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 • La Guerre des Tributs des Mers •

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Jeu 15 Aoû 2013, 20:52


Calme et sereine, Vanille contemplait de ses grands yeux verts son reflet dans l'immense miroir de sa coiffeuse, une brosse à la main. Son regard glissa lentement sur les longues boucles rousses de son épaisse chevelure. Elle sembla réfléchir quelques instants, avant de s'animer subitement. Et en quelques gestes vifs, elle s'employa à dompter ses cheveux et les rendre davantage doux et soyeux. Les mèches rebondissaient avec souplesse dès qu'elle les lâchait. « Ça ne te stresse donc pas ? Même pas un tantinet ?» s'enquit nerveusement une petite voix hésitante. Vanille ne daigna pas même se retourner. Elle se contenta simplement d'observer Gabriella dans la glace. La jeune ondine blonde était debout dans un coin des appartements privés de la Reine. « Non. Je ne vois pas pourquoi je m'inquiéterais de cette situation tout à fait banale.» finit-elle par lâcher d'un ton sec et légèrement cassant. « La Cité toute entière tremble. Les habitants sont reclus chez eux et patientent en silence. Des patrouillent arpentent les rues. Et ...» - « Ma chère Gabriella, puisque c'est moi qui ait ordonné ces mesures, je pense les connaître, tu n'as guère besoin de me rappeler tout ça. Je connais les psychoses du peuple, la peur qu'inspire les Tributs. Je devais agir pour que les Ondins se sentent en sécurité. Ce n'est pas pour autant que je suis affolée dès qu'un membre des abîmes vient dans les parages.» - « Tu devrais. Ils sont dangereux.» - « Tu as été élevé dans la terreur de ces êtres.» - « Pas toi ?» - « Non. Et j'ai même vécu quelques temps avec eux.» - « Et tu crois sincèrement qu'ils vont t'épargner pour ça ?» - « Pas du tout. Je me fiche simplement d'eux comme de n'importe qui. Je me fiche de leur présence ou de leur absence. Et si un se présente devant moi, je l'égorge. Il n'y a donc pas de problème.» Le silence s'installa durant quelques instants durant lesquelles Gabriella réfléchissait, légèrement surprise. « Et s'ils tuaient des gens?» - « Je ferais un discours émouvant.» Elle rit. La Perle hocha la tête. Malgré les mois passés aux côtés de Vanille, elle peinait toujours à la comprendre. Il faut dire qu'elle était une bien étrange et énigmatique femme. « Et ..» commença-t-elle, avant de se taire. Le regard de Vanille était assez explicite : le sujet étais clos.

Vanille posa avec délicatesse la brosse à côté de ses nombreuses parures pour cheveux avant de se lever avec élégance. Doucement, elle posa une main sur son petit ventre rond, pensive, avant de s'avancer près de sa fenêtre. Elle se permit d'observer la Capitale Ondine tandis que les minutes s'écoulaient lentement. Tout était si tranquille. Pas un chat ne traînait dans les allées. Les Tributs venaient rarement à l'intérieur de la Cité, se contentant d'importuner les Sirènes qui nageaient près de la surface, mais parfois, quelques éléments perturbateurs venaient troubler la paix des habitants et voyageurs. Sous le règne de Lastraé, ils avaient fait beaucoup de victimes. Tous préférait se cacher. Et de toute évidence, ils avaient raison. « Qu'est-ce que c'est ?» s'écria Gabriella en accourant près de Vanille. Deux hommes déboulèrent aussi dans la chambre pour encadrer la Dame des Abîmes. « Ils sont là.» soupira-t-elle. « Les soldats viennent de donner l'alerte. Il va y avoir quelques affrontements, à n'en pas douter.» - « J'espère que tout se passera bien ...» Vanille ne répondit rien. Elle aurait eu bien du mal à se retenir de dire ce qu'elle pensait réellement. Et en présence d'ondins ignorants de sa véritable personnalité, elle devait faire bonne figure. Ses traits angéliques prirent simplement une expression contrariée, et ses yeux restaient rivés sur la Cité et ses environs.

Loin d'être inquiète,Vanille se mit à déambuler dans les couloirs du Palais, sans vraiment se soucier de ce qui se passait tout autour d'elle. Un livre ouvert dans la main, elle lisait les lignes du vieux manuscrit, et ne se prenait pas de mur quant bien même elle ne regardait pas où elle allait. « Ma Dame !» Un garde essayait de l'intercepter. « Est-ce bien prudent?» - « Je ne suis pas une petite chose fragile.» Sa voix n'était pas cassante, bien au contraire. Elle releva même les yeux pour gratifier le jeune homme d'un sourire. « Et je sais que vous sauteriez au moindre bruissement.» Il hocha la tête, les joues légèrement rouges.

« Je vous le répète, mon seigneur, il est absolument impossible que l'on vous accorde une audience avec sa Majesté. Vous devez prendre rendez-vous et l'on vous donnera une date.» - « Je tiens à la rencontrer dès aujourd'hui.» - « C'est impossible. Je peux tenter de convaincre une Perle de ...» - « C'est la Reine que je veux.» - « Il vous faut une audience.» - « Débrouillez-vous autrement.» - « Passez votre chemin. Ce n'est guère le moment, mon seigneur. Les Tributs rôdent, la Dame est à l'abri.» Doucement, Vanille referma son ouvrage pour dévisager brièvement l'homme qui tenait de toute évidence à la rencontrer. Il était grand, les cheveux sombres et désordonnés. Même si elle se tenait loin de lui, elle devinait ses yeux clairs, d'un bleu-gris qu'on voyait rarement. Sans âge, il semblait jeune mais son regard indiquait une certaine maturité. Il devait être plusieurs fois centenaires, à n'en pas douter. Il portait un grand manteau gris, et sous sa chemise blanche se dessinaient ses muscles. Un bien bel homme, de ceux qui faisaient chavirer les cœurs des douces et innocentes demoiselles pour mieux les briser le lendemain, quand elles se réveilleraient seules et comprendraient qu'elles avaient été dupé. Le genre d'homme que Vanille aimait séduire pour mieux détruire.

