Viktorya était ravis. Ravis de savoir que Céles voyait la vie meilleure, petit à petit. Lorsqu'elle la serra doucement dans ses bras, l'Orine dit :

« Tu peux garder ce kimono, je te l'offre. Ca te fera un très bel habit de ville lorsque tu auras besoin de paraître. »

Lorsqu'elle vit sa consœur aller chercher le violon, à son tour elle s'assit sur le tabouret, devant sa toile, pour continuer sa peinture inachevée. Une fois leurs activités respectives finies, le soleil était déjà tombé depuis un moment, et elles ne trainèrent pas pour se mettre au lit. Alors Céles la remercia encore, en lui parlant. La jeune femme émit un petit rire, comme un gloussement timide avant de dire :

« L'Orishala devient très féroce lorsqu'on touche à ce qui lui appartient. Quelque chose comme ça ne m'arrivera jamais. Merci à toi, je te souhaite beaucoup de bonheur... »

Surtout après tout le malheur qu'elle a pu vivre, ce ne serait pas de refus pour elle. Pour apaiser son âme.
Le lendemain, lorsque Viktorya ouvrit les yeux, elle vit Céles, joyeuse et avec une fraîcheur de vivre sans égale. Clignant des paupières, le temps d'assimiler la lumière du jour, elle regarda la nouvelle femme se préparer, et enfiler à nouveau le kimono. Elle avait su reproduire la coiffure de la veille, qu'elle orna d'une belle petite fleur, rendant le tout très harmonieux.
Jetant ses jambes hors du lit, la Muse se leva et vint près de son amie pour juste lui ajuster le col de son vêtement, avant d'approuver cette perfection.

« Tu es prête. »

De son côté, elle s'habilla rapidement, et se lava en quatrième vitesse, pour ne pas perdre de temps, sentant Céles prête à partir seule s'il le fallait.
En descendant, personne ne leur barra la route, signe qu'elles avaient le droit de passer, qu'effectivement c'était le grand jour. Alors Viktorya la guida jusqu'à une double porte, similaire à celle de la veille, mais ce n'était pas la même salle, ce n'était pas le bureau de l'Orishala non...
L'Orine demanda à Viktorya de rester en dehors de la salle, ce que la jeune femme fit sans mot dire, allant attendre sur un petit banc posé dans le couloir. Céles elle, mettait les pieds directement dans la salle du trône.
La pièce était longue, et de très grandes ouvertures venaient de chaque côté, illuminer la pièce comme jamais. La dernière était au plafond, au dessus du trône, formant un grand carré, et projetant la lumière directement sur les deux sièges. Un grand, énorme, massif, peu décoré, même très soft, et l'autre, la réplique en beaucoup plus petit. Déon, le bras droit, et Espion d'élite, de Cocoon, avait pris place dans celui-ci. L'Orisha lui, couronne sur la tête, était dans l'autre. Les deux hommes discutaient consciencieusement.

Puis Cocoon finit par tourner la tête. Il avait devant lui une femme, raffinée, aux longs cheveux roses foncés, portant un kimono d'une certaine beauté. Effectivement, bien qu'il ne bougea pas d'un millimètre, la surprise le frappa. Son esprit de déduction reconnu évidemment Céles mais, pas par rapport à son physique non, seulement parce qu'il connaissait chaque kimono qu'il avait fait fabriqué pour Viktorya, et celui-là n'y échappait pas. Et comme ce n'était pas son Orine, ça ne pouvait être que Céles. Seulement, elle n'avait rien à voir avec la pauvre fille chétive et craintive qu'il avait récupéré il y a trois jours.
C'était une femme, belle, avec une joie de vivre et une vivacité qu'il retrouva enfin dans son regard. Alors un rictus satisfait s'afficha sur ses lèvres, et il se détourna complètement de Déon pour s'asseoir correctement dans son siège.

« Bonjour Céles. Eh bien... Je suis ravis de te revoir tu sais. De te revoir, plus sure de toi, avec une confiance qui t'ait revenue. Les doléances attendront, ma matinée t'ai donc consacrée. »

Cocoon se redressa avant de dire.

