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 [QUETE] Le labo de Dinguo ! [PV : Romulus]

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Lun 22 Déc 2014, 18:24

J'étais complètement à la merci de ce vieillard invisible. Il savait sur moi plus que je ne m'y serais attendu. Il avait bel et bien côtoyé ma famille par le passé, c'était une certitude. Et s'il avait des informations sur le "sang-pur" ? Je devais les lui arracher, coûte que coûte. Pour la première fois de ma vie, je devais volontiers l'esclave d'un autre pour obtenir ce que je désirais. Jamais cela n'aurait du arriver et pourtant, le vieux savant fou avait trouvé comment me manipuler… Même lui ne se doutait pas d'à quel point il m'avait soumis !

Il ne s'en doutais pas…

Mon intelligence me rattrapa alors que ma passion tentait de s'éveiller. Il ignorait à quel point son marché m'intéressait. Il ne fallait surtout pas que je le laisse le deviner ! Il me fallait ruser et garder à l'esprit que moins j'allais être obligé de lui obéir, moins je serais en danger. Et la première question que je me posais était : me faisait-il confiance ?

Comme s'il avait lu dans mes pensées, il abattit sur ma tête un bouquin qui trainait par terre avant de s'exclamer :

- Bien sûr que non, jeune frulequet…

Il sembla se rendre compte qu'il n'avait pas prononcé le mot correctement car je l'entendis plus que je ne le vis sortir ce qui devait être un carnet – invisible lui aussi, à croire qu'il avait été complètement recouvert de la potion qui l'avait rendu invisible ! Ah moins que ce ne fut un sort…

- Fleruquet… ? Non, c'est pas ça… Freluquet ! Voilà !

Je sentis son regard retourner vers mon visage. Je pensais encore qu'il allait m'annoncer qu'il ne me faisait pas confiance avant qu'il ne s'exclame :

- Je ne mange jamais de nouilles au petit déjeuner ! Quelle est cette drôle d'idée !

Il fit quelques pas en arrière et je devinais qu'il s'était détourné pour une raison quelconque. Je soupirais discrètement. Ce vieil homme insipide avait vu que je réfléchissait et il s'était joué de moi en s'exclamant une réponse hasardeuse à mes pensées. En réalité, il ignorait totalement à quoi je pouvais penser…

Soudain j'entendis ses chaussures grincer sur le sol de pierre et, à défaut de le voir, l'imaginait faire volte-face vers moi. Si j'avais un semblant d'humour en moi, j'aurai ris de la situation grotesque lorsqu'il s'exclama très sérieux :

- Il faut que tu saches cependant, nabot, que je ne te fais pas le moins du monde confiance. C'est pourquoi, si tu acceptes mon offre, il te faudra te soumettre à mes conditions…

Il laissa un temps durant lequel il sembla s'approcher, de ce que j'arrivais à comprendre en écoutant les bruits résultant de ses mouvements, de sa table d'alchimie. Finalement, à la question que je me posai intérieurement sans prendre la peine de l'exposer à haute voix, il répondit :

- Tu pourrais faire semblant d'être intriguer tout de même ! Rhoooo ! Bon enfin ! Tu les connais, ces conditions, ce sont celles que tout Sorciers prend en mesure de sécurité lors d'un pacte…

Oh oui. J'avais moi-même imaginé cette méthode qui consistait à mettre la vie de l'autre en danger et à se transformer en la clé de la survie de cet autre pour sécuriser un pacte… Et aujourd'hui, j'allais être la victime…

- Dites-moi tout… lui lançai-je avec un air exaspéré étouffé du mieux que je pouvais. De quoi s'agit-il ?

Je ne le voyais pas plus qu'avant mais j'avais la désagréable impression qu'il souriait d'un de ces sourires de fou qu'il devait avoir l'habitude de présenter du temps où on pouvait encore le voir…

- À vrai dire… Je me suis toujours demandé ce que pouvaient faire les quelques potions que j'avais préparées dans ce coin, là…

Pour que je puisse visualiser l'endroit dont il parlait, il donna une légère pichenette dans l'un des cinq flacons qui trônaient sur une étagère au dessus de la table d'alchimie. J'eus une boule au ventre. Si ce fou furieux créait toujours ses mixtures avec la même insouciance qu'il l'avait fait devant mes yeux quelques secondes auparavant, les boire reviendrait à un suicide pur et simple…

Semblant de nouveau lire dans mes pensées, il s'exclama :

- Pas d'inquiétudes !

Mais il s'avéra qu'il n'avait toujours pas la moindre idée de ce que je pensais lorsqu'il poursuivit :

- Je me suis assuré qu'elles aient toutes un goût délicieux !

- Si je n'ai aucune assurance de ne rien risquer de grave en les buvant, vous pouvez faire une croix sur notre marché… lançai-je pour l'éclairer.

- Je ne suis pas complètement inconscient mon bonhomme. J'ai déjà réussit à créer un semblant d'antidote à chacune d'entre elles. Il te suffira d'être suffisamment rapide pour ne pas mourir avant que je te l'administre…

Il fallait vraiment être un Sorcier comme moi pour trouver que ce marché était déjà plus fiable…

- Oh mais attendez ! Il me manque encore quelqu’un pour terminer ma collection ! Ne bougez pas les enfants, je reviens ! Ah et on vas mettre ça, ce sera plus simple.

Si je n'étais pas attaché et si sa vivacité n'était pas aussi impressionnante, je me serais empressé de lui courir après pour lui demander de quoi il parlait. Mais le vieil homme avait déjà disparu – si tant qu'est qu'un invisible puisse disparaître d'avantage – avant que je n'eus le temps de comprendre le sens de sa phrase.

L'esprit vif, je m'empressai de chercher de quoi me libérer. Le savant fou avait beau me proposer un marché plus ou moins correct, s'il existait un moyen de faire autrement, je devais le trouver à tous prix.

Les Aetheri soient remerciés, l'ombre semblait plus étourdie qu'elle ne l'avait parue. En peu de temps j'eus avisé un scalpel traînant au sol, pas loin de ma propre position.

M'assurant de ne rien risquer, je fis basculer ma chaise avec toutes les précautions du monde. Mon agilité n'était pas exceptionnelle et la réception ne fut pas des plus délicates. Un instant, je m'immobilisait pour souffler. Mon corps, encore douloureux, venait de raviver sa souffrance en se cognant au sol. Je pris quelques respirations et finis par calmer mon cœur. Quand je sentis que mes muscles n'étaient plus suffisamment endoloris pour m'empêcher de bouger, je commençais à déplacer ma chaise au sol. Il s'agissait de m'approcher du scalpel à reculons et de le saisir.

Le tout fut un exercice certes éprouvant mais nullement compliqué. En revanche mon habileté me fit de nouveau défaut quand il s'agit de saisir l'objet d'un tranchant sans pareil à l'aveugle et je m'ouvris le pouce sévèrement.

Sans me soucier de ce que pouvait s'imaginer Melody en me regardant faire, je n'hésitai pas à évacuer la douleur dans un grognement. Tant pis pour le précieux sang que je perdais. Il fallait avant tout me libérer avant le retour du savant.

Je pris néanmoins quelques précautions dans la découpe de mes liens. Il ne s'agissait pas de me trancher une main malencontreusement.

Pour ralentir mon pouls et trouver le calme nécessaire à une telle entreprise, je me mis à compter lentement les secondes. Un… Deux… Trois… Quatre…

Dix-huit… Dix-neuf… Vingt… Vingt-et-un !

Enfin libre. Je reposai le scalpel avec tout l'empressement du monde, de peur de me faire de nouveau mal par maladresse.

Me relevant, je pris le temps de m'étirer. Mes membres se mirent à hurler leur douleur et je tentais tant bien que mal de l'apaiser en me tortillant dans tous les sens qui me semblèrent les plus cohérents face aux différents tiraillements qui se faisaient ressentir.

Quand j'eus finis, je me tournai vers Melody. Mais je ne parvenais pas à me décider sur ce que je devais faire. Je n'avais nullement le devoir de la libérer et puisque le savant fou ne comptait pas lui faire de mal, je ne culpabilisai pas de la laisser ici. D'un autre côté, je la cherchais depuis bien trop longtemps pour me permettre de la laisser là et de partir…

Ce précieux temps de réflexion fut de trop et je me retournai aussitôt que j'entendis notre ravisseur entrer… En compagnie de Milady !

- Eh bien ! Il semblerait que la petite famille est au complet ! Frangin et frangines vont pouvoir fêter les retrouvailles mais plus tard mes enfants ! D'abord, vous avez un petit travail à accomplir pour moi ! Ça va Romulus ? Vous ne vous êtes pas coupé une main en utilisant le scalpel que j'avais laissé à votre disposition ?

Le vieux fou était décidément rusé comme un singe bien que n'ayant pas toute sa tête.

Mais alors que je constatai en tout premier lieu à quel point notre ravisseur était ingénieux au point de me dire qu'il aurait fait un excellent Sorcier, l'information précédente qu'il avait subtilement laissée transparaître passa les barrières de mon esprit pour ouvrir une porte dans ma mémoire qui n'aurait pas du être accessible…

Un instant immobile, je ne parvins pas à comprendre ce que ma logique tentait de travailler dans mon esprit.

Et soudain j'eus l'impression d'être assaillit par une masse de pensées pour partie mémoriels et pour une autre réfléchies… (*)

- Madame Melody Eternam et Madame Milady Eternam… !

La réminiscence de mes propres paroles passées était sortie toute seule, se frayant un passage à travers mes lèvres froides sans que je ne pus lutter. Je ne me souciais même plus des réactions des deux sœurs. Les souvenirs m'assaillaient.

Pourquoi n'étais même pas étonné de réaliser ce nouveau mensonge de mes parents que je découvrais en ce jour ? Et pourquoi avais-je l'impression d'être délivré d'un mystère et d'un poids pesant ? Était-ce celui de la solitude, de la responsabilité d'être le dernier Eternam qui s'envolait aujourd'hui ? Étais-je véritablement soulagé de découvrir d'autres représentants de ma propre famille ? Je sentais dans l'autre sens tomber le poids de nombreuses nouvelles potentielles responsabilités… C'était dur… C'était inquiétant… C'était déstabilisant… Avais-je l'habitude d'être déstabilisé à ce point ? Jamais.

Afin de me calmer, une idée s'imposa à moi. Afin de me libérer de cette tension, de ce stress qui m'envahissait au fur et à mesure que je sentais le contrôle du moment m'échapper, il me fallait perturber d'autant plus les autres. À ce moment précis et plus que jamais, le poids de la réalité fut si oppressant que ma propre peur la plus dominante s'effaça et mourir ne fut plus qu'une futilité à mes yeux. Alors je fis une chose qui pouvait paraître dingue et qui aurait pu l'être si jamais elle s'était révélée fatale…

Je saisi le premier flacon confectionné par le savant fou et la but d'une traite, sans réfléchir.

Un instant rien ne se passa. Mais je vis distinctement Milady me regarder avec un regard encore plus abasourdit que tous ceux qu'elle avait pu me porter depuis qu'on s'était rencontré jusqu'à maintenant.

La seconde suivante, je sentais mon estomac comme s'enflammant. La douleur fut foudroyante et je m'écroulait par terre, lâchant le flacon qui vint se briser à mes côtés.

J'entendis le savant fous s'exclamer avec une exaspération dénué de toute inquiétude :

- Heureusement que je lui avais indiqué quels étaient les flacons qui étaient sans risque ! Qu'est-ce que cela aurait été si je lui avait indiqué l'étagère où il est allé cherché cette potion !

Malgré tout, il se précipita vers moi et je sentis ses mains de vieillard me soutenir le dos et appuyer sur mon ventre tandis qu'il me demandait de me concentrer sur sa voix. Il eut bien fait car très vite je ne fus plus en mesure de me concentrer sur plusieurs choses en même temps et si je n'avais pas prit la peine de me focaliser sur le ton à demi chevrotant de l'ombre, j'aurais été perdu.

- Respire le plus lentement que tu peux, pauvre fou ! Le plus lentement !

