¤ Une croisière sur l'apparence ¤

Mar 18 Jan 2011, 21:08

Le vieil elfe était heureux que la demoiselle qu'il avait hasardeusement rencontrée est acceptée qu'il reste avec elle en cette tardive soirée. Il eut un petit sourire amusé au coin des lèvres, alors qu'elle lui proposait de "contempler plutôt l'océan", il s'était brièvement demandé ce qu'ils auraient pu observer d'autre? N'avait-elle pas parlé de l'océan et lui aussi? De toute façon, il n'y avait pas réellement d'autres choses intéressantes à regarder. L'elfe était ravit de simplement se tenir là à contempler les doux reflets de la lune sur la surface mouvante de la mer.

Mais il n'eut pas l'occasion de regarder bien longtemps, il entendit un léger bruit de pas, celui de sa compagne de fortune qui se déplaçait vers la proue du navire. Il la regarda se déplacer un bref instant, puis, constatant qu'elle continuait encore d'avantage, il la suivit, peut-être cherchait-elle une autre vue. Lorsqu'elle s'arrêta, ils étaient à l'avant du bateau, on voyait clairement les vagues, éclairées par la lumière fantomatique de la lune, disparaître sous la coque au rythme de l'avancée du bâteau. Il regarda calmement la jeune femme alors qu'elle enjambait la balustrade, rapidement frappé par les souvenirs de cet après-midi, il souhaita qu'elle ne saute pas à l'eau, ni ne glisse. Deux sauvetages dans une journée ne lui plaisait nullement. Mais elle semblait suffisament habile pour se tenir sans difficulté sur le rebord, malgré la douce bruine marine qui couvrait les ponts en plusieurs endroits.

Il l'écouta parler avec attention. Après tout, au-delà de la vue saisissante qu'offrait la soirée, c'était cela qu'il était venue chercher. Cette ouverture de l'esprit, cette expression de questions qui nous ont toujours tenaillées et qui prenaient source directement dans le calme de la nuit. Il s'avait qu'avec un peu de patience, tout au plus quelques réflexions de son propre cru, il verrait s'ouvrir les portes de l'esprit de son interlocutrice. Ce n'était pas la première fois, ni la dernière, espèrait-il, qu'il avait ce genre d'occasion. Une occasion de quoi? Tout simplement celle de comprendre, l'esprit des gens, les pensées du monde, l'origine de nos peurs, de nos angoisses, de nos réflexions même. Parfois il trouvait des chemins vers les réponses, mais celles-ci n'étaient pratiquement jamais accessible. Tel une route sans fin, on voyait des choses, on progressait, mais on n'en voyait jamais l'aboutissement final.

L'elfe était sage de millier d'années, de milliers de discutions, de lectures, de recherches et de découvertes et pourtant, là où il apprenait le plus en ce monde, c'était en contact de gens ordinaires, de gens de tout les jours. Il ignorait même le nom de la majorité de ces gens, mais là n'était pas l'important. Tout ce qu'il souhaitait c'était les avoir fait progresser sur le chemin de la compréhension, de leur compréhension à eux. Il ne savait pas si les propos de la jeune femme étaient de sincères questionnement ou l'inspiration d'un moment qu'elle aurait oubliée dès le lendemain, mais il prit le temps de lui répondre aussi honnêtement qu'il le pouvait:

- Individuellement, chacun de nous n'est qu'un grain de sable, une poussière dans le monde qui nous entours. Tant de choses plus grandes et plus merveilleuses nous environnent qu'on as parfois l'impression de ne pas réellement exister. Mais si l'on trouve notre chemin, notre raison d'être parmi l'une de ses choses plus grandes et merveilleuses? Si l'on fait parti, à notre façon, de ses choses, ne devenons-nous pas du même coup plus grands et merveilleux? Et alors, quand les autres poserons les yeux sur nous, ne leurs semblerons-nous pas différent? Unique?

Il fit une pause, le temps d'un souffle à peine, et dit encore:

- Mais en fait, importe-t-il réellement d'être différent aux yeux des autres? N'est-il pas plus important de l'être pour nos propres yeux? Et peut-être ceux des êtres qui nous sont chers?

Il regarda l'océan et s'assit doucement sur la balustrade, à la droite de le jeune femme, mais préféra rester à l'intérieur du bâteau. il poussa un léger soupire, presque indiscernable, même dans le profond silence de la nuit.

