluant qui semble à mi-chemin entre l'algue et la mousse. Il faudra bien que je m'en accommode, pourtant... Mes mains agrippées à ce que j'ai trouvé de plus stable, je hisse une première fois mon corps alourdi.

Quelques centimètres. C'est ce que je gagne, chaque fois que je tends chacun de mes muscles pour m'élever un peu plus. C'est peu, mais c'est déjà quelque chose, alors je continue. Je grimpe. Je m'acharne. Je dérape, manque de lâcher prise, me rattrape de justesse – au prix d'un de mes ongles, arraché au cours du combat mené contre la paroi pour y rester accrochée. Machinalement, j'ouvre la bouche pour hurler une insanité quelconque ; et j'ai à peine le temps de me rendre compte de mon erreur que je me retrouve à moitié noyée, le juron que j'avais prévu de beugler se transformant en un genre de 'glgblblglblllrlrlgl' – raffiné, je sais. Malgré tout, par je ne sais quel miracle désespéré de l'instinct de survie, mes mains restent cramponnées à la roche : lorsque je parviens à me reprendre, je suis toujours suspendue à une quinzaine de mètres au-dessus du sol. Mes muscles me crient de faire vite.

Alors j'avance, centimètre par centimètre. Je manque de tomber des tas de fois, je m'arrache la peau des mains, je me tords les chevilles et les poignets ; mais chaque fois je repars, mes larmes se mêlant aux eaux de la cascade tandis que j'insulte mentalement les génitrices de tous les Aetheri que je connais. Je ne sais pas depuis combien de temps j'escalade... J'ai l'impression que ça fait des heures. Chaque parcelle de mon corps me fait souffrir, y compris celles que je pensais dénuées de terminaisons nerveuses. J'ai l'impression de n'être plus qu'une énorme masse de chair endolorie.

Et finalement, alors que j'étends ma main pour la refermer sur une énième prise glissante, je rencontre le vide. A peine plus bas que mon poignet, à peine plus haut que le sommet de mon crâne, c'est une surface horizontale qui s'étend : le sommet de la cascade. Mes doigts, fébriles, se referment sur un relief ; je m'y accroche comme si ma vie en dépendait – en fait, c'est sans doute le cas – et j'ordonne à mes muscles de lutter une dernière fois contre le courant qui précipite sur moi ses eaux grondantes. Un ultime effort, et je me retrouve à plat ventre, vautrée dans une eau qui me semble bien calme après ce que je viens de vivre. Je me redresse, vacillante, abasourdie par ma propre réussite. Je laisse s’égrener quelques secondes. Puis je me mets à brailler, juste histoire de me prouver que je suis bien vivante.

- AH, AH ! TU VAS FAIRE QUOIIIiiiii... Oh. Salut.


Je ne me réponds pas. Oui, je. Parce qu'en face de moi, il y a moi. Enfin, un autre moi, vous voyez. Le délire. Ceci dit, en dehors du fait que j'ai l'impression de me retrouver au milieu d'un trip sous acide, c'est pas vraiment dingue comme épreuve. Parce que finalement, vue de l'extérieur, je suis pas trop effrayante. Mais je m'abstiens d'en faire la remarque, histoire de ne pas me vexer – vous me comprenez.

Avant que je n'aie le temps de m'interroger sur le sens de cette vision, le décor change. Plus de cascades, plus de bruit d'eau. Rien que le salon silencieux de cette grande maison bourgeoise qui m'est plus que familière. Ma maison. Celle de mon enfance. Je serais pas contre faire un tour ; mais le fait est que je ne peux pas bouger. Seul mon regard semble autorisé à quelques mouvements, pour suivre les péripéties de la Elisha numéro deux. Elle descend les escaliers qui mènent à la pièce où je me trouve, l'air particulièrement énervée contre le monde entier – c'est la tronche que je dois tirer de manière générale, j'imagine – et s'arrête net en arrivant en bas. Son expression renfrognée laisse place à la stupeur, puis à l'effroi, son regard fixé sur le corps que je découvre en même temps qu'elle. Ma gorge se serre. Cette scène, je l'ai vécue... Et je sais, déjà, que le père de l'Elisha qui se tient devant moi ne se réveillera pas. Elle aura beau hurler, pleurer, user de sa magie blanche encore balbutiante : Adrian est mort, elle n'y peut rien.

