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 Pour une Vie - Solo - Partie IV

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Mar 08 Jan 2013, 19:42

    Je soupirais, déjà lasse et ennuyée d'une journée qui venait à peine de débuter. Levant très légèrement les yeux pour regarder par dessus mes cils le ciel gris et les nuages gorgés d'eau qui menaçaient de déverser leur colère à tout moment, je poussais un nouveau soupire. L'aube n'était pas des plus belles. Ainsi, je ne pouvais même pas me satisfaire de la vue d'un agréable paysage, quoique je trouvais les environs emprunts d'une beauté inhabituelle. J'aimais ce chaos ambiant, la destruction qui y régnait. C'était beau, tout simplement, magique. Mon regard se balada négligemment sur les pierres délabrées qui jonchaient le sol, les herbes folles dont certaines m'arrivaient à la taille et chatouillaient mes bras nues, les corbeaux postés à la cime d'arbres morts... J'entendais d'autres créatures fuir sur mon passage. Alors que j'avançais dans les Ruines, je laissais mes doigts glisser sur de vieilles colonnes couchées couvertes de poussières, imaginant ce qui pouvait se dresser là auparavant. Cela faisait bien longtemps que je n'étais pas venue dans les parages, et la dernière fois, ce lieu était déjà détruit, quoique peut-être en meilleur état. A cette époque lointaine, je ne m'étais guère attardé sur l'architecture, elle était loin d'être ma priorité. Ce n'était pas par hasard que je m'étais rendue ici, j'avais un but, et mon vieil ami devait m'aider à dissimuler une perle de pouvoir, l'un de ma chère enfant dont je l'avais privé. Il avait fait sa renommée, c'est pourquoi je devais le retrouver, pour lui redonner. Je souris. Penser à mon passé devait me mettre de bonne humeur. J'y songeais si peu, car il ne m'importait guère. J'étais l'une de ses personnes tournées vers l'avenir. Mais de temps à autre, il devait être bon de ressasser les vieilles histoires trop longtemps oubliées. Alors, pensive, je m'assis sur les décombres pour observer ces ruines avec un autre point de vue. J'aurais pu revoir simplement cette journée ensoleillée, celle où j'avais cachée la perle, mais je préférais me plonger un peu plus loin dans les méandres de mon esprit pour retourner au commencement, à ma rencontre avec Caliel. Il était certainement la seule personne qui ait existé à laquelle je songe avec une certaine tendresse. Mes doigts caressaient furtivement mon ventre. Lui aussi serait dans mon estime, tant je l'avais attendu. Je souris.

    La première fois que je vis Caliel, ce fut sur le port. Artiste itinérant, il peignait le portrait de ceux qui voulaient bien patienter une heure ou deux et laisser quelques pièces en échange. Mais ce jour là, je n'avais fais que glisser mes yeux sur son visage, sans même le voir. Il était comme les autres, valait autant pour moi : rien. Et aux premiers abords, rien n'avait capté mon attention. Je continuais alors simplement mon chemin sans me préoccuper des alentours, comme toujours, oserais-je dire. Cela n'a jamais été dans mes habitudes que de me porter vers autrui. Était-ce un mal ? Très certainement pour les bonnes gens qui aimaient se croire irréprochable. Dieu qu'ils étaient stupides. Jamais l'on ne me changerait et je m'aimais ainsi. Durant l'après-midi, je me rendis dans une petite taverne mal fréquenté des environs pour y faire quelques rencontres, et c'est dans les bras d'un beau noble aux tendances rebelles que je finis pour passer avec lui quelques délicieux moments. J'étais bien plus jeune et mon appétit était intarissable. Ce noble dont le nom ne s'inscrivit jamais dans ma mémoire était pourtant physiquement à mon goût, il me satisfaisait, et je le gardais quelques jours où je le laissais croire qu'il pouvait me garder dans ses draps. Ça semblait lui faire plaisir de se penser puissant, de me retenir. Il me pensait faible. Mon allure a toujours été celle d'une frêle demoiselle aux yeux clairs. Pourtant, je ne tardais pas à le tuer. J'avais du me lasser et ressentais un besoin de renouveau. Mais avant de repartir en chasse, j'avais envie de passer un peu de temps au bord de l'eau, de me baigner sûrement. L'appel de l'Océan était fort, et à trop traîner dans les parages, je ne pouvais ignorer ces cris qui me sommaient de rejoindre les flots.

