Aimé écoutait Eldias, incrédule. Il ne comprenait pas vraiment où elle voulait en venir en disant : « tu te renfermes sur toi ». C'était devenu tellement naturel chez lui qu'il ne pensait pas une seule seconde que c'était uniquement à cause de ça que personne ne venait à lui. Mais alors, comment ne plus se renfermer ? Le réprouvé n'en avait pas la moindre idée. Bien sûr, Aimé essayerait de s'améliorer. Plutôt deux fois qu'une même.
La sentinelle poursuivit, essayant une fois de plus de lui prouver qu'il n'était pas faible. Le jeune homme fronça les sourcils. Il ne doutait pas de ses propos, seulement il avait dût mal à se représenter tout ça. Cela semblait si loin de lui. Néanmoins, il devait bien avouer qu'il se sentait plus sûr de lui à présent. Il semblait que l'avenir serait plus simple à aborder. Qu'il n'avait plus à s'inquiéter autant. Une sorte de douce chaleur réchauffa son cœur à la coquille de pierre et au centre fondant. Il était clair que maintenant, le réprouvé suivrait au mieux les conseils de la dame en bleue. Il ferait tout pour sourire plus facilement, tout pour parler plus spontanément aux personnes qu'il croiserait. Néanmoins, il y avait déjà une chose qu'il avait acquis. Même si cela ne se voyait pas, il aimait déjà là vie. Ses filles, ce ciel bleu, cet océan. Tous des choses qui émouvaient son cœur. Il avait appris à les aimer et à les chérir et à connaître leur valeur. Ce qui n'était pas le cas il y avait quelques années. Avant, tout semblait fade et inutile. Maintenant, il comprenait un peu mieux chaque jour ce qui était important et ce qui l'était moins. Ce qui était le bien et ce qui était le mal, même s'il avait du chemin à faire.
Alors que la sentinelle finissait son discours, Chocolat finissait son repas et elle s'éloigna un peu, semblant trouver un jolie caillou au loin. Aimé, de son côté, écouta avec attention les conseils d'utilisations de ce don mystère. Toutefois, il eut quelques réticence à l'utiliser. Faire une telle chose était forcer les gens et à part dans le monde du travail, le réprouvé n'aimait pas vraiment forcer les gens à faire des choses qu'ils ne voulaient pas vraiment. Cependant, c'était toujours bon à savoir. Vint ensuite la question des amis. Là, le jeune homme avait presque envie de sourire d'espoir. Il avait toujours eut cette envie bien refoulé d'avoir des amis. C'était comme s'il se l'était toujours interdit. Mais la sentinelle lui redonnait l'espoir d'en avoir peut être un jour. Cette idée était plaisante.
Finalement, le réprouvé regarda Eldias s'éloigner, légèrement déçu de ne pas pouvoir discuter encore un peu avec elle. Cela lui avait fait un bien fou. Ses yeux se tintèrent de tristesse et de résignation. La sentinelle avait sûrement d'autres choses à faire. Puis, contre toute attente, alors que la petite femme lui lança des mots d'encouragement, un petit sourire dessina les lèvres du jeune homme. En fait, il ne souriait que d'un côté. Ce côté représentait la joie d'avoir parler avec elle, d'avoir évolué, de se sentir bien, car il lui était reconnaissant. L'autre côté, celui de la tristesse, représentait la peine qu'il avait de la voir partir.
« Merci » souffla-t-il, ne sachant pas vraiment s'il allait l'entendre ou non.
Aimé ne détourna le regard que lorsqu'Eldias eut totalement disparu de son champs de vision, puis, il contempla l'océan, réfléchissant à cette journée emplie de choses positives. Le soleil commençait à décliner doucement, lui offrant un parfait couché de soleil. Finalement, il chercha sa fille des yeux et la trouva allongé dans les herbes, en train de dormir, sa poupée au creux de son ventre. Elle aussi avait vécu beaucoup de chose et était épuisé. Il se leva alors doucement et se dirigea vers elle. Avec des gestes délicats, il la prit dans ses bras et la cala contre lui, plaçant sa tête dans son cou. Chocolat marmonna des mots incompréhensibles mais ne se réveilla pas entièrement. D'un geste tendre, il caressa le haut de sa petite tête.
« Vient ma chérie, on va aller se reposer. »