Malgré la souffrance, je tentais désespérément de me retenir de laisser transparaître le moindre son la trahissant. Je refusais qu'on me prenne en pitié. Le monde était cruel avec les gens dans le besoin alors il valait mieux ne pas paraître dans un tel état et travailler à se sauver seul. Qu'allait-il advenir de moi ? Je l'ignorai…


(*):

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Lun 02 Mar 2015, 16:57

Ce garçon était fou. Je m'étais finalement décidé. Fou allier et bien plus que l'Ombre invisible qui se prenait pour un scientifique du dimanche. Je l'avais vu se saisir de la fiole, je l'avais vu l'avaler d'une seule traite, je l'avais vu s'étaler à nos pieds, malade, comme si la mort approchait pour le cueillir. Et la réalité de son acte me frappa en plein dans le crâne. Si il mourait aujourd'hui, par cette potion dangereuse qu'il avait avalé de lui même, ce sera compté comme un suicide, ni plus ni moins. Si nous ne parvenions pas à le sauver, il deviendra l'un des nôtres, se transformera en Ombre, perdra tous ces sens, deviendra fumée ténébreuse immatérielle… Je ne pouvais pas laisser faire une telle chose, et mon attention était focalisée sur lui à un tel point que je n'avais pour le moment même pas réagis à la présence de ma sœur chez le savant, et encore moins à l'étrange affirmation que nous avait fait Dinguo. Pour le moment, je ne pensais qu'à une seule chose, le sauver, le guérir, ne pas le laisser mourir, peut-importe le moyen que je devrais employer. Mais… malheureusement… je ne m'y connaissais absolument pas en matière de magie liquide et encore moins en antidote. J'étais dépendante. Totalement dépendante de ce vieux fous et de son esprit malade… Ou pas. Je me rappelais soudainement que je n'étais pas la seule Madley présente, et que Melody connaissait particulièrement bien les poisons en tout genre. Elle devait forcément connaître un antidote efficace et général. Forcement.

Avec l'énergie du désespoir, je m'emparais de son collier, d'un scalpel, et la libérais aussi vite que possible. Une fois sa transformation achevée, je lui hurlais dessus sans restriction, jetant des regards inquiets à Romulus. Il ne devait pas mourir ! Pas ici ! Pas comme ça !  « Melody ! Un antidote ! Vite ! Et ne discute pas ! » Comme secouée par une décharge électrique, ma sœur réagis, partit en quête d'un je ne sais quoi. Moi, j'étais plantée au milieu de la pièce, à me ronger les sangs, observant l'âme du Sorcier faiblir de secondes en secondes. Finalement, au bout d'un temps qui me parut interminable, la Dullahan glissa aux pieds de Romulus, et lui enfonça profondément dans la gorge… une pierre ? Dinguo, quand à lui, semblait tout émoustillé de ce que venait de réaliser ma petite sœur, et sautillait presque sur place. Étais-je la seule saine d'esprit en ce lieu ? J'espérais bien que la réponse soit non… « Un bézoar ! Magnifique jeune fille ! Formidable ! Très beau réflexe ! Ohohoh ! C'est digne de Bagaya ça ! Comme elle va être contente que j'ai fini par vous dénicher tous les trois ! Un vrai feu d'artifices ! » Et il continua ainsi pendant plusieurs longues minutes, entrant dans une sorte de danse de la victoire grotesque. Je ne comprenais pas un stricte mot à ce qu'il avait dit… et pour le moment comprendre son charabia ne faisait pas partit de mes désirs premiers. Je devais m'assurer que Romulus se remette de geste stupide, tout en veillant à ce qu'il ne recommence pas à nouveau.

Je m'approchais alors de lui, encore allongé par terre, et m'accroupis à hauteur de sa tête. Je ne le touchais pas, n'élevais pas la voix. Mon but était de bien lui faire assimiler que tout acte suicidaire était interdit, de lui faire peur, sans pour autant qu'il finisse par comprendre avec exactitude ce que j'étais, qu'il comprenne quel était mon rôle auprès de la mort. Alors, laissant Melody le secouer sans ménagement et sans un mot pour le ramener à la réalité, je pris soin de redonner une apparence fantomatique à mon bras. « Écoute un peu, espèce de fou. Tu vois ma main, là ? Dis-toi que si tu te suicide, tu risque de te retrouver dans un état pire que celui là, dans un état pire que la mort. Et tu seras coincé ici pour un bon bout de temps, en compagnie de Dinguo. Alors maintenant, réfléchis-y à deux fois avant de faire un truc aussi stupide que ça. » Puis je me relevais, calmement, sans émotions apparentes sur mon visage, lui tournant le dos pour faire face au savant. Maintenant que la survis du sorcier n'était plus en jeu, j'allais pouvoir me concentrer à nouveau sur cet énergumène et analyser ces paroles précédentes. Quand à Melody… curieusement, elle n'avait toujours dit aucun mots… et cela me perturbais quelque peu…

Mais je ne devais pas me laisser détourner de mon objectif. Des réponses, je voulais des réponses et des vraies. « Qu'est-ce que vous entendez par « fraterie » ? Pourquoi Romulus nous a nommé «Eternam» ? Vous semblez en savoir plus sur nous que nous-même et… Je veux des explications. Maintenant. » Il me regarda, de son petit sourire oblique, trop heureux de posséder une connaissance primordiale que nous n'avions pas. Puis il fit demi-tour, et nous apporta une gravure représentant… une femme à la longue chevelure noire, accompagné d'un homme qui… ressemblait étrangement au scientifique, en plus jeune cela dit. Et enfin, les tant attendues réponses arrivèrent… Pour le meilleur et pour le pire. « Je vous présente Bagaya Eternam ! Votre ancêtre sorcière ! Et à côté, c'est moi ! Même si cette furie indomptable m'a… mit dans cet état, je n'ai jamais cessé… de la suivre. Mais malheureusement, j'ai perdue sa trace depuis plus de deux siècles il me semble. En revanche, j'ai continué à garder un œil sur sa progéniture… et sa descendance… C'est à dire vous ! Romulus, si je te parle du Pure, cela te dit-il quelque chose ? » C'était à ne rien y comprendre… Il avait beau nous avoir avouer toute cette histoire de famille… je peinais à y croire… Comment pouvais-je être sœur avec un fou comme cet imbécile ? Je reportais mon regard sur l'intéressé, attendant sa réponse, ses explications à lui, et j'étais prête à attendre la prochaine lune noire si il le fallait !

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Jeu 23 Avr 2015, 00:29



Il arrive parfois que nous nous mettions à penser ce que nous pourrions dire. C’est idiot, mais c’est comme ça et en l’instant, je pensais exactement les seuls onomatopées que j’étais capable d'émettre, à savoir “Ghgrrrlmmm”.

Le bézoar enfoncé dans ma gorge, je sentais les sucs guérisseurs m’imprégner et me rétablir du poison que ce dingue de dingo avait confectionné. S’ajoutait à cela Melody qui me secouait de toutes ses forces dans tous les sens pour me réveiller et Milady qui me parlait à voix basse, d’un air menaçant. Je n’avais que faire de ce qu’elle était. Je ne pouvais pas deviner que la potion de dinguo allait me rapprocher autant de la mort et je n’étais pas vraiment du genre suicidaire donc il n’y avait aucun soucis de ce côté…

Dans un effort surhumain, je parvins à projeter le rocher de ma gorge à ma bouche. Le crachant rapidement par terre, je saisi les poignets de Melody et y appliqua une pression suffisamment désagréable pour retenir son attention.

- Ça va aller, Melo, merci…

Cela sembla la convaincre puisqu’elle me lâcha aussitôt. Me relevant tranquillement, je fis un ravissant sourire à toute l’assistance tout en m'époussetant pour me débarrasser de la poussière qui imprégnait la vieilles cave du savant fou. C’était un faux sourire, bien sûr, comme j’avais l’habitude de les faire, large et inspirant le calme et la bienveillance avec une touche de malice. Levant la main, j’incantais tranquillement :

- Viens à moi, enchanteresse mélodie…

Aussitôt, la boite enchantée maléfique apparue dans ma main. Je l’avais récupérée après être passé chez moi, un an auparavant. Elle était un des rares souvenirs de ma vie d’avant qui était resté intact chez mes parents… Enfin… Presque intact…

En effet, ce n’était pas un hasard si je m’étais rendu là-bas. Une des pistes me menant au Pure m’y avait conduit. Mais la piste avait été tracée à mon attention par celui-là même et j’avais découvert peu de temps après que les notes avaient été trafiquées. La musique en était devenue plus déprimante et j’avais rapidement vérifié qu’une malédiction pesait aussi sur cette boite de mon passé.

Je pris le temps de remonter le cran de la petite boîte et ce n’est que lorsque la musique eut commencé que je me mis à apporter à Milady les réponses qu’elle cherchait.

- Je suis plus vieux que je n’en ai l’air… Je fête cette année - si toutefois je prends le temps cette fois de le célébrer - mon vingt-huitième anniversaire. Il y a vingt-sept ans de cela, ma mère, une douce magicienne peu portée sur le destin de notre monde mais aimante et profondément gentille, me donnait naissance pour la plus grande joie de mes deux géniteurs… Mais pas forcément celle de la famille Eternam alors réduite à mon père et ses deux frères. Néanmoins, aucun de mes deux oncles ne se manifesta et je vécu trois années de tranquillité. Jusqu’à ce que ma mère, il y a maintenant vingt-quatre ans de cela, mette au monde deux jeunes filles à un an d’intervalle à peine. Deux jeunes filles qui, dans ma mémoire, étaient communément appelées Mili et Melo par les seuls êtres qui les côtoyaient véritablement quotidiennement à savoir mes parents et moi-même, leur grand frère. Mais sur les papiers, il s’agissait de Milady et Melody Eternam, mes deux sœurs. Et les coïncidences se faisant de plus en plus rares de nos jours, ce n’en est pas une si ces deux jeunes filles portent le même nom que vous deux. Alors pourquoi Milady et Melody Eternam se retrouvent aujourd’hui à porter le nom de Madley ? Parce que ma mère vous abandonna de force presque un an après. Une menace pesait sur les épaules de ces deux enfants et ma mère fit l’unique choix qui assurait votre survie : elle vous confia à une famille proche. Très proche puisque ma propre génitrice se nommait, avant de rencontrer mon père, Vel’la Madley… Il lui fallut beaucoup de courage pour faire un tel sacrifice et j’ignore encore comment elle parvint à vivre si longtemps sans vous. Mais l’histoire prouva que son choix était le bon puisqu’elle fut rattrapée avec son mari par la menace qui pesait sur notre famille et périt dans les circonstance les plus banales mais pourtant pas dénuées d’éléments aussi étranges que curieux au point que l’on pourrait penser à un meurtre…

Milady sembla essayer de réagir, de m’arrêter, de me réclamer plus de réponses. Mais l’effet de la boîte à musique était déjà en marche. J’ignorais que les ombres ne pouvaient s’endormir par elles-mêmes, mais j’ignorais aussi que cela ne les protégeait pas d’un sort obligeant le sommeil à la victime. Aussi celle-ci s’endormit tout comme Melody qui entendait parfaitement, avec ou sans tête.

- Passons à nous, à présent…

Relevant comme je pouvais la masse invisible dont j’avais deviné l’emplacement, j’appliquais comme je le pouvais de quoi boucher les oreilles du vieux scientifique avant de le secouer. Et dinguo finit par se réveiller.

- Impressionnant ce petit jouets ! me lança-t-il.

Je du faire appel à toutes mes forces pour le retenir de se pencher sur ma boîte à musique. Il n’était pas question de perdre du temps en le laissant l’étudier !

- Dinguo ! Reprenez-vous ! Vous avez des informations sur le Pure ?

Ausitôt, le vieil homme cessa de s'intéresser à la boîte à musique et s'exclama :

- Bien entendu ! Mais pourquoi te les donnerai-je ? Les Eternam sont des pestes qui ne tiennent jamais parole !

Il semblait hors de lui et amusé en même temps…

Je levai une main et fit un signe qui ajoutait à l'air d'évidence qui ponctua mes paroles :

- Parce que vous avez besoin de mon aide, bien sûr ! J'ai avalé une potion mais je ne tiens pas pour autant à vous aider tant que je n'aurai pas la certitude que vous avez à m'offrir au change ! Vous avez des informations au sujet du Pure et de Bagaya. Donnez-moi pour commencer celles sur le Pure. Si je juge qu'elles sont intéressantes, je vous aiderai et vous me confierai celles sur mon ancêtre une fois mon travail terminé. Et puis…

Je m'approchai alors de l'établit du savant et me saisi d'une des potions avant de la laisser comme maladroitement tomber par terre. Celle-ci se brisa simplement et le liquide se dispersa dans les interstices entre les pierres. Me saisissant alors d'une seconde fiole, je terminai ma phrase :

- Ce serait dommage que tout ce travail se perde par ma… Maladresse !

Il sembla que j'eus touché un point sensible chez Dinguo qui s'exclama alors affolé :

- Mes potions ! Mes précieuses potions ! Suffit ! C'est entendu ! Je révélerai ce que je sais sur le Pure !

