Lynn haussa un sourcil longiligne. S’occuper de son « état psychique » ? La magicienne n’avait pas forcement envie qu’on entre dans sa tête et recula instinctivement d’un pas tandis qu’une fine pellicule de magie l’enveloppait pour parer toute attaque mal intentionnée. Elle darda alors sur la belle blonde un regard inquiet tandis que celle-ci commençait à jouer du violon. La musique parvint à ses oreilles et fit naitre un sentiment d’assurance. Elle pouvait vaincre, mais en avait-elle seulement envie ? Ne pouvait-elle pas se rendre utile autrement qu’en détruisant ? Comme c’était triste que toutes les solutions convergent toujours vers la violence. Malheureusement, Lynn fut tirée de ses états d’âme lorsqu’elle entendit le cri d’une victime, signe qu’une autre personne avait rejoins le rang des morts.

Avec résignation, ses épaules s’affaissèrent tandis qu’elle se baissait, aussi souplement que sa robe sophistiquée le lui permettait et toucha le sol poisseux. La magicienne préféra ne pas regarder la substance immonde qui recouvrait les pavés du port. Réprimant un hoquet de dégout, sa magie s’écoula de ses doigts, pour aller harceler la matière en-dessous, l’obligeant à se reformer par la seule force de la volonté. La pierre se pliait sous le poids de la magie pour commencer à arborer une teinte grise métallique. Du bout des doigts, le pouvoir de transmutation de Lynn détacha deux pointes d’acier du sol. Celles-ci eurent un soubresaut tandis que la télékinésie se chargeait de les animer. Ils s’élevaient lentement et opéraient de gracieuses boucles aériennes à la manière d’avions de papier agités par les courants d’air.

Lynn se redressa et jeta un dernier coup d’œil à ses camarades. Un sourire timide leur fut adressé avant que ses formes s’évaporent et disparaissent dans le décor. Derrière son manteau d’invisibilité, Lynn se permit un soupir de soulagement, principalement parce que ne pas pouvoir être vue offrait un étrange sentiment d’intimité et de liberté. C’était grisant, surtout lorsqu’il était conjugué à l’effet revigorant de la mélodie d’Edelwyn. Elle s’éloigna ensuite du groupe, se baissant pour éviter une lame de sang qui vrombissait d’un air menaçant. Les deux flèches de métal lui ouvraient la voie, s’enfonçant dans la gorge des zombies qui lui barraient la route, puis ressortant par leur nuque pour fondre sur d’autres cibles en décomposition, telles des oiseaux de proie, vifs et mortels.

La magicienne regardait droit devant elle tout en tenant un pan de sa robe pour éviter qu’elle traine sur le sol. Elle essayait d’être impassible tandis qu’elle marchait sur les corps qui venaient de tomber sous ses frappes chirurgicales ignorant leurs spasmes post-mortem, ne se permettant que de brèves grimaces lorsque ses talons faisaient craquer un os ou s’enfonçaient dans… on ne veut même pas savoir quoi. Lynn s’éloigna.

Tandis qu’elle se poussa de la trajectoire d’un grand serpent de métal qui gobait au hasard les zombies, elle apercevait qu’un autre combattant s’était joins au groupe, découpant bien joyeusement les mort-vivants. En fait, il s’agissait de plusieurs combattants qui se ressemblaient comme des gouttes d’eau. « Des clones » compris Lynn en les observant attirer les zombies comme un pot de miel sous un essaim de guêpes.

Les zombies étaient de moins en moins nombreux remarqua la jeune femme. Ses compagnons faisaient du bel ouvrage et étaient bien plus efficace qu’elle, qui se contentait de pénétrer au hasard dans les maisons et de « déplacer » ses habitants terrorisés dans le cercle protecteur d’Alec, grâce à sa télékinésie. Il semblerait qu’au final, on distinguait enfin le bout du tunnel.