Vanille fit quelques pas pour sortir de la pénombre tout en refermant son ouvrage d'une main. « Si Monsieur souhaite tellement me rencontrer, je ne peux que contenter sa demande.» dit-elle doucement, toujours aussi souriante. Les deux hommes se retournèrent pour dévisager la nouvelle venue. Ils s'inclinèrent légèrement en signe de respect avant que le garde s'avance, hésitant, pour ajouter : « Sans vouloir vous offenser, ma Dame, ce monsieur devrait respecter les usages, comme n'importe quel citoyen de ses mers pour une audience avec vous.» - « Certes, mais je vais vous épargner à tous de longs débats à le convaincre du bien fondé des procédures.» Son regard vogua doucement jusqu'à l'étrange inconnu. « A qui ai-je l'honneur ?» - « Commandant Gabriel Vesuiah.» Elle médita un instant cette réponse. « Et bien soit. Suivez-moi, commandant.» Elle tourna les talons sans plus tardé, et le dénommé Gabriel lui emboîta le pas d'une démarche décontracté. Ils se dirigèrent ensemble, et dans le plus grand des silences, jusque dans un petit salon. A peine Gabriel eut-il fermé la porte que l'atmosphère changea. Radicalement.

« Vanille ...» soupira Gabriel en tendant les bras. « Cela fait trop longtemps. Reine ? Que ce titre te va à ravir.» La sirène sourit en enlaçant le jeune homme. « Bien trop longtemps, Gabriel. Commandant?» - « Nous avons chacun fait un bout de chemin, depuis notre dernière rencontre.» - « Tu sais qu'Hadrian m'a parlé de toi ?» - « Tiens, tu le connais ?» - « Oui. Il m'a dépeint un portrait très ressemblant de ta personne. Sans jamais citer ton nom, cependant. Mais je t'ai reconnu à travers ces mots. Il pense que nous formerions un bon duo.» Il rit. « S'il savait ...» - « Je ne pensais pas te revoir, d'ailleurs.» - « J'ai appris que tu avais gravis les échelons, et que tu résidais par conséquent ici. Je passais dans le coin alors ...» - « Bonne idée, Gabriel.» Ils se dévisagèrent durant un long moment. « Tu sais» commença le jeune homme en passant une main dans sa tignasse sombre. « J'ai toujours eu la sensation que nos destin était fait pour s'entremêler. Plus intimement.» Vanille arqua délicatement ses sourcils. « C'est à dire ? Attention Gabriel, j'ai l'impression que tu t'engages sur un terrain glissant.» Il rit. « Je le sais bien, ma belle. Mais ces pensées me hantent depuis si longtemps.» Il ne dit rien. Il se contenta de penser, de visualiser, laissant Vanille fouiller les tréfonds de son esprit. « Alors ?» s'impatienta-t-il.  « C'est envisageable.» articula-t-elle tout bas. « Mais souviens-toi d'une chose : avec moi, rien ne se termine jamais bien.» - « Je suis prêt à prendre le risque.» - « Assis-toi.» - « Pardon?» - « Quelqu'un vient par ici.» Elle sourit tout en servant un verre à Gabriel.

Un soldat entra, quelque peu essoufflé. Son regard balaya la scène qui se présentait à ses yeux. La Reine était assise, une tasse de thé à la main, et en face d'elle, Gabriel. Tout à fait banal. Inquiet et nerveux, il s’avança d'un pas, pour dire après avoir exécuter une brève révérence. « Ma Dame, nous avons un problème.» - « Les Tributs ont causé de quelconques dégâts ?» - « Pire, ma Dame. Elles ont pris un otage.» Vanille soupira. La situation risquait d'être délicate. « Est-ce que l'on sait de qui il s'agit ?» - « Oui ma Dame. Il s'agit de Mademoiselle Clémentine Déliana, votre cousine.» Une petite moue se dessina lentement sur les lèvres roses de la sirène. Pourquoi fallait-il toujours qu'on s'acharne à lui rendre la vie compliquée ? La vie ou la mort de la petite réprouvée lui importait peu. Pourtant, elle devait la sauver. Ou du moins, la faire mourir tragiquement et dans les honneurs. Car elle était la belle et gentille Reine de ce royaume des flots, et elle ne pouvait rester sans rien faire alors qu'on s'en prenait à sa famille. « Sont-ils restés dans la Cité ? Et comment l'ont-ils capturé, d'ailleurs ?» - « Nous pensons qu'ils venaient pour vous. À défaut de vous avoir trouvé, ils ont emmené quelqu'un de votre famille. Ils ont vite compris qu'elle n'était pas ondine et ont lancé quelques enchantements pour qu'elle puisse respirer sous l'eau. Pour quelques jours, tout au plus. Si nous avons de la chance.» - « Bien, merci pour ce rapport. Faites venir les Perles, qu'elles se tiennent prêtes à toutes éventualités. Rassembler les Armées, discrètement, si les négociations venaient à échouer.» Il hocha la tête avant de disparaître.

« Mon pauvre Gabriel ...» soupira-t-elle. « Tu as bien mal choisis ta journée. Tu restes le bienvenue dans ma demeure. Cherches mes quartiers et attends moi, si le cœur t'en dit. J'ai quelques affaires à régler, comme tu l'auras compris. Je tâche de faire au plus vite.» - « J'attendrais avec joie. Nous venons à peine de nous retrouver. J'ai des tas de projets pour nous, et je ne comptes pas te lâcher si rapidement.» - « Je suis touchée de ses paroles.» Son ton était pourtant si dénué d'émotion qu'on peinait à la croire. Et Vanille s'en retourna vaquer à ses petites occupations royales. Sur son passage, elle voyait les mines inquiètes de ses hommes. La situation était délicate. La seule que cela ne préoccupait pas vraiment, c'était bien elle.

