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 Lorsque l'inattendu pointe le bout de son nez [Caleb]

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Mer 06 Juin 2012, 20:13

    Jouer sur les apparences, tromper son univers, ne pas être simplement ce qu'il semblerait être... Voilà le propre des démons. On les présente sous bien des visages, des plus terrifiants au plus attirants. Mais où se trouvait Mana? A quelle limite? Elle ne le sait guère elle-même. Ni bonne, ni mauvaise, ou peut-être les deux à la fois, jouant sur les deux tableaux afin de mieux troubler son entourage. Si la dichotomie du bien et du mal était une aberration à ces yeux, une simple utopie que de se croire désespérément bon ou mauvais, elle n'hésitait pourtant pas à se présenter comme une femme peu fréquentable, de celle que l'on doit craindre ou que l'on doit éviter. Le manteau de la solitude lui convenait si bien, si bien que l'on pouvait s'interroger de nombreuses manières sur ses intentions qu'il était si difficile de percevoir au travers de ses yeux multicolores. Et si vous espériez la moindre réponse de sa part, vous partiriez vers une quête infructueuse.

    Quoiqu'il en fut, comme il lui arrivait de temps à autre de le faire, Mana avait décidé de prendre un autre visage que le sien, un visage allant à l'antithèse complète de la réalité. Elle n'était plus la démone aux traits brunis et aux yeux changeants, mais elle serait Lady Esmana, une intrigante cavalière dont les cheveux étaient aussi blond que le soleil et la peau aussi claire que la lune. Et si on pouvait percevoir bien des malices étinceler dans le bleu de ses yeux, elle conserverait ses attitudes tranquilles et nonchalantes, tout comme le son grave de sa voix suave. Elle demeurerait toujours cinglante, vive d'esprit et mystérieuse. Il n'y avait que les apparences qui seraient modifiées, et elles laisseront entendre qu'elle n'était point une démone mais une simple magicienne, une parmi tant d'autres, une inconnue, une femme qui ne serait pas craint par sa nature... Pourtant, même là, elle chercherait à demeurer seule. Il n'y avait dans son subterfuge uniquement le désir de ne pas attirer l'attention outre mesure.

    Quelques heures plus tôt, dans le village voisin, la jeune femme avait pris la peine d'acheter un cheval - qui faillit d'ailleurs lui coûter plus qu'une simple bourse d'argent car il fut en premier lieu mal à l'aise en sa compagnie. Ce dernier était d'un blanc immaculé et il serait un formidable destrier pour celle qui se faisait connaître sous le nom de Lady Esmana. Pourquoi s'embêter avec un tel animal? Simplement parce qu'elle n'était pas désireuse de marcher. Question de paresse, tout simplement. C'était d'ailleurs l'une des choses qui pouvait paradoxalement la caractériser, la simplicité. Mana ne jouait pas sur les mots, elle annonçait simplement ces pensées comme elle lui venait, sans artifice, sans fausse tournure. Qui aurait pu croire que cette forme d'honnêteté irait bien à un démon?

    Sans qu'elle ne s'en rende compte, Mana et son compagnon de route arrivèrent bientôt sur les bords de la plage du continent naturel. C'était une splendide vue, notamment car le soleil se couchait lentement à l'horizon. L'astre embrasait de milles feux les eaux de l'océan et pouvait enchanter qui voudrait à se perdre ici. Fatiguée d'être sur le dos de son cheval, la jeune femme prit alors son temps et descendit d'un bond agile, puis elle s'éloigna, ne se souciant pas de son canasson. Qu'il parte ou qu'il reste, visiblement cela lui importait peu. Là, elle s'avança simplement en direction de la mer, ni trop près, ni trop loin, juste assez pour pouvoir sentir l'odeur de l'eau iodée chatouillée ses narines sans être mouillée par les mouvements des vagues qui s'échouaient. Puis comme elle en avait coutume, elle s'assit à même le sable, ramenant ses genoux sous son manteau et entourant ses jambes de ses grands bras. Elle semblait captiver par la musique de l'océan et rassurée par la chaleur du soleil qui disparaîtrait bientôt... qu'importe. Parfois, il était nécessaire de prendre un peu de temps pour soit, un peu de temps pour apprécier ce que l'on ne regardait plus vraiment avec les années qui s'écoulaient.
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Mer 06 Juin 2012, 22:19



« Allez Caleb ! S'il te plait, viens te baigner un peu.»


La voix suppliante mais si claire et enjouée d'Alice me parvenait de façon lointaine, comme si la mélodie de ses mots m'était portée par le vent qui soufflait plus ou moins fort, balayant inlassablement les grains de sable frais qui s'entremêlaient dans d'infernales tourbillons et la surface agitée de l'eau ou Mon Ondine se prélassait. Mes lèvres frémirent très légèrement, signe annonciateur qu'un futur sourire pourrait éventuellement illuminer mon visage si pâle et neutre. Mélancolique, comme le qualifiait souvent Alice lorsqu'elle me critiquait. Mais je ne pouvais décemment pas me forcer à afficher continuellement une mine réjouie, ce serait se voiler la face. Et j'avais cru comprendre que le but de ma jeune amie était de voir s'épanouir sur mes traits des expressions sincères. Depuis les longues années ou nous voyagions ensemble, elle n'avait guère réussis, mais ne perdait pas espoir et comptait bien réaliser le moindre de ses désirs me concernant. Hélas, je n'étais prêt à lui accorder certains, et elle n'obtiendrait jamais satisfaction sur certains points. C'était inévitable. Mais je préférais ne pas trop y songer.

Je laissais mes prunelles d'ocres qui contemplaient depuis quelques instants la splendeur des cieux dont les couleurs s'embrassaient pour admirer brièvement ma chère sirène, habituellement si petite, qui nageait gracieusement dans les flots. Sous cette forme, avec sa longue et élégante queue de poisson d'un bleu foncé, elle devait être au moins aussi grande que moi, qui la dominait d'ordinaire de plus d'une tête. Sa longue chevelure noire était détachée et suivait ses mouvements, tout en ondulant dans l'eau où se reflétait les nuances que le crépuscule lui offraient. Sa peau mate prenait des couleurs dorés, aussi vives et lumineuses que le soleil qui se couchait tandis que ma peau prenait les teintes de la lune. Pour moi, ces différences étaient révélatrices: tout deux étions des êtres totalement opposés, mais complémentaires, en un certain sens.

« Mais viens me rejoindre!»

Je relevais la tête, tiré brutalement de mes rêveries par la voix agacée d'Alice. Elle s'était légèrement rapprochée du rivage et m'observait avec une charmante moue irritée sur ses lèvres bien dessinées. D'un geste vif qui illustrait son impatience, elle écarta les mèches de jais qui collaient à son corps. Je baissais très légèrement les yeux, posant un très court instant mes yeux sur le sous-vêtement humide qui cachait ce qui était privé chez la demoiselle. Une obligation que j'avais émise. Je n'avais guère mis de temps avant de me rendre compte que les sirènes n'étaient pas réputées pour leur pudeur, et qu'Alice se dévêtirait sans problème devant moi si je ne crisais pas à chaque fois. La première fois qu'elle s'était transformé en sirène devant moi, elle s'était totalement déshabiller, provocant ma gêne. Ainsi, si elle désirait que je reste dans les parages, elle devait cacher ce qui devait l'être.