Tout s'efface, une nouvelle scène apparaît. Je me vois parmi les ruines d'Earudien, aux côtés d'un élémental perdu que je suis incapable de réconforter. Au milieu de fantômes que je suis incapable de ressusciter, même pour lui. Changement de décor. Conseil des chefs. Elle est assise dans un coin, muette tandis que les grands de ce monde décident de qui paiera pour le fléau que personne n'a pourtant provoqué. Elle ne fait rien pour l'empêcher. Elle sait déjà qu'il n'y a rien à faire. Le conseil s'efface. Sanctuaire. Les gens affluent, blessés, à l'agonie. Mon double court, use de sa magie autant qu'elle le peut ; mais elle aura beau faire, il semblerait qu'on ne puisse pas sauver tout le monde. Les gens qui meurent sous ses doigts, malgré ses soins, je m'en souviens encore. Je me souviens de cette culpabilité qui laboure le cœur.

Le ballet des souvenirs continue. Tout y passe. Tout ce à quoi j'ai assisté ces derniers mois : toute la souffrance, toutes les morts que je n'ai pu empêcher. Ça ne s'arrête pas. Même après qu'Adrian ait disparu une nouvelle fois, sous les yeux horrifiés de l'autre Elisha, ça ne s'arrête pas. De nouvelles scènes apparaissent, des scènes que je n'ai pas vécues, qui pourraient venir de mon futur autant que de mon imagination. Des guerres, des catastrophes, de nouveaux morts. Et elle, de moins en moins combative, de plus en plus résignée face au théâtre macabre de son incapacité à préserver ceux qu'elle aime. C'est douloureux. Douloureux de voir que dans ce futur, qu'il soit réel ou non, je finis par baisser les bras.

« C'est dans ma tête ». Voilà ce que je me répète, de manière quasi-continuelle : « c'est dans ma tête ». Je crois que si je pouvais bouger, je me balancerait d'avant en arrière en poussant de petits gémissements – du coup, c'est peut-être mieux pour ma dignité que je ne puisse pas. Quoique peu importe : je ne suis pas vraiment là. Enfin, si. C'est ceux qui sont là qui ne sont pas vraiment là, en fait. Quelque chose comme ça – c'est un peu confus, et le défilé des tragédies ne m'aide pas à organiser mes pensées. C'est trop. Je voudrais que ça s'arrête.

C'est dans ma tête.

Une scène, tranchant avec l'horreur que véhiculent les autres, m'arrache à ma tentative d'auto-persuasion. Dans sa chambre du Sanctuaire, mon double tient un bébé contre elle ; puisque je n'ai pas l'habitude de jouer les nounous, j'en déduits qu'il s'agit de celui qui pousse actuellement dans mon bide. Elle a presque l'air de bien l'aimer – pourtant, objectivement, il est assez laid. Elle lui murmure des trucs que je n'entends pas, et il y a dans ses yeux une sorte de tendresse que je ne me connais pas. Remarquez, ça veut rien dire : si ça se trouve, elle est en train de l'insulter.

Soudainement des hommes entrent dans la chambre. Ils prennent le bébé, immobilisent l'autre Elisha. Elle crie. Peu importe l'identité, les raisons de ces types ; ils en ont après le gosse. Elle ne peut rien faire, cette fois encore. Mais moi... Moi, je peux. Personne ne m'empêche de quoi que ce soit. C'est dans ma tête. Je ne suis impuissante que tant que je le veux bien. Et je ne veux plus. Je serre les poings, et mes ongles égratignés rentrent dans ma chair. C'est une bonne chose. Si mes doigts peuvent bouger, alors le reste aussi.