Reposant calmement la fiole, je lui offrit un large sourire avant de lâcher :

- Je savais que même un fou comme vous pouvait finir par entendre raison…

Mais, toujours aussi surprenant, le vieil homme s'exclama avec un calme incroyablement rapidement retrouvé :

- Oh lala ! Ces Eternam ! Vous êtes si impressionnant !

Il éclata alors de rire.

- Vous me faites tant tourner la tête ! Ton arrière arrière arrière… Tiens… Je me suis perdu…

- Alors ce Pure ?

- Et pressés en plus ! Ça, ce n'est que toi ! Bagaya était infiniment plus patiente… Sauf quand il s'agissait de se nourrir, à vrai dire… Oui ! Le Pure ! Tu ne sais pas ? On raconte qu'il aurait eu un petit soucis…

- Vraiment ?

- Tu sais que ton oncle est une exception parmi les Eternam ? Et bien il semblerait qu'il ait défié une autres des malédictions que l'on soupçonne de peser sur ta famille… On raconte qu'une jeune magicienne circule sur les terres du Yin et du Yang sous le nom d'Eternam… Probablement une rejeton d'une femme qu'aurait servit aux besoins les plus primaires de notre cher Aban'don. Mais tu dois savoir que les Eternam donnent toujours naissance à pas moins de trois enfants ! Le futur nous rira-t-il à la figure en réfutant cette malédiction aussi dans le cas du Pure ? Oh lala ! Si je n'avais pas une peur bleue de cet homme, je partirais de ce pas l'étudier ! Ahahahaha !

Il continua de rire dans son coin. Ainsi mon adorable oncle avait-il donné la vie malgré lui… Que comptait-il en faire… ? Le connaissant, je doutais qu'il n'eut pas déjà intégré le problème dans l'équation… Cela ne m'apportait donc aucun avantage en soi.

- Je ne suis pas convaincu, Dinguo…

Mais le vieux scientifique m'interrompit aussitôt :

- Non non non non non ! Ce n'était qu'une anecdote bougre d'idiot ! Non non ! Les informations arrivent ! Écoute attentivement, tu ne vas pas être déçu !



D'un geste pivotant de la main, je révoquait la boite à musique qui sembla aspirée par un trou dimensionnel. Du même coup j'interrompis la musique et les deux Madley commencèrent à s'éveiller aussitôt. M'asseyant sur la chaise qui avait servit à me retenir prisonnier dans la cave quelques temps auparavant seulement, j'attendis patiemment que mes deux sœurs finissent d'émerger de leur profond sommeil.

Avant que l'une ou l'autre n'ait le temps de dire quoi que ce soit, je levai la main avec calme et autorité pour m'exclamer.

- Nous parlerons de tout cela plus tard. Occupons-nous avant tout de Dinguo.

Me tournant vers ce dernier dont je connaissais la position, je lançai tranquillement.

- Alors ? Comment pouvons-nous vous aider ?

Le vieil homme s'agita et fini par sortir un papier. Il s'approcha de moi en s'exclamant tout excité :

- Oui ! Alors ! Voilà ce que je suis parvenu à déceler dans un vieil ouvrage. Ce sont les ingrédients mais j'avoue ne rien n'y comprendre…

Je lu à haute voix :

- De l'eau croupie verte…

- Mais l'eau croupie, c'est forcément vert ! J'ai eu beau en récupérer, cela ne donne rien… Pas même un petit "pop" dans la marmitte !

- ... Des perles en verre opaque…

- Croyez-le ou non mais personne ne parvient à faire des perles avec du verre ! Tout au plus quelque chose qui y ressemble mais la forme ronde n'est jamais parfaite !

- ... De la poussière d'un balais magique - Attention, il s'agit d'un objet plutôt espiègle…

- UN BALAIS MAGIQUE ! Il y en a des miliers ! Avec des tas de fonctionnement différents ! Duquel il s'agit ? Je l'ignore…

- ... Un pied de table-basse…

- Ça, j'ai ! Héhéhé !

À cet instant, le vieux fou brandit ce qui ressemblait effectivement au pied d'une table basse… Mais en plus… Excité. En effet, l'objet semblait à la manière d'un chat un peu rebelle se gigotter dans tous les sens pour échapper à l'emprise de l'Ombre. Je comprenais dès lors de quoi il en retournait…

- ... Un alexandrin et une phrase qui n'a aucun sens. Cela m'a tout l'air d'ingrédients à malice…

- Exact jeune homme ! Les ingrédients à Malice sont une invention des Sorciers pour exploiter bien plus efficacement les propriétés magiques des éléments de ce monde. En contrepartie, ils sont extrêmement difficile à comprendre et décrypter. Il existe une liste à Prison qui explique clairement leur fonctionnement et comment les récupérer. Hélas, il semblerait que l'Empereur Noir veille au grain et qu'il se méfie même des Ombres. Je ne suis pas parvenu à m'en approcher !...

- Et je n'ai pas le temps de m'y rendre moi-même où tout cela risque de durer encore longtemps. Il va donc nous falloir être fins, malins et efficaces. Les filles ? Une idée sur comment nous organiser ?

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Jeu 21 Mai 2015, 10:09

Ce énergumène ne semblait pas s'être formalisé de ma mise en garde, et s'était tout naturellement relevé, époussetant ses habits tel un lord aux manières exquises. La scène était d'un ridicule qu'elle m'agaçait. Qu'avait-il cherché à prouver en avalant cette potion ? Que nous possédions assez d'intelligence pour être digne de lui parler ? Soudain, ce fou me paraissait très hautain et particulièrement détestable. Et je songeais même qu'il aurait mieux fallut que je laisse le breuvage magique effectuer quelques dégâts magiques sur son organisme avant de le soigner. Aurais-je pu le regarder mourir sans lever le petit doigt ? Oui, mais il n'était pas question que ce sorcier rejoigne un jour les rangs de mes frères et sœurs Ombre. Oh, et si Dinguo tenait autant à nous réunir que cela, j'aurais très bien pu imaginer qu'au final, ce soit lui qui décide de lui sauver la vie. Quoi qu'il en soit, le voilà de nouveau sur pied, sortant de je ne sais où une boîte musicale magique et la posant à un endroit audible de tous. Ces actions n'avaient aucun sens à mes yeux, et j'étais toujours dans l'attente de réponses que je comptais bien obtenir puis vérifier, quitte à utiliser ma Mortelle Clairvoyance sur lui, en fin de compte. Ma patience avait ses limites, et rien ne me forçait à rester ici, avec ces deux fous et une sœur qui me haïssait. Rien, sauf cette maudite curiosité qui m'empoisonnait la vie ! Et ces réponses, tant que l'on en parlait, arrivaient enfin aux bords des lèvres de ce Romulus… Et ce qu'il m'apprit était à peine croyable.

J'allais lui répondre, lui poser des questions, lorsque je vis clairement Melody tomber au sol, raide, endormit. Si les Ombres étaient insensibles à bon nombre de magie, ce n'était pas le cas de la Dullahan. Un sortilège de sommeil ? Je jetais un rapide coup d'œil à la boîte à musique et comprit qu'elle en était à l'origine. Alors ainsi, ce sorcier tenait à ce que nous n'entendions pas la suite de son échange avec Dinguo ? Soit, pour la vérité et des informations supplémentaires, je pouvais bien jouer le jeu. A mon tour, je me laissais choir lentement au sol, fermant les yeux mais plus attentive que jamais à ce qui allait suivre. Ces êtres de magie noire étaient réputés malfaisants, mais surtout manipulateurs, et il n'était pas question que je me laisse avoir de la sorte par un débutant, dans mon Royaume. Immobile, prenant soin de simuler une respiration lente et contrôlée, j'écoutais, silencieuse, tout en réfléchissant à ces révélations lourdes de conséquences qu'il m'avait offertes. Moi, être sœur avec un malade pareil ? Je ne pouvais le croire. Melody, oui… effectivement… Son comportement se rapprochait du sien. Mais en revanche, je n'avais rien à voir avec lui. Je ne pouvais pas croire que nous avions la même mère. Tout ceci ne devait être qu'un complot fomenté dans un but qui m'était encore obscure. Et je comptais bien le découvrir d'une façon où d'une autre.

Et ces précieuses informations que je venais de recevoir… Je n'étais pas assez sotte pour ne pas comprendre qu'elle ne devait pas s'échapper de mon esprit. Ma croyance envers cette histoire de famille Eternam était de plus en plus partagée… Il me fallait toucher ce Romulus, vérifier ses dires, quitte à demander une autorisation particulière afin de consulter les registres des Ombres. Mais pour le moment, le sorcier ne devait surtout pas comprendre que je savais tout de ce qu'il avait apprit… Ainsi, lorsque sa boîte à musique s'arrêta, je pris quelques secondes de plus que Melo à me relever. Cela se lisait dans sa gestuelle, la dullahan était furieuse et… Venait de balancer le premier livre qui lui était tombé sous la main en direction de la tête de Romulus. Il n'avait bien mérité, ce fou… Mais il était maintenant temps que ma magie entre en jeu. Je me relevais, lentement, simulant le fait que je me trouvais encore sonné par les effets du sortilège… Et attrapais vivement le bras de l'Eternam. J'avais peur, oui, mais ma curiosité était encore plus grande qu'auparavant. Elle me rongeait littéralement de l'intérieur… Et cela devait cesser. Je le fixais droit dans ses yeux verts qui était un miroir parfait des miens. Et je sus. Toute notre ascendance. Nos ancêtres. Ils m'apparaissaient tous, ces visages qui ne me disaient rien mais sur lesquels j'étais en mesure de mettre un nom. Et le mien y apparaissait, ainsi que celui de Melody. Clairement. Je le lâchais, ma magie s'éteignant avec moi, apparaissant comme visiblement troublée. Il était bel et bien mon frère. J'étais une Eternam.

Moi qui aurais voulu élever la voix contre ce fou, qui aurait voulut lui prouver que l'on ne peut pas se jouer de moi de la sorte, je ne pouvais plus dire mot. Soufflée par ces révélations, alors que Dinguo nous exposait la façon dont nous pourrions lui venir en aide, je m'approchais lentement de ma sœur. Mon corps n'avait plus de consistance, mon trouble étant trop grand pour me permettre de le contrôler. Et je me penchais à son oreille. Elle devait savoir. Nous devions comprendre le pourquoi de toute cette histoire. Et je savais qu'elle était suffisamment obstinée pour se lancer dans cette quête de notre passé avec une ferveur aussi forte que la mienne. « Melo… C'est bien notre frère. Nous sommes bien des Eternam. J'ai pu le vérifier. » Elle tourna son buste dans ma direction… et semblait s'esclaffer. Qu'y avait-il de drôle dans ce que je venais de lui confirmer ? A moins que ma sœur n'était déjà certaine de la véracité des propos du sorcier ? Tant qu'elle ne récupèrera pas son pendentif, je ne pourrais comprendre sa réaction, et me détournais donc d'elle, la laissant seule face à la réalité de notre situation. Il était temps que nous nous occupions de ce Dinguo.

« Je pense qu'aucun mot n'a été ajouté par hasard. Prenons l'eau croupie verte… Pourquoi préciser la couleur si ce n'est pour une raison toute particulière ? Quand dit-on de quelque chose qu'il est vert… Cette couleur peut être celle de la peur ou de la maladie. Comme une j'imagine mal que de l'eau puisse être effrayé, je pencherais plus sur la deuxième solutions. Nous devons donc trouver de l'eau croupie malade, infectée, et donc verte. A mon avis, il faut réfléchir de la même façon pour tous les autres ingrédients. » Mon devoir actuel était de trouver ces fameux ingrédients à Malice, et j'allais donc devoir mettre de côté tous mes questionnements actuels pour me concentrer sur cette mission. Le temps de la compréhension viendra à son tour, il me suffisait d'être patiente. Et je repris donc mon exposé, puisqu'une nouvelle idée me vint à l'esprit. « Pour la perle de verre opaque, j'avoue ne pas avoir d'idée… En revanche, pour la poussière de balais magique, c'est assez simple. Ce n'est pas le balai magique qui est important mais la poussière, je pense… Le fait que l'on parle d'un objet espiègle doit être là pour nous avertir que la poussière doit être influencée par la magie du balai. » J'attrapais ensuite le balai magique de Dinguo, qui s'agita à mon contact, et commença à rassembler de la matière du sol en un même point. Je n'étais pas certaine de ce que j'étais en train de faire, mais de toutes les façons, je n'avais rien à perdre. Et alors qu'il ne se passait pour le moment rien de particulier, le monticule de poussière que je venais de former… Prit vie. Il était minuscule mais bien vivace et je l'attrapais alors entre mes mains. « Et bien, ma théorie est la bonne ! Dinguo, vous savez où mettre cette chose ? » Il s'approcha de moi, visible par la fiole qu'il tenait entre les mains, la voix pétillante de d'excitation. « Oh ! Magnifique ! Splendide ! Vous êtes douée jeune fille ! Bien sûre que je sais où la mettre ! » Et il enferma la créature dans ce qui semblait être une sorte de flacon magique. « Bon, est-ce que ma maigre contribution plait à notre cher frère ? » Mon ton se voulait naturellement narquois, mais si l'égo de ce sorcier était aussi grand et insupportable, je n'allais pas pouvoir collaborer avec lui bien longtemps.