    C'était le soir. Je contemplais les étoiles en démêlant de mes doigts ma longue chevelure encore humide, assise sur le sable frais. Étrangement calme, je ne faisais que m'occuper de mes cheveux en murmurant une mélodie qui me passait par la tête. J'avais bel et bien sentie une présence derrière moi, mais cela ne m’inquiétait pas outre mesure. J'ai toujours été joueuse et une comédienne hors pair, je pouvais rebondir dans n'importe quel situation et le risque me plaisait. Comme moi je n'ai guère changé avec les siècles. Lorsque je finis par me taire et laisser le silence s'installer quelques instants, l'homme derrière moi se décida à prendre la parole pour chuchoter, de toute évidence hésitant : « Excusez-moi...» Lentement, je me tournais avant de me relever en quelques gestes élégants, les bras le long du corps pour planter mes prunelles vertes dans celle du jeune homme face à moi, ce peintre que j'avais entraperçut. Gêné, il détourna le regard, car il faut dire que j'étais à moitié nue. La pudeur n'avait jamais été le fort des sirènes, le mien, encore moins, mais je l'avais pourtant vu dévorer les plus infimes de mes mouvements. « Oui?» Un simple souffle d'une voix envoûtante et charmeuse. Cependant, cet homme n'était pas dans mes proies favorites. Un ange. Cela sautait aux yeux. Il puait la pureté. Ce n'était pas les meilleurs pour ce que j'aimais tant, mais qu'il était bon de les mener vers la déchéance et la noirceur. « Je...» Il avait du habillement repeté son texte avant d'oser venir à ma rencontre, mais face à la petite poupée que j'étais, les mots ne parvenaient pas à franchir la barrière de ses lèvres.

    « Je vous ai vu au port... Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi?» - « Pas vraiment non.» Je souris, comme désolée. C'était un mensonge, bien évidemment, mes paroles comme mon attitude. Mais plus j'observais cet ange, plus j'entrevoyais de belles perspectives. Il était bel homme, avec des cheveux blonds et les yeux bleus, des traits fins mais une musculature imposante. J'avais bien envie de jouer un peu. « Je suppose que c'est normal.» finit-il par lâcher lui aussi souriant. Mais il enchaîna : « Je vous ai beaucoup observé, vous savez. Je suis un artiste et...» - « Et?» Un régale que de le voir patauger ainsi. J'étais curieuse de voir où il voulait en venir. « Vous seriez un modèle parfait.» - « Vraiment? Pour?» - « Je dois réaliser la figure de proue d'un navire.» - « Et vous voulez qu'y figure mon corps et mon visage?» - « Oui... et quelques esquisses, si vous le voulez bien.» - « Pourquoi pas. Qu'aurais-je à faire?» Je le savais très bien, j'avais déjà posé pour des artistes. « Simplement à rester immobile et faire ce que je vous demanderais.» - « Nue?» Il parut embarrassé et je ne fis qu'en rire davantage. « Aucun problème vous savez.» - « Je vous paierais!» s'empressa-t-il d'ajouter comme si cela changerait tout. « Je préférerais que vous me rendiez un service.» - « Quel genre?» - « Je verrais en temps et en heure.» - « Soit. Marché conclu?» Je souris.

    Construire la figure de proue prenait un temps fou, et je dus passer des journées entières avec Caliel, des semaines, peut-être un mois ou deux, je ne savais pas vraiment. Mais eu fil du temps qui s'écoulait, je m'étonnais moi même à apprécier plus ou moins sincèrement ce drôle d'ange avec qui je partageais une chambre pour des raisons économiques, autant pour lui que pour moi. Il m'observait dormir, je le savais. Qu'il fasse ce qu'il lui chante, s'il me trouvait belle, qu'il se noie dans mes charmes, j'étais un poison et je l'aurais. Passer autant d'heures que comptaient la journée en sa compagnie avait cependant un léger désavantage, je ne pouvais pas satisfaire mes envies, quelles qu'elles soient. Ainsi, je m’éclipsais presque chaque nuit pour tuer et finir dans le lit d'un homme, et au petit matin, quand je revenais, il me contemplait avec un drôle d'air alors que j'affichais une mine victorieuse. Il était jaloux, et j'aimais ça.