« Eh! Tu me réponds!»

Décidément, je me perdais souvent dans mes pensées, en cette belle soirée. En soupirant, je pris une poignée de sable dans une de mes mains que je laissais aussitôt couler doucement. Cela faisait bien une heure que je n'avais bouger de position, assis sur la plage au bord de la mer, laissant le vent s'engouffrer dans ma chemise blanche. Je passais rapidement une main dans ma chevelure sombre comme d'habitude naturellement artistiquement ébouriffé. Et enfin, ma voix grave et douce s'éleva:

« Pas pour le moment, ma belle. Peut-être plus tard. Profites donc des flots.»

Je l'entendis grogner, mécontente, avant de s'immerger totalement sous l'eau, certainement pour évacuer sa colère. Voyant qu'elle était partie se balader dans les profondeurs sous marine, je pris moi aussi ces quelques minutes de répit pour me balader seul dans la plénitude des environs, ces paysages oniriques qui m'enchantaient. Je suivis le rivage pendant de longues minutes, les yeux rivés au sol avant de me sentir gêné par une présence. Je relevais légèrement la tête pour apercevoir une silhouette se dessiner au loin. Bien décidé à poursuivre mon chemin, je continuais ma route sans changer mon itinéraire jusqu'à arriver près de la jeune femme blonde et son cheval. Je la contemplais quelques instants, sans qu'aucune expression ne vienne teindre mes traits. Pourtant, au fur et à mesure que je la regardais, une pointe de curiosité arriva, sans se répercuter sur mon visage. Chose des plus rares, j'engageais une conversation.

« Ma Demoiselle.»

L'interpellais-je d'un ton des plus courtois et délicats.

« Navré de vous déranger alors que vous sembliez admirer la magnificence des cieux. Mais il est tellement rare de croiser qui que ce soit dans les environs à cette heure aussi tardive. Pourtant, c'est aux heures dont personne ne prête attention que la nature livre ses plus beaux trésors.»

Les spectacles de l'aube et du crépuscule étaient de très bons exemples. Je me tus, me rendant compte que je devais certainement ennuyer la jeune inconnue qui n'avait rien demandé et laissais un silence s'installer.
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Ven 08 Juin 2012, 02:42

    Mana était une démone qui pouvait en un sens sortir de l'ordinaire, peut-être notamment parce qu'elle ne brillait ni ne souffrait du sadisme courant chez ceux de sa race. Elle était plutôt même tout le contraire, cela l'agaçait et l'épuisait plus qu'autre chose. Bien que son visage ne se débridait jamais sous la moindre expression que son unique passivité, elle n'en était pourtant pas la moins sensible de tous. Non. Mana aimait sa liberté, elle aimait les arts et la beauté. D'ailleurs, c'était pour cette raison qu'elle jouait de temps à autre de la musique, pour le plaisir et le sens artistique de la chose. Elle aimait les sons agréables et mélodieux, elle savait tout aussi bien apprécier un grand tableau qu'en reconnaitre un. En un sens, elle pouvait tout à fait se perdre la superficialité des choses qui l'entourent, exceptionnel ou non.

    Alors que son regard s'était perdu sur l'horizon marin, elle n'avait pas prêté la moindre attention à la présence qui s'avançait dans sa direction. Même son cheval n'avait pas daigné bouger d'un millimètre, à croire qu'il était aussi paresseux que la maîtresse qui l'avait acheté. Au moins, ces deux là faisaient la paire. Mais quoiqu'il en fut, alors qu'elle se fit interpeller délicatement, Mana ne tourna pas la tête... ou plutôt, il lui fallut une longue seconde de réflexion pour se décider à le faire. En un sens, c'était sa curiosité qui l'avait emporté car en temps normal, elle ne prendrait nullement la peine de répondre. Non, elle n'aurait simplement pas pesté, juste snober l'individu sans aucune honte et sans bouger le moindre cil. Là, elle fit un effort dès plus remarquable car après tout, elle était sous son autre identité et elle jouerait le jeu... bien que quelque part, cela l'épuisait d'avance.

    Là, elle posa alors ses yeux bleus sur une silhouette masculine plutôt agréable dans le genre, un homme d'une bonne stature et musculature, une peau pâle comme un mort et un visage aussi morne que le sien. Néanmoins, avec son air angélique et ses cheveux blonds, Mana dégageait quelque chose de plus lumineux qu'à l'habitude et ce fut peut-être cela qui l'obligea à tenter un petit sourire en coin... tout petit cependant. Il ne fallait pas trop échauffer ces zygomatiques.

    " Bonsoir. "

    Un début de phrase comme un autre qu'elle avait prononcé de sa voix étonnement grave pour une femme, mais qu pourtant lui conférait aussi un certain charme.

    " Moi non plus je ne m'attendais pas à rencontrer qui que se soit ici. Généralement les plages sont désertes à cette heure de la journée. "

    Ce fut donc à cet instant, que dans un geste là, elle tendit sa main pour indiquer une place à ses côtés, dans le sable.

    " Vous pouvez vous asseoir si vous avez du temps à perdre. Je ne sais pas combien de temps je resterais là. "

    Dans sa tête, il ne s'agirait peut-être que d'une poignet de minutes, juste le temps d'observer le soleil se coucher. Après, elle remonterait en selle pour tenter de trouver un coin pour dormir... à part qu'elle resta sur la plage pour cela... mais il lui faudrait allumer un feu pour se réchauffer. Ce n'était pas la tâche qui l'amusait le plus.

    " Avant que vous me le demandiez, je me nomme Lady Esmana. Appelez moi Esmana si vous voulez. "

    Pourquoi perdre son temps, n'est-ce pas? Les futilités l'agaçaient tout aussi bien et au moins, il n'aurait pas à tourner autour du pot pour faire les présentations. Cependant, on ne pouvait pas dire que la démone démarrait les choses de manière très engageantes, surtout avec le ton plutôt sec qu'elle employait. Mais il était aisé de comprendre que cela devait être naturel chez elle et qu'il n'était pas la peine de se froisser pour si peu.