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Lun 06 Juil 2015, 23:58

Les deux jeunes femmes se réveillaient enfin. Melody semblait très remontée et je remerciai Ecem d'avoir été en mesure de voir le projectile dont elle se servit pour m'atteindre à distance dans un élan d'hystérie sans quoi je n'aurais jamais pu l'éviter. Par ailleurs, il semblait qu'elle visait encore plus mal que je n'esquivais, ce qui m'avait sans nul doute facilité la tâche. Je lui lançai un regard désintéressé avant de me reconcentrer sur Milady. Des deux, elle était celle dont j'avais le plus de chose à observer dans ses réactions. Réactions normales, elle était quelques peu sonnée, mais cela ne semblait pas la perturber outre. Se fichait-elle véritablement que j'ai cherché à lui cacher des choses en la plongeant dans un profond sommeil ? Probablement...

Mais cette analyse vint m'assister dans la compréhension de ses réactions suivantes. Feintant plus que nécessaire son étourderie, je m'y laissa piéger et elle se jeta pour attraper mon bras.

Je me fiais beaucoup à l'évaluation visuelle des éléments autour de moi et ce n'était pas forcément une bonne chose. Néanmoins, parfois, cela me permettait de déduire aisément certaines vérités. Elle avait délibérément voulu attraper mon bras à nu, et en aucun cas pour se retenir de tomber, au vu de la pression quasi inexistante que j'avais ressentis/ Et cet air troublé qu'elle affichait à présent. Je n'arrivais pas à cibler exactement ce qui s'était passé, mais une chose était certaine : elle venait de découvrir des éléments de ma réalité à travers ce qui ne pouvait être autre chose que de la magie. La magie des Ombres…

Mais peu importait. Je voulais avant tout régler les problèmes de Dinguo. La suite viendrait en temps voulu…

À la suite de ma demande, Mili se plia au jeu et commença à lancer dans des réflexions scientifiques qui mirent mon intelligence et ma curiosité en éveil.

J'étais soudainement enivré par l'analyse et la science, la recherche, la découverte… Je ne faisais plus attention à ce qui m'entourait et ce qui était, maintenant, avant, après…

- De l'eau malade… C'est une idée ! m'exclamai en commençant à faire les cents pas, triturant machinalement mes doigts.

Alors vint l'exposition et l'expérimentation brillante de Milady à propos de la poussière de balais magique.

Continuant à tourner en rond, je marmonnai :

- Donc il ne s'agit pas que d'ingrédients à malice. Certains sont de véritables ingrédients dont les propriétés sont extrêmement spécifiques !

- Bon, est-ce que ma maigre contribution plait à notre cher frère ?

Je redescendai sur terre. Pourquoi fallait-il que MIlady soit Milady ? Déjà jeune, elle regardait autour d'elle avec cet œil de scepticisme posé sur tout ce qui l'entourait. Dans un sens, elle était plus lucide que moi-même à l'époque. Mais… Là… Elle m'énervait tout bonnement.

Je pris un moment pour garder mon calme avant d'asséner un coup blessant à ma jeune sœur :

- Ne me regarde pas comme ça… répliquai-je avec un sourire amusé dépassant du coin de ma bouche.Tu as toujours été la plus maligne des deux. Melo était bonne pour tout casser et toi tu passais derrière avec un œil analytique remarquable, l'air d'essayer de comprendre pourquoi elle avait fait une telle chose. Je n'en attendais pas moins de toi ! Et puis… Ce n'est pas moi qui t'ai assassinée ! Peut-être que les choses seraient différentes si tu étais encore en vie !

J'étais dur. Affreusement dur avec elle. C'était ainsi que j'avais été élevé par la dure réalité et je ne savais faire autrement. La rude fatalité avait toujours été mon lot quotidien et était à présent bien trop ancrée en moi pour que je sois en mesure de me comporter autrement… Dans un sens, je me demande si je n'avais pas alors un désir inconscient de faire autant souffrir les autres autant que je souffrais moi-même…

- Plutôt que de vous crêper le chignon, vous voulez pas en revenir à moi, les enfants, s'il vous plaît ?

Tournant soudainement la tête, je fis un vague signe de tête indiquant que ce que disait le vieux fou me semblait tout à fait correct et que j'étais prêt à reprendre.

- On disait quoi ?

- L'eau croupie !...

- Ah oui ! Bien sûr ! De l'eau malade… Infectée…

De nouveau, mon cerveau entra en ébullition et je continuai sur la lancée de la réflexion de ma sœur. Phénomène étrange mais auquel je ne prêtai pas plus attention que cela : j'avais vraiement la sensation de poursuivre la suite logique de la pensée de l'Ombre, comme si j'étais dans sa tête…

- De l'eau infectée… Ce ne serait pas vraiment un ingrédient à malice si ce n'était que cela… Tout réside dans la façon de l'introduire à la potion… Et puis… Des infections des eaux, il en existe des tas ! Comment savoir laquelle serait la bonne. Comme tu l'as dis, je pense que c'est le mot "vert" qui est effectivement la clé. Le vert… La couleur de la peur et de la maladie… Les poisons ont pour habitude de relâcher une fumée verte dont la forme fait penser à un crâne de mort lorsqu'ils arrivent à maturité… Mais nous ne voulons pas faire un poison… Et s'il fallait faire tourner cette mixture au poison en introduisant l'eau croupie ? Dans ce cas, cela voudrait dire que ce ne serait pas le dernier ingrédient puisqu'un suivant devrait faire retrouver à la potion son innocence…

- Oh tu sais, gamin, moi les poisons…

- Ce n'est pas la question ! Cette potion n'a pas été imaginée exclusivement pour une ombre. Elle doit être inoffensive pour n'importe qui ! Et si… Et si une eau croupie devenait source de poison dès lors qu'elle est… Non… Je n'y suis pas… Aidez-moi !

Comme si le souffle d'Ecem venait de se poser sur moi, je ressentis, suite à ma demande, une vague de mémoires et de réflexion ancestrales, surgissant en moi comme si tous les savoirs de plusieurs individus étaient sortis de leur prison d'esprit pour venir se mêler au mien… C'était effrayant et galvanisant en même temps !

- OUI ! C'est ça ! m'exclamai-je en me précipitant au dehors de la cave délabrée du pauvre Dinguo.

Un fois au dehors, l'air frais me fis l'effet d'un coup de balais dans mon esprit, réorganisant mes pensées. J'ignorais si mes sœur et ce dingue de scientifique m'avaient suivi mais je ne pouvais m'empêcher de partager ma découverte avec le premier indiscret en m'écriant :

- L'eau croupie seule n'est pas toxique ! Tout au plus, elle provoque des mots de ventre extrêmement douloureux, mais rien de plus. L'eau atteinte d'une maladie est mortelle, mais nul ingrédient ne saurait dissiper un tel effet. En revanche… Si cette eau est chargée de la peur d'individus venus la chercher, elle peut alors comporter des propriétés nocives et cette peur se verra probablement dissipée grâce à… La perle de verre, bien sûr ! Et l'alexandrin viendra nouer le tout ensemble ! Cette structure est parfaite ! Dinguo ! m'exclamai-je alors sans véritablement vérifier s'il était là et m'écoutait. Il faudra que vous pensiez à me dire où vous avez trouver une telle recette, sa réalisation est remarquable !

Je me retournais alors pour aller trouver Milady.

- Mili ! Il nous faut trouver un endroit où nous saurons récupérer assurément de l'eau croupie mais qui soit particulièrement effrayant…
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Ven 04 Sep 2015, 16:40

Les choses seraient-elles vraiment différentes si je n'étais pas devenu une Ombre ? Si je ne m'étais pas ôté lâchement la vie à la vue de la mort de ma sœur ? A ma prise de conscience de ma part de responsabilité dans sa transformation en Dullahan ? Serais-je bien moins tourmentée à présent si j'étais restée en vie, auprès de mon maris ? Aurais-je découvert que j'avais un frère sorcier ? Que la famille que j'avais toujours considéré comme mienne n'avait fait que nous adopter ? Ma vie serait-elle plus joyeuse ? Plus tranquille ? Plus... heureuse ? Je n'étais désormais qu'une petite idiote, faible et sans réel avenir, maudite et condamnée à servir les dessins de la Mort en personne... Je n'étais plus rien... Ni une femme, ni une amie, ni une sœur... Et cet instant, je me sentais terriblement pathétique et toutes mes pensées négatives chassaient avec puissances inouïe la moindre trace de satisfaction en moi, suite à ma découverte concernant la poussière de balais magique... Romulus aura beau dire ce qu'il veut, me parler d'un passé dont je ne me souvenais absolument pas, jamais je ne croirais qu'il n'aurait pas pu trouver la solution sans moi, que je lui avais été utile d'une quelconque manière... Et sans même m'en rendre compte, faisant échos aux émotions destructrices que je ressentais, mon corps devint peu à peu bien plus transparent et mes yeux perdirent de leur lumière. Je n'étais plus que ce que je devrais toujours être : une carcasse vide de toute émotion, de toute pensée, n'agissant que selon les ordres que l'on voulait bien lui donner, usant de mes pouvoirs pour faire en sorte que d'autres deviennent comme moi, une Ombre, et agrandissent nos rangs toujours plus. Je n'écoutais plus personne autour de moi, plus rien d'autre que le silence qui se créait autour de moi. Que Melody vienne, m'achève de ses paroles cinglantes, que Romulus enchaine, et me rappelle le triste état dans lequel j'étais. Qu'ils me détruisent tous deux un peu plus, toujours plus. Qu'ils déversent sur moi le flot de pensées négatives que ces derniers ne laissent en temps normal s'exprimer. Je voulais sombrer toujours plus profondément dans les ténèbres, que mon corps disparaisse, à défaut de pouvoir me tuer une seconde fois, définitivement.

Je jetais un rapide coup d’œil à Melody. Elle semblait en proie à une intense réflexion. Était-elle en train d'imaginer les milles et unes nouvelles façon qu'elle pourrait employer pour me tourmenter ? Non, ce n'était pas ça. Une question avait été posée, je devais réfléchir aussi... mais à quoi ? A l'eau malade... Non, autrement qu'infectée, je ne voyais vraiment pas de quelle autre façon elle pouvait être... A cet instant, quelque chose m'électrisa l'esprit, comme si une guêpe venait de le piquer. Mon regard se tourna vers ma sœur, qui semblait avoir eu comme un éclair de génie. Une pensée, puissante, vint souffler le brouillard de pensées corrompues qui obscurcissaient ma tête. Une unique pensée. On dit aussi "être vert de peur". et au même instant, Romulus éclata dans un Eurêka enthousiaste. Ce n'était pas de l'eau rendant malade que nous devions trouvé, mais de l'eau terrorisante. Ma curiosité était peu à peu en train de combattre mon naturel d'Ombre, et mon corps redevint de plus en plus tangible. Je devais me focaliser sur l'énigme, ma mission actuelle était bien plus importante que mes préoccupations d'éthique. Romulus semblait avoir le cerveau en ébulition, tel un scientifique sentant la finalité de son expérience approcher. Cela avait quelque chose de fascinant que je ne comprenais pas vraiment, mais la question qu'il m'adressa me ft sortir de ma contemplation.