Kévia venait de sortir de la maison en feu et sans qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit Elyos posa deux mains rassurantes sur ses épaules-mains qui ne lui firent aucun effet soit dit en passant, avant de lui donner une explication correcte :

« Pendant le court instant où nous nous sommes quittés, je me suis fait mordre par l'une de ces choses. Je ne suis qu'un esclave et pourtant je sais ce que cela veut dire. Seulement, je ne veux ma transformer en une de ces choses sans en avoir tuer une centaine au moins. »

Kévia leva un sourcil, quelque peu surprise par cette annonce des plus troublantes. Elyos allait donc se transformer? Pourtant la jeune femme resta de marbre, son visage ne traduisait aucune émotion. Arkos s'assit sur son arrière train, semblant lui aussi écouter les paroles de cet homme. Elyos s'arrêta un instant avant de reprendre d'un air nostalgique:

« Je connais un moyen de tous les réunir mais j'aimerai vous demander un service...deux en fait. Lorsque vous verrez que je ne me contrôle plus, que je deviens l'un des leur, venez vers moi et tranchez moi la tête. Je sais que cette demande peut paraître étrange mais s'il vous plait, il le faut, sinon je ne serai qu'un fardeau pour tous ceux qui ont voulu faire disparaître cette menace. Et si un jour ce fléau s'arrête, je ne veux pas que l'on dise de moi que j'ai, au contraire, contribuer à son expansion. Je suis un homme d'honneur, et je pense mériter de mourir en homme justement. »

A peine eut-il finit la première phrase que Arkos intervint:

*Tiens, donc. Il nous aide une fois et il pense qu'on lui est redevable?*

Kévia ne répondit pas au lycaon, se contentant d'écouter la suite des explications du jeune homme musclé. Après tout il lui ressemblait un peu...Kévia réfléchit un instant elle se sentait prête à le tuer, après tout elle lui devait bien ça. Il était vrai qu'elle aurait certainement demandé la même chose si cela lui était arrivé, mais heureusement ce n'était pas le cas. Comme si elle avait besoin de ça en plus. Bien sûr la jeune femme n'avait pas du tout les même motivations que ce Elyos. L'honneur, la justice ne faisaient pas réellement parti de son code de vie.

*Tu comptes donc refuser?* [/color]demanda le lycaon.

La jeune femme plongea son regard noir dans celui de son compagnon, comme si elle y cherchait une réponse. Finalement, elle quitta les yeux du lycaon pour se reconcentrer sur celui de son interlocuteur:

*Je n'ai pas dit ça...*

D'ailleurs, ils ne purent converser plus longtemps, Kévia appréhendait la seconde demande et elle arriva tel un coup de foudre:

« Encore une chose...j'ai une femme et un enfant oui, une épouse aimante et une jolie petite tête blonde qui essayait d'impressionner son père lorsque celui-ci était encore auprès d'eux. Si je meurs, j'aimerai que vous alliez les trouver, que vous leur disiez comment je suis mort, que vous leur racontiez notre histoire en cette nuit, comment je me suis battu jusqu'au bout. Je veux qu'ils soient fiers de moi et que le souvenir qu'ils auront de moi soit celui d'un homme qui a su faire face au danger qui menaçait ce monde, et non d'un lâche. Vous les trouverez dans une petite maison dans les terres d'émeraude, une maison magnifique entourée d'un jardin aux mille couleurs. Si vous ne trouvez pas, demandez Orianne, c'est ma femme, fleuriste, une femme merveilleuse aux longs cheveux soyeux... s'il vous plait. »

Ce beau discours en aurait fait pleurer plus d'un oui, pour sûr. Mais pas Kévia. Elle était certes prête à lui rendre service, à l'aider s'il en avait besoin, pour lui rendre ce qu'elle lui devait. Et peut-être aussi parce qu'elle avait l'impression d'être comme lui. Mais pour rien au monde elle ne laisserait paraître de la compassion ou de l'attendrissement devant le tableau de la famille parfaite, qu'elle avait elle même perdu. D'ailleurs elle se surpris à penser que le fait d'aller prévenir la famille d'Elyos serait sans doute plus dur que de le tuer... Elle n'eut guère de réaction spontanée, laissant un petit silence s'installer avant de répondre d'un ton emprunt de neutralité:

"Je ne vous laisserez tuer personne de sain. Et je serais là pour vous lorsque vous vous transformerez."

Elle laissa un petit silence de quelques secondes s'installer en jetant un petit coup d’œil au ciel remplis de nuage pluvieux. Elle se concentra de nouveau sur le Déchu et conclut d'une voix sans émotions:

"J'irais aussi voir votre famille et je leur ferais le récit de votre dernier combat."

Elle hocha vaguement la tête. Elle l'avait dit elle le ferait.

*Je crois qu'il va pleuvoir!*

Arkos avait relever la tête et humait l'air.

*Arkos le moment est mal choisi pour la météo, je crois!*

Le lycaon se défendit:

*Je voulais juste prévenir que...*

Il n'eut guère le temps d'achever sa phrase qu'un éclair déchira le ciel en même temps qu'une pluie fine s'abattait sur les épaules musclées de la jeune femme.