    " Si vous êtes là pour trouver de la bonne compagnie, je suis pas certaine que vous soyez bien tomber. Je n'aime pas beaucoup parler... Je ne répondrais que si vous dites des choses intéressantes cependant. "

    Au moins, on pouvait y voir là un message d'espoir?
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Ven 08 Juin 2012, 21:04


Je n'étais guère sûr d'obtenir une réponse, et pendant une ou deux secondes, je crus que la jeune femme qui se tenait à quelques pas de moi allait tout simplement m'ignorer. Au quel cas, j'aurai bien compris le message et aurait passé mon chemin, certes déçu, mais respectant le choix de cette étrangère que j'aurai importuner par ma simple présence. Mais je cessais d'envisager ces hypothèses puisque de toute manière, la voix étonnement grave mais teintée d'un côté envoutant de cette mystérieuse inconnue s'éleva dans les airs. Tandis qu'elle me répondait, je me tournais face à l'immensité de l'Océan, contemplant l'horizon. Je n'espérais qu'une chose, qu'Alice reste à gambader dans les flots encore de longues dizaines de minutes, je ne souhaitais en aucun cas qu'elle me voie discuter avec une autre femme. Elle avait du mal à accepter le fait que je menais ma vie comme je l'entendais, et que je n'avais aucune obligation envers elle, ce qu'elle aurait désirer. Malgré tout, je préférais éviter une scène de jalousie inutile.

Un vague sourire flotta sur mes lèvres, il était assez amer, je ne le savais que trop bien, mais sincère au moins. Réaction aux paroles de la jeune femme qui était des plus directe et ne se perdait pas en politesse inutile, tout en choisissant de composer ses phrases de façon exquise. Le vent emmêlant mes cheveux sombres, je passais rapidement une main à travers ma longue tignasse, prononçant un simple mot qui signifiait à la fois tellement et si peu.

« Soit.»

Mon ton aurait presque pu être amusé. A défaut, il n'était pas aussi morne qu'habituellement. J'avais en ma possession quelques cartes que « Lady Esmana» ne devait pas soupçonner et je comptais bien les jouer.

« Si je vous importune, par un simple mot, vous pouvez vous débarrassez de moi. Jamais je ne vous imposerais ma désagréable présence.»

Me reprocher d'être quelqu'un d'insistant serait risible. Je fuyais depuis toujours autant que possible la compagnie de mes semblables, et je ne m'accordais que quelques courtes discussions avec des étrangers, pour maintenir une certaine sociabilité. Depuis qu'Alice s'entêtait à me suivre ou que j'aille, je gagnais en liberté à faire des rencontres seul. J'avais beau aimer Mon Ondine comme une sœur, elle était parfois encombrante... Je chassais ses pensées, horrifié des obscénités que je profanais sur ma sirène bien aimée. Imperturbable, j'ajoutais à l'intention de mon interlocutrice du moment:

«Si je puis me permettre, Ma Dame, fuyez-vous quelque chose? A moins que cela soit un jeu. Ou une nécessite, qu'en sais-je. Mais je crains que ce que je vois de vous soit bien différent de ce que vous souhaitez me présenter, et je ne peux que m'en interroger.»

Depuis ma tentative de suicide, mes pouvoirs avaient bien diminué, et je peinais à maitriser pleinement ma puissance. Je devais tout reprendre depuis le début, mais malgré tout, je percevais assez de choses pour comprendre qu'on me mentait. Mon attitude aurait pu être qualifier de folle. Bien que je ne considère pas mes paroles comme une menace ou une quelconque provocation, la réaction de la jeune femme blonde pouvait être surprenante. J'avais beau demeurer flou, surement aurait-elle compris que je doutais largement de l'identité qu'elle me donnait. Et la curiosité était un vilain défaut. Excusez-moi d'être un rehla.

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Jeu 21 Juin 2012, 23:35

    Quelle compagnie curieuse que celle d'un rehla. Comment le savait-elle? Elle ne le savait pas, mais peut-être aurait-elle pu le deviner. Dans ces nombreux questionnements, la démone s'était un jour demandée, si elle n'avait été démone, qu'aurait-elle été. De façon surprenante, elle s'était dit qu'elle aurait pu appartenir à cette race légendaire qu'était les rehlas. Non pas pou leur aspect visionnaire, de leur don de prescience, mais plutôt pour leur flegme, leur attitude mélancolique, limite au bord de la dépression. Toutefois, toutes ces émotions là ne la touchaient pas vraiment... enfin ne la touchait plus. Elle avait fait abstraction de ces sentiments, elle les fuyait comme elle refusait à se mêler aux autres. Mais voilà, un homme étrange était venu à son encontre et avait pris place à ces côtés.

    Lorsqu'il annonçait qu'il pourrait s'en aller d'un simple mot, Mana refusa de lui accorder la moindre attention, le moindre regard. Son silence était peut-être bien plus parlant qu'une réponse faite avec des mots inutiles. Si il eut été une véritable gêne, elle n'aurait pas hésité à le lui faire comprendre de manière plus cinglante. Mais bizarrement, elle le laissa faire. Il se laisserait d'elle de lui-même tant qu'elle mimerait un mur impénétrable, tant qu'elle ne s'ouvrirait pas.... Cependant, le discours qu'il tint par la suite la surpris, bien qu'aucune trace de cela ne put se lire sur son visage pâle. Pas à cet instant. Ce fut sans doute la première et véritable fois qu'elle se tournait vers lui et ses yeux bleus se posèrent sur la silhouette du rehla. Mais elle demeurait toujours silencieuse et bien cramponnée à son mutisme. Il n'y avait pourtant aucun sentiment de défi dans son regard, juste une passivité étrange, comme le regard de quelqu'un qui allait mourir, vide, terne.... mais brusquement, la couleur azur disparut pour une autre, une couleur indescriptible, un bleu plus profond mêlé à des paillettes d'or, un regard félin, un regard plus vivant que le premier. Qui l'eut cru.

    " Vous êtes plus intelligent que vous en avez l'air. "

    Puis lentement, la blondeur de sa chevelure s'obscurcit, et le blanc de sa peau se rembrunit. Ce qui était clair devint sombre. Le paraître disparut pour la réalité, celui d'une démone à la peau hâlée, ayant une chevelure aussi noire que le jais... mais l'expression, l'aura, était identique.

    " Est-ce que cette réalité vous convient mieux? "

    Une question qui n'en était pas réellement une... mais tout aussi vite, elle remodifia à nouveau son apparence pour celle de la candeur au travers ces cheveux de blés. Un choix intéressant, un contraste évident.