« Vanille !» s'écria Gabriella qui parcourait en courant les couloirs. « Calme toi. Nous devons faire bonne figure. Je vais aller faire un discours. Le peuple en a besoin.»


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Ven 16 Aoû 2013, 01:43


Les minutes s'écoulèrent lentement, tellement lentement que s'en était presque irréel, comme au ralenti. Les ruelles si calmes et tranquilles de la Cité reprirent peu à peu vie. Timides, inquiets ou hésitants, les habitants et les voyageurs de passage sortirent des maisons, des bars ou des lieux publics où ils s'étaient barricadés en attendant que les membres des Tributs repartent. Et dans les yeux chromés se lisaient le doute. En réalité, ils savaient. Quelque chose s'était passé. Ils en ignoraient simplement la teneur. Sans réellement réfléchir, la foule s'amassa sur la grande place principale, le regard tourné vers le majestueux balcon clair qui surplombait les environs, dans l'attente d'une belle apparition qui soulagerait leur âme embrumée, celle de la Dame des Abîmes, souriante, qui prononcerait quelques mots rassurants. Ils attendaient, impatients, guettant les épais rideaux dans l'espoir d'apercevoir les signes de l'arrivée imminente de la Reine. Ne serait-ce qu'une Ombre. Une vague de murmures s'éleva doucement. Les gens n'osaient pas élever la voix, ils préféraient parler tout bas. Et enfin, sa silhouette se dessina sur le tissu clair, et dans un geste mesuré et naturellement emprunt d'élégance, elle poussa la porte pour sortir de la pénombre.

D'un pas lent, Vanille s'approcha de la rambarde du balcon. Elle posa ses mains à plat sur la pierre blanche, laissant ses doigts courir un instant sur la surface lisse tandis qu'elle contemplait le peuple ondin réunis. Tous était pendu à ses lèvres, attendant qu'elle prenne la parole, qu'elle donne enfin quelques nouvelles de la situation actuelle. Belle jeune femme aux traits doux et angéliques, la sirène déjà son habituel aura de pureté, qui incitait quiconque à croire à ses mots. Son visage avait une drôle d'expression. Neutre sans en paraître impassible, rassurant sans se vouloir radieux. Ses longues boucles rousses encadraient sa bouille de princesse en détresse. Sa bouche était tordue en une petite moue contrarié. La longue robe claire qu'elle portait soulignait sa taille fine, et était assez près du corps pour laisser entrevoir son petit ventre rond, excellent moyen de divertir le peuple et détourner l'attention, ainsi que les sujets de conversation. La sirène attendit quelques secondes, le temps de faire suffisamment monter la tension, avant, enfin, de prendre une grande inspiration.

« Peuple des mers, habitants venus des terres et passants dans la Cité : bonsoir. J'aurais aimé pouvoir vous annoncer quelques merveilleuses nouvelles en cette journée de troubles, malheureusement, je crains que la situation ne soit pas celle espérée. Depuis mon ascension, il y a de ça quelques mois, les Tributs ne cessent de nous importuner dans l'espoir évident de faire flancher le pouvoir. Et c'est avec cette idée en tête que certains éléments perturbateurs ont pénétré l'enceinte du Palais pour m'y trouver. Seulement, je n'étais point à l'endroit qu'ils avaient prévu, et ils ont revu leur plan. C'est ma jeune cousine, la petite Réprouvée du nom de Clémentine, qu'ils ont enlevé. Cette enfant n'a pas la capacité de respirer sous l'eau, et nos informateurs nous ont assuré qu'ils l'avaient emmené avec eux dans les profondeurs, en la maintenant en vie grâce à des sorts lui permettant de survivre sous les flots, pour un temps limité cependant.  Je ne peux permettre cela. Nous ne pouvons permettre cela. Ils essaient de faire pression sur nos sentiments, sur nos valeurs fondamentales telles que la famille, l'amour, l'entraide. Nous ne pouvons évidemment être sûrs de leur intentions, mais nous ne pouvons tarder à récupérer Clémentine, si nous espérons la revoir saine et sauve. J'ai donc décidé d'aller à la rencontre des Tributs. Un groupe patrouilleraient non loin, attendant très certainement une réaction de notre part. Je m'en vais ainsi négocier, accompagnée d'une dizaine d'hommes. N'ayez crainte, ô mon cher peuple. Tâchez de vivre, reprenez le cours de votre existence, le Parlement vous communiqueront les avancées. Avec toutes mes pensées. La Déesse des Océans veille sur nous.»

Vanille pencha très légèrement la tête en avant, comme pour esquisser une révérence, avant de tourner les talons après avoir gratifier la foule d'un léger sourire. Dès qu'elle eut le dos tourné et que seule Gabriella pouvait la voir, elle se permit de lever les yeux. La sirène aux cheveux blonds rit doucement. « C'était donc ça, le discours émouvant. Très touchant, en effet. Mais tu comptes réellement allé parler aux Tributs simplement accompagnée de dix hommes ? Bois du cyanure, ça ira plus vite.» maugréa-t-elle lorsque Vanille passa près d'elle. « Je resterai trop proche de la surface pour risquer une attaque. Et beaucoup plus de gardes seront à mes côtés. Seulement une dizaine sera visible, voilà tout. » Elle détestait devoir se justifier. Étrangement patiente, elle était dans un instant de grâce. Gabriella hocha la tête. « J'espère qu'on va récupérer la petite ...» souffla-t-elle, pensive. La Reine haussa vaguement les épaules. « Cela m'importe guère. Il faut simplement faire bonne impression. Le peuple doit me voir agir dans l'intérêt de l'enfant. Si elle revient en vie, des festivités se déclencheront spontanément. Il y aura partout dans la Cité des scènes de joie. Si elle meurt, le peuple pleura ensemble, se rapprocheront, et me plaindront. Peu importe l'issue, pourvus que j'agisse, je sors gagnante.» Gabriella parut quelque peu peinée d'entendre de telles paroles. Elle aurait dû s'habituer à ce genre de réponses, et pourtant, cela la troublait toujours autant. « Maintenant, si tu veux bien m'excuser, je dois aller me préparer. Puisqu'il s'agit d'un déplacement officiel en territoire maritime, j'ai une tenue spéciale à revêtir, et je pourrais enfin aller discuter un peu pour tenter de résoudre ce problème.» - « Tu n'as pas l'air d'y tenir particulièrement.» - « De ?» - « Résoudre le problème.» Vanille dévisagea Gabriella durant quelques secondes, s'interrogeant de toute évidence sur ses capacités mentales. « Je te l'ai dis, tout cela m'importe peu. Il  n'y a qu'un seul bon côté : je vais pouvoir tester l'organisation de l'Armée.» Et c'est avec un sourire qu'elle tourna les talons.