Soudainement, je sors de ma torpeur. Je bondis, vers celui qui tient l'enfant, et je le lui arrache des mains avec autant de délicatesse qu'en aurait eu une hyène pour piquer un bout de viande à un tigre. L'espace d'un instant, le regard stupéfait de l'homme croise le mien ; puis, soudainement, tout disparaît. La chambre, mon double, les types, le gamin. De nouveau, la cascade déchaîne ses eaux furieuses en contrebas. Tremblante, je porte une main à mon ventre : le bébé ne me donne plus de coups. Peut-être que c'est sa manière de me remercier d'avoir sauvé son 'lui' futur – ou alors, c'est l'ascension de la cascade qui ne lui a pas réussi... Notez qu'il serait quand même sacrément gonflé de mourir alors que je commence tout juste à accepter son existence.


Spoiler:
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Lun 19 Jan 2015, 15:42

Thalie fixait les dieux d'un œil mort. Elle était ici pour l'épreuve mais pas de son plein grès. Elle n'avait pas fini son deuil, le deuil de ses fleurs, de son jardin, de son univers qui avait péri durant la catastrophe qui s'était déroulée. Ses ailes à présent noires, elle réclamait vengeance lorsqu'elle ne se laissait pas abattre par une tristesse qui semblait sans fin. Elle entendait les exigences mais se demandait à quoi participer pourrait servir. Est-ce que cela changerait quelque chose ? Pourrait-elle obtenir justice ainsi ? La justice existait-elle seulement ? Elle avala un sanglot devant l'épreuve à franchir. Ce tas de cailloux lui paraissait tellement fade en comparaison des jours qui avaient suivi. Gravir une montagne, se taillader les mains, tomber ? Elle avait l'impression de ne plus être en vie alors qu'importe. Une larme coula, chaude et bien amère. Elle n'aurait jamais dû aller défendre les humains, elle n'aurait jamais dû sortir de son jardin. Sa place était auprès des fleurs. Son rôle était de les protéger et elle avait lamentablement échoué.

La petite fée ne voulait plus prendre une apparence humaine, elle avait même du mal à se considérer encore comme membre de son peuple. Elle n'était qu'une incapable. Qui voudrait d'elle à présent hormis Edgar ? Et encore, ce dernier ne pouvait pas comprendre sa douleur. Il ignorait tout du lien qui unissait les fleurs et les fées pour n'en être pas une lui-même. Est-ce que l'edelweiss éternelle la fixait en ce moment, regrettant son choix quant à sa participation ? Cela ne faisait aucun doute.

Thalie ferma les yeux, sentant le vent s'engouffrer dans ses cheveux, comme jugeant ses conduites passées. Elle n'avait pas le droit d'être ici mais pas le droit de partir non plus. Cette affaire était interne à sa race, les autres ne devaient pas savoir. Elle se demandait même si les hauts gradés savaient. Elle ne pouvait pas reculer pour autant. Peut-être était-ce le destin qui l'avait placé ici, pour qu'elle s'abîme les mains, qu'elle subisse sa sentence, meurt en tombant de la falaise.

Elle commença à monter, sa petite taille l'aidant à avoir des prises correctes, montant sur chacune des pierres une à une. Ce serait une épreuve d'endurance car si le parcours était plutôt aisé, il s'avérait être bien plus long que pour les autres candidats. Elle ne faisait même pas la taille d'une main. Des heures furent nécessaires, la silhouette de la fée bifurquant de droite à gauche et de gauche à droite à cause des pierres qui étaient bien trop grosses pour qu'elle puisse les gravir. Ce n'était pas facile mais son esprit était troublé, occupé à autre chose, des pensées qui accaparaient chaque seconde de son existence. Qui avait osé détruire son jardin ? Qui était l'être abominable qu'il lui faudrait détruire ? Elle le trouverait, oh oui, et ce jour là, elle le tuerait sans vergogne.