    J'ignore comment les choses ont peu évolué ainsi, entre lui et moi. Tout s'est fait si naturellement. Nous nous comportions comme un parfait couple, et j'en oubliais même de commettre mes crimes, cependant, je gardais bien ma passion pour les hommes en mémoire, mais Caliel demeurait étrangement silencieux sur ce sujet bien que je remarque ces yeux qui trahissaient ses pensées. Je devenais plus douce, plus calme. Peut-être était-ce le bonheur d'un premier amour sincère, ou du moins, d'une esquisse fébrile de ce sentiment amoureux naissant ? Je l'aimais pour ce qu'il était, mais je ne pouvais me passer de certaines choses qu'il ne pouvait m'offrir. Ce jeu malsain et tacite dura pendant fort longtemps. J'étais sa Muse. C'était ainsi qu'il m’appelait. Ses œuvres étaient de plus en plus remarquables, et d'après ses dires, j'en étais la cause, je l'inspirais. Le modèle parfait. Jusqu'à ce jour.

    « J'en ai plus qu'assez de savoir que tu couches avec d'autres» dit-il, froid, sans même me regarder. Assise en travers sur un fauteuil, jambes croisées, je me contentais de l'observer avec un petit sourire en coin. « Et ? » Il se raidit. Ce n'était pas cette réponse qu'il attendait, à n'en pas douter. « J'aimerais que tu cesses.» - « En quel honneur ?» - « C'est une blague ?» Son ton était colérique mais son visage reflétait plutôt la tristesse. Impassible, j'affichais toujours mon air insolent et impassible face à ce qu'il tentait de m'exprimer. Caliel me contemplait d'un regard accablé. Une petite moue finit par tordre mes lèvres et je tournais la tête tout en lâchant sans aucune pitié : « Je suis comme ça, mon petit Ange, ce sont des choses que j'apprécie et dont je ne veux pas me passer. » Et il vint vers moi pour m'embrasser tendrement les doigts, à genoux près du fauteuil, réaction plutôt contradictoire. « Je ne te veux que pour moi.» Mon regard s'adoucit et il le vit « Et c'est comme ça que je t'aime, quand tu es ma Muse à moi, ma Vanille. Tu n'es pas la même avec moi et avec les autres, c'est tout ce qui m'importe.»

    Ce ne fut pas une décision facile pour moi. Je me souviens avoir beaucoup hésité bien que je n'ai montré la moindre appréhension ou quoique ce soit d'approchant. Gardant en moi ce que je pensais réellement et l'issue dont je ne me doutais que trop, je finis par céder aux avances de Caliel, trop prise d'affection pour cet Ange pour le repousser encore. Ce fut peut-être la période la plus calme de mon existence. Lui et moi partions et voyagions. Voir du pays et explorer les contrées hostiles ou encore vierges étaient un bon passe temps pour le jeune couple que nous étions. J'en oubliais presque qui j'étais, mais réfrénais ma propre personnalité pour rester encore avec lui. Je crois que je l'aimais vraiment. Mais le proverbe est assez clair: chassez le naturel, il revient au galop.


    - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

    Vanille rouvrit les yeux. Jamais elle ne s'était rendu compte que son passé lui était si flou, ou du moins, simplement la période où elle vit aux côtés de Caliel. Quelques brides lui revinrent en mémoire, comme un mauvaise rêve, incertain et dur à comprendre, où elle ne voyait que ses mains tenait délicatement une petite fiole au liquide sombre, et le geste vif qui lui indiquèrent qu'elle en aurait bu le contenu. La sirène soupira en se relevant. Elle en avait plus qu'assez à présent de se souvenir. C'était un acte si passif... Elle voulait et devait agir, trêve de paresse, l'heure n'était pas aux rêveries. D'autant plus qu'ici, elle n'avait rien de vraiment compliqué à faire, si ce n'est retrouvé ce qu'elle avait elle même caché. Un problème plutôt mince en soit, elle se souvenait avec précision de l'endroit de la cachette, et elle s'y rendit, d'un pas tranquille. C'est alors qu'elle se demanda si elle regrettait son histoire avec Caliel, qu'elle se soit ainsi achevée, et malgré toute l'affection qu'elle lui portait et le tendre amour qu'elle lui vouerait tacitement toujours, la réponse était non. Cette époque l'avait comme bridé, et elle préférait la liberté qu'elle avait retrouvé, et aimait ce qu'elle était aujourd'hui.