Dans sa forme originale, Vanille frôlait les deux mètres. Ses longues jambes blanches avaient laissé leur place à une  interminable et fine queue de poisson aux écailles nacrées, dont la couleur semblait hésité entre le bleu et le gris, agrémenté de reflets argenté. Bien étrangement, sa grossesse était absolument invisible lorsqu'elle avait l'allure d'une véritable sirène. Sa longue chevelure, libre, était parée de perles et de bijoux, comme le reste de sa personne. Les tons se mariaient élégamment avec la pâleur de sa peau nue. Elle était magnifique. La Souveraine des Mers dans toute sa splendeur. Les gardes qui accompagnaient visiblement la Reine la saluèrent sur son passage. Armes à la main, ils la suivirent en quelques coups de nageoire. Sous cette forme, ils étaient d'une rapidité étonnante.

« Préparez-vous, et ne prononcez-pas un mot.» ordonna doucement Vanille alors qu'elle distinguait quelques ombres nager au loin. Elle sentit malgré tout ces hommes se raidirent. Car ils voyaient bien que les choses qui se tenaient plus loin avaient de drôles d'allure sauvage, comme dans les légendes. « Soyez tranquilles.» leur intima-t-elle finalement. « N'oubliez pas notre but

Vanille s'arrêta à une bonne distance des quatre ondins des Tributs qui attendaient. Trois d'entre eux avaient une apparence presque banale, si ce n'est qu'ils avaient la peau d'un blême effrayant, des yeux immenses et globuleux et des dents acérés. Le dernier était effrayant. Il était l'un de ses monstres. Un ondin méduse. C'est lui qui était en avant, face à Vanille.

« Merci d'avoir attendu pour nous recevoir.» déclara tout d'abord Vanille dans le dialecte des eaux. Elle ne contait pas s’embarrasser de plus de politesse. Avec ces créatures, cela ne servait à rien, car elles ne se préoccupaient pas de ce genre de choses. C'est d'ailleurs sans la moindre finesse que l'homme méduse lança de sa voix râpeuse : « On n'a pas la gamine. D'autres la détiennent. Plus loin.» - « Je sais cela. Je viens pour savoir comment la récupérer.» Il sourit, entre vicieux et mesquin. C'était du moins les émotions que Vanille devinait sous les traits pour le moins inhabituels de cet étrange type. Durant leur brefs échanges, Vanille se permit de plonger dans les pensées des Tributs, pour tâcher d'obtenir quelques précieuses informations. Mais elle ne captait rien de réellement intéressant. Leur façon de penser était tout un monde, mais globalement, tout était primaire, bestial et sauvage. Les secondes s'écoulèrent. Et rien ne se passa. « Alors ?» s'impatienta Vanille. « Vos revendications ?» - « Vous êtes des traites. Vous avez trahis les eaux, les valeurs de notre espèce. Nous ne sommes plus de la même race, à présent. Vous nous traitez comme des moins que rien. Et vous allez le payer.» Vanille arqua délicatement ses fins sourcils. « Je crois n'avoir jamais émis le moindre avis à votre égard. Et vous n'avez pas eu le temps de voir ma politique vous concernant.» Face à ses arguments implacables, la méduse préféra se taire. Et à nouveau, le silence s'installa pour laisser place à la douce mélodie des flots et de l'onde. « En fait...» comprit Vanille. « Vous ne comptez pas négocier ?» Il sourit. « L'enfant n'a pas été enlevé dans l'espoir de discuter.» - « Bien. Je vois. Tout cela est regrettable.» Les soldats de la garde serrèrent leur armes dans leur main, prêt à réagir au moindre mouvement. Le stress commençait lentement à monter, de même que les tensions. « Quels sont nos options ?» - « Il n'y en a pas.» - « Je crains de vouloir récupérer ma cousine.» - « C'est impossible.» - « Que vous le vouliez ou non, je suis la Dame des Abîmes.» A ces mots, ils se crispèrent. « Et j'ai un certain nombre de pouvoir. Je ferais le nécessaire pour récupérer la petite. Me confirmez-vous que, pour l'heure, vous refuser toute manœuvre à l'amiable ?» Arrogant, il osa hocher la tête. « Bien. Je vous considère comme le porte-parole de votre Tribut. Qui répond d'ailleurs au doux nom de ?» - « Esprit d'Onde.» - « Bien. La Tribut Esprit Onde détient captive la Réprouvée Clémentine Déliana, cousine de sa Majesté Vanille Déliana, Dame des Abîmes. Les négociations ont échoués.» La méduse et ses compères semblaient troubler par ce petit monologue. Mais les gardes, eux, savaient ce que ces paroles officielles signifiaient. « A bientôt.» Et sans plus de cérémonie, Vanille s'en retourna à la Cité Engloutie, ses grands yeux verts animés par un étrange éclat noir et malveillant. Elle avait deux ou trois choses à préparer. Cette nouvelle ne réjouirait pas forcément le Parlement. Les Perles seraient divisées sur le sujet. Mais les négociations avaient échoués, car la discussion même n'avait pu être engagé face à ses drôles de personnages.Il fallait tenter une autre approche, plus brutale. Avant de revenir aux conversations mondaines. Et quoi de mieux que de préparer ...