« De l'eau croupie particulièrement effrayante ? Dois-je te rappeler où nous sommes ? » J'étendis les bras tout autour de moi pour souligner mon propos. Nous étions dans le Royaume des Abimes, un endroit obscure qui était de par son simple nom effrayant pour la plupart des habitants de tous les continents réunis. L'endroit était peuplé de fantômes, empestait l'odeur de la mort et était le chef lieu d'un peuple dont le rôle majeur était de semer le désespoir dans le cœur des gens, au point de les pousser à passer volontairement de vie à trépas. Il n'y avait probablement pas endroit plus effrayant sur tout le Continent Dévasté que celui-là. Mais je me doutais que la solution ne devait pas être aussi simple que cela, et qu'il ne nous suffirait pas de nous pencher au dessus de la première flaque d'eau croupie venu pour nous emparer de cet ingrédient à Malice. Il me fallait penser plus intensément, me remémorer tous les lieux que j'avais eu l'occasion de visiter, découvrir le coin du Royaume qui était encore plus effrayant que le Royaume en lui-même... Un endroit qui effrayait tout le monde sans exception, même... les Ombres.... La révélation venait de m'être donnée. Il n'y avait qu'un seule endroit comme celui-ci, un endroit au dehors de la ville, dont nulle habitant du Royaume n'osait s'approcher à cause des effroyables rumeurs à son sujet. Je me provoquais volontairement un frisson, puisque c'est là la réaction que j'aurais eu de mon vivant, et je régurgitais bruyamment une salive invisible avant de souffler profondément de l'air sortit de nul part. Oserais-je les conduire dans un tel lieu ?

« Je sais où nous pourrions trouver de l'eau croupie particulièrement effrayante. Mais cet endroit effraie même les Ombres. Autant vous dire que je ne suis pas particulièrement enthousiaste à l'idée de vous y conduire... Mais j'imagine aisément que mon cher frère insistera longuement pour que je l'y conduise... Et puisque je n'ai pas le choix... Nous allons nous rendre à la Forêt des Âmes Perdues... » Un hoquet de surprise non loin de moi attira mon attention. Dinguo venait de s'approcher de mon oreille droite, et je le soupçonnais de vouloir me parler discrètement. Attentive, autant que je pouvais l'être à du son qui ne sortait de nul bouche visible, je me penchais légèrement sous la pression de sa main, et le vieux scientifique fou parla en était aussi discret qu'un troupeau de pachydermes pouvait l'être. Mais je ne fis aucun commentaire sur sa mise en scène, aussi étrange et déplacée était-elle. « M'enfin Milady, je sais que tu es une Grande Faucheuse et que ton rôle est de pousser les gens au suicide, mais si tu voulais voir ton frère et ta sœur nous rejoindre, il y avait des solutions un peu moins brutales que celle-là tout de même ! » Je soupirais volontairement exagérément, ne sachant que répondre à ces mots. Dinguo, dans sa folie profonde, garderait-il assez de lucidité en lui pour craindre tout autant que moi la forêt maudite ? Essayerait-il de dissuader Romulus de s'y rendre ? Ou au contraire, tentait-il d'éveiller sa curiosité au point que celle-ci le pousse à aller au devant du danger ?

Je préférais largement ne pas essayer de répondre à cette question, et regardais tour à tour les visages de ceux qui étaient de mon sang. Pourquoi avais-je parlé de cet endroit ? Était-ce vraiment moi ou la Faucheuse qui est en moi, qui venait de leur parler de cet endroit qui pourrait aisément les conduire à trépas ? Je sentais que dans tous les cas, j'allais m'en mordre les doigts... « Pff... peut-importe votre choix, je vous laisse le trajet pour y réfléchir et je vais vous y conduire. Mais je vous préviens, si vous décidez d'y entrer, je ne garantirais pas votre survie. Cet endroit est plus dangereux que le Labyrinthe de l'Allée des Brumes, plus dangereux que la Forêt des Murmures. Dites-vous bien que des Ombres y sont entrés et n'en sont jamais ressortis. Personne ne se rend jamais là bas ! » Et je tournais sur ces mots les talons, marchant droit au Sud du Château, d'un pas lent et que je voulais volontairement lourd. Peut-être qu'avec un peu de temps, ils y renonceraient, ils décideraient de chercher un autre endroit tout aussi effrayant, et un peu moins dangereux... Même Dinguo trainait le pas et marchait largement derrière nous trois. Pourquoi leur avais-je parlé de la Forêt ?! Mais il était trop tard pour répondre à cette question. Plus nous nous éloignons d'Umbrae et plus l'atmosphère devenait pesante. La brume qui nous entourait s'épaissit, si bien que nous ne marchions plus qu'à deux ou trois pas les uns des autres. Puis d'un seul coup, le brouillard s'effaça. En haut d'une petite colline se tenait un arbre tortueux, dont la sève étrangement verte coulait le long des rainures du tronc. C'était le signe que la Forêt des Âmes Perdues étaient là, nous tendait les bras... Je me tournais alors une dernière fois vers Romulus, attendant sa réponse finale. Puisse-t-il renoncer à cette dangereuse expédition !

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Lun 05 Oct 2015, 12:04

Je ne dis pas un mot.

Pendant toute notre marche, le silence fut de mise. Personne ne désirait parler. De toute façon, le sinistre de Milady qui l'avait envahie quand elle avait commencé à parler de l'endroit où nous nous rendions expliquait plutôt bien son silence, Melody ne pouvait pas parler de toute manière, Dinguo semblait terrorisé et, pour une fois dans sa vie… mort… ne semblait pas surjouer sa réaction. Quant à moi, je préférais me taire. Milady semblait avoir reçu la nouvelle de notre lien avec une certaine… Acidité, et je n'estimais pas nécessaire de nous attarder sur tout cela pour l'instant. Aussi était-il préférable de ne pas parler pour ne pas l'irriter tant que nous n'aurions pas mit les choses au clair.

Je me sentais calme. Autour de moi, la brume commençait à nous envelopper, comme une main bienveillante cherchant à nous dissimuler aux yeux de nos potentiels adversaires… À moins que ce ne fut un charme de ces derniers pour nous piéger…

Il étaient peu de choses qui m'effrayaient vraiment en ce monde. Mon passé peut-être, mon oncle… La mort. Surtout la mort. S'il était bien un phénomène que je m'efforçais de repousser de toutes mes forces et contre lequel ma lutte donnait sens à ma vie, c'était bien celui qui poussait toute choses à se ternir pour redevenir les cendres à partir desquelles elles s'étaient un jour créées.

Et pourtant, je mettais ma vie bien souvent en danger. C'était le prix à payer pour lui échapper : la côtoyer dangereusement le plus souvent possible. Chaque victoire l'affaiblissait, la rendait moins apte à m'atteindre. La première défaite serait la dernière…

Jetant un coup d'œil à ma sœur, qui était la seule personne devant moi dans l'organisation de notre rapide troupe, je notais qu'elle marchait étonnamment lentement… J'avais des doutes sur une éventuelle obligation liée à sa nature d'ombre en guise d'explications… Mais je préférai ne pas relever, au risque, de nouveau, de l'irriter. Néanmoins, je me permis d'essayer de la presser un peu en restant un peu trop poche d'elle dans l'espoir qu'elle avance plus vite pour tenter de s'éloigner. Que pensait-elle ? Que son frère n'avait rien à faire de son temps libre ? J'aurai mille fois préféré aller résoudre les questions qui me passaient par la tête depuis la découverte d'une part caché de ma famille. Y'en avait-il d'autres encore vivants ? Comment les contacter ? Ont-ils besoin d'aide ? Était-il possible que la famille Eternam eut été plus grande et plus forte qu'elle ne le laissait croire ? Tant de questions que je ne pouvais m'empresser d'aller comprendre à cause d'un pauvre fou invisible… !

Enfin. L'orée de la forêt dont mon ombre de sœur nous avait parlé.

Celle-ci se tourna vers moi et je ne compris que trop bien ce regard inquisiteur qu'elle me lança. Il avait une forme de prière dans ces yeux froids. Elle ne voulait pas s'y rendre et espérais que je renonce à cette aventure hasardeuse.

Immobile, je contemplait le bois aux allure lugubres qui ne m'impressionnaient pas le moins du monde.

Deux ombre qui ne craignent plus la mort… Une femme qui parvient à vivre sans sa propre tête… Un sorcier que seule la mort elle-même saurait faire trembler, du moins le penssai-je…

Pas de doute à avoir. S'il fallait éprouver la peur pour donner son caractère à un des éléments essentiels à la potions que nous cherchions à créer, il fallait nous rendre dans ce lieu si effrayant, disait-on.

Sans une hésitation supplémentaire, mais sans servir de réponse orale à ma sœur pour autant, je repris la marche, héritant de la tête du groupe que Milady m'avait cédé, pour pénétrer la forêt.

Ma première impression fut une envie de vomir. Aussi étrange que cela paraissait, c'était la première fois qu'un lieu aux allure naturelles me paraissait aussi… Sale… Les éléments du décor étaient tous dans un aspect difficile à affronter pour les yeux. Des arbres torturés qui semblaient comparable à des boyaux humains répandus des façons les plus cauchemardesques qui soient. Les couleurs, plutôt irréalistes, renforçaient cette impression. Difficile de se dire qu'il ne s'agissait que de bois… Le doute planait et si je n'avais pas été pressé de trouver l'ingrédient miracle de notre potion, je me serais penché de plus près pour vérifier de quelle matière étaient faits ces végétaux.

Une odeur de décomposition infectait l'air comme un parasite particulièrement virulent. Je la connaissais bien, pour avoir souvent manipulé des cadavres par la force de ma magie. Elle était si forte que j'en avais du mal à respirer correctement… J'optais finalement pour une respiration par la bouche, évitant plus longtemps l'agression de mes narines…

Pour autant, je n'étais pas effrayé. L'obscurité et le sinistre étaient mes protecteurs depuis bien longtemps, maintenant. Je me plaisait dedans et il était aisé d'y trouver créatures à l'âme torturé qu'on ne regrettait pas d'achever pour mieux protéger ma propre vie. De plus, les être bienveillants dont l'inspiration me dégoûtait n'osaient s'aventurer en de tels lieux. Un plaisir qu'il fallait savoir apprécier à sa juste valeur. Non vraiment, l'ambiance qui aurait parue lourde à certains me semblait tout à fait naturelle…

Je commençai à croire que nous serions absolument pas en mesure de transmettre notre peur à de l'eau croupie quand j'eus l'impression d'entendre une voix, dans ma tête…

"Souviens-toi, Romulus, que tu es sur le territoire de l'esprit de la mort. Il peut décider de te laisser aller sans se préoccuper de toi comme il peut décider de mettre fin à ta vie en un instant. Sois prudent… "

Qu'était-ce ? Ma raison qui avait échappé à ma volonté ou bien… La parole d'Ecem qui me mettait en garde ?

Un frisson parcouru soudain mon échine. Scrutant les bois autour de moi, j'étais soudain inquiet. Où étais-je ? Pouvais-je prétendre deviner ce qui vivait ou ne vivait pas en ces lieux avec autant de prescience que dans le monde des vivant ? J'étais dans le Royaume des Morts… Qui pouvait seulement imaginer ce qui s'y trouvait ? Et si la mort elle-même m'attendait ? Et si ses meilleurs chasseurs se terraient ici, attendant que de malheureux voyageurs viennent s'égarer pour offrir une vie à remodeler à la maîtresse de la fin de toutes choses ?

Ces arbres étaient-ils les restent d'êtres vivant s'étant aventurés ici avant moi ? Prisonniers des maux les plus monstrueux ? Et cette odeur ? Elle semblait plutôt bien appuyer ma thèse…

J'eus un rapide coup d'œil derrière moi. Celui-ci put passer pour la vérification de la bonne avancée du groupe à ma suite, mai en vérité, je tentais de voir si l'orée de la forêt était encore visible. Pas du tout. J'étais perdu au fond de ce lieu qui n'attendait que moi et qui ne comptait pas me laisser partir de si tôt… !

Soudain, il y eut un mouvement à ma droite. Non… Un illusion ?

Mon mouvement de tête avait été rapide et net. Je l'avais pourtant stoppé rapidement. Il n'était pas dans mes habitudes de présenter mes faiblesses aux autres et je ne comptais pas commencer aujourd'hui. Rien n'avait bougé et je n'avais pas tenté de lancer une exclamation de surprise. Je faisais de la paranoïa, voilà tout. Il fallait que je me calme.

"Qu'est-ce que c'était ?"

Un autre mouvement, là, sur ma gauche ! Au diable mon calme et mon assurance habituelle ! Il y avait eu un mouvement, j'en étais absolument certain ! Mais alors… Pourquoi n'y avait-il plus rien, à présent ? Le mouvement n'avait pas été très clair… Un oiseau ? Un animal ? Ici ? Dans cette forêt… Non ! Difficile à croire ! Et puis avec l'obscurité, on voyait parfois des formes sans qu'elles soient vraiment là.

Un bruissement… Deux bruissements… Un râle à peine audible… Je commençais à me sentir vraiment très mal à l'aise…

J'avais froid… Je commençais à avoir très froid. La température avait-elle chuté ? Il ne me semblait pas...