    " La banalité n'attire pas l'attention, ni les regards. Et il n'est pas question de fuite, seulement de tranquillité. Et vous... que fuyez-vous? "

    Cela aurait pu paraître étrange que la jeune femme renvoie la question sous cette forme là, mais ces mots étaient bien pesés... qui pourrait reconnaître un fuyard autre qu'un autre? Mais elle n'en était pas un, ou vivait simplement dans le déni de l'être. Les autres... elle les haïssait tant, elle les haïssait autant qui la désintéressait. Paradoxale constatation. Mais c'était ce qui l'avait perdu, de s'intéresser à un homme, et bien évidemment pas celui qu'il fallait quand on était un démon. Au diable le conformisme... mais pas la douleur que cela avait fait naître, celui de faire un choix, celui de sacrifier ce qui aurait pu faire d'elle la démone la plus humaine... Un prix des plus lourds...
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Ven 06 Juil 2012, 21:41



Mes lèvres frémirent très sensiblement, esquisse d'un sourire ironique et amusé qui aurait pu naitre sur mon visage blafard, réaction aux paroles de la jeune inconnue. A défaut qu'il s'illumine, j'arborais un petit rictus discret tout en passant une main dans ma chevelure sombre, écartant les quelques longues mèches qui tombaient devant mes prunelles ocres et chatouillait le nez et les pommettes, mais le vent semblait déterminer à réduire tout mes efforts à néant, et la brise maritime où flottait cette arrière-gout salé balayait inlassablement le moindre grain de sable, le moindre cheveu sur son passage. Je tournais la tête d'à peine quelques centimètres, préférant observer du coin de l'œil la jeune femme qui changea soudainement d'apparence pour revenir à la candeur et la blondeur qu'elle affichait lors de notre rencontre. J'avais du mal à comprendre un tel choix. Pourquoi s'enfermer dans la pâleur et le fade quand on possédait une peau d'une couleur aussi remarquable et un regard aussi troublant que pénétrant? Toute trace de sourire avait déserté mes traits, mes pensées s'envolant vers d'autres cieux, se perdant dans quelques courtes réflexions sur cette drôle d'étrangère qui se tenait à côté de moi. Lentement, je hochais la tête.

« La réalité en elle-même n'est guère intéressante, ou du moins, elle ne me plait en rien. Seul la raison qui vous pousse à tromper puis à me révéler la vérité m'importe quelque peu.»

Ces dernières paroles ne m'avaient que très peu convaincues. Peut-être me fourvoyais-je, mais je ne pouvais m'empêcher d'imaginer quelques autres raisons. Mais Alice me reprochait souvent de chercher toujours compliqué alors que la solution était souvent si simple et devant moi. J'avais pour habitude de croire que les êtres quels qu'ils soient étaient complexes et avec de multiples facettes. Je mis négligemment mes mains dans les poches de mon pantalon en toile avant de me tourner vers la jeune femme. Je la dévisageais quelques instants, sans dépasser les limites de la politesse, simplement curieux et intéressé. Doucement, dans un murmure, je dis:

«Peu importe votre apparence, ce n'est pas elle qui vous rendra plus ou moins banale. Votre comportement, vos faits et gestes et vos paroles, au contraire, sont tout à fait captivantes.»

Je reculais d'un ou deux pas, m'éloignant quelque peu de la demoiselle que je contemplais toujours d'un petit air intrigué.

« Car après tout, notre conversation aurait tourné court si vous ne vous étiez pas présenter en blonde aux yeux clairs, n'est ce pas? Je n'aurai pas prononcé les quelques mots qui vous ont incité à ne pas m'ignorer royalement. Arrêtez moi si je me trompes...»


Peut-être faudrait-il que je cesse de laisser mon esprit fabuler ainsi. Je devais passer pour un fou en pleine crise de démence, déversant un flot de paroles aussi sottes qu'infondées, tout droit sortie des tréfonds de mon imagination surement trop débordante, voir encombrante.

« Mais... je tends à croire que vos agissements ne sont pas insensés, mais bien poussés et réfléchis.... Mana. »

Ce nom s'était imposé en moi tandis que je contemplais le bleu de ses yeux, me rappelant le brun de sa peau que je n'aperçus qu'une seconde ou deux, le sombre de sa chevelure, et ce regard félin. Depuis le début, je ne parlais que de ma voix habituelle, mon éternel ton monotone et mélancolique, ou chaque mot était prononcé lentement, distinctement. Je devais sembler étrange, parlant machinalement, abordant une allure d'homme perdu qui ne prêtait aucune attention à ces dires. J'insufflais pourtant une once de sentiment dans les quelques mots qui suivirent, quand j'ajoutais dans un soupire :

« Prendre la fuite m'est interdit, toujours je ferai face sans me détourner. Je ne cherche pas l'évasion, au contraire, je subis. Et je vous souhaite que mon problème n'apparaisse pas devant vous, car je pense être juste si j'affirme qu'il est bien plus incommodant que moi.»

Alice m'aurait certainement égorgé si elle avait entendu ceci, et j'espère réellement qu'elle nageait bien tranquillement dans les abimes les plus profondes.
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Lun 16 Juil 2012, 00:09

    Si les petits détails pouvaient échapper à bien des personnes, celui qui s'afficha légèrement sur le visage de son compagnon d'infortune ne se soustrayait pas au regard félin de la jeune femme. Elle n'était peut être pas la démone la plus expressive du monde, et pourtant, elle était capable d'être bien plus attentionnée que sa lassitude pouvait le suggérer malgré son curieux rapport aux autres. Toutefois, si elle nota la chose, elle n'osa s'avouer qu'elle fut troublée. Ce rehla qui aurait pu n'avoir rien d'exceptionnel à ses yeux, devint alors soudainement plus fascinant qu'elle n'aurait pu le deviner. Mais qu'importait... cet étrange esquisse s'effaça comme si le vent l'avait balayé, de la même façon que des motifs de sable, dessinés sur la plage, disparaissait avec l'eau d'un rivage qui se retire. Et au même instant, Mana se dissimula à nouveau sous un aspect qui était à l'opposé du sien, énigmatique allure de son choix. Mais alors que la démone observait la mer dans ses mouvements de va-et-viens emplie d'une curieuse monotonie, elle fut surprise de la réponse qui s'échappa des fines lèvres de son partenaire de plage. Intriguée, elle se tourna vers ce dernier et mit quelques minutes avant de lui donner une réponse... du moins, à ce qui semblait en être une.

    " Vous êtes un homme étrange... Mais la réalité, n'est-elle pas en une façon une certaine vérité? "

    La jeune femme se mit alors à soupirer, balayant une de ses mèches blondes par son propre souffle chaud.

    " De toutes manières, vous semblez réfléchir un peu trop... il n'y a pas forcément des secrets derrière mes actes. Prenez-les simplement tel qu'ils sont. Ni plus, ni moins. "

    Mana n'était pas une femme perfide, bien qu'elle était tout à fait à même de l'être comme le bon démon qu'elle était. Mais qu'importait son engeance, elle s'avérait le plus souvent honnête, bien que dans la situation présente, elle se cachait de sa véritable nature par simple confort. N'était-ce pas singulier? On ne pourrait cependant pas lui reprocher d'avoir voulu se dissimuler bien longtemps, mais puisque le rehla avait saisi la chose plus rapidement que n'importe quel esprit qu'elle aurait pu rencontrer, elle ne saisissait plus l'intérêt de continuer son petit jeu.

    Alors que Mana restait sereinement assise, son interlocuteur prit ses aises de manière bien différente, tout en portant son regard sur elle. De son côté, toujours troublée par l'individu et son comportement, la démone l'observa avec autant d'attention qui lui était possible de donner - chose rare en soit en ce qui concernait son entourage humanoïde. Mais plus il parlait, plus elle était perplexe pour des raisons qui lui échappaient totalement. Elle se sentait étrange en sa compagnie, comme si elle était mise à nue, comme si il était capable de lire en elle comme un livre ouvert, la plaçant alors dans une situation tout à fait inconfortable.