C'est le cœur lourd, empli de haine que Thalie atteint enfin le sommet. En haut, elle se rendit compte qu'elle était trempée pour la première fois, comme si le vent qui trouvait de nouveau emprise sur son corps se faisait une joie de lui rappeler ô combien elle n'était rien, qu'une fée qui avait échoué. Petite et glacée, elle tremblait de la tête aux pieds. Pourtant, elle acceptait cet état, le trouvait normal. Elle avait déjà songé à pire châtiment pour sa faute. Elle se rappelait parfaitement des fées haineuses qu'elle avait rencontré jadis lors de la célébration du printemps. Ressemblerait-elle à cela à l'avenir ?

« Bien sûr que tu ressembleras à ça. Les fées sans jardin ne sont plus que haine et mépris. Tu voudras tuer, ta soif de vengeance t'aveuglant. Tu feras du tord à ton peuple, aux fleurs des autres jardins. »

La voix venait de s'élever d'une fine silhouette féminine. Les cheveux de l'intéressée étaient d'un noir d'encre, assorti à ses ailes et aux ailes de Thalie. Elle bougea, avançant d'un pas félin mais tout de même inquiétant.

« Je lis en toi. Je ne peux représenter ta plus grande peur car elle s'est produite il y a peu. Mais, à présent, tu es effrayée par le rejet que pourra entraîner ton incompétence. Tu ne devais pas sortir de ton jardin. Peut-être que la faute ne te revient pas entièrement. Ce vampire qui vit près de toi t'a poussé à commettre un péché. ».

La femme rit alors que Thalie se faisait de plus en plus craintive.

« Tu n'es plus une fée, tu n'en as que l'apparence. Tu fais honte à ta race, aux valeurs ancestrales. Tu as bafoué la confiance que te portaient les fleurs de ton jardin. Ais au moins le courage d'aller jusqu'au bout de ta déchéance. Par le passé, les anges avaient les ailes coupées. Ne penses-tu pas que tu mérites d'avoir les tienne arrachées ? Ne penses-tu pas que c'est la seule solution pour te racheter ? Regarde ce que tu leur as fait... »

Une scène apparut alors, les fleurs du jardin de la fée suppliant leur gardienne de revenir, une gardienne absente, partie, à tord, sauver le monde. Le feu brûlait tout sur son passage, consumant pétales et tiges, une silhouette encagoulée riant aux éclats au plus grand damne de la nature qui se mourrait.

« Stop, arrêtez ! »

« Fais ce qui est nécessaire Thalie ! Tu n'es plus digne de tes ailes ! »

« Non ! Laissez-moi ! »

Un sanglot s'échappa du corps frêle de la petite fée.

« Fais le. »

Elle tomba sur le sol, suppliant.

« Assez... »

« Fais le ! »

Un bloc de glace apparut, plus grand que la fée, tranchant. Il ne lui fallut que quelques secondes avant de s'abattre sur la base des ailes de Thalie, les sectionnant dans un cri strident. Le sang gicla, coulant le long du dos de celle qui avait cédé aux ordres d'une illusion. Il fallait de la force pour faire face à ses peurs. La jeune fille n'en possédait pas assez. Elle pensait que c'était ce qui fallait faire, que tout disparaîtrait. Mais, au lieu de cela, la silhouette ricana, l'intensité du rire semblant aller crescendo au fur et à mesure que la vision de Thalie s'amenuisait. Dans un dernier moment de lucidité, elle prit conscience de la réalité, murmurant doucement.

« Tu n'es qu'une illusion... »

Le calme survint, la silhouette disparaissant comme elle était venue. Elle avait vaincu l'illusion mais il était à présent trop tard pour se relever et clamer victoire. Elle s'écroula, tombant dans l'inconscience, ses ailes inertes à ses côtés.

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