Une petite guerre. Ce qu'elle avait en réalité prévu depuis le début.

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Lun 19 Aoû 2013, 19:55


D'un geste lent et mesuré, Vanille écarta de quelques centimètres l'épais rideau qui pendait à la fenêtre, pour contempler distraitement les Armées en route pour les flots. Hommes et femmes, alignés, avançant d'un pas rythmé, s'en allaient rejoindre les profondeurs des mers pour mener bataille à la Tribut Esprit d'Onde et n'importe quel autre groupe disparate qui se mettraient sur son chemin. Le visage fermé, un air sérieux aux lèvres et un regard sévère, les soldats étaient prêts. Les ordres de la Dame des Abîmes avaient été on ne peut plus clair. Ils savaient ce qu'ils avaient à faire.

Une pomme à la main dans laquelle il croquait à pleine dent, Gabriel s'approcha de la sirène. « Alors ma princesse, tes troupes sont en route ?» - « Comme tu peux le constater.» - « Ce petit problème sera donc bien rapidement de l'histoire ancienne.» lui glissa-t-il à l'oreille. Il profita de cet instant étrangement intime, de se léger rapprochement, pour humer le délicat parfum des cheveux de la jeune femme. « Nous verrons bien ce qu'il se passera.» - « Cela n'a pas l'air de spécialement t'inquiéter.» Du bout des doigts, il frôla la hanche de Vanille. Avec adresse, il lança le trognon du défunt fruit dans la petite corbeille qui gisait près du grand bureau de la Reine. Et il glissa sa main enfin libre autour de la taille de l'ondine. Elle laissa sa tête se reposer sur son torse. « Je n'ai pas sauvé Clémentine du sorcier qui expérimentait ses potions sur elle. J'avais juste quelques comptes à régler avec lui. Je l'ai traqué pendant quelques jours avant de trouver sa demeure. J'ai pris grand plaisir à torturer ce type, mais je l'ai vite achevé. Ses travaux ont péri avec lui, dans l'incendie que j'ai déclenché et qui a d'ailleurs consumé une partie de son quartier en passant. Et alors que j'allais passer la porte, j'ai entendu une petite voix. La gamine était enfermée dans un cage qui aurait été à peine confortable pour un chien. J'ai reconnu Clémentine, une de mes cousines. Je ne la connaissais pas bien. Sa vie ou sa mort m'importait peu. Mais tu connais ma curiosité. Et mon éternel petit et adorable côté miséricordieux. Je l'ai libéré, et emmené avec moi.» - « Sur quoi se portait ta curiosité ?» - « Sur la famille. Ce précepte si cher aux yeux des bonnes gens. Cette valeur fondamentale et inébranlable qui créer des liens. » Son ton était sec et ironique. D'un coup de coude, elle se dégagea de l'étreinte de Gabriel pour faire quelques pas. Gabriel se contenta de s'appuyer contre le mur en l'observant.

« Je suppose que tu n'es pas proche des tiens.» - « La famille n'est rien pour moi. Je ne vois pas en quel honneur je devrais aimer mes parents. De même, pourquoi un père ou une mère seraient obligés d'apprécier un tant soit peu leur progéniture ? Une personne que je haïrais en tant normal ne me sera pas plus douce parce qu'elle partage mon sang. Je crois avoir tenté de me sentir proche de ces gens. De ma famille. Mais ils ne m'inspiraient que répulsion. Tous. J'ai finis par tuer mon père, quant à ma mère, je l'ai abandonné alors qu'elle était folle à lier. Mes frères et mes sœurs sont des êtres que je méprise. Mes amants sont presque toujours à usage unique, je ne parviens pas à me projeter dans une véritable relation. J'ai pourtant épousé un homme, une fois. Tu sais comment tout cela s'est terminé. Presque la totalité de mes enfants ont péri de mes mains, puisque je ne voulais pas de ces filles.» - « Tu es tout à fait charmante.» Il prit du bout des doigts le menton de Vanille pour relever son visage et plonger ses yeux clairs dans l'émeraude de ses prunelles de poupée. Et il rit. Lorsqu'il eut reprit son calme et un peu de sérieux, il lança une question qui lui brûlait les lèvres depuis quelques temps déjà : « Qu'est-ce qui change, alors, avec le bébé que tu portes ?» Elle posa une main sur son petit ventre à peine rond malgré la grossesse avancée. « Lui, il est de ma famille. Celle que je ressens. Celle que j'ai choisis. J'ai voulu cet enfant. Il n'a rien de naturel. Il est juste le fruit magique d'un mélange que je désirais. Moi et le génie Naram-Sin. L'enfant du Marid et de la Dame des Abîmes.» Elle sourit légèrement. « Cela va au-delà du sang.» Gabriel hocha la tête, les lèvres pincées. « Je vois.» - « Tu es jaloux.» Ce n'était pas une question. « Pourquoi le serais-je ?» - « Tu aurais aimé que je te choisisse. Comme père. » Il rit. « Que tu te rassures, toi et ton ego, tout cela était purement magique. Maintenant, s'il te plaît, j'aimerais avoir la paix quelques instants.»