    " Captivante? "

    Lorsque dans son monologue le rehla cita son nom, la démone plissa les yeux, comme emplie de suspicion. Par tous les dieux, qu'elle n'aimait pas se sentir aussi désarmée! Avait-il vu quelque chose qui la concernait? Son rationalisme la poussait à croire qu'il y avait forcément de la magie derrière tout cela, forcément... sinon, pourquoi cet homme était capable de la cerner avec autant de facilité? Avait-elle donc baissé sa garde? Avait-elle laissé transparaître quelque chose, un infime détail qui aurait pu la trahir?

    " Comment connaissez-vous mon nom? "

    Agacée, elle cessa alors de jouer les blondes cavalières, comme si elle brisait le mur des apparences pour de bon. Reprenant avec assurance son véritable visage, sa peau se brunit au couleur chaude du cacao en quelques secondes, et ses yeux bleus devinrent des perles aux milles couleurs. Quant à ses cheveux, ils reprirent leur noir corbeau. Voilà le retour de la femme au teint si peu commun sur ces terres. Toutefois, l'expression qu'elle affichait n'avait rien de tendre, rien de tendre jusqu'à ce que le rehla reprit la parole pour afficher son affliction.

    Calmement, Mana se redressa alors et se dirigea vers ce dernier, presque par défi... mais tout dans ces gestes étaient lents, tout comme assurés. Sans gêne, elle planta alors ses yeux dans les siens et sa voix grave cingla simplement pour prononcer quelques mots.

    " Vous êtes un homme bien faible pour vous contenter de subir les choses et ne rien faire pour bouleverser ce qui vous frappe. Certes, il existe des choses inéluctables contre lesquelles nous ne pourront rien, mais vous mieux que quiconque devrait savoir que rien n'est figé pour autant. Il y a des évènements qui méritent d'être bousculés de temps à autre. Prenez un peu de risque plutôt que de rester passivement à attendre que les choses se passent. Cela vous fera le plus grand bien et vous aurez votre lot d'excitation pour les dix prochaines années à venir... "

    Ces derniers mots furent bien entendu ironique... Mais alors qu'elle venait de lui tenir cet étrange discours, elle s'écarta naturellement de lui pour se diriger quelques instants vers le rivage dans sa démarche nonchalante. Croisant les bras comme si elle avait froid, Mana resta énigmatiquement immobile en observant l'horizon. Pensive... toujours pensive... ou peut-être la meilleure façon pour elle de dissimuler le trouble que lui causait Caleb et son irritable sixième sens.
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Lun 20 Aoû 2012, 23:54

J'écoutais attentivement les paroles de cette étrange femme, les yeux rivés sur les vagues qui valsaient à l'horizon. Avec les secondes qui s'écoulaient au rythme de ses mots, l'ébauche d'un sourire se dessina sur mes lèvres blêmes, et cette douce et furtive esquisse devint peu à peu plus intense et sincère, jusqu'à ce qu'un léger et bref rire achève le tout. Le vent se saisit de ce petit éclat pour le porter au loin, balayant au passage mes cheveux sombres que je remis en place dans la foulée d'un geste de la main. Si le coin de ma bouche était encore frémissants, aucune lueur n'illuminait mes prunelles d'ocres toujours fixées sur le lointain, guettait les flots. Je devais soudainement avoir l'air mélancolique et soucieux, et les raisons étaient bien simples: d'une part je me replongeais peu à peu dans mon passé et tout les impératifs de ma race, ajouté à ceux-là les quelques règles que je m'étais imposé, et le doute de voir Alice resurgir de l'onde et s'irriter de la présence de l'étrangère à mes côtés, à qui j'avais daigner adresser la parole, m'intéresser, ce qui me vaudrait à coup sûr une crise de jalousie intempestive de Mon Ondine. Je murmurais simplement sans même tourner la tête:

« Réalité et vérité sont liées, certes, mais elles restent distinctes l'une de l'autre, bien qu'elle s'entremêlent sans cesse. »

Combien de fois Alice m'avait-elle dit que ma réalité n'était pas la vérité? C'était une de ses phrases fétiches, qu'elle me lançait à tout va lorsque j'osais lui glisser quelques mots sur mon état. Je la laissais croire ce qui lui plaisait, si son cœur se trouvait apaiser de penser que je n'étais pas qu'un monstre au visage d'ange mais bel et bien un individu.

« Et l'on m'a souvent reprocher de trop penser.»

En prononçant ceci, je m'étais légèrement tourner pour être de face à Mana. Encore une fois, dans le silence qui précéda mes paroles, je laissais glisser mon regard sur son visage, sans que la moindre expression n'illumine mes traits lisses. Un temps qui ne dura que quelques secondes mais qui aurait pu sembler être aussi long qu'une éternité. Je me décidais alors à ajouter:

«Vous avez devinez à quelle race j'appartiens. Pourtant, en vue de ce que vous me dites, ai-je tord d'affirmer que vous ne savez rien sur les rehlas?»

Mon peuple avait toujours été un mystère sur ses terres, un sujet à fabulations et récits merveilleux que l'on racontait le soir au coin du feu. Pendant longtemps même, les autres races doutèrent de l'existence des enfants des étoiles, et il fallu du temps pour que nous soyons reconnus aux yeux de tous. Bien que les miens ne se mélangent que très peu...

« Si cela vous intéresse, je pourrais lever quelques mystères entourant les miens.»

Ma voix retrouvait peu à peu sa monotonie habituelle, ce ton mort et las. Mais avant que je puisse soupirer, quelqu'un vint me parler. Un fantôme, un de ses esprits morts avec lesquels je pouvais converser, que je pouvais voir sans que personne ne s'en doute. Si Mana était un minimum observatrice, elle remarquerait vite que mon regard s'était posé devant moi, là où elle ne verrait que l'infini de l'Océan alors que moi, je voyais une de ses ombres qui s'était prise de sympathie pour moi. Lentement, elle articula :

« Elle va bientôt revenir.»

Alice... Cette fois ci, je soupirais pour de bon et hochais sèchement la tête pour signifier aux fantômes que j'avais entendu et compris. Il me renvoya mon signe avant de s'évaporer dans les airs. J’espérais avoir encore quelques moments de répit avant la venue de cette tornade vivante qui arriverait certainement à faire regretter Mana de m'avoir rencontrer.
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Dim 14 Oct 2012, 23:01

    Le rire du rehla qui aurait pu paraître singulier ou dès plus doux pour une oreille normale était aussi irritant que ces dons de voyances, désarmant alors l'impassible Mana. Mais impassible... peut-être était-ce un adjectif qui lui saillait en temps ordinaire et pour une fois, la démone dérogerait à ce qualificatif qui jusque là lui convenait. Comment faire face à un homme possédant des pouvoirs qui lui permettaient de lire les lignes invisibles du temps et des étoiles? Lui serait-il alors impossible de lui dissimuler ses plus sombres pensées et réalités? Qu'il lui était horrible de se sentir aussi démunie face à un total étranger... Mais même si elle possédait un talent équivalent qui aurait pu rendre la situation plus juste, cela lui aurait quand même déplu.