Sam 05 Fév 2011, 06:44

Au discours que lui fit le jeune homme Mitsuko sut tout de suite qu'il appartenait à l'une de ces races que l'on clamait supérieure par la pensée. Oh, elle ne savait pas exactement ce qu'il était mais une chose était certaine : il ne faisait ni partie des magiciens, ni des sorciers. Si tel avait été le cas, la jeune femme aurait pu sentir la chose. Non, elle hésitait maintenant entre deux possibilités : soit elle avait à faire à un rehla, soit à un elfe. Dans le dernier cas ces oreilles différaient de celles de sa race. Enfin, ce genre de détails n'importaient que peu dans une situation pareille.

La jeune femme aimait réellement la nature, bien plus que ses semblables d'ailleurs. Elle n'avait pas d'ami à proprement parler, juste des connaissances dont elle se servait pour atteindre ses objectifs. Oh bien sûr, une créature bénéfique aurait pu lui parler des heures sur le bonheur de se lier d'amitié avec des individus, le bonheur d'aimer et d'être aimée mais, Mitsuko ne ressentait pas ce besoin. Elle aimait être entourée, certes, mais en aucun cas être proche de qui que ce soit. C'était une manière de vivre qui lui convenait parfaitement et quiconque souhaitait se rapprocher d'elle, essayer de la comprendre s'exposait à de graves difficultés. Cela ne voulait pas dire que jamais personne ne pourrait se hisser à une place de choix dans son coeur mais simplement qu'au jour d'aujourd'hui, elle n'avait trouvé personne qui en soit suffisamment digne et qui en vaille la peine. Cependant, cela ne lui manquait pas, elle ne ressentait aucun vide, tout simplement grâce à la présence de Jun. Oui, peut-être avait-il été le premier à en valoir la peine mais Mitsuko ne pouvait le mentionner comme une "personne" extérieure car bien que possédant un esprit propre, il partageait son corps.

Mitsuko sourit puis regarda Finrodel :

"La seule chose qui nous fait nous sentir minuscule ou immense est le fait de ressentir des émotions, des sensations. Sans cela, nous ne nous rendrions même pas compte de notre existence et la beauté du paysage nous serait totalement égale."

Elle fit une pause puis reprit :

"Ce qui fait que nous sommes puissants ou non est la comparaison avec nos semblables. Seuls, nous aurions beau nous dire que notre puissance est la plus grande, gardant ainsi un moral d'acier, il n'y aura aucun moyen d'en être vraiment sûr. Ceci en est de même pour tous les ordres de grandeur, pouvant être mesurés qu'à l'aide d'indices. Une femme pourra être sublime par rapport à une autre et devenir laide en comparaison à une troisième. La laideur révèle la beauté comme la beauté révèle la laideur. Il en va de même pour tout, la puissance et la faiblesse, l'intelligence et la sottise, la richesse et la pauvreté...c'est au contacte des autres que l'on apprend à se connaître, à savoir si oui ou non nous sommes différents, car le jugement que l'on a de soi-même peut très vite devenir erroné."

Elle contempla de nouveau l'océan :

"Quant à ce paysage, je suppose qu'il faut en profiter puisque c'est un cadeau que nous offre la nature. J'aime me perdre dans l'immensité de quelque chose qui ne peut m'être comparé car, qui comparerait un être à un paysage comme celui-ci? Il n'y a pas de victoire possible, et aucune ne peut être recherché. Celui qui défierait la nature défierait son propre être, sa propre création. Ce ne serait que bêtise et destruction."

Elle sourit puis ajouta :

"J'aime me questionner sur beaucoup de sujet, mais je pense qu'il y en a certain qui se passent du moindre commentaire..."

Mer 09 Fév 2011, 16:32

Décidément, la jeune femme avec qui le vieil elfe dialoguait n’en était pas à ses premières interrogations sur le sujet, car elle lui fournit une réponse plutôt meublée après quelques instants de silence. Il dû se mordre la langue à quelques reprises pour ne pas l’interrompre ou avancer ses propres idées. Sa lui arrivait parfois, il aimait bien débattre de temps à autre, mais il demeurait persuadé que certaines questions trouveraient toujours une meilleure réponse lors d’un débat intérieur que dans un débat entre deux personnes. C’était le cas de toutes les questions un peu rhétoriques, philosophiques ou théologiques. Deux choses lui avaient fait mordre sa langue en particulier, l’une par surprise et lorsqu’il comprit pourquoi la jeune femme ne partagerais jamais son opinion : elle était maléfique, ou du moins elle possédait un fort penchant pour cette vision du monde. L’autre était un commentaire qui allait titiller ses plus profondes convictions, quelque chose dont il avait une conviction absolue et que la femme en question rejetait d’un revers de main. Comment pouvait-on croire que certaines questions ne méritaient pas de réponse? C’était vouloir demeurer dans l’ignorance, ne pas élever son esprit vers de nous sommet, se terrer dans les limites actuelles de nos connaissances sans chercher à les dépasser. Enfin bref, vous comprenez pourquoi, aux dernières paroles que la femme à côté de lui prononça, l’elfe dû se faire violence pour garder le silence.