« J'ai fais des recherches sur ton maitre. Je ne sais pas où il est, ni qui il est, mais il n'est pas mort, c'est une certitude. En revanche, il ne veut plus de toi. Il n'y a plus rien qui te lis à lui, et j'ai énormément réfléchis à ton cas. La femme qui est devant moi est différente de celle que j'ai vu il y a trois jours, et je tiens à te féliciter pour ces efforts. Tu as de la volonté, et tu as su me montrer ta détermination. Et puis tu es devenue très belle... »

Soupirant il prit une mine un peu plus sévère et dit :

« Comment as-tu trouver ton séjour ici ? Et trouves-tu que Viktorya est bien traitée ? Ecoute, j'ai bien réfléchis. Après avoir briser ton lien, tu vas te sentir mal. Je te propose soit de rester ici, je pense que Viktorya saura t'aider dans cette épreuve, bien qu'elle soit minime, soit que je te lie à moi en suivant pour être ton nouveau maitre. »

Se raclant légèrement la gorge il patienta une seconde avant de dire :

« Evidemment tu as le droit de rejeter mes deux propositions. »

Céles était réellement devenue quelqu'un d'autres. Comme si au final, toutes ses expériences s'étaient réellement accumulées, pour finir par faire d'elle une femme forte et mure. Devant son discours, il esquissa un demi-sourire, comme un rictus satisfait et se leva lentement de son trône. Le géant bougea de son siège d'homme, pour descendre les quelques marches qui le séparaient de Céles, et s'approcha d'elle. Avec sincérité, il la dévora des yeux, lui prenant la main pour s'incliner et baiser son dos. Lorsque son regard se releva sur elle il dit alors :

« Tu reviens quand bon te semble Céles... »

Se tenant alors devant elle, il lâcha sa main, pour appeler Viktorya. Celle-ci arriva dans la salle du trône, et se mit à côté de son maitre. Cocoon n'eut d'autres choix que de dire :

« Va en Maëlith, et va quérir ces réponses. Notre passé fait de nous ce que tu nous, et notre futur ce que l'on deviendra. Les portes de ma ville te seront toujours ouvertes, à toi et à ton peuple, alors n'hésite pas à revenir vers moi, au sujet des propositions où pour autre chose. »

L'Orishala se décala de quelques centimètres, avant de faire une signe du visage à sa poupée, pour qu'elle vienne se placer à côté de Céles. Fermant les yeux, il pénétra le corps de la jeune femme par son esprit, pour capter le lien d'âme qu'elle avait avec quelqu'un. Une fois que le chemin fut décelé, Cocoon le brisa. Cela du prendre qu'une ou deux minutes vu la faiblesse du lien qu'elle entretenait. Cependant, une corde restait une corde, aussi fine soit-elle, et pour l'Orine ce du être quand même un coup dur. Quelque chose de difficilement supportable. Vikorya à côté d'elle, l'empêcha de tituber et tomber. Bien qu'il l'avait lui même dit, et lui-même sentit, son maitre était loin, et ne pensait plus à elle, il était vrai qu'elle avait besoin de reconstruire sa vie, et il n'était personne pour l'en empêcher. Pour l'empêcher d'être Libre, et de vouloir mettre un terme à cette relation fantomatique pour se concentrer sur un maitre fait de chair et d'os. Comment pouvait-il lui en vouloir ? Lui dire non ? Il faudrait qu'il se renseigne sur ce peuple, de manière à être quelqu'un d'aguerrit la prochaine fois qu'un cas similaire se présenterait. Et puis peut être, plus tard, pourquoi pas traité avec les Orines, et la Vénus elle-même ?

Maintenant cette femme était libre. Libre et forte, prête à accueillir un nouveau maitre.

« Tu es libre Céles. Repose toi le temps que tu veux ici, tu pourras repartir lorsque tu le désireras. Viktorya, emmène la. »

Cocoon se détourna d'elle pour se jucher sur son trône, et laissa les deux jeunes femmes repartir.