Gabriel se tût. C'était très certainement la chose la plus sage à faire. Après avoir tourné en rond quelques instants, il prit un livre et se mit à le feuilleter. Vanille, quant à elle, préféra s'allonger sur son lit et fermer les yeux durant deux ou trois secondes. Dans de grandes inspirations, elle se mit à réfléchir. Perdue dans le fil de ses pensées, elle entendit à peine les trois coups qui tintèrent. « On frappe à ta porte, ma princesse.» lui souffla Gabriel tout bas, avant de s'éloigner se cacher dans un coin puisqu'il n'avait pas grand chose à faire, officiellement parlant, dans les parages. Vanille, une petite moue aux lèvres, se redressa. « Entrer. » C'était Gabriella. « Que se passe-t-il ?» La jeune femme aux cheveux blond fit quelques pas, avant de choisir de s’asseoir par terre, en plein milieu de la grande pièce. « Je venais simplement te donner des nouvelles. Les avancées de la bataille.» Elle fit une brève pause, hésitante. « Je suis d'ailleurs étonnée que tu n'aies pas pris part au combat.» - « Je suis enceinte.» - « Cela ne t'a jamais gêné.» - « En effet, mais cela pourrait choquer le bon peuple que leur Dame aille à la guerre alors qu'elle attend un enfant, ce miracle de la nature. Je ne tiens guère à heurter la sensibilité des miens, qui me pensent si tendre et aimante. » - « Ah les fous, s'ils savaient ...» soupira Gabriel, qui sortait de sa cachette puisqu'il savait qu'il n'avait pas à rester dans l'ombre face à cette Perle bien particulière. Gabriella ignora cet homme qu'elle n'appréciait que très peu pour se concentrer sur Vanille et lui dire : « Tes troupes sont plus nombreuses que les armées des Tributs. Bien évidemment, Esprit d'Onde n'est pas seule dans l'affaire. De nombreux clans se sont ralliés à la cause et se battent à leur côté. La guerre devient de plus en plus général. La civilisation contre les profondeurs sauvages. Beaucoup d'ondins de tout bord tombent en ce moment même.» - « Je vois.»


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« Sur le mur de corail !» tonna Nora, une jeune Ondine prometteuse, à la tête de quelques dizaines d'hommes. Son regard sévère et sérieux glissa sur la foule qui combattait. Les affrontements étaient rudes. Les soldats se montraient de plus en plus sanguinaires, et qu'il s'agisse de la garde royale ou des membres des Tributs, ils redoublaient d'efforts et de persévérance. Nora serra les poings, déterminée. Elle voulait que sa Reine soit fière d'elle. Elle voulait rentrer dans les honneurs. Et pour cela, elle devait prendre des risques, trouver un moyen de se démarquer. « Faites diversion !» intima-t-elle à ses troupes grâce au don qui lui permettait de se faire entendre par les personnes qu'elle désirait seulement. Ils hochèrent la tête et la dépassèrent en quelques coups de nageoire pour charger les ennemis. Petite et agile, Nora n'eut aucun mal à se faufiler à travers tout ce petit monde, et elle s'employa à s'enfoncer de plus en plus profondément. Les yeux plissés à cause de l'obscurité intense à laquelle elle n'avait guère l'habitude, elle tâchait de discerner les formes pour continuer sa route. Ce qu'elle souhaitait était bien simple, dans la théorie du moins : il fallait qu'elle trouve la petite Clémentine. Mais en pratique, c'était bien plus compliqué. Dans la pénombre, elle avait du mal à se repérer. Mais bien trop fière pour quémander de l'aide ou faire demi-tour, elle continua à s'enfoncer, se laissant guider par son instinct. Mais elle craignait que cela ne soit pas suffisant. Car après tout, les Tributs étaient bien plus à l'aise qu'elle, dans ce milieu, et ils n'hésiteraient pas à la massacrer s'ils la voyaient, et Nora risquait de ne même pas les voir arriver.