    Mais qu'importait car les dés étaient jetés. La jeune femme ne pouvait alors ne se contenter que d'écouter son camarade. Pourtant, c'était le son de leur silence qui était plus à même à posséder un sens et de l'intérêt. Un simple jeu de regard, une attention, une passivité où découlait plus de pensée et de réflexion qu'un discours infini. Les bras toujours croisés, une lueur de vanité dans les yeux, Mana se devait néanmoins de reconnaître qu'elle ne savait rien du peuple auquel Caleb appartenait. Les Rehlas? Une légende, une chimère, qui pourtant semblait avoir au moins un visage aujourd'hui. Jusque là, la démone ne s'y était jamais intéressée, pour la simple raison qu'elle n'en avait que faire, car son indifférence pour le monde était grand. Toutefois, elle ne pourrait nier que sa curiosité était piquée... et visiblement, elle ne pourrait le cacher ou le refouler, même si elle en avait le désir.

    " Il est vrai que je ne connais rien des vôtres. Seulement des rumeurs, des murmures... pour lesquels je n'y avais jamais accordé d'intérêt. "

    Ce fut alors que la jeune femme se retourna complètement vers le jeune homme pour l'observer avec son regard si sévère.

    " Je suppose que je n'ai rien à perdre à en savoir un peu plus aujourd'hui. "

    Mana semblait ouverte à la conversation, un pas de géant quand on connaissait sa personnalité si atypique et peu avenante. Malheureusement, si elle semblait enfin prête à daigner offrir son attention, cela ne parut plus le cas de son interlocuteur, chose qui aurait pu l'offenser si elle n'avait pas noté l'étrangeté de son comportement. En effet, ses yeux semblaient voir des choses qu'elle ne pouvait que uniquement deviner, et encore, peut-être ne pouvait-elle même pas effleurer la réalité. Cependant, son hochement de tête et le soupir qui s'échappa de ses lèvres lui laissaient deviner qu'il conversait d'une manière ou d'une autre avec quelque chose qui n'était pas à sa portée. Pour elle, cela le rendait encore plus fou et plus agaçant qu'au départ. Elle n'aimait pas se sentir dans la position de l'ignorante, question de fierté.

    " Si l'éventualité de me parler des vôtres comme vous me l'avez proposé vous semble si épuisant, il aurait été plus aimable de votre part de ne pas m'en faire l'offre. Mais je suppose que votre soupir ne provient pas de ce fait car même si mes yeux ne me montrent pas tout ce que je désire voir, je suis à même d'avoir compris qu'autre chose vous cause... cette lassitude. "

    La démone ne pouvait se douter de ce à quoi il était question, mais son tranchant marquait aussi son désappointement - ou peut-être l'éventuelle idée qu'elle aurait pu être vexée de ne pas être à la portée de tout ce qui se passait à ce moment même. Néanmoins, elle n'avait d'autre choix que de faire avec ce qu'elle possédait...
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Mer 24 Oct 2012, 23:37

    Un très léger sourire continuait d'étirer mes lèvres tandis que j'écoutais d'une oreille attentive les paroles de Mana, le regard perdu dans les vagues. Étrangement, j'appréciais la compagnie froide et distante de cette jeune femme atypique, sa façon de parler et son attitude. Elle ne mâchait pas ses mots et ne cherchait pas à me ménager, chose qui me plaisait. C'était tellement différent d'Alice et de son comportement, et bien que je l'adore au plus haut point, j'avais parfois besoin d'autre chose. Je relevais très légèrement mes yeux ocres, le regard interrogatif, lorsque la démone se tourna vers moi pour me scruter sévèrement, comme un enfant que sa mère voudrait réprimander. Je fis de même pour que nous soyons enfin face à face, me tenant bien droit, pour changer. Moi qui effleurait les deux mètres de haut, je devais soudainement paraître plus imposant. Sans broncher, je gardais mes prunelles dans les siennes, comme si je lui ouvrais la porte de mon esprit, pour peu qu'elle sache y lire. Je finis par murmurer simplement :

    « Les gens ne cherchent pas à comprendre ma race, ni même à en apprendre plus. Ils préfèrent fuir ce qu'ils ne comprennent pas et ce qui les gênent. Après tout, n'est-ce pas plus rassurant de penser que son destin et entre ses propres mains? Je risque de vous décevoir. Tout est écrit.»

    Je ris doucement, maussade. Le prix à payer pour mon peuple, les liseurs d'étoiles, était bien fort. Un sacrifice lourd et pesant, cause, à en croire Alice, de tout mes problèmes et de mes humeurs. Pour moi, c'était simplement la preuve irréfutable que je n'avais pas d'âme. Je n'eus cependant pas le temps d'entrouvrir la bouche pour aborder ce sujet que je me fis violemment remettre en place par mon interlocutrice pour mon soupire et mon geste visiblement déplacé. Si j'arborais tout d'abord une mine quelque peu étonné, mes traits se firent ensuite doux et désolé tandis que je me justifiais, encore une fois comme si elle était l'un de mes parents:

    « Oh je suis navré, je ne voulais pas vous offenser. Cela n'avait strictement rien à voir avec vous. L'on m'a simplement informé du retour de la jeune femme qui m'accompagne depuis quelques temps lors de mes voyages.»

    Je fis une petite pause. J'avais ce sentiment étrange, celui de vouloir lui confier la vérité, crue, et sans détour. Ce n'était guère dans mes mœurs. Et pourtant, je le fis :

    « Et par là, veuillez comprendre que la sirène qui m'a repêché lors de ma tentative de suicide ratée et que je ne connaissais absolument pas avant cette rencontre fortuite et non voulue, amoureuse de moi non réciproquement, caractérielle, jalouse et colérique, ne vas pas tarder à revenir dans les parages, et que votre présence risque de l'énerver ; et que en vue de son caractère et du vôtre, je sens des tensions à venir.»

    Le tout dans un souffle. Je soupirais, encore et toujours. Mana semblait être désemparée depuis le début de notre rencontre, et je sentais que je l'irritais avec mes petits tours de passe-passe, mais pourtant, moi aussi j'étais comme seul et abandonné, et je me livrais à elle, lui confiant des détails que je n'avais révélé à personne d'autre. Il était rare, pour ne pas dire exceptionnel, que je parle ainsi de Mon Ondine à quelqu'un d'autre, et je n'avais jamais plus parler de mon grand saut dans le vide depuis justement que je m'étais élancé dans les airs, pas même avec Alice qui avait compris que je ne voulais plus en entendre parler. Je décidais ainsi de changer de sujet pour revenir aux rehlas, ce que, je n'en doutais pas, Mana remarquerait certainement. Je n'allais pas jouer dans la finesse pour l'entraîner sur un autre terrain.