    Vanille se mit à croupit et passa ses doigts sur l'une des vieilles dalles en pierre qui pavaient le sol à différents petits endroits, vestige d'un ancien temple ou d'une maison luxueuse, peut-être. D'une main, elle écarta la lierre, tenace, qui avait pendant des années tâcher d'emprisonner la pierre à la terre. Battre la flore fut un jeu d'enfant. Et les sorts qui protégeaient la perle de pouvoir était insensible sur la sirène qui avait fait en sorte de ne pas être atteinte par cette magie maléfique si l'envie lui prenait de la reprendre un jour. Et pour la première fois depuis des siècles, la petite perle vu le jour. Du bout des ongles et avec une infinie précaution, la jeune femme prit la petite chose pour la laisser rouler dans la paume de sa main. Elle était vraiment magnifique. Douce et caressante, on aurait dit une petite bulle de savon, on ne pouvait que la croire fragile et éphémère, et pourtant, elle était plus résistante que le métal. Sa couleur était indéfinissable et changeante, comme en perpétuelle fusion. Le Mage Noir, vieil «ami» de Vanille, avait vraiment fait du beau travail en capturant la magie de sa fille pour l'enfermer dans cette sphère d'énergie quasi vivante. Pour redonner le pouvoir à Nausicaa, Vanille n'avait plus qu'à lui faire avaler la perle. La douleur risquait d'être insupportable, comme si des millions d'aiguilles la transperçaient de l'intérieur. Pas très agréable. Mais sûrement drôle à regarder. Vanille ferma les yeux une nouvelle fois, juste quelques secondes, pensant encore à Caliel. Malgré tout, au bout d'un moment, ils vécurent réellement heureux, tout les deux, ensemble. Mais tout était destiné à se briser à l'instant même où cela avait commencé. Vanille n'était pas faite pour l'amour et encore moins pour la vie à deux, et le masque qu'elle affichait ne pouvait plus être levé puisqu'elle n'avait plus de repos. Au fond d'elle, la bête dormait, mais son réveil n'en serait que plus brutal, après autant de repos.

    Elle s'était trompée. Elle avait bien changer depuis ce temps là.

    C'était pourtant une évidence. Un petit rire s'échappa de ses lèvres tandis que la sirène se relevait pour tourner les talons. Glissant la perle dans une petite poche en toile qu'elle mit dans sa poche, elle ne perdit pas de temps et se mit à songer à la prochaine étape. Perdre du temps n'était guère dans ses habitudes et autant régler le problème Nausicaa au plus vite, pour enfin se concentrer sur les choses qui lui importaient le plus. D'ailleurs, comment Nausicaa allait-elle prendre le fait que sa chère et tendre mère l'ait réveillé pour mieux la manipuler? Mal, à n'en pas douter, elle était loin d'être une idiote. Mais si elle avait été puissante fusse un époque, aujourd'hui, la pauvre enfant n'était plus rien. Elle avait dormi pendant bien trop longtemps et récupérer son potentiel d'autrefois ne serait pas chose facile.

    « Maintenant, tu vas dormir, ma chérie, tu vas dormir pendant très longtemps, très certainement pour toujours. Sais-tu pourquoi tu vas rester en vie ? Parce que ton père l'a désiré, et après tout, je pouvais bien lui accorder cela avant la fin. Alors tu vivras. Je ne te tuerais pas. Ton pauvre père ne s'est sûrement pas rendu compte qu'il te vouait à un avenir plus sombre et moins enviable que la mort. Oui ma belle, ton sort sera terrible. Je te condamne à dormir, tout simplement. Tu ne te réveilleras point, ou seulement si moi et moi seule le veut. Je t'ai construit une prison de glace où je compte bien t'oublier. Vogue mon enfant dans le pays des songes et hais celle qui t'a fait ça, vogue ma douce, tu ne pourra rien contre moi. Enfermée dans le froid d'une caverne, tu sentira pourtant tout ce qui se passera près de toi, tu entendra et ressentira le mal. Mais tu ne pourra rien contre lui. Dors ma petite, et fais de beaux rêves. Puisse mon cauchemar te poursuivre jusque dans les mondes immatériels.»

    C'était les derniers mots de Vanille, qu'elle adressa à Nausicaa. Les derniers qu'entendit la pauvre captive, aussi, et nul doute qu'elle se souviendrait parfaitement de ses paroles, alors qu'elle ne pouvait pleurer qu'en silence la mort de son père qu'elle aimait tant. Les siècles se firent longs. Une haine aussi vieille ne peut être ignorée.


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Pour une Vie - Solo - Partie IV

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