Nora sursauta, étouffant un petit cri dans sa paume. Ce n'était guère dans ses habitudes de paniquer ainsi. Elle a toujours été des plus professionnelle, calme et réfléchie. Et voilà qu'elle fonçait tête baissée dans la gueule du loup, très certainement dans l'espoir d'une promotion. Inquiète, la jeune femme observa l'étrange chose qui se mouvait lentement un peu plus loin devant elle. C'était un espèce d'animal des profondeurs. Il lui avait donné des sueurs froides. Mais ce n'était qu'un gros mollusque. Elle sourit, comme riant de sa propre stupidité. Mais c'était le genre de situation dans laquelle il ne fallait pas relâcher son attention. Et elle ne sentit pas se profiler derrière elle un bien funeste destin. « Nora !» cria une petite voix. « Clémentine ?» Elle tourna vivement la tête, pour chercher des yeux la petite, le cœur battant. La Réprouvée était non loin. Et c'est avec effroi qu'elle vit l'enfant dans les bras d'un homme à l'allure de requin. Elle avait les yeux écarquillés et commençait à peiner pour respirer. Nora cria dans l'esprit de ses hommes sa trouvaille. Puis tout fut noir.


~~~~~~~~~


Gabriella, une expression de douleur sur le visage, ferma les yeux en prenant une grande inspiration. Vanille se contenta de hausser ses délicats sourcils, peu réceptive à la souffrance de son amie. « Clémentine a été aperçut par le Commandant Nora.» - « Avant que celle-ci ne perde la vie.» compléta la Dame des Abîmes qui avait lu la suite dans l'esprit de la Perle. « C'est dommage. Nora était une femme forte qui voulait me plaire. J'aurais pu en tirer deux ou trois bonnes choses.» - « Elle était merveilleuse. Son mari est mort il y a quelques mois, elle a un bébé. Dorénavant orphelin. Pas de famille proche.» - « Tragique.» Et pourtant, elle rit quelques instants. Puis pensive, elle se leva sans rien dire pour sortir de ses appartements privés sans explication, dans une envolée de tissu clair. Elle avait une petite idée derrière la tête. Pire, elle avait tout un plan. Sans vraiment y songer, elle fila à travers les couloirs pour s'enfoncer dans des coins peu fréquentés, et elle entra dans une pièce sans même annoncer sa venue, quant bien même il s'agissait d'une petite chambre, occupée.

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Mar 20 Aoû 2013, 01:00


Ce n'était pas vraiment une bonne journée. Mais à bien y réfléchir, Nausicaa finissait par se demander si, depuis son réveil, elle avait vécu ne serait-ce qu'une heure de bien-être. Ce n'était certainement pas recluse dans une malheureuse chambre qu'elle allait s'épanouir et mener l'existence de ses rêves. Au fond d'elle, elle savait que jamais elle n’atteindrait  réellement bonheur. Il y a de ça quelques siècles, elle l'avait effleurer du bout des doigts. Mais avant qu'elle puisse vraiment y goûter, un fantôme de son passé avait resurgis pour l'emprisonner dans son propre corps, loin et oubliée de tous dans une prison de glace. Être tirée de son rêve sans fin n'avait pas été une libération. Seule la mort le serait. Aujourd'hui, elle n'était plus rien alors qu'autrefois elle était connue, réputée pour sa magie, et fiancée. Vanille lui avait tout arraché. Et alors que la jolie sirène blonde se faisait à son sort, adoptait une certaine routine, on lui prenait Clémentine, cette adorable gamine joviale et douce dont elle s'occupait. La vie était injuste et ce monde, pourri. Mais elle comptait vaincre. Dans un soupire, Nausicaa s'assit au rebord de la fenêtre de sa chambre pour contempler les flots, si calmes. Cela lui semblait si étrange d'observer la mer tranquille en sachant pertinemment ce qui se tramait dans les profondeurs. Une guerre impitoyable faisait rage. Et ce qui énervait davantage la jeune femme était qu'elle ne pouvait pas même accuser Vanille de l’enlèvement de Clémentine. Ce n'était pas de son fait. Sincère ou qu'elle veuille simplement sauver les apparences, Vanille agissait. C'était déjà ça.

Bien trop agitée et inquiète pour lire paisiblement ou rester sans rien faire, Nausicaa tournait en rond dans sa chambre, pensive. Cette situation lui pesait sur le cœur. Elle n'aimait guère qu'on s'en prenne aux enfants. Et cela la tuait un peu plus chaque seconde d'être condamnée à rester ainsi, sans rien faire, sans aider. Elle était bien plus proche de la petite Réprouvée que quiconque. Elle aurait tellement aimé pouvoir faire quelque chose pour elle. D'un pas lent et encore légèrement maladroit, ou tout du moins peu assuré, elle se dirigea vers le vieux piano en bois sombre et aux touches d'ivoire usées pour poser ses mains sur le clavier. À part les livres, c'était le seul passe-temps auquel elle avait droit. « Car j'ai une âme de musicienne. Les enfants des mers ont toujours été proche de la musique, mais dans la famille Déliana, cela va au-delà du simple intérêt racial. Il s'agit d'un mode d'expression tout à fait fascinant et d'une discipline délicieuse à manier. J'ai touché mon premier instrument à peine cinq ans. J'ai des siècles d'expérience. Et de souvenir, ton père t'a mis un violon dans les bras très tôt. Tu as, par contre, eu moins de temps pour t'entraîner, ma pauvre enfant.» Nausicaa se crispa en entendant ses paroles. Cette douce et chantante voix résonnaient de façon tellement désagréable à ses oreilles, tant elle connaissait ce timbre et le méprisait. Lentement, le regard sévère, elle se retourna pour contempler sa mère qui venait d'entrer dans sa chambre sans même prendre la peine de frapper ou de manifester son humble présence. Et comme d'habitude, Vanille avait trouvé un point de comparaison entre elle et sa fille, pour répugner davantage Nausicaa et la détruire. Lâchement, Nausicaa laissa ses mains glisser du piano, comme pour signaler son soudain rejet de toute forme de musique. Tout en sachant qu'elle ne pourrait se passer de partitions et de notes plus de quelques jours.