J'avais le cœur qui semblait battre de plus en plus fort, luttant contre je ne savais quelle force… Je me sentais essoufflé soudainement… Non ! Cela faisait plusieurs minutes maintenant que j'avais du mal à reprendre mon souffle correctement. Comment ne l'avais-je pas remarqué plus tôt ?

Soudain, mon pied s'enfonça dans un matière meuble. De la vase ! Parfais ! Nous avions enfin trouvé ce que nous cherchions !

- Dinguo ! Vite ! Tentez de presser un peu cette boue pour en récupérer du liquide !

Mais le pauvre bougre n'eut pas même le temps de se baisser. Des arbres les plus proches, en face de nous, à quelques dizaines de mètres à peine, des formes fantomatiques se dessinèrent soudainement. Leur râle était effrayant et on ne reconnaissait rien en eux. À peine une forme humaine et il fallait beaucoup d'imagination…

Je me sentais glacé par le regard absent de leur visage et que je savais pourtant braqué sur ma personne. Un tremblement, bien plus violent que les frissons de peurs que j'avais ressentis quelques instants auparavant, me parcouru le corps. Un violent coup de poing, comme si mon cœur avait frappé plus fort que jamais au sein de ma poitrine, bousculant l'intégralité de mon corps. Et soudain, je me sentis vide, comme aspiré… Je me sentais deux, comme si mon âme et mon corps se séparaient, comme si je n'étais plus maître de mon destin. Je ne pouvais plus rien faire si ce n'était tenter de mourir de peur avant qu'il ne m'arrive quelque chose de pire.

Et soudain, une poussée d'adrénaline me fit reprendre le contrôle. Détournant le regard par réflexe, je fis un pas en arrière, pour maintenir la distance entre moi et ces créatures abominables.

- Par tous les Aetheri, que sont ces créatures ?

Je n'avais jamais rien vu de tel. Nul écrit ne mentionnait l'existence de ces êtres. Ils ne ressemblaient à aucune légendes. Ils n'avaient aucune symbolique dans la réalité des vivants ! Les êtres les plus mystérieux sont probablement les plus dangereux de ce monde…

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Dim 17 Avr 2016, 22:21

Les Aetheri ne m'avaient pas entendue, ou alors ces derniers ne jugeaient-il pas bon d'intervenir pour ma cause... Quoi qu'il en soit, je vis Romulus me dépasser sans un mots, sans un regard appuyé, et s'enfoncer dans la forêt obscure. Je ne voulais pas qu'ils y aillent, tous autant qu'ils sont. Je ne voulais pas non plus y pénétrer moi-même et encore moins devoir y passer du temps. Toutes les histoires lugubres et les contes horrifiques portant sur le lieu où nous nous rendions me revinrent en mémoire, des plus abracadabrantes aux plus plausibles, et toute cette excursion ne me disait vraiment rien de bien. Je cherchais alors une aide, un soutient chez mon confrère ou même ma sœur, mais aucun d'eux ne réagirent et tous emboîtèrent le pas au sorcier. Ils semblaient tous décidés, et c'était maintenant à mon tour de faire mon choix. Pourquoi déjà m'étais-je lancé la dedans ? Ah oui, Dinguo m'avait présenté cet homme que je prenais pour fou comme mon frère de sang, et tant que ce dernier n'aurait pas aidé l'ombre, il refuserait de répondre à mes questions. C'était donc une nouvelle fois ma fichue curiosité qui m'avait mise dans l’embarras, et qui m'embarquait dans une quête que je n'avais pas choisis. J'aurais pu tout aussi bien le laisser seul, faire demi-tour et m'en retourner à mes affaires... mais non, je ne l'avais pas pu... Et cette impression de ne pas être maître de mes actions me rendait malade. Avais-je encore le choix de les abandonner à leur sort ? Non. Pas après les avoir conduits jusqu'ici, pas après les avoir aidé à résoudre une part de l'énigme... Et puis, moi aussi je voulais connaître le fin mots de tout ceci, en fin de compte. Alors, à mon tour, je fis fasse à cette forêt que je redoutais tant, et j’emboîtais le pas aux autres membres de notre sordide expédition.

Comme je m'y attendais, à peine avions-nous avancé à l'orée du bois qu'une violente odeur de cadavre en décomposition et de putréfaction nous assaillit. Et même si je n'avais pas les organes nécessaires pour avoir la nausée, mon esprit, lui, se souvenait parfaitement de ce que cela faisait. Machinalement, je mis ma main sur ma bouche et mon nez, bien que ce geste était parfaitement inutile. Tout ici n'était que mort et désolation, bien que chaque souche, chaque rocher moussu, semblait posséder une volonté propre qui rendait l'atmosphère particulièrement malsaine. Je voulais partir, disparaître, mais déjà je ne savais plus où se trouvait la sortie. Nous étions perdus, au sens propre comme au figuré, et tout ce que je pouvais faire désormais était de m'assurer qu'aucun des membres de ma fratrie ne meurt sans que je ne puisse agir. Je ne supporterai pas de me sentir responsable de leur fin tragique... Il ne fallait pas que je les perde des yeux, pas un seul instant. Melody semblait dans son élément, elle qui privée de ses sens, ne souffrait en rien de l'odeur pestilentielle du lieu. Quant à Dinguo, difficile de dire où ce dernier se trouvait exactement, bien qu'il semblait s'amuser à signaler sa position en brisant des brindilles sur son passage. Je n'étais pas rassurée, c'est le moins qu'on puisse dire, et je cherchais sans cesse une solution pour échapper de cet endroit maudit au plus vite, tout en restant à l’affût de la moindre petite flaque d'eau effrayante qui nous permettrait de récupérer l'ingrédient à malice. Romulus, lui, me paraissait tantôt angoissé, tantôt ravi de se trouver là où aucune entité bénéfique ne viendrait le perturber. Pauvre fou... J'aurais aimé que quelque chose le bouscule dans ses principes, qu'il me montre qu'il avait conscience du danger qu'il courait à marcher impunément dans cette forêt... Mais je me gardais bien de lui faire quoi que ce soit, si ce n'est de garder un œil sur chacun de ses déplacements.

Tout jusqu'ici m'avait semblé plutôt calme, mais je savais que cela n'allait pas duré, j'étais prête à tout... Et la chance finit par tourner. Romulus montra visiblement des signes d'inquiétudes, ce qui ne présageait rien de bon. Je restais à un mètre de lui, en arrière, scrutant les environs sans pour autant parvenir à déceler quoi que ce soit. Il devait bien y avoir quelque chose pourtant ! Le sorcier n'avait pas réagit à un fantôme ! Un mouvement sur ma droite... Trop rapide ! Je ne parvins pas à capter suffisamment la forme étrange qui nous tournait autour. Je tentais de me concentrer, en vain... Il y avait soudain bien trop de bruits aux alentours ! Melody me rejoins, semblant elle aussi ne plus être à son aise. Nous n'étions donc pas les seuls à voir ces formes. Romulus avait appelé Dinguo, qui de par les empruntes de ses pas, se dirigeais en trottinant vers lui. Mon fou de frère avait finit par mettre la main sur notre ingrédient mystère ! Bien que je prenais la nouvelle plutôt bien, je savais pour autant que notre mission n'était pas terminée. Je m’apprêtais à prendre la parole afin de donner les directives à suivre... quand Elles finirent par sortir de l'ombre, prêtes à nous attaquer... C'était ce que je redoutais... Horrifiée, mon corps et mon esprit refusaient de fonctionner, j'étais complètement paralysée par la peur, alors que Romulus subissait sa première attaque. Il était en train de mourir, sous mes yeux, je le savais, le moment que je redoutais tant venait d'arriver... Elles étaient là... pour lui.

Alors que j'avais l'impression que tout était déjà perdu, le sorcier -par une volonté hors du commun- réussit à reculer, brisant le lien invisible entre la créature fantomatique et son âme. Ce simple geste suffit à me redonner l'entier contrôle de mon être, et je réagis. Il fallait penser vite, penser ordonné ! « Dinguo ? Tu as l'ingrédient ? » J'avais ignoré volontairement la question du sorcier, puisque je n'étais pas moi-même certaine de la réponse. Il n'étais pas question que nous fuyons la forêt les mains vides ! « Dans la boîte ! » Un flacon remplit d'un liquide vert s'agita dans les airs, à ma droite. Melody, elle, reculait déjà, prudemment. Ces créatures n'en avaient qu'après une seule proie... mais nous laisseraient-ils pour autant tous repartir ? « Personne ne bouge ! » Le flacon et ma sœur s'immobilisèrent en une fraction de seconde. Il me fallait protéger à tous prix Romulus. « Dinguo, tu t'occupe de ma sœur, je m'occupe du sorcier. Les créatures en ont après lui. Il faut le sortir d'ici au plus vite. » Utilisant les ténèbres quasi omniprésentes pour me déplacer, je me retrouvais derrière lui. « Ecoute-moi bien... Tu es le seul être vraiment vivant ici, le seul qu'Elles peuvent dévorer... Je ne sais pas ce que c'est, je ne sais même pas comment nous en défendre, tout ce que je connaît vient de vieilles légendes... Elles sont anciennes, des créatures immortelles que jamais personne ne dérange, se repaissant de l'âme des égarés. Si tu as une idée de sortilège à utiliser, surtout, ne te gêne pas ! Là, il faut gagner du temps, que je récupère assez de magie pour nous emmener tous les deux dans les ténèbres, qu'on sorte d'ici sans qu'Elles ne puissent nous suivre. Compris ? »

Mais Elles ne me laissèrent pas le temps de mettre au point mon plan... Étaient-Elles douées d'intelligence ? Je ne devais pas me poser de tels questions, ce n'était pas le moment... vraiment pas. L'une d'Elles s'approcha trop près, et je sentis le corps de Romulus se refroidir. Sans réfléchir, je me plaçais devant lui, les bras levés, et dans une illusion de lumière, je tentais de forcer la créature à reculer. Cela marcha... durant quelques secondes, à peine. Melody aussi usait de sa magie sur Elles, mais rien ne semblait vraiment fonctionner... Une insensibilité ? Je devais trouver quelque chose ! Vite ! Mais je n'avais pas l'habitude de devoir réfléchir en situation de stress, et aucune idée valable ne me venait en tête. « Milady ! J'emmène la Dullahan ! » A peine avais-je eu le temps de me retourner que je voyais ma sœur disparaître dans l'ombre. Un soucis de moins, même si j'imaginais aisément que le scientifique fou n'avait fait ça que dans un but personnel... Il ne restait désormais plus que nous, face à... cinq d'entre Elles. Petit à petit, les choses se rapprochaient de plus en plus, comme si rien ne pouvait leur faire peur. Je n'avais pas le choix. Il fallait que j'essaye quelque chose, n'importe quoi ! Quitte à m'en affaiblir ! Quitte à disparaître ! Tant que je ne voyais pas de nouveau l'un de mes proches disparaître ! Je rassemblais alors ma magie autant que je le pouvais, la concentrant, la condensant en moi... Un flash, un seul. Je n'avais le droit qu'à un seul essai. « Prépare-toi à courir... »

Je laissais ma magie exploser autour de nous, et à bout de force, je perdis toute contenance, redevenant partiellement brumeuse. « Vite... Fuy... » Mais ce qui se produisit, jamais je n'aurais pu le prédire, le réver ou même l'imaginer. Elles... avaient... comme... mangé... ma magie. Plus vivace, plus consistantes, Elles... souriaient. Je pensais de nouveau que tout était perdu, que rien ne pouvait nous sauver. Ma vue se brouillait, mes pensées divaguaient... Et j'eus une pensée pour mes familiers. Je crus même voir Saïko apparaître devant mes yeux... Pauvre ami que j'abandonnais... Devenais-je folle ? Je voyais même mon puma se battre contre ces maudites créatures, qui reculaient, effrayées... C'était surréaliste. Le voilà même qui s'approchais de moi en produisant de petits cris inquiets. Les choses semblaient parties. Ça y est, j'étais bel et bien folle. Machinalement, je m'accrochais à sa fourrure avec le peu de solidité corporelle qu'il me restait, et j'enfourchais l'animal au corps chaud et puissant. Il s'envola, de ses ailes puissantes, nous éloignant de cet endroit maudit. Nous ? Il me fallut bien plusieurs minutes avant de réaliser que tout ce que je vivais n'était pas si irréel. C'était... incroyable, et je regrettais au combien de ne pouvoir ressentir la moindre émotion positive. Saïko, lui, ne se gênait pas de montrer sa joie de me retrouver entière, et il fit plusieurs acrobaties aériennes dont il avait le talent. Après plusieurs minutes, je me décidais à reprendre le contrôle de notre trajet. « Allez, ramène-nous au labos ! » Je ne savais pas comment l'animal avait fait pour me retrouver, et à vrai dire, cela n'avait aucune importance. Je comptais bien le remercier en lui offrant autant de viande qu'il le désirait !