Et même là, il ne parvient qu’à un sujet mitigé. Après un bon moment de silence, durant lequel il reprenait empire sur lui-même et qu’il appréciait en mémoire les commentaires de sa compagne de fortune, l’elfe finit par avancer quelques petits mots :

Croyez-vous que si l’on peut ressentir des émotions, comme vous le disiez, se soit à cause de notre esprit, par exemple, une pierre n’a pas d’émotion, est-ce que c’est dû au fait qu’elle n’a pas d’esprit?

Il avait résolument évité de reparler de la comparaison entre les personnes, parce qu’au fond, comment peut-on baser un jugement sur quelque chose qui n’est que relatif? Bref, les comparaisons était un sujet déjà bien trop instable pour que l’elfe n’est envie d’y diriger la conversation. Si elle tenait à cette idée, tant mieux pour elle, ce n’était peut-être pas mauvais, mais l’elfe était pratique et les choses instables ne l’invitaient pas à baser de profonds fondements sur elles.

Lun 21 Fév 2011, 16:55

Mitsuko sourit gentiment à Finrodel puis le regarda dans les yeux, se retournant vers lui et tournant le dos à l'océan :

"Qui vous dit qu'une pierre n'a pas d'esprit ni ne ressent la moindre émotion, vous lui avez demandé?"

La jeune femme repassa de l'autre côté de la balustrade. Elle était lasse à présent et même si les débats l'intéressaient, elle avait envie de dormir. C'est donc pour cela qu'elle avait posé cette question, finissant sur une note d'esprit mais également sur de l'humour. En fait, pas tellement puisqu'elle avait un ami sorcier qui avait le pouvoir de révélation, un pouvoir très puissant qui pouvait révéler ce que personne ne pouvait apercevoir en temps normal. Malheureusement, ce pouvoir était très puissant et le sorcier avait finis par devenir complétement fou. Cependant, elle avait discuté à maintes reprises avec lui et ils en étaient venus à aborder le sujet de la faune, de la flore et de tout ce qui constituait le monde. Pour lui, chaque chose était vivante, même le plus infime grain de poussière et donc, ressentait des émotions. Les moyens de communiquer celles-ci étaient cependant différents selon l'objet. Mitsuko ne s'était pas positionnée car, à vrai dire, elle ignorait la vérité, ne possédant pas de pouvoirs lui permettant de vérifier cela ou non mais cette théorie n'était pas si absurde.

Elle regarda Finrodel puis lui dit :

"J'ai été ravie de discuter avec vous, même si ce fut très bref. J'espère cela dit que nous pourrions nous croiser bientôt de nouveau, et qui sait, avoir une conversation plus longue. J'aime beaucoup débattre et vos arguments sont pour le moins intéressants, même si nos points de vue, je le crains, différents."

Elle s'inclina respectueusement, veillant à garder sa couverture de jeune femme fragile et de bonne famille jusqu'à la fin avant d'ajouter

"Je vous souhaite une bonne nuit"

Puis, elle se dirigea vers ses appartements, prenant une autre apparence qu'elle garderait jusqu'à la fin du voyage. Elle n'avait pas menti, elle voulait revoir cet être mais pas maintenant. C'est ainsi que la croisière prit fin quelques jours après sans que les deux personnages ne se soient recroisés. Mais un jour peut-être que leurs chemins se rencontreraient de nouveau et que les choses seraient à ce moment là différentes...

Spoiler:

Lun 21 Fév 2011, 17:46

[HRP]En effet, il commençait à traîner en longueur et j'avais l'intention de clore aussi dans les prochains post^^[/HRP]

Le vieil elfe hocha doucement la tête, il ne répondit rien car il était évident que la jeune femme voulait terminer cette discution. Quelques points restaient en suspend, mais il en était toujours ainsi. N'était-ce pas là la beauté de la chose quand on y pensait bien? De toute façon, lui aussi était sensé être en forme pour le lendemain, il avait ses fouilles marines à compléter. Il préféra donc arrêter de se démanger le cerveau et tendit la main pour aider la jeune femme à repasser du bon côté de la balustrade. Elle ne sembla toutefois pas en avoir de besoin.

"J'aime beaucoup débattre et vos arguments sont pour le moins intéressants, même si nos points de vue, je le crains, différents."

L'elfe se permit un petit commentaire rapide avant de lui souhaiter également une bonne nuit ainsi qu'un bon restant de croisière:

Les opinions différents ne sont pas à craindre, mais à rechercher, qu'apprenons-nous de quelqu'un qui ne fait qu'approuver?