    «Je suis trop différent, de vous tous. Car quand on a le privilège de voir l'avenir et ses plus infimes détails, on a plus le droit d'en faire partie. Condamnés à être des êtres pas tout à fait fini, pas vraiment humain, puisque nous sommes interdit de nous inscrire dans un destin. Ce que je vois, je ne peux le révéler à qui que ce soit, ni l'empêcher. Par exemple, si je voyais voter mort causée par la main d'Alice, je ne pourrais que reculer et la laisser vous tuer.»

    L'onde dansait et valsait, et je contemplais l'écume au loin qui se brisait sur un immense rocher. La mélodie maritime me plaisait, mais elle était de bien mauvaise augure. Ses notes sombres et funestes m'annonçaient le retour de ma sirène, que j'aimais autant que je la haïssais. Et sur l'horizon se dessina un début, contour floue et fin d'une jeune femme qui venait de s'élancer hors des flots.
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Mar 11 Déc 2012, 17:47

    L'homme était grand, imposant, bien plus qu'il n'aurait pu le paraître maintenant qu'il se dressait devant elle. Est-ce que cela pouvait impressionner la démone? Il y avait peu de chance, pour la simple et bonne raison que dans son monde, celui des démons, il était presque courant de croiser des hommes d'une telle envergure. Toutefois, aux yeux de Mana, une grande taille ne signifiait pas un grand esprit, et parfois cela contrastait avec tout le contraire, l'étroitesse du cœur. Mais voilà, ce dernier la regardait droit dans les yeux, et en d'autres temps, la jeune femme aurait pu prendre cela comme un défi. Cependant, elle avait bel et bien compris qu'il ne s'agissait alors de cela, ce qui ne signifiait pas qu'elle tolérait la chose.

    " Tout est écrit? Si tel était le cas, à quoi bon servirait de percevoir des choses qui ne peuvent être changées. Votre don n'aurait aucune utilité, tout comme votre existence si vous ne pouvez être que les spectateurs d'un monde qui s'échoue. Personnellement, je n'ai jamais cru en la suffisance de ceux qui prétendent tout connaître de notre destin et n'ai que peu de respect pour ceux qui pensent que tout est inéluctablement figé. "

    Mana était une femme franche, tout comme les mots qu'elle utilisait. Elle n'avait aucun scrupule à énoncer les choses comme elle les entendait, qu'importe la violence de ces mots. Avait-elle un ennui quelconque avec l'idée d'un destin prédéfini? Peut-être. Elle se demandait même, avec du recul, pourquoi cela l'agaçait à ce point, elle qui généralement s'indifférait de tout. C'était-elle interrogée sur ceux qui possédaient des dons de voyance? Oui, une fois. Ce n'était pas un rehla qui était concerné, mais un homme qui possédait des pouvoirs équivalents. Mais contrairement à la pensée bornée de son camarade, ce dernier lui avait dit qu'il voyait une certaine ligne de l'histoire, mais qu'il en existait aussi une multitude de différente, différente selon le choix que l'on ferait. Certes, si personne n'était au courant, les choses se dérouleraient comme elle le devrait... mais dans le cas où l'on était prévenu, dans le cas où l'on savait, il était peut-être possible de faire en sorte de passer sur une nouvelle route. Toutefois, il y avait fort à parier qu'il eut un prix à payer. Ce discours lui semblait bien lointain, mais maintenant qu'elle se tenait en face de Caleb, cette vision semblait prendre une autre forme.

    Vint alors les excuses du grand homme, concernant son comportement. Il expliqua dans son élan que "quelque chose" lui avait rapporté le retour d'une compagne. Avec surprise, il daigna même expliquer qui elle était, ce qu'elle représentait, dévoilant même une partie de sa propre histoire. Mais l'indifférence de Mana était telle qu'elle se moquait éperdument du genre de femme que devait être sa sirène, bien que curieusement, elle eut un peu pitié pour lui de posséder pareille compagnie.

    " Si j'avais été une autre femme, je serais presque navrée pour vous de posséder pareille camarade. "

    Voilà l'honnêteté crue de la démone, et elle le serait tout autant dans son discours suivant. D'ailleurs, ces mots prochains seraient tout aussi ambigus, surtout accompagnée de l'étrange férocité de son regard.

    " Il est étrange que vous ayez choisi cet exemple particulier. Qui vous dit que je ne serais pas celle qui vous arracherez des mains de cette femme? En attendant, je trouve bien prétentieux que vous pensiez que vous êtes différents de nous autres pauvres damnés, en affirmant que vous ne pouvez vous inscrire dans aucun destin. Vous avez pourtant tenté de le changer en choisissant de mourir, même si cela a échoué. Et c'est ce choix qui a fait que vous vous êtes inscrit dans les lignes du destin de la femme qui vous accompagne aujourd'hui. Vous affirmez être différent, mais vous êtes peut-être plus humain que je ne le serais jamais. Et cette humanité, cette lâcheté, est votre unique prison. Votre seule malédiction est de ne pas posséder la force de suivre un autre chemin que celui qui vous est présenté par votre magie. "

    Les yeux de la démone se mirent alors à brûler d'un nouveau feu. Était-elle confiante? Allez savoir, mais elle écarta les bras comme si elle attendait que quelqu'un vienne s'y blottir.

    " Si votre sirène doit être celle qui me donne la mort, je l'attend.... mais je ne serais pas la seule qui prendrait ce chemin. "
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Ven 14 Déc 2012, 22:15

    « Vous n'avez rien compris» soupirais-je simplement d'un ton entre agacé et désolé. Je passais négligemment une main dans ma chevelure sombre pour débarrasser mes yeux de quelques mèches qui me gâchaient le paysage marin, tout en gratifiant Mana d'un pauvre sourire quelque peu déçu, avant de laisser s'échapper de mes lèvres un bref hoquet de rire, acerbe et maussade. Je ne m'attendais guère à ce que les badauds saisissent en un instant la complexité de la race à laquelle j'appartenais, mais malgré son sale caractère et son comportement décalé, j'avais oser croire que la démone à côté de moi différait légèrement des gens que je croisais habituellement et qu'elle verrait plus clair que les autres. Malheureusement, je devais croire qu'elle était absolument comme tout le monde et qu'elle ne voulait croire qu'en ce qui la rassurait. J'avais espérer qu'il en soit autrement. Mais je ne pouvais décidément pas changer les gens. A défaut, je voulais tenter de mieux expliquer le pourquoi du comment. Cela risquait d'être chose compliqué, et s'aventurer sur ce terrain boueux pourrait s'avérer catastrophique, mais j'aimais à prendre ce risque, bien que je me demande si je n'allais pas provoquer la colère de la démone. Qu'importe. « Les Rehlas» commençais-je lentement « sont un peuple à part. Que ça plaise à votre ego, au mien, ou non. A l'origine, il s'agissait d'érudits désireux de percer les secrets des Astres et de l'Avenir, résoudre les mystères qui entourent la Destinée. C'était une quête de savoir absolu, aussi. Peu à peu, ces sages ont formé une race à part entière, dont je fais aujourd'hui parti» Jusque là, c'était assez simple, et je ne doutais pas que Mana était assez vive d'esprit pour comprendre que je commençais par le commencement pour mieux parvenir à mes fins. Mon regard vacillait pourtant souvent vers le large, sourcils froncés, je redoutais l'arrivée de mon Ondine. Je tâchais de ne point montrer ce qui me tracassait et de profiter de ces instants, seul face à la jeune femme.