*Génial!* maugréa la jeune femme.

*Je te l'avais dit!*

Kévia jeta un regard noir au lycaon tout en prenant en main sa faux. Il ne lui restait plus qu'une chose à faire maintenant. Tuer un maximum de ces monstres avec l'aide des clones qu'Elyos venait de faire apparaitre. Il n'était donc pas un humain. Mais cela n'avait plus d'importance maintenant. Le temps était compté et il fallait exterminer un grand nombre de ces créatures avant que l'ange déchu ci ne devienne incontrôlable et se transforme à son tour.
Par habitude elle fit rouler ses muscles puissants sans même sans rendre compte. C'étit presque devenu un toc qui annonçait un acharnement rude. Un simple soupir sorti d'entre ses lèvres et elles'abattit sur toutes les têtes décharnées que sa lame croisait.
Ses yeux allant et revenant de temps à autre sur l'ange déchu......

Spoiler:

Le voile d’invisibilité de l’Ultimage tomba, révélant l’expression choquée de son visage. Orion Shidori ? Après que cette illustre famille de magicien soit tombée en disgrâce, c’était maintenant son rejeton qui faisait tomber la honte sur son ancien peuple. Un être mauvais, corrompu et malsain pour qui Lynn avait une certaine… tendresse. Hélas ! Ce genre de sentiment ne se contrôle pas.

Lynn prit une lente inspiration pour assimiler ce qu’elle venait d’entendre. Cette femme vampire devait se tromper. Les sorciers n’avaient pas la puissance nécessaire pour lancer un tel sortilège sur toutes les terres du Yin et du Yang. Personne ne l’avait d’ailleurs. Et puis, quel est l’intérêt de mettre un terme à toute vie ? Même le plus cruel des tyrans ne tirerait aucun bénéfice d’un monde vide et stérile. Lynn n’arrivait pas à croire que cet acte n’était que le caprice d’un homme rongé par le mal.

Absorbée par ses pensées, Lynn ne prenait pas vraiment part à l’évacuation du port qui s’organisait près du cercle de protection d’Alec. La pluie tombait librement sur elle. Ses cheveux de cendre rendus noir par la pluie, se plaquaient sur son visage en de fines rivières noires ruisselant sur la peau albâtre. Son regard lunaire se leva sur Alec qui s’approchait d’elle, s’imprégnant aussitôt d’une crainte et d’une timidité qui seyait parfaitement à la candide magicienne. Cependant, le vampire n’eut pas la possibilité de rejoindre l’Ultimage, un cercle de lumière étant apparu entre eux. La lueur blanche semblait fendre le sol pour former des symboles complexes qui ne furent bientôt plus visibles tant l’intensité éblouissait tout observateur.

Trois hommes apparurent dans la clarté de ce qui semblait être un rituel de magie blanche. Tous portaient de longues robes d’un blanc aussi immaculé qu’aurait dû l’être la robe de l’Ultimage. L’un semblait assez vieux, portant un bouc grisonnant et de petites lunettes rondes, lui donnant un air de bibliothécaire aigri. Pourtant, ces yeux bleu vif lançaient des regards inquisiteurs et ouvertement méprisants à tous ce sur quoi ils se posaient. A commencer par la petite magicienne qui avait l’air encore plus pitoyable que d’habitude, trempée comme elle était.

-Ma dame, commença-t-il tandis que son nez aquilin se retroussait d’une manière désapprobatrice. Puis-je savoir ce que notre « illustre » Ultimage fabrique dans cet endroit nauséabond et rempli de racailles, alors qu’elle serait bien mieux auprès de son peuple ?

L’homme ne s’était pas privé pour lâcher un coup d’œil dégouté aux gens qui l’entouraient, faisant même semblant de chasser une odeur désagréable d’un geste de la main.

-J… J’essaye de me rendre utile, Archimage Nylmord, bredouilla-t-elle à l’adresse de son ainé.

Un claquement sec de la langue fit comprendre à la jeune fille que cette réponse le laissait dubitatif. Il poussa alors un soupir las et laissa l’un de ses collègues prendre la relève. Un homme au visage carré et serein s’approcha à son tour, il enroula la jeune femme dans sa cape sèche et l’entraina dans le cercle de lumière qui pulsait toujours d’une douce lumière nacrée.

-Il y a du nouveau, altesse, expliqua l’Archimage d’une voix riche et profonde. Certains chefs de races semblent être pris pour cible. Vous y compris. Nous avons le devoir de vous ramener au Repère. Là-bas vous serez sauve.