Une fois pieds à terre, je caressais longuement mon compagnon qui prit la taille d'un chaton. Apparemment, il n'était pas du tout d'accord pour me laisser seule et prit la taille d'un petit chaton, tout en grimpant sur mes épaules. N'ayant pas cœur à l'en dissuader, je le laissais simplement faire, tout en descendant dans le laboratoire de Dinguo... Pourvu qu'ils soient eux aussi arrivés à bon port...

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Mar 26 Avr 2016, 20:39

- Dinguo ? Tu as l'ingrédient ?


- Dans la boîte !


On ne répondait pas à ma question... Pourquoi ? Milady semblait inquiète. Je l'entendais dans sa façon de parler, très excité, des phrases courtes, un débit de parole plutôt rapide...


Ne plus bouger. C'était là son ordre, nous ne devions plus faire un geste. Du coin de l'œil, tandis que mon ombre de sœur était en train de faire une sorte de rapide compte-rendu de notre mission, je voyais les formes fantomatique se rapprocher, lentement mais sûrement.


Enfin vinrent les explications. Explications bien maigres en soi : tout ce que savait Milady, c'était que ces créatures en voulaient après la vie et que j'étais la seule entité possédant ce caractère...


"Le sorcier"...


Il fallait lutter, à présent. Prenant grand soin de ne pas regarder directement nos adversaires, j'unissais en moi la magie. Sentant l'énergie sombre couler dans mes veines et s'épandre hors de mon corps en une fumée noire. Il devait bien y avoir... Oui ! Gagné. Du sol, prêt de moi, un main jaillit du sol, vite rejointe par une deuxième et les deux membres prirent appui sur le sol pour aider le corps auquel elles étaient reliées à s'extirper du sol. Un cadavre finit par apparaître des entrailles de la terre, dans un état de décomposition avancé qui obligeait le regard à s'écarter... C'était préférable, en tous les cas...


À travers les yeux de mon sombre moi, je vis les créatures blanchâtres s'approcher soudain à grande vitesse et dans la précipitation, je m'élançait et vint frapper du bras l'une d'entre elles.


Confiance.


C'était le sentiment qui émergea timidement en moi lorsque je constatai que je pouvais toucher et repousser physiquement ces êtres effrayant. Pour autant, mon véritable corps tremblait de peur. Mes tremblements se faisaient de plus en plus violents tant j'étais terrorisé... Non... Ce n'était pas que de la terreur... J'avais froid, de plus en plus froid... Je rouvris les yeux sur un spectacle qui me tétanisa.


Devant moi, Milady venait de se jeter, interceptant de justesse une des étranges apparitions qui s'était projeté vers moi. Une émanation puissante de lumière vint envahir le corps de ma sœur et je vis le danger s'écarter l'espace d'un instant. Elles ne semblaient pas en difficulté contre la clarté mais plus gênées. Elles ne devaient pas aimer ça, même si elles pouvaient aller au-delà en cas de nécessité...


Dans le doute, je pris le soin de sortir de mon manteau une pépite d'or que j'avais un jour trouvé à terre dans l'Antre des Damnés et dont la brillance était égale à celle d'un petit soleil. Je l'avais baptisée "pierre de lumière"...


Et effectivement, en la brandissant face à une autre de ces créatures blanchâtres, je parvins à la repousser suffisamment longtemps pour prendre mes distance. Derrière moi, j'entendis Dinguo indiquer qu'il fuyait, emportant Melody. Sage décision.


Mais je me rendis compte en recentrant ma concentration que j'avais complètement oublié mon sombre moi. De ses yeux, je voyais bien que les créatures m'avaient ignorées et se rapprochaient à présent de nous, lentement mais avec une volonté d'acier.


Soudain, Milady me demanda l'impossible : me préparer à fuir. Je savais que mes maigres forces et mon incapacité à me repéré dans cette forêt ne me permettraient pas d'obéir à l'ordre de ma sœur... Que faire...


L'ombre n'attendit pas que je trouve comment agir. Il y eut un immense flash suivit d'un grondement sourd. J'eus l'espoir un instant que les créatures aient disparues derrière cet éclat de magie si imposant. Mais au contraire. Elles semblaient en avoir tiré de nouvelles forces.


Et Mili avait disparue...


Je sentis une nouvelle inquiétude, venant s'ajouter à la peur et l'adrénaline  parcourant mon corps... Milady, où étais-tu ?


Soudain, sortit de nul part, un créature ressemblant à un puma mais dont les ailes l'éloignait de cette apparente parenté vint frapper une des apparition arrivées trop proche de moi. J'ignorai ce que l'animal faisait ici mais puisqu'il prenait ma défense, je ne pouvais qu'en profiter.


Je réunis toute ma concentration. Mon sombre moi s'approcha assurant ma protection rapprochée. Un bon coup du bras pour écarter une entité de la mort, un large coup de pied pour faire de même pour une autre... Heureusement, les étranges formes blanchâtres semblaient ne pas disposer d'une force conséquente, sans quoi ma défense aurait été franchement amputée dans son efficacité...


Dans la précipitation, je cherchais mes fioles. D'une main tremblante, j'en saisis une avec la certitude jusqu'au dernier moment que je risquais de la laisser se briser au sol. Mais, contre toutes attentes, je parvins à la conserver en main jusqu'à faire glisser quelques gouttes du sang de mon familier à même la terre.


- Yshäel, par tous les Aetheri, traverse le voile de la réalité et rejoins ton maître, maintenant !


Et, comme encouragé par mes paroles inspirées par la peur, une large fissure vint ouvrir un passage vers les entrailles de la terre d'où le Thêor vint s'extirper avec vivacité. Aussitôt libre, le sol se referma sous ses pattes et l'animal pointa sa tête vers moi, attendant les ordres.


Dans un dernier regard en arrière, alors même que j'enfourchais le Thêor, je vis que Milady était de retour, sous une forme ombreuse indescriptible et dont la matérialité laissait encore à désirer. Je la vis s'aider de l'étrange puma pour quitter les lieux, elle aussi.


- Cours, Yshä, cours !


Il n'en fallut pas plus à la bête pour s'élancer. La puissance de ses membres, l'énergie qui parcourait son être, tout lui donnait l'avantage sur nos poursuivants. Les arbres défilaient autour de moi et mon cœur commençait lentement à reprendre un rythme de battement plus calme...


L'orée de la forêt apparut comme l'accomplissement de cette nuit de terreur et déjà, dans le ciel, l'aube pointait ses premiers rayons.


- Par là, indiquai-je au Thêor en levant le doigt.


Sans hésiter, Yshäel suivit la direction et nous arrivâmes rapidement devant l'entrée de la cave improbable de Dinguo...


J'entrai sans attendre dans la pièce. Sans regarder autour de moi, sans une minute de patience, je lâchai alors que la porte commençait à peine à se refermer sous l'effet de sa propre inertie :


- Nous avons l'eau croupie. Reste la perle de verre opaque, l'alexandrin et la phrase sans sens. En toute logique, l'alexandrin servira de liguant aux ingrédients qu'il faudra ajouter au fur et à mesure qu'il sera prononcé. Quant à la phrase sans sens, elle sera l'achèvement de la potion. Il nous faut donc trouver la perle opaque...


Je pris une seconde pour réfléchir... Chose que je ne pus m'empêcher de faire à haute voix.


- La perle est bien sûr un élément évident, mais Dinguo nous a précisé plus tôt qu'il était impossible d'user de verre pour faire une perle aux formes parfaites... Une perle est un objet précieux... Et l'on dit souvent... Oui ! C'est cela !


J'avais prononcé ces derniers mots avec une certaine conviction. Me tournant vers mes interlocuteurs, je vis avec satisfaction que ceux-ci étaient bien au complet : Milady, Melody et le vieux fou de Dinguo, dont je distinguais les pas nerveux à travers la poussière au sol...


- La perle ne désigne pas l'objet mais la qualité. On dit d'une élément précieux qu'il s'agit d'une perle. Cela peut-être une personne, une qualité ou un événement. Reste à comprendre ce que signifie "en verre opaque"... Dinguo ? Le papier que vous m'avez fait lire était bien l'original ?


Il y eut un silence qui devait être la représentation de la réflexion du vieux scientifique. Soudain, il lança :


- Non ! Maintenant que vous le dîtes, je me rappelle avoir recopié les instructions pour éviter d'avoir à trop manipuler l'ancien parchemin !


On se demande pourquoi... Avec toutes les expériences farfelues qu'il semblait entreprendre, cela n'était pas surprenant qu'il ait voulu mettre à l'abri sa seule chance de trouver le salut dans son échec flagrant...


- Allez-nous chercher l'original, je vous prie.


Il était bien susceptible d'avoir mal lu...


Il s'exécuta et la vérité sur ce dernier ingrédient ne tarderait pas à être révélée...



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Sam 07 Mai 2016, 14:58

Pourquoi diable était-il venu ici ? Que lui était-il passé par la tête pour quitter Devaraj et retourner errer sans but ni destination précise, alors que la priorité première était de rester aux côtés du chaman afin de le surveiller ? Pourquoi ici dans ce lieu qu'il ne connaissait même pas, à ce moment précis ? On l'avait guidé, Odion en été maintenant persuadé. Peut-être que les Aetheri avaient eu pitié de sa condition, ou écouté ses souffrances, à défaut de pouvoir entendre ses prières inexistantes et oubliées. Ou alors, peut-être que la chance lui était revenue, après l'avoir cruellement abandonné pendant des décennies entières, après l'avoir regardé sombrer doucement. L'esprit gronda. Personne ne pouvait l'entendre à par lui et ses oreilles déchirées à force d'écouter ses propres monologues sanglants. Quoiqu'il en soit, les faits étaient-là, devant lui. Il avait sous les yeux son propre fils, bien trop vivant à son goût. Le fantôme prenait garde de le suivre que de très loin. Il se cachait dans les murs, dans les meubles, derrière les portes. A cette distance, il n'arrivait pas à entendre ce qu'il se disait, ni à comprendre ce qu'il se passait. Mais cela lui importait eu à vrai dire. Odion était trop occupé à contempler le sorcier sous toutes les coutures, à observer ce qu'il était devenu, à se rappeler des fragments douloureux du passé. S'il n'était resté sur les terres du yin et du yang que pour retrouver Romulus et ses deux sœurs, il n'avait pas pensé à ce qu'il ferait une fois cela accompli, ou du moins pas en détail. Le but bien sûr, était de les exterminer, mais il n'avait pas eut le temps d'y réfléchir correctement. En vérité, réfléchir devenait un acte compliqué dans ce genre de situation. Une foule d'émotions oubliées ressurgissaient, incontrôlable. C'était un fouillis de colère, haine, tristesse, dégoût, mélancolie, regret. Submergé, comme la toute première fois où il avait pu entre-apercevoir Romulus à la foire au métiers, l'esprit avait bien du mal à rester dans le secret. Il n'osait se demander qui était les deux femmes qui l'accompagnaient, si on pouvait appeler ces deux êtres ainsi. Leurs visages ou leurs aura étaient bien trop familiers, eux aussi. Il savait que s'il regardait plus en détail, il se perdrait, se dévoilera, fera quelque chose d'insensé qui détruira toutes ses années de labeur.  

Odion voulait tout savoir. Il voulait trouver un élément qui lui permettra de connaître ce que faisait son fils, un indice qui lui permettra de le retrouver rapidement sans avoir à tomber dessus au bon vouloir des Aetheri ou par hasard. Cette curiosité était insupportable, elle détruisait d'un souffle toute la patience qu'il avait apprit à avoir. Tremblant, l'esprit brumeux s'approcha, un peu trop. Il était presque certain de s'être fait remarqué. Un instant, il se persuada qu'il était méconnaissable dans tous les cas, qu'ils ne pouvaient pas l'entendre, que tout le monde l'avait oublié. Il n'était qu'un esprit parmi tant d'autres, une simple forme immatérielle. Pourtant, il eut un doute. Et si jamais il se trompait ? Et si jamais... Des millions d'hypothèses surgirent dans sa tête, toutes plus improbables les unes que les autres. Dans un rugissement de colère, il se retourna pour disparaître dans un mur, emportant avec lui son regard mauvais et son ombre malsaine.