    « Le Peuple des Étoiles. C'est le surnom qu'on nous donne, souvent. Et bien joli sobriquet pour souligner le lien qui nous unit. Les Astres nous confient tout. Avec plus ou moins d'exactitude et de détails suivant la puissance du lecteur, vous vous en doutez. Mais cette connaissance a un prix, et le sacrifice n'est pas moindre.» C'était à partir de là que j'avais des doutes sur les réactions que pourraient aborder Mana. C'était rare que je révèle ainsi ce genre de choses. Mais j'avais l'impression que c'était une nécessité, un besoin ou je ne sais quoi. Alors je me laissais simplement voguer, emporter par la mélodie des flots, la symphonie du vent et le murmure de l'écume. « Le Silence Éternel est la première des malédictions. Comme le nom l'indique, elle consiste à ce qu'un Rehla ne peut confier ce qu'il a vu à autrui, il ne peut en discuter qu'avec ces semblables. Si cela ne paraît guère encombrant à première vue, c'est un supplice lorsque vous savez quelque chose mais que vous ne pouvez rien faire.» Je songeais un instant à ce village d'autrefois qui me mena à la dérive. A toutes les vies que j'avais vu disparaître sans que je ne puisse rien faire. Aussi, bon nombre des miens périrent sous tortures atroces, par des déments qui voulaient connaitre leur chemin. Les fous. Ne savent-ils donc pas? « J'ai déjà évoqué le second commandement : la Neutralité Absolue. La voix des étoiles est malheureusement la vérité et même avec toute la bonne volonté du monde, on ne peut aller à son encontre. J'ai déjà essayé, si vous voulez savoir. » Le résultat fut un désastre à chaque fois. Plus cynique, j'ajoutais : « et enfin, l'Ultime Sacrifice que vous remettez en cause de manière bien vaine. Les Rehlas, dont moi, ne pouvons avoir de Destin. C'est la condition à le connaître. Mais nous vivons, comme vous avez voulu le remarquer, donc oui, nous avons une ligne de vie. Seulement, nous ne pouvons accomplir de grandes choses. Les Rehlas sont un peuple d'oublié et de chimères. Les gens doutent même de notre existence tant nous sommes discrets.» Je m'arrêtais quelques instants, contemplant Mana : « Maintenant, voyez-vous?»

    Je ne lui laissais pourtant guère le temps de répondre, et j’enchaînais : « Et d'ailleurs, tout ce que je vous ai dit, cette malédiction du Rehla, ces commandements... Ce ne sont pas des règles de conduites. Ce sont partie commune à notre existence. Nous ne pouvons faire autrement, il nous ait impossible de déroger à ces prescriptions.» J'espérais avoir été clair. Peut-être parlais-je d'un ton trop sec, mais je n'avais guère apprécier toutes les paroles qu'elle avait prononcé, que je prenais comme un manque de politesse et une marque d'irrespect. Je ne pouvais, cependant, pas m'arrêter en si bon chemin et, bien bavard aujourd'hui, je continuais : « J'espère alors que vous avez saisis l'ampleur de ce que les Rehlas voient. Peut-être avez vous croiser dans votre existence une de ces diseurs de bonne aventure muni d'une boule de cristal, ou bien un être pourvu d'un don de voyance.» En réalité, je le savais. Mais je ne voulais guère lui dire que j'avais perçut quelques unes de ces pensées. « On vous aura alors très certainement dit que votre cher Destin ne dépendait que de vous et de vos choix. Comme c'est beau. En un sens, c'est vrai. Dans un autre, c'est complètement faux. Les étoiles, lorsqu'elles parlent aux miens, ne s'encombrent pas à explorer ce qui aurait pu être, toutes les failles que vos bons diseurs ne savent combler. Elles nous disent ce qui sera, ceux à quoi la chère population ne pourra échapper. Les Rehlas ne voient que la vérité, que le Destin, parce que c'était ce qu'ils voulaient. La connaissance absolu d'un mystère. Point. Jamais ils n'ont désiré changer le cours des choses. » Peut-être était-ce cruel, mais c'était ainsi. Je fis un pas vers le bord de l'eau, songeur, murmurant « Le plus puissant d'entre nous... qu'on appelle Ouranos. Sa force et sa clairvoyance sont telles qu'il connait la date précise de l'extinction de ce monde, tout comme la date où il fut créer jadis. C'est un sage. Il évite de révéler ces informations à son peuple, histoire de ne pas créer la panique. Ça a un côté terrifiant. Mais le savoir est attirant» Même si je ne voudrais le posséder.

    Je riais brièvement, ensuite, le temps de dire avec sarcasme : « Et je préfère éviter le sujet de mon humanité.» Le démon tapis en moi riait encore, lui, bien qu'il ne se reflète pas sur mes traits d'ange. Silencieux, il attendait patiemment le jour où il pourrait s'exprimer en toute liberté. Pour rester sur une note faussement joyeuse, je finis par lâcher, froid et distant : « Et si j'ai choisis l'exemple précis entre Alice et vous qui semble tant vous offusquer, c'est simplement parce que je serais plus tenter de vous laisser faire, si l'envie de mettre fin à ses jours vous prenait.» Je n'étais guère d'humeur, de toute évidence. Je fermais doucement les yeux. Dans quelques minutes, Alice serait là. Je ne savais ce qu'elle allait faire. Mais j'étais presque certain que ce serait une mauvaise idée. * Pas ton genre. * Je tournais légèrement la tête pour poser mon regard ocre sur la silhouette fine et longiligne, fort peu vêtue en outre, d'Alice qui s'approchait de moi bien qu'elle fusse encore à l'autre bout de la plage. Je voyais son sourire mais aussi ces yeux, plus prudents et fermés. Il était drôle qu'elle pense que Mana n'était pas mon type de femme. C'était une belle démone aux prunelles peu communes et ensorcelantes, à la peau foncés et aux cheveux noirs. Et ma belle sirène qui faisait pieds et mains pour me charmer était aussi pourvu de ce sombre. « J'espère que ce cours vous a plut et qu'il vous a semblé instructif. »
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Lorsque l'inattendu pointe le bout de son nez [Caleb]

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