Lynn n’émit aucune protestation, se laissant guider bien gentiment par les imposants magiciens qui se resserrait autour d’elle dans un cercle protecteur. La lumière s’intensifia alors que le rituel de magie blanche se remettait en marche. L’archimage Nylmord eut un petit rictus méprisant à l’adresse du Seigneur de la Nuit, qui fit écho à celui affable que Lynn lui adressait. Avant que la vive lueur ne la dévore, Lynn fit un signe de la main à l’adresse de ses compagnons.

Spoiler:

Spoiler:

Kévia détestait la pluie. Et encore le mot était faible. L'eau était vraiment un élément qui la répugnait. Mais à cet instant elle devait bien avouer que cette brume pluvieuse était plus que bienvenue. A chaque goutte de sang putride que la peau de son visage, de ses mains, de ses bras recevait, une goutte fraîche et pure venait laver le liquide malodorant.
L'humaine avançait derrière Elyos et ses multiples clones. Son regard ne cessait de changer de cible. tantôt il cherchait les zombies qui avaient échappaient au Déchu, tantôt il surveillait le Déchu lui même, guettant le moindre signe de transformation, tantôt il allait vers l'arrière, s'assurant que Arkos ne prenait aucun risque.

Le lycaon se contentait d'éviter agilement tous les cadavres que le groupe devant lui laissait dans son sillon. Jamais il n'oserait ésobéir à sa maîtresse et risquer de se faire contaminer. Non pas qu'il puisse avoir peur de la mort. Mais sa mort la laisserait seule. Terriblement seule. Alors même s'il mourrait d'envie de les aider, il se contentait d'être silencieux et de suivre à distance l'humaine et le Déchu.

Kévia de son côté commençait à fatiguer malgré la force qu'elle possédait, elle n'en restait pas moins une personne appartenant à une race faible.

Le souffle court, la jeune femme rejetta une mèche de cheveux mouillée en arrière quand la pluie redoubla d'intensité rendant son champs de vision moins étendu. C'est alors qu'elle découvrit la silhouette d'Elyos agenouillée à quelques pas. Elle s'approcha de lui mais fut coupée dans son élan par une voix féminine.

En relevant les yeux, elle vit qu'un peu plus loin se tenait un groupe de personnes apparemment saines. Elles aussi combattaient. Et quelque part ça la rassura. Mais ses pensées revinrent rapidemant à ce que la femme à la chevelure blonde venait de dire. Le coupable portait donc le nom d'Orion et n'était rien d'autre qu'un roi.
L'humaine voulu poser une main sur l'épaule d'Elyos mais elle se ravisa, se souvenant pourquoi il se tenait ainsi. Et il ne manqua pas de lui rappeler :

" Kévia, vous devez à présent respecter votre promesse avant qu'il ne soit trop tard. "

Tuer n'était pas un soucis pour elle. Mais elle ne l'avait jamais fait...sur demande. Et Elyos n'avait rien, mais absolument rien d'une mauvaise personne. Bien au contraire. Mais penser ainsi c'était être faible.

La jeune femme pinça légèrement les lèvres et inspira lentement.

" Je suis là. "

Il ne méritait qu'on mette fin à ses jours dans son dos. Kévia se déplaça pour venir faire face à l'ange déchu. Le temps pressait, elle le lisait sur son visage à la fois serein et torturé. Mais elle prit tout de même le temps de nettoyer la lame de sa faux sur son pantalon. C'était une question de principe. Ce n'était pas dans ses habitudes d'agir ainsi et elle ne sut pas tellement comment s'y prendre mais elle se lança.

" Je te l'ai déjà dit, mais je tiens à me répéter. Votre famille saura tout. Et grâce à toi, elle aura une chance de ne pas connaitre le même mal qui cause ta mort. " Elle plaça sa lame sous le menton, contre le cou musclé de l'homme dont la transformation continuait. Elle devait la faire maintenant, alors qu'il était encore lucide et...humain.

La lame s'éloigna pour revenir à toute vitesse. Le sang l'éclaboussa et elle ferma les yeux. Elle avait fait ce qu'il fallait. Elle recula d'un pas et le corps s'affaissa. Insipirant longuement elle retira sa sur-chemise et enveloppa la tête...

* Kévia...ça va ? *
" Non ça ne va pas. Mais je vais faire comme si ça allait Arkos. "

Kévia pressentait que la suite serait pire....

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