Odion ressortit de ce lieu étrange par la même porte où il était entré. Avec du recul, il se dit qu'il avait des noms précis et qu'il savait maintenant que les Eternam n'étaient pas inconnus à tout le monde. Une renommée, ça se paye, cher. Il était temps de se servir de Devaraj, de lui emprunter sa voix humaine et vivante, de trouver quel était le l'habitat de son fils. Cette réunion de famille improvisée était un important retournement de situation dans ses projets... Il était à la fois content de voir que sa patience avait payé, mais aussi inquiet quand à la démarche à suivre. Troublé, l'esprit s'arrêta une fois qu'il fut dehors. Alors qu'il s'apprêtait à réellement partir, il vit une des deux femmes qui accompagnaient Romulus sortir du bâtiment. Immobile, l'esprit observa.

 


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Mar 10 Mai 2016, 16:26

Je n'étais pas encore tout à fait remise de notre rencontre imprévue lorsque je franchis la porte du laboratoire souterrain de Dinguo. Melody était là - de mauvaise humeur, comme toujours-, et le savant fou aussi ; et même si je ne pouvais pas m'en sentir pour autant soulagée, je savais que c'était une bonne nouvelle. En revanche, il n'y avait toujours pas de trace de Romulus... Une partie de ma raison souhaitait que ce pauvre fou ne s'en soit pas sortie, car quel désir plus naturel que de vouloir voir un être qui vous a mit dans une situation périlleuse ne pas en ressortir vivant. Toutefois, quelque chose dans ma mémoire, au fond de moi, le cherchais, voulait sa présence, et n'était pas tranquille. Dans mes réflexes les plus instinctifs, je l'avais protégé, je m'étais même mise en danger pour lui... ça ne pouvait pas être sans raisons. Un je ne sais quoi m'échappais dans toute cette histoire, et c'est peut être ce qui me préoccupais le plus. Je n'aimais pas ne pas savoir, et encore moins ne pas comprendre. Il me fallait y réfléchir, calmement, posément. Mais le temps n'avait apparemment aucune envie de me voir me pencher plus longuement sur la question, car Romulus entra vivement dans la pièce et repartit de plus belle sur ses théories, comme si il ne s'était rien passé. Comment pouvait-il avoir une telle absence de réaction à ce qui venait de se passer ? Je ne savais que penser. Était-il à ce point dénué de toute raison ? A moins qu'il ne se raccrochait au moment présent pour ne pas penser au passé... Si tel est le cas, je le trouvais bien chanceux, moi qui était sans cesse tourmentée par des souvenirs d'une vie que je m'étais arrachée. Je l'écoutais exposer ses idées sans trop y faire attention, ayant du mal à me remettre de cette scène surréaliste que j'avais vécue. Je ne savais pas qui de lui ou de Dinguo me paraissait le plus insensé à cet instant précis... Au bout d'un certain temps, toutefois, ces mots me parvinrent plus distinctement, et je réussis à remettre en route la machine de mon esprit, à réfléchir. Encore une fois, je m'étais retrouvée comme paralysée entre deux espace-temps, et je ne m'en félicitais pas... Mais ce n'était pas le moment de me morfondre. Il me fallait terminer cette potion au plus vite pour enfin retourner à mes occupations premières. Les morts sont bien patients comparé aux vivants.

Dinguo revint un parchemin à la main. Décidant de ne pas laisser le temps à Romulus de poser ses mains sur des écrits provenant du monde des Ombres -qui sait quelles informations secrètes pourraient y être dissimulés-, j'arrachais des mains de mon homologue le parchemin et je me lançais de suite dans la lecture de ces mots anciens. « Hum. Je vais passer les détails et sauter directement au passage qui nous intéresse... » La plume qui avait copié ces mots était vive, pleine d'énergie, mais aussi tremblante et... tantôt appuyée, tantôt légère... instable. Si je ne savais pas que Dinguo en était l'auteur, j'aurais pu aisément le deviner sans trop de peine. Parcourant rapidement les passages sur les ingrédients que nous avions déjà récupérés, et arrivait à celui concernant la perle. Et effectivement, nous n'avions pas toutes les informations nécessaires ! « La perle de Vayrs, opaque... Voilà qui change tout ! "Vayrs ne renvoi pas du tout à une matière, c'est clairement le nom d'une personne ! Dinguo, toi qui est depuis plus longtemps que moi au Royaume, tu connaîtrait quelqu'un du nom de V-A-Y-R-S ? » J'épelais le nom lettre par lettre, et celui-ci sembla faire mouche dans l'esprit du savant fou. Il réflécit quelques secondes, puis se plaça sous l'unique source de lumière de son laboratoire, comme pour illustrer ses propos. « Mais oui ! Mais c'est bien sûre ! Oh comment n'y ais-je pas pensé avant... Vayrs est un des rares vivants résidant de façon permanente parmi nous. Un homme tout à fait charmant... Et je crois me souvenir qu'il possède un œil pas comme les autres... Ce pourrait-il qu'il soit faux ? » Il se gratta le menton, mais il ne m'en fallait pas plus pour me décider à me mettre en mouvement. « Et où on peut le trouver ? » « Dans son échoppe ! Il vend des livres et du matériel d'écriture en tout genre. » « Parfait ! Restez-là et commencez la potion, je reviens tout de suite ! » Et sans laisser le temps à mes interlocuteurs de répliquer -surtout pas à Romulus-, j'avais disparu au cœur des ténèbres.

Retrouver le domicile de ce vivant n'était pas bien compliqué, et je ne mis que quelques minutes à peine pour rejoindre son domicile. En revanche, ce qui l'était nettement plus, c'était de décider de la manière dont j'allais m'y prendre pour le convaincre de me donner son précieux œil -si tant est que notre théorie était la bonne-. Mais puisque Dinguo m'avait assuré que ce dernier était amical, pourquoi ne pas simplement tenter ma chance par la voie de la politesse ? Il n'était plus question de tergiverser d'avantage. D'un pas que je voulais assuré, je pénétrais dans la petite boutique poussiéreuse du libraire. Mais je ne m'attendais pas à ce que mes anciens réflexes se réveillent à ce moment là. Des livres, de toute sorte, ancien et récents, de cuirs ou encore manuscrits, tous parfaitement rangés. Une étrange pulsion me poussait à m'en saisir, à les ouvrir, à les lire, tous. Et il me fallut toute la volonté du monde pour ne pas me laisser tenter pas un très rare exemplaire d'un livre de conte. La mission avant tout. Je me dirigeais vers le comptoir de vente, mais me rendit bien vite compte que personne ne m'y attendait. Surprise, je commençais à chercher parmi les rayons, à appeler le vieil homme. Aucune réponse. Le lieu semblait singulièrement vide. Serait-il mort ? Si tel était le cas, atteindre mes objectifs me semblait singulièrement compromis. Plus je passais du temps à le chercher, et plus les livres m'appelaient. Peut-être allait-il revenir dans peu de temps ? Peut-être pouvais-je simplement l'attendre ici ? Après tout... qui me reprocherai de lui emprunter un ouvrage, juste l'espace d'un petit temps ? Il y en avait tellement que je ne connaissais pas ! Tellement que je voudrais découvrir ! C'est alors que l'un d'entre eux, plus ancien, attira mon attention... Sur sa couverture était écrit en caractères argentés, presque brillants dans la pénombre - Le Livre des Âmes -... Et avant même que je ne puisse m'en rendre compte, je venais de l'ouvrir.

Si seulement j'avais eu la force de m'arracher à sa contemplation... Si seulement j'avais pu me retourner... Alors j'aurais vu le visage du libraire, souriant malicieusement, m'abandonnant à mon sort... Mais je ne le pouvais déjà plus. J'étais piégées. Et je n'avais aucun moyen de m'en sortir seule.

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Dim 28 Aoû 2016, 11:22

Où allait-elle ? L'ancien Sorcier grogna devant son trouble évident. Était-ce possible qu'elle soit sa fille ? Dans ce cas il ne pouvait pas se permettre de la laisser passer sans la suivre le plus discrètement possible ! Partagé entre l'envie de fuir par prudence ou de saisir l'occasion peut-être unique de filer l'Ombre pour en apprendre plus à son sujet, Odion hésita longuement. Il fit quelques mètres en direction de la sortie, avant de revenir sur ses pas et de repartir dans la direction inverse. Passant à travers pierre, bois et terre, il suivit la jeune femme dans un autre bâtiment. L'endroit en question semblait être une immense bibliothèque ou librairie. Il y avait de quoi impressionner les amateurs de livres en tous genre ainsi que n'importe quel rat de bibliothèque. Lui-même avait aimé découvrir les secrets cachés dans les pages et les écritures étranges... Mais aujourd'hui il ignora complétement son environnement. La Mort lui avait dévoilé bien plus de secrets qu'il n'avait pu en lire de son vivant et son attention toute entière était fixée sur l'individu qu'il suivait.

Sa cible cherchait de toute évidence quelqu'un, sûrement le propriétaire des lieux qui demeurait invisible pour le moment. Odion se fondit dans une série d'étagères et marcha sur ses pas à travers les rayons chargés de papiers. Plus il l'observait, plus il était persuadé qu'elle était réellement une de ses deux filles. Il finit par en être certain. De toute façon tout concordait avec la scène qu'il avait observé précédemment. Soudain, l'Ombre s'arrêta devint un livre en particulier. Odion n'avait pas eut le temps de lire le nom de l'ouvrage sur sa couverture. Tout ce qu'il vit, c'était qu'elle sembla complétement absorbée dans sa lecture et que derrière elle, le libraire surgit d'un air malicieux. Odion crut qu'il allait l'attaquer par derrière. "Attention !" cria l'esprit, avant de se demander d'où pouvait bien sortir un tel réflexe paternel, lui qui avait passé des dizaines d'années à méditer sur la façon dont il allait tuer ses enfants et sa famille. Et de toute façon, personne ne pouvait l'entendre ici. Devenait-il stupide ? Il rugit, indécis, finit par se planter devant la jeune femme, qui avait l'air si concentré sur le livre qu'elle ne le vit pas. Ainsi, il pouvait distinguer ses traits de très près et confirmer pour de bon ses pensées. Il pensait avoir le temps de regarder. Après tout elle semblait incapable de s'arracher aux lignes écrites que ses yeux parcouraient. Odion avait déjà entendu de pareilles histoires auparavant, des livres qui hypnotisent, enferment. Allait-elle mourir, ici sous ses yeux ? Il rit et sursauta quand des voix retentirent dans l'allée de livres. Le temps qu'il fasse marche arrière pour se fondre dans l'étagère, tout le monde avait pu le voir penché de façon étrange vers la jeune femme. Il gronda encore, persuadé que personne ne pouvait l'entendre. Le pire était que dans sa peur et précipitation, il avait même oublié de regarder qui étaient les intrus.

En silence, il écouta et crut reconnaître les voix entendues au laboratoire. Choisissant à nouveau la fuite, l'esprit sortit du bâtiment à travers le mur et rejoignit le laboratoire du départ à travers les murs. En chemin, il se demanda s'il ne ferait pas mieux de se montrer tel quel une fois pour toute, leur faire croire qu'il les avait cherché pour pouvoir les guider et les aider. Mais vouloir manipuler ses trois enfants en plus de Devaraj revenait à avoir les yeux plus gros que le ventre. Et qu'allait en penser son cher frère ? Rien de bon pour lui, très certainement. Abandonnant aussitôt cette idée trop bancale à son goût, Odion resta à moitié caché dans la pierre, attendant le retour des acteurs. Dans tous les cas, personne ne l'avait reconnu et s'ils le voyaient, mieux valait se faire passer pour un pauvre être perdu ici et venant profiter du spectacle. Il y avait des esprits dans n'importe quel endroit du monde après tout. Bon... Peut-être moins ici, en plein milieu du royaume des Ombres, c'est vrai. Mais s'être perdu ici restait toujours un mensonge crédible. L'esprit attendait en silence, se préparant au cas où à incarner une nouvelle personnalité qui leur jettera de la poudre aux yeux pendant un court moment. Si jamais il y parvenait, il aurait là l'occasion parfaite de pouvoir en apprendre plus sur sa famille.

 


Mots : 780 - Post 2

Du coup j'ai modifié la fin de mon premier post + anticipé le fait que Romulus et/ou Melody vienne aider Milady.
(et ouai, j'ai mit la vraie tête d'Odion ! 8D)

J'espère que ça ira, n'hésite pas à MP sinon ! @_@  :(MILADY):
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[QUETE] Le labo de Dinguo ! [PV : Romulus]

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