« Qu'est-ce que tu veux ?» finit par dire la sirène blonde sans regarder sa mère. Pire que la haine ou le ressentiment, elle ne pouvait contempler sa mère sans se sentir peinée et triste. Car elle voyait en Vanille tout ce qu'elle avait perdu, et tout ce qu'elle n'aurait jamais. « Rend toi présentable et suis-moi.» - « Je suis déjà prête.» rétorqua-t-elle. Vanille arqua délicatement ses fins sourcils roux, sceptique. « Ces années dans le noir t'ont enlevé tout goût esthétique.» Nausicaa se raidit en la voyant se diriger vers elle et attraper une brosse au passage. « Détend-toi, je ne vais pas t'assommer avec cette arme sommaire, et si c'est mon contact qui te dérange à ce point, tu devrais te faire à cette idée.» Et sur ces mots, elle s'employa vivement à coiffer la longue chevelure blonde de sa fille. Nausicaa releva doucement les yeux et vit cette drôle de scène dans le petit miroir qui trônait sur le piano. C'était étrange. Elles avaient l'air de deux sœurs s'aimant. Alors qu'elles étaient mère et fille se détestant cordialement. « Alors, aucune question ne te brûle les lèvres, ma belle endormie ?» Une petite moue s'imprima sur les lèvres de Nausicaa. « Les choses avancent-elles dans un bon sens ? Comment va Clémentine ? Penses-tu qu'on parviendra à la récupérer ?» Vanille soupira. « Si tu tiens à revoir la petite, fais simplement ce que je te dis.» En quelques gestes rapides et au touché aussi léger qu'une plume, Vanille façonna un élégant chignon à Nausicaa et piqua à la base de la coiffure une jolie broche. « Enfile une belle robe.» - « Je doute que les vêtements de mon armoire entrent dans tes critères. Tu n'as pas dû beaucoup dépensé pour me vêtir.» Avec un sourire aux lèvres, Vanille recula de quelques pas pour saisir quelque chose posé sur une chaise et le lancer sur le lit. « Choisis en une, met la vite, et suis-moi.» - « Quel élan de générosité.» railla Nausicaa pourtant ébahie par la beauté des habits. « Ta vie va changer, belle aux bois dormant. Nous allons devoir soigner ton apparence.» Nausicaa hocha la tête, et obéis.

Nausicaa, hésitante, s’avança de quelques pas en regardant sa mère. Celle-ci se contenta de sourire, l'incitant à faire ce qu'elle avait à faire d'un geste de la main. Vanille contempla la jeune femme s'éloigner avant de tourner les talons à son tour. Elle avait peu de temps et devait agir vite. « Gabriella !» tonna la Reine en filant à travers les couloirs. La Perle apparut, inquiète, pour suivre presque en courant sa souveraine. « Quelle est la situation de nos troupes ?» - « Mitigée. Nous sommes loin d'être en position de faiblesse. Plus de membres des Tributs que de nos hommes tombent. Mais la bataille stagne, l'avancée est dure, car les Tributs sont enragées.» Vanille hocha doucement la tête, pensive. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'elle ordonne : « Préviens les soldats que dorénavant, l'objectif a changé.  Ils doivent défendre nos frontières. Je ne peux retirer les soldats du front, car les Tributs tenteraient de nous envahir. Alors qu'ils se contentent de nous protéger.» - « Ils ne doivent plus chercher Clémentine ?» - « Non.» - « Mais quel est le but ?» - « Les anéantir suffisamment pour qu'on accepte de nous parler encore.» Cette réponse surprit Gabriella. « Fais passer mes ordres.» - « Bien.» Vanille soupira, agacée. « Nos Hommes sont vaillants, mais trop tendres. Trop mous. Le règne de Lastraé les as ramollis. Je vais changer ça au plus vite.» Gabriella fit demi-tour pour communiquer les nouvelles directives grâce à la magie tandis que Vanille continuait son chemin sans se préoccuper de ce qui l'entourait.

« Toi, tu as une petite idée derrière la tête. Je te connais ma princesse.» - « Grossière erreur mon cher que de croire que je ne suis pas une énigme pour toi. Ne crois jamais avoir découvert tout mes secrets. Contente-toi de supputer.» - « Me serais-trompé ?» Vanille sourit. « Je sais quelque chose, tout simplement. Je dois juste agir en considération.» La jeune femme, telle une tornade, fouilla tout les tiroirs de ses appartements privés, de toute évidence à la recherche de quelque chose. « Veux-tu un coup de main ?» - « Tu ne trouveras pas, même avec une description. Et je sais que j'approche.» Quelques secondes s'écoulèrent avant que la demoiselle cesse de gesticuler. Doucement, un sourire étira le coin de ses lèvres tandis qu'elle enfilait une jolie petite bague bleue à l'un de ses doigts. Et sans rien expliquer à Gabriel, elle s'en retourna une nouvelle fois.

C'est vêtue d'une large cape noire que Vanille parcourut la Cité, avant de quitter la grande bulle protectrice et de nager parmi les eaux profondes. Elle allait mettre à profit les talents qu'elle ne pouvait vanter auprès du bon peuple. Mais qui se révélait terriblement efficace. Ses dons non négligeable pour l'assassinat. Silence comme un ombre, elle glissa sur les flots, contournant les batailles, elle s'enfonça dans les territoires des Tributs. Il ne fut pas bien compliqué à trouver, tant son physique était atypique. Malheureusement, ce n'était pas lui qui tenait Clémentine, ce qui aurait permis de régler définitivement et rapidement cette histoire. Mais ce n'était pas un drame en soi, Vanille s'en tiendrait à son plan d'origine. Vanille s'approcha de l'homme méduse. Elle n'avait pas mis bien longtemps à comprendre qu'il était considéré comme un espèce de Roi pour quelques Tributs. Sa mort serait une bonne chose pour la Cité Engloutie. Grâce à la bague, Vanille parvient à s'approcher de lui et enfonça ses longues griffes de métal dans sa gorge. Il cria, mais personne ne pouvait l'entendre. Il contempla d'un regard dur son meurtrier, qui, charmante, lui souriait. Elle retira vivement ses griffes avant de filer. Elle ne devait pas traîner, et quitter sa queue de poisson, sécher ses cheveux, et revêtir son apparence la plus innocente.

Tout se mettait lentement en place. Maintenant, Vanille n'avait plus grand chose à faire, si ce n'est profil bas et se taire. Après mûr réflexion, elle avait choisit de jouer la carte des sentiments, d'user des bons sentiments qu'inspiraient la famille au peuple pour agir des plus cruellement. « La grande salle est prête. J'ai préparé celle de l'aile ouest.» précisa Nausicaa qui attendait sa mère près de l'une des portes dérobées du Palais. « Parfait. Je vais me préparer. Réunis les Perles, la réunion de crise débutera dans une heure.» - « Bien.» Elle fila. Vanille sourit, satisfaite de voir qu'il était aisé de manipuler cette enfant.

« Les Tributs semblent désemparées depuis quelques minutes.» souffla Gabriella qui attendait Vanille dans sa chambre. Suspicieuse, elle ajouta : « Est-ce que tu y es pour quelque chose ?» - « Tais-toi.» Le message avait le mérite d'être clair. Sans se préoccuper de la Perle, Vanille s'employa à se préparer, pour être belle et soignée, et surtout, impeccable et innocente. « Comment je suis ?» Demanda-t-elle à Gabriel. Le jeune homme pencha très légèrement la tête sur le côté. « Parfaite. File. Je patienterais ici.» - « Tu as intérêt !» Elle lui sourit, avant de faire un petit tour sur elle même telle une danseuse, avant de s’éclipser rapidement. La donne avait changé. Elle avait besoin de Clémentine à présent, elle le savait, et devait à tout prix éviter sa mort. Car elle était un parfait moyen de pression sur Nausicaa en cas de besoin.

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